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Communications affichées / Néphrologie & Thérapeutique 10 (2014) 379–390 389 Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I. Esqalli) Introduction Dans le domaine du don d’organe, le Maroc accuse un énorme retard. L’amélioration des connaissances des étudiants marocains concernant le don et la transplantation d’organe peuvent être un facteur clé dans le développement d’une activité de greffe. L’objectif de cette étude est d’évaluer les connaissances, les atti- tudes et les croyances des étudiants concernant le don et la transplantation d’organe. Patients et méthodes Ce sondage d’opinion a été effectué dans la ville de Marrakech auprès de quatre structures d’enseignement supérieur (la faculté de médecine, la faculté des sciences, l’école des sciences appliquées, une école privée de commerce) entre le mois de juin 2013 et le mois de septembre 2013 à l’aide d’un questionnaire pré-établi rempli par l’investigateur lui-même. Les 36 questions de l’enquête répondaient à quatre thèmes principaux à savoir l’évaluation des connaissances, l’opinion et l’attitude du citoyen, la justification explicite du refus, et les propositions pour encourager le don d’organe au Maroc. Résultats Cent pour cent des sujets enquêtés ont répondu à ce questionnaire. Parmi les personnes interrogées, 40,3 % étaient des hommes et 59,7 % des femmes. La moyenne d’âge était de 21,5 ans. Un total de 89,4 % des 503 étudiants sondés connais- saient la greffe d’organes au Maroc, 83,4 % étaient au courant de l’existence d’une législation régissant le don et la greffe d’organes. Un quart des étudiants pensaient que les actes de prélèvement et de greffe n’étaient effectués que dans les établissements publics de santé autorisés. Deux personnes sur trois étaient capables d’identifier les organes et les tissus transplantables. 39,7 % des étudiants connaissaient l’origine des organes greffés. Plus de la moitié des personnes acceptaient de donner ses organes après la mort. L’obstruction religieuse était en tête de liste des détermi- nants du refus du don d’organe après la mort avec une prévalence de 39,7 %. Discussion et conclusion Les jeunes marocains possèdent des connaissances limitées relatives au don d’organe. Le développe- ment de cette thérapeutique doit passer par une information et une motivation régulières de la population générale. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.298 AT27 Patients infectés par le VIH : un accès à la transplantation rénale difficile J. Tourret , O. Ailioaie , N. Arzouk , S. Ourhama , B. Barrou Unité de Transplantation Rénale, Services d’Urologie et de Néphrologie, Upmc Univ Paris 06, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Tourret) Introduction De nombreux centres prennent en charge en vue d’une transplantation rénale (TR) les patients vivant avec le VIH (PVVIH). L’objectif de ce travail est de comparer l’accès à la TR des PVVIH à celui des patients sans infection. Patients et méthodes Les patients inscrits sur notre liste d’attente depuis l’inscription du 1 er PVVIH (18/11/2004) ont été inclus. L’accès à la TR a été évalué par comparaison des délais entre le début du traitement de suppléance, l’inscription et la TR chez les patients avec et sans infection VIH (Kaplan–Meier). Résultats Un total de 42 PVVIH et 945 patients sans infection ont été inclus. Les deux groupes ne présentaient pas de différence sur l’âge (51,8 ± 11,3 ans vs 53,8 ± 12,1 ans), le sexe (hommes : 48,8 % vs 61,3 %) ni la répartition de leur modalité de suppléance (92,7 % vs 81,9 % d’hémodialysés). Les PVVIH avaient plus fréquemment rencontré le VHB et le VHC (57,1 % vs. 21,7 %, p < 0,0001 et 14,3 % vs 4,4 %, p < 0,001, respectivement). Les PVVIH étaient moins fré- quemment inscrits sur liste de fac ¸ on préemptive (7,3 % vs 30,0 %, p < 0,001). Dans le sous-groupe des patients ayant débuté un trai- tement de suppléance avant d’être inscrit, les PVVIH étaient inscrits plus tardivement (délai moyen avant inscription : 3,2 ± 3,2 ans vs 1,2 ± 1,7 ans, p < 0,0001). Finalement, dans le sous-groupe des patients ayant été greffés, la durée de la dialyse était plus longue pour les PVVIH que pour les patients sans infection (5,7 ± 3,9 ans vs 2,8 ± 2,6 ans, p < 0,0001). En revanche, après inscription, l’attente jusqu’à la TR n’était pas significativement différente dans les deux groupes (2,1 ± 1,4 ans vs 1,5 ± 1,4 ans, p = 0,14). La répartition des groupes sanguins, le taux de greffons incompatibles, la facilité d’accès à la greffe et l’immunisation selon le « PRA » étaient compa- rables entre les deux groupes. Discussion et conclusion L’accès à la TR des PVVIH est limité par leur inscription sur liste d’attente. Une fois inscrits, ils sont trans- plantés dans un délai comparable à celui des patients sans infection par le VIH. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.299 AT28 Quelle est la place des proches en France dans la décision d’un prélèvement d’organe post-mortem ? B. Hamon , A. Toure , O. Lesieur , C. Hervé , M.F. Mamzer Laboratoire d’Éthique Médicale et de Médecine Légale, Université Paris Descartes, Paris, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.F. Mamzer) Introduction Les prélèvements d’organes post-mortem à des fins thérapeutiques sont autorisés par la loi franc ¸ aise depuis 1976 dès lors que le défunt n’a pas fait connaître de son vivant son refus. Les lois de bioéthique n’ont pas remis en question le mode de recueil du consentement décrit sous le nom de « recherche d’un refus explicite », et dont la seule personne légitime pour l’exprimer est le donneur lui-même, de son vivant. La place des proches appa- raît dans la loi comme celle d’un témoin des volontés du défunt. Le principe évoqué est celui de présomption de solidarité. Nous nous proposons de confronter la place théoriquement allouée aux proches avec celle qu’ils occupent réellement. Patients et méthodes Travail de recherche bibliographique à par- tir des textes de lois, de leurs travaux préparatoires (y compris les états généraux de la bioéthique de 2011), des cas de juris- prudences les plus médiatisés, des rapports d’activité officiels de l’agence de la biomédecine, textes de recommandations offi- ciels à l’usage des professionnels impliqués dans le prélèvement, plans de santé publique, et du rapport des États généraux du Rein. Discussion et conclusion Depuis 1994, la place allouée par la société aux proches n’a pas évolué et ne prévoit que le recueil de leur témoignage. Les États généraux de la bioéthique de 2011 n’ont pas remis en question ce principe de consentement présumé. Mal- gré cela, les proches s’expriment de temps en temps par le biais de plaintes. L’analyse des origines des refus de don post-mortem publiée par l’Agence de la biomédecine montre que les proches assument la décision de ces refus pour une part qui reste stable entre 50 et 60 % depuis au moins 1996. La place occupée effectivement par les familles, et la possibilité qui leur est laissée par les équipes de prélèvement de s’opposer en leur nom au prélèvement, poussent à s’interroger sur les mécanismes qui président à ces attitudes. En effet, avant de céder à une poussée « utilitariste » en imposant le respect strict des termes de la loi, les conséquences de la non-prise en compte des positions des proches sont à réfléchir.

Patients infectés par le VIH : un accès à la transplantation rénale difficile

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Communications affichées / Néphrologie & Thérapeutique 10 (2014) 379–390 389

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (I. Esqalli)

Introduction Dans le domaine du don d’organe, le Maroc accuseun énorme retard. L’amélioration des connaissances des étudiantsmarocains concernant le don et la transplantation d’organe peuventêtre un facteur clé dans le développement d’une activité de greffe.L’objectif de cette étude est d’évaluer les connaissances, les atti-tudes et les croyances des étudiants concernant le don et latransplantation d’organe.Patients et méthodes Ce sondage d’opinion a été effectué dansla ville de Marrakech auprès de quatre structures d’enseignementsupérieur (la faculté de médecine, la faculté des sciences, l’écoledes sciences appliquées, une école privée de commerce) entrele mois de juin 2013 et le mois de septembre 2013 à l’aide d’unquestionnaire pré-établi rempli par l’investigateur lui-même. Les36 questions de l’enquête répondaient à quatre thèmes principauxà savoir l’évaluation des connaissances, l’opinion et l’attitude ducitoyen, la justification explicite du refus, et les propositions pourencourager le don d’organe au Maroc.Résultats Cent pour cent des sujets enquêtés ont répondu àce questionnaire. Parmi les personnes interrogées, 40,3 % étaientdes hommes et 59,7 % des femmes. La moyenne d’âge était de21,5 ans. Un total de 89,4 % des 503 étudiants sondés connais-saient la greffe d’organes au Maroc, 83,4 % étaient au courant del’existence d’une législation régissant le don et la greffe d’organes.Un quart des étudiants pensaient que les actes de prélèvement etde greffe n’étaient effectués que dans les établissements publicsde santé autorisés. Deux personnes sur trois étaient capablesd’identifier les organes et les tissus transplantables. 39,7 % desétudiants connaissaient l’origine des organes greffés. Plus de lamoitié des personnes acceptaient de donner ses organes après lamort. L’obstruction religieuse était en tête de liste des détermi-nants du refus du don d’organe après la mort avec une prévalencede 39,7 %.Discussion et conclusion Les jeunes marocains possèdent desconnaissances limitées relatives au don d’organe. Le développe-ment de cette thérapeutique doit passer par une information etune motivation régulières de la population générale.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion de conflits d’intérêts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.298

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Patients infectés par le VIH : un accès àla transplantation rénale difficileJ. Tourret ∗, O. Ailioaie , N. Arzouk , S. Ourhama , B. BarrouUnité de Transplantation Rénale, Services d’Urologie et deNéphrologie, Upmc Univ Paris 06, Groupe HospitalierPitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Tourret)

Introduction De nombreux centres prennent en charge en vued’une transplantation rénale (TR) les patients vivant avec le VIH(PVVIH). L’objectif de ce travail est de comparer l’accès à la TR desPVVIH à celui des patients sans infection.Patients et méthodes Les patients inscrits sur notre liste d’attentedepuis l’inscription du 1er PVVIH (18/11/2004) ont été inclus.L’accès à la TR a été évalué par comparaison des délais entre ledébut du traitement de suppléance, l’inscription et la TR chez lespatients avec et sans infection VIH (Kaplan–Meier).Résultats Un total de 42 PVVIH et 945 patients sans infection ontété inclus. Les deux groupes ne présentaient pas de différence surl’âge (51,8 ± 11,3 ans vs 53,8 ± 12,1 ans), le sexe (hommes : 48,8 %vs 61,3 %) ni la répartition de leur modalité de suppléance (92,7 %vs 81,9 % d’hémodialysés). Les PVVIH avaient plus fréquemmentrencontré le VHB et le VHC (57,1 % vs. 21,7 %, p < 0,0001 et 14,3 %

vs 4,4 %, p < 0,001, respectivement). Les PVVIH étaient moins fré-quemment inscrits sur liste de facon préemptive (7,3 % vs 30,0 %,p < 0,001). Dans le sous-groupe des patients ayant débuté un trai-tement de suppléance avant d’être inscrit, les PVVIH étaient inscritsplus tardivement (délai moyen avant inscription : 3,2 ± 3,2 ansvs 1,2 ± 1,7 ans, p < 0,0001). Finalement, dans le sous-groupe despatients ayant été greffés, la durée de la dialyse était plus longuepour les PVVIH que pour les patients sans infection (5,7 ± 3,9 ans vs2,8 ± 2,6 ans, p < 0,0001). En revanche, après inscription, l’attentejusqu’à la TR n’était pas significativement différente dans les deuxgroupes (2,1 ± 1,4 ans vs 1,5 ± 1,4 ans, p = 0,14). La répartition desgroupes sanguins, le taux de greffons incompatibles, la facilitéd’accès à la greffe et l’immunisation selon le « PRA » étaient compa-rables entre les deux groupes.Discussion et conclusion L’accès à la TR des PVVIH est limité parleur inscription sur liste d’attente. Une fois inscrits, ils sont trans-plantés dans un délai comparable à celui des patients sans infectionpar le VIH.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion de conflits d’intérêts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.299

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Quelle est la place des proches enFrance dans la décision d’unprélèvement d’organe post-mortem ?B. Hamon , A. Toure , O. Lesieur , C. Hervé , M.F. Mamzer ∗Laboratoire d’Éthique Médicale et de Médecine Légale, UniversitéParis Descartes, Paris, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M.F. Mamzer)

Introduction Les prélèvements d’organes post-mortem à des finsthérapeutiques sont autorisés par la loi francaise depuis 1976 dèslors que le défunt n’a pas fait connaître de son vivant son refus.Les lois de bioéthique n’ont pas remis en question le mode derecueil du consentement décrit sous le nom de « recherche d’unrefus explicite », et dont la seule personne légitime pour l’exprimerest le donneur lui-même, de son vivant. La place des proches appa-raît dans la loi comme celle d’un témoin des volontés du défunt.Le principe évoqué est celui de présomption de solidarité. Nousnous proposons de confronter la place théoriquement allouée auxproches avec celle qu’ils occupent réellement.Patients et méthodes Travail de recherche bibliographique à par-tir des textes de lois, de leurs travaux préparatoires (y comprisles états généraux de la bioéthique de 2011), des cas de juris-prudences les plus médiatisés, des rapports d’activité officielsde l’agence de la biomédecine, textes de recommandations offi-ciels à l’usage des professionnels impliqués dans le prélèvement,plans de santé publique, et du rapport des États générauxdu Rein.Discussion et conclusion Depuis 1994, la place allouée par lasociété aux proches n’a pas évolué et ne prévoit que le recueil deleur témoignage. Les États généraux de la bioéthique de 2011 n’ontpas remis en question ce principe de consentement présumé. Mal-gré cela, les proches s’expriment de temps en temps par le biaisde plaintes. L’analyse des origines des refus de don post-mortempubliée par l’Agence de la biomédecine montre que les prochesassument la décision de ces refus pour une part qui reste stableentre 50 et 60 % depuis au moins 1996.La place occupée effectivement par les familles, et la possibilité quileur est laissée par les équipes de prélèvement de s’opposer en leurnom au prélèvement, poussent à s’interroger sur les mécanismesqui président à ces attitudes. En effet, avant de céder à une poussée« utilitariste » en imposant le respect strict des termes de la loi, lesconséquences de la non-prise en compte des positions des prochessont à réfléchir.