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par Céline Falcy*, Yves Millemann**, Renaud Maillard** et Bruno Polack*** * Clinique vétérinaire, 27520 Bourgtheroulde ** Pathologie du bétail et *** Parasitologie, ENVA, 7, avenue du Général De Gaulle, 94704 Maisons-Alfort Cedex Le Point Vétérinaire / N° 244 / Avril 2004 / 24 Se f ormer / COURS / De nombreuses techniques sont utilisables pour compléter l’examen clinique lors d’affections respiratoires chez les ruminants. La connaissance de leurs particularités respectives permet de préciser leurs indications. ace à une affection respiratoire chez un ruminant, le praticien dispose de nombreux outils complémentaires à l’examen clinique pour l’aider à établir un diagnostic du vivant de l’animal. Cependant, l’emploi des différents examens disponibles doit être réfléchi en fonction de leur coût, mais aussi de leur intérêt. En effet, un bon examen complémentaire doit permettre de faire le tri dans les différentes hypothèses diagnos- tiques qui s’imposent. Examens complémentaires non invasifs : imagerie médicale Parmi les différentes techniques d’imagerie médicale existantes, l’examen radiographique et l’échographie peuvent être utilisés chez les ruminants. Les autres techniques (scintigra- phie, scanner, IRM) ne sont envisageables que dans le domaine de la recherche. 1. Radiographie De la même façon que chez les ovins et les caprins [23, 31, 35], l’examen radiographique du thorax peut être entrepris chez les veaux âgés de moins de six mois, en raison de leur taille relativement modeste [19, 25]. L’équipement et les techniques utilisés chez le gros chien sont appropriés [23, 31, 35]. Des vues ventrodorsa- les et latérolatérales peuvent être obtenues facilement, en prenant soin de bien tirer les membres antérieurs le plus loin possible vers l’avant, afin de dégager le champ pulmonaire [25, 31, 35]. Une légère tranquillisation est parfois nécessaire, surtout chez la chèvre [31]. Un appareil portatif classique peut être utilisé afin de réaliser l’examen à la ferme [19, 35]. En revanche, la radiographie ne peut être utilisée facilement chez les bovins adultes, car elle nécessite l’utilisation d’appareils très puissants, qui ne sont pas disponibles chez les praticiens [19, 23, 35]. En outre, l’interpréta- tion de clichés réalisés chez des animaux de grande taille est difficile [19, 25]. La radiographie est indiquée lors de suspicion d’une anomalie congénitale d’une structure de la cavité thoracique, d’une maladie infectieuse des plèvres, du parenchyme pulmonaire, de l’arbre trachéobronchique ou du médiastin, de pneumothorax, de tumeur thoracique, de traumatisme ou de présence d’un corps étranger métallique [31, 35]. En revanche, de nombreu- ses affections, telles que les trachéites, les bronchites, les bronchiolites, les alvéolites et l’emphysème alvéolaire n’entraînent que peu de modifications visibles sur une radiographie [35]. De plus, cet examen a une résolution limitée, les lésions dont le diamètre est inférieur à 6 mm ne sont pas détectées [35]. La région cranioventrale est moins visible que la région dorsocaudale [29]. L’examen radiographique du thorax est utile pour confirmer la présence de modifica- tions étendues des poumons [18, 31]. Les radiographies du cou et de la tête sont intéres- santes pour l’exploration des affections de l’appa- reil respiratoire supérieur [35]. Par cette méthode, les sinus, le larynx et le pharynx peuvent être visualisés, ainsi que certaines modifications de la trachée, telles que les collapsus trachéaux [14, 15, 35]. Les masses intranasales, les corps étrangers nasaux et les sinusites peuvent être détectés par ce biais [23]. Les sinus tumoraux ou inflammatoires apparaissent modifiés sur les clichés radiographiques, la densité des tissus y est anormale, une ligne horizontale marquant la limite d’un liquide est visible sur certains clichés et une lyse osseuse ou une réaction périostée peuvent être visualisées [35]. 2. Échographie L’échographie peut être utilisée pour visualiser les plèvres et la surface des poumons. Le parenchyme pulmonaire normal ne peut être exploré par cette méthode, parce qu’il contient naturellement de l’air et que les ultrasons n’y pénètrent pas [35]. L’échographie est utilisable facilement chez le mouton et la chèvre [3, 24, 29, 30, 31], ainsi que chez les bovins [19, 25]. Les animaux doivent être auparavant tondus. Le thorax est ensuite méthodiquement exploré, à l’aide d’une sonde sectorielle de 5 MHz, appliquée dans les espaces intercostaux VI à XI, des deux côtés du thorax [3, 24, 25, 30]. Par cette technique, de très petites quantités de liquide pleural peuvent être détectées, alors qu’elles passent inaperçues à l’auscultation, à la percussion et à l’examen radiographique [35]. Le caractère de l’épanchement peut également être précisé. Un liquide clair est anéchogène, tandis que la présence de fibrine ou de cellules F Deux techniques d’ima- gerie médicale peuvent être utilisées lors d’affections respiratoires chez les bovins : la radiographie, difficile à met- tre en œuvre chez les bovins adultes et dont les possibilités d’investigation sont limitées, et l’échographie, surtout pour les affections pleurales. Plusieurs techniques invasives permet- tent de recueillir des échan- tillons (sécrétions nasales, épanchement pleural, tissu pul- monaire, liquide trachéobron- chique ou broncho-alvéolaire) qui seront soumis à divers examens de laboratoire. Des examens cytologiques, bacté- riologiques, virologiques (iso- lement viral) et histologiques peuvent alors être demandés en fonction des hypothèses diagnostiques à explorer. Les techniques biomoléculaires (amplification génique) et séro- logiques sanguines représen- tent des compléments utiles pour le diagnostic virologique. L’examen coproscopique est en outre intéressant pour le diagnostic des strongyloses pulmonaires. u Résumé Examens complémentaires en pathologie respiratoire PATHOLOGIE RESPIRATOIRE DES RUMINANTS © Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite

Pneumologie examens complementaires respiratoires des ruminants

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Page 1: Pneumologie   examens complementaires respiratoires des ruminants

par Céline Falcy*,

Yves Millemann**,Renaud Maillard**et Bruno Polack***

* Clinique vétérinaire,

27520 Bourgtheroulde

** Pathologie du bétail et

*** Parasitologie, ENVA,

7, avenue du Général De Gaulle,

94704 Maisons-Alfort Cedex

Le Point Vétérinaire / N° 244 / Avril 2004 / 24

Se former / COURS /

De nombreuses techniques sont utilisables pour compléter l’examenclinique lors d’affections respiratoires chez les ruminants. La connaissancede leurs particularités respectives permet de préciser leurs indications.

ace à une affection respiratoire chez unruminant, le praticien dispose denombreux outils complémentaires àl’examen clinique pour l’aider à établirun diagnostic du vivant de l’animal.

Cependant, l’emploi des différents examensdisponibles doit être réfléchi en fonction de leurcoût, mais aussi de leur intérêt. En effet, un bonexamen complémentaire doit permettre de fairele tri dans les différentes hypothèses diagnos-tiques qui s’imposent.

Examens complémentairesnon invasifs : imageriemédicale

Parmi les différentes techniques d’imageriemédicale existantes, l’examen radiographiqueet l’échographie peuvent être utilisés chez lesruminants. Les autres techniques (scintigra-phie, scanner, IRM) ne sont envisageables quedans le domaine de la recherche.

1. Radiographie De la même façon que chez les ovins et lescaprins [23, 31, 35], l’examen radiographiquedu thorax peut être entrepris chez les veaux âgésde moins de six mois, en raison de leur taillerelativement modeste [19, 25]. L’équipement etles techniques utilisés chez le gros chien sontappropriés [23, 31, 35]. Des vues ventrodorsa-les et latérolatérales peuvent être obtenuesfacilement, en prenant soin de bien tirer lesmembres antérieurs le plus loin possible versl’avant, afin de dégager le champ pulmonaire[25, 31, 35]. Une légère tranquillisation estparfois nécessaire, surtout chez la chèvre [31].Un appareil portatif classique peut être utiliséafin de réaliser l’examen à la ferme [19, 35]. En revanche, la radiographie ne peut êtreutilisée facilement chez les bovins adultes, carelle nécessite l’utilisation d’appareils trèspuissants, qui ne sont pas disponibles chez lespraticiens [19, 23, 35]. En outre, l’interpréta-tion de clichés réalisés chez des animaux degrande taille est difficile [19, 25]. La radiographie est indiquée lors de suspiciond’une anomalie congénitale d’une structure dela cavité thoracique, d’une maladie infectieusedes plèvres, du parenchyme pulmonaire, de

l’arbre trachéobronchique ou du médiastin, depneumothorax, de tumeur thoracique, detraumatisme ou de présence d’un corps étrangermétallique [31, 35]. En revanche, de nombreu-ses affections, telles que les trachéites, lesbronchites, les bronchiolites, les alvéolites etl’emphysème alvéolaire n’entraînent que peu demodifications visibles sur une radiographie [35].De plus, cet examen a une résolution limitée, leslésions dont le diamètre est inférieur à 6 mm nesont pas détectées [35]. La région cranioventraleest moins visible que la région dorsocaudale[29]. L’examen radiographique du thorax estutile pour confirmer la présence de modifica-tions étendues des poumons [18, 31].Les radiographies du cou et de la tête sont intéres-santes pour l’exploration des affections de l’appa-reil respiratoire supérieur [35]. Par cette méthode,les sinus, le larynx et le pharynx peuvent êtrevisualisés, ainsi que certaines modifications dela trachée, telles que les collapsus trachéaux [14,15, 35]. Les masses intranasales, les corpsétrangers nasaux et les sinusites peuvent êtredétectés par ce biais [23]. Les sinus tumoraux ouinflammatoires apparaissent modifiés sur lesclichés radiographiques, la densité des tissus yest anormale, une ligne horizontale marquant lalimite d’un liquide est visible sur certains clichéset une lyse osseuse ou une réaction périostéepeuvent être visualisées [35].

2. ÉchographieL’échographie peut être utilisée pour visualiserles plèvres et la surface des poumons. Leparenchyme pulmonaire normal ne peut êtreexploré par cette méthode, parce qu’il contientnaturellement de l’air et que les ultrasons n’ypénètrent pas [35]. L’échographie est utilisablefacilement chez le mouton et la chèvre [3, 24,29, 30, 31], ainsi que chez les bovins [19, 25].Les animaux doivent être auparavant tondus.Le thorax est ensuite méthodiquement exploré,à l’aide d’une sonde sectorielle de 5 MHz,appliquée dans les espaces intercostaux VI àXI, des deux côtés du thorax [3, 24, 25, 30]. Par cette technique, de très petites quantités deliquide pleural peuvent être détectées, alorsqu’elles passent inaperçues à l’auscultation, àla percussion et à l’examen radiographique [35].Le caractère de l’épanchement peut égalementêtre précisé. Un liquide clair est anéchogène,tandis que la présence de fibrine ou de cellules

FDeux techniques d’ima-gerie médicale peuvent

être utilisées lors d’affectionsrespiratoires chez les bovins :la radiographie, difficile à met-tre en œuvre chez les bovinsadultes et dont les possibilitésd’investigation sont limitées, etl’échographie, surtout pour lesaffections pleurales. Plusieurstechniques invasives permet-tent de recueillir des échan-tillons (sécrétions nasales,épanchement pleural, tissu pul-monaire, liquide trachéobron-chique ou broncho-alvéolaire)qui seront soumis à diversexamens de laboratoire. Desexamens cytologiques, bacté-riologiques, virologiques (iso-lement viral) et histologiquespeuvent alors être demandésen fonction des hypothèsesdiagnostiques à explorer. Lestechniques biomoléculaires(amplification génique) et séro-logiques sanguines représen-tent des compléments utilespour le diagnostic virologique.L’examen coproscopique esten outre intéressant pour lediagnostic des strongylosespulmonaires.

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Résumé

Examens complémentairesen pathologie respiratoire

PATHOLOGIE RESPIRATOIRE DES RUMINANTS

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dans ce liquide est visualisable sous la formede petites structures échogènes semblant flotterdans celui-ci [35]. L’échographie est la techniquede choix pour suivre l’évolution d’un épanche-ment pleural [35]. Les surfaces pleuralespeuvent également être visualisées par cettetechnique et un épaississement de celles-ci estfacilement détectable [35]. Les adhérencespleurales sont caractérisées par une moindreamplitude des mouvements des plèvres lors ducycle respiratoire [35]. Le parenchymepulmonaire hépatisé ou atélectasié peut êtrepénétré par les ultrasons et être ainsi visualisé[35]. Enfin, les abcès pulmonaires ou lestumeurs proches de la surface pulmonaire sontégalement visibles [3, 30, 35]. Ainsi, les lésionsd’adénomatose sont détectables à l’échographie,mais des examens supplémentaires sontnécessaires pour confirmer le diagnostic [24,30]. Cette méthode de diagnostic pourrait êtreintéressante, étant donné qu’aucune autre n’estactuellement disponible chez l’animal vivant, àpart les biopsies pulmonaires [30]. L’intérêt de l’échographie réside dans le fait quecet examen est peu coûteux, rapide, non invasifet facile à entreprendre dans l’élevage. En outre,de nombreux vétérinaires ruraux sont actuel-lement équipés pour les suivis de reproductionchez les animaux de rente [30]. Enfin, l’échographie permet de réaliser des ponctions de liquide pleural, dans un butdiagnostique ou thérapeutique, ou des biopsiespulmonaires échoguidées, pour un examenhistologique [3, 24, 30, 35]. Cependant, elle nepermet l’exploration du parenchyme pulmonairequ’en quelques occasions et nécessite une certainehabitude pour l’interprétation des images.

Au bilan, radiographie et échographie sont deuxtypes d’examens parfaitement complémentai-res, puisqu’ils ne sont pas utilisables dans lesmêmes cas de figure (voir le TABLEAU “Avantageset inconvénients de la radiographie et de l’écho-graphie pour le diagnostic des affectionsrespiratoires chez le veau et les petitsruminants”).

Examens complémentairesinvasifsDe nombreuses techniques invasives peuventêtre mises en œuvre afin notamment de collec-ter des échantillons en vue d’analyses cytolo-giques, bactériologiques ou histologiques, envue de préciser la nature d’une affection ou sonagent étiologique. Certains de ces examensinvasifs sont de réalisation facile et peucoûteuse et peuvent donc être pratiqués chezdes animaux d’élevage de faible valeur. Il s’agit pour l’essentiel de l’écouvillonnage descavités nasales, de la récolte de liquide pleuralpar thoracocentèse, des biopsies pulmonaires,de l’aspiration transtrachéale (ATT) ou lavagetranstrachéal, de l’endoscopie et du lavagebroncho-alvéolaire, du lavage endotrachéal etde la trépanation des sinus.L’ensemble de ces techniques, ainsi que leursobjectifs et leurs avantages et inconvénients,ont fait l’objet d’une présentation dans unprécédent article(1).

Apport des examenscomplémentaires au diagnostic

La réalisation d’analyses de laboratoire estnécessaire pour l’établissement du diagnosticde certaines affections respiratoires desruminants du vivant de l’animal.L’examen biochimique sanguin, la réalisationd’une numération-formule sanguine ou lamesure de la pression des gaz sanguins offrentpeu d’intérêt dans le cadre des affectionsrespiratoires des ruminants. Les principales analyses à mettre en œuvre encas de troubles respiratoires relèvent de lacytologie, de la coproscopie, de la bactériolo-gie, de la virologie et de l’histologie.Les examens cytologiques ayant été détaillésdans un précédent article(1), nous nous limite-rons à l’exposé des autres techniques citées.

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Radiographie - Permet la visualisation de certaines lésions - Coûteusedu parenchyme pulmonaire, des structures de la cavité - La région cranioventrale n’est pas complètement thoracique, de l’arbre trachéobronchique, du médiastin, explorabledes sinus, de la trachée, du larynx, du pharynx, - Les lésions de diamètre inférieur à 6 mm des cavités nasales et les faibles quantités de liquide pleural - Utile pour le diagnostic des pneumothorax, des lésions ne sont pas détectéesétendues du parenchyme pulmonaire et des lésions - Certaines affections ne provoquent pas ou peu traumatiques de lésions visibles à la radiographie- Examen facile, rapide, non invasif

Échographie - Permet de visualiser la présence de très faibles quantités - Demande une certaine habitude de liquide pleural, les surfaces pleurales et leurs mouvements, pour l’interprétation des imagesle parenchyme pulmonaire atélectasié ou hépatisé, les abcès - Parenchyme pulmonaire non explorable et les tumeurs proches de la paroi costale (sauf exception)- Permet la réalisation de ponctions et de biopsies échoguidées- Peu coûteuse, rapide, non invasive

Avantages Inconvénients

Avantages et inconvénients de la radiographie et de l’échographie pour le diagnostic des affectionsrespiratoires chez le veau et les petits ruminants

D’après [19].

(1) Falcy C, Millemann Y,Maillard R, Polack B. Examensparacliniques en pathologierespiratoire. Point Vét.2003;34(n° spécial “Examensparacliniques chez les bovins”):142-147.

En savoir plus- Blond L. Examen radiographiquedu thorax chez les bovins. Point Vét. 2003;34(n° spécial“Examens paracliniques chez les bovins”):56-62.- Ravary B. Echographie du thoraxchez les bovins. Point Vét.2003;34(n° spécial “Examensparacliniques chez lesbovins”):68-71.

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1. Examen coproscopiqueDans les cas de strongyloses pulmonaires, la miseen évidence de la présence de larves des parasi-tes en cause suffit pour confirmer l’infestation[16]. Ceci se fait de façon simple, grâce auxtechniques classiques de coproscopie. Afin d’avoirune idée assez précise de l’état parasitaire d’ungroupe d’animaux, il est recommandé de fairedes coproscopies individuelles sur 5 à 10 % desanimaux du lot. Pour ce faire, un prélèvement defèces est réalisé directement dans le rectum desanimaux (10 g suffisent). Ce prélèvement estensuite identifié, daté, placé dans un pot ou unsac plastique. La température idéale de conser-vation d’un tel échantillon se situe entre 5 et 10 °C.La congélation du prélèvement est à proscrire,car elle provoque l’éclatement des œufs, de mêmeque l’utilisation de liquide de conservation [16]. Pour la réalisation de l’examen coproscopique,5 g de fèces (pesés avec précision) sont mélangés,de façon homogène, à l’aide d’un mortier, avecun liquide dense, le plus souvent du sulfate demagnésium en solution saturée (suffisant ici, peucoûteux et facile d’utilisation, contrairement auiodomercurate de potassium) [5, 16]. La solutionainsi obtenue est ensuite filtrée à travers unepassoire à thé, afin d’éliminer les gros débrisvégétaux. Le liquide est récupéré dans unrécipient de type bécher et agité pendantquelques minutes (par exemple à l’aide d’unagitateur magnétique). Une partie du surnageantest ensuite prélevée et placée sur une lame pourexamen au microscope. La plupart du temps,une lame de Mac-Master est utilisée, afin deréaliser le dénombrement des œufs, car l’examencoproscopique permet également de faire l’étatde l’infestation par les strongles digestifs. Lalecture de la lame a lieu au bout de cinq minutes[16]. Le mélange tamisé peut aussi être placédans un tube à essai, jusqu’à obtention d’unménisque convergent, sur lequel une lamelle estplacée. Après un repos de vingt minutes, lalamelle est récupérée. Elle entraîne avec elle unegoutte du liquide, dans laquelle se sont concen-trés les éléments parasitaires qui sont remontésà la surface. Cette lamelle est déposée délicate-ment sur une lame pour examen microscopique[5]. Cette technique, uniquement qualitative, estsuffisante pour le diagnostic des affectionsparasitaires de l’appareil respiratoire [16].Les œufs des strongles respiratoires éclosent aucours de leur élimination par l’animal. Ce sontdonc des larves qui sont observées dans les fèces[16]. Leur reconnaissance permet d’établir undiagnostic. Cependant, le pronostic est variableen fonction de l’espèce impliquée [5]. Ainsi, uneatteinte par un dictyocaule est plus grave quepar d’autres parasites de l’appareil respiratoire[6]. Attention, un examen coproscopique négatifne signifie pas que l’animal est indemne [6]. L’examen coproscopique est relativementsimple à mettre en œuvre. Il demande peu dematériel et le praticien, avec un peu d’habitude,peut facilement le pratiquer au cabinet.

2. Examen bactériologiqueAfin de mettre en évidence la présence debactéries, de les caractériser, voire de connaîtreles antibiotiques actifs sur la ou les bactéries en

cause dans une affection de l’appareil respira-toire, un examen bactériologique, éventuellementsuivi de la réalisation d’un antibiogramme, peutêtre entrepris sur divers échantillons prélevésstérilement, tels que les liquides d’épanchementthoracique, de lavage broncho-alvéolaire ou ded’aspiration transtrachéale ou des écouvillons descavités sinusales. Cet examen est particulière-ment intéressant à réaliser en cas d’échec d’untraitement antibiotique prescrit en premièreintention, le prélèvement étant alors réalisé chezun autre animal présentant les mêmes symptô-mes mais n’ayant reçu aucun traitement. La difficulté du diagnostic des infectionsbronchopulmonaires est liée à l’obtentiond’échantillons cliniques non contaminés par laflore bactérienne oropharyngée. En effet, celle-ci masque la flore pathogène et engendre desdifficultés lors de l’interprétation des résultats.La technique de l’aspiration transtrachéalepermet de garantir l’absence de contamination.C’est la méthode de choix pour le diagnostic desinfections à bactéries anaérobies strictes [26].Les liquides de lavage broncho-alvéolaire oud’aspiration transtrachéale sont centrifugés(500 tours par minute pendant dix minutes) avantensemencement, afin de faire sédimenter lesparticules en suspension. Une coloration de Gramest également réalisée pour examen direct. Unegoutte du culot de centrifugation, diluée ou nonselon que la méthode est qualitative ou quantita-tive, est ensuite ensemencée. Différents milieuxsont utilisés : la gélose au sang, la gélose au sangcuit enrichie, incubée sous 10 % de dioxyde decarbone, et la gélose de Drigalski ou de MacConkey. La présence à l’examen direct de spores,de levures ou d’éléments mycéliens impose l’ense-mencement d’un milieu de Sabouraud, incubé à30 °C. En l’absence de toute souillure par desgermes contaminants, la présence à la colorationde Gram de bacilles Gram+, filamenteux etramifiés, impose de faire un isolement sur milieude Löwenstein-Jensen. Ce milieu est examiné tousles jours, pendant au moins une semaine, pourdétecter l’apparition éventuelle de colonies deNocardia [26]. Le milieu de Löwenstein-Jensenpermet également l’isolement des mycobactéries,dont la croissance est très lente [33]. En cas desuspicion d’abcès pulmonaires ou en présenced’un prélèvement très purulent à odeur fétide, avecflore pléiomorphe à l’examen direct, des culturesen anaériobose sur gélose au sang ou sur gélosede Schaedler et vitamine K3, avec ou sanskanamycine, sont réalisées systématiquement. L’isolement de Chlamydia psittaci nécessite lerecours à un laboratoire spécialisé, qui appliquedes mesures strictes afin d’éviter les contami-nations humaines [26]. La caractérisation desbactéries isolées se fait ensuite grâce à une sériede tests biochimiques permettant l’identifica-tion de l’espèce bactérienne. Un antibiogrammeest souvent réalisé par la suite [21].L’examen cytobactériologique des sécrétionsbronchopulmonaires ne donne jamais de résultatsayant une valeur absolue. Un diagnostic étiolo-gique valable nécessite une confrontation entreles données cliniques et bactériologiques [26]. Cetexamen est particulièrement intéressant à réaliseren cas d’échec thérapeutique.

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Points forts! La résolution de laradiographie pulmonaire est limitée : les lésions dont lediamètre est inférieur à 6 mmne sont pas détectées.

! La radiographie est utilepour confirmer la présencede modifications étenduesdes poumons.

! Les radiographies du cou etde la tête sont intéressantespour l’exploration des affections de l’appareilrespiratoire supérieur.

! L’échographie peut êtreutilisée pour visualiser les plèvres et la surface des poumons.

! L’échographie est la technique de choix pour caractériser et suivrel’évolution d’un épanchementpleural.

! L’examen coproscopiqueest relativement simple à mettre en œuvre, demandepeu de matériel et peutfacilement être pratiqué au cabinet vétérinaire.

! Un examen coproscopiquenégatif ne signifie pas quel’animal est indemne.

! La bactériologie est unexamen particulièrementintéressant à réaliser en casd’échec d’un traitementantibiotique prescrit enpremière intention (leprélèvement étant alorsréalisé chez un autre animalprésentant les mêmessymptômes mais n’ayant reçuaucun traitement).

! La technique de l’aspirationtranstrachéale permet de garantir l’absence de contamination des prélèvements par la florebactérienne oropharyngée.

! Les tests Elisa sont utilisésen routine pour la détectiondes principaux virusrespiratoires des ruminants.

! Les techniques sont surtoutvalables à l’échelle du troupeau, notammentchez les petits ruminants.

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3. Examens virologiques

! Isolement viral

En cas d’infection virale, une culture peut êtreentreprise à partir d’écouvillons nasaux (IBR)ou de liquides de lavage broncho-alvéolaire oud’aspiration transtrachéale, ou parfois à partirde cellules sanguines circulantes (par exempledes monocytes dans le cas du virus visna-maedi)[28]. Elle est réalisée à l’aide de cellules vivantes,par exemple des cellules de rein de veau fœtal.Les virus sont reconnus grâce à leur effet cytopa-thogène éventuel et les antigènes viraux peuventêtre caractérisés par sérologie. Cependant, cettetechnique est d’un intérêt limité chez les ovinset les caprins. En effet, les virus impliqués dansles affections respiratoires aiguës (PI3, adénovi-rus, etc.) ne sont pas recherchés en routine carleur effet pathogène est limité. Le virus visna-maedi et le virus de l’arthrite-encéphalite caprinesont, quant à eux, relativement facilement misen évidence par des méthodes sérologiques,alors que leur culture est délicate [28]. Actuel-lement, aucun test de dépistage du virus del’adénomatose, utilisable en routine chez unanimal vivant, n’existe [32].

! Amplification génique

Ces dernières années, l’utilisation des techniquesd’amplification génique, PCR (Polymerase ChainReaction) et RT-PCR (Reverse Transcriptase-Polymerase Chain Reaction), s’est développéepour la mise en évidence de nombreux virus, parexemple le virus de l’IBR ou le virus RSV [32].Ces deux techniques ont également été testéespour la mise en évidence des virus de l’arthrite-encéphalite caprine et du visna-maedi, soitdirectement sur des échantillons prélevés chezdes animaux malades, notamment sang ou lait,soit indirectement après culture cellulaire [17,22]. Les résultats sont encourageants et latechnique semble sensible et spécifique, saufquand elle est appliquée sur le lait. Cependant,elle est coûteuse et son utilisation n’est donc paspossible en routine, mais plutôt comme test deréférence [22]. La RT-PCR permettant ladétection du virus de l’adénomatose est en coursd’expérimentation [10].

! Examens sérologiques

Le développement des tests Elisa (Enzyme-LinkedImmunosorbent Assay) directs et indirects apermis l’amélioration du dépistage des animauxinfectés par les principaux virus responsablesd’affections respiratoires. Ils sont désormaisutilisés en routine pour la détection des virus del’IBR, para-influenza de type 3 bovin, RSV et del’adénovirus bovin, ainsi que des virus visna-maediet de l’arthrite-encéphalite caprine [22, 32].D’autres examens sont également réalisables(immunodiffusion en gélose pour le visna-maediou le virus de l’arthrite-encéphalite caprine, inhibi-tion de l’hémagglutination pour le virus para-influenza de type 3 bovin, immunodiffusion engélose pour les adénovirus, etc.) [32]. Les tests sérologiques sont des techniques simples,disponibles (les laboratoires départementaux lesréalisent) et de coût modéré. Cependant, ilsdétectent les animaux infectés et non les malades.

Leurs résultats doivent toujours être confrontésà la clinique. Ces techniques sont surtout valablesà l’échelle du troupeau, notamment chez les petitsruminants. Enfin, elles ne permettent pas ladétection de tous les animaux, car les délais deséroconversion sont parfois longs, certainsanimaux infectés ne développent pas une réponseimmunitaire suffisamment forte pour être détecta-ble, ou certains animaux séropositifs deviennentséronégatifs de façon transitoire [22, 27].

4. HistologieL’examen histologique est réalisé à partird’échantillons prélevés lors d’une interventionchirurgicale ou d’une biopsie. Cet examen nepeut être effectué que par un laboratoire spécia-lisé car il nécessite, pour la préparation deslames d’histologie, un matériel spécifique etcoûteux, ainsi que l’intervention d’un spécialistepour la lecture et l’interprétation des lames.Ainsi, le praticien doit adresser ses échantillons,correctement conditionnés et baignant dans unesolution de fixation (formol, liquide de Bouin),au laboratoire d’anatomie pathologique de sonchoix, de préférence vétérinaire, afin que lesconclusions de l’examen puissent être orientéesen fonction des particularités de l’espèce.L’anatomopathologiste décrit les lésionsmicroscopiques observées, puis les interprètedans sa conclusion en indiquant l’affection encause ou les affections probablement respon-sables des anomalies tissulaires. ■

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En savoir plus- Courouble F. Examenscoproscopiques au cabinetvétérinaire. Point Vét. 2003;34(n° spécial “Examensparacliniques chez lesbovins”):50-54.- Rousseau C. Les analysescourantes réalisables au cabinetvétérinaire. Point Vét. 2003;34(n° spécial “Examensparacliniques chez lesbovins”):20-25.

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