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Screenology // La societe du spectacle de Guy Debord et la societe de surveillance aujourd'hui // Le Cremaster de Matthew Barney
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CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
A. JIM ARTH 358 // Final Take-Home exam
DUE: April 20 2010
CALLIGARO VICTORIA
# 9721274 (International Student Winter term only)
Question 1.
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
A. JIM ARTH 358 // Final Take-Home exam
DUE: April 20 2010
CALLIGARO VICTORIA
# 9721274 (International Student Winter term only)
Question 2. c)
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
A. JIM ARTH 358 // Final Take-Home exam
DUE: April 20 2010
CALLIGARO VICTORIA
# 9721274 (International Student Winter term only)
Question 4.
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(1) forme de
pensée en liens et
assemblages
utilisée
notamment par
Deleuze et
Guattari dans la
révolution
moléculaire ou
encore Mille
plateaux
(2) concept de
« praxis » (latin,
usage)
(3)
transcends
specific historical
contexts, définition
selon Erkki
Huhtamo.
Il n’est pas aisé d’embrasser la screenlogy dans son
ensemble car elle constitue moins une discipline avec une
idéologie gravée dans le marbre, qu’une grille de lecture sous une
forme de rhizomes (1).
Cette pratique (2) qui vise à créer des liens entre des œuvres
impliquant des nouveaux médias convoque plus les notions
d’environnement, d’inter-activité, d’inter-subjectivité qu’une
historiographie linéaire. Contextualisé mais traductible à d’autres
environnements (d’autres villes, pays ou cultures) grâce aux
technologies impliquées. Les œuvres d’art dont il est ici question
cherchent pour le moins à « transcender un contexte historique
spécifique » (3) mais plus encore, à tisser un réseau de sens et
d’interprétations, fluctuant selon le lieu, le temps et les divers
paramètres qui régissent notre environnement.
Tantôt nous interrogeant sur les conditions d’interactivité
immédiate avec les œuvres de Janet Cardiff & George Bures Miller
(The Paradise institute) et celles Brett graham and Rachael
Rakena (aniwaniwa), tantôt cette pratique nous amène à établir de
nouvelles connections entre elles. Prenons l’exemple de ces deux
œuvres citées précédemment, les contextes et les intentions qui
les voient naître sont très différents. Aniwaniwa nous évoque des
souvenirs, des « madeleines de Proust », des sensations motrices
de nostalgie, en s’adressant individuellement au spectateur sous
forme d’une invitation à partager une expérience visuelle et
auditive. L’interprétation est sensible et libre à chacun.
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(4) j
”their (referentials)
artificial
resurrection in
systems of signs »
Simulacra and
Simulations p.146
D’un autre côté nous avons le Paradise institute, qui est une
œuvre qui fait plus appel à notre champs lexical
cinématographique, interrogeant ses codes, ses dispositifs, son
historiographie. Ici l’interprétation est aussi libre mais n’est pas à
investir dans le répertoire émotionnel, plutôt celui raisonnant.
Cette fois là, le spectateur fait appel à son sens critique plus qu’à
ses sens (tout court).
Néanmoins ces œuvres se connectent sur différents aspects. Le
dispositif mis en place se compose notamment d’un écran (ou
plusieurs parties d’écrans) commun à tous les spectateurs et une
expérience auditive séparée, de plus l’expérience est partagée
avec les autres regardeurs qui se voient les uns les autres.
De plus pour chacune de ces œuvres, les artistes utilisent ces
dispositifs plus comme un miroir, un réceptacle à notre imaginaire,
nos fantasmes que comme un outil porteur de savoir ou
politiquement critique, ou encore une interface performative.
Différemment de ce qu’énonce Jean Baudrillard (4), l’abstraction
des signes ainsi projetés n’est pas exclusivement numérique. Les
émotions et pensées sont sollicitées par le biais numérique mais
restent de l’ordre de l’imaginaire, du symbole. Au lieu d’une
abstraction froide que pourrait laisser présager cette ère du
numérique qui est née il y a de cela maintenant quelques
décennies, nous assistons plutôt à un glissement des symboles
qui au lieu d’appartenir à un contexte, lieu ou temps déterminé,
sont désormais inhérents à une traduction, une interprétation dont
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(5) Pulse Park,
Amodal
suspension
etc. de R.
Lozano-
Hemmer
la matière première serait ces œuvres à la généalogie numérique.
En cela la screenology peut nous servir à la fois de prisme pour
observer ces œuvres, les mettre en rapport sur des terrains divers
et variés. Cette praxis convoque la genèse technologique d’une
œuvre, le contexte socio-économique qui la voit se créer, et les
interactions modales possibles au moment où l’œuvre fonctionne.
Car il s’agit de machines, d’interfaces intelligentes qui entrent en
communication avec le regardeur et le contexte où il se trouve. Les
œuvres sous la loupe de la screenology sont tantôt contraintes par
un contexte ultra-codifié, prenons l’exemple du Paradise institute
qui reprend à la fois les codes de la camera obscura et de la
« boîte noire » de la salle de projection, tantôt plus libres dans un
environnement plus chaotique, ici nous pouvons évoquer les
installations de Rafael Lozano-Hemmer (5) qui se confronte à des
passants dans un contexte urbain à grande échelle.
En somme, la screenology n’est qu’un mode de lecture plus qu’un
concept à saisir. Reposant sur des technologies en renouveau
perpétuel, et donc sur des usages et pensées fluctuants, il est vain
de vouloir saisir ce terme dans une acception close et figée.
L’hydre à mille têtes de la screenology est mouvante et renaît
constamment, elle nous éclaire quand il s’agit d’explorer des
cheminements inexplorés, de rencontrer des artistes sur cette
nouvelle terrae incognita : cette vision élargie et distendue de l’Art
dans l’espace et le temps.
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(1) la société du
spectacle de Guy
Debord et de
l’Internationale
Situationniste.
(2) Olivier Asselin
(3) Détournement
défini dans l’I.S.
(Internationale
Situationnist)
Les technologies contemporaines qui sont nées dans les années
soixante se sont vues être le vecteur d’une pensée popularisée de
la surveillance. Les concepts de « société du spectacle » (1) et de
« société de surveillance » (2) sont alors apparus pour essayer de
comprendre et puis de critiquer cette nouvelle vision.
Evoluant sous l’œil des caméras de télésurveillance, à l’heure des
GPS, des puces RFID, des données numériques instantanées hors
de toute échelle spatiale et temporelle, les artistes ont appris à
naviguer dans ces mers agitées.
Prenons des artistes d’époques distinctes ; d’un côté nous avons
Ant Farm et son Media Burn, et Les Hurlements en faveur de Sade
film expérimental de Guy Debord (et de l’Internationale
Situationniste). De l’autre nous avons Bruce Nauman et son
installation Live taped video corridor. Les contextes qui voient
naître ces œuvres sont tout à fait disparates et pourtant nous
sentons une même tension.
Loin d’une paranoïa injustifiée à l’endroit des technologies qui sont
popularisées à l’heure où ces œuvres sont créées, il s’agit pour ces
artistes de détourner (3), de traduire différemment les codes
utilisés par la société du spectacle et celle de la surveillance. Dans
un cas il s’agira de pousser à l’extrême le spectacle même du
cinéma en donnant à voir un écran blanc/ noir ponctué de
discours/ poésie sonore violents (Guy Debord), pour Ant Farm il
s’agit de rendre spectaculaire une sur-consommation effrénée
d’images et d’objets. Pour Bruce Nauman il s’agira de rendre
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(4) Best & Kellner
post-modern
society.
(5) AntFarm et
ses images
d’explosions,
débauche
d’énergie. Et Guy
Debord, la
fameuse
projection de son
film Hurlements
en faveur de
Sade (source I.S.)
où les
spectateurs sont
sortis de la salle.
inoffensif un dispositif menaçant. « Ne plus être dans une simple
consommation des images » (4). Réactiver la position du
regardeur, le sortir de sa torpeur ou passivité, quitte à le violenter
un peu (5).
Il est à la fois question dans ces œuvres intrinsèquement de la
société du spectacle et celle de la surveillance. La société de
surveillance n’est pas seulement convoquée par un système de
références explicites telles que l’image d’une camera qui nous
regarde, mais aussi par nos comportements et surtout la façon
dont ils sont anticipés. Ainsi Guy Debord met au défi de quitter la
salle de projection, AntFarm met au défi le regardeur de ces
images de s’en amuser sous l’œil des autres membres de
l’auditoire. de façon peut-être plus claire et radicale, ce sont
Richard Serra & Carlota Fay Schoolman dans leur œuvre video
Television delivers People qui en seront le fer de lance.
Ici ce qui est intéressant est de voir que, à peine l’imagerie de la
télésurveillance naît (dans les années 60-70), ces artistes en
perçoivent déjà les limites et préfigurent déjà, une société où la
surveillance n’est plus externe et une menace sans nom ni visage,
mais une société où nous sommes les vecteurs de ces normes, où
nous nous observons les uns les autres.
Dans cette même optique, Bruce Nauman ne parle pas seulement
de surveillance dans son œuvre Live taped video corridor, de la
même façon que Dan Graham bien plus tôt (Time Delay Room), il
fait appel à l’aspect fascinant et hypnotisant de ces images de
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(6) Gregor
Stemmrich, «Dan
Graham,» Thomas Y.
Levin, Ursula Frohne,
Peter Weibel (eds.),
CTRL[SPACE].
Rhetorics of
Surveillance from
Bentham to Big
Brother, ZKM, Center
for Art and Media,
Karlsruhe, 2001, The
MIT Press,
Cambridge, MA,
London, 2002, p. 68
(7) où l’énonciation a
valeur d’acte..
(8) premier
paragraphe ,
Chapter 16
Simulacra and
Simulations (9) cours, extrait de
Paul Virilio
(10) Jeremy
Bentham,
Panopticon et
CTRL[SPACE].
Rhetorics of
Surveillance from
Bentham to Big
Brother, ZKM,
Center for Art and
Media, Karlsruhe,
2001, The MIT
Press, Cambridge,
MA, London, 2002,
surveillance. ces images deviennent un spectacle. (6) Un concept
vient déborder sur l’autre et finissent par s’entremêler à mesure
que notre dépendance communicationnelle aux nouvelles
technologies grandit.
Nous vivons bien dans un panoptique instantané et performatif (7)
qui ne recouvre pas notre réel comme le suggérait fût un temps
Jean Baudrillard (8), mais qui le tisse, qui en constitue les flux et
les réseaux. Les caractéristiques de ce nouveau panoptique
restent l’ « ubiquité » et l’ « instantanéité » que décrit Paul Virilio
(9) mais à l’heure des technologies actuelles qui sont support de
divertissement, de communication, de surveillance, de savoir,
d’archivage…
Désormais ces deux concepts de « société du spectacle » (1)
et de « société de surveillance » (2) sont obsolètes. Nous vivons à
l’ère d’un panoptique (10) sans murs, miscible dans notre
quotidien et nul Œil pour regarder hormis le nôtre.
C’est moins un miroir instantané de notre société, que le réseau
d’une hyper-archive ingérable. comme le présentent certains
artistes contemporains qui désormais ne peuvent faire l’impasse
de traiter de l’archivage et de la médiatisation au sein de l’art, au
cœur de leurs œuvres. Pour exemple Tino Seghal (2010, MoMA,
NYC) qui veille à ce qui ne subsiste aucune trace de ses
performances, nulle trace de ses spectacles dont seule une
présence effective sur le lieu (et temps) de l’action peut témoigner.
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(1) p.2-3 de l’article
“Matthew Barney and
the Paradox of the Neo-
Avant-Garde
Blockbuster” de Keller
et Ward
La série de films créés et réalisés par Matthew Barney, Cremaster
a l’ambition d’être un blockbuster esthétiquement expérimental.
Avant de savoir si cela fut effectif ou non, quoi que la question ne
se pose peut-être pas en ces termes, il nous comprendre ce que
Keller et Ward dans leur article « Matthew Barney and the paradox
of the Neo-Avant-Garde Blockbuster » mettent en rapport dans
cette expression du « Neo-Avant-Garde Blockbutser » et quoi cela
s’applique à l’œuvre de Matthew Barney.
Les auteurs de ce texte mettent avant tout l’accent sur la
production du film, les références employées et la symbolique
utilisée tout au long des films. L’expression « blockbuster
expérimental » peut déconcerter mais il est vrai que au regard de
ces aspects, elle prend sens. Les films de cette suite, emploient
une forme de production qui n’a rien à envier aux films à grand
budget produits à Hollywood, la méthode de réalisation non plus
(outils cinématographiques, équipe technique, effets spéciaux,
casting etc.) et là où le film perd de sa forme pré-établie par les
standards Hollywoodiens, c’est dans son inscription historique,
dans ses références et enfin dans la façon dont il traite les
stéréotypes véhiculés par les blockbusters classiques.
Le Cremaster revendique clairement une filiation avec les
« performances des années 60 -70 » de « Chris Burden » à « Marina
Abramovic » (1) auxquels nous pourrions rattacher l’actionnisme
viennois, non pour sa violence et son esthétique mais pour son
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(2) p.3-4, ibid.
(3) p.3
(4) p.9
(5) p.4-13
(6) p.11
(7) Amodal suspension
sens de l’échelle monumentale. Comme le précise très justement
les auteurs du texte, l’artiste veut télescoper l’échelle du
blockbuster dans sa production avec les thèmes chers aux
performances expérimentales des années 60-70 :
« [Matthew Barney] adapted their scale, style and costs » (2).
Il s’agit pour lui de confronter le spectateur dans un format
familier, celui du film d’action hyper-produit, à un contenu qui
l’amènerait à « négocier » (3) des nouvelles valeurs « non
normatives » (4). Les auteurs de l’article prennent pour exemple le
stéréotype de l’homme blanc et hétérosexuel, de façon extensive
le long de l’article (5), comment Matthew Barney y fait référence
explicitement avec son personnage central qui évolue tout au long
des films en suivant le fil rouge de ce stéréotype mais en s’y
défaussant à toute occasion.
En reprenant à son compte le cadre économique de la production
de cette œuvre, l’artiste va utiliser les mêmes ressorts de la
franchise en construisant une identité visuelle au film, c’est en
cela aussi que Cremaster est une sculpture. (6)
De nombreux artistes contemporains utilisent pour élaborer leurs
œuvres un socle institutionnel qui leur permettra de déployer leur
œuvre sur une large échelle. Nous pouvons penser à Rafael
Lozano-Hemmer (7), mais aussi et cela est moins attendu nous
pourrions prendre l’exemple de cette œuvre « SecondLife » RMB
City. En effet prenons ce dernier exemple, bien que ne reposant
pas sur un socle institutionnel réel et tangible, ce travail en use les
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
codes esthétiques, le fonctionnement économique et hiérarchique.
Support à la création virtuelle d’artefacts de grande échelle qui
s’inscrivent dans des codes et stéréotypes précis et référencés
(Science-fiction, imagerie de Blockbuster…) la RMBcity se voit donc
être un avatar virtuel sur la plateforme SecondLife de cette
méthode de production. Les conditions de production de cette
œuvre sont donc similaires à celle de Cremaster bien qu’elles
soient virtuelles. De plus, là ou l’œuvre de Matthew Barney tient à
se démarquer des blockbusters traditionnels, c’est notamment
dans la monstration, dans la diffusion de son œuvre. Son œuvre
sera diffusée en musée et galeries, et de la même façon, RMBcity
sera diffusée sur Secondlife, accessible depuis n’importe quel
ordinateur personnel. Ce clash des échelles de production/
diffusion est le noyau dur de la genèse de ce que l’on peut appeler
le blockbuster expérimental, mais est-il suffisant ?
D’un autre côté nous avons Rafael Lozano-Hemmer et son œuvre
Amodal Suspension réalisée à l’échelle d’une métropole, qui vient
détourner là encore un outil personnel pour transposer son effet à
une très grande échelle. Là le processus est inverse, il s’agit de
produire à l’aide de son téléphone une œuvre (coût de production
négligeable/ acte anodin) un effet lumineux sur la ville. La
production du dispositif est onéreuse et complexe (spots,
électronique etc.) pour arriver à reprendre des codes ici aussi
empruntés au vocabulaire Hollywoodien (effet de lumière et mise
en scène spectaculaire). C’est le téléphone personnel, dernière
CALLIGARO VICTORIA #9721274 // Page … / … of Question …
(8) p.8
.
pièce du puzzle qui fait que l’œuvre fonctionne qui rend cet aspect
expérimental.
Qu’il s’agisse du gadget, de l’élitisme artistique − dispositif de
projection au musée Guggenheim, ou galeries huppées −, ou
encore d’un aspect amateur − production personnelles sur SL−,
ces artistes cherchent à « réinvestir le concept d’aura
Benjaminienne » (8) en s’appropriant les méthodes de production
Hollywoodienne à grand budget et/ou échelle.
Ils sont influencés par une généalogie prenant racine dans les
années soixante/ soixante-dix, des performances expérimentales
remettant en questions nombres de codes sociaux, politiques,
culturels, identitaires… Et ainsi, ces artistes mettent un point
d’honneur, chacun à leur manière, à se déposséder de leur
œuvre, leur attribuer une autonomie dans un microcosme éloigné
de la pratique artistique contemporaine (hyper-)prédéfinie. Chacun
d’entre eux investit un territoire, se l’appropriant dans une durée
déterminée, pour le restitué empreint de sa vision, et appelé à être
exploré à nouveau.