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FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique 80 ème année - Hebdomadaire n°2947 - 8 octobre 2004 www.france-catholique.fr 3, 50 ISSN 0015-9506 Semaine missionnaire mondiale Semaine missionnaire mondiale

Semaine - France Catholiquediable déclin de la presse écrite. Pour-tant des hebdoma-daires (Le Point, le Nouvel observateur) se portent bien, et la presse spécialisée (dans l’automobile,

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80ème année - Hebdomadaire n°2947 - 8 octobre 2004 www.france-catholique.fr 3,50 €

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BREVES

2 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

FRANCECONSTITUTION : Le président de la Ré-publique a annoncé le 1er octobre sonintention de consulter les Françaispour toute nouvelle entrée d’un paysdans l’Union européenne. Cette initia-tive entraînerait un référendum surl’adhésion de la Turquie, de manière àdissocier la question turque du débatsur la Constitution européenne.Selon un sondage " Ipsos – Le Point "publié le 30 septembre, le "oui" l’em-porterait au référendum sur la Consti-tution avec 64% des voix ; parmi lessympathisants du PS, 62% voteraientpour.ECONOMIE : L’ANPE a enregistré12.000 chômeurs de plus au moisd’août ; cette augmentation qui tou-che plus spécialement les hommes etles plus de 50 ans contredit l’optimis-me officiel ; toutefois, le moral desménages s’est sensiblement amélioréen septembre d’après l’enquête pu-bliée par l’INSEE le 30 septembre.Autre source d’inquiétude : la haussedes cours du pétrole (50 dollars lebaril) qui pourrait freiner la croissanceet obliger le gouvernement à réviserson projet de budget basé sur un barilà 36,5 dollars. Les principaux ports deMéditerranée étaient bloqués le 4 oc-tobre par les marins-pêcheurs qui pro-testent contre l’augmentation du prixdu gazole.Le ministre des Transports a présentéle 29 septembre au Conseil des minis-tres un projet de loi permettant l’ou-verture du capital des aéroports fran-çais ; la société des "Aéroports de Pa-ris" deviendra une société anonyme le1er janvier 2005, mais l’Etat devrait yrester majoritaire.Le ministre des Finances a convoqué lecomité consultatif du secteur finan-cier le 7 octobre à Bercy pour exami-ner la question de la hausse des tarifsbancaires.POLITIQUE : Aux journées parlemen-taires du PS, le 29 septembre, l’oppo-sition s’est renforcée entre partisanset adversaires de la Constitution euro-péenne. Christian Poncelet a été réélu le 1er

octobre à la présidence du Sénat pourun troisième mandat avec 191 voix(UMP et UDF) sur 325 votants.SANTE : Dans le contexte d’une plain-

te déposée contre trois ministres de laSanté se fondant sur l’hypothèse d’unerelation entre la vaccination contrel’hépatite B et l’apparition d’une sclé-rose en plaques, la Commission natio-nale de pharmacovigilance a publié le29 septembre un bilan établissant quecette relation n’était pas confirmée.Le laboratoire américain Merck a an-noncé le 1er octobre le retrait de l’an-ti-inflammatoire Vioxx en raison deses effets secondaires sur le cœur ; en2003, ses ventes en France ont atteint120 millions d’euros.JUSTICE : "Le plaider coupable", dis-position originale de la loi Perben du 9mars 2004, est entré en vigueur le 1er

octobre ; destiné à désengorger les tri-bunaux, il permet au procureur d’évi-ter le procès en proposant directementune peine à une personne ayantreconnu les faits qui lui sont repro-chés. Cette loi permet également lapromotion du "bracelet électronique"comme alternative à l’incarcération.La cour d’assises des mineurs de l’Eurea condamné le 1er octobre à sept ansde réclusion criminelle le principal ac-cusé de la mort d’un père de famillevenu défendre son fils dans unebagarre de lycéens.TERRORISME : D’importantes caches-d’armes appartenant à l’ETA ont étédécouvertes le 2 octobre au paysbasque ; 17 personnes ont été arrêtéesdont le " cerveau " de l’organisation.SPORT : La délégation française auxJeux paralympiques d’Athènes a étéaccueillie par le Premier ministre àOrly le 29 septembre ; les 140 athlètesfrançais ont terminé à la 9e place avec74 médailles dont 18 en or.

MONDETERRORISME : Les deux Italiennes en-levées le 7 septembre ont été libéréesle 28 et ont regagné Rome ; une ran-çon de un million de dollars aurait étéversée, mais n’est pas confirmée.Un intermédiaire officieux, PhilippeBrett, a assuré le 28 septembre avoirrencontré les deux journalistes fran-çais toujours détenus ; il aurait obte-nu un accord en vue de leur libération.Selon le député UMP Didier Julia, lesotages étaient bien en route pour Da-mas le 1er octobre, mais l’opération a

échoué en raison de l’intervention del’armée américaine, ce que celle-ci aaussitôt démenti. Le ministre des Af-faires étrangères redoutait, le 3 oc-tobre, que cette opération parallèle aitdes conséquences négatives sur le sortdes otages ; le porte-parole du gou-vernement a même qualifié de "pro-fondément regrettable" la mission pi-lotée par Didier Julia ; celui-ci pourraitêtre sanctionné par l’UMP. Sur le terrain, les opérations terro-ristes se multiplient et n’épargnentpas les enfants.ENERGIE : Le FMI a annoncé le 29septembre que la flambée des coursdu pétrole risquait d’amputer la crois-sance mondiale d’un demi-point l’anprochain ; celle-ci atteindrait 4,3% en2005 contre 5% cette année (dont4,3% pour les Etats-Unis et 2,2% pourla zone euro). Réunis à Washington les3 et 4 octobre, les représentants des184 pays membres du FMI et de laBanque mondiale ont examiné lesconséquences de cette situation.Face au blocage du dossier concernantl’implantation du réacteur expérimen-tal Iter, l’Union européenne pourraitmener seule ce projet sur le site fran-çais de Cadarache .POLLUTION : En approuvant, le 30septembre, la ratification du protoco-le de Kyoto sur les changements cli-matiques, le gouvernement russe afait franchir un pas important dans lalutte contre l’effet de serre.ETATS-UNIS : Distancé dans les son-dages par le Président sortant, JohnKerry a profité du duel télévisé du 30septembre pour attaquer George Bushsur sa politique extérieure ; sa presta-tion a rassemblé 53% d’opinions favo-rables contre 47 à son rival.Depuis le 30 septembre, les ressortis-sants de 27 pays dont 15 Etats euro-péens, qui sont autorisés à voyagersans visa aux Etats-Unis, doivent seplier à des mesures de contrôle biomé-triques (empreintes digitales , portraitnumérique).ESPAGNE : Le gouvernement socia-liste a présenté le 1er octobre un projetde loi autorisant le mariage des cou-ples homosexuels et leur droit à l’a-doption; l’Eglise catholique et le Partipopulaire s’opposent fortement à cetexte.

J.L.

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EDITORIAL

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 3

l faut reconnaître comme un signe la réception par le Paped’un prix du courage politique, qui lui a été remis samedi der-nier, à l’initiative de la revue Politique internationale et de nosamis de la chaîne de télévision KTO. Ce n’est pas seulement un“honneur” dévolu à quelques per-

sonnalités internationales de grand mé-rite que Jean-Paul II a reçu. C’est unmessage qu’il a voulu lancer pour mon-trer au monde d’aujourd’hui que les res-ponsabilités publiques ne vont pas sansdon de soi et sans remise en cause del’ordre apparent des choses, du confor-misme ambiant et de toutes les chapesde plomb qui s’opposent à la révélationde la vérité et de la justice.

Pour comprendre cela, il faudraitpeut-être revenir à une conférenced’Alexandre Soljénitsyne prononcée en 1978 à l’universitéd’Harvard. L’auteur de l’Archipel du Goulag y dénonçait, en effet, cequ’il appelait “le déclin du courage”, en désignant le monde occi-dental dans son ensemble et chacun des pays qui le composent.C’est avec des mots cinglants qu’il dénonçait la faiblesse et l’irréso-lution des responsables. Sans doute, avait-il alors en point de mirela question du totalitarisme communiste et la complaisance dont ildisposait du côté d’une large part de l’intelligentsia et des milieuxpolitiques. Rétrospectivement, ce discours a valeur prémonitoire,puisqu'il fut prononcé quelques mois avant l’avènement du papepolonais que Soljénitsyne saluera comme un don du Ciel. N’est-cepas alors que le courage renaît, avec un homme qui saura pronon-cer les paroles décisives qui ébranleront l’empire totalitaire ?

Mais Soljénitsyne désignait le déclin du courage au cœur de la so-ciété occidentale : “Au contraire de la liberté de bien faire, la libertédestructrice, la liberté irresponsable a vu s’ouvrir devant elle le chample plus vaste. La société s’est révélée mal défendue contre les abîmesde la déchéance humaine, par exemple contre l’utilisation de la liber-té pour exercer une violence morale sur la jeunesse...”

C’est l’autre dimension du courage politique du Pape, que legrand écrivain prophétisait, sans pouvoir imaginer l’événement quiébranlerait le monde. Depuis un quart de siècle, Jean-Paul II pour-suit sa tâche. Il n’est pas de semaine où sa parole ne vienne au se-cours des déshérités de la planète, plaidant pour la paix. En mêmetemps, il est un des rare à rappeler les exigences de la conscienceet les préalables moraux à tout ordre juridique concernant les per-sonnes et la société. Nul prix n’était donc plus justifié que celui-là,car chaque jour, à temps et à contre-temps, Jean-Paul II est le pro-phète du courage, grâce à la liberté intérieure qu’il défend commedon premier de la Providence. ■

I

SOMMAIREACTUALITÉ4 MEDIAS Quotidiens en crise

Alice Tulle5 EUROPE La Turquie nue

Yves La Marck

DOSSIER6 MISSIONS Pourquoi sont-ils partis ?

Bede Ukwuije8 Le bonheur de servir les pauvres

François-Marie Guyot / Germaine Dupras10 La volonté de contribuer à la paix

Louise Thomas11 Option préférentielle pour les jeunes

George Boran / Jean-Michel Gelmetti12 Mobiliser les plus jeunes

Axelle Latourrette / Frédéric Aimard

ESPRIT14 MEMOIRE DES JOURS L’espérance en otage

Robert Masson15 LECTURES 28e dimanche du temps ordinaire

Père Michel Gitton16 BANDE DESSINEE Avec Jean-Paul II, t 2, 37/38

Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux17 ECCLESIA Homoparentalité

Jean-Marc Nesme18 Anne-Catherine Emmerich

Lina Murr Nehmé / Anita Bourdin20 THEOLOGIE Visages de Dieu (1)

Vladimir Zielinsky

MAGAZINE24 LETTRES Un Mauriac de guerre civile

Dominique Decherf

William Merwin, Rimbaud...J. Meyssignac, P. Chassard

26 HISTOIRE Jehanne, simple et sageAlexandre Da Silva

29 CINEMA "L’enquête corse"M.-Ch. d’A.

30 THEATRE "...Un baiser, un vrai"Alain Solari

31 "Neige"Pierre François

32 MUSIQUE François DeverdieuP.F.

33 LIVRES "Pierre d’homme"P.F.

34 TELEVISION Votre début de soiréeMarie-Christine d’André

36 FEUILLETON La caverne de l’Agneau (9)Samaël

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

UN SUPPLEMENT JEUNESSE “TL-NOTRE HEBDO”EST ENCARTE AU MILIEU DE CE NUMÉROdont les pages sont numérotées de 1 à 4

Une enveloppeŒuvre Pontificale Missionnaire

“jetée dans ce numéro”

photo de couverture © OPM Cameroun

par Gérard LECLERC

Le couragepolitique

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epuis des années, onannonce l’irrémé-diable déclin de lapresse écrite. Pour-tant des hebdoma-

daires (Le Point, le Nouvelobservateur) se portent bien,et la presse spécialisée (dansl’automobile, les bateaux, lamode…) respire la santé. Lapresse quotidienne régionaleest généralement prospère etattire un nombre considérablede lecteurs – à commencer parOuest France (avec 762.822ventes quotidiennes !). Mêmedans la presse quotidiennenationale, le bilan n’est pasglobalement négatif.

Entre juin 2003 et juillet2004, L’Equipe a augmenté sesventes de 11% et ses comptesdemeurent bien équilibrés. C’estun journal spécialisé, dira-t-on.Certes, comme le quotidien fi-nancier Les Echos, qui a subi lecontrecoup de la crise boursièremais a, cette année, redressé sesventes et ses comptes.

Parmi les quotidiens géné-ralistes, mais exprimant uneforte identité, La Croix obtientde remarquables résultats, aug-mentant ses ventes de 3,60%entre juin 2003 et juillet 2004et espère atteindre prochaine-ment une diffusion de 100.000exemplaires par jour. Le Figaro(335.000 exemplaires) recule à

peine (-1,75%), mais son nou-veau propriétaire, le sénateurSerge Dassault, voudrait qu’ildevienne bénéficiaire, en affir-mant mieux des options pluslibérales... D’où la fronde dejournalistes inquiets et desremplacements à sa tête.Quant au cas de la réduction desurface de L’Humanité, il estparticulier puisque le quotidiendoit survivre à l’effondrementdu communisme.

En fait, quatre quotidiensinquiètent réellement les ob-servateurs :

La diffusion du Monde a di-minué de 4,4% depuis un an,pour tomber à une vente mo-yenne de 389.000 exemplairespar jour. Alors que le groupe LeMonde détient le grand quoti-dien du soir, des quotidiens ré-gionaux et des titres trèsrentables comme Courrier In-ternational et Télérama, sespertes ont été de 25 millionsd’euros en 2003, contre 19,1millions en 2002 et 12,5 en2001... Du coup, Le Monde aannoncé en septembre que seseffectifs seraient réduits d’unecentaine de personnes sur untotal de 750 employés.

Le mois dernier également,la direction du Parisien-Au-jourd’hui a décidé de mettre enœuvre un plan de départs vo-lontaires car le journal (qui se

vend à 351.000 exemplaires parjour) a enregistré des pertess’élevant à 50 millions d’eurospour les trois dernières années(mais il est vrai que le groupea fait des investissements pro-metteurs dans un réseau proprede distribution).

Tandis que France Soir(67.500 acheteurs) n’en finitpas d’agoniser, Libération reste(à 149.000) dans une situationprécaire : le journal de SergeJuly cherche un nouveau parte-naire (ou repreneur ?).

Ces quatre titres semblentles plus touchés par la concur-rence de la presse quotidiennegratuite distribuée notammentdans le métro parisien, et dontla qualité journalistique n’estpas si mauvaise.

Comment expliquer autre-ment les difficultés graves aux-quelles ces quatre journauxsont confrontés ? La concur-rence de la télévision ? Maiselle vaut pour l’ensemble de lapresse écrite. La baisse des re-cettes publicitaires depuis deuxans est un fait indéniable, mais,

là encore, elles concernent l’en-semble de la presse française.

Il en est de même pour laconsultation gratuite des jour-naux par le biais d’Internet :comme Libération et Le Monde,Le Figaro peut être lu sur unécran d’ordinateur et ce ne sontprobablement pas les sites desquotidiens et des hebdoma-daires (eux aussi financés parles annonces publicitaires) quiles mettent en crise financière.

Reste, parmi d’autres hypo-thèses plus insaisissables, às’interroger sur la qualité ré-dactionnelle des titres en crise.Question délicate qui a été exa-minée très sérieusement par dessociologues du journalisme :trop de professionnels surchar-gés de tâches par les compres-sions successives de personnel,trop de journalistes en situa-tion précaire et par conséquentpeu motivés...

Pourtant, c’est encore unefois par le licenciement de jour-nalistes (entre autres employés)qu’on prétend résoudre les dif-ficultés de gestion… ■

Trop de professionnelssurchargés de tâches...(

ACTUALITE

4 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

D

PRESSE PARISIENNE

par Alice TULLE

Ce n’est pas la presse écrite française qui est

en crise, ni même l’ensemble de la presse

parisienne, mais certains quotidiens nationaux

– il est vrai parmi les plus importants.

Quotidiens en crise

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a Commission euro-péenne devait rendre, le6 octobre, son rapportsur le respect par Ankarades critères dit de Copen-

hague : démocratie, Etat dedroit, droits de l’homme, protec-tion des minorités, économie demarché, libre-concurrence, capa-cité à remplir les obligations destraités. La décision finale ap-partiendra aux chefs d’Etat le 17décembre prochain.

Les négociations seront, surla recommandation de la Com-mission, précisément destinées àsoumettre l’Etat candidat àtoutes les conditions qui permet-tront son adhésion définitive.C’est donc un immense travailqui devrait commencer en 2005.Pour s’achever en 2015, l’Unionayant déjà fixé ses règles notam-ment budgétaires jusqu’en 2014.C’est ainsi que l’on a plafonné lesdépenses agricoles et celles pourles fonds régionaux pour les nou-veaux membres.

Ensuite devront être négo-ciées les “clauses de sauvegarde”et les durées des processus detransition, par exemple sur lalibre circulation des hommes etl’emploi, comme cela a été faitpour la Pologne.

Il restera à intégrer ce qu’onappelle “l’acquis communau-taire”. 80.000 pages de règlementdont la France elle-même n’est àce jour pas parvenue au bout, ense signalant comme une des plusmauvaises élèves de l’Union...

L’approche technique, fidèle

à la méthode définie en sontemps par Jean Monnet pourdésamorcer des querelles poli-tiques de fond, a bien servil’Europe au cours des cinquantedernières années. Elle démont-rera une fois de plus son effica-cité dans le cas de la Turquie, n’endéplaise aux idéologues de tousbords, qui multiplient les inci-dents de parcours comme la ré-cente sortie sur l’adultère et les“crimes d’honneur”. Il vaudraitmieux pour eux s’attaquer auxvrais problèmes de l’économie etde la société turque dans l’Europed’aujourd’hui. Désormais, il fau-dra parler concrètement.

Les préalables ont en effetété levés. Au plan politique, legouvernement d’Ankara a choisil’Europe en refusant d’ouvrir unsecond front au nord de l’Irak àla demande des Américains et enfaisant pression sur les dirigeantsde l’entité nord-chypriote pourqu’ils fassent adopter par lapopulation turque le plan derèglement des Nations Unies, cequi fut fait contrairement à lapartie grecque de l’île. Celacorrespond à ce que De Gaulleattendait des Anglais au momentde leurs choix stratégiques dedéfense.

Au plan économique, leRoyaume-Uni vivait sur le privi-lège des balances sterling et despréférences impériales devenues

celles du Commonwealth - quis’en souvient encore ? Un travailanalogue est à faire pour la Tur-quie, parfaitement trivial, ingrat,abscons aux yeux des intellec-tuels, mais le seul qui soit perti-nent à terme de quinze ou vingtans.

Ceci veut-il dire qu’il faillefaire abstraction du non-dit reli-gieux ou - ce qui est plus vrai-semblable - culturel ? (car les“crimes d’honneur” existent aussien Corse, en Sicile ou en Crète etn’ont rien à voir avec la religion).Bien sûr que non : ni dans unsens, ni dans l’autre ; ne nousrésignons pas non plus à ce quela “culture” de l’Europe se résume

à l’adultère. N’en déplaise à MmeBovary et au théâtre de boule-vard, au divorce et à l’avorte-ment, sans pour autant admettreque nos cours de justice expo-sent dans leurs murs les Dix com-mandements pas plus que lacharia. Nous considérons quel’Evangile est passé par là.

L’idée européenne a aidéErdogan à dominer sa droite reli-gieuse, comme elle lui permit decontrôler les ultranationalistesde l’Armée. C’est grâce à ceséquilibres que les négociationsvont pouvoir commencer, nonpour revenir sur le passé, maispour construire un avenir en-semble. ■

Ne nous résignons pas à ce que la “culture” de l’Europe se résume à l’adultère(

ACTUALITE

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 5

EUROPE

Lpar Yves LA MARCK

Que veut dire l’ouverture de négociations pour

l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, sinon

ce qu’exigeait le général de Gaulle pour celle de la

Grande-Bretagne ? “L’Angleterre, je la veux nue !”

La Turquie nue

Page 6: Semaine - France Catholiquediable déclin de la presse écrite. Pour-tant des hebdoma-daires (Le Point, le Nouvel observateur) se portent bien, et la presse spécialisée (dans l’automobile,

ission" et "missionnaire", mots chargés depréjugés. On entend : "Autrefois la missionétait domination de l’Europe sur l’Afrique,

imposition de la foi sur les païens, collaboration avecl’esclavage et la colonisation." Alors qu’aujourd’hui, lamission serait dialogue, partage, être-avec.

Ce qui me met mal à l’aise, c’est le mot "autre-fois". Cet autrefois est une manière simpliste deréduire la mémoire des premières périodes d’évangéli-sation de l’Afrique à ce que des intellectuels pré-sentent comme l’éradication des cultures africainespar le christianisme missionnaire.

Sans nier qu’il y a eu de la violence dans la ren-contre entre Occident chrétien et Afrique, n’est-il pasdangereux de réduire la mémoire missionnaire à ce

Du 17 au 24 octobre 2004, la

Semaine missionnaire mondiale

sera un temps privilégié dans la

vie de chaque baptisé pour être

en relation de prière, d'échange

et de partage solidaire avec

toutes les Eglises du monde. Le

thème de cette année ? "Avec

les jeunes de tous pays, faites

entendre l’Évangile! " Comment

dire une bonne nouvelle au cœur

des conflits ? Comment inventer

un monde meilleur quand le

religieux est d’avance mis hors

jeu, quand l’homme est amputé

de sa pleine dimension ?

Comment se dire chrétien dans

un contexte interreligieux ?

Sans les jeunes, l’Église est

timorée ; oubliant ses aînés,

elle est mutilée. Si l’Évangile est

pour tous peuples et cultures, il

est aussi pour toutes

générations confondues qui

doivent s’auto-évangéliser et

s’inter-évangéliser. Dans les

pages qui suivent on trouvera

quelques témoignages et

réflexions pour nous préparer

à cette journée.

DOSSIER

6 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

SEMAINE MISSIONNAIRE MONDIALE

Jusqu’aux confins Quelques aspects de

Il y a cinquante ans :“Le Foucauld”

Bede Ukwuije, spiritain nigérian, doctorant à

l’Institut catholique de Paris, évoque avec

reconnaissance “les missionnaires d’autrefois”...

Pourquoisont-ils partis ?

M

par Bede UKWUIJE

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qui était raté en occultant ce qu’il y avait de don totalde soi dans la geste des missionnaires?

Ce qui a en effet jeté les premiers missionnairessur les routes, c’est la mémoire du don de Dieu quis’est fait plus proche de nous que nous le sommes denous-mêmes. C’est ce que nous célébrons à Noël, àPâques, à la Pentecôte, dans l’Eucharistie.

La merveille de Dieu provoque un émerveillementet de cet émerveillement jaillit une action de grâcejusqu’au don total de soi. Saisis par le Christ, les mis-sionnaires voulaient aller jusqu’aux lieux les plusreculés du monde pour L’annoncer. Au moment où ilsprenaient le bateau, ils étaient décidés à donnerentièrement leur vie aux peuples qu’ils allaient ren-contrer.

Le Nigeria a été évangélisé par des missionnairesvenus d’Europe. Le P. Francis Borghero de la Sociétédes Missions africaines (SMA) et ses compagnons sontarrivés au Dahomey le 18 avril 1861. Ils sont rejointsen 1885 par le P. Joseph Lutz et ses compagnons alsa-ciens, tous missionnaires spiritains. Ces derniers onteu comme successeurs de grandes figures comme leFrançais Mgr Lejeune et l’Irlandais Mgr Joseph Sha-nahan, reconnu aujourd’hui comme le Père de l’Églisedu Nigeria.

Dès leur arrivée, ils ont appris aux jeunes, l’art delire et d’écrire. Ils leur ont enseigné les sciences et lestechniques. L’école a été aussi lieu d’évangélisation.Shanahan embauchait des élèves comme apôtres dela foi. Les missionnaires ont sauvé des langues encomposant des dictionnaires et des grammaires, entraduisant la Bible, le catéchisme et les missels dansces langues. Ils ont sauvé des cultures en documen-tant leurs rites, leurs récits, leurs mythes.

L’évangélisation a été aussi imitation de la com-passion du Christ pour chaque homme: concrètement,par des œuvres de santé, par l’engagement pour ladéfense des pauvres et des opprimés.

Tout le combat des missionnaires visait à faire del’Africain un homme nouveau, libéré de systèmes et

de mœurs jugés nocifs (sorcellerie, religion de la peur,etc.). Certes, ce combat invitait à une rupture radicaleavec des traditions dans lesquelles les Africains

avaient été socialisés. Mais n’ou-blions pas que l’invitation à la li-berté demeure un impératif quel’Évangile adresse aujourd’huiencore à tout croyant!

À mesure que les gens com-mençaient à lire et à écrire, ils ontpris conscience de leur dignitéd’hommes et de femmes devantDieu. Ils ont découvert la diffé-rence entre la fraternité des frèresde Jésus et les injustices socialesqu’ils enduraient. Ils n’ont pastardé à s’organiser pour revendi-quer leur indépendance.

Ce réveil des peuples coûteracher aux missionnaires : on les ac-cusera d’organiser l’insurrection et

le nationalisme. Mais, jusqu’à aujourd’hui, les mis-sionnaires, toutes générations confondues, lient leursdestins à ceux des gens auxquels ils sont envoyés."Chez nous", c’est là où ils travaillent. Les gens lesaiment parce qu’ils savent qu’ils sont là pour eux.C’est pour cela que les Africains tiennent à enterrerles missionnaires étrangers sur la terre africaine enleur conférant le rang d’ancêtres !

On fait preuve de charité à l’égard des ancêtres encomprenant leurs ratés comme faisant partie de leurslimites et de celles de leur époque. Mais le pessimismeactuel, quant au sens de la mission, participe d’uneperte de mémoire collective.

Lucides, les missionnaires d’aujourd’hui serontcomme des griots, des poètes itinérants qui racontentles récits fondateurs des peuples afin que la sociétén’en perde pas la mémoire.

Et, si Dieu le veut, il suscitera des cœurs brûlants,à cette écoute, capables de se donner par amour ! ■

Les genssaventqu’ils sontlà pour eux

DOSSIER

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 7

de la terrel’esprit missionnaire

Portrait du P. Shanahan à l’âgede 36 ans, tiréd’une photo surplaque de verreprise au Nigeria.

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■ Pourquoi et comment cet appel à la mission en Inde ?

C’est un appel de Dieu qui donc ne s’explique pas.Dans le cadre de la fraternité Saint-Damien, j’assurais,depuis quatre ans, des présencesd’un mois chez les missionnairesde la Charité. J’ai ressenti l’appelde rester plus longtemps, pour leSeigneur, dans le service des pluspauvres...

■ Est-on plus pauvre à Calcutta quepartout ailleurs ?

Je ne sais pas. Ici nous avonsdes mouroirs bien visibles. Dansnos pays d’Europe, il y en a quisont invisibles. La ville compteentre 12 et 13 millions d’habi-tants et la misère est présente àtous les niveaux. Pauvreté maté-rielle, beaucoup moins concen-trée dans des bidonvilles que ré-pandue sur tous les trottoirs. Pau-vreté de très grande solitude pourd’innombrables rejetés de la so-ciété. Il y a ici une douzaine decentres des Missionnaires de la Charité qui font untravail admirable. Cela va du village des lépreux (ilaccueille aujourd’hui 250 malades) jusqu’à l’orpheli-nat de Schichu Bawan-Maison de Jésus (où il y a sou-vent 200 enfants en attente d’être adoptés). Mais il ya aussi des orphelinats pour adolescents, des dispen-

saires itinérants ou fixes et bien sûr le fameux mou-roir de Kalighat. Dans tous ces centres, on a une prio-rité : "l’Amour avant tout", amour à donner à des gensqui ne se sont souvent jamais sentis acceptés. Ensuiteon se préoccupe de les nourrir, les abriter et, plusrécemment, de leur offrir une possibilité de scolarité.

■ Quel est le travail d’un volontaire ?

Le principe de la bienheureuse Mère Teresa estque rien n’est planifié. Nous allons au plus urgent etchacun doit trouver sa place par son invention. Il y atoujours beaucoup à faire : nourrir, laver, habillerchaque personne qui n’en a pas la force. Savoir passerune journée à nettoyer les oreilles, couper les cheveuxou les ongles, raser (mais ne jamais toucher à la

moustache d’un Indien !). Mais aussi demeurergratuitement auprès de chacun. Nous débu-tons notre journée en célébrant l’Eucharistiepuis, ensuite, c’est le même Jésus que nousservons, habillons… dans les pauvres. Ces der-niers temps j’avais un travail régulier dans unorphelinat. Mais un matin, en prenant monticket à la gare, je découvre un jeune garçondont une des jambes à moitié putréfiée avaitété en partie dévorée par les rats. En me pen-chant j’ai vu les vers qui grouillaient… Oubliésles orphelins qui m’attendaient ! J’ai mis unlinge sur l’horrible blessure, pris l’enfant dansmes bras et l’ai porté au mouroir (où d’ailleurson a pu le sauver).

Les volontaires sont répartis en équipes, etenvoyés par les sœurs, en fonction des charis-mes de chacun et de l’urgence de la mission.J’aime beaucoup participer aux équipes volan-tes qui vont dans les slums, les gares. Notreprésence, c’est avant tout d’être avec eux.Parfois, nous devons conduire les plus nécessi-teux vers le mouroir ou les orphelinats. Les

sœurs de Mère Teresa ne s’occupent en principe quedes enfants sans parents, des vieillards sans famille.Elles vont, avec les bénévoles, sur les trottoirs offriraux enfants des temps de prière très œcuméniques,mais surtout des jeux, des danses, des chants et leplus souvent possible un apprentissage à l’hygiène

DOSSIER

8 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Le Père François-Marie Guyot,

48 ans, prêtre du diocèse de

Belley-Ars, membre de la

Fraternité Saint-Damien,

d’inspiration franciscaine,

est à Calcutta depuis un an

où il s’est mis au service des

sœurs de Mère Teresa.

Le bonheur de servirles pauvres

ASIE

Photo du père Guyotà Calcutta prise parun membre de la fraternité St-Damien

proposrecueillis par

GermaineDUPRAS

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DOSSIER

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 9

élémentaire (se laver les dents, laver ses cheveux,laver son linge)… Le "happy day", chaque mois, convieles enfants à un petit pèlerinage festif au tombeau deMère Teresa. C’est une journée où l’enfant se lave,reçoit un beau vêtement, est bien nourri… et qui setermine par un temps de prière infiniment recueilli. Ily a aussi un début de tentative de scolarisation enbengali et en anglais, notamment pour des enfantshandicapés mentaux, ce qui nous éloigne des prioritésde Mère Teresa, mais ouvre de belles perspectiveshumaines.

■ Qui sont les bénévoles, seulement des Occidentaux ?

Ceux que j’ai vus, les plus nombreux sont desJaponais, des Coréens, des Américains. Quant auxEuropéens, j’ai surtout rencontré des Espagnols, desItaliens et des Français. Mais cela varie beaucoupd’un mois à l’autre. Il y a peu d’Indiens, qui, par ail-leurs, sont d’une grande générosité. La plupart desenfants adoptés le sont par des familles indiennes.Cette générosité est présente même chez les plus

pauvres et les plus jeunes. Les maigres cadeaux quenous faisons, les petits desserts en pots par exemple,sont souvent emportés précieusement pour être par-tagés avec un petit frère ou une petite sœur… Pourrevenir aux bénévoles, je constate que la figure deMère Teresa aimante des générosités de toutes sortes.Beaucoup de bénévoles ne sont pas chrétiens. Dieutravaille à sa manière le cœur de chacun. Mère Teresadisait : “De l’amour à donner, c’est toujours de l’a-mour à donner”. En fait, nous recevons infiniment plusque nous ne donnons. Les pauvres nous donnenttout : leur amour, leur confiance, leur simplicité, leursourire. Elle disait aussi “Il n’y a pas de grandes ac-tions, mais de petits actes accomplis avec beaucoupd’amour”. Une philosophie forte en petites phrasesque chacun des volontaires aime à se rappeler. Pourma part, ma phrase préférée est : “Le réalisme de lavie spirituelle, c’est d’aller jusqu’au bout de l’incarna-tion”. Voilà pourquoi je suis ici. ■

Les pauvresnous donnetout : leuramour, leurconfiance,leur simplicité

Fraternité Saint-Damien c/o Marguerite Mariani,69, av. de ségur, 75007 Paris

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n Afrique, plus de 8 millions d’enfantsvivent "de" et "dans" la rue. En 1998, on endénombrait 3.000 à Kigali, aujourd’hui,malgré la sécurisation militaire du pays,l’estimation se situe aux alentours de 8.000

enfants. Pour la plupart, ils se regroupent en gangs.A Kigali, 8 gangs ont été identifiés à ce jour.

Le centre d’accueil porte le nom des fondateurs deFidesco au Rwanda : centre Cyprien et Daphrose Ru-gamba. Il a déjà accueilli plus de 300 enfants de la ruedont 250 ont été réinsérés en famille. L’accueil se faitévidemment sans distinction d’ethnie ou de religion.

L’histoire de chaque enfant est unique. DieudonnéNgendakumana a 12 ans. Après son arrivée, il étaitdéprimé et pleurait tout le temps. Les animateurs ducentre ont fini par découvrir qu’il était venu à pied duBurundi voisin (300 km à pied !) parce que son pèreavait abandonné sa famille et sa mère était morte. Lecentre lui a trouvé une famille d’accueil où il sembleheureux.

Après la mort de ses deux parents, Abdou Kenezas’était organisé avec ses deux sœurs pour vivre en fa-mille. La vie dans ce petit cercle est devenue de plusen plus dure. Finalement Abdou a jugé préférable d’al-ler mendier dans la rue. Notre éducateur en milieuouvert a travaillé avec lui pendant 6 mois pour qu’ilaccepte de venir au Centre. Abdou y a fait 3 mois d’al-phabétisation et vient de réintégrer l’école. Il désirerejoindre ses sœurs. Le Centre va l’aider à retrouver savie de famille prochainement.

Certains, orphelins de père et de mère, se re-trouvent dans la rue car ils n’ont plus personne pours’occuper d’eux. D’autres fuient la maison familiale,souvent à la suite du remariage d’un de leurs parents

et à la mésentente avec le nouveau conjoint. D’autres,enfin, victimes de la pauvreté, quittent leur famille,espérant trouver plus de bonheur dans les rues de laville. Tous vivent des périodes de grande souffrance,car, dans la rue, Les enfants sont exposés à tous lesdangers : drogue (beaucoup sniffent de la colle), vio-lence, faim, prostitution, sida…

Fidesco est un organisme de coopération prochede la communauté catholique de l’Emmanuel. Il en-voie dans différents pays du tiers-monde des jeunesbénévoles occidentaux, seuls ou en couples, avec engénéral un solide bagage universitaire ou profession-nel, pour des missions d’un an ou plus. ■

DOSSIER

10 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Tous viventdes périodesde grandesouffrance

La volonté de contribuerà la paix

Depuis 1994, Fidesco soutient

un double projet à Kigali, la

capitale du Rwanda : d’une part

un centre d’accueil pour

enfants de la rue ; d’autre part,

un centre de promotion de la

paix et de la réconciliation.

AFRIQUE

E

Fidesco, BP 104 - 92203 Neuilly-sur-Seine cedexTél : 01 47 45 96 44 - Fax : 01 47 45 96 31

www.fidesco-international.org

par Louise THOMAS

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a Conférence des évêques du Brésil a choisicomme stratégie, pour la pastorale nationaledes jeunes, de former les jeunes à une cons-cience critique, capables de s’engager dansla transformation de la société et le renou-

veau de l’Église. Les jeunes, formés au niveau national,vont ensuite en former d’autres au niveau local.

Chaque cours est donné par 4 leaders, 1 coordina-teur et 3 moniteurs. Les meilleurs sont choisis pourdevenir à leur tour moniteurs. Les meilleurs apôtresdes jeunes sont des jeunes ; et la meilleure manièred’apprendre quelque chose, c’est d’avoir à l’enseigner.Ces formations permettent ainsi de faire émerger desleaders et de leur donner les moyens de s’organiserafin de garantir une continuité dans le processus del’évangélisation des jeunes par les jeunes.

C’est à Dublin que j’ai commencé à travailler avecdes groupes d’étudiants de différentes écoles en utili-sant la méthode de l’Action catholique spécialisée(JOC, JEC, JIC, etc.) du cardinal français Cardjin: "Voir,juger, agir." mélangée à celle de la théologie latino-américaine basée sur les situations concrètes vécues.

Cette méthode d’évangélisation n’est pas neutre.Partir de la "réalité" est aussi fondamental que l’op-tion pour les pauvres : si la souffrance de quelqu’un neme choque pas, je ne peux pas dire que je reste pasneutre ; ce que je fais, c’est participer à cette souf-france, j’encourage le crime… L’Église doit entre-prendre un processus constant de rénovation et deconversion. Et le groupe principal qui en est le pluscapable est celui des jeunes. Tout organisme, touteparoisse, tout diocèse qui ne comprend pas les jeunes,

auquel aucun jeune ne participe, est entré dans unétat de santé plus que précaire.

L’Amérique latine est un continent qui vit unecontradiction énorme. C’est le seul continent qui soitmajoritairement chrétien et qui en même temps vitune situation sociale extrêmement injuste : une majo-rité de la population est condamnée à vivre dans desconditions sous humaines, sans espoir d’en sortir. D’uncôté, une religion d’amour et de justice, de l’autre dessituations sociales qui contredisent dramatiquementces allégations. Relier les deux peut produire une véri-table transformation sociale.

Les jeunes d’ici sont idéalistes, ils veulent bâtir unmonde meilleur et quand le lien se fait avec la foi, lamotivation devient puissante. C’est la seule façon dechanger des élites souvent très autoritaires et corrom-pues qui ont traditionnellement dominé la politiqueen Amérique latine.

L’option pour les pauvres (ceux qui sont margina-lisés, ceux qui sont en bas de l’échelle) est fondamen-tale, non seulement à l’échelon national, mais aussi àl’échelon mondial. Sans cette option, on accepte uneidéologie de société pour laquelle "avoir" est plusimportant qu’"être". À la place d’un Évangile fermentpour la société, le message transmis par l’Église sem-ble édulcoré, déformé par cette idéologie dominante.Du coup nous n’avons rien à offrir, notre message n’aplus de pertinence.

Comment réagir aujourd’hui ? En investissantdans des gens capables de dialoguer avec la nouvellegénération et d’ouvrir un espace dans l’Église où cesjeunes puissent se sentir chez eux, "acteurs" de leurpropre formation. Il n’y a pas d’autre méthode que lapromotion de jeunes comme protagonistes, sans lestraiter de façon infantile. Les jeunes sont capables decommuniquer entre eux d’une façon dont les adultessont incapables.

Les pères spiritains se doivent d’être au premierrang pour cette option, dont ils attendent beaucoup, ycompris pour le renouvellement des méthodes et del’identité de leur propre congrégation. ■

DOSSIER

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 11

Les jeunes communiquent entre eux différemmentdes adultes

Option préférentiellepour les jeunes

AMERIQUE DU SUD

Le père spiritain irlandais

George Boran est responsable

de la pastorale des jeunes du

diocèse de Sao Paulo au Brésil.

Il nous dit les espoirs de

renouvellement de l’Eglise et de

toute la société qu’il met dans

la formation des jeunes.

L

Congrégation du Saint-Esprit,30, rue Lhomond 75005 Paris, tél. 0144 08 90 50

propos retranscrits par

Jean-MichelGELMETTI

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DOSSIER

12 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

■ Quelle formation vous a amenée à une telle responsabi-lité ? Avez-vous une lettre de mission et que dit-elle ?

La Providence m’étonnera toujours puisque ceposte m’est un peu tombé du ciel (!). Depuis le débutde ma vie professionnelle, je travaille auprès desenfants et des jeunes adultes dans le souci de lesaider à devenir des êtres autonomes etresponsables (et quand cela est possi-ble des chrétiens heureux et dyna-miques). Cela s’est d’abord traduit parun poste d’éducatrice dans un collègede Seine-Saint-Denis à Bobigny etensuite un travail d’accompagnement,de formation et de coordinationauprès de futurs éducateurs spécialisésau sein d’un centre de préformation dela Fondation d’Auteuil.

De plus, diverses formations, sui-vies à titre personnel, m’ont fait réflé-chir à l’importance d’une éducationglobale de la personne et aussi per-sonnalisée à travers une écoute et deséchanges privilégiés avec chacun.

A travers sa lettre de mission, MgrLabille, évêque de Créteil et présidentde la Commission épiscopale de lamission universelle, m’envoie en qua-lité de secrétaire nationale de l’En-fance missionnaire ; mon poste s’élar-git aussi à la responsabilité du servicemissionnaire des jeunes, qui s’adresse à une tranched’âge plus élevée, au-delà de 14 ans (âge limite de

"l’enfance missionnaire"). Je suis aidée dans cetteresponsabilité par mon adjointe Bénédicte Dubus.

■ Vous avez donc deux casquettes, que recouvrent-elles ?

L’Enfance missionnaire, autrefois appelée l’Œuvrede la sainte Enfance est née de l’intuition de Mgr deForbin-Janson en 1843. Son objectif est de permettreà des enfants de devenir eux-même acteurs de lamission auprès d’autres enfants du monde entier. Celapeut se vivre grâce à la découverte d’autres réalités, laprière et le don.

En parallèle de l’Enfance missionnaire, je suischargée de développer le service missionnaire des jeu-nes en partenariat avec d’autres réseaux jeunesœuvrant pour permettre à des jeunes de réfléchir à laplace de la mission dans leur vie et les conséquencesconcrètes comme une expérience de volontariat

■ Que découvrez-vous aux OPM ?

Après un mois de présence aux OPM, je suis mar-quée par cette ouverture à l’universel et par tout ceque cela implique tant dans les animations que dansles réflexions qui en découlent.

Accueillir l’autre avec sa différence sans pourautant perdre son identité, croire que chacun a uneparole à apporter, un regard sur le monde à poser,accéder à ce que d’autres jeunes vivent aujourd’huidans toutes les Eglises du monde est, il me semble, unjuste résumé du message que nous essayons de déve-lopper au service des jeunes.

■ Comment déclinez-vous votre message en fonction desdiverses tranches d'âge dans lesquelles on répartit lesenfants et les jeunes ?

Travailler avec les enfants est certainement uneétape dans leur développement humain à ne pas es-camoter ; en effet ils peuvent déjà s’ouvrir à la di-mension universelle de l’Eglise et pourquoi pas avoirle goût de la mission en commençant à œuvrer àleurs niveaux. Nous nous adressons pour cela auxcatéchistes, aux animateurs de groupes d’enfants, àtoutes personnes désireuses d‘ouvrir à la pédagogie del’universel.

Mobiliser et formerles plus jeunes

FRANCE

Axelle Latourrette vient d'être

nommée responsable nationale

du Service de l'Enfance

Missionnaire et du Service

Missionnaire des Jeunes

des Œuvres pontificales

missionnaires. Elle nous dit

son enthousiasme.

propos recueillis par

Frédéric AIMARD

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DOSSIER

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 13

Chaque année, l’Enfance missionnaire propose desoutenir des enfants dans un pays défavorisé. Desoutils pédagogiques, en lien avec le thème de la se-maine missionnaire mondiale, sont mis à la disposi-tion des responsables de jeunes afin de permettre desanimations.

Dans un second temps, les enfants sont invités àconcrétiser leurs réflexions en organisant des opéra-tions pouvant rapporter des fonds.

Il s’agit d’initiatives concernant la pastorale del’enfance, l’éducation, la protection de la vie, quiconcernent des millions d’enfants. Cette année, l’En-fance missionnaire s’engage à soutenir par l’éducationscolaire, religieuse et la santé, les enfants réfugiés dePapouasie Nouvelle Guinée.

Pour les plus âgés, nous voulons créer davantagede liens avec les organismes d’Eglise (de toutes sensi-bilités) qui envoient des jeunes à l’étranger, réfléchir àla formation nécessaire afin que ces étapes de viesoient de véritables tremplins et moyens de donner dusens à celle-ci. A la dernière réunion internationaledes directeurs de OPM à Rome, l’un d’entre eux rap-pelait que : "La mission attire le monde des jeunes, etle défi missionnaire continue aujourd’hui à enthou-siasmer les jeunes. L’échange est une occasion de for-mation pour eux, et il se joue là une partie importantede leur formation."

C’est dans cet esprit-là que nous nous retrouve-rons aux JMJ avec une délégation composée de jeu-nes des OPM de différents pays. Nous souhaitonsaussi réunir de nombreux jeunes lors d’une université

d’été qui aura lieu en août 2006 autour du thème dela pluralité de notre société et de l’espérance.

■ A quelles actions concrètes appelez-vous les enfants etles jeunes dans les prochaines semaines ?

Notre plus proche opération est bien sûr la se-maine missionnaire mondiale. Pour toutes animationspossibles on peut s’adresser auprès des délégués dio-césains ou bien nous contacter au national. Il estencore temps d’envoyer du matériel.

Lors du congrès missionnaire de la Toussaint 2004à Paris, la coopération missionnaire sera présente àtravers un rallye pédestre appelé "rallye de la missionoikoumène" adressée aux jeunes. Pour plus d’infosaller sur le site : http : //mission.cef.fr.

■ Qu'est-ce que la Mission aujourd'hui pour vous ?

Cette mission qui est la mienne aujourd’hui merappelle que le Christ est venu pour chacun de nous :les juifs mais aussi les païens ; que notre monde abesoin de missionnaires ici et là-bas : ici pour ne pasavoir peur de dire que de vivre avec Jésus est la sourcedu bonheur et là-bas en acceptant d’échanger etd’apprendre les uns des autres. ■

Afin queces étapesde la viesoient devéritablestremplins

Service de l’Enfance Missionnaire et duService Missionnaire des Jeunes5 rue Monsieur - 75343 Paris cedex 07Email : [email protected]él. : 01 53 69 17 58

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En mémoire des jours

eptembre noir, commedisaient les Palestiniens

quand, déjà, ils étaientindésirables à l’issue de laguerre des Six jours. Ilsallaient le devenir en biend’autres endroits. Puisque laguerre - quel autre motemployer - dévaste toujourset pour longtemps le ProcheOrient. A preuve son ex-tension à l’Irak qui s’en-fonce dans le chaos au seulbénéfice du néant. Il nefaut pas être sujet au ver-tige pour suivre là-bas ledéveloppement de la situa-tion.

Les attentats rythmentle cours des jours à Bagdad,où la loi, ou ce qui pourraity ressembler, est ouver-tement bafouée en pleinjour. C’est bien ainsi en toutcas qu’avaient été enlevéesles deux femmes de natio-nalité italienne qui viennentde recouvrer la liberté. Ré-jouissons-nous pour cesvies préservées. Mais qui,tout de même, les rem-placera désormais à Bagdadpour jeter des ponts ?

Ce n’était pas des mots.C’était aux plus démunis,les enfants, qu’elles s’inté-ressaient. L’une d’entre eux,

une petite fille, était grave-ment malade et sans espoirde guérison dans l’état oùelle était et les conditionsqui sont celles des hôpitauxde Bagdad. Cette enfantétait atteinte de leucémie.Un “pont sur le Tibre” avaitalors été jeté, de Rome àBagdad, et cette enfant fut,grâce à cela, sauvée.

Que pouvait-on repro-cher à ces deux femmes,que l’Italie vénère ? Ce n’estpas semble-t-il à l’aveu-glette que ces deux femmesavaient été enlevées, maisen vertu d’une décision ar-rêtée qui n’entend pas lais-ser de place à ceux et cellesqui sont là pour jeter desponts. L’abîme n’aime pasce genre de passerelle. ABagdad certains préfèrentdonc couper les points ettrucider les témoins aubesoin.

Les journalistes parexemple, qui ont contre euxde rapporter des choses quine plaisent pas à tout lemonde. Ni dans un sens nidans l’autre d’ailleurs.

La nuit s’étend à l’échel-le de l’univers où la terreurallume des feux imprévisi-bles. Mais c’est une guerredont on ne sait jamais paroù passent les lignes defront, ni les forces de frap-pe qui n’ont pas besoin d’u-niformes pour êtreopérationnelles. Les auteursde ces actions, qui n’ont paspeur de se dire terroristes,ont prouvé leur capacitédepuis le 11 septembre, oùsoudain l’Amérique tremblasur ses bases. La plus formi-dable puissance militairedes temps se trouvait à dé-couvert, frappée au cœurmême de son instance de

commandement militaire, lePentagone dont on a pu sedemander un instant s’iln’avait pas été détruit luiaussi. Une guerre est effec-tivement commencée dontil n’est pas sûr que nousayons vu le pire à ce jour.Des spécialistes nous assu-rent que ce pire est devantnous. Nous en sommes tousles cibles potentielles. Lapeur ne doit pourtant pasrégir nos comportements. Ilimporte de se montrerdéterminé à défendre nosvaleurs. Et dans le mêmetemps d’en appliquer lesmeilleurs principes.

Les déséquilibres denotre planète ne sont paspour rien dans les désordresdes esprits. La terre n’estpas à tous, comme il sedevrait. Il y a de grandscombats à mener pour éta-blir un plus juste rapportentre les hommes. La causedes pauvres n’est certes passervie par Ben Laden et lessiens qui n’ont en tête quevolonté de puissance. Maisauraient-ils autant derecrues s’il n’y avait, dansdes masses immenses, unsentiment d’humiliation -qui ne justifie rien maispeut expliquer — dans lemonde arabe notamment.

La forfaiture, c’est l’em-brigadement des âmes et dedonner à croire qu’on peuttuer au nom de Dieu. L’ob-jectif avoué est d’ailleurs laconversion du monde entier.Tous les musulmans ne sontpas mobilisables certes. Lafaçon dont ceux de Franceont réagi aux développe-ments récents de l’actualitéest à l’égard signe encoura-geant. Mais il ne faut pasminimiser les enjeux spiri-

tuels de l’heure.L’islam dès maintenant

est la deuxième religion enFrance, et ne désespère pasde devenir la première et desupplanter nos églises quine font pas toujours leplein.

L’avenir pour les uns etles autres, chrétiens etmusulmans, ne s’inscrit pasdans un rapport de forcemais de consistance spiri-tuelle. De force d’âme, cequi suppose qu’on ne laissepas celle-ci dépérir faute des’en servir. Cette forme decombat n’est pas plus facileà soutenir, mais à ce prixest notre avenir à tous.

Nous avons des sources,et d’eau vive, à nous d’yboire et de donner à d’au-tres l’envie de faire demême. Dieu a un desseinsur tous les croyants dumonde. A nous de ne pas enocculter le mystère. Ce n’estpas chose facile à uneépoque où c’est en termesde violence qu’on raisonneparfois de Dieu comme dureste. En contradiction avecnos textes les plus saints.Qu’en font les hommesquand ils se livrent à lahaine d’autrui et à sonabaissement ? Autant d’at-titudes qui conduisent auxdébordements de septembreet entraîne des deuils et dessouffrances, à New York,comme à Beslan, à Bagdadet demain Dieu sait où ?

C’est dans la prière qu’ilfaut vivre ce réel incertainet sanglant. Ce ne sont passeulement les hommes quisont pris en otages maisl’espérance. Que devien-drions-nous si nous n’al-lions pas à son pas qui estaussi celui de Dieu ? ■

L’espéranceen otage

S

Par RobertMasson

ESPRIT

14 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

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ESPRIT

● L'homme sort grandi de l'épreuve du don d'autrui, s'ila su le reconnaître pour tel. Car ce n'est pas une minceaffaire que de se découvrir gratifié de l'attentiongratuite de cette personne semblable et différente quime fait face. Je peux prendre ce présent pour uneprison qui m'oblige (en tous les sens du terme). Je peuxle saisir comme une proie ou un dû. Je peux le recevoird'un air boudeur et distrait. Accueillir le don supposeque je me dessaisisse assez de moi-même pourreconnaître l'autre dans la grâce de sa générosité etque je me reconnaisse aimé, sans chercher à égaler cecadeau, du moins pour l'immédiat, sans me sentirdiminué pour autant.

● Jésus, dans l'épisode du lépreux guéri, - comme Eliséedans l'histoire de Naaman - accueille les marques dereconnaissance qui lui sont prodiguées, et- y voitquelque chose qui fait grandir l'autre, lui permet d'êtrevraiment et profondément guéri de tout ce qui lediminuait. Et cette guérison glorifie Dieu, parce que lagloire de Dieu, c'est l'homme vivant.

● Il y a peut-être plus encore dans l'épisodeévangélique. Le geste du lépreux samaritain a ceci

d'étonnant qu'il n'accomplit pas larecommandation de Jésus d'aller semontrer aux prêtres (aux sacrificateurs du Temple deJérusalem). Et pour cause : lui, le Samaritain, n'a pasaccès à la sainteté du Temple, spontanément il acompris que la seule possibilité pour lui d'approcher dela grâce de Dieu est de se tourner vers Jésus, vrai etunique prêtre officiant du culte en Esprit et en Vérité.Et c'est pourquoi il revient vers Lui, au lieu de s'éloignercomme les autres, contents d'un don dont ils nemesurent pas les exigences.

● La reconnaissance ne va jusqu'au jusqu'au bout que sielle se fait adhésion, libre participation aux vues del'Amour. C'est ce que saint Paul a perçu et qu'il indiqueà Timothée. "Souffrir pour le Christ" n'est pas unemanière sentimentale de parler, une mise en valeursuspecte de la souffrance. C'est une manière concrètede situer sa vie dans le prolongement de la grâce reçue.Non que le Christ exige une somme de sacrifices encompensation des dons qu'Il nous fait, mais parce quesa grâce, c'est précisément de nous traiter en adultes etde nous rendre capables d'agir en union avec Lui pourle salut du monde. ■

Lectures de la messe du 10 octobre 200428e dimanche du temps ordinaire par Michel GITTON

Quand ils avaient 12 ans…

… Mère Teresa, Saint-Ex, Molière ou Saint Louis n’étaient pas encore des héros,mais ils ne le seraient pas devenus s’ilsavaient oublié leurs 12 ans... Romans vraiset vrais romans, ces livres plongent lescollégiens dans l'adolescence de témoins.Ainsi peuvent-ils, au fil du récit, partagerensemble de bonnes raisons d’espérer.

LE CADEAU DE LA RENTRÉE

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Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

37/38par Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux

FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

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IRAK

Le 29 septembre, le Pape a exprimésa joie à la nouvelle de la libérationdes deux otages italiennes enlevées le7 septembre dernier en Irak, SimonaPari et Simona Torretta, volontaires del'organisation non gouvernementaleitalienne "Un pont pour Bagdad".

Elles ont été libérées le 28 sep-tembre avec deux Irakiens, Ra’ad AliAbdilaziz, ingénieur de la même Ong,et Mahnaz Bassam, formatrice et opé-ratrice sociale d'Intersos.

Une déclaration du porte-parole duSaint-Siège, M. Joaquin Navarro Vallsdit en effet : "Le Pape a appris avec unegrande joie la nouvelle de la libérationdes deux volontaires italiennes. Sapensée s’est tournée aussi vers les fa-milles et avec elles, et avec toutes lespersonnes de bonne volonté, il re-mercie Dieu pour ce geste d’huma-nité".

ZF04092904

STRASBOURG

Le 27 septembre, Jean-Paul II anommé Mgr Jean-Pierre Grallet, é-vêque auxiliaire de Strasbourg. Il étaitjusqu’à présent Supérieur des FrèresMineurs franciscains de Strasbourg.

Mgr Jean-Pierre Grallet est né en1941 à Rozelieures, en Meurthe-et-

Moselle. Il a prononcé ses premiersvœux religieux chez les Franciscains le17 septembre 1965.

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COMMUNICATION

"Les moyens de communication auservice de l'entente entre les peuples",tel est le thème du message de Jean-Paul II, dévoilé le 29 septembre, pourla Journée mondiale des Communi-cations sociales 2005.

Le message est habituellementpublié le 24 janvier, en la fête de saintFrançois de Sales, saint patron desjournalistes. Mais, explique le prési-dent du Conseil pontifical pour lesCommunications sociales, Mgr JohnPatrick Foley, l’anticipation de cethème permettra aux conférencesépiscopales d’avoir plus de temps pourla préparation des manifestationsnationales ou locales. Le dicastèreromain est chargé de préparer desdossiers de réflexion à l'attention desconférences épiscopales

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SIDA

"Le Christ, espérance de l'Afrique":c’est le thème du Message de Jean-PaulII pour la Journée mondiale du Malade,le 11 février 2005. Jean-Paul II y de-mande d’intensifier la lutte contre le

sida. Le pôle des célébrations sera auCameroun, à Yaoundé, au sanctuairede Marie Reine des Apôtres.

Le message du Pape, en date du 8septembre, a été publié le 29 sep-tembre par la salle de presse du saint-Siège.

"La Journée mondiale, expliqueJean-Paul II, offre à chacun la possi-bilité de mieux percevoir l'importancede la pastorale de la santé".

Le Pape souligne l’importance dedonner un sens aux souffrances en di-sant : "C'est justement dans la maladieque se pose avec acuité la nécessité detrouver des réponses justes auxquestions ultimes sur la vie et sur l'être,la souffrance ou la mort, qui nedoivent pas être considérées commede simples énigmes auxquelles il estdifficile d’être confronté, mais commeun mystère dans lequel le Christ nousincorpore à lui".

Le Pape conclut par cette prière àla Vierge Marie, puisque cette journéecoïncide avec la fête de Notre Damede Lourdes :"Marie, Vierge Immaculée,femme de la douleur et de l’espérance,sois bienveil lante envers chaquepersonne qui souffre,et obtiens pour chacun la plénitude dela vie.Tourne ton regard maternelspécialement sur ceux qui en Afriquesont dans une nécessité extrêmeparce qu’ils sont frappés par le sida ouune autre maladie mortelle.Regarde les mamans qui pleurent leursenfants ;regarde les grands parents dépourvusdes ressources suffisantespour soutenir leurs petits enfants restésorphelins.Serre-les tous sur ton cœur de Mère.Reine de l’Afrique et du monde entier,Vierge très sainte, prie pour nous !"

Jean-Paul II plaide également pourla lutte contre le sida : "Pour le com-battre de manière responsable, il fautaccroître la prévention par l'éducationau respect de la valeur sacrée de la vie,et par une formation correcte à lasexualité".

Le Pape rappelle que la contagionpeut être évitée "par une conduiteresponsable" et par "la chasteté".

Jean-Paul II interpelle tout spéciale-

ECCLESIA - N° 57 - 8 OCTOBRE 2004 17

HomoparentalitéLe Tribunal de Grande Instance de Paris a décidé, le 2 Juillet 2004, de

donner l’autorité parentale conjointe à deux femmes homosexuelles quiélèvent ensemble trois enfants nés par insémination artificielle, pourtantinterdite aux célibataires en France La Justice reconnaît donc pour la pre-mière fois une famille homoparentale et se substitue, ainsi, au législateurqui peut, seul, instituer ou non l’homoparentalité. Ce jugement est contraireà l’article 371 du Code Civil qui stipule que l’autorité parentale appartientaux père et mère jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour leprotéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité. Ce jugement est contraireà la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ratifiée, par la France,le 2 Juillet 1990 et notamment en ses articles 3 et 7. Aussi, ai-je demandé àmonsieur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, les raisons pour les-quelles le Parquet n’a pas fait appel de ce jugement contraire à notre légis-lation nationale et à nos accords internationaux.

Jean-Marc NESMEdéputé-maire UMP de Paray-le-Monial

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18 ECCLESIA - N° 57 - 8 OCTOBRE 2004

ment "les responsables politiques etsociaux", leur demandant d'informercorrectement les populations à proposdu sida et de promouvoir l'éducationdes jeunes et la santé.

Le Pape a également salué l’effortdes firmes pharmaceutiques qui ontaccepté de "baisser le prix des médica-ments" contre le sida.

Il salue également "les nombreuxagents de santé, assistants religieux ouvolontaires qui, en Bons Samaritains"consacrent leur vie au service des ma-lades du sida et s'occupent de leursfamilles.

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ROUMANIE

Le jeudi 30 septembre 2004, lePape a reçu au Vatican le président dela Roumanie, M. Ion Iliescu, venuinaugurer une exposition consacrée à"Etienne le Grand, pont entre l'Orientet l'Occident", aux Musées du Vatican.

Jean-Paul II a évoqué "avec émo-tion et gratitude" sa visite à Bucarest enmai 1999.

Il rappelait qu’il était venu en "Pè-lerin de la foi et de l'espérance" et qu’ilavait été "accueilli avec enthousiasmepar tous, par les autorités politiques,par S.B. le patriarche Théoctiste et toutle peuple de la vénérable Eglise or-thodoxe roumaine".

Jean-Paul II a également évoqué "lesalut affectueux et fraternel des é-vêques et des chères communautéscatholiques, des rites byzantin et latin".

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MEXIQUE

Le cardinal Jozef Tomko, présidentdu Comité pontifical pour les congrèseucharistiques internationaux, a éténommé par Jean-Paul II comme délé-gué pontifical à la clôture du 48e con-grès eucharistique international qui alieu au Mexique, à Guadalajara, du 10au 17 octobre. La conclusion ducongrès correspondra au début del’année de l’Eucharistie.

Le Cardinal était au Mexique dès le5 octobre, de façon à participer ausymposium théologique précédant lecongrès, du 6 au 8 octobre.

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VIETNAM

Jean-Paul II a nommé Mgr Domi-nique Nguyên Chu Trinh, évêque deXuân Lôc. Celui-ci est né en 1940 àPhu Nhai et il a été ordonné prêtre en

1966. Il était jusqu'ici vicaire généralde ce même diocèse. Il succède à MgrPaul-Marie Nguyên Minh Nhât, dont larenonciation à la charge pastorale dudiocèse a été acceptée pour limited'âge. Le diocèse compte une popu-lation de 3.034.920 habitants, dont954.368, catholiques, et 329 prêtres et1.580 religieuses.

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COLOMBIE

Le Pape a reçu jeudi 30 septembreau Vatican un premier groupe d’é-vêques colombiens des provinces ec-clésiastiques de Bogota, Bucaramanga,Ibague, Nueva Pamplona, Tunja et Vil-lavicencio, au terme de leur visitequinquennale ad limina.

Jean-Paul II a encouragé les é-vêques colombiens à ne pas perdrel’espérance face "à la situation difficiledans laquelle se trouve la Colombie".

Le pays, soulignait le Pape est eneffet marqué par des "attentats à la vie,à la liberté et à la dignité des per-sonnes".

Le Pape mentionnait en particulierles enlèvements, manifestation de "labassesse humaine" atteinte lorsque "desintérêts occultes font perdre toute pers-pective morale", et que "les droitsfondamentaux des personnes" ne sontni reconnus ni respectés.

En Colombie, beaucoup de cesmaux, déplorait le Pape, "viennent dutrafic de drogue, largement ramifié, unphénomène qui a depuis longtempscausé au pays et à la vie sociale desdommages considérables". "Je partagevotre souffrance [...] j'apprécie tous lesefforts déployés contre la violence,pour éliminer ses causes et atténuer seseffets, pour secourir les victimes, pourencourager ceux qui entendent aban-donner la voie des armes à prendre lechemin pacifique du dialogue".

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PRIX

Le cardinal Casimir Swiatek, 90ans, a reçu le lundi 27 septembre àCastelgandolfo le prix "Témoin de laFoi", "Fidei Testis" des mains de Jean-Paul II. Le Prix lui a été attribué parl'Institut Paul VI de Brescia, ville natalede Giovanni Battista Montini, futurpape Paul VI, au cours du récent sym-posium organisé à l’occasion du 25e

anniversaire de sa création.Né en 1914 à Pinsk, Estonie, le car-

dinal Swiatek est archevêque deMinsk-Mohilev, en Biélorussie, et ad-

ministrateur apostolique de Pinsk. Il aété ordonné prêtre en avril 1939 enBiélorussie, il a ensuite traversé lapersécution nazie puis la persécutionsoviétique. Il fut condamné aux tra-vaux forcés en Sibérie en 1944 et apassé dix ans au Goulag.

Il est revenu chez lui en 1954, aumilieu des églises détruites : "Chaquejour était une lutte très dure, je mesentais comme David contre le géantGoliath, à une différence près: jen’avais pas même une fronde!", a-t-ilconfié dans son "Journal". "Je souffrais,ajoute-t-il, parce que l’Occident nousavait oubliés, en cherchant la paix et lasécurité en embrassant nos tortion-naires. Alors qu’ici, on détruisait leséglises, les prêtres étaient emprisonnéset les croyants persécutés".

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Le "Prix du courage politique" a étéremis à Jean-Paul II le 2 octobre auVatican. Ce prix est attribué par larevue française "Politique internatio-nale" et par l’Association de politiqueétrangère de l’université de Paris I-Sorbonne, associées cette année à lachaîne de télévision KTO. Quelque300 personnes participaient à la céré-monie en la salle Clémentine du Va-tican, dont le conseiller diplomatiquedu président Jacques Chirac, le car-dinal Jean-Marie Lustiger, PatrickWajsman, directeur de la revue "Po-litique internationale" et VincentRedier, président de KTO, de nom-breuses personnalités françaises...

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ANNE-CATHERINEEMMERICH

Lina Murr Nehmé est libanaise etorthodoxe. Elle est auteur d’ouvragesnombreux dans les domaines histo-rique, artistique et exégétique. À l’oc-casion de la béatification d’Anne-Catherine Emmerich, elle publie, auxéditions François-Xavier de Guibert,une nouvelle version de "la Doulou-reuse Passion du Christ", avec uneriche iconographie. Lina Murr Nehméa assisté à la Messe de béatification dela mystique allemande, dimanche 3octobre, place St-Pierre. Anita Bour-din, de l’agence Zenit, l’a rencontrée :

■ Lina Murr Nehmé, pourquoi une nouvelleédition du livre d’Anne-Catherine Emmerich ?

Parce que le livre est beau à l’ex-trême, et pourtant, il contient deslongueurs, des redondances, des pas-sages qui ne sont pas mis au bon en-

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droit. Tout le monde n’a pas l’indul-gence de supporter cela. Il fallait pré-senter au public une version dans unfrançais moderne, et mettre les lon-gueurs sous forme de notes en fin delivre. De plus, il y a un grand décalageentre ce qu’Anne-Catherine Emmerichdit et ce que nous pensons de l’époquedu Christ, je le sais par expérience. Ilm’a semblé utile de fournir aussi desnotes et des hors-textes explicatifs,avec, en plus, des photos nombreuses.

■ Quel est le message d’Anne-Catherine pournotre temps ?

Je pense que son message essentielest œcuménique, et ceux qui la pré-tendent sectaire ne la connaissent pas.Pour elle, les hommes, les femmes nesont pas bons ou mauvais en fonctionde leur religion ou de leurs idées, maisde leurs actes. Elle décrit Pilate et lesgrands-prêtres juifs avec une égale sé-vérité, mais il en est tout autrementquand elle parle de la femme de Pilate,ou des Juifs ou Romains compatissantsenvers cet être qui, pour eux, n’était niDieu, ni le Messie, mais rien qu’unpauvre condamné.

Il est vrai que dans “la DouloureusePassion”, elle accuse surtout les Juifs,mais c’est parce qu’elle y raconte unetragédie qui s’est déroulée en pays juif.Quand elle raconte des tragédies qui sesont déroulées en pays païen, elle ac-cuse les païens. Ce qui est logique : lafoule, sauf de rares exceptions, est gé-néralement persécutrice, et le scénariode la Passion est criant de vérité.

■ Comment se fait-il que vous, une orthodoxe,vous intéressiez à elle ?

Au ciel, il n’y a pas de “schisme or-thodoxe”. Soit Anne-Catherine a pra-tiqué l’Evangile et elle est au ciel - etalors, elle nous appartient à tous - soitelle ne l’a pas fait, et elle ne nous in-téresse pas. Être orthodoxe ou catho-lique ne change pas l’attitude d’uneÉglise face aux saints de l’autre, puis-que sur tous les problèmes importantsde la foi, nous pensons la même chose.

Je ne vois pas pourquoi je me pri-verais de la moitié des saints. L’Unionest un enrichissement, et j’ai écrit lesarguments bibliques qui m’ont con-vaincue de la légitimité du pape dansune annexe de mon livre "1453 :Mahomet II impose le schisme ortho-doxe", et je n’y reviendrai pas ici.

■ Anne-Catherine Emmerich a-t-elle influencévotre façon de voir le Pape ou d’autreséléments de la foi ?

Oui. À partir du moment où j’airéalisé qu’elle racontait des choses qui,dans leur majorité, étaient logiques, j’aiété obligée, par honnêteté, de voir queje me trompais quand je pensais tantde mal de la papauté, de l’Ancien Tes-tament, de Moïse et des prophètes, etdes Juifs de l’Antiquité. J’ai fait des re-cherches dans la Bible, et j’ai été obli-gée de reconnaître que ce qu’elle disaitdes Juifs et de leurs prophètes étaitexact du point de vue évangélique.Cette remise en question a été une desplus douloureuses de ma vie, et cer-tainement, la plus douloureuse pourmon orgueil. Je trouve ridicule qu’onaccuse Anne-Catherine d’antisémi-tisme, quand elle force le lecteur leplus hostile aux Juifs, à les réhabiliterdans ce qu’ils ont de plus sacré, et à lesaimer.

■ Comment en êtes-vous arrivée à connaîtreAnne-Catherine Emmerich ?

Des prêtres français m’avaient parléd’elle, quand j’étais jeune. Ils m’a-vaient prêté le livre sur la Passion. Jel’avais ouvert, et l’avais aussitôt re-fermé en me disant : "C’est de la fu-misterie."

Mais dix ans plus tard, voulantécrire un livre sur le Christ, j’ai réaliséqu’en dehors de la Bible et de FlaviusJosèphe, il n’existe quasiment pasd’écrits datant de cette époque, etparlant de cette société. Et comme onm’avait dit qu’Anne-Catherine avaitdonné des renseignements archéolo-giques qui, par la suite, s’étaientrévélés exacts, je m’étais procuré seslivres pour avoir des renseignements,ou plutôt, des signes de piste, que jepourrais vérifier ou infirmer dans mesrecherches. Je ne cite jamais Anne-Catherine dans mes travaux scien-tifiques, mais ce que je dis, je le doisaux recherches que j’ai faites pour voirsi ce qu’elle disait était vrai.

■ Comment situer Anne-Catherine en tant quereligieuse ?

Je crois qu’il faut la situer surtoutpar rapport à son ordre, celui des Au-gustins, qui était aussi l’ordre de Lutheret d’Érasme. C’est une coïncidencecurieuse, car Anne-Catherine a été leurantithèse, surtout, l’antithèse d’Érasme.Anne-Catherine, comme Erasme, a euune influence décisive sur l’Europe deson temps, par ses écrits. Mais Érasmefaisait de la démolition ; Anne-Ca-therine faisait l’inverse. En fait, elle aété victime de l’esprit de persiflage etd’hostilité à l’Eglise qu’il avait semé. Si

elle avait vécu un ou deux sièclesavant lui, on n’aurait pas mis tant detemps à la canoniser à cause de sesvisions, comme le prouve l’exemple desainte Catherine de Sienne, dont lestextes "passent" beaucoup moins queceux d’Anne-Catherine Emmerich.Mais pourquoi ne critique-t-on que lessaints ? Que dire des écrits d’Érasme !

■ Comment pouvez-vous situer Anne-Catherineen tant que femme ?C’est vrai, on se demande pourquoi

c’est à une femme, Anne-Catherine,qu’a été donnée cette science que tantd’hommes auraient voulu avoir... Peut-être parce que, comme dit saint Paul,la force de Dieu se manifeste dans lafaiblesse. La science était devenue unedéesse pour les hommes, et les rois lesplus chrétiens, les papes permettaientqu’avec leur propre argent, des artisteshonorent, sur les portes de leur palais,et parfois dans leurs églises, des dieuxet de déesses dont les premiers chré-tiens avaient brisé les statues. Si lesriches désertent, Dieu fera appel auxpauvres. Si les hommes désertent, Dieuchoisira les femmes pour leur donnerdes leçons, comme il a fait après laPassion, quand il a envoyé les femmesannoncer sa Résurrection aux disciples.

Et Anne-Catherine était ce que leshommes haut placés, qui prisaient tantle nouvel art païen, trouvaient alors deplus méprisable : une paysanne illet-trée, une religieuse chassée de soncouvent, une malade, une infirme.C’est là qu’on réalise combien l’égalitéqu’on nous pousse à réclamer est fic-tive : quelle égalité une Anne-Cathe-rine pouvait-elle réclamer, elle qui n’a-vait pas la force de bouger un panierde linge mouillé qu’on mettait sur sonlit, et dont personne ne voulait ?

Pourtant, Brentano, une des starslittéraires de son temps, la considéraitinfiniment supérieure à lui. Et c’est de-vant elle, pas devant ses persécuteurs,qu’on sent le désir de se mettre à ge-noux aujourd’hui.

■ Que signifie pour vous la béatification d’Anne-Catherine Emmerich ?

Je crois qu’on ne peut que s’inclinerdevant le courage de Jean-Paul II et deson Église, qui ont reconnu la saintetéd’Anne-Catherine, en des temps où ilsuffit de dire qu’on ne la méprise paspour être soi-même méprisé.

propos recueillis à Romepar Anita BOURDIN

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La Douloureuse Passion du Christ, éd. Xavier deGuibert, 240 pages, 25 e.

ECCLESIA - N° 57 - 8 OCTOBRE 2004 19

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ESPRIT

n "libre penseur" a dit :"Croire en Dieu ou ne pascroire - quelle différence! Carceux qui croient n'arriventpas à Le comprendre. Ils

disent : Dieu est tout. Être tout c'est lamême chose que n'être rien".

Que Dieu me pardonne si j’ouvre cechemin à la recherche de la vérité encitant l'un des plus réussis des disciplesdu père du mensonge. En lisant AnatoleFrance (je le traduis du russe), Staline adû ressentir une certaine joie malicieuse:il a trouvé le talon d'Achille sur lequels'écroule tout raisonnement religieux. SiDieu est A, ne peut-Il pas être aussi

toutes les lettres de l'alphabet? Si Dieuest tout, Son existence n’est-elle pasréduite au soupir des sons, à l'écale dessonges ? S'Il est enfermé dans une opi-nion, on peut aussi Le confiner dans uneautre. S'Il peut être inséré dans unechaîne logique, soumis à ses lois inflexi-bles, cette chaîne, puissante et griffuecomme la queue du python, va finir parl'achever.

Prenons un exemple: si Dieu existe- telle était la logique de Kirillov, -comment supporter l'idée que je ne suispas Dieu ? Si, en conséquence de cettedéduction, le héros des "Possédés" deDostoïevsky a décidé de se tuer, Staline,lui, — à l'issue d'un spasme social — a-t-il été choisi (par le prince des ténè-bres, intrus dans l'histoire?) comme unesorte d'instrument pour le suicide dupays tout entier ?

Mais, en fin de compte, quelle diffé-rence ? Dans les deux cas "Dieu" se laisseencapsuler dans une "idée" associée àune certaine définition globale. Lui est"tout", soit. Mais, le cerveau humainpeut l'attraper et fabriquer une cageencore plus grande que ce "tout", et lemettre derrière les barreaux. Il peutmême le tuer au nom d'un autre conceptdu "tout" et le laisser en vie pour joueravec ce "dieu" comme avec une poupéequ’on lance en l’air.

Dieu descend pour être emprisonné

aussi par la pensée (pour subir "l'objec-tivation", comme aurait dit Berdiaev).Dans Sa captivité Il devient un "pro-blème" — à résoudre ou à éliminer. Ce "problème "construit autour de soi unesorte de volière, dont les barreaux nesont que nos doutes et nos réflexions.Là il ne cesse de s'agiter, mais un jouron le trouve sans vie et le médecin-philosophe constate son décès parasphyxie. Il ne reste qu’à momifier soncorps et à le ranger au musée avec d’au-tres idées glorieuses.

Les soi-disant iconoclastes — et c'estleur rôle providentiel — laissent nosconstructions abstraites aboutir à leurautodestruction. De leurs embuscadesmentales, ils encerclent la source du di-vin qui est en nous pour y attirer Celuiqui est insaisissable. "Chaque objet estun exil", dit un philosophe moderne, or,s'il y a un Goulag pour les objets, celuiqui est désigné par le mot: "Dieu" (du"nom de Dieu" ou du "Dieu" de nos spé-culations), se trouve là-bas dans le plusmalheureux des trous.

Si Berdiaev pouvait affirmer queDieu avait moins de pouvoir qu'un agentde police, prendrions-nous le risque dedire qu'Il est encore plus "faible" quenos pensées sur Lui? Du moins, beau-coup plus fragile que ce mot par lequelIl nous a permis de Le désigner. En fait,chaque objet est condamné à la prison,car il n'est qu'un prolongement de cettecellule où se trouve le "sujet" exilé du"je" de chacun de nous. Chaque sujets'oppose aux autres, les ordonne, lescimente, les privatise dans une vaste

Dans cette nouvelle série

de trois articles

théologiques, Vladimir

Zielinsky aborde le

mystère de la Trinité.

Aujourd’hui : “Qui est le

Père ?” On ne peut rien en

dire de l’extérieur. Son

visage ne s’ouvre que dans

“l’espace sacré” de la

relation vivante des fils.

Mais on ne devient le fils

que dans le Fils unique….

VISAGES DE DIEU (I)

Car, en fait, Dieu se révèletoujours, tel est son Etre(

20 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Le Père se faitdécouvrir dans les fils

par Vladimir ZIELINSKY

U

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ESPRITentreprise du "moi". En dehors du lieude la création et de la chute, Dieu s'estéloigné en une "chose" lointaine avectoutes les œuvres de Ses mains.

Or, l'exil est réciproque. À commen-cer par Caïn, qui avait tué son frère,dans l'exil de l'opposition radicale (déjàinauguré par ses parents) entre "je" et"lui". De ce moment tout ce qui appar-tient au domaine du "Non-Je", voisineavec la mort; qu’elle soit infligée parles armes, par la parole, par le mépris.(D'où l'avertissement de Jésus : "Ne vousposez pas en juges…" – Mt 7, 1). En facede Dieu cet exil du "moi" devient insup-portable. "Je devrai me cacher loin deTa face", dit Caïn au Seigneur après lemeurtre (Gn 4, 13) ; et ses descendantsle répètent. Il se retire de la présence deDieu. L'histoire est partie.

L'homme devra désormais se voilerla face devant Dieu, esclave de son"moi", lourd, exilé, incapable à regarderdans les yeux Celui qui l’a regardé lepremier. Mais les reflets de ce visage nes'effacent pas. L’homme porte les em-preintes que Dieu a laissées sur lui. Lesouvenir de ces empreintes devientparfois la source d'un art sublime, celuides icônes, celui des croyances. Mais,souvent, l'homme cherche à s'emparerde ses sources qui se pétrifient alors enidoles. Les idées s'évaporent en abstrac-tion, rivales de l'indicible. Le Seigneura interdit de prononcer Son nom "àfaux" (Is 20, 7), et donc, de Le soumet-tre aux jeux du cerveau-dominateur, deLe plonger dans le fleuve des mots videsqui ne résonnent que du "moi".

L'absence des images a pu mieuxsauvegarder le visage de Dieu, car Sonnom était vénéré par le silence. Maisce qui est au-delà du silence, de l’ob-scurité, provoque une immense nostal-gie. On la sent dans les supplicationsdu Premier Testament : "Que Yahvé tedécouvre sa face et t'apporte la paix"(Nb 6,26) - et dans des fulgurations duvisage illuminé pour un instant – "Tum'auras à jamais établi devant Ta face"(Ps 41, 13).

Car, en fait, Dieu se révèle toujours,tel est Son être. Sa révélation n'est pasun acte isolé, mais la relation drama-tique et pleine de tendresse avec la

création, une sorte de mariage indisso-luble pour l'éternité. Il fait découvrir Saface dans toutes Ses œuvres, maisl'homme au visage caché, à l'âme aveu-gle, n'est pas capable de la voir.Souverain de son " moi " exilé, il supplie:"Fais sortir de prison mon âme que jerende grâce à Ton nom" (Ps 142, 8). Dansle Temple que Salomon avait construit,il y a avait un espace réservé au Nom,le lieu de la présence pure et sacrée, leSaint des Saints, où le Grand Prêtre ne

pouvait entrer qu'une fois par an pourl'encensement. Cette chambre était vide(seules s’y trouvaient, les tables de l'Al-liance), dépouillée de tout et "enceinte"du Nom, remplie du Nom, qui n'étaitpas encore né. Mais il se reflétait déjàde mille manières sur tout ce qui nousentoure. On pouvait le sentir partout."Les cieux racontent la gloire de Dieu,dit David, et l’œuvre de Ses mains, lefirmament, l'annonce; le jour au jouren publie le récit et la nuit à la nuit

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 21

Nous sommes accueillis dansla paternité dévoilée et réalisée

(

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ESPRIT

22 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

transmet la connaissance" (Ps 18, 1). Mais ce que les cieux racontent, ne

porte-t-il pas l’empreinte du nom deJésus ?

J'ai manifesté Ton nom auxhommes", dit-Il (Jn 17, 6). J'ai dévoilé— aurait-Il pu dire — la lumière de lapaternité qui tombe sur toutes les créa-tures.

J'ai révélé le visage qui se reflète surla face de n’importe quel homme. Toutce qui fut créé a retrouvé à l'improvistesa dignité de fils et de filles, de frèreset de sœurs de la Parole, de ce Nomrevêtu du silence qui a commencé àparler. Jésus, voix de Dieu, est aussi Son"ouverture" infinie.

Issu du Saint des Saints, Il laisse voirle visage du Père dans toutes les créa-tures. "Il est l'image du Dieu invisible…"(Col 1,15) que l'homme peut refléter,reproduire, désigner dans la sainteté deson obéissance. En Lui l'invisible prendl'existence humaine comme la pléni-tude de sa révélation et ne perd en riende son "statut" d'invisibilité. En Lui,Elohim, Yahvé, Sabaoth, le Saint d'Israël,"Dieu" — ce mot que nous avonsprononcé avec tant de nostalgie, tantde crainte, et même avec un sentimentconfus de culpabilité parce que ce vaserefroidi ne serait réchauffé par aucunfeu — a franchi le seuil de l'inaccessi-ble pour dire ce qui aurait dû ou vouluse dire dès le commencement dumonde.

Or c'est l'homme qui doit prononcerce Nom, le revêtir de la chair des pa-roles. "Vous dites que Je suis" (Lc 22,70).

La foi en Jésus n’est rien d’autre quela recherche du visage du Père à traversune vie humaine. Suivre Jésus commeprophète, cheminer avec Lui comme s'Ilétait à côté de nous, se trouver en Luicomme dans le Verbe Incarné. Et, aubout du chemin, devenir Lui.

Vous avez bien compris : noussommes destinés à nous transformer enLui, se changer dans Son chemin, Savérité, Sa vie pour aller au Père (cf. Jn

14, 6). Il n'y a plus d'"au-delà" infran-chissable, nous sommes accueillis dansla paternité dévoilée et réalisée. Mais lePère reste tel qu’Il fut toujours "ÊtreSuprême, Maître, Seigneur, Dieu, Pèretout-puissant et adorable", commeL'invoque la Liturgie de saint Basile. Cesmots ne sont que les pointillés quimènent à l'inaccessible. “Dieu toutentier est inaccessible, écrit OlivierClément citant saint Grégoire Palamas,— Dieu tout entier est participable".Moïse, quand il s'approcha de Dieu étaitcontraint de "voiler sa face dans lacrainte que son regard ne se fixât surDieu" (Ex 3, 6). Mais nous, en Christ,nous sommes au contraire appelés ànous dévoiler. Car nous ne pouvons voirle visage du Père que sur le "visagedécouvert" du Fils.

Nous entrons dans un domaine oùles mots humains avec leur sens fondentcomme cristaux de neige au creux de lapaume. Nous voulons les examiner deplus près, mais voilà qu’ils ne sont plusque quelques gouttes d'eau. A l’étatsolide ces gouttes s'appelaient amour,miséricorde, compassion, paix… Etmaintenant ces paroles s’écoulent, sevaporisent, nos mains ne sont pas capa-bles de retenir ce qui reste des cristaux.

Essaierons-nous de recourir aulangage "mystagogique" de l'assembléepriante, qui regarde le Père avec les yeuxdu Fils et prie avec nos paroles? "Carc'est Toi qui offres et c'est Toi qui esoffert, qui reçois et qui es distribué, ô,Christ, notre Dieu…" C'est à ce "Toi" duChrist que nous communions, c'est dansce "Toi" que nous trouvons vraiment lePère.

La liturgie est un événement vivantdu Christ, le sacrement de notre filiationen Lui. Le Fils nous offre Ses parolespour prier le Père, Ses yeux pour Leregarder, Son cœur pour sentir ce qu’estl’amour du Père. Car dans cette offrandenous sommes adoptés par Lui.

"L'âme, avec la dignité égale à celledes saints anges, dit saint Maxime le

Confesseur dans les Chapitres sur lacharité, est conduite à l'adoption selonla grâce par le moyen de l'identitésemblable". C'est justement le sacre-ment de l'identitification avec le Christ,cette transformation impossible, quinous est donné par le Père qui "a tantaimé le monde".

L'adoption est un mystère de l'iden-tité dans le sens sacramentel, par lagrâce du changement des hommes enChrist, par “la transfiguration des mem-bres de l’Église en Corps Mystique".“L'homme spirituel est l’Église, conti-nue saint Maxime le Confesseur. Etl’Église mystique est l'homme".

Mais qui est cet homme dansl’Église ? Le larron qui se repent, l'angemaladroit qui sert la gloire de Dieu et leChrist même, qui vient au Père dans lecœur transfiguré. Et le pécheur, l’angeet ce Christ liturgique reconnaissent leVisage qui se révèle. Il se laisse voircomme Père quand l'homme se présentedevant Lui à visage découvert, avec sapersonnalité vraiment retrouvée.

Il n’y a pas d’autre voie. Où est ce "je"humain, qui le sépare des autres "moi" ?N'est-il pas destiné à être offert, immolédevant ce "Je" unique qui est en lui ?"Qui veut sauver son âme, la perdra,mais qui perd son âme à cause de moi,la sauvera" (Lc.9, 24). À la limite, cetteperte devient un acte de martyre, celuide l'immolation volontaire de notrefameuse "subjectivité" "à cause de Moi".Il s'agit du sacrifice des passions, desconnaissances inutiles, de ces songesqui servent comme prolongement du"moi", afin que je puisse voir le visagedu Père.

Le Christ ressuscité dévoile ce visagedont le nom révélé est apophatique. "Leschoses que Tu as choisies et qui sontTiennes, nous Te les offrons en tout etpour tous", dit la prière du canon eucha-ristique. Devenir une de ces "choses"qui sont les "Tiennes". Ouvrir les yeux,les oreilles, le cœur en Jésus. Ce quel'homme ne peut pas voir est devantnous et notre âme est sauve pour la viedans le Père.

"Celui qui M'a vu, a vu le Père" (Jn14,9), dit le Fils. Et les aveugles re-trouvent la vue… ■

Quand l’homme se présentedevant Lui à visage découvert(

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LETTRES

24 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

n grand Mauriac nous est rendu grâce àJean Touzot et aux éditions Bartillat. Après“La paix des cimes, chroniques 1948-1955” en 2000, “D’un bloc-notes à l’autre,1952-1969” a suscité le plus vif engoue-

ment de la critique, avec une pointe de nostalgiepour un journalisme de si haute volée. En réalité, il ya deux Mauriac, deux tons sous l’unité de style : ce-lui de la quatrrième République et celui de la Cin-quième. Lui-même, pubiant son bloc-notes en vo-lumes, dans la seconde période, avait eu tendance àgommer la première. Ceci explique que la secondepartie de la présente édition, qui s’en tient aux in-terstices, soit plus sereine, plus littéraire que la pre-mière, plus politique, plus polémique et qui retiendradonc plus l’attention.

On avait oublié que François Mauriac avait été àce point engagé dans le combat politique qui, soussa plume, prend des accents martiaux, sinon la cou-leur du sang, sinon de la guerre civile. D’abordcomme premier président de l’association France-Maghreb créée début 1953 sur la question maro-caine. Puis comme caution catholique du Front répu-blicain de Pierre Mendès-France aux élections dejanvier 1956, miné par la question laïque.

Ces deux sujets, qui lui avaient parus datés, carrésolus par de Gaulle, ont récemment trouvé unenouvelle actualité. Les textes de François Mauriac, siplein de sa foi vivante, acquièrent ainsi une jeunesseétonnante. Plus encore que la foi, c’est son espé-rance, parfois folle, qui étonne et remue nos espritssceptiques ou craintifs.

Fidèle à Péguy auquel il consacre de fort bellespages, il situe l’enjeu maghrébin d’abord sur le planreligieux : “Le christianisme et l’islam, après des siè-cles de luttes, ont aujourd’hui un combat à menercôte à côte et cœur à cœur (27 mars 1953, “Le

drame marocain”). Bien sûr c’est l’ami de Louis Mas-signon qui parle.

En 1961, lors des affrontements de Bizerte(Bourguiba demande le départ de la France de cettebase militaire, De Gaulle refuse d’évacuer sous lapression, les combats font plus de 700 morts tuni-siens), il regrette que la haine l’ait emporté pourconclure : “IL nous reste de revenir humblement à ce

qui fut la source de notre espérance et quidemeure toujours à notre portée : la prièreavec l’islam” (qui donne son titre à cettechronique publiée au “Figaro littéraire”, le 12août 1961). Comment ne pas penser ici auxmoines de Tibhirine ?

Le texte suivant, cependant, daté du 19août, sous le titre “La mort de Dieu, suite auxpropos du cosmonaute soviétique YouriGagarine qui n’avait pas rencontré Dieu dansl’espace, accuse l’Occident et frise la déses-pérance et ne reprend pas l’idée qu’il a dé-fendue ailleurs d’une lutte de tous lescroyants sans distinction contre ceux qui nerévèrent que le matériel. C’est pourtant bienson espérance tout au long de ces années.

On suivra de près ses arguments pourconvaincre d’une part les catholiques de l’accepta-tion de la laïcité, qui lui fait rompre dès 1952 avec leMRP, accusé de se laisser déporter à droite, et d’aut-re part les anticléricaux que “le catholicisme n’estpas une religion comme les autres” (L’Express, février1956), renvoyant dos à dos, “le parti de Bouvardcontre le parti de Pécuchet”.

A l’approche des élections américaines, onconseillera encore la lecture de sa réponse à l’hebdo-madaire “Look” traduit sous le titre “Le Pape doit-ilêtre américain ?” (L’Express, 26 février 1955) où ilmontre qu’il n’est pas bon que le pouvoir spirituel etle pouvoir politique soient jamais réunis. Citons-en lapéroraison : “Un jour viendra où les derniers hom-mes, terrifiés, ne s’interrogeront plus sur la race deleur dernier pasteur. Il ne leur importera guère alorsde savoir s’il est venu d’Amérique ou d’Europe. Parmiles cadavres et les décombres, ils se presseront au-tour de sa robe blance qui sera la clarté unique danscette ténèbre de la fin des temps. Et lui, il lèvera lamain tout à coup et leur désignera, dans une déchi-rure de nuées, le signe du Fils de l’homme.” ■

Un Mauriacde guerre civile

BLOC-NOTES

Certains combats du journaliste

François Mauriac sont

terriblement datés, mais ses

chroniques sont sauvées par

leur style brûlant. D’autres

engagements nous touchent et

retrouvent même parfois une

actualité étonnante.

(1) François Mauriac, “D’un bloc-notes à l’autre”,Bartillat, 896 pages, 25 €.

U

par Dominique DECHERF

C’est sonespérance,parfois folle,qui étonne etremue nosesprits

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■ LA RENARDE,poèmes de William Merwin,traduction de Luc de Goustine, FANLAC, 160 p., 18 €.

Né en 1917 à New York, Willam S. Merwin abeaucoup écrit, beaucoup traduit, vécu dans biendes pays. Il a planté un jardin de palmes à Hawaïet cultive une roseraie en Quercy ! Certains de sespairs voient en lui "une sorte de Virgile contem-porain", d’autres : "The last troubadour". Il apublié une vingtaine de recueils. "La Renarde"fruit de sa longue intimité avec le Causse quercy-nois est le premier traduit en français.

Dans une brève "ouverture", l’auteur de la ver-sion française nous donne quelques précieusesclefs de lecture. Il nous aide à discerner l’appro-che poétique de Merwin proche de l’affût duchasseur, du guet de l’ornithologue, de la cueillet-te de l’herboriste. C’est exactement ça. Merwinglane un son, le mouvement d’un nuage, la fuited’un cours d’eau, la germination d’un souvenir…

En commençant le premier poème "Sommeilde Renard" qui donne sans doute son titre au re-cueil, il évoque : "…un virage sur une pente où unclair ruisseau dévalait en sautant des rochersnoirs…." Et plus loin inspiré par le pays : "...lescloches des vaches dans le long crépuscule d’été…les granges et les barrières… les crêtes pierreusesle long des murets éboulés… les dernières brebisdans leurs pâturages émiettés clôturés de brous-sailles taillées. "L’édition est bilingue et les plusignorants de l’anglais peuvent, en jetant un œilsur la page en face, percevoir la musique des motsdans leur langue originelle... Ainsi : “…the longfield tawny with stubble a scratter of sheep wan-dered there circling slowly…“devient cet agréablemélange d’images et de sons : “…Le long duchamp tanné de chaume un semis de brebis yerrait en cercle lentement…." Les cent-quarante-trois courts poèmes se lisent aisément malgrél’absence complète de ponctuation. Les versets sedéveloppent à un rythme agréable suivant unescansion subtile, les images ont leur vie que latraduction épouse comme on ferait une empreintedans la glaise ou la cire.

Jean MEYSSIGNACCette édition originale de “La Renarde" se répartit : 1000

exemplaires sur vélin fredigoni 120 grammes et 50 exemplai-res sur arches 160 grammes numérotés et accompagnés d’unegravure originale, signée par l’artiste, Colette Brunschwig. Leséditions Fanlac sont près de la Tour de Vésone à Périgueux.

■ D’ACIER ET D’EMERAUDE, RIMBAUD,essai de Charles Ficat, Bartillat, 130 pages, 12 €.

Nous avons tous notre nostalgie rimbaldienne,même ceux qui n’auraient jamais lu une ligne deCharles Rimbaud, mais qui ont eu leur(s) banale(s)crise(s) d’adolescence et se sont entendu dire :“On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans”.Même ceux qui se croient insensibles à toute poé-sie n’échappent pas en effet aux “poncifs” que lepoète maudit a eu le génie de créer : “la libertélibre”, “Je est un autre”, “l’amour est à réinventer”,

“l’amour monstre”, “nos horreurs économiques”...Charles Ficat est, lui, un familier de l’œuvre

qui a tant marqué notre siècle dernier - qu’on serappelle la génération des soixante-huitards -mais il s’étonne d’y trouver encore “des recoinspeu fréquentés”. Il fait le parallèle avec Pascal : “Achaque époque son Rimbaud, comme son éditiondes Pensées.”

On saura, entre autres, gré à Charles Ficat d’a-voir trouvé les mots qui caractérisent Une saisonen enfer — poème satanique pour Mauriac —“comme un bréviaire de retraite spirituelle. Livred’oraison, nerveux, quand le blasphème devientchant d’élévation”. Au terme d’une aventure litté-raire fulgurante Rimbaud se laissa attirer définiti-vement par le Désert et s’enferma dans le silenceavant de mourir encore jeune, pauvre, à l’aubed’une immense gloire. Ainsi sauva-t-il son œuvredes tentatives d’annexion et de diminution.

Ce petit essai est d’un beau style. Certainespages méritent d’être lues à haute voix. On avaitd’ailleurs entendu, sur Radio protestante, il y aquelques mois — et cela nous avait mis l’eau à labouche — ce que Charles Ficat savait faire pourcommuniquer sa ferveur rimbaldienne, dans uncontexte tout ce qu’il y a de plus spirituel.

Paul CHASSARD

■ MARIE JOLY,roman de Jean-Luc Bizien, Sabine Wespieser éditeur, 347 pages, 21 €.

En 1944, une jeune femme courageuse choisitlucidement de fuir Caen soumis aux bombarde-ments alliés, pour se réfugier dans une maison enplein bois... Or celle-ci se retrouvera au centre de la“poche de Falaise”, terrible nœud de résistance alle-mand... Il y a dans cette histoire vraie une réalitéqui dépasse la fiction, dont on ne pouvait rendrecompte finement que par le biais d’un roman.Moyen aussi de respecter la mémoire des personnes.

Car le huis clos qui se joue dans un grenier oùplusieurs familles sont bientôt confinées par lessoldats allemands, agit comme un révélateur desforces et faiblesses de chacun. Les personnages yprennent une consistance tragique — qui laisseentrevoir la pièce de théâtre qu’on pourrait tirerde ce récit, et en renforce la qualité littéraire.

Les échos de la bataille qui se livre à l’exté-rieur ne parviennent d’abord que de manière as-sourdie, presque féérique quand par exemple desdébris d’images pieuses calcinées pleuvent sur lejardin à la joie des enfants. Puis des drames into-lérables se produisent, mais qui paraissent commeextérieurs, tant la fatigue, l’amertume, les humi-liations semblent anesthésier la sensibilité del’héroïne. Comme il s’agit aussi de l’histoire d’unamour tendre et raisonnable, la vie reprend sesdroits et nous aurons passé un excellent momentà la découverte d’une part de notre mémoire surlaquelle on n’a finalement pas tant su bien parler.

P.C.

LETTRES

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 25

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HISTOIRE

e pas se tromper de regard.Depuis le XIXe siècle, on consi-dère Jeanne comme un indi-vidu, ce qui est anachronique.Pour ses contemporains, nour-

ris de théologie et d’anthropologie chré-tiennes, la Pucelle est une personne : cen’est pas sa sensibilité, son psychisme etson apparence physique qui importent,mais le fait que cette humaine créature

de Dieu soit baptisée et bonne chré-tienne.

Colette Beaune nous dit que "Jeannen’est pas très grande, brune et solide,moyennement jolie. Elle a une tacherouge derrière l’oreille droite". Cela suffit.Quant à son caractère, nous savons desource sûre qu’elle pouvait se mettre encolère. Voilà tout.

Cela ne signifie pas que l’identitépersonnelle de Jeanne se confonde aveccelle de son milieu familial, de sa com-munauté villageoise et de sa pratiquereligieuse.

La jeune fille a un prénom. Dans sonvillage on l’appelait Jeannette, et Jeanneà la cour du roi de France. Mais jamaiselle ne fut Jeanne d’Arc de son vivant, etc’est seulement à la fin du XVe sièclequ’on la dénomme Pucelle d’Orléans. Sion lui attribua parfois le nom de sa mère(Romée) on ne la désignait pas sous celuide son père (Jacques d’Arc).

Jeanne a un surnom, qu’elle a choisisans doute tardivement, entre 1424 et1429 : elle est la Pucelle, pas selon soncaprice mais parce que c’est ainsi queles voix l’ont appelée. Mais qu’est-ce àdire ? Lorsque Jeanne se désigne commePucelle à ses juges, le greffier traduit parle latin puella, au lieu de virgo. La Pucelleau sens virginal évoque par trop la ViergeMarie, alors que la puella (le mot dérivede pulla, le petit d’un animal, ou depurrulus qui renvoie à puritas) désigne la

classe d’âge des jeunes filles qui ne sontpas mariées. Le surnom crée donc unelégère ambiguïté qui se précise lorsqu’onexamine l’apparence et le comportementde la Pucelle : la puella ordinaire est unepetite personne fragile, obéissante,humble pratiquante qui attend patiem-ment de devenir par le mariage, une mu-lier. La native de Domrémy ne correspondpas complètement à ce portrait idéal,d’où les soupçons (magicienne ? sor-cière ?) et les insultes ("Putain des Ar-magnacs") dont elle sera accablée. Lavirginité de Jeanne a été confirmée ; ce-pendant, elle porte des vêtementsd’homme et tient dans sa main l’épéecomme les soldats.

Mais avant d’observer la conduitereligieuse, politique et militaire de lafuture sainte qui va bouleverser le coursde l’histoire de France, il importe d’ap-profondir, avec Colette Beaune, la ques-tion de son identité.

Jeanne, " la bonne Lorraine ", est-ellevraiment française ? La question n’estpas iconoclaste. Il faut se souvenir queles contemporains de Jeanne nepouvaient avoir notre conception quasi-millimétrique, du tracé frontalier – toutsimplement parce qu’ils ne disposaientpas de cartes précises de géographie. Lesnations en formation et les empiresconnaissaient des marches – zonescompliquées et assez floues – et proté-geaient leur souveraineté par un systèmede places fortes. Mais il est clair queDomrémy était un village armagnac,partie intégrante du royaume de France,que la guerre et divers troubles avaientplacé au plus près de l’adversaire : à deux

Est-il possible de

renouveler et d’enrichir

notre connaissance de

Jeanne d’Arc, après les

travaux de Régine Pernoud

qui font autorité depuis

plusieurs décennies ?

Agrégée d’histoire,

spécialiste de l’éducation

et de la culture à l’époque

médiévale, auteur d’un

ouvrage magistral sur la

Naissance de la nation

France, Colette Beaune a

consacré à la Pucelle des

pages érudites et

passionnantes.

HEROINE

Ecarter les clichés fabriquéspar divers groupes politiques(

26 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Jehanne,simple et sagepar Alexandre DA SILVA

N

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HISTOIRE

kilomètres de Domrémy, le village deMaxey était favorable aux Bourguignons.

Mais cette jeune fille de Franceparlait-elle français et écrivait-elle salangue ? La question reste en débat. AuXIXe siècle, les historiens, tant catho-liques que laïcistes, affirmaient queJeanne ne savait pas lire. Puis RéginePernoud soutint le contraire. ColetteBeaune rappelle simplement que laPucelle avait déclaré à plusieurs reprisesqu’elle ne savait ni lire ni écrire ("Moi jene sais ni A ni B" dit-elle en arrivant àPoitiers) et cette laïque illiterata priait enlangue vulgaire.

Cela ne signifie pas que Jeanne étaitinculte ! Le curé de Domrémy est un lettréet son enseignement oral se retrouvedans les réponses assurées de Jeanneaux questions de ses juges. L’analyse trèsprécise de Colette Beaune démontre queJeanne est une semi-lettrée : elle n’estjamais allée à l’école, mais elle capablede compter les lignes, de déchiffrerquelques mots et de signer de son nom.Elle dicte ses lettres, notamment la Lettre

aux Anglais, sans se soucier des codesépistolaires de l’époque. Qu’importe…Colette Beaune cite la parole dans SaintMathieu : "Ce que Dieu a caché auxdoctes et aux prudents, il l’a révélé auxsimples". Jeanne est simple et sage – ceque constatent ces grands lettrés quesont ses examinateurs de Poitiers.

La langue qu’elle parle n’est pas lefrançais de Paris mais un français trufféde provincialismes lorrains qui font pouf-fer les beaux esprits et dont elle s’amused’autant plus que ses interlocuteurs lacomprennent sans difficulté.

Voilà qui pourrait donner de la véra-cité à l’image de "Jeanne fille du peuple"qui fut diffusée dans les années trentepar les communistes français en voie dereconfiguration patriotique. En fait, sonpère est un notable de son village, dontil est doyen entre 1425 et 1427.Sa mère,Isabelle Romée, appartenait à une familleplus riche et plus cultivée que la familled’Arc. La famille jouit du statut des labo-ratores, des laboureurs qui disposent àla fois d’un capital foncier et d’un capi-

tal social. Ce ne sont pas des "paysanspauvres" ou "moyens pauvres" mais descultivateurs aisés – qui ne possèdent pasde troupeau car le village de Domrémyélève un troupeau commun. Jeanne elle-même déclare à ses juges qu’elle n’étaitpas bergère malgré les affirmations deses thuriféraires qui tentent de l’inté-grer dans la thématique pastorale quiprésente le roi de France comme unberger. Mais cette bienveillante tentativese conclut par un échec : la prétenduebergère est un capitaine qui chevaucheen tête de sa troupe, la fille des braveslaboureurs s’en va à la cour du roi deFrance.

Ecarter les clichés fabriqués par lescontemporains ou par divers groupespolitiques permet de mieux comprendrela foi chrétienne de Jeanne et son dé-vouement au royaume de France.

Quant à la religion, la Pucelle vit àune époque décisive : celle où l’Egliseachève de balayer les rites païens pourleur substituer une pratique authenti-quement chrétienne. C’est ce qui se véri-

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HISTOIRE

28 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

fie avec l’affaire de l’Arbre aux fées, quioccupe une place importante dans la viede Domrémy et surtout, dans les procèsintentés à Jeanne. La Pucelle parle sim-plement d’un hêtre, qu’elle voit de safenêtre. Mais d’autres villageois croientaux fées qui demeureraient dans l’arbre,et des fêtes ont lieu autour de celui-ciau printemps. Ce ne sont plus que dessurvivances : c’est à l’époque de Jeanneque le mois de mai est consacré à Marieet les processions religieuses font dispa-raître les rituels vaguement magiques.Plus tard, la Pucelle dira qu’elle a reçu samission en terre bénie et cultivée, et nondans la forêt. Les témoins attesterontqu’elle n’est point magicienne.

Serait-elle bonne prophétesse ?L’imagerie johannique dépeint l’étrangeet merveilleuse rencontre de Jeanne etdu roi de France, discerné parmi la fouledes courtisans. La vérité historique estautre – mais non moins émouvante. Leshabitants du royaume de France croientaux prophètes tels qu’ils parlent dans laBible et tels qu’ils peuvent survenir pourporter la parole de Dieu. Ces prophètessont souvent des femmes, aussi dignesque les hommes d’être écoutées. DepuisPhilippe III, les rois de France consultentrégulièrement les béguines du nord etde l’est – ainsi Philippe Le Bel etCharles V - et ils reçoivent à la cour lesprophètes et les prophétesses qui s’yprésentent.

La démarche de Jeanne n’est pasoriginale, son arrivée à la cour n’est pasun événement surprenant. Elle pose unproblème banal mais difficile : il s’agit dediscerner entre vrais et faux prophètes –ces derniers étant fort nombreux. Descritères très précis aident à ce discerne-ment. Les uns concernent la personne :les vrais prophètes ne peuvent être richesni luxurieux, mais hommes ou femmes deprière et de pénitence, pauvres et chas-tes. Leur foi doit être solide et il importede le vérifier. Quant au contenu de laprophétie, il doit être inspiré par l’amourdu prochain et ne servir en aucune ma-nière les intérêts de celui qui s’affirmeporteur de parole prophétique.

Il y a donc doute méthodique. Jeannen’y échappe point. Comme tout autreprophète qui se présente devant le roi,elle doit faire l’objet d’une enquête dontla procédure a été fixée à l’université deParis aux environs de 1380. Installée àPoitiers avec page et confesseurs, elleest examinée de toutes les manières. Savirginité est attestée, elle doit répondreà de très nombreuses questions sur lesvoix qu’elle a entendues, le sens de samission et sur la légitimité du roi qu’elleassure vouloir servir. Conseillers royaux

et théologiens constatent sa piété pro-fonde et son dévouement au biencommun. Après avoir été entendue enconfession, elle reçoit l’absolution.Jeanne est reconnue comme messagèrede Dieu – ce que l’entourage de CharlesVII s’employa à faire savoir dans tout leroyaume.

Voici Jeanne "chef de guerre". Certes.Mais sa fonction militaire, aussi impor-tante soit-elle, est inscrite dans l’itiné-raire prophétique de la Pucelle et dansun champ symbolique qui est concrétisépar l’étendard (semé de fleurs de lys d’orsur fond azur) et par l’épée de Jeanne,auxquels Colette Beaune consacre despages fort bien documentées. La symbo-lique que Jeanne incarne a une signifi-cation politique très précise : Jeanne estau service du roi de France, elle est donc(comme son père) du "parti armagnac"qui se définit par son rejet des Anglais etdes Bourguignons. S’il est vrai que laroyauté française est d’ordre successo-

ral et que le prince héritier devient roi dèsla mort de son père ("le mort saisi le vif")le sacre et le couronnement de Charles VIIsont un enjeu décisif car, comme le ditJeanne, "une fois le roi sacré, la puis-sance de ses ennemis ira toujours endiminuant". Ceci en écho des paroles deSamuel après le sacre de David : "Lamaison de David allait se fortifiant, tandisque celle de Saül s’affaiblissait ". Nousvoici, après Orléans, sur le chemin deReims… Toute illettrée qu’elle soit, laPucelle est bonne théologienne et finepolitique : tout le pouvoir vient de Dieupar la médiation des lois humaines et deceux qui leur donnent force instituée.

Jeanne héroïne monarchiste ? C’estun anachronisme dans la mesure où, àl’époque médiévale, on ne prend pas partipour ou contre la monarchie. La questionpolitique est de savoir qui est le souve-rain légitime – roi de France ou Empereurromain-germanique, roi d’Angleterre ouprince bourguignon. Jeanne est du partides Armagnac, dont Colette Beaunedécrit précisément la nature et lescontours, et sans être une nationaliste(autre anachronisme) elle favorise laconstitution de la nation française. (2)

Tels sont les éléments, spirituels, poli-tiques et personnels qui forment la tramedu procès de Rouen. Colette Beaune n’apas besoin de plaider une nouvelle foisla cause de Jeanne. De l’enquête histo-rique menée en toute rigueur, il résulteque la Pucelle ne fut ni une hérétique, niune séditieuse, ni une magicienne – maisque Jehanne ne fut pas non plus une hé-roïne militariste et xénophobe. La tradi-tion johannique exclut toute récupérationpolitique, qu’elle soit de droite ou degauche.

Surtout, en soulignant savamment lapart du légendaire et du fabriqué (parles propagandistes du XVe siècle), de lamythologie douteuse et du merveilleux,Colette Beaune fait surgir en pleine lu-mière le chemin singulier qu’a parcouruJeanne, de Domrémy au bûcher de Rouen– et ce qu’il représente dans l’histoire dela France et de la chrétienté. Le mysté-rieux écarté par l’historien laisse toute saplace au mystère chrétien. ■

(1) Colette Beaune, Jeanne d’Arc,Perrin, 2004. 472 pages. 23,50 €.

Colette Beaune n’a pas besoinde plaider une nouvelle fois(

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Les Corses sont réputés ombrageux,avec un vrai sens du tragique, ettrès sourcilleux sur le plan de l’hon-

neur. Pourtant, rares sont les métropoli-tains («les Pinsuti», ou les non-Corses)qui savent qu’ils possèdent également unsolide sens de l’humour et de l’autodéri-sion.

Contacté par un notaire provincial,Jack Palmer, un détective privé, doit re-trouver un certain Ange Leoni, qui vientd’hériter, d’un lointain parent, uneluxueuse propriété dans le Gâtinais.Mais Ange Leoni est Corse, et le notairea bien prévenu Palmer : là-bas, c’estspécial ! Il en faudrait davantage pourdécourager Palmer, qui se lance hardi-ment à la recherche de Leoni en igno-rant tout de la Corse et du fait queLeoni est un indépendantiste recherché

par toutes les polices de France et deNavarre.

Christian Clavier et Jean Reno for-ment un couple de cinéma des plusclassiques, mais très efficace. De leurconfrontation et de celle du héros avecla culture corse naît fréquemment lerire. Car les dialogues sont très amu-sants, les péripéties nombreuses et lespaysages corses splendides. Cette adap-tation d’une bande dessinée célèbre dePétillon (elle a, d’ailleurs, connu ungrand succès en Corse) joue sur une par-tition classique (on a, parfois, l’impres-sion d’être dans un film de Gérard Oury),mais le thème est des plus actuels et ilfournit une matière inépuisable de gags.Il paraît que les Corses, qui ont large-

ment participé au tournage, ont beau-coup apprécié cette comédie, qui, unefois n’est pas coutume, évite soigneuse-ment toute vulgarité. ■

L’enquête corse. Comédie française (2004) de AlainBerberian, d'après la BD de Pétillon, avec Christian Clavier(Rémi François/Jack Palmer), Jean Reno (Ange Leoni),Caterina Murino (Léa), Didier Flamand (Dargent), PierreSalasca (Matéo), Pido (Figoli), Alain Maratrat, François Orsini,Nathanaël Naïni (1h32). Sortie le 6 octobre 2004.

Vipère au poingA la mort de sa grand-mère, Jean a compris queson enfance venait de prendre fin, avec l’arrivéed’Indochine de ses parents. Sa mère, surtout, unefemme frustrée et sans tendresse, qui a décidé demater ses enfants.Le terrible roman autobiographique de HervéBazin, qui retrace son enfance douloureuse, n’avaitfait l’objet que d’une adaptation à la télévision,avec Alice Sapritch. C’est Philippe de Broca, plutôtspécialisé dans les comédies légères, qui s’estchargé de mettre en images cette œuvremagnifique, mais très dure. Son expérience de lacomédie lui a permis d’alléger un peu le roman, eny introduisant quelques touches d’humour. Maisc’est Catherine Frot, avec son interprétation touten nuances de «Folcoche», qui réussit à humaniserson terrible personnage. Cela n’empêche ni lesoutrances ni les longueurs.

M.-C. A.

Drame franco-britannique (2004) de Philippe de Broca, d’après leroman de Hervé Bazin, avec Catherine Frot (Madame Rezeau),

Jacques Villeret(Monsieur Rezeau),Jules Sitruk(Jean), CherieLunghi, WojtekPszoniak, SabineHaudepin (1h40).Sortie le 6 octobre2004.

La Terre vue du cielFasciné par l’œuvre photographique de YannArthus-Bertrand, Renaud Delourma y a consacréun long métrage, ajoutant ses mouvements decaméra aux photos fixes de l’artiste. En voix off,on entend le dialogue entre un adulte (BernardGiraudeau) et un enfant (Nils Hugon), quicorrespond à l’interprétation du cinéaste.La Terre est vraiment magnifique vue du ciel ! Onle savait déjà, mais ce film superbe, véritablehymne à la beauté de la Création, permet de leconstater. Pourtant, on est loin de la qualité defilms tels que «La planète bleue», sortierécemment. Sans doute parce que les photos sesuffisaient à elles-mêmes.

M.-L. R.

Documentaire français(2000) de RenaudDelourme, d’après l’oeuv-re photographique deYann Arthus-Bertrand,avec les voix de BernardGiraudeau et de NilsHugon (1h07). Sortie le22 septembre 2004.

CINEMA

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 29

Le cou de la girafeMathilde, 9 ans , beaucoup d’affection pour Paul, son grand-père, lequel lelui rend bien. Un jour, elle découvre que sa grand-mère, que tout le mondecroit morte, est bien vivante et qu’elle écrit des lettres à son ex-mari.Mathilde décide d’aller voir son grand-père dans la maison de retraite où ilse trouve, et de fuguer avec lui pour retrouver son aïeule.Pour son premier film, Safy Nebbou a réussi une œuvre charmante,

mettant en scène la jolie relation entre un grand-père et sa petite-fille. Les comédiens sont sensationnels, enparticulier Claude Rich, épatant en vieillard désabusé, mais malicieux, et la petite Louisa Pili, très naturelle. Seul lepersonnage de Sandrine Bonnaire a été un peu sacrifié. Pour un premier film, il y a quelques maladresses, biennaturelles, mais c’est si charmant et délicieux que l’on excuse volontiers ces quelques défauts.

M.-L. R.

Comédie dramatique française (2004) de Safy Nebbou, avec Claude Rich (Paul), Sandrine Bonnaire (Hélène), Louisa Pili (Mathilde), Darry Cowl (Léo),Maurice Chévit (Maurice), Monique Mélinand (Madeleine), Marie Mergey, Paul Pavel, Philippe Leroy-Beaulieu (1h28). Sortie le 29 septembre 2004.

Une comédie classique, mais

très amusante, qui se moque

gentiment des Corses.

Peut-on rire des Corses ?L’ENQUÊTE CORSE

par Marie-Christine D’ANDRÉ

C’est très amusant,sans méchanceténi vulgarités(

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THEATRE

30 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

ur la scène du Théâtre de l’Œuvre, un pa-villon de banlieue. A l’intérieur, une"boum". Deux jeunes sortent sur le per-ron. Ils ne se connaissent pas, sont làcomme par hasard, désabusés, sur leur

garde, un peu agressifs. Les premiers échanges sefont dans le langage cru d’une certaine jeunesse.Ainsi débute "...un Baiser, un vrai", de ChrisChibnall. Peu connu en France, cet auteur londo-nien travaille, entre autres, pour la BBC et le SohoTheatre. Stephan Meldegg, qui dirige le Théâtre dela Bruyère, a signé l’excellente mise en scène etl’adaptation française : on est notamment passéde la banlieue de Londres à celle de Paris. "Moi quin’écris pas, j’aime quand mon imagination se meten route sur l’écriture des autres", dit-il. Seule-ment voilà, "…il arrive que certaines contraintesretardent la naissance d’un projet". Il fallait trou-ver un théâtre où le double décor sur deux étages– Jean-Marc Stehlé a fait merveille – puisse pren-dre place. Ce sera le Théâtre de l'Œuvre, dont lesbonnes programmations comportent parfois desaudaces.

Audaces à cause des contraintes techniques,mais aussi parce que "…un Baiser, un vrai" est toutsauf une pièce facile, dans le fond comme dans laforme. Elle commence comme au boulevard et s’a-chève à la fois dans le drame et l’apaisement. Pen-dant que Séverine et Lucas s’affrontent dans lejardin à fleurets mouchetés, au premier étage, il sepasse des choses… pas très catholiques. Clotilde etJacques, les septuagénaires propriétaires des lieux,font la fête sans complexe. La jeunesse craint l’a-mour, les seniors non. Les dialogues sont parfoistriviaux. Nous sommes dans le domaine du quoti-dien, et pourtant le spectateur pressent quequelque chose plane au-dessus de cette banalemaison, que ses occupants vivent un moment par-

ticulier. Va-t-on passer du rire aux larmes ? Car onrit beaucoup… pendant la première moitié de lapièce. Avant d’avoir la gorge serrée quand on dé-couvre que Jacques est atteint d’une maladie quine lui laisse à terme aucun espoir. Et si ChrisChibnall ne fait pas de prosélytisme, son thèmecentral porte bien sûr l’euthanasie. Le fait révèleune évolution de notre société : il y a quelquesdécennies, la pièce n’aurait pas été montée, ouelle aurait fait scandale. Aujourd’hui, il faut cons-tater que la salle s’en offusque d’autant moins querien n’est présenté sous un jour morbide et que lespersonnages font preuve d’une belle vitalité. Quevont faire Clotilde et Jacques ?

Ils sont magistralement interprétés par Ge-neviève Fontanel et Michel Duchaussoy, deux"vieux routiers" que l’on ne présente plus. Sanseux, la pièce pourrait déraper. Mais on ne peutpasser sous silence Salomé Lelouch et ArthurJugnot. Pour "faire le poids" face à des têtes d’af-fiche célèbres, il ne faut pas être seulement la fillede Claude Lelouch, ou le fils de Gérard Jugnot.Dans des rôles difficiles, délicats, les deux jeunesrelèvent le défi haut la main. Ils se font ici un pré-nom. Dans "…un Baiser, un vrai", lorsque Séverineet Lucas se rencontrent, ne sont-ils pas aussi, mais50 ans plus tôt, Clotilde et Jacques qui passentaujourd’hui un témoin ? "J’ai envie de te voirvieillir et de t’aimer toujours plus, jour après jour",dit Lucas à Séverine. ■

Destinscroisés"…UN BAISER, UN VRAI"

par Alain SOLARI

Cette pièces'achève à la fois dans le drame etl'apaisement

Le Théâtre de l’Œuvre

présente "… un Baiser, un vrai".

Une pièce à la fois faussement

légère et dramatique,

apparemment désinvolte

et prenante. Un couple jeune,

un autre d’âge mûr…

"…un Baiser, un vrai", Théâtre de l’Œuvre, 55, rue deClichy, jusqu’au 19 décembre. Du mardi au vendredià 21h, samedi à 18h30 et 21h, dimanche à 15h30.

S Geneviève Fontanel et Michel Duchaussoy

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THÉÂTRE

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 31

e noir se fait dans la petite salle del’Atalante. En même temps que les projec-teurs blancs trouent l’obscurité de la scèneun homme et une femme se saluent silen-cieusement. Lui part vers le piano, elle

tourne sur elle-même. Ses gestes aussi lents quecontrôlés évoquent l’atmosphère japonaise qui vas’emparer de nous. Ce soir, l’absence de décor estla façon la plus sobre et la plus riche de faire placeà la comédienne, qui incarne le récit par toute sagestuelle. Le roman de Maxence Fermine est nonpas représenté mais animé par Stéphanie Loïk. Ré-gulièrement, Jacques Labarrière, au piano, ponctueles épisodes que la comédienne nous livre commeautant de touches d’un même tableau. Plus quecela, la musique entre en dialogue avec le texte, ettous deux s’entrelacent. Ces deux disciplines illus-trent le propos tenu, qui montre comment tous lesarts se complètent. Et combien un artiste accompliest celui qui sait en mettre plusieurs au service deson art d’élection.

Cette pièce est réussie à plusieurs points devue. Tout d’abord elle est ce qu’elle raconte, danstoutes ses dimensions. Ensuite, elle nous parle desujets peu ordinaires - la poésie et la peinturejaponaises, l’initiation, les vies parallèles à deuxgénérations de distance… – sans avoir même l’airde nous raconter autre chose qu’une belle histoire.

S’agit-il d’évoquer la transparence de la glaceou la lumière blanche de la neige ? Quelquesnotes aigrelettes frappées sur le clavier, des pro-jecteurs qui entrent en contraste avec le noir de lascène ou le regard de la comédienne suffisent.

Parle-t-on de peinture et de poésie ? Aucuneindication superflue n’est donnée. On saura justequ’un haïku est composé de trois vers en dix-septsyllabes. Par contre le discours sur ce qui fait l’es-sence de l’art est aussi limpide que développé. Onapprend ainsi que quand la lumière du peintre est

intérieure, elle se nourritdes couleurs du dehors etinversement. Ou que leplus difficile, pour lepoète, n’est pas de réussirdes effets brillants mais derester constamment sur"ce fil qu’est l’écriture, devivre chaque heure de savie à hauteur du rêve, dene jamais redescendre, neserait-ce qu’un instant, de

la corde de son imaginaire", tel un funambule.Est-il question de quelqu’un ? La diction de la

comédienne est aussi vivante que son regard, quisemble voir au premier rang celui qu’elle fait vivre.Le ton est tantôt épique tantôt de confidence, etle silence qui lui répond est comme une immenseoreille se remplissant de toutes les atmosphèresqu’il évoque.

Faut-il faire comprendre la complémentaritéentre l’initiation d’un artiste par un autre et lapatte personnelle de chacun ? L’auteur saisit alorsle prétexte d’une aventure semblable aux deuxmais uniquement dans ses traits essentiels.

Stéphanie Loïk et son complice musicien nousentraînent dans un monde suggestif, non pasintemporel mais contemplant le réel. Le rythme dela pièce est d’une lenteur qui lui est propre, demême que le suspense qui s’y accomplit.

Le seul point qui peut surprendre concerne ladescription de la femme comme une "chose su-blime". Mais celle dont il s’agit n’est autre que labeauté parfaite après laquelle courent tous ceuxqui recherchent la perfection de la création. Beautéqui ne diminue ni ne nie celle qui l’accomplit.

Au passage, quelques commentaires sur la vienous sont offerts. Comme celui sur "la sinuositédu hasard et la platitude de l’existence". Ou lerappel du fait qu’écrire "c’est la même chosequ’aimer, c’est du funambulisme". Enfin, on ap-prend qu’il y a deux sortes de gens : "ceux quivivent, jouent et meurent, et ceux qui ne fontjamais rien d’autre que de se tenir en équilibre surl’arête de la vie". ■

L’essencede l’art"NEIGE"

par Pierre FRANÇOIS

Ses gestesaussi lents que contrôlésévoquent l’atmosphèrejaponaise quiva s’emparerde nous

Autant le contenu de cette

pièce est magnifiquement

détaillé, autant sa forme est

légère, comme un flocon de

neige. A voir très vite à Paris,

ou en décembre à Lomme.

(1) "Neige", de Maxence Fermine. Au théâtre del’Atalante, 10 place Charles Dullin, 75018 Paris. Tél. : 01.46.06.11.90. Et les 10, 11 et 12 décembreau Théâtre des Tisserands à Lomme (59 ). Rés : 03.20.22.05.05.

L © PASCAL GÉLY

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rancois Deverdieu fait partie de cette gé-nération de chanteurs qui allient l’expé-rience - 20 ans de concerts – à une gran-de fraîcheur d’âme. Poète, il l’est sûre-ment autant que musicien. Et profession-

nel en tout néanmoins. Dans le choix de sesmusiciens : Didier Guazzo, batteur de Goldman ;Sébastien Charlier, champion du monde d’harmo-nica ; Michel Lerou, "requin de studio", etc. Dansla fabrication de son clip, qui passe sur M6, Funtvet Editv. Dans le calendrier de sortie de ses Cd :un maintenant et le suivant en février. Mais toutcela ne serait rien s’il n’y avait au départ un réeltalent. Qu’il a. Et qui est ancré dans sa vie. Ainsitoutes ses chansons ont une histoire. "Amy" estdédiée à cette droguée rencontrée il y a plusieursannées et à toutes ses semblables. "Papa" estl’hommage à celui qu’il n’a pas eu en mêmetemps qu’une méditation sur ce qu’ils auraientfait ensemble s’il avait vécu. Quant à "Tellementde ciel", elle était par avance destinée à celle quiviendrait un jour partager sa vie. Les douze chan-sons de son Cd "Retour aux sources" (1) sontautant de coups de cœur piochés dans son réper-toire, qui en compte plus de dix fois plus.

S’il ne cache pas que la prière fait partie deson travail, il se refuse à "pêcher dans le bocal"du petit monde catho. C’est à tous les vents des

chercheurs de tous poils qu’ilpropose ses mélodies pop rockblues, discrètement sous-tendude spiritualité. Car l’âme ou l’es-pérance ne sont jamais loin.

Comment fait-il pour arriverà cette alchimie poético musi-cale ? Il travaille, tout simple-ment. D’abord en se mettant à laguitare pour chercher des mélo-dies. Il enregistre ce qui lui pa-raît prometteur. Puis remet soninspiration sur l’ouvrage. Peu àpeu viennent alors les thèmesdes textes. Il lui faut alors lâ-

cher prise et laisser tout venir, jamais se censurerau préalable. Ce n’est qu’après que viendront lesvérifications. Et parfois il est ébloui aux larmesdes inspirations qui surgissent. En tant quecroyant, il remercie, mais après avoir réellementtravaillé… Car en ce qui le concerne, son modèleest Michel Berger, un vrai travailleur ayant uneréelle éthique, au point d’être devenu un médecinde l’âme. C’est d’ailleurs l’exemple de ce dernierqui l’a poussé à entrer en musique.

Aujourd’hui, François Deverdieu cherche àtoucher progressivement les cœurs à travers unemusique et des textes chargés. Il faut croire qu’ily parvient si on en juge par le succès qu’il a ren-contré auprès des radios et de quelques chaînesde télévisions.

Il était tentant de demander à ce chanteur cequ’il pensait de l’état de la chanson contempo-raine d’inspiration chrétienne. La question estvite entendue : en France, il n’y a pas de marchéet ceux qui s’y risquent sont souvent de jeuneschanteurs sans expérience. Par contre aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne on trouve des StevieWonder ou des groupes comme l’Electric lightorchestra, voire quelqu’un comme Aretha Fran-klin, qui chante de l’authentique soul music.Ceux-là sont des groupes qui aujourd’hui récoltent enfin les fruits de leurs sacrifices anté-rieurs. ■

MUSIQUE

32 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Fraîcheur d’âmeet expérience

FRANCOIS DEVERDIEU

par Pierre FRANÇOIS

Poète et chanteur,

expérimenté et d’esprit jeune,

Francois Deverdieu a déjà

sensibilisé le milieu

professionnel par son sérieux.

C’est maintenant au tour du

public de découvrir son Cd.

(1) "Retour aux sources", de Francois Deverdieu, estdistribué par Rejoyce. Extraits et informations surhttp://www.deverdieu.com/home.htm

F

DéracinementCe n’est même plus un cri, plutôt une souffrance lancinante qu’exprime BenNodji, déraciné de son Afrique vers la France à l’adolescence. Il a choisi lamusique pour dire la fraternité, à donner et à recevoir. Et son espérance en uneliberté de qualité, au-delà de la galère. Le ton touche, la pensée est claire,formée à partir de soucis quotidiens. Elle est spirituelle aussi, qui s’inquiète dusort de son père mort ou évoque le fameux "aide toi, le ciel t’aidera". Si ce Cd (1)

a d’abord valeur de témoignage, il se laisse aussi écouter avec plaisir. ■

(1) " Ben Nodji, voilà l’histoire ". Cd autoproduit. Tél. : 01 41 19 98 13.

Parfois il estébloui auxlarmes des inspirationsqui surgissent

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LIVRES

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 33

omment devient-on un paria dans lesannées d'après-guerre ? Il suffit d'avoirune mère allemande et un père français.L'ancien prisonnier aurait voulu refairesa vie là où le sort l'avait jeté, mais la

menace d'une déportation en Russie provoque leretour en France. Et là, le voisinage s'est chargéde contraindre la famille à un nouvel exil, plusmiséreux : à Pomponnette, le tout premier campde réfugiés monté par l'abbé Pierre. Puis ce seracelui, si célèbre, de Noisy-le-Grand. L'auteur aalors 14 ans.

Au fil des pages, il évoque ses souvenirs,comme autant de coups de projecteur sur laréalité de sa condition. Lui qui fut un collabora-teur de la première heure du père Joseph Wre-sinski dit dans un langage simple l'incompréhen-sion, la méfiance, la haine, et comment pourtantil n'est jamais revenu chez lui les menottes auxpoignets.

Incompréhension et méfiance face aux admi-nistratifs qui sans partager leur sort s'octroyaientle droit de leur enlever leurs enfants. La parade àcette menace ? Cesser de les envoyer à l'écolepour qu'ils ne puissent pas être dénoncés par lamaîtresse. Et comment trouver du travail quandvotre adresse vous dénonçait ?

Ce livre énumère, sans rancœur désormais, lesphrases qu'on n’a pas le droit de dire quand onne partage pas leur sort. Qu'un savon ne coûtepas cher, alors que le problème de la famille étaittout simplement de manger. Au point que parfoisceux qui avaient du travail le quittaient pour

toucher quelque argent avant la fin du mois.Alors que leur adresse les faisait repérer, et leurrendait la recherche d'un travail encore plusaléatoire. Et à la critique sur la dimension desfamilles miséreuses, c'est sa mère qui un jourrépond : "l'amour d'une femme pour son hommeest tel... qu'avoir des enfants de lui, c'est commeun reflet du regard qu'ils ont l'un pour l'autre.C'est aussi ... pour lui prouver le bonheur qu'ellea à bâtir son foyer avec lui, comme une maisonsolide. Souvent la vie est le contraire de ce qu'onvoudrait. Et c'est vous, les enfants, qui nous re-donnez le droit d'espérer".

La parole de quelques autres était aussi écou-tée : ceux dont la présence "permettait juste-ment de croire à nouveau qu'on pouvait se re-tourner". Ceux-là ne prononçaient ni discoursd'assistanat ni propos moralisateurs. C'est le pèreWresinski qui décide de faire payer le charbon oudisant à l'auteur de se "démerder". Ces paroles-làconstruisaient d'autant plus qu'elles tombaientdans un esprit déjà admiratif.

On remarque au passage combien d'autres, quiagissaient sur un autre terrain, ne leur donnaientpas de conseil. C'est une Geneviève de GaulleAnthonioz qui demande à l'auteur de lui tenir lebras pour avancer à la rencontre du Pape. Ou unGiscard d'Estaing qui dit trois mots affectueux àun enfant. A lire ce livre, on comprend commentces gens, en sachant rester et agir à leur place,sans vouloir tout faire, ont lavé l'honneur d'unpeuple chrétien dont le seul regard faisait sortirl'auteur d'une église. Ce jour-là quand BernardJährling est allé voir le père Wresinski pour lui direcombien il était écœuré d'avoir été chassé d'un tellieu sans une parole, il s'est vu répondre que cen'était pas ce que ces gens avaient voulu et qu'ildevait "aller vers eux, cogner à leur porte, leurfaire comprendre que tu n'es pas seul, que vousêtes tout un peuple !". Jamais l'auteur n'a oubliéces mots. Il se les ressassait encore lorsque Aide àToute Détresse se retrouva à l'Elysée ou à Castel-gondolfo. Et il est permis de penser que l'écriturede ce livre est encore un pas vers les nantis, pourconsolider le pont que le père Joseph avait com-mencé de construire. ■

Le pontdu pardon"PIERRE D'HOMME"

par Pierre FRANÇOIS

"Pierre d'homme"(1), de Bernard

Jährling nous retourne les

sangs tel un roman. Sans doute

parce qu'il s'agit en fait d'un

récit que l'auteur a d'abord vécu

dans sa chair. Ce témoignage

est plus qu'instructif. Il est vital

pour qui a le souci de son

prochain, ou même la simple

curiosité de comprendre.

(1)"Pierre d'homme", de Bernard Jährling, éditionsQuart Monde, coll. Racines. 232 p., 13 €. Peut être commandé directement sur le sitewww.editionsquartmonde.org

C

Genevièvede Gaulledemande àBernardJährling delui tenir lebras pouravancer à larencontredu pape

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TELEVISION

34 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

Arrête-moi si tu peuxAdolescents Lundi 11, sur Canal + à 21h00

Frank Abagnale Jr., déstabilisé par le divorce de sesparents, réalise que, malgré ses 16 ans, il possèdel’assurance qui lui permet de se faire passer pour cequ’il n’est pas. C’est ainsi qu’il réussit à faire croirequ’il est professeur, pilote de ligne, médecin et avo-cat. Il va sillonner les Etats-Unis, laissant derrièrelui une collection de chèques en bois. Mais CarlHanratty, un agent du FBI, est sur ses traces.��� Spielberg l’enchanteur s’est manifestementfait plaisir en tournant cet élégant divertissement,adaptation d’une histoire authentique. Sur les tra-

ces de son jeune héros (épatant Leonardo DiCaprio, dont le visage poupin est parfaitement adap-té à l’âge de son personnage), il nous entraîne dans une folle aventure, faite de moments drôlesou émouvants, mais toujours à un rythme très soutenu. On croit que le cinéaste a filmé son his-toire comme en se jouant. En réalité, tout est très étudié cinématographiquement parlant. Toutl’art de Spielberg consiste, en effet, à rendre léger le fruit d’un vrai travail sur la couleur, sur lalumière, sur les cadrages, sur le montage, etc. Un divertissement plein de surprise et de gaieté.��� On pourrait penser que ce film est à la gloire d’un escroc. Certes, le récit de sesméfaits en occupe la majeure partie. Pourtant, on sent que l’attitude du héros est comme unemanière de se venger du divorce de ses parents et de rechercher un substitut à l’autorité d’unpère défaillant. Quant à la fin, elle prouve que le rachat est toujours possible à qui veut bien.Une belle leçon d’optimisme.

Intervention divineGrands adolescents Lundi 11, sur Arte à 20h45A Nazareth, les gens tentent de vivre comme si l’occupationn’existait pas. ES, partage son temps entre son père maladeet la femme qu’il aime et qu’il retrouve sur le parking du«check point». ���� Il faut reconnaître au Palestinien Elia Suleimanun sens étonnant de la dérision et du burlesque. Aveccette série de saynètes, il décrit la vie de ses compatriotessous l’occupation israélienne, dans un style qui tient deJacques Tati, pour le réalisme de la peinture, et de Buster Keaton, pour l’onirisme de l’en-semble (et pour son visage impassible, également). C’est drôle, vif, plein d’invention, tou-jours surprenant, mais, parfois, un peu déroutant, voire ennuyeux.�� Elia Suleiman se dit «pacifiste absolument». On peut en douter, en regardant les scè-nes finales, avec la combattante palestinienne qui, après une scène étonnante, la faisantressembler au Christ (de dos), tue, les uns après les autres, les soldats israéliens.

LUNDI 11 OCTOBRE20.50 "Le Mont Saint-Michel",présenté par Richard BoutryEn 709, saint Aubert, évêque

d'Avranches, décide de construire une chapelle et d'établirdes prêtres pour prier l'Archange saint Michel sur unrocher désert appelé : le mont "Tombe". Moines et monia-les de la Fraternité Monastique de Jérusalem rallumechaque jour la flamme de la prière. MARDI 12 OCTOBRE20.50 Solidairement vôtre. "ATD Quart Monde"présenté par Valérie TibetA l’occasion de la Journée Mondiale du refus de la misère,le 17 octobre, coup de projecteur sur une action origi-nale : l’atelier chant de l’université populaire.MERCREDI 13 OCTOBRE20.50 "Lève-toi et marche", présenté par Richard BoutryL'association accueille des sortants de prison et des per-sonnes en difficulté. Une main tendue, une parole donnée,sont source de paix, de joie et de vie.

JEUDI 14 OCTOBRE20.50 La vie dehors, de Jean-Pierre VergneA la suite de traumatismes, Marco et Lilli sont internésdans un hôpital psychiatrique. Ils se rencontrent et déci-dent quelques années plus tard, de cohabiter dans "unappartement thérapeutique". Avec M. Jonasz, O. Brunaux…VENDREDI 15 OCTOBRE20.50 Au pied du mur, de Carole GarrapitCinq millions de personnes vivent une situation précaireen France. Cinq millions d’histoires différentes qui ontsouvent un dénominateur commun : la perte d’un emploi. SAMEDI 16 OCTOBRE20.50 "Messe de Requiem", de VerdiPour le 100e anniversaire de la mort de Giuseppe Verdi,Claudio Abbado offre la "Messa di Requiem".DIMANCHE 17 OCTOBRE20.50 Vous direz à vos enfants. Vous direz à vos enfants...de Guy SoubigouLe partage, l’amour du prochain, la responsabilité : l’abbéPierre nous ouvre son cœur et les portes de la charité.

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Lundi 11 octobrePéril imminent «Mortel cha-hut». Téléfilm avec RichardBerry, Jacques Spiesser.TF1, à 20h55.Ça se discute jour après jour«Malade alcoolique : Guérir àtout prix pour renouer avec safamille». Magazine. France 2, à 20h55.Ali Baba et les 40 voleurs J.Aventures (1954) de JacquesBecker, avec Fernandel (1h35).�� Une charmante féerie. France 3, à 20h55.Intervention divine GA. Co-médie dramatique en VO (2002)de et avec Elia Suleiman, et avecManal Khader (1h32). (Voirnotre analyse)Arte, à 20h45.

Sabrina J. Comédie (1995) deSydney Pollack, avec HarrisonFord, Julia Ormond (2h02). ��Cette charmante aventure nepeut faire oublier le merveilleuxfilm de Billy Wilder. M6, à 20h50.Arrête-moi si tu peux J. Co-médie (2003) de Steven Spiel-berg, avec Leonardo DiCaprio,Tom Hanks, Christopher Walken,Martin Sheen, Nathalie Baye(2h15). (Voir notre analyse)Canal +, à 21h00.Grand format «Maîtres et es-claves» GA. �� Très émou-vant.Arte, à 22h15.

Mardi 12 octobreLara Croft : Tomb raider J.Fantastique (2001) de SimonWest, avec Angelina Jolie, JonVoight (1h40). ��� Bien fait,mais un peu fatigant.TF1, à 20h55.Meurtre à la Maison-Blan-che A/Ø. Policier (1997) de D.Little, avec Wesley Snipes(1h42). ���� Compliqué,mais assez efficace. Une scèneérotique et des violences.France 2, à 20h55.Le Camarguais «Jean Jean» J.Téléfilm avec Lionel Abelanski,

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TELEVISION

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 35

Jean-François Stévenin. ���Sympathique, mais assez ou-trancier.France 3, à 20h55.Soirée thématique «Pédo-philes : malades ou criminels ?»Philippe R. «Prêtre et pédo-phile» A. ��� Bien fait etassez nuancé. Mais on n’évitepas les poncifs sur le sujet.Dans la tête d’un pédophileA. �� Poignant, mais ne ré-pond pas aux questions posées.Débat.Arte, à partir de 20h45.Il faut que ça change ! Ma-gazine.M6, à 20h50.Othello 2003 GA. Drame(2003) de Tim Blake Nelson,avec Mekhi Phifer, Martin Sheen(1h31). ��� Un modernisa-tion ratée et inutile.Canal +, à 21h00.Le dos au mur GA. Téléfilmavec Oliver Bröckers (1h28).��� Bien fait, mais assezpénible. Arte, à 22h45.

Mercredi 13 octobreFootball «Eliminatoires de laCoupe du monde 2006 : Chypre/France».TF1, à 20h35.Un fils sans histoire GA. Té-léfilm avec Jean-Paul Moncor-gé, Marianne Basler, Thibault deMontalembert (1h31). ���Intéressant, mais un peu tiré parles cheveux.France 2, à 21h00.Des racines et des ailes : «Surles traces de saint Louis», «Bir-manie, trésors sous embargo»,«Jacques Cœur : L’argentier duroi». Magazine France 3, à 20h55.

Les mercredis de l’histoire«Ils ont tué Rabin» GA. �� Undocumentaire très intéressantet qui fait froid dans le dos. Arte, à 20h40.Le grand classement «Les plusgrandes chansons françaises(2)». Divertissement.M6, à 20h50. R

epère

s

bastian. �� Une histoire poi-gnante et très bien menée.France 3, à 20h55.

L’aventure humaine «Les Na-batéens : De Pétra à Medaïn Sa-leh». Etonnant. Documentaire.Arte, à 20h45.La trilogie du samedi. Séries.M6, à 20h50.24 heures chrono. Série.Canal +, à 21h00.

Dimanche 17 octobreQuelqu’un de bien A/Ø. Co-médie dramatique (2002) de etavec Patrick Timsit, et avec JoséGarcia (1h36). ��� Trèsmédiocre et vulgaire.TF1, à 20h55.Urgences. Série.France 2, à 20h55.On ne peut pas plaire à toutle monde. Magazine. France 3, à 20h55.Soirée thématique «Si les prin-ces m’étaient contés»Victoria et Albert. Téléfilmavec Victoria Hamilton, Jona-than Firth (2h27).La reine et moi. Documentaire.Arte, à partir de 20h45.Capital «Immobilier : Jusqu’où lafolie ?». M6, à 20h50.Football «Marseille/Saint-Etien-ne».Canal +, à 21h00.Secrets d’actualité «Bush/Ker-ry : Tous les coups sont permis». M6, à 22h50.

Viva Zapata GA. Drame en VO(1952) de Elia Kazan, avecMarlon Brando, Anthony Quinn(1h55). ��� Une magnifiqueépopée de la révolution mexi-caine.France 3, à 00h15.

Antwone Fisher GA. Drame(2003) de et avec Denzel Wa-shington, et avec Derek Luke(1h55). ��� Bien fait, maisun peu trop didactique.Canal +, à 20h45.Ça se discute «Savons-nousvraiment tout de nos enfants ?».Magazine.France 2, à 22h40.

Jeudi 14 octobreDiane femme flic «Sous in-fluence». Téléfilm avec IsabelleOtero.TF1, à 20h55.Envoyé spécial : «Disparues del’Yonne : Errance ou conniven-ce», «La France chante». Maga-zine.France 2, à 20h55.Vidocq GA. Policier (2001) dePitof, avec Gérard Depardieu,Guillaume Canet (1h34). ��Un film d’effets spéciaux épui-sant et inesthétique.France 3, à 20h55.

Les sœurs Brontë GA. Drame(1979) de André Téchiné, avecIsabelle Adjani, Isabelle Hup-pert, Marie-France Pisier, PascalGraggory (1h45). ��� C’esttrès beau et magnifiquementinterprété, mais on reste un peuà l’extérieur des personnages.Arte, à 20h45.Gloire et fortune, la grandeimposture «Le piège (1)». Di-vertissement.M6, à 20h50.Soupçons (3 et 4/8) : «Unecoïncidence troublante», «Leprocureur joue au plus malin»GA. Documentaire de Jean-Xavier de Lestrade. �� Trèsbien fait, mais inférieur auxdeux précédents épisodes.Canal +, à 21h00.

La vie en face «Les noces deLarbi» J. �� Un documentaire

intéressant, qui montre les pro-blèmes d’identité des immigrésde la seconde génération.Arte, à 22h40.

Vendredi 15 octobreStar Academy. TF1, à 20h55.La Crim’ «Dérapages» GA. Té-léfilm avec Didier Cauchy(0h53). �� Prenant et ner-veux, mais fatigant.France 2, à 20h55.Thalassa «Thalassa prend la mer». France 3, à 20h55.L’héritier GA. Téléfilm avecJean-Baptiste Anoumon, PatrickRaynal (1h30). � Pittoresque,mais très outrancier. Arte, à 20h40.NCIS : Enquêtes spéciales.Série. M6, à 20h50.Janis et John GA. Comédie(2003) de Samuel Benchetrit,avec Marie Trintignant, FrançoisCluzet, Christophe Lambert(2h05). ��� Une comédieburlesque, un peu décalée, maispas toujours bien maîtrisée.Canal +, à 21h00.Soirée thématique «Paris de-dans, dehors»Une nuit blanche. Documen-taire.

Paris, roman d’une ville J.��� Un magnifique hom-mage à la beauté de Paris.Paris périph J. Documentaire.� Pas mal et assez original,mais sans plus.Arte, à partir de 22h15.

Samedi 16 octobreLes enfants de la télé. Diver-tissement. TF1, à 20h55.Patrick Sébastien, 30 ans descène. Divertissement.France 2, à 20h55.Sous bonne garde J. Téléfilmavec Patrick Catalifo, Micky Sé-

T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands AdolescentsA : Adultes

ø : Œuvre (ou scène) nocive� : Élément positif� : Élément négatif

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La Caverne de

l’Agneau

LE ROMAN DU CATECHISIME

Chapitre IXLE DELUGE

PLUS QUE JAMAIS

I l pleut, encore et toujours. L’automne s’est installé.Yann et Nathalie ont accompagné Tante Violaine etOncle Benoît à la réunion hebdomadaire de tout levillage et ainsi ont fait connaissance avec tous leshabitants grands et petits du bourg. Ils ont été

présentés comme membres de la famille et ont découvert qu’ily avait bien d’autres enfants pour leur tenir compagnie. Ilsfont désormais partie de la bande et partagent jeux et décou-vertes. Yann s’est rapidement lié d’amitié avec Kévin, Patrick,Baudouin et Eric. Ils ont sensiblement le même âge. Nathalieest entrée dans le cercle de Lydie, Isabelle, Pauline, Amélieet Sophie, elles sont devenues inséparables.

C’est l’avant dernier jour des vacances. Les enfants se sontréfugiés sous le hangar de la ferme des parents de Baudouin,conscients que s’écoulent les dernières heures de liberté.Yann est déjà allé à l’école, mais Nathalie n’a pas eu le tempsde s’y rendre avant les événements qui ont bouleversé leurvie. Elle est un peu inquiète, même si elle connaît déjà lemaître d’école qui n’est autre qu’Oncle Benoît. Elle se sentinférieure aux autres qui savent déjà lire et écrire. Pourtantpersonne ne s’est moqué d’elle, car ce qu’elle a vécu luidonne malgré tout un certain prestige. Elle a raconté à sesamis comment Yann et elle avaient été sauvés par Simon,et étaient arrivés à la Caverne de l’Agneau. Elle y retournerégulièrement et aujourd’hui, la conversation concerne juste-ment une affirmation qu’elle a entendue de Cyrille.Barthélemy comparait les changements climatiques à unesorte de "déluge" et Cyrille avait répondu : "Non, car dedéluge, Dieu a promis qu’il n’y en aurait plus".

- “Dites, interroge Nathalie, qu’est-ce que c’est qu’undéluge ?”

- “Attends, répond Lydie, nous allons le demander auxgrands”.

Les grands en question sont les jumeaux. Quentin proposed’aller chercher le livre sacré, la Bible, tandis qu’Axellecommence à expliquer.- "Il fut un temps où les hommes devinrent si méchants quedans leurs cœurs, il n’y avait plus de place pour ce qui estbon. Et le Seigneur Dieu décida de tout détruire, car il serepentait d’avoir fait les hommes, les animaux des champs,les reptiles, les oiseaux qui volent, et les bêtes sauvages. Ce-pendant il y avait un homme qui ne s’était pas détourné delui, Noé et sa famille lui étaient restés fidèles. Donc leSeigneur Dieu ordonna à Noé de fabriquer un grand bateauen bois de cyprès, qu’il enduirait de goudron à l’intérieur età l’extérieur, afin qu’il ne prenne pas l’eau. A l’intérieur dece bateau, Noé devait construire des tas de niches, commedes petites maisons, car le Seigneur Dieu voulait sauver unexemplaire de chaque être vivant, exemplaire, c’est-à-direun couple de chaque espèce. Le Seigneur Dieu donna à Noéles dimensions du bateau, indiquant combien d’étages inté-rieurs il devait construire, où devait se trouver la porte,comment le toit devait être posé. Et Noé se mit au travail...

Il lui fallut beaucoup de temps pour réaliser ce que leSeigneur Dieu lui avait demandé. Surtout que personne nel’aidait, tout le monde se moquait de lui, et personne nevoulait croire ce que le Seigneur Dieu annonçait. Ainsi, aulieu de changer leur cœur, les hommes continuaient à seséparer de Dieu sans vouloir revenir. Et puis Noé, sur ordredu Seigneur Dieu, se préoccupa de rassembler des provi-sions pour que tous les occupants de l’Arche puissent avoirà manger pendant leur séjour dans le bateau. Quand tout futprêt, le Seigneur Dieu donna l’ordre à Noé de rentrer dansl’Arche avec sa famille, et Il lui envoya tous les animaux quidevaient être sauvés...”- des lions, des panthères, des tigres, des éléphants, despoules et un coq, des oies et les jars, des brebis, des vaches...- les singes aussi, les chiens, les chats, les hirondelles et lescigognes, les pigeons...

par SAMAEL

36 FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004

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FAMILLES

FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 37

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- les colombes et les corbeaux, les merles, les rats...- tout, mieux qu’un zoo...- tu parles, pour s’occuper de tout cela, quel travail,- et pour maintenir l’ordre, empêcher que les gros nemangent les petits...- Et combien de temps cela devait durer ?

"Quand tout fut prêt, Noé et sa famille, tous les animauxdans l’Arche, alors que les hommes dehors se moquaient deNoé, la porte de l’arche fut fermée, et les écluses du ciel s’ou-vrirent. Pendant quarante jours et quarante nuits, il plut, pasun petit crachin, mais d’énormes averses sans arrêt, quifirent déborder les cours d’eau, transformant tout en torrent,inondations, et le niveau des eaux, partout, se mit à monter.L’arche flottait au-dessus des eaux. Tous les hommes avaientbeau crier, il n’y avait plus rien à faire. Noé ne manquait pasd’occupation, et ses fils non plus, et leurs femmes non plus."

- Oh la la ! Et combien de temps cela a duré ?

- Il a plu comme cela pendant quarante jours et quarantenuits, comme je l’ai dit et toute la terre a été recouverte parles eaux. Il n’y avait plus que l’Arche à flotter. - Alors quand la pluie s’est arrêtée, ils ont tous pu sortir ?- Non, car l’eau a tout recouvert pendant cent cinquantejours. Puis le Seigneur Dieu fit souffler un vent qui asséchala terre, et petit à petit les eaux se retirèrent et l’arche seposa sur une montagne, le mont Ararat. Noé dut attendreencore, et petit à petit les sommets des montagnes appa-rurent. Alors, au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenê-tre qu’il avait faite dans l’Arche et il lâcha le corbeau quicommença à aller et venir jusqu’à ce que les eaux eussentdisparu de la terre. Puis Noé lâcha la colombe, mais la pauvrene trouvant pas d’endroit pour poser ses pattes, revint verslui dans l’arche. Noé étendit la main prit la colombe, et laremit à l’intérieur. Il attendit encore sept autres jours, et denouveau, lâcha la colombe.

(suite et fin du chapitre IX la semaine prochaine)

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ParisParis✔ A l'espace Georges Bernanos,Association "Les Amis de SaintLouis d'Antin", 4, rue du Havre,75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.34,une conférence-débat est propo-sée le 27 octobre (18h30) "Lavie éternelle", Quelle vie aprèsla mort ?, avec le père MichelGitton, recteur de la collégialeSaint-Quiriace (Provins), fonda-teur de la communauté AïnKarem.✔ 14e Marche pour la Vie, le 16octobre. Marche aux flambeaux

de Notre-Dame des Victoires(17h30) au Sacré-Cœur de Mont-martre (20h). Cette marche deprière est ouverte à tous ceux quiœuvrent pour le respect de la vieet la dignité de la personne. Elles'effectue à un rythme permettantaux enfants d'y participer. Uncierge et un livret (prières, chants)sont proposés sur place (4 €).Rens. : Renaissance Catholique,89, rue Pierre Brossolette, 92130Issy-les-Moulineaux, ✆ 01.46.62.97.04, fax : 01.46.62.95.19. Site :www.renaissancecatholique.org

✔ Sarah Maïa, comédienne-conteuse joue avec le public àpartir de Contes d'Amour et deSagesse pour tout public les 10octobre, 21 novembre et 12décembre (16h), à la Médina,72, rue Quincampoix 75003Paris. Places à 10 (enfants) et14 € (adultes), thé et pâtisseriecomprises. ✆ 01.43.31.65.88.AinAin✔ Mieux connaître, pour mieuxtransmettre les trésors iconogra-phiques de nos églises. C'est lebut de la journée deformation

proposée par la PRTL (Pastoraledu Tourisme et des Loisirs), le 18octobre (9h-17h) à la Maison J.-M. Vianney, 29, rue Nodet, 01000Bourg-en-Bresse. Rens/ inscrip-tions auprès de Claude Perdrix,376, rue Convert, 01440 Viriat.Frais 5 et 10 € pour le repas.Haute-SavoieHaute-Savoie✔ Les Religieuses de l'Assomp-tion, Fleur des Neiges, 287, che-min des Granges d'Orsin, 74170Saint-Gervais, ✆ 04.50.93.41.96,fax 04.50.93.49.56, organisentune retraite animée par JacquesGodard avec le père Vaglio"M'aimes-tu davantage ?". Exer-cices spirituels dans l'esprit duRenouveau, du 23 (18h) au 29octobre (17h). Site : www.assomption-ra.org/saint-gervaisLot-et-GaronneLot-et-Garonne✔ Au Foyer de Charité N-D deLacépède, 47450 Colayrac-St-Cirq, ✆ 05.53.66.86. 05, fax05.53.66.10.02, des récollec-tions et retraites sont prévues : du26 au 28 novembre, pour les17/35 ans, "Du cœur blessé jaillitla Vie !", par M.M. Reynaud, lesCommunautés de l'Arche et duFoyer de Charité. Du 29 novem-bre au 5 décembre "Le combatspirituel", "Armez-vous de forcedans le Seigneur" (Ep 6,10), parFernand Sanchez, diacre.MayenneMayenne✔ Jean-Claude Gianada viendraanimer une "Veillée de prières enchansons" dans l'église de Vil-laines-la-Juhel (53700), le 14 no-vembre (à partir de 15h30). Cetteveillée est ouverte à tous, l'entréeest gratuite.✔ Les responsables du C.L.E.R.Amour et Famille proposent unstage le 20 (14h-20h) et le 21novembre (8h30-16h15), à l'ab-baye de la Coudre, sur le thème"Décodimage" : Lire, décoder,comprendre une image et l'utili-ser au service de groupes, animépar Jean-Louis Brousse. Inscrip-tion auprès de Léandre Lavenier,Le bois de la Tirlière, 53210 Ar-gentré, ✆ 02.43.37.33.24.OrneOrne✔ Le centre Spirituel Miséri-corde, 60, rue d'Argentré, 61500Sées, ✆ 02.33.28.79.56, fax 02.33.28.79.60, propose une retraitedu 10 (19h) au 17 novembre (9h),"Devenir en ce monde artisans dela Miséricorde de Dieu", par lepère Jean Carton, s.j.Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ La Maison diocésaine "LesTourelles", 12, avenue de l'Yser,62360 Condette, ✆ 03.21.83.71.42, fax 03.21.92.42.89, organiseune journée de récollection le 12octobre (10h-16h) "Prier avec laspiritualité carmélitaine" avecsœur Martine, du carmel de

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Saint-Martin-les-Boulogne.✔ La Maison diocésaine d'ac-cueil "Ave Maria", 5, La Place,62120 Wardrecques, ✆ 03.21.93.55.48, prévoit une retraitepour tous, du 12 (10h) au 15octobre (17h) sur le thème "L'Es-pérance", avec le père Jean-CyrLe Texier.✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13, une retraite est organi-sée, du 25 (18h) au 31 octobre(15h), sur le thème "Le cœur deJésus, source de notre charité",par le père Michel Tierny. (Ac-cueil des enfants à partir de 4 ans).RhôneRhône✔ Ephphata... Ouvre-toi à la vie :5 jours pour être présent à la pré-sence de Dieu, pour découvrirpar des gestes simples, des exer-cices vocaux la réalité de notrecorps dans la prière. Sessionsanimées par J.P. Prat, diacre etmusicien professionnel, du 7(17h) au 12 novembre (17h).Rens. Communauté des Apôtresde la Paix, ✆ 04.74.26.24.02,Clos Saint-Joseph, 69610 StGenis L'Argentière.✔ Ruah souffle de vie : 2 jourspour apprendre à respirer. Fairefondre nos tensions, retrouvernotre centre vital, notre unitéprofonde. Etre disponible pré-sent, retrouver le silence inté-rieur. Gouter la présence deDieu. Week-end animé parR. Héritier, saxophoniste. Du 20(13h30) au 21 novembre (17h).Rens. Communauté des Apôtresde la Paix, ✆ 04.74.26. 13.71,Clos Saint Joseph, 69610 StGenis L'Argentière.Saône-et-LoirSaône-et-Loiree✔ La Maison du Sacré-Cœur,3 ter rue de la Paix, 71600 Paray-le-Monial, ✆ 03.85.81.05.43,propose une retraite, pour tous,du 11 au 19 novembre "Amouret pardon : chemin de guérison",avec le père Gueydan, s.j. (retraite pour la guérison desblessures intérieures).✔ Une retraite est prévue du 10(19h30) au 15 octobre (14h) "Al'école de Sainte Marguerite-Marie : tout faire par amour","Accomplir la justice, voir labonté et marcher humblementavec ton Dieu" (Mi 6, 8) par lepère Jean-Marie Baguenard.Rens. Sanctuaires, BP 104, 71603Paray-le-Monial Cedex, ✆ 03.85.81.62.22, fax 03.85.81.51.67.Site : [email protected]✔ L’association Entraide, Mis-sion, Amitié (E.M.A. 147, rue duFg Poissonnière 75009 Paris,✆ 06.14.32.20.74. Site : http://

ema2003.free.fr) propose unweek-end sur "Le Credo", à l’ab-baye Bénédictine de Saint Pierrede Solesmes (1 place Dom Gué-ranger, 72300 Solesmes, site :http://www.solesmes.com) les 16et 17 octobre. Pour apprendre,méditer et échanger sur notreFoi. Peut-on dire "je crois" sanscomprendre ? Peut-on dire "jecrois" sans chercher le sens decet acte de Foi ? Peut-on dire "jecrois" et ne pas vivre concrète-ment sa Foi ? Participation auxfrais : 45 €/personne (logementchez les moines et l’intendance(hors frais du trajet).TTararn-et-Garn-et-Garonneonne✔ Les Carmélites missionnaires,centre spirituel François Palau,Notre Dame de Livron, 82160Caylus, ✆ 05.63.67.05.94, fax05.63.24.04.56, proposent unehalte spirituelle le 8 novembre"Les merveilles du Salut à venir",par le père Pierre Del Marco.VVal-de-Marneal-de-Marne✔ Au Monastère de l'Annon-ciade, 38, rue J-F Marmontel,94320 Thiais, l'AssociationJeanne de France vous invite àses journées d'amitié les 10, 11,13 et 14 novembre dans les diffé-rents stands qui vous sont propo-sés (10h-12h et 14h-18h30). Lamesse du 14 novembre (9h45)sera célébrée à toutes les inten-tions.✔ Un pèlerinage "De Jeanned'Arc à Robert Schuman" estprévu les 30 et 31 octobre (Dom-rémy à Scy-Chazelles) "Unevision chrétienne de la politique",pour tous. Les textes du St Pèreseront repris pour mieux com-prendre la vision de l'Eglise surl'Europe. Rens. Saint Jean Edu-cation, Notre Dame de la Con-fiance, 9, avenue du Général deGaulle, 94480 Ablon-sur-Seine.✆ 01.49.61.16.17, fax 01.49.61.17.47. Site : www.sjeducation.orgVVendéeendée✔ Les frères et les sœurs de lacommunauté catholique des Béa-titudes des Sables d’Olonne orga-nisent au sein du Relais Pascal, unweek-end pour les 18/25ans, du15 au 17 octobre, "Qui nousséparera de L’Amour du Christ?".La réflexion abordée sera menéesous l’éclairage de l’EcritureSainte. Elle proposera d’apporterdes éléments de compréhensionface aux doutes que peut provo-quer l’actualité marquée par unerecrudescence de la violence.Rens./insc. : Communauté desBéatitudes, 1 rue du Petit Montau-ban, La Chaume, 85100 Les Sa-bles-d’Olonne, ✆ 02.51.95.19.26.Email : [email protected]

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FRANCECatholique N°2947 8 OCTOBRE 2004 39

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