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  • BIBEBOOK

    STENDHAL

    ROMANS ETNOUVELLES

    Prface de lditeur

  • STENDHAL

    ROMANS ETNOUVELLES

    Prface de lditeur1927

    Un texte du domaine public.Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1151-5

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  • PRFACE DE LDITEUR

    1Bien quil ait crit un certain nombre de rcits courts, Stendhal apparat

    plus laise dans le roman que dans la nouvelle. Il lui faut de lespace pourdvelopper ses beaux dons danalyste et de psychologue.

    Il trouve plus facilement les protagonistes de ses rcits que laction danslaquelle il les doit engager. On a souvent rpt quil manquait dimagina-tion. Il faut toutefois sentendre sur ce singulier grief. Est-ce donc manquerdimagination que de pouvoir, en des centaines de pages, avec la patienceet la minutie quon lui voit, numrer les plus subtiles raisons dagir de seshros et dcouvrir les plus secrets replis de leur cur? Reconnaissons seule-ment quil ninvente pas dordinaire ses sujets, et quil prre reprendre auhasard de ses lectures les thmes gnraux de ses livres et les emprunter, parexemple, quelque vieille chronique ou la Gazette des Tribunaux.

    Son originalit propre consiste alors dvelopper la plus mince anecdote, rendre plausible le fait-divers le plus exceptionnel. Cest l le triomphede sa raison, de sa connaissance intuitive des ressorts de lesprit humain,des dtours de la conscience trouble. Accumulant les petites touches, lesexplications menues, les notations successives et presses, par sa seule force

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  • Romans et nouvelles Prface de lditeur Chapitre

    de dduction sexerant sur ce quil a construit dinstinct, il arrive rendreraisonnables des actions folles en apparence, ncessaires les pripties lesplus gratuites.

    Il part ainsi presque toujours de lobservation du rel, car il a besoin debeaux cas et dexemples illustres pour que son gnie crateur puisse sem-ployer avec un plein rendement. Son invention joue alors dans le sens de sontemprament, et il crit dordinaire les histoires quil aurait voulu vivre outout au moins dont il et aim tre le tmoin. Ainsi stimule, son imagi-nation psychologique, toujours guide par une logique quasi-infaillible, luirvle aisment les pisodes qui peuvent remplir une vie dpendant de tel outel caractre. Linvention dans ce cas est soumise aux seules donnes intellec-tuelles fournies par lauteur. Il ne dpend que de lui-mme et non plus duntexte emprunt. Son art dorganiser un caractre devient, sinon lunique, dumoins le principal architecte de luvre en cours.

    Mais, dans ce rle dexplicateur, Stendhal nest vraiment son aaireque sil peut dvelopper sans gne un rcit de longue haleine. Est-il par ha-sard contraint de se borner comme lorsquil rsume simplement une aven-ture diuse dont il emprunte dlibrment tous les pisodes quelque pr-dcesseur, et comme nous le verrons en user dordinaire quand il crira lesChroniques Italiennes, il ne lui reste plus pour tmoigner de ses dons et deson art dcrivain que sa clart, la hardiesse de son trait, la rapidit dunstyle le plus limpide qui soit. Le nouvelliste chez lui nest donc point ngli-geable; on ne pourrait dire cependant quil soit de la mme ligne que leromancier.

    Do vient donc quen plus dune page de ses nouvelles, Stendhal aeintparfois une hauteur gale celle des plus hauls sommets de ses romans?Cest quil lui arrive doublier, ou presque, la situation traite. Il donne enrevanche tous ses soins ses personnages. Il nous les explique si longuement,ils prennent tant dimportance par rapport lpisode o ils vont jouer leurrle que tout lquilibre du rcit en est rompu. Il semble que lauteur ait alorstrich avec le genre choisi: et lon peut avancer que, dans presque tous lesrcits de ses Romans et Nouvelles, lorsquil nous relient par des analysesdmes o nous reconnaissons partout sa manire inimitable, cest quil napas crit rellement des rcits courts, mais quil nous a laiss des fragmentsde romans.

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  • Romans et nouvelles Prface de lditeur Chapitre

    Il faut mere part le Core et le Philtre qui sont des nouvelles,genre exceptionnel chez lauteur de la Chartreuse. L, sans prparationsou presque, le lecteur est saisi par laction elle-mme, et le tragique le frappedautant plus quil est moins aendu. Mais peu prs tous les autres r-cits du prsent recueil sont dune toute autre nature, et ne montrent plusquexceptionnellement dans leur texture ce raccourci qui est encore une desqualits matresses les plus indispensables de la nouvelle.

    Je pense moins ici au Rose et Vert, uvre inacheve qu Fder parexemple, ou Mina de Vanghel, qui sont des histoires compltes, ou, dumoins, beaucoup plus pousses. Dans lune et dans lautre, lauteur brisele moule du rcit court. Escamotant ou presque les prparations, abolissantles transitions, il ne donne que le squelee de certains passages qui semble-raient, priori, dune importance capitale, et il stend loisir sur dautresscnes quil gone hors de toute proportion. Surtout, il entend moins tirer uneet des dirents pisodes de son rcit que faire connatre, depuis leur pi-derme jusquaux labyrinthes les plus compliqus de leurs centres nerveux,les protagonistes de ses drames.

    Voil bien en eet o aboutit presque fatalement Stendhal, quil ait lin-tention dcrire un roman ou une nouvelle, un rcit long ou un rcit court,il ne sait longtemps se contenir et exposer les faits bruts sans sinquiterbientt de leurs causes ou de leurs rpercussions dans lme de ses person-nages. Il ne se ramasse parfois que pour mieux stendre ensuite, ds quilparvient, dans lhistoire dun tre, ce point culminant qui permet de dcrireles perspectives soudain dcouvertes. Il arrive bien vite, pour son plus grandplaisir, au nud dune intrigue quil croit opportun de dmler avec quelquepatience. Lui-mme, assez souvent, et en particulier dans les notes qui sur-chargent les manuscrits de Lamiel ou de Lucien Leuwen, a souvent insistsur le rle quil ambitionnait au juste de tenir: La premire qualit dunroman doit tre: raconter, amuser par des rcits, et, pour pouvoir amuser lesgens senss, peindre des caractres qui soient dans la nature. Un autre jour,il exposait, et nous gardons dlement ses propres expressions, que raconternarrativement ne saurait le satisfaire, mais quil a toujours cherch ra-conter philosophiquement. Cest--dire quil tche toujours de ramener des sentiments simples et plausibles les passions souvent dconcertantes deses hros. De mme, a-t-il encore avou, les consquences tirer de chaque

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  • Romans et nouvelles Prface de lditeur Chapitre

    anecdote nouvelle et bien prouve forment de bien loin la conversation laplus intressante pour moi.

    Sil fallait au surplus prciser le sens du mot philosophique sous saplume, il ny aurait qu se souvenir quil sen est fort neement expliquen plus dun endroit et particulirement le jour o il a dit: Jamais de r-exions philosophiques sur le fond des choses qui, rveillant lesprit, le juge-ment, la mance froide et philosophique du lecteur, empche net lmotion,or, quest-ce quun roman sans motion?

    Dans tous ses rcits Stendhal poursuit donc avant tout lmotion, maisil y parvient par des voies direntes: tandis que la nouvelle est lexposdune anecdote avec le minimum de commentaires, le roman comporte aucontraire lexplication la plus rationnelle des actes des personnages et dela porte de ces actes. Et l Beyle na qu se laisser aller son penchantnaturel qui est de voir et dinventer des dtails caractristiques. Dans lepremier cas, il est tout sduit par la seule signication dun pisode o sestrfugie cee nergie de lme humaine quil admire tant chaque fois quillui est donn den voir un exemple; mais plus souvent encore il entend aumoyen de ses analyses subtiles montrer cee parfaite connaissance du curde lhomme qui, depuis les lointains enseignements de son grand-pre Ga-gnon, il na cess de tendre avec toute la force persvrante de son ambitionentire. Il peut alors mere en jeu cet esprit danalyse dans laction queM. Bourget a bien signal comme la marque particulire de son gnie.

    2Dans lamas des papiers de Stendhal que possde la bibliothque de Gre-

    noble, on peut dcouvrir, trois endroits assez loigns les uns des autres, despages qui se rapportent au roman dont je reproduis le manuscrit principal,en tte de ce recueil, sous le litre du Rose et Vert.

    Sous la cote R. 5896, tome 12, ont t enfouies quatre pages crites brideabaue par Stendhal, le 18 avril 1837, et intitules: Tamira Wanghen. Ellesappartiennent certainement au premier brouillon de luvre quelles ne fontquamorcer.

    Ailleurs, dans le R. 5896, tome 7, pp. 40-55, sont galement conservs

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    seize feuillets primitivement numrots 3 19, de rcriture dun copiste, maiscorrigs de la main de Beyle le 10 mai 1837, et qui constituent, semble-t-il, unsecond tat initial, dj beaucoup plus pouss. Seules manquent les premireslignes.

    Enn, dans le volume marqu R. 291, les pp. 162 344 renferment unetroisime version de ce mme dbut, mais version poursuivie beaucoup plusloin, et qui contient tout ce que nous possdons ce jour de cet ouvrageinachev. Ce roman, ou plus exactement ce fragment important de roman,commenc le 18 avril, sarrte avec la rdaction du 18 ou du 20 mai 1837.Stendhal semble alors avoir voulu en prendre une sorte de vue densemble:les 21 et 23 mai, il trace les plans successifs de ce quil lui reste encore crirepour achever. Mais, comme nous lavons vu dj pourLamiel, la rexionchez lui rompt llan et jamais plus il ne reprit son rcit. A peine les jours sui-vants y ajouta-t-il quelques trs minces dtails, labora-t-il quelques planssecondaires, et en corrigea-t-il lensemble, Nantes, du 4 au 8 juin 1837. Lelendemain, il partait pour Vannes et abandonnait dnitivement ce travail.

    Lauteur avait pens un moment lintituler: La Rose du Nord. Il navaitpas d toutefois sarrter bien longtemps ce titre. Il le rature et crit au-dessous: Titre prtentieux et plat qui me semblait bon hier. To lake perhapstout simplement Mina ou Mina Wanghen. 5 juin. Puis, en tte du feuillet,et en surcharge, dune criture sans aucun doute postrieure, il trace le titreque jai adopt: Le Rose et le Vert.

    Le manuscrit est en partie luvre dun copiste, mais Stendhal y a ap-port de copieux bquets et force corrections. De nombreux feuillets en outresont entirement crits de sa main.

    Jai suivi textuellement bien entendu ce dernier texte avec toutes les n-gligences qui rsultent du fait que luvre nest souvent quun brouillon h-tif. Et je dois noter que, pour la division en chapitres, les trois premiers seulsont t indiqus par Stendhal et que jai pris la libert de couper moi-mmeun rcit fort compact de faon former les six chapitres suivants.

    Au cours des notes jetes par le romancier dans les marges de son ma-nuscrit et dont je nai pu reproduire que les plus signicatives, on peut d-couvrir avec surprise que si dordinaire Beyle aimait peu George Sand, ilnen tait pas moins un lecteur assez assidu de son uvre. A cee poque, ilsonge constamment Mauprat quil vient de lire et dont il jauge avec clair-

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    voyance les audaces permises. Il y mesure ce que lui-mme pourra peindredans son propre roman qui compte un prtre au nombre de ses personnagesprincipaux, et o il est tout particulirement proccup de ne point tomberdans lodieux. Il entend faire vrai cependant, en se tenant gale distancede la grossiret et de la fadeur. Sil veut prter labb de Miossince, alide la Congrgation, de profondes vises politiques, il nentend pourtant pasnoircir trop sa gure. Le 5 juin, Nantes, il en trace ce portrait qui na pointsa place dans le roman, mais quil serait dommage de laisser perdre, tant ilest rehauss de nes et chatoyantes couleurs: M. de Miossince ntait pointun grand homme et nen avait pas le temprament, mais force desprit, desoins, de combinaisons, en subjuguant, au bout de quelques jours, sa vanitqui plissait trangement les premiers jours, il parvenait faire de grandeschoses, il tait fort loquent et avait beaucoup de succs dans la chaire. Ilest vrai que ce sicle qui sennuie nest pas dicile en ce genre, blmer unprdicateur est souverainement de mauvais got. Labb de Miossince pr-chait dans le genre de Fnelon, force desprit il en contrefaisait la douceur,la suavit et mme la candeur. .

    Si Stendhal na malheureusement pas achev son roman, il a du moinslaiss des plans assez longs et assez dtaills pour que nous puissions nous engurer les derniers pisodes. Nous les pouvons mme imaginer dautant plusfacilement que sept ans auparavant, il avait compos une courte nouvelleintitule Mina de Vanghel, qui ne devait voir le jour quaprs sa mort.

    Le Rose et le Vert et Mina de Vanghel ne sont pas en eet sans quelqueressemblance, au point que lon peut se demander si Stendhal en 1837 nereprenait pas purement et simplement son sujet de 1830 pour le traiter avecde tout autres dveloppements. Le nom de lhrone est peu prs identiquedans les deux uvres, bien, que dun ct, elle soit la lle dun gnral nobleet de lautre celle dun simple banquier, et, si tous les autres personnages sontfort dirents, le sujet succinctement rsum prsente peu de chose prs lamme trame: une jeune allemande excessivement riche se trouve, son premort, sans appui et sans guide. La crainte dtre pouse pour sa fortune etla recherche dun amour passionn qui ne sadresserait qu sa personne laconduisent aux pires excentricits.

    Mais alors que la nouvelle de 1830 tient en cinquante pages, nous savonsquen 1837, Stendhal prvoyait pour son roman deux volumes de 450 pages

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    chacun. Aussi se plat-il bien situer son climat et stendre longuementsur les murs allemandes, sur le caractre de la jeune lle, sur ses rapportsavec sa mre, sur la surprise que leur cause, lune et lautre, le premiercontact avec Paris. Rien de tout cela nexiste dans Mina de Vanghel quicourt tout droit son aventure sentimentale, tandis que les 172 pages queprsente le manuscrit du Rose et Vert ne contiennent en ralit quune sortedintroduction dvelope avec une complaisance innie.

    La vraie parent entre les deux sujets ne se dcouvre rellement queparce que dans les plans qui nous servent pour apporter une conclusion lbauche de ce roman, Stendhal indique comme devant se passer au mmelieu, Aix-les-Bains, une intrigue amoureuse passablement enchevtre et as-sez analogue celle qui fait le ressort deMina de Vanghel. Les deux uvresreoivent ainsi lune de lautre des lumires prcieuses, et nous avons trouvlgitime de ne pas suivre lordre chronologique, mais de donner en tte celleo le dbut est trait d fond et seulement ensuite celle o laventure reoitdes dveloppements normaux, qui forment, si lon veut, un pilogue naturelde la premire.

    Mina de Vanghel a paru pour la premire fois dans la Revue des Deux-

    Mondes du 1 aot 1853, prcde de la nodtie suivante: Nous extrayonsencore cee tude des crits posthumes de M. Henri Beyle (de Stendhal).elques tons un peu crus, que lauteur et sans doute adoucis, ne nousont pas paru en aaiblir lintrt. Lanne suivante, ce petit ouvrage pre-nait place dans lesRomans et Nouvelles. Et, cee mme anne 1854, guraitaussi chez Barba, diteur, dans le grand in-folio deux colonnes pp. 22-28des Romans populaires, illustrs par Bertall.

    elques feuillets dpareills de cee nouvelle existent en manuscrit la bibliothque de Grenoble (R. 5896, tome 8, p. 189-233). Ils appartenaientcertainement la copie qui servit Colomb pour la publication du textedans la Revue des Deux-Mondes. Celui-ci a seulement rcrit en surchargeles mots diciles, corrig les rptitions et quelques-unes des gaucheries destyle qui ont chapp lauteur dans ces pages de premier jet. En parfait ex-cuteur testamentaire, il eut parfaitement raison, en 1853, den agir commeil le t. Ses corrections sont bonnes et vraisemblablement Stendhal les etmaintenues pour la plupart. Pour moi, qui nagis quen 1928, et sans en avoir

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    reu mandat de Stendhal, jai prfr par un scrupule que lon comprendra,rtablir dans cee dition le texte conserv la bibliothque de Grenoble,mme dans ses lgres incorrections. En outre, pour bien montrer le carac-tre improvis que conserve ce conte, jai reproduit en notes les principalesremarques de Stendhal pour son travail mesure quil tablissait son rcit.Ce nest que pour la partie que na pas conserve la bibliothque de Grenobleque jai suivi la version de la Revue des Deux-Mondes.

    Lemanuscrit de Grenoble nous est prcieux encore pour les dates de com-position deMina de Vanghel. Cee nouvelle semble avoir t commence endcembre 1829 et termine le 7 janvier 1830, La correction en a dbut le 7janvier, cest--dire immdiatement aprs lachvement de la rdaction, eta dur jusquaux environs du 15 janvier. Stendhal laurait relue nouveauen 1832.

    Il est plus intressant encore dy dcouvrir la remarque troublante:Traduit librement de M. Ohlenschlaeger, inscrite par Stendhal lui-mmesur un de ses feuillets.

    La question maintenant est de savoir ce que Mina de Vanghel doit, enralit au grand crivain danois Adam Oehlenschlager? Stendhal aurait pule rencontrer. N en Danemark en 1779, prs de Copenhague, o son pretait matre de chapelle, Adam Oehlenschlager commena publier des versen 1803. Il reut en 1804, une pension du roi qui lui permit de voyager enAllemagne et en France. Il habita Paris lhtel de Hollande, rue des Bons-Enfants, puis lhtel des inze-Vingts. Il y crivit Palnatok. Il alla Stu-gart, puis en Suisse o plusieurs reprises, chez Mme de Stael, il rencontraSchlegel, Benjamin Constant, Sismondi, Bonsteen, Zacharie Werner, etc.Aprs un sjour en Italie, il rentra Copenhague o il composa la plupartde ses uvres et o il mourut en 1850.

    Sans doute Beyle ne connaissait pas le danois, mais nous savons queles uvres dOehlenschlager ont paru en allemand en 1829-30, Breslau,chez J. Max, 18 vol. in-16. Stendhal savait galement assez mal lallemand.Cependant nous venons de voir que Mina de Vanghel fut crit au dbut de1830 et il est possible que Mina ait emprunt son thme au pote danois, travers la lirature allemande.

    Un nouveau tmoignage vient conrmer celle hypothse: Adolphe Paupe,dans saVie littraire de Stendhal, parle dunmanuscrit deMina deVanghel,

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    ayant appartenu Cordier, et quil a eu sous les yeux, mais il ne nous aver-tit point si ce manuscrit tait complet o sil ntait pas amput de quelquespages: celles prcisment qui se retrouvent Grenoble. oi quil en soit,le titre portait galement que la nouvelle tait imite dOehlenschlager. EtStendhal aurait ajout en outre que tout le conte danois ne lui fut jamaisconnu que par les critiques adresses lauteur par les Allemands. Un ca-nevas de dix lignes peut parfaitement lui avoir su pour chafauder sonuvre, il en a laiss de plus importantes dont lide premire lui avait tfournie par une anecdote aussi concise, sinon plus.

    Ad. Paupe avance encore que les dernires pages de Mina de Vanghelnauraient t dnitivement crites quen 1836. Cee date permerait daf-rmer presque coup sr que la nouvelle de Stendhal na d emprunter lauteur danois quun trs lche canevas. Et en outre la liation duRose etVert paratrait encore, par le rapprochement des deux dates, plus absolu-ment directe et, sil en tait besoin, plus srement tablie.

    Les Souvenirs dun Gentilhomme italien sont le premier crit roma-

    nesque de Stendhal. Ils ont paru dans la Revue Britannique, fvrier 1826,tome IV, p. 250-283, et nont pris place ensuite en librairie que dans lditionposthume des Romans et Nouvelles chez Lvy, en 1854. Nous suivons ici letexte de la Revue Britannique, le seul que Stendhal ait pu voir et corriger.

    Sur ces Souvenirs dun gentilhomme italien et sur leur gense noussommes trs mal renseigns. Colomb crit dans sa notice: La plus ancienneen date (il sagit des Nouvelles) fut publie par la Bibliothque Britanniquedans sa huitime livraison, fvrier 1826. Elle tait tire du London Maga-zine et portait ce titre: Souvenirs dun Gentilhomme italien. De son ctMiss Doris Gunnell dans son livre surStendhal et lAngleterre indique quethe life and adventures of italian gentleman: containing his travels inItaly, Greece, France, etc., parut dans The London Magazine octobre 1825,pp. 145-173; novembre 1825, pp. 293-335; janvier 1826, pp. 6176; avril 1826,pp. 469-485. Le premier de ces quatre articles, traduit presque en entier enfranais, forme ce qui parut dans la Revue Britannique de fvrier 1826 etfut plus tard rimprim dans les Romans et Nouvelles, en 1854.

    Miss Gunnell sappuie sur Colomb pour aribuer Stendhal les quatrearticles de LondonMagazine. En ralit rien absolument ne vient nous ar-

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  • Romans et nouvelles Prface de lditeur Chapitre

    mer que ceux-ci ont bien Stendhal pour auteur. Il se pourrait tout aussi bienquils soient dun auteur anonyme anglais et que Stendhal se soit contentden dmarquer le premier. Pourquoi en eet aurait-il, sils taient de lui,nglig de recueillir les trois suivants et aurait-il laiss inacheves les aven-tures de son gentilhomme italien?

    Les Souvenirs dun Gentilhomme italien enn ont-ils paru en librairiesous ce titre avant de gurer dans les Romans et Nouvelles? Dans un ca-talogue de la Librairie Michel-Lvy, dat de juin 1855 et insr la n desChroniques italiennes qui parurent cee mme anne, on trouve, p. 8, lin-dication suivante: Bibliothque des Voyageurs, 1 fr. le volume. En vente:DE STENDHAL: Souvenirs dun Gentilhomme italien, 1 vol. Mais quel-quun a-t-il jamais vu celle brochure?

    Nous ne savons absolument rien dautre sur la date de composition du

    Juif qui gure pour la premire fois dans ldition posthume des Nouvellesindites, en 1855, que ce que nous en dit le petit avertissement dat de Trieste,les 14 et 15 janvier 1831. Sans doute Stendhal consul tout neuf devait sen-nuyer passablement dans sa rsidence, il lavoue cor et cri dans sa Cor-respondance. Aussi recourut-il son drivatif ordinaire: il crivit.

    Le Core et le Revenant est repris ici daprs la version de la Revue deParis,mai 1830, tome XIV, pp. 80 104. Le conte na paru ensuite en volumeque dans lesMlanges dart et de littrature, en 1867.

    Nous nen saurions pas davantage si M. Jacques Boulenger navait d-couvert aux marges dun prcieux exemplaire desPromenades dans Rome(cf. Candidature au Stendhal-Club, Le Divan, 1926, pp. 135-137) que Sten-dhal lut ce conte Mrime le jour de Nol 1829, et que le 25 avril suivant ilen envoyait la copie M. Vron, directeur de la Revue de Paris. Sur ce mmeexemplaire annot Stendhal avait encore ajout:

    Le Core, 6 mai 1830, arrangements pour la vertu. Aprs: voix convul-sive, Sortez! jajoute: tout lclat de la plus pure vertu brillait dans ses yeux.Aprs: tout son devoir, il y avait: volupt, fut tout son devoir et aprsune lutte de quelques minutes Ins fut lui, je retranche ce qui est soulignici. Je retranche: tu las voulu lui dit-elle, je suis damne, tu veux la mortde mon me

    Et ailleurs: Ins dans le core. Revue de Paris N portrait of the Grn

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    n 2, chang uniquement ce quil fallait pour quelle ne soit pas reconnue.Jai mis une feuille dans lexemplaire de la Revue de Paris. Elle ma envoyune rose blanche, donc elle est contente. Le Core nest quune faible Trsvraisemblablement faut-il reconnatre ici que la comtesse Curial a servi demodle Stendhal.

    Et ces petites dcouvertes qui dj nous sont prcieuses permeront peut-tre den faire un jour de plus grandes.

    Stendhal avait en 1830 donn le Philtre la Revue de Paris o on letrouve au tome XV, pp. 24 40. Cest l que je me suis report pour lta-blissement de mon texte. Ce conte a ensuite t publi pour la premire foisdans les Chroniques et Nouvelles, la Librairie Nouvelle, en 1855. Ldi-tion Lvy ne la repris son tour quen 1867 dans les Mlanges dart et delittrature.

    Le Philtre serait imit de litalien de Silva Malaperta.Le manuscrit du Chevalier de Saint-Ismierse trouve aux pages 102

    161 du volume de la bibliothque de Grenoble cot R. 291. Il est crit trsproprement de la main dun copiste et corrig par Stendhal. Il porte uneseule date: 22 avril 1839. Est-ce celle de la composition, celle de la copie,ou celle de la correction? Nous ne le savons pas, mais il est vraisemblableque composition, copie et correction ont d se suivre de trs prs et que noussommes ainsi trs susamment xs sur la date o ce morceau inachev futimagin et crit.

    Le fragment entier a t publi dans laRevue Bleue des 7 et 14 d-cembre 1912 par les soins de M. Fr. dOppeln-Bronikowski. Jai bien en-tendu collationn son texte avec le manuscrit de Grenoble et cest pourquoidans quelques endroits ma version est assez dirente de la sienne. Je naiconsenti, quant moi, sous aucun prtexte laguer ou corriger le manuscritoriginal.

    Nous ignorons la date de composition de Philibert Lescale. Cee nou-velle na t connue quaprs la mort de Stendhal et fut publie en 1854,dans les uvres compltes de Stendhal, au tome des Romans et Nouvelles.Colomb lavait auparavant donne dans le Diable Paris: Paris et les Pari-siens, chez Hetzel, en 1846. Il y avait joint la note suivante: Cee nouvelleindite, dun des esprits les plus originaux de notre temps, fait partie de nom-breux manuscrits qui sont entre les mains de M. Colomb, ami de M. Beyle et

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  • Romans et nouvelles Prface de lditeur Chapitre

    son excuteur testamentaire. Parmi ces manuscrits, beaucoup sont achevset forment une suite trs pr-cieuse aux uvres de Beyle (de Stendhal), dontnous prparons en ce moment une dition complte.

    Il est fort probable que limpression chez Hetzel eut lieu sur le manuscritde Stendhal ou sur la copie trouve dans ses papiers, aussi est-ce sur ceedition que jai revu mon texte.

    Feder, le mari dargent parut pour la premire fois dans les Nouvellesindites chez Michel Lvy, en 1855. Mais on trouve dans les manuscrits deGrenoble, sous la cote R. 5.896, tome 7, des pp. 21 34 une douzaine defeuillets dpareills crits de la main dun copiste et corrigs par Stendhal.Ce sont les feuillets 6, 9, 11, 12, 17, 22, 42, 51, 54, 57, 65, 98 et 242 de cee co-pie. Il ne semble pas douteux que ces fragments appartenaient au manuscritqui a servi ldition des Nouvelles indites. Colomb a rcrit dans linter-ligne les mots diciles. Evidemment, cee copie nest pas fort loigne dutexte imprim dans les Nouvelles. Cependant quelques rptitions ont tvites, le mot propre a remplac parfois un terme un peu vague, quelquespassages ont t condenss. Mais cest que le terme vague avait t soulignpar Beyle lui-mme ou quen marge il avait not: longueur. Le travail deColomb semble donc, comme toujours, avoir t excellent et lgitime. Pour-quoi, sans le suivre partout, ai-je cependant rtabli dans ma version le texleexact des quelques feuillets, conservs la bibliothque de Grenoble? Cestque ce texte appartient srement Henri Beyle et quautant quil mest pos-sible jentends agir ici envers lui avec autant de scrupule que de tendresse.on mexcuse de le rpter ainsi chaque page de cee prface, et danschacune des prfaces de cee nouvelle dition des uvres de Stendhal, maismon plus constant souci, au cours de ce travail minutieux mais accompliavec joie, est de ne pas plus abuser le lecteur que de trahir lauteur.

    Henri MARTINEAU.

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  • Une dition

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    Achev dimprimer en France le 11 juin 2015.