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ULUSLARARASI MÜSLÜMAN- DiYALOG SEMPOZTIJMU II VE KAYNAKLARINDA HZ. 23-24 EYLÜL 2005 Sempozyumun yer: Saint Etienne Misafirhanesi konferans salonu sok., n.: 8, 34800 Tel.: 0212.573.85.54 VE MARMARA F AKÜL VE KAPÜSYEN KATILIMI 2

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ULUSLARARASI MÜSLÜMAN- HIRİSTİYAN DiYALOG

SEMPOZTIJMU

II

"İSLAM VE HIRİST!YAN KAYNAKLARINDA HZ. İSA"

YEŞİLKÖY 23-24 EYLÜL 2005

Sempozyumun yapıldığı yer: Saint Etienne Misafirhanesi konferans salonu

Cümbüş sok., n.: 8, 34800 Yeşilköy İstanbul

Tel.: 0212.573.85.54

İTALYA-ROMA VE MARMARA ÜNİVERSİTESİ İLAHİYAT F AKÜL TESİ PROFESÖRLERİ

VE KAPÜSYEN RAHİPLERİNİN KATILIMI İLE DÜZENLENMİŞTİR

2

LA CHRİSTULU<;İE DES PERES

PROF. İU.Ri.-\ MORALİ

2005 YILI SEMPOZYUi\IU

La Christologie des Peres a ses racines profondes dans la Christologie du NT dont je voudrais souligner deux point essentiells pour comprendre les peres. Et puisque leurs efforts d'abord se concentrent surtout sur le theme de l'identite du Christ, il est done impossible de proceder a une explication synthetique de leur pensee sans connaitre au moins certains elements de sa base scripturaire.

C'est pourquoi, d'abord, nous nous introduisons cet expose en donnant quelques indications, tres generales sur la Christologie biblique, ou je soulignerai surtout le theme de l'identite de Jesus dans !es Evangiles synoptiques.

I

Elements de Christologie biblique

1.1 L 'identite de Jesus comme question posee a ses disciples

Le theme de l'identite du Christ est traite tres souvent et directement dans !es pages des Evangiles. Le recit des actions des paroles et des attitudes du Christ est deja une description de son identite ; cependant, il y a des episodes qui touchent de plus pres a ce sujet. Je rappelle ici !es Tentations au desert («Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains»- Mt 4, 3); la marche de Jesus sur les eaux («Vraiment tu es Fils de Diezw- Mt 14,33); l'exclamation du centurion et des hommes qui assistent a la mort du Christ ( « Vraiment celzti-ci et ait jils de Diew> ); le demoniaque gerasien qui crie contre Jesus («Que me veux-tu, Jesus, Fils de Dieu, Tres Haut?»- Le 8, 28); l'affırmation deNatanaelen Jean («Rabbi, tu es le Fils de Dieu .... » - Jn 2, 49) ou de Marthe («O u i, Seigneur, je crois que tu es le Clırist, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde» - Jn ll ,27).

La question de l'identite du Christ est parfois posee d'une façon interrogative. Il y a des exemples a ce sujet: Jean-Baptiste, en prison, envoie ses disciples a Jesus pour lui dernander: «Es-tu celui qui doit venir Ol/ devons-nous en attendre un autre?» (Mtll,3); de meme a Nazareth !es compatriotes de Jesus, lorsqu'il visite son village, se demandent: «Celui-la n'est-il pas le jils du clımpentier ?» (Mt 13, 55).

Mais l'episode le plus signifıcatif en ce sens est le recit des Synoptiques (ainsi defınis a cause de leur proximite litteraire) de la Confession de Pierre a Cesaree de Philippe (Le 9,18-21; ll Mt 16, 13-20; ll Mc 8, 27-30): ici, l'identite du Christ se pose comme question dans la communaute meme des disciples.

Arrive dans la region de Cesaree, le Seigneur Jesus Christ pose a ses disciples une question diffıcile: «Qui suis-je, au dire desfoules?» (Le 9,18).

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Ccst done dans un contcxtc ele farniliarite. entre fvlaitre ct clisciplcs. quc commencc a sc cleroulcr la rcponse <'ı cctte intcrrogation trcs complcxc. car dans le foncl il y a aussi !es opinions du monde.

Au niveau chronologique, la question est posee par le Maltre avant le premiere annonce de sa Passion, done a un moment exaltant de la vie de la primitive coınmunaute, marquec par des mirades et des succes apostoliques comme nous pouvons le remarquer en lisant, par exemple, le chapitre 8 de Luc, anterieur · a cet evenement.

D'autre part, le recit de cet episode a ete compose apres la Resurrection, c'est-a-dire dans «le temps post-pascal », done a la lumiere des evenements qui ont suivi la Passian et la mort de Jesus Christ, lorsque !es disciples peuvent vraiment comprendre en sa profoneleur la signification des enseignements du Christ103

Au niveau textuel, le Christ pose, en realite, cette quı;stion deux fois: • la premiere, que nous venons de citer, elle touche evidemment !es opinions

communes, dont !es disciples donnent !es principales orientations. A ce sujet, qui ne !es concerne pas personnellement, !es disciples repondent, sans difficulte : «Ils repondirent: «Jean Baptiste; pour d'autres, Elie; pour d 'autres, un des anciens proplıetes est ressuscite» (Mc 8, 28).

• un deuxieme foi lorsque le Christ interroge ses disciples directement, leur demandant de prendre personnellement position : «Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ?».

Pierre est seulement pret a repondre, tandis que St;!S compagnons se taisent. Il reponci a Jesus : en Luc en confessant «Le Clırist de Diezw (Le 9,21 ), en Matthieu, en disant «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» ( Mt 16, 17) et, en Marc, en affirrnant : «Tu es le Clırist» (Mc 8,30).

C'est, de toute façon une veritable affirrnation, soulignee par le Seigneur lui-meme: «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette revelation t 'est vemte, non de la clıair et du sang, ma is de mo n Pere qui est dans le cieux» (Mt 16, 18).

Cette louange que le Christ adresse a Pierre nous amene a faire attention a deux points :

103 A travers la lecture de ce recit, on peut done apercevoir le deux moments originels de la foi chretienne : le moment pre-pascale ou la foi des disciples est encore superficielle et fragile et doit comprendre que la mission du Christ doit passer par la croix et la souffrance, et done l'echec; le inoment post­pascal, ou les disciples relisent le chemin avec le Seigneur a posteriori, en comprenant finalement 1' essen ce de sa mission et la pleine signification de sa personne.

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e Les gens du commun interpretent la personne de Jesus en recourant aux scheme traditionnels. tandis que Pierre. bien qu"enracine dans la meme culture. est capable d'aller au-de la de cette vision humaine et chamelle de son maltre.

e Dans cette exclamation, toutefois, Jesus met en evidence le fait que la sagacite de Pierre n'est pas a attribuer a un pur bon sens, mais il s'agit de quelque chose qui surpasse l'humain: l'affinnation de Pierre est, au sens vrai du tenne, l'effet d'une revelation. Une verite revelee signifie qu'elle vient d'en-haut, de Dieu le Pere, et que l'homme, ne pourrait pas, par ses seules energies mentales et ses seules forces, rejoindre tout seul cette verite, qu'il reçoit et confesse.

On peut done resumer ainsi cette premiere etape: l'identite de Jesus est une revelation. Elle n'est pas le produit d'une canception humaine. Les disciples sont appeles a rendre temoignage de cette identite et leur temoignage c, est la reponse qu'ilS apportent a cette revelation.

1.2 Premieres formulations christologiques neotestamentaires

a. Titres Dans tous les episodes evangeliques qui ont ete cites, nous avons vu que

pour definir l'identite de Jesus, on fait recours a des titres: Seigneur, Christ, Fils de Dieu ete.

Nous observons la meme tendance dans les Epitres pauliniennes et dans les Actes des Apôtres. Paul dans l'Epitre aux Philippiens, utilise, par exemple, la formu le : Jesus est le Seigneur (Fil 2, ll), tandis que dans la ıere Ep itre de Jean, on trouve 1' expressian Jesus est le Christ ( 1 Jn 2,22) et , dans le ch. 8 des Actes, on a la formule : Je crois que Jesus est le Fils de Dieu.

Les etudes faites a ce sujet nous disent qu'il s'agit de formulations de foi en miniattire, de confessions qui definissent l'identite de Jesus de Nazareth.

Chaque expressian met en relief un aspect essentiel de son identite. Sans vouloir entrer dans une explication de chacun de ces titres, nous indiquons ici certains elements qui peuvent nous aider a comprendre leur function

1) Kyrio/04 C'est le titre qui est au centre de ce qu'on appelle la christologie de l'exaltation: apres l'abaissement, Jesus est retabii dans ses prerogatives divines. L'hyrnne aux Philippiens temoigne de cette verite 105

104 R. SCHNACKENBURG, Cristologia del Nuovo Testamento, 327.Cfr. A. PERETIO, Lettera ai Filippesi, in AA. Vv.,Le lettere di Paolo, Cinisello Balsamo (Milano): Ed. Paoline 1985,372-375.

137

2) Krislos 1"": Jesus est. dans sa personne. l"oint de Dieu. c·esH'ı-dire celui

qui vient accomplir toutes les promesses de l'alliance entre Dieu et l'humanite. 3) Ui6s Tlu:!ou 1117

: Le titre signifıe la position que le Christ occupe dans ses rapports a l'interieur du mystere de Dieu108

. Du point de vue de la Revelation. il nous revele le Pere.

105 Phil 2, 5-11 : :«Ayez entre vous !es mbnes sentiments qui sont dans le Clırist Jesus. Lui, de la condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l 'egalait a Dieu. Ma is il s' aneantit lui-meme prenant condition d' esclave et devenant semblable aux lıommes .... que tout, au nom de Jesus, s'agenouille, au plus lıaııt des cieux, sur la terre et dans !es enfers, et que toute langue proclame, de Jesus Clırist, qu 'il est Seigneur, a la gloire de Die u le Pere ... ». 106Les chretiens lisent ce titre dans un sens purement religieux: Krist6s, c'est celui qui donne la remission des peches (At 2,38;3,19; 5,31). La route messianique chretienne implique 1' action terrestre de Jesus, mais aussi le passage a travers lamort pour rejoindre l'exaltation. Ce titre christologique se trouve 535 fois dans le NT, sous differentes formes: Jesoıls-Crist6s,

Krist6s-Jesoıls, Krist6s-Kyrios o, piu simplement, Krist6s (cfr. B.-SESBÖUE, Histoires des Dogmes, I, 112. 107 Jesus ne se definit pas lui meme Fils de Dieu, mais il utilise au regard du Pere l'expression Abba , 'papa' qui atteste une relation filiale avec Dieu le Pere. Ce titre est present dans les Synoptiques dans plusieurs contextes solernnels et theophaniques comrne le Bapteme (Mt 3,17; Mc 1,9-10; Le 3,21-22;), la Transfiguration (Mt 17,1-8; Mc 9,2-8; Le 9,28-36). Le terme Fils de Dieu atteste aussi la preesistence du Verbe: cfr. Ga 4,4. 108 Le titre Fils de Dieu ne doit pas etre confondu avec celui de Fils de l'homrne. R.Fabris ecrit a ce propos: <<Alla sua origine sta l'uso che Gesıl st es so ha fatto di questa fonnıtla per esprünere il suo originale rapporto co n la storia e il destino degli uonıini, nonche il suo unico ed eccezionale ruolo ne! piano salvifico di Dio. La conferma di questo sta nel fatto che l'espressione ''figlio dell'uonıo" non e docunıentata al difuori dei vangeli, e n elle stesse fonti evangeliche e quasi sempre U/1 'autodesignazione di Ge sıl. La tradizione cristiana puo aver esteso e riletto questa singolare fomıula alla lu ce della fede pasquale e in rapporto alla situazione conflittuale in cu i si trovano a vivere i cristiani, che so1zo associati al destino di Gesıl. [ ... ] .. con l'espressione originale "Figlio dell'uonıo" la ıradizione cristiana ha trascritto la sua fede cristologica che proclama Gesıl nel suo ruolo di mediatore unico e definitivo, sottolineando la sua duplice reZazione con il mondo stm·ico ımıana e con Dio. Alla base di questa fonnıtla cristologica,

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-+i /ıfunugene./"''- Lo.: ıiıre ::...: rdl:r..: a ı aııırıııatiuıı d..: i"uni..:iıe ..:ı rexclusivite du lien entre Dieu. le Pere. et .lesus lui-meme.

Deux observations sont iı faire ici " la premiere : Ces titres ont ete toujours davantage utilises par les chretiens

comme etant le nom propre de Jesus.Il est interessant de remarquer que, dans l'Eglise apostolique. faire quelque chose 'au nom de Jesus Christ' signifie agir par sa personne : croire (3, 16), baptiser (Ati 0,48), precher (At 1 0,36), guerir (At 4,8) ' en son n om', bref agir par la mediation meme du Christ. Il est personnellement present avec son activite salvifique dans le monde par la personne de ses disciples. Cela a des consequences theologiques tres importantes: je signale, par exemple, l'expression theologique 'in persona Christi' qui concerne I'action du pretre dans l'acte de consacrer I'Eucharistie. C'est le Christ qui consacre.

" la deuxieme : On do it enfin faire remarquer que, lorsqu' on affirme que Jesus est le Seigneur, ou que Jesus est le Christ ete., on etablit un Iien d'identite : ce 'est' exprime la parfaite identite entre Jesus de Nazareth et le Ressuscite, entre Jesus qui a souffert et est mort et celui qui est assis iı la droite du Pere. Et, en meme temps, on veut aussi dire : celui qui possede la puissance et qui etait present lors de la creation du monde, c' est le Verbe incarne, Jesus Christ. Le theme de l'identite est ainsi souligne, au lendemain de la Resurrection.

b. Kerygme A côte de ces formules tres simples et breves, nous avons le kerygme ou

annonce: il s'agit d'un texte plus detaille, une sorte de somrnaire, qui proclame l'identite du Christ, mais iı partir des evenements qui le concernent. Il s'agit de somn1aires de la foi, destirres iı la catechese etiıla predication110

. Dans le NT nous trouvons plusieurs exemples de ce kerygme.

tipicadella ıradizione evangelica, si deve ammettere l'autopresentazione che Gesz't ha fatto di se e della sua missione ne! contesto della tensione e del conflitto che si sona conclusi tragicamente can la sua mart e in croce. » R. FABRIS, Gesz't Cristo, in: NDTHB 616-617. 109 L'Evangeliste Jean est le seul qui applique ce titre a Jesus. Il veut par la souligner la relation pearticuliere qui subsiste entre Jesus et Dieu, le lien exclusif et unique, mais aussi I' egalite de nature (cfr. Gv1,18). 11° Cfr. J.N. KELLY, I simbaZi di fede della chiesa antica. Nascita, evoluzione, usa del credo, Napoli: Edizioni Dehoniane, 1987, 16-17.

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Par excıııple: 1 Cor 15. l-tı (ct!·. ;ıııclıc Rm i.3. Il Tim 2.8): «)e ro us rappe/le. ji·eres. 1 'Enmgile que Fo us C/Fe: reçu et dans lequel ı·ous

demeure:fennes, parlequel aussi ro us m us sa u re::, si vous le gm·de::: tel que je ı ·o us /'ai annonce; sinon vous aurie: cru en vain. Je vous ai done transmis en premier li e u ce que j 'ava is moi-meme reçu, a savoir que le Clırist es/ mor/ po ur n os pec/u?s se/on /es Ecritures. qu'i/ a ete mis au tombeau. qu'i/ e st ressusci/e le troisieme jour se/on /es Ecritures, qu 'il est apparu a plus de cinq cent s ji'eres a la fo is ... ».

On voit bieıı que le kerygme est objet d'une 'tradition' c'est-a-dire d'une transmission par !es apôtres aux generations suivantes. Les fideles qui reçoivent, par !es apôtres, ce temoignage, sont appeles a leur tour a le transmettre aux autres tel qu'ils l'ont entendu et reçu. Dans ce recit paulinien on voit bien aussi le soin mis pour la sauvegarde du contenu transınis, mais aussi l'insistance sur la conformite aux Ecritures : !es evenements de la vie du Christ accomplissent ce que !es Ecritures avaient pre- annonce.

Finalement, la clıristologie primitive, constituee surtout par des titres christologiques et des formulations kerygmatiques, a toujours eu une dimension confessante. Cela repond iı la volonte meme du Christ, comme nous avons vu dans le recit de Cesaree. Le chretien est appele par Jesus Christ iı rendre temoignage de la revelation de son identite. Voiliı 1 'heritage sur lequel !es Peres vont batir leur christologie.

II

Le Christ et les Peres

2.1 Croire en Jesus Clırist a 1 'age des ?eres.

Je voudrais ici, en premier lieu, signaler un particulaire aspect de l'atmosphere dans la quelle !es Peres agissent alors. Ensuite, bien que tres en general, je voudrais exposer certaines lignes de leur Christologie111 et indiquer !es genres litteraires par lesquels leur doctrine christologique a ete exposee.

Nous limitons notre attention aux seuls premiers cinq siecles de !'age patristique, car c'est la periade de temps ou la ret1exion christologique connalt un grand developpement de temps et jette !es bases de toutes !es etapes suivantes.

111 Cfr. CH. DUQUOC, Clıristologie. Essai dogmatique, I: L'Homme Jesus, (Cogitatio Fidei 29) Paris: Les Editions du Cerf 1968,282-328 ; J. MEYENDORFF, Le Clırist dans la tlıeologie byzantine, (Bibliotheque oecumeııique 2), Paris: Les Editions du cerf 1969 ; A. GRiLLMEİER, Clırist

in Christian tradition From the Apostolic Age to Clıalcedon (451), London: Mowbray 1965.

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:!.:: Lı:s ı:rrı:urs dı:s iu!n!tiljues et !ı:.1 inıJllietude.\ dı:s P!:re.1

La chretiente des premiers siecles vit dans un etat nıinoritaire par rappon au monde qui l'entoure. Ce monde est habite par des paYens et des juifs. Les convertis viennent de ces mandes et. pamıi eux. il y en a qui ne renoncent pas vraiınent a leur passe. D'autre part, ceux qui refusent I' annonce chretienne posent des objections tres graves : pamıi eux. il y a des philosophcs et des intellectuels qui critiquent ou nient l'origine divine du Christianisme.

Les fommles que nous avons appris du NT montrent une grande simplicite et, en meme temps, une grande profondeur de pensee, mais dans !es siecles des Peres, 1 'exigence de contimıer a approfondir la comprehension de la doctrine biblique se double toujours davantage de la necessite de la defendre cantre des fausses interpretations. Beaucoup des heresies naissent lorsque !'un des convertis eberche a modeler l'identite du Christ selon l'idee palemıe oiı juive de divinite. Tres souvent, !es heretiques sont des gens qui pensent suivre la verite du Christ, tandis que leur effort d'adaptation est une reduction ou une deformation de l'identite du Christ. lls ont des partisans, ils forment des communautes qui se disent 'chretiennes'.

A cette difficulte qui nait a l'interieur de l'Eglise, il faut ajouter, la critique des adversaires a 1' exterieur des communautes et aussi la ten ta tion, que connaissent certains mouvements, de meler elements paYens et chretiens dans un nouveau systeme religieux pseudo-chretien. C'est, par exemple, la tendance gnostique.

De toute façon, les heresies temoignent de la difficulte qu'il y a a entrer dans une logique de foi et de la tendance a nier la verite de la divino humanite du Christ par des negations qui oscillent entre les deux palarites de cette identite : en refusant o u bi en la divinite du Christ o u bi en 1 'humanite du Christ.

Par exemple, ceux qui nient l'incamation voient dans le fait que Dieuse fait homme une contradiction avec la transcendance de Dieu. Pour adapter la foi chretienne a leur vis i on, !es partisans du Docetisme (Ilcme si eel e) affirment que l'humanite du Christ est pure apparence.

D'autre part, a l'oppose, I'Adoptianisme (Ileıne siecle) nie la divinite du Christ, affirmant qu 'il ne serait qu 'un 'fils adoptif de Dieu, mais non reellement son Fils.

Une des fonnes !es plus developpees de cette negation de la divinite du Christ est l'heresie arienne (IVcnıc siecle) qui ne reconnait pas au Verbe de Dieu la realite d'etre Dieu au meme titre que le Pere 112

A travers !es siecles, !es heresies deviennent toujours plus complexes : il suffit de considerer ici le le nestorianisme et monophysisme (Yeme siecle) : le premier introduit une separation dans la personne du Christ tandis que le deuxieme m et en tre parentheses I 'humanite du Christ . 113

112Cfr. DUQUOC, Clıristologie. Essai dogmatique, I , 283-289. 113 Cfr. DUQUOC, Clıristologie. Essai dogmatique. I , 293-299.

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Pour paraphraser une expressıon de lyrılle d Alexandrıe. on poumıit dire. abstraction faite des ditTerences. que ımıtes ces tendances heretiques tombent dans la meme erreur: «diviser en deux f'zmique Clırist ... introduisant en tre fes deux element s wıe separation brutale» 114

• o u bi en m eler la divinite du Christ av ec son humani te a tel point qu'il n'est plus possible de distinguer !es deux.

C'est pourquoi la christologie des Peres se caracterise par l'effort qu'ils deploient de refuter ces erreurs, animes qu'ils sont par trois grandes inquietudes et priorites:

• defendre la verite du Christ: il ne s'agit pas, pour !es Peres, de defendre une idee, mais, au contraire, de sauvegarder la personne meme du Christ. L'iime de cette defense, c'est plutôt leur amour pour la Personne meme de Jesus.

• fixer des formulations precises pour assurer que leurs communautes demement fideles a la foi en Jesus Christ. C'est encore le desir de relier intimement la vie des hommes ala personnede Jesus.

• laisser parler Jesus Christ meme a travers leur explication des Ecritures pour former le Christ dans le coeur de leurs fideles chretiens 115

2.3 Les traits daminan/s de la Christologie des Peres

Puisque la doctrine des Peres est trop riche pour etre ici presentee integralement, je prefere envisager c~rtaines lignes directrices qui peuvent nous donner une vue d'ensemble de leurs conceptions:

a. Le Christ e la Parole : un seul meme etre

«le pense que /es quatre evangiles sont comme /es e/ements de la foi de /'Eglise», c'est une affirmation d'Origene (neme siecle). Dans cette immense estime que les Peres manifestent pour l'Ecriture, nous decouvrons leur volonte de rester enracines dans leur foi et aussi dans leur explication sur l'identite du Christ. C'est lui qui parle a travers !es Ecritures116

• Dans la visian origenienne, nous decouvrons que l'iime de ce lien, c'est le Christ lui-meme: «car le Christ et la Paro/e son un seul et meme etre»117

114 CYRiLLE D' ALEXANDRİE, Deux dialogues christologiques,679b, (Sources Chretiennes 97), Paris : Les Editions du Cerf 1964, p. 195. 115 «La premiere preoccupation du predicateur est done avec le secoıa·s de la grace, de resterfide/e a cette Parale dont il ne doit ni evacıter la profondeur ni ta i re le s exigences» ; Homelies sur l 'Evangile de Sailıt Jean 73a, Introdution, Etudes Augustiniennes, 1988, 79. 116 ORiGENE, Commentaire sur Sailıt Jean, I, IV 21, (Sources Chretiennes 120), Paris : Les Editions du Cerf, 1966, p. 69. 117 ÜRİGENE, Conımentaire sur Saint Jean, I, XXXVII, 269, p. 195.

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D'autre part, lorsque Origene dit qu'«A partir de ces textes imıombrab!es qui le concernem, il sera possible de montrer commem Jesus est zme multitude de bien ... » il met en relief le fait que !es Ecritures ont aussi une fonction probatoire de la foi en Jesus Christ 118

b. L'unite de la Personne du Christ, condition du Salut

Face aux theses heretiques qui detruisent l'unite dans l'identite du Christ, l'effort des Peres est de clarifier et de defendre !'union des deux natures dans la meme personne. Hilaire de Poitiers, dans son commentaire a l'episode de Cesaree de Philippe selon le recit de Matthieu, montre comment on ne peut pas introduire de separation dans l'identite du Christ, sans detruire la realite meme du salut: «car 1 'idee poursuivie par la confession de fo i, c 'est qu 'on n 'oublie pas qu 'il est Fils de 1 'ho mm e, com me il est Fils de Dieu, parce que 1 'un de deux te rm es sa/lS 1 'au tre n 'apporte au cu n es po ir po ur le salıtt>/ 19

c. Le Christ, trait d'union entre Creation et Redemption

Les Peres s'interrogent beaucoup sur le motif de l'Incamation en montrant comment l'Incamation reponda la volonte meme de Dieu de sauver,dans sa bonte, l'humanite creee par Lui meme. Il y a done dans leur doctrine christologique, la certitude que l'reuvre de la Creation est accomplie par l'reuvre de la Redemption. A ce propos, Athanase d'Alexandrie, dans son revrage sur l'Incamation, fait une comparaisan : Dieu se comporte comme un roi qui a construit une maison. Lorsqu'elle est attaquee par des brigands «il ne f'abandonne d'aucune maniere, mais la defend comme sa propre amvre et il assw·e son salıil, sans regarder a la negligence des habitants, mais ason propre lıonneur» .

Cet exemple le conduit a la conclusion: «A plus forte raison, Dieu, le Verbe du Pere tres bon, n 'abandonna pas le genre hımıain, son reuvre tombee dans la corruption; mais il effaça, par l'offrande de son propre cmps la mart qui s 'etait attachee a eux, il corrigea leur negligence par son enseignement, il restaura toute la

d . . _J h . 120 co n ztıon u es om m es par sa puzssance»

d. Christ, le redempteur de l'homme

Gregoire de Nysse, en exposant le motif de l'Incamation, affirme: «f'homme tombe avait besobı de celui qui le re/eve; celui qui avait perdu la vie

118 ÜRİGENE, Commentaire sur Sabıt Jean, I, X 60, p. 91. 119 HiLAİRE DE POİTİERS, Sur Mattlıieu, t.II, 16, 5, (Sources Chretiennes 258), Paris : Les Editions du Cerf 1979, p.53. 120 Athanase d'Alexandrie, Sur l'Incanıation du Verbe, 10,1, (Sources Chretiennes 199), Paris: Les Editions du Cerf1973, p.299.

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umil hesoin de ce/ui !Jlll donne lu ı·1e ... » :c'_ ün \üİl bİt:n İcİ coınınt:nl ciıcz ics Peres le mysterc du Chrİst. Verbc lncarne. ct le nıystere de la divinisation de ı 'homme so nt etroİtement li es.

III

Les genres litteraires de la Christologie des Peres

Aux trois inquietudes, que j'ai deja decrites, correspondent en general trois genres litteraires a travers lesquels !es Peres exposent la foi en Jesus Christ :

3.1. Oeuvres pohhniques et etroitement t!ıeologiques

On y clarifie la doctrine christologique dans ses differents aspects soit cantre les provocations qui viennent de l'exterieur de l'Eglise soit cantre les erreurs doctrinales qui ont commis a I' interieur des communaute par des heretiques. Deux sont !es sous-gemes de litterature polemique par lesquels les Peres repondent aux provocations qui viennent de l'exterieur et de l'interieur de l'Eglise.

o Les dialogues: par exemple, le Dialogue avec Tryphon (Ileme siecle) un dialogue avec un juif, ou bien !es Consultationes Zacclıei dırisliani et Apollonii philosoplıii, (409-410). Dans ce dernier traite, a travers l'artifice litteraire du dialogue, le chretien repond aux provocations posees par un paren m. Le but polemique temoigne de l'ardeur de la foi, par exemple dans les Consultationes ou nous trouvons une defense passionnee du Seigneur,

121 GREGOİRE DE NYSSE, Discours cateclıhique, XV a, (Sources Chn!tiennes 453 ), Paris Les Editions du Cerf 2000, p.217. 122 Questions d'wı payen a un clıretien, t.I (Livre I), (Sources Chretiennes 401), Paris: Les editions du Cerf 1994 « ... la secte de votre c rayance e st si supelficielle et irratiomıelle qu 'elle ne me semble pas pouvoir e tre acceptee si ce n' e st par sottise. En effet, qu 'y a­t-il de si absw·de et de si discordant par rapport a la raison lıwnaine que de croire le Clırist, que vous dites DFils de Dieu, ega/ement Dieu et lıomme .... ?» (t.I, I, n. 3, p. 81); «Si tu as confiance en ta capacite de repondre, explique -moi d'abord ce point de votre foi: comment voulez­vous que le Clırist sait considere comme Dieu et Fils de Dieu alors qu 'ensuite vous ne niez pas qu 'il e st ega/ement /ıomnıe, bi en que, certainement, il doive etre dit sait Dieu sait lıomnıe, car il est clair a la comprelıension de to us qu 'il pe zıt deve1ıir l 'un des deux, ma is ne peut pas etre en meme temps !'un et l'autre»; Questions, t.I, II, n. 2, p. 83.

144

'

·~-~:- ~--~·-; .. ,.- ___ ....,._ ~l- ~---C---: .... -1~: .. _ ..1~---- -····. · lllt.ll.::t dU.::t.::tl Ull\ ... .::tUll\... U\... \...UliJ\...:::t.:')lVI1 }Jl\...1111. .• U ctlliVUl . Hi\JUJ, jt: .~ili\Fc.i/ /(!

C/u·ist. Die u et mi e de sa lut en 1 'aimant plus que man am e et plus que tautes mes entrailles .... » 123

.

• Les traites: je rappelle ici, par exemple, l'oeuvre de Justin Cantre Marcian, ou celle d'Irenee Cantre /es lu'!resies. De toute façon il s'agit d'reuvres plus systematiques au on expose d'abord le contenu des heresie avant d'en faire la refutation. La doctrine christologique conna!t une grande profondeur car !es Peres cherchent a demontrer et a expliquer la foi en Jesus Christ surtout a partir des points qui sont objets de controverses. Dans ce genre, la ret1exion est conduite, par une grande rigueur speculative. C'est precisement ce que nous mantre Irenee de Lyon, lorsqu'il dit qu' «ıme refutatian de tous fes heretiques est done fareement variee et multiforme» et que son propos est done de «contredire tous se/on le caractere propre a chacun.. » 124

.

Athanase d' Alexandrie, lorsqu' il ouvre son reuvre sur f'lncarnation, e erit : «Decrivons en detai!s f'incarnation du Verbe, exposons sa divine nıanifestation en no tre faveur, eel! e que fes Juifs ca!omnient et do nt fes Grecs se nıoquent, mais que nous, nous adorons» 125 Vous voyez !es expressions verbales aussi employees ici: decrire, exposer avec un but polemique, mais aussi avec la conscience qu'on explique ce qu'on adore.

3.2. La composition du Symbole de fo i o u Credo

a. Regles de foi et symboles Les cornmunautes chretiennes comprennent alors l'importance qu'il ya de

passeder une sorte de charte d'identite de leur foi : a la suite des prernieres formulations bibliques de foi, elles composent, au debut, de brefs sorninaires avec !es verites essentielles de la foi, !es 're gl es de la fo i'' tandis que !es symboles de la fo i representent 1' etape suivante : so nt des textes plus articules dans lesquels !es donnees de la christologie biblique vont se structurer126

• Les chretiens donnaient

123 Questions, t.J, XXXVIII, n.4, p.217. 124 IRENEE DE LYON, Cantre fes Heresies, lib. I 22,2, (Sources Chretiennes 264), Paris : Les Editions du Cerf 1979, p. 311. 125 ATHANASE D' ALEXANDRİE, Sur l'Incamation dıi Verbe, 1,1, (Sources Chretiennes 199), Paris: Les Editions du Cerf 1999, p.261. 126 sym-bolon vient de sym-ballein- mettre ensemble, reunir ... deux parties qui ont une relation entre elles. On sugere l'idee d'un lien d'alliance; cfr. B. SESBOÜE, Histoil·e des dognıes, I, Paris: Deselee 1994, 72.

145

aussi au Symbole le nom de 'hrel'iariwn Saiprume 'pour soulıgner le li en eııtre Ecriturc ct la foi.

Au debut. on assiste done a une sorte de pluralisme expressiC mais. puisque !es heretiques ont aussi leurs fomıules de foi. on aıTive a homogeneiser !es textes et a fixer des modeles. De toute façon,

ces textes offı·ent une stnıcture commune: par exemple ils utilisent !es titre.s christologiques et !es contenus du kerygme, ils sont structures selon trois articles de foi (sur le Pere, sur le Fils, sur !'Esprit saint). C'est dans le deuxieme article qu'on rassemble !es titres christologiques et le kerygme 127

.

b. Les fonctions du Credo

Le Credo repond a deux finalites. • formative : Le symbole est le texte de base de la fom1ation de 1 'identite du

chretien.Les Peres prennent appui sur ces 'somrnaires' pour expliquer la foi aux aspirants chn~tiens. Il s'agit d'une fonction pedagogique: un texte bref et synthetique, car «la brievete esi necessaire, pour que ce sait garde

. d 1 , . 1 . pg tou;ours ans a memOire el e souvemr» - .

• Liturgique : il y a des moment solennels ou on confesse la foi : par exemple, les catechumenes confessent leur foi en prononçant le Credo quelques jours avant le Bapteme et au bapteme meme, et, en general, !es fideles professent le Credo pendant la celebration de l'Eucharistie.

A la suite de Pierre, mais aussi des autres temoignages des confessions de foi du NT, canfesser la foi avec le Credo signifie exprimer visibiement !es deux dimensions de la foi :

• celle subjective: on rend visible le 'oui' prononce dans l'intimite du cceur, c'est-a-dire, donner la forme d'une engagement de foi publique dans la coınrnunaute et dans la societe. «La formu/e de man Credo ... suppose toujours ava nt elle un acte don/ elle ren d compte, el qui esi 1 'acte de fo i proprement dil. Cet acte, anterieur et interieur, est le mouvement meme de la foi...C'est ma reponse ir Dieu qui se reve/e, man engagement deretour envers Dieu qui se donne. Avant de dire au-dehors: le crois en Dieu, afin

127 Je ne peut pas entrer dans les details. Voir: B. SESBOüE, Histoire des

dognıes, I, Paris: Deselee 1994, 109-120. 128 AMBROİSE DE MiLAN, Explication du Synıbole,2, (Sources Chretiennes 25), p.47.

146

de po11n1ir sincereme111 le dire. j 'ai dzi di re en 111011 cueur: " Seigneur 111011

Dieu. Je crois en Toi ,,ıc9 .

e cetteformule esr objective: l'adhesion aux affim1ations qui expriment !es contenus de la foi chretienne, l'adhesion aux verites sur lesquelles je fonde ma vie.

3.3 Les dejinitions dogmatiques et discours pastomfes

a. Definitions dogmatiques

Face au danger des heresies toujours plus menaçant, l'Eglise doit reunir ses forces pour proteger la fo i, donner lumieres aux fideles et condamner !es erreurs.

C'est ainsi que a partir du 325, avec le Concile de Nicee, on a une formulation du Credo, fixee par !es Eveques. Bien que a ce moment la, ils aient pris soin 'tout simplement d'assurer ce texte du Symbole pour la confession de foi, pendant !es siecles qui ont suivi, on a compris que par cette decision, on avait donne au Credo une valeur d'ordre dogmatique, c'est-a-dire normatif. L'Eglise fixe avec l'autorite de son Magistere des mots pour defendre la foi contre des interpretations heterodoxe et condamne 1 'heresi e arienne. A partir de ce moment, personne ne peut nier ou modifier la formulation fixee par l'autorite de l'Eglise.

A ce propos, il est interessant de remarquer qu'avec Nicee on commence a introduire dans !es textes de foi des mots extrabibliques. Lotsque !es mots bibliques sont objet de fausse interpretation, on choisi certaines expressions extrabibliques pour renforcer la signification authentique des mots bibliques. Par exemple : l'expression de derİvation biblique 's'est incarne' est interprete par !es heretiques cornn1e signifiant 'ila pris de l'hornn1e seulement la chair' ; il ne s'agirait pas done d'une veritable et reelle incarnation. Nicee repond en introduisant a côte de l'expression biblique menacee, la formule: 'il s'est fait hofllll1e' (en-anthropesanta).

Nicee marque seulement le debut d'un chemin qui conna!t d'autres etapes : par exemple, le Concile de Constantinople I (381), de Ephese (431) et de Chalcedoine ( 451 ), co n tre plusieures heresi es. C es assemblees oecumeniques, c' e st a dire, universelles par la presence de beaucoup des eveques de l'Eglise catholique, proposent toujours cornn1e texte normatifle Credo. lls ajoutent, en 1 'occurrence, des expressions particulieres qui puissent proteger !es points alors mis en question par les heretiques. Les definitions conciliaires ne regardent pas seulement questions doctrinales d'ordre christologique, mais aussi la Trinite, le salut, !es sacrements. Leur doctrine est toujours enracinee dans !es Ecritures. Parfois el!es donnent aussi

129 H. DE LUBAC, La Foi clıretienne. Essai sur la structure du Svmbole des Apôtres, Paris: Aubier 1970, 369-370.

147

des indications d'ordre pratique. toujours pour aider les chrctiens a se confonner a la foi en Jesus Christ.

b. Les homelies et les discours de caractere pastarale

Les Peres sont des pasteurs qui guident leur brebis. lls ont la responsabilite de fonner a la foi !es fidetes et ceux qui vont se convertir. La source de leur enseignement est 1 'Ecriture qu'ils commentent, page apres page. C'est pourquoi nous avons un nombre immense d'homelies de type biblique, dont l'ensemble donne vie a des Commentaires : ces auteurs sont, par exemple, Origene, Jerôme, Augustin, Clement d'Alexandrie Irenee ete.

IV

Conclusion

La christologie patdstique: Un modele pour les chretiens de tout les temps

Nous avons tente de decrire, par degres, les principales caracteristiques de la doctrine christologique chez les Peres : notrepoint de depart a ete l'Ecriture pour arriver, pas a pas, a exposer le contexte ecclesial oiı les Peres ont elabore leur doctrine christologique et certaines lignes doruinantes de leur vision christologique.

Je pense que, pour des chretiens coherents et cultives, et aussi pour des chercheurs musulmans interesses a cannaltre le dynamisme de la foi chretienne, il pourrait etre interessant de retleebir sur l'actualite de l'enseignement des Peres.

De 1 'unite du donne biblique et du donne patristique on peut, en effet, deduire une sorte de paradi gm e qui est 1 'iime de la fo i chretienne de tous les temps.

Je les presente synthetiquement

4.1 Lafoi en Jesus Christ comnıe confession visible et adhesion interieure

Nous avons vu que le Christ demande a ses disciples de prendre position face a la question de son identite. C' est le point central autour duquel se joue la Christologie des premiers siecles qui se confronte av ec le monde pai:en et juif. Cette prise de position, qui detennine une distance entre ses disciples et le monde qui ne croit pas en lui, a un caractere public et personnel-interieur, c'est a dire qu'elle n'est pas conçue cornme une affaire privee.

a. Son caractere 'public'

Il a ici deux significations • Cornme temoignage dans la cornmunaute meme: la foi chretienne en Jesus

Christ est une foi canfessee dans la Cornmunaute et pour la Cornmunaute.

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PieıTe contesse t~ıce ü ses coınpagnons. Jc ml:ınc quc ks ciırcıicııs des prcnıicrs sieclcs confcssent leur foi en presence de la coınımınaute. Cela cxplique pourquoi la confession de foi. deja dans !es Ecritures. peut s·exprinıer par des hymnes liturgiques christologiques.

" Comme tenıoignage dans un monde hostile: l'acte public de confcsser la foi est le devoir du chretien et, avec lui, de la comımmaute ; il devient conınıe le signe visibi e d'une appartenance qui engage jusqu 'a la m ort le chretien aussi la communaute. Eta !'age des Peres nous avons eu beaucoup de martyrs a cause de la foi en Jesus Christ. Le martyre pour la foi reste une experience toujours presente dans la vie de l'Eglise actuelle.

b. Son earaetere 'personnel-interieur' Cette visibilite dans la communaute et dans le monde exprime le 'oui' que

le fidele prononce a l'interieur de sa conscience. C'est precisement ce que Paul a voulü exprimer au ch. 10 de son Epitre aux Romains :«Si res levres c01ıjessent que Jesus est Seigneur et si ton CCf!ur croit que Dieu l'a ressusci/e des morts, tu seras sauve. Cai·lafoi du CCf!Ur obtient /ajustice, et la COJıjession des levres, le salut»130

De meme la theologie des Peres et leur efforts catechetiques sont l'expression d'une foi profonde et d'un amour tres grand pour le Seigneur Jesus Christ. Cela nous montre que la Christologie, comme tout discours sur le Christ ne peut jamais etre pure speculation, mais do it forcement jaillir de la fo i.

4.2 Les dimensions de lafoi en Jesus Clırist

a. Foi personnelle (pisteuein eis : eredere in Christum) et foi intelleetuelle (pisteuein oti - eredere Christum)

Dans notre Credo, nous utilisons deux formules qui ne sont pas identiques : 'Je crois en Dieu/ePere le Fils le Saint Esprit, c'est la premiere. Le 'en', en grec 'eis'et en latin 'in' explique la dimension de la relation avec une Personne divine: en latin ils sont toujours suivi par l'accusatif, pour indiquer qu'il ya un mouvement du chretien vers Dieu. Mais il faut faire attention : nous ne pouvons absolument pas dire: 'Je crois en Marie' car le sens technique de cette expressian se refere exclusivement a Dieu.

130 Rom 10,9-10.

149

ll ya aussi la fonmıle ·Je crois que· loli, en grec; ·credere Deum") qui. au contraire, exprime l'adhesion a des verites. Je crois comme vrai que Jesus est le Fils de Dieu qu'il a revele, par exemple, des verites sur l'Eglise, sur le monde destine, sur les Sacrements.

Ce deuxieme aspect c'est la dimension intellectuel!e de la foi. Nous croyons, mais il y a en no tre fo i en Jesus Christ l 'assentiment de notre volonte intellectuelle a la veri te de Dieu et de sa Revelation.

Dans la foi en Jesus Christ nous devons toujours distinguer des autres dimensions : celle subjective et celle objective.

b. Foi 'Subjective' (fides qua)

Vue a posteriori, la vie de Pierre, mais aussi !es vies des Peres de l'Eglise (plusieurs ont ete proclames 'saints'par l'Eglise) ont ete caracterisees par un progressif et difficile apprentissage de la signification de l'identite de Jesus. La foi en Jesus Christ n'est pas une adhesion impersonnelle, mais personuelle et interpersonnelle.

Cela signifie que le croyant confie tout sa vie au Seigneur et prend appui sur lui, mais aussi qu'il est appele a partager sa foi avec ses freres eta la temoigner aux non chretiens. Au moment de sa confession, Pierre ne sait pas encore que canfesser le Christ veut direle suivre jusqu'a la mort.

c.'Objective' (fides quae)

Pierre et les Peres meme ont emis des affınnations qui concernent de verites sur la personne de Jesus. Ces verites ne proviennent pas d'une ratianalite humaine, elles ne sont pas des idees. C'est Jesus meme qui a revele ces verites par sa parole, ses actions, sa personne.

A la lumiere de ce panorama sur la foi en Jesus Christ chez les Peres nous pouvons done conclure qu 'ils sont un vrai paradigme destine a modeler la fo i de tous les temps.

Croire en Jesus Christ, c'est vraiment un engagement de la personne du croyant dans toutes les dimensions de son etre. D'autre part, il ne s'agit pas seulement d'une adhesion a une doctrine, mais a une personne totalement divine et totalement humaine. La reponse de Pierre et du chreetien se pose done sur un niveau tres different du modele prophetique propose par le sens comnıun. Il y a quelques annees, j'etais au Japon et je rencontrais un bonze bouddhiste. En discutant de la divino-humanite du Christ, il nous dit : « Jesus se situe a un superieur niveau qualitatif de relation en tre Dieu et 1 'homme, car le modele du rapport religieux qui va se constituer par sa personne et son evenement ne trouve point d'analogies dans les autres forrnes de religions».

150

Ilaria Morali -Pontificia Universita Gregoriana

Bibliografia

Sources

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İSLAM KELAMCILARININ HZ. ISA HAKKINDAKi GÖRÜŞLERi:

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