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LE MARIGOT Volume 23, n° 2, hiver 2017 Notre mission : sensibiliser la communauté à l'importance de l'histoire et de la culture régionale. FAITES CONNAÎTRE LHISTOIRE Témoignages et soutien recherché ! Détails aux pages 2 et 7 Dans la série Culture MAURICE GIROUX, UN JOURNALISTE ENGAGÉ Dans la série Histoire BOUCHERVILLE ET LA PRAIRIE FÊTENT LEURS 350 ANS L’ÉTABLE RONDE DU CHEMIN DE CHAMBLY UNE JOURNÉE MÉMORABLE LE 13 DÉCEMBRE On a célébré en grand mais aussi perdu un grand homme VOUS AVEZ VÉCU À VILLE JACQUES - CARTIER ? Nous voulons entendre vos récits de la vie quotidienne dans cette ville de pionniers. Contactez-nous !

Volume 23, n° LE MARIGOT

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Page 1: Volume 23, n° LE MARIGOT

LE MARIGOT

Volume 23, n° 2, hiver 2017

Notre mission : sensibiliser la communauté à l'importance de l'histoire et de la culture régionale.

FAITES CONNAÎTRE L’HISTOIRE Témoignages et soutien recherché ! Détails aux pages 2 et 7

Dans la série Culture

MAURICE GIROUX,

UN JOURNALISTE

ENGAGÉ

Dans la série Histoire

BOUCHERVILLE ET

LA PRAIRIE FÊTENT

LEURS 350 ANS

L’ É TA B L E RO N D E

D U C H E MI N D E

C H A MB LY

UNE JOURNÉE

MÉMORABLE LE 13

DÉCEMBRE

On a célébré en grand mais aussi

perdu un grand homme

V O U S AV E Z V É C U À V I L L E

JACQ U E S - C A RT I E R ?

Nous voulons entendre vos récits de la vie

quotidienne dans cette ville de pionniers.

Contactez-nous !

Page 2: Volume 23, n° LE MARIGOT

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LE MOT DE LA PRÉSIDENTE

L’année 2016 en était une de grands changements au Marigot. Presque tous heureux alors que l'équipe, sous la coordination joyeuse de Karina Trautmann et ma direction, prenait son élan vers une présence renouvelée dans la communauté. Nous avons ainsi célébré avec panache les 350 ans du chemin de Chambly, entourés de nos partenaires et de nos membres.

Des projets à concrétiser, une mission à soutenir

La Société historique et culturelle du Marigot a déposé une série de demandes de subvention afin de contribuer à souligner les 360 ans de la Ville de Longueuil et de mettre

en branle le projet Ville Jacques-Cartier, qui nous tient vraiment à cœur. Dans l’attente fébrile de réponses, nous devons suspendre jusqu’à nouvel ordre les réponses aux requêtes de citoyens désirant des informations historiques, les ressources en place ne suffisant pas.

Toutefois, nous allons de l’avant par un appel à témoignages d’anciens résidents de Ville Jacques-Cartier. Si vous connaissez des gens ayant vécu, ne serait-ce que quelques années, dans Coteau-Rouge, Longueuil-Annexe ou d’autres lieux que nous nommons à la page 7, faites-nous signe. Nous sommes très intéressés à vous entendre.

Nous sollicitons aussi la communauté afin de pérenniser la nouvelle dynamique du Marigot, axée sur la diffusion des connaissances et la formation d’une relève en histoire et patrimoine. Dans cette optique intergénérationnelle, des membres du Conseil d‘administration du Marigot ont décidé de contribuer 65 $ en dons mensuels sur la plateforme CanaDon.org, à la mémoire de notre ami Jacques Bertrand, qui pilotait notre centre de documentation.

C’est avec et pour vous que nous souhaitons faire connaître davantage l’histoire de Longueuil et celle d’une partie importante de son territoire, l’ancienne Ville Jacques-Cartier. Serez-vous des nôtres pour témoigner de vos souvenirs et soutenir la mission du Marigot ?

La Société historique du Marigot est un organisme de bienfaisance enregistré à l'Agence du revenu du Canada, dans la catégorie Bibliothèques, musées et autres collections.

Numéro d'enregistrement 107599730RR001

Vos dons permettent de

▪ embaucher du personnel qualifié pour faire progresser la recherche régionale

▪ développer de nouvelles activités de diffusion, tant virtuelles que sur le terrain

▪ assurer une plus grande présence dans la communauté

▪ actualiser les méthodes de conservation des archives et artefacts du Marigot

PARCE QUE CHAQUE PETIT GRAIN DE SEL EST IMPORTANT !

Voici comment vous pouvez soutenir le Marigot Vous pouvez nous appuyer financièrement, par un don au montant de votre choix et selon la formule qui vous convient : don unique, versements mensuels ou même un don dédié. Un reçu pour fins d’impôt vous sera remis pour l’année fiscale. CanaDon.org : un site sécurisé dédié aux collectes de fonds pour les organismes de bienfaisance Cherchez le bouton sur marigot.ca ou accédez directement avec le lien suivant canadahelps.org/fr/organismesdebienfaisance/marigot.

Page 3: Volume 23, n° LE MARIGOT

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SOMMAIRE

C O N T A C T

440, chemin de Chambly, Longueuil

(Québec) J4H 3L7

450 677-4573

[email protected]

facebook.com/shmarigot

LeMarigot

Société historique du Marigot

marigot.ca

B U L L E T I N L E M A R I G O T

Rédaction et mise en pages : Jef Asnong, Louise Levac et Karina Trautmann

REMPLISSEZ LE FORMULAIRE D'ADHÉSION

Formulaire - Veuillez faire parvenir votre cotisation

par chèque ou en argent comptant, à l’adresse

mentionnée à gauche.

Paiement PayPal - Il est aussi possible de payer

par PayPal (nul besoin d'avoir un compte).

Visitez notre site web marigot.ca à la section

Devenez membre pour plus d’information.

H O R A I R E

Mardi au vendredi, de 9 h à 15 h 30

Nos locaux sont situés dans

l’ancien bureau d’enregistrement

du comté de Chambly.

CONTACT / ACTUALITÉS………………………………………………………………………………………………………………………….4

Hommage à Jacques Bertrand (1943-2016)……………………………………………………………………………………………..5

On a célébré les 350 ans du chemin de Chambly en grand ! ……………………………………………………………..…6

La fascinante histoire de Ville Jacques-Cartier………………………………………………………………………………………...7

HISTOIRE

L’étable ronde du chemin de Chambly…………………………………………………………………………………………………...8

Identification de photos anciennes…………………………………………………………………………………………………...……12

CULTURE

Maurice Giroux, un journaliste engagé…………………………………………………………………………………………………..13

DÉCOUVERTE

Nos voisines riveraines du Saint-Laurent : 350 ans à célébrer………………………………………………...…………….16

AGENDA

Les prochaines activités du Marigot……………………………………………………………………………………………………….19

COMMANDITAIRES ET AFFILIATIONS…………………………………………………………………………………………………...20

Page 4: Volume 23, n° LE MARIGOT

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COTISATION Votre cotisation est une importante source de revenus pour la

Société historique et culturelle du Marigot. Elle sert à assurer le

bon fonctionnement de notre organisme.

Coûts pour l'année 2016-2017

GOUVERNEURS (nos anciens présidents)

Charles-Édouard Millette (1978-1978) †

François Matte (1979-1980) †

Louise Dufresne Légaré (1980-1982) †

Lucille Côté Nadeau (1980-1982) †

Annette Racicot Laramée (1982-1998)

Michel Pratt (1998-2015)

CONSEIL D’ADMINISTRATION 2016-2017

Présidente : Louise Levac

Vice-président : Mathieu Jacques

Secrétaire : Jef Asnong

Trésorier : Robert Larocque, CPA, CMA

Administrateurs : Gaétane Collette, Mikael

Dumont, Robert Leroux, Sébastien Robert et

Thérèse Savoie

Les dons de photos anciennes ou de livres sont

appréciés en tout temps. Cela permet d’enrichir nos

collections.

ACTUAL I TÉS CONTACT

Catégorie d’abonnement 1 an 2 ans

Abonnement régulier - individuel 30 $ 55 $

Abonnement régulier - couple 45 $ 85 $

Abonnement étudiant (temps plein,

preuve requise)

20 $ -

Abonnement or 105 $ 200 $

PROFITEZ DES 4

DERNIÈRES ACTIVITÉS

DE L’ANNÉE À

MOINDRE COÛT

Vous avez oublié de renouveler votre

adhésion en 2016-2017 ? Vous venez

de nous découvrir ? Pas de souci !

Pour un tarif de 15 $ en tout, vous

pouvez

▪ assister sans frais supplémentaires à

nos conférences des mois de mars,

avril et mai 2017

▪ bénéficier du tarif réduit pour les

membres lors de nos visites animées

du Vieux-Longueuil la fin de

semaine des 10 et 11 juin

▪ recevoir l’édition printemps/été du

bulletin Le Marigot

En outre, la Zone membre du site du

Marigot vous réserve des

informations historiques précieuses.

Contactez-nous au 450 677-4573 ou

écrivez à [email protected]

Page 5: Volume 23, n° LE MARIGOT

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ACTUAL I TÉS

Jacques Bertrand, bénévole au Marigot pendant 8 ans, a été présent pour l’équipe tout au long de l’année 2016 pour nous supporter, nous conseiller et nous faire rire.

En avril, il recevait des mains de la députée de Taillon, Mme Diane Lamarre, un certificat de l’Assemblée nationale pour son implication bénévole. Un prix bien mérité ! Au printemps et à l'été, il venait au Marigot à temps plein pour aider notre stagiaire française, les employés étudiants ainsi que moi-même. C'était pour nous le Baron du Marigot, et ça le faisait bien rigoler.

Cher Jacques, nous n’oublierons jamais les anecdotes de tes aventures en tant que soldat, soudeur, pompier, inspecteur, chercheur de casernes anciennes, réparateur de livres et d’ordinateurs, fabriquant de stylos et patenteux général. Ton humilité, ta bonté, ton intelligence et ton cœur d’enfant ont été un exemple pour nous, les ti-jeunes qui t’avons côtoyé. Quand nous serons grands, nous voulons être comme toi.

Merci, Monsieur le Baron, d’avoir fait partie de nos vies.

Karina, Sylvie, Ève, Ann-Émilie, Lambert et Chloé

HOMMAGE À JACQUES BERTRAND (1943-2016)

C’était tout un bonhomme ! Un grand humain ! Un grand ami ! Je suis triste de ce départ ! Un jour on va tous mourir… Oui, mais, tous les autres jours, nous allons vivre.

Je me sens vraiment honoré d’avoir bénéficié (et comment !) de son amitié de qualité. De son jugement solide, de sa grande générosité. De son appui, de son écoute, de son bon sens, de sa chaleur humaine.

Je me sens aujourd’hui comme quelqu’un qui a lu un bon livre… Jacques était pour nous tous un livre ouvert.

J’ai connu Jacques grâce aux livres. Ce fut vers 2001 quand il faisait du bénévolat à Culture à partager, organisme qui cueille des livres usagés pour les restaurer et les envoyer en Afrique, pour qu’il y ait là aussi des livres dans les bibliothèques d’école et de village. En 2008, il a continué son bénévolat à la Société historique du Marigot, y passant de grandes parties de ses semaines réparant les livres, les documentant et numérisant leur classement. Parallèlement, il faisait de même aux archives de l’évêché sur le boulevard Ste-Foy.

Un bon livre ! Tous, nous y avons lu, chacun à sa façon. Une histoire de vie, un témoignage de responsabilité, de respect.

Il avait sûrement été à une bonne école, au sein de sa famille d’abord, et ensuite, tout au long de sa vie professionnelle au Service de prévention des incendies de la Ville de Longueuil. Son boulot était de penser à la sécurité des gens.

Dans un bon livre, on peut lire de bons coups du sort, de belles réussites, et il y en a beaucoup dans ce livre. Des choses difficiles aussi. Mais alors, il y a des luttes et du courage. Mais comme dans les vrais bons livres, il y a surtout une histoire d’amour. Il y a de l’amour et de l’amitié. De l’amour pour les siens… et pour les autres.

C’est aussi le livre d’un artiste. Un livre d’artiste en tous les sens du mot.

Il avait un bon sens de l’humour… Il y avait du bonheur dans ce livre.

Et quand on a lu un beau livre… Quand on ferme un beau livre, il reste encore beaucoup à penser, encore beaucoup à savourer… Il reste encore beaucoup dont se réjouir.

Merci, Jacques, merci beaucoup !

Jef Asnong

Jacques Bertrand était un pilier du Marigot, par sa présence discrète, cultivée, efficace et affable. Il s'est éteint le jour même où nous célébrions, en compagnie de nos partenaires et membres, les 350 ans du chemin de Chambly. Le grand Jacques nous a donné une poussée dans le dos pour que nous marchions de façon autonome. Nous penserons à lui chaque fois que nous connaîtrons un succès.

Louise Levac

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ACTUAL I TÉS

ON A CÉLÉBRÉ LES 350 ANS DU CHEMIN DE CHAMBLY EN GRAND !

Le 13 décembre dernier, plus de 80 personnes ont participé à une activité toute spéciale au sujet des 350 ans du chemin de Chambly. Le Marigot avait préparé une soirée combinant conférences et interventions théâtrales, en collaboration avec le Château Ramezay, le Théâtre du 450, le Musée de la femme et Richard Savard, membre de la Société de reconstitution historique du Bas-Canada.

Nous aimerions souligner la présence de Colette Éthier, représentante de la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire, ainsi que des députées Catherine Fournier (Marie-Victorin), Diane Lamarre (Taillon) et Martine Ouellet (Vachon), qu’on remercie d’avoir contribué au succès de cet événement.

Une histoire fascinante, un destin unique

Suite aux allocutions, les participants ont pu avoir un aperçu de l’histoire du régiment de Carignan-Salières, bâtisseurs du chemin, par l’historien Marcel Fournier. Richard Savard, en soldat du régiment, gardait l’entrée de la salle, quoique son fusil ne fut pas chargé ! Raymond Ostiguy, de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, a narré l’histoire de ce chemin qui fut tour à tour un moyen de défense militaire, une voie de colonisation et une route à péage.

Enfin, Gérard Beaudet, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal, a captivé le public en explorant les enjeux actuels et futurs autour de cette colonne vertébrale de Longueuil et Saint-Hubert. Son regard critique a permis de faire ressortir les défis que pose la préservation contemporaine de cette artère patrimoniale aux visages parfois harmonieux parfois déstructurés.

Des apparitions et une exposition

Le tout fut ponctué par l’intervention d’artistes célèbres de notre histoire. Le peintre du XIXe siècle Cornelius Krieghoff, qui vécut à Longueuil et épousa une Longueuilloise, a représenté le chemin sur une de ses toiles désormais célèbre, La barrière de péage. Interprété par Benoit Patterson du Théâtre du 450, le personnage nous a fait part de ses péripéties sur le chemin de Chambly, notamment à cause des nombreux postes de péage qu’on y trouvait au XIXe siècle. Ensuite, La Bolduc, par la voix de Christine Morency du Musée de la femme, interpréta une de ses créations des années 1930 « Toujours l’R-100 », en l’honneur du célèbre dirigeable du même nom.

Une exposition itinérante du Château Ramezay, musée et site historique de Montréal, consacrée au régiment de Carignan-Salières, a pu être visitée dans la salle. Elle était animée par le guide-bénévole du musée Jacques Brien. Un goûter, préparé par Sylvie Boyer, fut offert par l’Institut généalogique Drouin. Les participants ont pu être photographiés avec nos trois « invités spéciaux ».

La soirée fut dédiée à la mémoire de Jacques Bertrand, bénévole et administrateur au Marigot depuis 2008, décédé le jour même.

Nos animateurs historiques : Cornelius Krieghoff,

le soldat du régiment de Carignan-Salières et La

Bolduc

Les conférenciers Raymond Ostiguy et Gérard Beaudet

Plus de 80 personnes ont partagé la soirée avec nous.

Gilles Pilette,

photographe

Par Karina Trautmann

Page 7: Volume 23, n° LE MARIGOT

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ACTUAL I TÉS

LA FASCINANTE HISTOIRE DE VILLE JACQUES-CARTIER

Vous voulez en apprendre plus ?

Consultez en ligne le livre Jacques-Cartier, une ville

de pionniers (1947-1969) de Michel Pratt et publié

par le Marigot en 1994.

En vente au Marigot

Les deux tomes du livre Ville De/Cité De Jacques-

Cartier de Claude Gauthier, collection Société

historique et culturelle du Marigot aux Éditions

Histoire Québec en 2002. Les deux tomes sont en

vente au prix spécial de 20 $ pour l’ensemble.

Faites connaitre votre histoire

Le Marigot a besoin de vous pour faire connaitre la

fascinante histoire de Ville Jacques-Cartier, notamment sous

la forme d’une plateforme interactive où vous pourrez mettre

en valeur des photos et vidéos familiales.

Vous avez de la jasette et avez vécu votre jeunesse à Ville

Jacques-Cartier ? Nous recueillons des témoignages qui

feront l’objet de capsules vidéo et alimenteront, entre autres,

des visites animées de divers quartiers.

CONTRIBUEZ AU PROJET !

Contactez-nous pour partager vos souvenirs de

Ville Jacques-Cartier ou soutenir le projet

financièrement.

Créée en 1947 et fusionnée à Longueuil en 1969, Ville

Jacques-Cartier représente une partie substantielle

du territoire du Longueuil actuel.

Des endroits qui éveilleront vos souvenirs

▪ Coteau-Rouge, aujourd’hui le boulevard Ste-Foy

▪ le centre d’achats Jacques-Cartier qui a remplacé la

piste de courses à chevaux de Longueuil-Annexe en

1956

▪ l’Externat classique devenu le Cégep Édouard-

Montpetit en 1967

▪ la maison Millette et la grange ronde, à

l’emplacement de la Place Désormeaux

▪ le secteur Bellerive

▪ l’usine de la Canadian Pratt & Whitney Aircraft

Company Limited puis la boulangerie Weston

▪ le secteur Fatima

▪ les paroisses qui, avec l’aide de l’Œuvre des Terrains

de jeux et des Loisirs, ont structuré la vie des

familles avant que de dynamiques organismes

communautaires ne prennent le relais

Page 8: Volume 23, n° LE MARIGOT

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Dans la ville de Longueuil, au bord du chemin de Chambly, à la hauteur de la Place Désormeaux, il y avait autrefois une grange-étable ronde. Enfin presque; elle était octogonale. De tels édifices sont d’emblée des raretés intéressantes. On disait de celle de Longueuil qu’elle était maudite, une légende qui fait aussi partie de l’histoire locale. Les premiers jalons de l’histoire plutôt mouvementée de la grange ronde du chemin de Chambly furent fixés par le Frère Marie-Victorin. Il en retrace l’origine dans « Ne vends pas la terre », l’un des plus célèbres de ses Récits laurentiens, publiés en 1919. Plusieurs de ces récits, d’une très belle écriture, sont de fait basés sur des évènements réels et ont ainsi valeur de narration historique. Une grange ronde à Longueuil, comme dans les Cantons-de-l’Est Selon le frère Marie-Victorin, l’étable octogonale du chemin de Chambly, que les vieux appelaient alors encore «le chemin de Boston», dut être construite aux alentours de l’année 1900 ou peut-être 1905, d’après les plans de Félix Delage, le propriétaire de la ferme. C’était «une merveille d’ingéniosité, connue de vingt milles à la ronde». L’auteur note que l’ancêtre des Delage, «officier de cavalerie libéré du service, vint sous le régime français prendre une terre à deux milles et demie du village de Longueuil». Il brosse un portrait favorable de M. Delage, descendant de petite noblesse. «Félix Delage appartenait à cette vieille école de croyants qui ont la sagesse d’accepter la religion… tout d’une pièce et, sous la chaire de

l’église de Longueuil, il n’était pas plus belle famille que la sienne». «Fondateur et président du Cercle agricole, il était depuis trente ans le conseiller, le modèle, l’âme de tous les cultivateurs du chemin de Chambly.» Il ne fut donc pas surprenant que M. Delage construisît une étable ronde, vue à l’époque comme une heureuse innovation. Selon la revue Continuité, une centaine de granges circulaires et polygonales auraient été érigées au Québec entre 1880 et 1930. La plupart, dans les Cantons-de-l’Est, près de la frontière des États-Unis d’où venait l’idée. Construire en rond pouvait permettre une ordonnance plus profitable pour le logement des animaux et les soins à leur apporter. Un calcul simple permet d’établir rapidement qu’à surface de plancher égal, une construction ronde nécessite 12.1 % moins de matériaux pour les murs qu’en nécessite une carrée. Cet avantage est réduit quelque peu pour un édifice de huit côtés. Quant aux diables qui, dans une étable ronde, ne pourraient se cacher dans les coins, comme le prétendait la légende, disons pour l’instant qu’ils ne le pourraient pas davantage en une bâtisse carrée. La grange-étable octogonale de Félix Delage Marie-Victorin décrit la terre des Delage comme «l’une des plus anciennes et des plus riches de la région». Il dépeint les champs comme ils furent en cette période d’avant-guerre quand il y avait encore entre Longueuil et Saint-Hubert une agriculture florissante et une nature non polluée. C’était avant l’arrivée de l’automobile.

L’étable menacée par la spéculation En mars 1914 fut créé le ministère québécois de la Voirie. Le Québec comptait alors un millier d’automobiles. Ce fut le lent début de l’étalement urbain sur la Rive-Sud. Courtiers et notaires croissaient par la campagne, achetant à vil prix des terres ancestrales. Félix Delage s’y oppose, refusant les offres. Mais le malheur frappe ; en quelques années il perd son fils aîné Joseph, cultivateur voisin au sud, qui «tombe déchiré par les dents de sa faucheuse», et son fils Basile, seul aide sur la ferme, qui est emporté par la pneumonie. Puis «un mal de vieillard lui étreint le cœur». Le vieil homme évoque ses souvenirs; sa femme trouvée morte un matin à côté de lui, un fils parti chez les Frères des Écoles Chrétiennes et une fille chez les Sœurs Grises de la Charité. Le Frère Marie-Victorin écrit : «Ah ! Dieu est juste, sans doute ! Mais pour nous sa justice est parfois bien obscure ! Pourquoi semble-t-il s’acharner à ruiner une famille qui l’a toujours servi dans la sincérité de son cœur». L’auteur décrit encore l’état lamentable de M. Delage qui ne peut plus s’occuper des travaux de sa ferme, mais refuse obstinément de céder à la folie de la spéculation immobilière qui s'acharne à détruire son monde, ceux qui l’habitent encore et leurs traditions. Est-ce que les descriptions de Marie-Victorin auraient contribué à la naissance des rumeurs de grange maléfique qui courront plus tard ? Où existaient-elles déjà, tandis que le bon frère tenta de les contrecarrer ?

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L ’ÉTABLE RONDE DU CHEMIN DE CHAMBLY Par Jef Asnong

« Voilà pourquoi il y a, sur le chemin de Chambly, pas très loin de Longueuil, une terre abandonnée... et qui n’est pas à vendre ! »

Frère Marie-Victorin, Récits laurentiens, 1919

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La construction d’une légende Le journaliste Joe Thomson du journal The Montreal Gazette, dans un compte rendu de l’incendie de la grange-étable en 1944, aborde de façon détaillée la question de la réputation de «ferme maudite», qui collait à l’édifice. Il écrit que les bonnes gens de Longueuil sont de bons catholiques canadiens-français qui ne croient pas aux sortilèges et à la magie noire. «Mais, qui croient fermement que le Bon Dieu a placé une malédiction sur l’endroit, ceci au temps de sa construction il y a environ une quarantaine d’années». Il écrit que Félix Delage, le fermier occupant cette ferme à ce moment, était à construire la vaste étable en pierres avec l’aide de ses deux fils Joseph et Basile et quelques ouvriers. La ferme comprenait aussi une maison en pierres. «Des aînés de Longueuil, incluant le maire Joseph R. Goyette, vous diront que M. le curé, qui avait la garde de la petite communauté paroissiale de Longueuil à cette époque aurait entendu certains des hommes utiliser un langage blasphématoire tandis qu’ils travaillaient à la construction de l’édifice. L’histoire dit encore qu’il les aurait avertis que le Bon Dieu ne regarderait pas favorablement cet endroit lequel serait maudit si les ouvriers ne cessaient pas leurs blasphèmes. Il fut aussi dit que les travailleurs n’en faisaient pas de cas… Et il y a beaucoup de personnes à Longueuil qui croient que la série d’évènements tragiques, culminant avec le feu récent, prouve le cas». Le journal reprend ensuite les morts tragiques des frères Joseph et Basile Delage, mais les situe erronément en 1922 et 1923. L’accident de Joseph est décrit autrement : «Conduisant une grande voiture de ferme, il tomba du siège, de travers entre les chevaux, tandis que son ventre fut ouvert par une pointe du timon de la voiture. Il mourut après quelques heures». La ferme ne fut vendue qu’après le décès de M. Delage. M. Edouard Brosseau en fut l’acquéreur et y vivait

avec son fils Paul-Émile et son neveu Alexandre Brosseau. En 1935, le fils fut heurté par un camion et tué instantanément à Saint-Hubert. Peu de temps après, son cousin Alexandre devint gravement malade et mourut. Edouard Brosseau mourut entretemps et un autre de ses neveux, Henri Brosseau, aménagea dans la maison de ferme avec sa femme et ses cinq enfants. Il y vivait jusqu’à la fin de l’année 1936 quand il mourut subitement «dans, ce que certains résidents de Longueuil murmurent, furent des circonstances mystérieuses». «Ils se rappellent qu’à l’époque il était question de chocolats empoisonnés, et avec un

haussement d’épaules, ils vous diront que, finalement, ce fut déclaré être une mort naturelle, et aucune autopsie n’eut lieu.» «L’année suivante, 1937, quelques semaines après le décès de Henri Brosseau, sa veuve de 31 ans, qui vivait dans la maison de pierres, fut trouvée étranglée dans son lit. Au début, l’on crut à une mort naturelle, mais aux rumeurs et aux racontars succédèrent des enquêtes policières, et finalement l’arrestation de Gaétan Choquette, aide fermier de 20 ans, à l’emploi de madame Brosseau.» Le procès de Choquette débuta le 17

mai 1937 devant le Juge Lazure de la Cour du Banc du Roi». Dès le premier jour du procès fut produite une confession signée par l’accusé dans laquelle il admit le crime. La raison du meurtre ne fut jamais éclaircie. «Choquette fut condamné par le jury trois jours plus tard et fut pendu à la prison de Montréal, le 30 août 1937, trois mois jour pour jour après sa condamnation». «À la suite de cette tragédie, «la ferme maudite» et la maison de pierres furent louées par un nommé Georges Guertin. Il demeurait à cet endroit jusqu’au début de 1940 quand il sortit de maison, une nuit

juste après minuit, et fut happé et tué instantanément par une auto de passage sur le chemin de Chambly». La maison de ferme de style ancien fut ensuite habitée par un ex-policier de Montréal, J. W. Larue, sa femme et leurs enfants. Un incendie maléfique ! Le 18 août 1944 éclata ce que l’on a appelé la conflagration du chemin de Chambly. Aidé par le vent, en l’espace de moins d’une heure et sur une longueur d’environ un mille, le feu réduisit à cendre pas moins de six solides maisons de ferme en pierre et

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une douzaine d’étables. Le journaliste Paul Rochon de La Patrie parle de «quatre maisons et trois douzaines de granges, d’étables, de garages et de bâtiments de toutes sortes». Le journaliste Joe Thomson écrit : «Le feu mystérieux […] commença dans la grande étable ronde en pierres […]». Après l’étable ronde, ce fut la maison de ferme qui prit feu et fut détruite ainsi que le garage. Le vent se mit à cueillir des tisons à même le foyer pour les porter vers les autres fermes, sur les toitures des maisons et autres constructions. «Du foin, du bois, des fourrages, des machineries de ferme furent détruits tandis que le feu rebondissait presque simultanément tout au long d’une section d’un mille du chemin de Chambly, menaçant pendant un moment d’attaquer des propriétés dans Saint-Hubert voisin». Paul Rochon de La Patrie écrit à propos de l’étable octogonale : «Deux chevaux, deux cochons et un veau périrent dans les flammes. La grange dans laquelle on avait entassé trois tonnes de foin fut réduite en cendres

ainsi que le foin, puis la grange attenante qui contenait, elle, trente tonnes de foin y passa à son tour. La maison fit comme les deux granges et flamba comme une allumette. On ne parvint qu’à sauver une partie des articles de ménage, dont le poêle, mais on oublia les vêtements». L’incendie «s’élança vers l’est et dédaignant la première maison qui se présenta à lui, le feu descendit sur la deuxième, où résidait M. Ernest Vaillant avec sa femme et ses quatre enfants dont le plus âgé a 16 ans. Et encore une fois, tout y passa. Maison, bâtiments, au nombre de six, cochons et poules. On ne parvint à cet endroit qu’à sauver des articles de ménage et sa propre peau. Puis le feu s’élança de nouveau, dédaigna les possessions de M. Ulric Goyette, traversa la route et fondit sur la ferme de M. Jos. Goyette, maire de l’endroit. Les bâtiments furent ravagés, les machines agricoles tordues ou calcinées et l’équipement rendu inutilisable. La maison fut épargnée, non sans peine, grâce à de copieux arrosages. Continuant sa route, le feu s’attaqua au voisin immédiat de M.

Goyette, M. Pierre-Basile Lamarre. La maison, quatre bâtiments, toutes les machines agricoles, tout, tout fut détruit. Et maintenant à l’autre voisin… M. Hector Vincent habitait là dans une maison que flanquaient cinq bâtiments. Ce fut un sac complet ; tout fut rasé, calciné, détruit, nivelé. Non, il reste une soue et un cochon que l’élément a épargnés comme s’il eut voulu ajouter une note cynique et lugubre. Encore un autre voisin, allons donc l’exterminer, dit le vent au feu; et il alla le déposer sur ces toitures voisines. Rongeons donc, se dit le feu; et il se mit à ronger les bâtiments, les machines agricoles et les récoltes essayant même d’y inclure la maison. M. Pierre Bouthillier habitait là avec son épouse et ses dix enfants, dont six étaient malades». «Et le vent se porta de l’autre côté du chemin. MM. A. Katona et J. Sikur habitant ici. Toutes ces constructions furent détruites. Il ne resta que la maison et une serre chaude à demi intacte quand le feu se retira pour se transporter chez le voisin, M. Félix Emard, pour y consommer quelques autres bâtiments

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de plus, n’épargnant que la maison et encore, parce qu’on l’arrosait». Le journaliste Thomson écrivit «La seule source (d’eau) se trouvait à Saint-Hubert et les pompiers éprouvaient de graves difficultés. On obtint de l’eau des puits tout près, mais ceux-ci furent à sec après 15 minutes. Hommes, femmes et enfants s’unirent pour combattre les flammes, formant des relais pour transporter des meubles, du linge, et outils de ferme au côté de la route». En une heure, de quatre heures à cinq heures, tous ces dommages furent accomplis, mais les divers services d’incendie restèrent actifs, leurs pompes fonctionnant toute la nuit. «L’une des plus importantes propriétés qui furent détruites était celle de Joseph R. Goyette, maire depuis 11 ans». Il vérifia avec le journaliste du journal The Montreal Gazette la série des évènements tragiques des dernières années. Quand il lui fut demandé s’il croyait à la malédiction, il répondit : «Il y a certainement eu assez d’occurrences pour que cela ressemble à ça». «Gilles Brossard, le chef de police de Longueuil, est toutefois d’avis que la malédiction a probablement été détruite par le feu». Pour la police, la cause de cet incendie n’est pas connue. L’historien Michel Pratt, dans une chronique consacrée à cette grange ronde, rapporte que l’on croit que le feu fut d’origine criminelle. Un symbole de la disparition du milieu rural traditionnel À propos de la supposée malédiction, «Dieu, disait-on à l’église à l’époque, est tellement aimable, tant infiniment bon, que tout accroc à sa majesté est par conséquent d’une gravité immense et justifie ses punitions les plus sévères». Voilà ce que l’on peut bien qualifier de «contradiction dans les termes», teintée d’une bonne dose d’anthropocentrisme. L’étable octogonale du chemin de Chambly apparaît plutôt comme un

symbole du recul d’un milieu rural traditionnel, un terroir dont les vestiges se font de plus en plus rares entre les édifices modernes. Le souvenir de ce passé continue de vivre dans la mémoire de nombreux Longueuillois qui savent décrire de quelle rue à quelle autre s’étendait la terre de leur père ou de leur grand-oncle et où se trouvaient les bâtiments de ferme où ils passaient leurs étés d’enfance. L’urbanisation de la Rive-Sud s’est faite avec peu d’égard pour la campagne qui disparut et ses habitants. Elle s’est le plus souvent réalisée selon les dictats de la spéculation sauvage et les intérêts des développeurs, sans plan d’ensemble réfléchi, «à la Far West», comme le disait l’urbaniste Gérard Beaudet, de l’Université de Montréal. D’ailleurs, le chemin de Chambly, la plus ancienne route du Canada, mériterait de vastes efforts d’aménagement réparateurs et d’embellissement.

Les personnes qui

possèdent des photos

ou autres

représentations en

rapport à cet article et

désireraient en faire don

seront bienvenues à

l’adresse suivante :

[email protected]

HI STO IRE

SOURCES Frère Marie-Victorin, Récits Laurentiens, Ne vends pas la terre , p. 91-107, 1909 https://beq.ebooksgratuits.com/pdf/Victorin-recits.pdf

Nadeau, Hélène, « Granges circulaires et polygonales : conserver la forme », Continuité, 2006 https://www.erudit.org/culture/continuite1050475/continuite1055791/17573ac.pdf

Abbott, Louise, « Les granges rondes des Cantons de l’Est », Continuité, 2003

http://www.nationaltrustcanada.ca/sites/heritagecanada.org/files/magazines/Aut2003_Granges%20Rondes.pdf

Thomson, Joe, « Revived Legend of ‘’Accursed farm’’ », The Montreal Gazette, 20 septembre 1944, Bibliothèque et Archives Nationales du Québec.

Rochon, Paul, « Conflagration à Longueuil-Annexe », La Patrie, 19 août 1944, et Anonyme, La Patrie, 20 août 1944, Bibliothèque et Archives Nationales du Québec. Pratt, Michel, « La grange ronde du chemin de Chambly », Le Courrier du Sud, 14 février 2004.

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IDENTIFICATION DE PHOTOS ANCIENNES

HI STO IRE

Les archives de la Société historique et culturelle du Marigot regorgent de photos, et certaines ne

peuvent être identifiées sans votre précieux appui. À chaque bulletin, nous présentons une photo

ancienne. Si vous reconnaissez l’endroit, le bâtiment ou les personnes photographiés, vous êtes invités

à communiquer avec nous. Le tout, dans le but de bonifier notre catalogue et faciliter la recherche.

Cette photo, prise à Ville Jacques-Cartier, nous intrigue beaucoup. Avez-vous une idée de qui

représente le personnage de droite ?

Voici ce que nous dit Michel Pratt au sujet de cette photo :

Cette bande de joyeux lurons accompagnant le Père Noël fait partie de l’équipage du magasin Saindon de la rue

Sainte-Hélène qui faisait, en 1946, la livraison de jouets aux enfants les plus démunis de la municipalité de Ville

Jacques-Cartier.

C’était en effet une saine coutume à l’époque, de faire tous les ans une cueillette de jouets donnés par les

citoyens à l’intention des familles défavorisées et le magasin se chargeait d’en faire la livraison dans l’équipage

que nous voyons ici, le matin de Noël... En espérant que ce « Pierrot » ne fasse pas peur aux enfants !

(Photo : collection SHM, don de Mme Lavigueur)

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C’est une occasion de se remémorer l’action engagée de cette voix de la Rive-Sud et qui a résonné aussi au-delà. La liste des journaux et autres médias auprès desquels il fut à l’emploi ou le collaborateur est plus qu’impressionnante. L’on se souviendra de ses articles du journal Point Sud, un outil qu’il fonda en 2000 et qu’il tenait à flot depuis les débuts, multipliant les interventions à la défense d’un bien commun que l’on ne saurait cesser de protéger, d'une liberté toujours à grandir.

La genèse d’une vocation

Dans le cas de M. Giroux, on pourrait dire qu’il tomba quasiment dans la marmite de potion magique quand il naquit dans une famille d’avocats et de politiciens. Son père, Louis-Arthur Giroux, fut un organisateur de l’Union nationale. Il avait été plutôt malchanceux du temps des boîtes à scrutin à deux étages de l’ère Taschereau en perdant son élection par 25 voix. Par contre, en 1936 il fut nommé conseiller législatif. Il siégeait au Salon rouge, instance qui fut abolie en 1969. Son épouse enceinte, Juliette Bolduc, avait suivi son mari en campagne électorale et après les élections elle se trouvait souvent à Québec. Maurice naquit ainsi à l’Hôpital Saint-Sacrement à Québec, le 17 novembre 1936. Louis-Arthur Giroux, en tant que conseiller législatif, proposa l’année suivante la création du célèbre Parc du Mont-Orford. De son parti au pouvoir, il ne reçut pour ce projet que 50 000 $ pour la construction d’une route, à condition de récolter un montant équivalent du privé. Ironiquement, le projet recevra un meilleur appui et davantage d’aide du gouvernement libéral de M. Godbout, qui fut élu en 1939. M. Giroux aime en plus se rappeler la mémoire de son grand-père François-Xavier-Arthur Giroux, qu’il a connu quand il était petit garçon, et qui fut à trois reprises candidat conservateur malchanceux autant au provincial qu’au fédéral. Le « mouton noir », ou « la gauche » de la famille Giroux, fut incarné par Yvette Giroux, qui fut secrétaire de Gérard Fillion mais demeure surtout connue pour son travail à la CSN et

sa participation à la grève d’Asbestos. La grand-mère Giroux, Eugénie Lafond, fut l’épouse du maire de Sainte-Brigitte-d’Iberville et aussi la présidente de l’Association des femmes conservatrices du Québec.

Plus près de nous, nous connaissons Gabrielle Giroux, sœur de Maurice et épouse de Jean-Jacques Bertrand, premier ministre du Québec de 1968 à 1970. Elle fut aussi mère de Jean-François Bertrand, ministre des Communications dans le cabinet de René Lévesque et de sa sœur Louise Bertrand, également politicienne. Ce fut Gabrielle Giroux qui encouragea son mari à s’impliquer dans la politique. Gabrielle fut elle-même élue députée du Parti progressiste-conservateur du Canada dans Brome-Missisquoi en 1984 et réélue en 1988. À cette liste, afin d’arriver au nombre de 15 avocats dans la famille, comme le dit Maurice, ajoutons les noms de son oncle Ernest Grégoire, maire de Québec de 1934 à 1938 et député de l’Action libérale nationale et de l’Union nationale de 1935 à 1939, ainsi que son fils Gilles Grégoire, député à Ottawa du Ralliement du crédit social et ministre à Québec du Parti québécois. Un beau-frère, Gérard Turmel, est ex-juge à la Cour Supérieure du Québec.

Si les conversations de droit et de politique étaient perpétuelles dans le milieu familial du jeune Maurice, les différences d’opinions l’étaient tout autant.

Une formation solide

Maurice Giroux se souvient de ses jeunes années passées à Sweetsburg, aujourd’hui une partie de Cowansville. Il y a fait son cours primaire. Il se souvient des journées merveilleuses passées dans la grande maison chez sa grand-mère paternelle. Mais, à l’âge de huit ans, le malheur frappe quand il perd son père, mort en fonction, à peine la cinquantaine entamée. Maurice en est bouleversé et dit en avoir porté les conséquences tout au long de sa vie. La maison de Knowlton est alors vendue.

Il poursuit ensuite ses études au Petit-Séminaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, c’est-à-dire le cours classique

MAURICE GIROUX, UN JOURNALISTE ENGAGÉ

CULT URE

Par Jef Asnong

Plus on agrandit la liberté de l’autre, plus on agrandit la sienne propre.

Vers la fin de l’année 2016, la Société historique et culturelle du Marigot a acquis une partie importante des archives professionnelles du journaliste longueuillois Maurice Giroux. Jef Asnong, le secrétaire du Marigot, a recueilli un long témoignage de Maurice Giroux et nous en relate l’essentiel.

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d’une durée de 8 années. En Belles-Lettres, en 1957, il décide que ce collège a besoin d’un journal d’étudiants. Il se met à l’ouvrage en sollicitant des articles auprès des étudiants de Philo I et II. Une plainte fut portée le jugeant « trop entreprenant ». Le directeur des études le convoque, le fait agenouiller, et se met à l’œuvre frappant avec la règle la main du récalcitrant avec l’interdiction de continuer. Mais Maurice s’est découvert le goût de l’écriture et se trouve bon en composition française et création littéraire. La fin de Philo II est marquée par la cérémonie des rubans. Les futurs médecins portent un ruban rouge, les dentistes un ruban vert, le bleu est pour les avocats et le mauve pour les sciences politiques. Maurice Giroux, qui juge depuis belle lurette qu’il y a assez d’avocats dans la famille, porte deux rubans, le bleu et le mauve. Il dit que, dès ce moment, il avait décidé d’être journaliste. Mais sa mère lui avait donné ce conseil : « Fais ton droit, tu verras après ».

Il poursuit donc ses études en première année à l’Université de Montréal. Il y voisine Louis Bernard, le futur secrétaire général du Conseil exécutif à Québec. M. Giroux aime le droit constitutionnel, il s’y intéresse depuis 1955. Son professeur en cette matière à

Montréal, Jean Best, sera plus tard le juge en chef de la Cour Suprême du Canada. Il fait sa deuxième année à l’Université de Sherbrooke et finit sa troisième à l’Université Laval. Sa mère vient à Québec pour assister à la remise des diplômes.

Après un début de carrière en journalisme au journal La Presse, M. Giroux va poursuivre des études à l’Institut de Sciences politiques de Paris et, parallèlement, au Centre de formation des journalistes de Paris. À cette époque il n’y a pas de cours de journalisme au Québec. De retour au Québec, il poursuit en 1964-65 ses études en Sciences politiques à l’Université Laval et obtient en 1966 sa Licence en droit. Son professeur, l’émérite juriste Jean-Charles Bonenfant, lui accorda une note de 100 % en matière constitutionnelle. Pas surprenant que de jeunes politiciens d’aujourd’hui, aux prises avec des quadratures de cercle de cet ordre, viennent le consulter et trouvent profit dans ses conseils.

Un journaliste d’enquête, engagé dans sa communauté

Maurice Giroux a occupé pas moins de 14 emplois ou collaborations au sein de nos journaux nationaux (La Presse, Le Devoir, Le Jour) et régionaux (L’Action, Le Courrier du Sud, etc.) et des médias radiophoniques (CHAA-MF, Radio communautaire 103.3 FM) ou électroniques (MédiaSud.ca). De plusieurs, il fut le fondateur (Édition Spéciale à Saint-Bruno, Supermédia (1984) Inc., Sud-Presse Ltée de Longueuil, Point Sud) ou le cofondateur (Le Jour, MédiaSud.ca), et d’autres le principal dirigeant (L’Express Rive-Sud). En somme, notre journaliste s’est bien vengé des coups de baguette sur les doigts reçus au temps de ses années de collège.

C’est alors qu’il est aux commandes du journal Point Sud que Maurice Giroux, féru de journalisme d’enquête, a pris la décision et aussi le risque de publier une série d’articles sur la gouvernance du Parti municipal de Longueuil (PML). Selon de nombreux observateurs, cette série de textes aurait pesé lourd dans la défaite du candidat de ce parti, Jacques Goyette, pavant la voie à la victoire pour la candidate à la mairie Caroline St-Hilaire.

Les activités journalistiques de M. Giroux furent en plus entremêlées d’emplois divers, soit comme attaché de presse de ministre, de postes dans la fonction publique ou en politique. Un apport très important de M. Giroux concerne toutes ses activités au sein des organismes administratifs et de diverses associations

CULT URE

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du Québec et de la Rive-Sud, soit encore une fois comme administrateur, fondateur ou les deux. On pense notamment à la Conférence des maires, à la Société de développement économique et à l’Office des congrès et du tourisme, tous trois de la Rive-Sud.

À cela s’ajoutent la présidence du Syndicat des journalistes de Montréal et diverses fonctions soit dans le Cercle de presse de la Montérégie, la Corporation du vieux presbytère de Longueuil, le Conseil culturel de la Montérégie, l’Association touristique régionale de la Montérégie, l’Association des gens d’affaires du Vieux-Longueuil, la Table Partenaires pour l’emploi, la Cité de l’Espace à Saint-Hubert ou l’Association des communicateurs de la Montérégie.

Un observateur attentif de l’histoire politique et sociale du Québec

Maurice Giroux est également l’auteur de plusieurs livres ou rapports marquants. Citons avant tout son Essai politique sur la crise des Deux Nations canadiennes, préfacé par Robert Cliche, et toujours d’une percutante actualité. Nommons aussi le Rapport sur la création d’une agence de presse québécoise et Québec-International, du Ministère des Communications, un projet qui fut mis en branle, négocié et malencontreusement abandonné.

Le cœur de l’engagement de M. Giroux, ce sont les pauvres. « Il y a trop de pauvres au Québec. Les Québécois votent toujours non, tout en étant brimés dans les moyens de se réaliser. Trop d’ignorance, de pauvreté intellectuelle, qui provient aussi d’une opposition passée à une instruction adéquate, ceci à partir du temps des Patriotes. La scolarité obligatoire et la gratuité scolaire au primaire n'ont été adoptées qu’en 1943 ».

La devise de la famille Giroux est « Qui s’y heurte, s’y brise ». Pour lui, cela se résume à trois mots : consistance, persévérance, persistance.

Jef Asnong a aussi parlé avec M. Giroux de la liberté de presse. Pour tout journaliste, tout écrivain, c’est une préoccupation de tous les jours, et des questions de cet ordre ont évidemment accompagné son parcours. Jusqu’à une vingtaine de cas ! Comme exemple, la belle aventure de Point Sud fut entachée par quelques poursuites bidon ou bâillon. Dans un cas, la poursuite en dommage de Catania dont le journal fut l’objet fut abandonnée le matin même du procès. Sans merci ou regret. Dans le cas de la poursuite pour diffamation au sujet d’un article concernant l’aéroport de Saint-Hubert et le refus de révéler les sources, le journal passa à deux doigts d’une condamnation pour

outrage au tribunal. La cause fut abandonnée, le juge émettant l’opinion que, sur le fond, Point Sud avait raison. Mais, le journal resta avec une facture de 15 000 $ de frais d’avocat à payer, ce qui mit non pas seulement en sérieuses difficultés les finances du journal, mais amena une réorganisation et l’abandon du volet d'action politique de son fondateur.

L’engagement en matière de service public de M. Giroux trouve maintenant vie dans le journal en ligne MédiaSud.ca. Il s’agit d’un cyberespace ouvert aux écrivains bénévoles qui trempent leur plume dans l’encre transparente. La liberté de presse doit être soutenue, car elle va de pair avec la liberté tout court, avant tout structurée et constituée de responsabilité.

Jef Asnong dédie ce texte à

▪ Maurice Giroux, un homme qui, de façon

exemplaire, a mis ses forces et son talent

au service de ses concitoyens et qui a

marqué le vivre ensemble de Longueuil et

de la Rive-Sud bien plus profondément

que l’on saurait l’imaginer

▪ son épouse, Claudette Demers, dans une

large mesure sa coéquipière dans les

nombreux projets et entreprises, et ce à

divers titres, participant dans toutes les

tâches, que ce soit la levée de fonds,

autant que l’écriture et l’édition

▪ sa famille, sa fierté : ses enfants Nicolas et

Marie-Françoise et ses trois petits-enfants

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DÉCOU VERTE

BOUCHERVILLE Non seulement Boucherville fête les 350 ans de sa fondation, mais elle commémore aussi le 300

e anniversaire

du décès de son fondateur Pierre Boucher survenu à l’âge de 95 ans. Conformément à la devise de la ville qui fut inspirée par celle du fondateur, «Fais ce que dois», on n’a pas lésiné sur les moyens. La Corporation des fêtes, composée de 19 administrateurs sous la présidence active de Florence Junca-Adenot, avait mené une année complète de grandes consultations,

afin de dégager des thèmes et appeler à la création de projets. Cela a porté fruit : 220 projets furent retenus et 650 bénévoles se mirent au boulot. L’histoire mise en valeur Pour célébrer les 350 ans de Boucherville, les trois thèmes choisis par la population sont l’histoire, des origines aux enjeux actuels, la fierté d’appartenance puis les transports à travers le temps. À la demande du maire, M. Jean Martel, secondé par plusieurs personnes, une place spéciale est accordée à quatre nations autochtones, les Hurons, les Iroquois,

les Abénakis et les Algonquins, qui fréquentaient ces lieux vers 1667. Leur apport a été intégré dans une douzaine d’évènements. Une place privilégiée a été réservée au couple fondateur, Pierre Boucher et Jeanne Crevier. Ils seront incarnés par des comédiens tout au long de l’année et le mois d’avril leur sera tout entier consacré. Alors que sa première épouse, Marie-Madeleine Chrétienne, une Huronne convertie, et son enfant moururent lors de l’accouchement, Pierre Boucher eut 15 enfants avec sa seconde épouse, Jeanne Crevier. Il sera abondamment question de l’homme

NOS VOISINES RIVERAINES DU SAINT-LAURENT :

350 ANS À CÉLEBRER

Par Jef Asnong et Louise Levac

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L’année 2017 est certes le temps de (re)découvrir deux de nos villes voisines. Boucherville et La Prairie fêtent leurs 350 ans, chacune avec une programmation faisant la part belle à l’histoire. L’occasion est belle d’aller visiter nos voisines riveraines et de célébrer avec elles tout au long de l’année.

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d’exception que fut Pierre Boucher. Explorateur, interprète maîtrisant plusieurs langues autochtones, militaire et écrivain, il a fondé la seigneurie des Îles-Percées en 1667, défrichant le territoire avec un petit groupe de pionniers venant essentiellement de Trois-Rivières, dont il était le gouverneur. C’est Pierre Boucher qui, en

tant que négociateur pour la Nouvelle-France, obtint de la mère patrie des vivres, les militaires du régiment de Carignan-Salières, qui sont à l’origine de notre chemin de Chambly, et des femmes, soit les filles du Roy. Pour honorer leur fondateur, les gens de Boucherville ont réussi un coup de maître. Ils ont emprunté la statue de Pierre Boucher qui orne la façade du Parlement à Québec, pour en faire une copie en bronze. Le 5 avril, cette œuvre sculptée par Alfred Laliberté sera dévoilée dans le parc de la Mairie, aussi nommé parc de la Mémoire. Les Nations autochtones, en l’honneur de Pierre Boucher, offriront à la Ville un mât totémique à quatre faces, afin d’exprimer leur gratitude. Le Vieux-Boucherville, coup de cœur de Florence Junca-Adenot Rencontrée au début du mois de février, madame Junca-Adenot, cheville ouvrière de ces fêtes, indique que son

coup de cœur à Boucherville est sans contredit le manoir construit par le troisième seigneur, François Pierre Boucher de Boucherville, et la centaine de petites maisons anciennes regroupées autour de l’église. Le manoir avec sa grande salle, restauré selon les règles par ses soins, est réellement un bijou hors pair, quelque chose de noble. Le Vieux-Boucherville, des Îles percées aux ruelles fleuries, avec sa végétation et ses maisons colorées, présente en effet un décor unique digne de la belle fête. Messe, concerts, conférences, expositions, excursions, livres d’histoire, inaugurations, ne sont que quelques-unes des nombreuses activités auxquelles Boucherville convie ses citoyens et les visiteurs en 2017. Le programme des fêtes de Boucherville, comptant 48 pages, peut être consulté en ligne sur le site : 350.boucherville.ca.

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LA PRAIRIE La ville de La Prairie aussi est en fête cette année, célébrant le 350

e

anniversaire de l’établissement de plusieurs familles de colons français dans la seigneurie du même nom. 1667 est aussi la date de l’établissement de la paroisse.

Dans le cas de La Prairie, l’organisation des festivités a été prise en charge par la Ville. Celle-ci, en plus de s’investir généreusement, a fait appel à tout ce que La Prairie compte comme institutions, sociétés culturelles et sportives, associations sociales et d’affaires. La Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, l’Église de la Nativité et le Musée d’archéologie de Roussillon ont mis au point une programmation propre à leur sphère d’activité, tandis que le congrès de la Fédération québécoise des sociétés de

généalogie se tiendra au mois de mai à La Prairie.

Une riche histoire

La Prairie peut être fière d’une longue histoire tenant souvent de l’épopée. C’est le sieur Champlain qui, en 1610, le premier usa du mot La Prairie, terme bien choisi pour cette région, alors marécageuse, avec ses vastes étendues de roseaux. Les autochtones, présents dans ce territoire depuis longtemps, usaient du terme Kentaké, soit « à la prairie ». En 1635, la Compagnie des Cent-Associés concéda à François de Lauzon une vaste seigneurie nommée « La Citière ». Douze ans plus tard, celui-ci vend le domaine à l’abbé de l’église de la Madeleine à Paris et, la même année, celui-ci revend son acquisition à l’ordre des Jésuites. Ces derniers baptiseront leur domaine « La Prairie-de-la-Magdeleine ». En 1667, grâce aux interventions du régiment de

Carignan-Salières, les Jésuites peuvent évangéliser les Amérindiens (mission Saint-François-Xavier) et établir le village français de La Prairie au bord du Saint-Laurent. La Prairie, entourée de palissades en bois, devient vite un port de navigation important. Au temps du commerce de la fourrure, La Prairie est un site stratégique sur la rive sud et le lieu de batailles importantes. Entre autres, en 1691 elle est le théâtre d’un affrontement majeur entre les troupes de la Marine et une expédition anglo-iroquoise venue d’Albany. En 1775, La Prairie est envahi et occupé par les troupes américaines. En 1836, la construction du premier chemin de fer au Canada reliant Saint-Jean à La Prairie confirme l’importance des deux villes. Elles furent ainsi choisies parce que la distance entre elles était la plus courte permettant de relier la partie navigable de la rivière Richelieu et le fleuve Saint-Laurent,

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assurant ainsi l’essor du commerce avec la Nouvelle-Angleterre. La construction du pont Victoria portera un dur coup à la vocation portuaire de La Prairie, de même que l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent et la construction de l’autoroute 132, coupant son accès au fleuve. La municipalité de La Prairie est fondée en 1845. Aujourd’hui, la ville est remarquable par sa prospérité, basée sur le dynamisme de ses citoyens et ses infrastructures modernes au service des industries et des commerces. Le Vieux-La Prairie, coup de cœur de Stéphane Tremblay Rencontré au milieu du mois de février, tandis que les fêtes battaient déjà leur plein, le président de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, Stéphane Tremblay, ne tarit pas d’éloges à propos de sa ville d’adoption dont il est visiblement amoureux. Originaire de la lointaine Gatineau, il vint d’abord à La Prairie

comme étudiant au Collège Jean-de-La-Mennais.

Son coup de cœur à La Prairie : le vieux village laprairien, un site patrimonial protégé, où des pavés bien identifiés marquent l’emplacement du vieux fort de bois. Dans cet enclos et un peu au-delà on découvre de très belles demeures datant de la Nouvelle-France, comme des plus récentes de style Nouvelle-Angleterre et victorien. L’église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge, datant de 1841, est un bijou à l’architecture impressionnante. Dans sa crypte, qui couvre la grandeur du sous-sol de l’église, on se sent à la fois dans l’histoire et dans l’éternité...

C’est surtout la dynamique société d’histoire, animée par M. Tremblay, qui assure le volet « histoire » des fêtes, en particulier la réalisation de la fin de semaine d’autrefois du Vieux-La Prairie qui aura lieu du 8 au 10 septembre. Contes et légendes, personnages d’époque, marché public d’autrefois,

métiers d’antan, foire et jeux et lancement de livres - dont celui de M. Tremblay sur les familles souches de La Prairie - sont au programme. Les familles fondatrices de La Prairie sont aussi en bonne partie celles que l’on retrouve à Longueuil, Boucherville et ailleurs sur la Rive-Sud.

Les festivités de La Prairie auront lieu tout au cours de l’année, et il en va de même des activités liées à l’histoire, incluant des conférences et plusieurs expositions.

Le programme des fêtes de La Prairie, comptant 37 pages, peut être consulté en ligne sur le site : ville.laprairie.qc.ca.

LONGUEUIL A 360 ANS

De son côté, la Ville de Longueuil soulignera cette année, plus modestement bien sûr, les 360 ans de son existence.

De concert avec plusieurs partenaires, le Marigot a d’ailleurs présenté des projets pour faire (re)connaître davantage l’histoire de Longueuil et certains des personnages qui l’ont incarnée au fil des siècles.

Une activité spéciale, prévue pour le samedi 12 août au parc de la Baronnie, est aussi en préparation. Karina Trautmann, notre coordonnatrice des activités, y contribue au sein d’un comité issu du Pôle de l’histoire et du patrimoine. L'

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AGENDA

L E S P R O C H A I N E S A C T I V I T É S D U M A R I G O T

Mardi 14 mars

Histoire de l’hiver québécois De l’appréhension à la domestication

(1534 à aujourd’hui)

Saison souvent mal-aimée des Québécois, l’hiver est tout de même au cœur de l’identité québécoise au même titre que son américanité et ses racines françaises et européennes. Ce n’est donc pas un hasard si le concept de « nordicité » a été inventé au Québec ! Qu’on l’aime ou qu’on l’haïsse, découvrez comment on vit l’hiver au travers des époques.

Avec Éric Dussault, historien et conférencier

Mardi 11 avril

Révéler l’indicible Scandales et homosexualité dans la presse québécoise

(1869-1910)

Cette conférence portera sur les représentations de

l’homosexuel dans la presse québécoise, au tournant

du XXe siècle. Tout en abordant le phénomène de la

sous-culture gaie, elle se penchera sur le contexte

d’émergence d’un discours journalistique tourné vers

les transgressions morales scandaleuses.

Virginie Pineault, Université de Montréal

Mardi 9 mai

L’impact du dirigeable R-100 sur notre

histoire

Avec Michel Pratt, historien et auteur, gouverneur de la Société historique et culturelle du Marigot.

L I EU Les conférences auront lieu au Centre Jeanne-

Dufresnoy, au 1, boulevard Curé-Poirier Est, angle du

chemin de Chambly, le deuxième mardi des mois

concernés, à 19 h 30.

TAR IFS pour l e s t ro i s con fé r en ces

8 $ non-membres

Gratuit pour les membres

Nos activités sont toujours suivies d’un léger goûter,

gracieuseté de l’Institut généalogique Drouin.

CONFÉRENCES

V IS I TES AN IMÉES Samedi 10 et dimanche 11 juin

Longueuil aux XIXe et XXe siècles : des marchés et des manufactures

De petites industries, des marchés publics et des

commerces florissants font la vitalité du Longueuil

commercial et industriel à partir de 1810.

Visite animée à pied d’une durée de 75 minutes.

Départ Maison de la culture

300, Saint-Charles Ouest, Vieux-Longueuil

Heure 13 h 30

Tarifs 6 $ membres, 12 $ non-membres

AVEC RÉSERVATION

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Dépôt légal : 1er trimestre 2017

Bibliothèque nationale du Québec

Bibliothèque nationale du Canada

ISSN : 1203-2239

Diane Lamarre

Députée de Taillon

Martine Ouellet

Députée de Vachon

Circonscription de Marie-Victorin

La Société historique et culturelle du Marigot remercie la Diffusion

généalogique Pépin pour sa collaboration à l’impression du

bulletin Le Marigot.

C O M M A N D I T A I R E S

A F F I L I A T I O N S