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  • Stratgie rgionale pour la biodiverSit

    Diagnostic : des enjeux partager

    Bourgogne

  • sommaire

    1 PANORAMA DE LA BIODIVERSIT BOURGUIGNONNE page 6

    Le Morvan, ses annexes cristallines et les dpressions primorvandelles page 8

    Les plateaux et ctes calcaires page 9

    Les plaines et valles alluviales page 11

    ZOOM SUR... Les espces exotiques envahissantes page 14

    2 LA BIODIVERSIT ET LES ACTIVITS SOCIO-CONOMIQUES page 15

    Lagriculture page 15

    La sylviculture page 19

    Lurbanisme et les transports page 21

    Lindustrie page 23

    Les activits de pleine nature et le tourisme page 25

    ZOOM SUR... Le changement climatique page 28

    3 LES ACTIONS EN FAVEUR DE LA BIODIVERSIT EN BOURGOGNE page 29

    Lamlioration des connaissances page 29

    La transmission des savoirs page 31

    La prservation des espces et des espaces remarquables page 33

    La gestion et la valorisation de la biodiversit dite ordinaire page 36

    VERS DE NOUVELLES PERSPECTIVES page 41

    Glossaire page 42

    Ressources documentaires page 43

    LA BIODIVERSIT, DE QUOI PARLE-T-ON ? page 4

  • AvAnt-p

    ropos

    avant-propos

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 3

    Qui se souvient de lapparition sur la scne mdiatique du mot biodiversit en 1986 ?

    Cette anne marque la matrialisation dans le langage courant dun sujet scientifique majeur plac, six ans plus tard, au centre des discussions internationales lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992.

    Vingt ans aprs, la lutte contre lrosion de la biodiversit est devenue un enjeu de socit capital lchelle plantaire, que ce soit pour des raisons conomiques (production agricole et agro-alimentaire, industrie pharmaceutique), patrimoniales (sauvegarde despces emblmatiques, de paysages) ou encore par thique personnelle.

    Cet enjeu se confronte souvent dautres proccupations. Ainsi, la slection de varits de riz trs haut rendement a permis damliorer lapprovisionnement alimentaire de lInde, mais a aussi conduit une diminution denviron 80 % du nombre de varits cultives, fragilisant la capacit de lespce rsister un ventuel problme (maladie, prdateur).

    Cet exemple, propos dune espce cultive, nous renvoie une interrogation essentielle : comment concilier dveloppement et prservation de la biodiversit ?

    Les socits peuvent continuer avancer et se dvelopper dura-blement condition de prserver le vivant.

    Penserglobal,agirlocal, cette formule employe par lagronome franais Ren Dubos en 1972 garde tout son sens aujourdhui. Cest lchelle locale, en particulier rgionale, que les solutions doivent tre recherches pour prserver la biodiversit.

    Dans ce domaine, les acteurs bourguignons ne sont pas rests inactifs et de nombreuses actions et initiatives ont vu le jour ces dernires annes, dans tous les secteurs de la socit (profession-nels, collectivits, monde associatif, particuliers, scolaires).

    Nous sommes maintenant arrivs une tape clef : le passage une vitesse suprieure ne se fera quau moyen dune synergie de toutes les volonts, de tous les moyens et sur tous les types de milieux.

    Forte dune tradition naturaliste depuis les travaux de Georges-Louis Leclerc de Buffon, prcurseur de la biodiversit au XVIIIe sicle, la Bourgogne a aujourdhui la volont de prendre ses responsabilits en sengageant dans llaboration dune Stratgie rgionale pour la biodiversit.

    Ce document a pour ambition den constituer les fondations. Il propose des connaissances partager sur les principaux enjeux et problmatiques de notre patrimoine naturel.

    Puisse sa lecture susciter lenvie de sengager et dagir ensemble pour notre bien commun : la biodiversit en Bourgogne.

    quoibonavoirunemaisonsilonnapasdeplanteacceptableolamettre?

    Henry David Thoreau crivain amricain, 1817 -1862.

  • LA Biodiversit, de quoi pArLe

    -t-o

    n ?

    page 4 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    la Biodiversit, de quoi parle-t-on ?

    Le tissu vivAnt de LA pLAnteLa biodiversit recouvre lensemble des formes de vie sur Terre, les relations qui existent entre elles ainsi quavec leurs milieux. La dfinition la plus employe est celle de la Convention sur la diversit biologique, adopte le 22 mai 1992 lors du Sommet de la Terre Rio de Janeiro, qui propose dapprhender la biodiversit selon trois niveaux dorganisation : La diversit gntique : variabilit des gnes entre les individus dune mme espce. Ce sont, par exemple, les races danimaux domestiques ou les varits de fruits. Elle est lun des moyens pour les organismes vivants de sadapter des modifications environnementales. La diversit spcifique : diversit entre espces. Environ 1,8 million despces ont t dnombres dans le monde, mais les scientifiques saccordent dire quil pourrait en exister entre 15 et 20 millions. La diversit cosystmique : diversit des cosystmes ou milieux, eux-mmes forms de lassociation de communauts despces et dun environnement physique en constante interaction. Par exemple, le tube digestif et la flore intestinale associe forment un cosystme qui permet la digestion des aliments et agit en faveur de notre immunit.La biodiversit peut tre perue dautres manires. Elle peut tre sau-vage ou domestique par lHomme et soumise sa slection. Elle

    peut galement tre qualifie de remarquable lorsquil sagit de milieux et despces naturellement rares ou qui ont rgress, ou en-core emblmatiques dun territoire donn. La biodiversit ordinaire ou commune concerne des milieux et des espces encore bien rpandus ou associs aux lieux de vie des hommes.

    LA Biodiversit en constAnte voLutionLa vie sur Terre est apparue il y a environ 3,5 milliards dannes, mais sa diversification (explosion cambrienne) remonte environ 540 millions dannes pour donner la plupart des embranchements dorganismes pluricellulaires actuels. Depuis, la biodiversit a beaucoup volu et a connu de nombreux bouleversements avec cinq grandes crises dextinc-tion. La plus dvastatrice sest produite il y a 250 millions dannes et a vu disparatre prs de 90 % des espces. La dernire, et la plus connue, sest traduite notamment par la disparition des dinosaures, il y a 65 millions dannes.Le renouvellement de la biodiversit est donc un phnomne naturel, la disparition de certaines espces tant compense par le dveloppement de nouvelles au cours des millnaires. Toutefois, si les crises dextinction passes trouvent leur origine dans des phnomnes gologiques, cos-miques ou climatiques, la crise actuelle de la biodiversit est singulire car elle concide avec le dveloppement exponentiel des activits humaines. On distingue cinq principales pressions contribuant directement lrosion de la diversit biologique : la dgradation et la destruction des milieux naturels, la surexploitation des ressources naturelles, la gnralisation des pollutions, le changement climatique, les espces exotiques envahissantes.

    Les espces disparaissent actuellement 100 1 000 fois plus vite qu leur rythme naturel. Ainsi, en 2011, 19 570 espces sur les 61 914 values par lUnion internationale pour la conservation de la nature (UICN) taient menaces dextinction, soit prs dune sur trois. La liste rouge mondiale de lUICN identifie quune espce doiseau sur huit, une espce damphibien sur trois et plus dune espce de mammifre sur cinq sont menaces dextinction. LEvaluation des cosystmes pour le millnaire a par ailleurs estim en 2001 que 60 % des services fournis par la nature sont en dclin.

    La pollinisation 84 % des espces cultives en europe dpendent des pollinisateurs. le projet de recherche europen alarm (valuation des risques sur la biodiversit et en particulier de lextinction des pollinisateurs) a valu la valeur conomique de lcoservice de pollinisation rendu par les abeilles plus de 150 milliards deuros annuels au niveau mondial.

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  • LA Biodiversit, d

    e quoi p

    ArLe

    -t-on ?

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    LA Biodiversit, source de Bien-tre et de richesse conomiqueLa diversit des espces et des interactions entre elles ainsi quavec leur milieu est une garantie du bon fonctionnement des cosystmes. Ces derniers fournissent de nombreux biens et services indispensables au bien-tre humain et... gratuits ! Certains sont peu perceptibles, dautres sont valoriss au travers dactivits conomiques. Ces services cologiques peuvent tre rpartis en quatre catgories : Les services dapprovisionnement : ce sont les produits que procurent les cosystmes. Ils sont notamment la base de notre nourriture (eau potable, fruits, lgumes, crales, viande, produits laitiers...), au cur de notre systme de sant (40 70 % de nos mdicaments drivent de substances naturelles) et de nombreuses activits artisanales et industrielles (bois, coton, laine, caoutchouc, carburants). Les services de rgulation : ce sont des processus complexes qui permettent le bon fonctionnement de notre environnement (auto-puration des cours deau, attnuation des variations climatiques et des pollutions atmosphriques, pollinisation, aptitude productive des sols, etc.) et limitent certains risques naturels (inondations, rosion des sols, rgulation cologique des ravageurs de cultures, etc.). Les services culturels (ou caractre social) : ce sont des bnfices non-matriels. Plus difficiles valuer mais tout aussi importants, ils reprsentent les valeurs symboliques, culturelles et identitaires de la biodiversit : les loisirs (pche, chasse, tourisme nature, etc.), la beaut des paysages, lidentit des terroirs, la crativit artistique, etc. Enfin, les services dits de support conditionnent la vie sur Terre. Ils sont fournis via les processus biogochimiques (cycle de leau, des lments nutritifs) et sont ncessaires la production de tous les autres services.

    Toutefois, linstar dautres rgions, la biodiversit bourguignonne rgresse plus ou moins fortement selon les territoires et ce, malgr les nombreuses actions en faveur de sa prservation menes depuis plusieurs annes par les acteurs bourguignons.

    Le diAgnostic : une tApe indispensABLe LA strAtgie rgionALe pour LA BiodiversitLe Conseil rgional de Bourgogne et lEtat en rgion souhaitent laborer et mettre en uvre conjointement une Stratgie rgionale pour la biodiversit (SRB) articule avec le Schma rgional de cohrence cologique (SRCE), ainsi quun Observatoire de la biodiversit lchelle rgionale (ORB). Cette dmarche vise mieux identifier les enjeux relatifs la prservation de cette biodiversit moyen et long termes et dfinir, sur cette base, un cadre dintervention commun tous les acteurs bourguignons (associa-tions, entreprises, tat, collectivits, tablissements publics, particuliers, etc.). Pour ce faire, ltat et la Rgion engagent un processus de concertation large et initient une dynamique tous les chelons de dcision (territoires, secteurs dactivits, citoyens). Le prsent diagnostic a t ralis partir dun travail bibliographique et dchanges avec des experts rgionaux reprsentatifs des acteurs du territoire. Il doit servir de support la concertation : il na pas vocation tre exhaustif mais synthtique et stratgique. Il constitue un premier tat des lieux de la situation en Bourgogne et tente didentifier des enjeux potentiels partager. Pour que chacun se lapproprie, il a t structur en trois parties permettant de raliser un panorama de la biodiversit en Bourgogne par ensembles paysagers ; des interactions avec les activits socio-conomiques ; et des actions menes par les acteurs bourguignons.

    La combe Lavaux - Jean roland cette rserve naturelle accueille prs de 450 espces vgtales soit 1/4 des espces bourguignonnes et 1/10e des espces de France mtropolitaine. des espces vgtales mditerranennes y ctoient des espces montagnardes comme la vronique en pi.

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    AnorAmA de LA Biodiversit Bourguignonne

    page 6 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    Jacinthe des bois rable de Montpellier

    en m

    influence atlantique

    influence mditerranenne

    un contexte gologique et climatique vari...La Bourgogne est forme par un relief de plaine et de moyenne montagne o domine le Morvan. Ce massif cristallin (granite) aux sols acides est soumis un climat semi-montagnard. Il se situe dans le prolongement nord du Massif central et culmine 901 m (Haut-Folin). Avec le seuil de Bourgogne qui le prolonge, ils forment une barrire climatique oriente nord-est/sud-ouest.

    louest de cette barrire stendent les valles alluviales de la Loire, de lAllier et de lYonne. Cette dernire est sur-plombe par les cuestas dOthe et de Terre-Plaine soulignant les limites entre les calcaires durs des plateaux bourguignons du Nivernais et du nord de lYonne, et les terrains sdimentaires argilo-sableux du Bassin parisien. Sy rencontrent un climat rela-tivement humide tendance atlantique louest du Morvan et un climat plutt froid et sec tendance continentale sur la montagne dijonnaise et le Chtillonnais.A lest de cette barrire stendent les ctes calcaires de Nuits, de Beaune, chalonnaise et du Mconnais, puis la valle de la Sane et le foss bressan. Les ctes viticoles aux sols argilo-calcaires sont marques par un climat mditerranen relativement chaud et sec. linverse, la plaine de la Sane aux sols alluvionnaires et limono-argileux tendance acide est domine par un climat plus continental relativement humide et avec des tempratures contrastes entre lhiver et lt.

    La Bourgogne offre une large palette de paysages ruraux et de milieux naturels. Sa gologie varie, ses multiples influences climatiques et son rseau hydrographique dense lui confrent un patrimoine naturel riche et original. Celui-ci a galement t faonn par les activits humaines, notamment agricoles, forestires et damnagement, qui couvrent au total prs de 95 % du territoire.

    Panorama de la biodiversit bourguignonne1

    Sources :

    IGN BDAlti

    , DREAL Bou

    rgog

    ne / IGN BD Carto 2010 / P

    rotoco

    le IGN-M

    EEDDM-M

    AAP 2007

    influence continentale

    gomorphologie de la Bourgogne

    Sabot de Vnus

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    Ces caractristiques pdoclimatiques influent sur la diversit des communauts microbiennes du sol et sont lorigine de potentiels agronomiques varis. Elles permettent linstallation dune grande diversit de communauts vgtales semi-naturelles, comme les prairies perma-nentes du Charolais, et de cultures annuelles ou prennes, comme la vigne, auxquelles sont associes de nombreuses espces animales.

    ... et un rSeau hydrographique denSe...La Bourgogne prsente un important rseau hydrographique qui se caractrise par : Une multitude de petits ruisseaux de tte de bassin qui prennent naissance dans le Morvan et sur le seuil de Bourgogne, en particulier le Chtillonnais. Un point triple de partage des eaux se situe au sud de Pouilly-en-Auxois et spare les eaux de pluie vers les trois bassins versants de la Seine, de la Loire et du Rhne. Les rivires grand dbit de lYonne, de lAllier, de la Loire, du Doubs et de la Sane situes sur les bordures ouest et est de la rgion et qui inondent occasionnellement les valles alluviales.

    La diversit de ces cours deau, notamment du point de vue de leur rgime fluvial (torrentiel dans le Morvan relativement calme pour les rivires comme la Sane, le Doubs, lAllier ou la Loire) est lorigine dune multitude de milieux humides et aquatiques. Ceux-ci comptent parmi les cosystmes bourguignons les plus riches et accueillent une flore et une faune spcifiques : oiseaux des prairies alluviales comme le rle des gents, crevisse pieds blancs, truite fario et insectes des cours deau froids et oxygns, etc.

    ... lorigine de paySageS diverSifiSLa Bourgogne est riche de plus de 80 rgions naturelles qui peuvent tre regroupes en trois ensembles paysagers : Le Morvan, ses annexes cristallines et les dpressions pri-morvan-delles, situs au centre de la rgion, se caractrisent par dimportants massifs forestiers, notamment rsineux, ainsi que par des zones de prai-ries naturelles et de bocage typiques de llevage bovin charolais. Ils sont drains par de nombreux ruisseaux et milieux aquatiques. Cet ensemble paysager regroupe un grand nombre de milieux naturels exceptionnels tels que des tourbires, des chaos granitiques ou des milieux typiquement montagnards. Les plateaux et ctes calcaires qui forment un croissant autour du Morvan, allant de Nevers Mcon, abritent une flore et une faune ty-piques leur confrant un intrt cologique singulier. Les ctes calcaires se caractrisent par une biodiversit remarquable avec des pelouses sches, des falaises et des boulis, abritant des espces mridionales et montagnardes rares. Elles sont le territoire du vignoble bourguignon. Les plateaux bourguignons gnralement couverts de massifs forestiers et de zones de grande culture, prsentent une biodiversit plus ordinaire. Les plaines et les valles alluviales comprennent le foss bressan o coulent la Sane et le Doubs, les terrasses de la Loire et la valle troite de lYonne. Principalement occupes par des activits de polyculture-levage et des forts domines par le chne, elles accueillent une gamme varie de milieux inondables et dannexes aquatiques temporaires (prairies alluviales, bras morts, mares, tangs, etc.). Elles constituent galement des corridors importants pour de nombreuses espces doiseaux migrateurs entre lEurope du Nord et lAfrique. La Loire et lAllier forment des axes de migration indispensables pour de nombreuses espces de poissons comme le saumon atlantique.

    Le relief et les sols bourguignons sont le rsul

    tat dune

    histoire gologique de plusieurs millions dann

    es.

    lre primaire (-300 millions dannes), la Bourg

    ogne fait partie

    dune vaste chane de montagnes. La rgion abrite vo

    lcans et grands

    lacs bords de forts marcageuses lorigine des

    bassins houillers

    dAutun et de Blanzy.

    La Bourgogne est ensuite submerge lre secondair

    e (-200 millions

    dannes) par une mer peu profonde sous un climat

    tropical chaud.

    Les avances et retraits de cette mer induisent une

    sdimentation

    sur plus de 1 000 m dpaisseur formant, entre autr

    es, le calcaire de

    Comblanchien.

    Lors de lre tertiaire (-65 millions dannes), les A

    lpes se forment

    et entranent le bombement du seuil de Bourgog

    ne ainsi que la

    dpression bressane o saccumulent des marne

    s lacustres. La

    surrection et lrosion du Morvan font affleurer

    le granite et les

    roches volcaniques issus de lre primaire.

    Enfin, au quaternaire, les grands froids sculptent l

    es reliefs, creu-

    sant les combes calcaires, rodant les versants

    du Morvan en

    sommets tabulaires (roches volcaniques) et produi

    sant des arnes

    granitiques (sable argileux). Les chaos granitiqu

    es lgendaires

    dUchon en constituent un bon exemple.

    grands ensembles paysagers

    Source : Fon

    d de

    carte CBNBP, carte ralise par Alterre Bou

    rgog

    ne

    Morvan, annexes cristallines et dpressions pri-morvandelles

    Plaines et valles alluviales

    Plateaux et ctes calcaires

    mcon

    diJon

    AuXerre

    nevers

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    page 8 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    le morvan, ses anneXes cristallines et les dpressions primorvandelles

    Les forts morvandelles

    ... marque par deS plantationS rcenteS de peuplementS rSineuxLes plantations de rsineux (douglas, pica), qui se sont fortement dveloppes ces quarante dernires annes, reprsentent aujourdhui prs de 45 % du massif. Ces peuplements monospcifiques ont entran une acidification des sols et la rgression de plantes typiques et rares des forts montagnardes comme la prnanthe pourpre ou la laitue du plumier. Ils ont toutefois permis que sinstallent dautres espces infodes aux rsineux comme le bec crois des sapins ou le cassenoix mouchet.

    Le bocage

    le bocage, un lment paySager fort

    la fort, une caractriStique de lidentit paySagre morvandelleMorvan signifie en gaulois montagne noire, faisant rfrence lomni-prsence de la fort. plus de 80 % prive, elle couvre aujourdhui environ 45 % du territoire (moyenne rgionale de 31 %). Cette fort se caractrise par des peuplements typiquement morvandiaux : Les htraies acidophiles sub-montagnardes peu tendues du Haut Morvan au climat froid et humide ; Les chnaies-htraies des bas de pente limoneux du Morvan central et occidental. Ces forts peu productives se caractrisent par la prsence despces vgtales semi-montagnardes typiques ou de milieu acide comme le houx, la fougre aigle ou le sorbier des oiseleurs.

    de la ceinture morvandelleLe bocage est fortement prsent dans le Morvan et sur sa priphrie : Charolais, Brionnais, Autunois, Auxois et Nivernais. Il se caractrise par un rseau de haies champtres vives associ un paysage dherbages lis llevage bovin allaitant charolais. Bien que faonn par lHomme depuis le Moyen-ge, le bocage constitue un espace agro-forestier qui prsente un grand intrt cologique.

    une trame verte remarquableLe bocage du Morvan est principalement form dun rseau dense de haies basses piquetes darbres isols. Des haies hautes associes ce maillage bocager forment une trame verte abritant : Plus de 40 espces ligneuses (arbres et arbustes) ; Une strate herbace trs varie avec, par exemple, plus de 110 espces dans le bocage charolais ; De nombreuses espces animales pour lesquelles les haies servent de rserve de nourriture (fruits, graines, insectes), de gte et de corridor de dplacement. On dnombre ainsi 70 espces doiseaux dont 26 infodes aux arbres creux.

    Cette partie du territoire regroupe les rgions sur terrains cristallins qui occupent des reliefs bien arross et les plaines de la priphrie morvandelle. Ces zones sont domines par des prairies bocagres et des forts feuillues et rsineuses.

    paysage de bocage du bazois, glantier, pie-griche tte rousse (n) Laubpine, le frne, le milan royal,

    la huppe fascie, le vespertilion oreilles chancres, le sonneur ventre jaune...

    forts morvandelles, chouette de tengmalm (n et e),

    prenanthe pourpre (r) La digitale pourpre, le sapin pectin, la msange huppe, la martre, le chat sauvage...

    La fort morvandelle na pas toujours t aussi tendue quaujourdhui. Elle a t dfriche plusieurs reprises au cours de lHistoire en raison de la croissance dmographique et des besoins en bois. Les dboisements importants durant le Moyen-ge ont rduit la surface forestire la moiti de celle daujourdhui. Au XVIe sicle, le Morvan fournissait jusqu 1,2 million de stres de bois de chauffage par an Paris. Cest la suite de la refondation de ladministration des eaux et forts au XIXe sicle et de lapparition du charbon que la fort morvandelle a recommenc stendre. La cration du fonds forestier national (FFN) aprs la 2nde guerre mondiale, associe la dprise agricole, a par ailleurs fortement contribu la croissance de la surface forestire pour atteindre son niveau actuel.

    Ds le Moyen-ge, des haies ont t mises en place pour

    contenir le btail en dehors des zones de culture et proximit des

    forts pour permettre la pture en sous-bois. Au XVIIIe sicle, cette

    pratique de pture na plus t permise et les prairies ceintes de haies

    se sont alors dveloppes. Suite la 1re guerre mondiale, la chute du

    prix du bl a provoqu une nouvelle reconversion de terres cultives

    en prairies comme dans lAuxois, auparavant surnomm le grenier

    bl de la Cte-dOr. Certaines rgions se sont alors spcialises

    dans llevage allaitant. Aprs la 2nde guerre mondiale, un nouvel

    exode rural a induit une forte rduction du nombre dexploitations.

    Il sen est suivi une vague de remembrements qui, associe lessor

    du machinisme, a men une simplification du rseau de haies.

    (E), (N), (R) : espces protges aux niveaux europen (E), national (N) ou rgional (R).

    : autres espces rencontres dans le milieu.

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    les plateauX et ctes calcaires

    en recul depuiS cinquante anS La forte diminution de la main duvre dans les campagnes, en particulier dans les exploitations agricoles, et la mcanisation de lentretien des haies ont entran, au cours des 50 dernires annes, une rgression de prs de 40 % du linaire de haies, notamment hautes. Avec un rseau plus diffus de haies basses au dtriment des haies hautes, cette rgression sest accompagne dune forte diminution de la qualit biologique du bocage.

    Les prairies sches siliceuses

    un habitat rare en bourgogne qui tend SenfricherLes marges granitiques des collines du Morvan comptent des prairies sches siliceuses qui se dveloppent sur des sols peu profonds, en pente, avec des affleurements rocheux et une acidit due au substrat granitique, propice une vgtation rase et sche. Ces prairies, rares en Bourgogne, abritent une flore remarquable et originale dont certaines espces sont protges. La dprise agricole marque par le recul de llevage se traduit par un enfrichement de ces prairies siliceuses, notamment par le gent balai, pouvant voluer en landes sches.

    Les ruisseaux et milieux humides

    deS zoneS humideS remarquableS et fragileSLe Morvan est une rgion qui reoit des prcipitations suprieures la moyenne rgionale (1 000 mm pour 850 mm en rgion). Leau ruisselle en surface et est lorigine de trs nombreux ruisseaux de tte de bassins versants propices des espces typiques comme lcrevisse pieds blancs. Elle sinfiltre galement dans le sol peu profond, scoule sur le granite et ressort en bas de pente au contact de larne argileuse, crant ainsi de nombreux suintements prairiaux et mouilles. Ces milieux sont particulirement favorables certaines espces remarquables comme lagrion orn, libellule dont la Bourgogne constitue le principal noyau de population en France. En outre, le Morvan central et le Haut Morvan accueillent quelques tourbires prserves de lexploitation humaine. Ces milieux rares, reliques de la fin de la dernire glaciation (-10 000 ans), accueillent une flore typique des milieux aqueux acides, froids et privs doxygne telle que la drosra feuilles rondes. Des prairies paratourbeuses constituent dautres milieux remarquables du Morvan.

    aSSocieS de nombreux milieux aquatiqueS artificielS qui fragmentent le rSeau hydrographiqueLes lacs-rservoirs et tangs prsents dans le Morvan ont t crs par lHomme, partir du XVIe sicle, pour le flottage du bois vers Paris et la rgulation des crues. Ils accueillent prs de 200 espces vgtales, dont 20 sont protges en Bourgogne comme le rare flteau nageant. Ils constituent par ailleurs des zones de repos et de nourrissage pour de trs nombreuses espces doiseaux et damphibiens.Ces milieux aquatiques artificiels fragmentent le rseau hydrographique. Ils freinent la circulation de leau dans le milieu naturel et participent au rchauffement des eaux de surface.Bien quelles tendent rgresser ou se dgrader (comblement volontaire ou naturel par manque dentretien), les mares sont aussi trs prsentes dans le Morvan et les territoires herbagers. Elles jouent un rle cologique important en particulier pour les amphibiens et les insectes.

    Les massifs forestiers et les grandes cultures des plateaux

    deS fortS de feuilluS trS varieSLes forts de plateau sont majoritairement peuples par le chne sessile et le charme. Deux types de forts se distinguent particulirement : Des htraies-chnaies-charmaies, lorsque la pluviomtrie est suffisante comme dans le Chtillonnais ; Des chnaies pubescentes, sur les pentes exposes au sud, notamment des ctes dijonnaises et chalonnaises o lespce peut shybrider avec le chne sessile.

    Cet ensemble paysager forme un croissant autour du Morvan. Il est constitu de plateaux calcaires qui stendent en gradins, caractriss par une alternance de champs cultivs et de forts, ainsi que des ctes calcaires dijonnaises,

    chalonnaises et mconnaises avec leurs vignobles associs des milieux secs et rocheux.

    tourbire du vernay, agrion orn (e), mnyanthe trfle deau Le chabot, le cincle

    plongeur (ruisseaux) ; lazur des mouillres, la bcassine des marais, la potentille des marais (marais et prairies paratourbeuses)

    paysage de forts et de grandes cultures de plateau, cigogne noire (e), coquelicots dans un champ dorge Le lis martagon, le sabot de Vnus, le pic cendr,

    le cerf (forts) ; la caille des bls, le bleuet (grandes cultures)

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    page 10 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    Ces forts abritent une bio-diversit importante consti-tue darbustes, de fleurs, de champignons, doiseaux et de mammifres.

    ... Souvent propiceS aux grandS ongulS parfoiS en Surnombre Certains massifs peuvent stendre sur plusieurs milliers dhectares et sont propices la grande faune (cerf, sanglier, chevreuil). Cest le cas de ceux de la Montagne dijonnaise et du Chtillonnais qui, associs celui dAuberive (en Haute-Marne), accueillent une des populations de cerfs les plus

    importantes de France. Des surpopulations de grands onguls peuvent limiter la rgnration forestire (abroutissement, etc.).

    ... et entrecoupeS dimportanteS zoneS de grandeS cultureSLes massifs forestiers des plateaux sont entrecoups de zones de grandes cultures, notamment sur les plateaux du Chtillonnais et du Duesmois. Celles-ci dominent dans le nord de lYonne et progressent sur la Puisaye humide, zone historique de bocage haut. Ces espaces ouverts accueillent une biodiversit diffrente, plus ou moins rduite selon les pratiques agricoles. Certaines espces sauvages y sont infodes comme le busard cendr dont 70 % de la population se reproduit en zone cralire.

    dont certainS rgreSSent Suite leur abandonCest le cas des landes et pelouses sches qui, ntant plus entretenues, voluent vers des friches o domine le genvrier. Ces espaces, qui deviennent rares, ainsi que les espces infodes aux corniches, sont parfois dgrads par les activits touristiques et de loisirs, notamment motoriss, comme les quads. Or la Bourgogne a une responsabilit dans la continuit de ces milieux car elle constitue une bifurcation des pelouses venant du nord-est de lEurope vers deux directions : le couloir rhodanien et la ligne de cuestas au nord de la Nivre se prolongeant vers louest.

    Les vignobles, pelouses et landes calcaires des ctes

    une diverSit de milieux SecS et rocheux remarquableSLes ctes calcaires se caractrisent par des replats argileux et marneux dont les sols permettent linstallation du clbre vignoble bourguignon (cf. page 17). Ces replats sont associs des milieux secs et rocheux typiques tels que : Des pelouses et landes calcaires xrophiles (adaptes la scheresse) sur les rebords de plateau qui accueillent une centaine despces de papillons et plus de 200 espces vgtales ; Des falaises o se dveloppe une flore particulire et nichent de nombreux oiseaux comme le faucon plerin ou le hibou grand duc ; Des combes, valles sches qui entaillent perpendiculairement les Ctes dijonnaises et de Beaune, et abritent une grande diversit de milieux : gros blocs calcaires moussus, boulis servant de solarium aux reptiles, forts riches en espces mridionales sur les versants exposs au sud, forts avec une flore sub-montagnarde sur les versants exposs au nord, fourrs, galeries, grottes

    falaise calcaire arcenant (21),

    lzard vert occidental (n),

    anmone pulsatille Lorchis abeille,

    lpine vinette, la mante religieuse,

    le traquet motteux, le petit rhinolophe

    (pelouses et landes) ; le choucas des tours

    (falaises)...

    Les forts de plateau ont longtemps t utilises pour fournir du combus-tible aux fonderies, aux verre-ries et aux poles urbains. La Bourgogne a notamment t la 1re rgion productrice de fer extrait du sol ; la sidrurgie tait prsente en Cte-dOr ds le nolithique. Les Celtes et les Gallo-romains ont cr des forges dans le Chtillonnais et les moines cisterciens ont dve-lopp lindustrie mtallurgique au XVIIe sicle. Jusqu la rvo-lution industrielle, les forts ont ainsi t utilises pour approvi-sionner en charbon de bois les villes et lindustrie. Louverture des mines de charbon a mis fin ce type dexploitation.

    Les pelouses calcaires taient des espaces collectifs utiliss comme pturage dappoint notamment pour les ovins ; jusquau XVIIIe sicle, Chtillon-sur-Seine a t un centre important de commerce de laine. Suite la crise du phylloxera, des pelouses ont progressivement remplac les vignes et les vergers sur certains coteaux. La dprise agricole au lendemain de la 1re guerre mondiale a, par la suite, conduit un abandon et la fermeture progressive (boisement) de ces pelouses.

    Localisation des pelouses calcaires de Bourgogne

    Source : BD Carthage, 2011 - C

    onception : C

    ENB, 2011.

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    mcon

    diJon

    AuXerre

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    AnorAmA de LA

    Biodiversit Bourguignonne

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 11

    Les sources, milieux karstiques et marcageux

    un rSeau karStique lorigine de nombreuSeS SourceSLe Chtillonnais est, comme le Morvan, un toit hydrographique. Leau de pluie sinfiltre dans le calcaire et chemine dans le rseau karstique. Ce dernier forme un ensemble de grottes, dolines, pertes et gouffres crs par la dissolution du carbonate de calcium contenu dans les roches calcaires. Lorsquelles ne sont plus gorges deau, ces cavits peuvent tre des lieux dhibernation pour de nombreuses espces cavernicoles comme les chauves-souris.Les sources apparaissent au niveau de couches argileuses, plus ou moins tanches et profondes. Elles peuvent perdre une partie de leurs eaux par infiltration dans le rseau karstique, pour la rcuprer plus loin (cas de la Cure). Les ruisseaux forms sont souvent associs une ripisylve et accueillent une faune aquatique riche. Certains dentre eux saccompagnent de prairies humides et abritent des espces remarquables comme le narcisse des potes.Linfiltration rapide de leau dans le rseau karstique rend ces ruisseaux et, plus en aval, les nappes et les rivires, relativement sensibles aux polluants chimiques et organiques. Or la Bourgogne alimente en eau de nombreuses rgions voisines. Elle fournit, par exemple, prs du quart des prlvements en eau de Paris.

    formant de rareS maraiS tufeux particulirement fragileSAu niveau de certaines sources, dites incrustantes, le calcaire dissous dans leau se dpose et prcipite sur des mousses pour former du tuf ou travertin. La source cascade alors sur ces formations en escalier limage de la fontaine de Jouvence dans le Val Suzon au nord de Dijon. Elle peut, en outre, crer des marais tufeux de pente comme dans le Chtillonnais et la Montagne dijonnaise. Ceux-ci accueillent une flore et une faune typiques ainsi que des algues. Leutrophisation lie la prsence de nitrates et les tentatives passes de boisement ont pu localement dgrader certains de ces milieux rares en France.

    deS tourbireS et maraiS acideS aujourdhui relictuelSDans le nord-ouest de la rgion, en bordure des plateaux calcaires et notamment en Puisaye et Champagne humide, des cuvettes au substrat sableux accueillent quelques tourbires et marais remarquables par leur faune (reptiles, amphibiens, insectes...) et leur flore. Ces milieux, qui ont chapp aux oprations dassainissement ou aux plantations, tendent nanmoins se refermer (molinaies...) suite la dprise agricole.

    Les forts et les espaces ouverts de plaine

    deS fortS feuillueS de productionLes forts de plaine sont les lieux privilgis de production du chne de qualit. Elles se situent principalement dans le Nivernais et la plaine de la Sane. Deux types forestiers se distinguent : Les chnaies mixtes avec le chne pdoncul et le chne sessile sou-vent associs au charme en sous-bois. Ces forts se rencontrent sur des terrains plus ou moins argileux et bien drains. La flore est relativement diversifie et la faune peut tre abondante notamment chez les oiseaux (45 espces Cteaux) comme les rapaces nocturnes. Le sol imper-mable retient de nombreuses flaques et mares temporaires, peuples damphibiens (salamandre tachete, crapaud sonneur, etc.). Les chnaies-frnaies, moins prsentes, principalement localises dans les valles inondables de la Sane sur sols alluviaux, sableux et graveleux. Ces cosystmes se caractrisent par une flore trs diversifie et typique telle que la parisette quatre feuilles.

    aSSocieS de grandeS plaineS agricoleSDe vastes tendues de grandes cultures occupent les sols fertiles des plaines de Dijon, Genlis et Beaune. Elles se prolongent en Bresse par des zones de polyculture-levage et de prairies associes des haies champtres, traditionnellement hautes. Dans ces zones, de nombreux tangs ont t amnags pour la pche, la chasse et la production dnergie hydraulique. Ils ctoient des mares cres pour diverses raisons au cours de lHistoire : lessive, vannerie, tannage, irrigation, abreuvoir, vivier poissons, rouissage du lin, lutte contre les incendies... Ces milieux accueillent de trs nombreuses espces notamment de plantes, dinsectes et damphibiens, parfois rares.

    les plaines et valles alluviales

    Source incrustante du chtillonnais, triton alpestre (n), pipactis des marais (e et r) La linaigrette,

    la gentiane pneumonanthe, le damier de la succise, le crapaud accoucheur (milieux marcageux) ; le vespertilion moustaches (cavits)

    forts et cultures de plaine de la Sane, pic peichette, orchis fleurs lches (r) Le cuivr des marais (prairies) ; lanmone des bois, le frne lev, le chvrefeuille des

    bois, le chat sauvage (forts)

    Ces espaces gographiques rassemblent le foss bressan, vaste plaine bourguignonne maille de cours deau avec notamment la Sane et le Doubs, la plaine de la Loire et de lAllier, ainsi que la valle de lYonne et ses affluents. Ils sont caractriss par

    une forte diversit dactivits humaines et de paysages ainsi que par des milieux alluviaux tels que des forts inondables, des prairies humides, des bras morts

    (E), (N), (R) : espces protges

    aux niveaux europen (E),

    national (N) ou rgional (R).

    : autres espces rencontres

    dans le milieu.

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    page 12 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    dont leS paySageS tendent Se SimplifierDans les valles de la Sane et du Doubs, la transformation des prairies naturelles en cultures a pu localement se traduire par une rgression des rseaux de haies champtres et de mares (comblement, isolement) devenues moins utiles.

    Les valles alluviales et leurs milieux associs

    la loire, dernier fleuve Sauvage deurope de loueStLa Loire forme un axe de migration indispensable pour de nombreuses espces doiseaux et de poissons, notamment amphihalins(1). Son courant est relativement lent en Bourgogne (faible pente de 40 cm/km). Toute-fois, les prcipitations dautomne peuvent provoquer des crues fortes et morphognes (dplaant le sable des berges et des les) lorigine dune mosaque de milieux secs humides particulirement riches, dont : Des berges abruptes et des grves sableuses accueillant des espces typiques comme le petit gravelot ou la canche des sables ; Des pelouses xrophiles et des landes gents sur les premires ter-rasses accueillant des espces remarquables comme ldicnme criard ; Des prairies humides ou fraches favorables laccueil de nombreuses espces, notamment doiseaux, comme le courlis cendr ; De nombreux bras morts, reliques des anciens mandres, abritant dimportantes populations damphibiens et constituant des zones de fraie pour les poissons comme le brochet.

    lyonne, une rivire encaiSSe au rgime fluvial trS ingalProche de sa source situe dans le Morvan, lYonne se caractrise par un courant relativement fort, propice laccueil despces infodes aux eaux torrentielles comme la truite fario ou le cincle plongeur, un oiseau pcheur dinsectes aquatiques. Plus loin, son cours, moins tourment, traverse les craies et marnes crayeuses du plateau bourguignon et saccompagne de zones humides (roselires, tangs, gravires) favorables laccueil des-pces indicatrices de rivires lentes, comme la carpe ou le canard colvert.

    lyonne merry-sur-yonne, peuplier noir, courlis cendr

    La tanche, le brochet, le martin pcheur, le phragmite des joncs, le hron cendr,

    la grenouille agile

    la Sane et Sa large plaine alluviale, riche en zoneS humideSLa Sane est une rivire peu mobile avec un courant lent et une pente de seulement 4 cm/km (soit 10 fois moins que la Loire). Dans son vaste lit majeur se rencontrent les mortes, reliques danciens mandres qui, alimentes par la nappe alluviale et les crues, accueillent de nombreuses espces de batraciens (rainette verte, tritons...) et dinsectes.La plaine de la Sane, parcourue par un grand nombre daffluents tels que le Doubs, la Seille ou la Grosne, se caractrise par la prsence de milieux aquatiques ou humides remarquables varis : marais, forts allu-viales, roselires et prairies inondables. Ceux-ci forment une multitude de lieux daccueil et de corridors cologiques pour de nombreuses espces typiques de poissons, comme le sandre, ou doiseaux rares en Europe comme le rle des gents.

    deS dynamiqueS fluvialeS perturbeSEn Bourgogne, il existe environ 3 800 ouvrages (barrages et seuils) sur les cours deau des valles de la Loire, de la Sane et de lYonne, construits, soit pour se protger contre les inondations, soit pour utiliser leau de la rivire (alimentation des canaux, hydrolectricit). Associs aux travaux denro-chement et dendiguement, ces ouvrages sont lorigine de ruptures dans la continuit longitudinale et latrale des cours deau. Ils se traduisent par : Une diminution de la mobilit des espces comme les migrateurs amphihalins et de laccs aux zones de frais ; La rduction du dbit des rivires et le dficit de transport sdimentaire entranant une altration de la dynamique fluviale : rosion laval, enfon-cement du lit et loignement de la nappe deau, disparition de substrats favorables la ponte Laltration des formations marcageuses (aulnaies, saulaies, roselires) et des bras morts favorables de nombreuses espces vgtales et animales comme les limicoles.

    deS milieux annexeS remarquableS qui rgreSSentLes ouvrages hydrauliques, comme les digues, rduisent les zones dexpansion des crues et limitent la priode dinondation des milieux annexes remarquables, prsents dans le lit majeur. Or les inondations en priode hivernale sont indispensables aux espces caractristiques des forts alluviales et des prairies humides comme la fritillaire pintade ou le tarier des prs.

    bords de loire, lamproie marine, corynphore canescens (r) Le butome

    en ombelle, le saule blanc, les sternes pierregarin et naine, la bergeronnette jaune, la truite de mer, la grande alose...

    Jusqu la fin du XIXe sicle, il y avait environ 100 000

    saumons sur le bassin Loire-Allier. Aujourdhui, il ne reste

    plus que quelques dizaines dadultes. Le saumon reprsentait alors

    une importante source de revenus, que ce soit pour les pcheurs

    professionnels ou pour le tourisme li la pche de loisir. Sur la

    Loire, la fin du XIXe sicle, il se pchait encore 100 tonnes de

    saumon soit 10 000 individus, dans lestuaire de la Loire. Leffon-

    drement des captures de saumon, passes de plus de 30 000 en

    1890 moins de 1 000 depuis 1975 sur tout le bassin de la Loire,

    est principalement d aux barrages de navigation, puis hydro-

    lectriques, qui ont rendu inaccessibles aux saumons ses zones

    de reproduction naturelles.

    Depuis les annes 1970, les prairies permanentes ont fortement rgress en France, suite aux remembrements et la progression des grandes cultures. Cette tendance a t plus lente dans le Val de Sane du fait des nombreuses vaines ptures (droit de faire patre gratuitement les troupeaux aprs les coupes de foin). Toutefois, 25 40 % des prairies inondables ont disparu entre 1975 et 1994. De grands marais ont galement disparu dans la valle des Tilles (asschs au XIXe sicle) et de la Sane, notamment la faveur de peupleraies.

    (1)Amphihalin:espcemigratricedontlecycledeviealterneentrelemilieumarinetleaudouce.Exemples:saumonatlantique,esturgeon,anguille

    (E), (N), (R) : espces

    protges aux niveaux

    rgional (R).

    : autres espces rencontres dans le milieu.

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    Biodiversit Bourguignonne

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 13

    le patrimoine naturel bourguignon a beaucoup volu aux cours des dernires dcennies. des travaux dinventaire, cibls sur certains groupes despces trs suivis, permettent didentifier de grandes tendances dvolution de la biodiversit lchelle du territoire bourguignon.

    QUELQUES INDICATEURS DE TENDANCES

    ce quil faut savoirLa Bourgogne accueille de nombreux sites et paysages remarquables au niveau national ainsi que plus du tiers des espces prsentes en France mtropolitaine avec : 1847 espces de plantes indignes (sur environ 4900) dont 36 % sont extrmement rares ; 160 170 espces doiseaux nicheurs (sur entre 290 et 300) ; 76 espces de mammifres (sur 122) ; 18 espces damphibiens (sur 32) ; 15 espces de reptiles (sur 36) ; 51 espces de poissons deau douce (sur 104)

    La rgion a une responsabilit particulire, en France comme en Europe, pour la prservation : Du bocage ; Des landes et pelouses sches ; Des zones humides et des milieux aquatiques ; De certaines espces rares dont la rgion constitue un des principaux rservoirs de populations (agrion orn, cigogne noire, oiseaux prairiaux, crapaud sonneur...).

    prserver les milieux patrimoniaux en rgression : forts et prairies alluviales, pelouses calcaires, prairies et landes acides

    maintenir et restaurer les continuits cologiques (cours deau, bocage, lisire).

    prserver et restaurer les milieux aquatiques et humides.

    valoriser le bocage et restaurer sa fonctionnalit lchelle rgionale.

    maintenir la diversit et la fonctionnalit des cosystmes forestiers bourguignons et des espces associes.

    panorama de la biodiverSit bourguignonne : quelques enjeuX potentiels partager

    les oiseauX Ils occupent une large gamme dcosystmes et ragissent relativement rapidement aux modifications du paysage. Lvolution de leur population constitue donc un bon indicateur de suivi de la biodiversit. En Bourgogne, les ornithologues observent que, depuis environ un sicle, les populations doiseaux sont : Plutt stables en fort notamment en raison de laugmentation des surfaces boises ; En progression dans les villes o les espces rupestres se sont adaptes ; En progression sur les plans deau (rservoirs, gravires) en raison de leur multiplication au cours des dernires dcennies ; En rgression dans les milieux cultivs suite lvolution des conditions de milieux (bocage et zones humides).

    la Flore sauvage Les rcents inventaires floristiques mens dans toutes les communes de Bourgogne compltent les tendances observes pour lavifaune et montrent que, depuis 1990, les principaux milieux en rgression sont : Les prairies humides et marais, concentrant 25 % des espces disparues (19/74) et 25 % des espces en forte rgression ; Les milieux cultivs, concerns par 12 % des espces disparues (9/74) et 20 % des espces (notamment messicoles(2)) en forte rgression.Viennent ensuite, les pelouses acides et calcaires, les espces infodes aux friches et villages et les milieux rocheux (rochers et boulis).La flore forestire est globalement peu touche par les rgressions ou disparitions, hormis celle des forts productives mono-spcifiques o 11 % des espces de lisires ont disparu (8/74) et 14 % sont en forte rgression.

    les poissons Lvolution des populations de poissons (prsence et abondance) constitue un bon indicateur de suivi de la qualit des milieux aquatiques. En Bourgogne, il a t observ une rgression globale des espces : Sensibles, comme le chabot, aux pollutions dorigines industrielle, agricole ou domestique et leutrophisation(3) ; Vulnrables, comme le brochet, aux modifications ou altrations physiques (curage des rivires en prvention des crues, comblement des bras morts) des habitats de vie et de reproduction ; Deau froide, comme la truite, du fait de laugmentation de la temp-rature des cours deau (cration dtangs et de seuils, limination de ripisylves, changement climatique...) ; Migratrices, comme le saumon, suite aux ruptures de continuit cologique (barrages et seuils) qui modifient le rgime hydraulique.

    quelques espces emBlmatiquesCertaines espces, qui avaient disparu, semblent reconqurir leur terri-toire. Cest par exemple le cas du castor, de la loutre, de la cigogne noire ou encore du hibou grand duc. Le dveloppement de ces espces est gnralement attribu aux diffrentes mesures de prservation mises en place en Bourgogne et plus gnralement en France.

    (2)Messicoles:plantesannuellesquipoussentdansleschampscultivssansyavoirtsemes.Exemples:bleuet,grandcoquelicot,nielledesbls,etc.(3)Eutrophisation:dtriorationduncosystmeaquatiqueparlaprolifrationdecertainsvgtaux,enparticulierdalguesplanctoniques,suite.

  • page 14 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    une espce exotique envahissante (ou invasive) est une espce allochtone(4) dont linstallation et la propagation menacent les cosystmes ou les espces indignes avec de possibles consquences environnementales, conomiques ou sanitaires. lHomme peut tre lorigine de lintroduction volontaire (tortues de Floride relches) ou accidentelle (chrysomle du mas dissmine par les transports de marchandises) de ces espces.certaines espces indignes, qui se multiplient abondamment, peuvent galement tre considres comme envahissantes. cest le cas du grand cormoran, qui peut tre lorigine de dgts sur les populations de poissons et occasionner une gne aux usages piscicoles et de pche, donnant lieu un impact conomique estim significatif.

    densit des espces vgtales envahissantes(observation aprs 1990)

    Nombre despces invasives par interpolation IDW de maille 5 x 5 km

    Source : CBNBP-M

    NHN, 19/03/2008. Ralisation

    : L. Pon

    cet, O. B

    arde

    t.

    Faible

    Fort

    ZOOM SUR

    les espces exotiques envahissantesEn Bourgogne, les espces exotiques envahissantes ne repr-sentent pas, pour linstant, un danger majeur en comparaison avec dautres rgions de France. Il sagit nanmoins dune proccupation croissante car ce phnomne sintensifie et la lutte savre complexe une fois lespce tablie. Certaines dentre elles parviennent en effet sadapter et peuvent, dans certains cas, se dvelopper au dtriment de la faune et de la flore locales. Sans mesures pour contrer leur progres-sion, ces espces peuvent alors engendrer des dommages environnementaux, conomiques et sanitaires importants.

    deS eSpceS exotiqueS qui coloniSent progreSSivement la bourgogneIl existe actuellement en Bourgogne prs de 50 espces vgtales et un peu moins dune centaine despces animales exotiques connues et juges envahissantes. Leur propagation sest accrue au cours des dernires dcennies avec la modernisation des moyens de transports, le dveloppement du tou-risme et laugmentation des volumes de

    marchandises changes. Cette dissmination se ralise souvent le long de corridors comme les cours deau ou les axes routiers. La Loire consti-tue par exemple une voie de pntration pour de nombreuses plantes originaires dAmrique et dAsie : les graines arrivent dans les ports de Saint-Nazaire et de Nantes, sinstallent puis migrent de proche en proche sur les grves sableuses. Les espces invasives semblent galement se propager via les milieux perturbs (zones de travaux, friches).

    Lambroisie feuilles darmoise. Il sagit dune plante invasive, originaire dAmrique du Nord, colonisant les sols nus (chantiers, bords de route, etc.). Arrive en France en 1863, elle est aujourdhui bien installe en Sane-et-Loire et dans la Nivre o son radication est devenue quasi impossible. Encore peu prsente en Cte-dOr et dans lYonne, cette plante pose un vritable problme de sant publique car son pollen est trs allergisant : cinq grains de pollen par m3 suffisent provoquer des symptmes et un seul pied dambroisie met jusqu 2,5 milliards de grains de pollen que le vent peut transporter sur plus de 100 km ! En 2011, une tude a estim les cots de sant

    lis lambroisie entre 13,9 et 19,9 millions deuros pour la rgion Rhne-Alpes. Cest galement une menace pour la biodiversit car elle concurrence les plantes indignes ainsi que pour lagriculture, notamment le tournesol, dont elle compromet les rendements.

    Prvenir linstallation de nouvelles espces exotiques. Disposer de moyens de lutte pour limiter la propagation des espces exotiques envahissantes dj installes. Quantifier le cot conomique des dgts engendrs par les espces invasives. Amliorer lappropriation des problmatiques lies aux espces envahissantes par les acteurs du territoire.

    queLques enJeuX potentieLs pArtAger...

    tortues de floride Le ragondin, la bernache

    du Canada, la perche-soleil, la moule zbre, la coccinelle

    asiatique, le raisin dAmrique, la renoue du Japon

    (4)Allochtone:quisetrouvehorsdudomainegographiquequelleoccupenaturellement.

    pouvant cauSer deS dgtS et engendrer deS cotS importantS pour la SocitLes espces introduites nont pas toutes des effets ngatifs sur les cosystmes dans lesquels elles sinstallent. Mais certaines dentre elles ont des impacts majeurs directs ou indirects, diffrents niveaux. En Bourgogne, 40 espces animales et vgtales exotiques envahissantes sont juges proccupantes car pouvant induire : Des dgts sur les milieux naturels : la jussie grande fleur colonise trs rapidement les milieux humides et aquatiques, modifiant ainsi fortement les cosystmes. Des concurrences avec des espces indignes : trois types dcrevisses dorigine amricaine ont colonis les cours deau de la rgion et sont entres en concurrence avec les espces autochtones (crevisses pattes blanches et pieds rouges). Certaines sont galement porteuses saines dune maladie mortelle pour les crevisses bourguignonnes. Des dgts pour les activits humaines : le ragondin endommage fortement les berges des canaux et les digues en creusant ses terriers. Des problmes sanitaires.

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  • 2 LA

    Biodiversit et Le

    s Activits socio-conomiques

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 15

    De nombreux secteurs dactivit entretiennent des relations troites avec la biodiversit. Ils peuvent en bnficier, la modifier ou bien contribuer la maintenir. En Bourgogne, les agro-systmes(5) et les forts occupent respectivement 60 et 30 % du territoire, le reste tant couvert par les espaces verts associs au bti et aux voies de transport, et par les milieux aquatiques. La biodiversit est donc au cur des activits agricoles, sylvicoles et damnagement du territoire. Elle est aussi une ressource pour lindustrie agro-alimentaire et pour lindustrie du bois et de lnergie. Elle participe, grce la beaut des paysages, au dveloppement du tourisme et des activits de loisirs de pleine nature. La biodiversit est donc au cur du dveloppement socio-conomique de la rgion.

    lagricultureLagriculture occupe prs des deux tiers du territoire bourguignon dont elle a faonn les paysages au cours de lHistoire. Elle est caractrise par une diversit de systmes dexploitation dont quatre sont dominants : llevage bovin allaitant, les grandes cultures, la viticulture et lassociation polyculture et levage.

    (5)Agro-systme:cosystmemodifietcontrlparlHommeddilexercicedelagriculture(cultures,levage,etc.).

    Le paysage agricole daujourdhui est le fruit de mutations socitales. Jusqu la 2de guerre mondiale, lagriculture se caractrisait principalement par de petites exploitations familiales souvent de polyculture-levage. La modernisation de cette agriculture, ds les annes 1950, sest traduite par une forte diminution du nombre dexploitations, une augmentation de leur taille et une spcialisation des systmes et bassins de production. En Bourgogne, la craliculture, llevage bovin allaitant et la viticulture se sont fortement dvelopps. La Sane-et-Loire, qui tait historiquement une grande zone de production de porcs, sest largement convertie lallaitant. Les levages ovins et caprins ont quasiment disparu des ctes calcaires qui se sont progressivement enfriches (cf. page 10). Cette mutation, qui a permis de gagner en productivit, sest accompagne damnagements fonciers et du dveloppement ditinraires techniques plus intensifs. Elle sest traduite par une modification et une diminution de la biodiversit plus ou moins forte selon les territoires.

    Les systmes dexploitation

    La Bourgogne est une rgion forte vocation agricole puisque ce secteur reprsente 5,2% des emplois rgionaux (contre 3,1% au niveau national) et une production de 3,1 milliards deuros en 2010 (5e rang national). Cette activit est caractrise par une diversit de productions. Les quatre principaux systmes dexploitation que sont la viticulture, les grandes cultures, llevage bovin viande et llevage bovin lait reprsentent respectivement 33 %, 25 %, 15 % et 5 % de la valeur des productions agricoles rgionales.

    Dautres productions, plus minoritaires mais trs emblmatiques, caractrisent la rgion, comme la volaille de Bresse, la moutarde et le cassis.Tous ces systmes dexploitation sont indissociables de la biodiversit en raison de leur emprise sur le territoire rgional et du rle historique de lactivit agricole dans la structuration des milieux et la diversit des paysages. Chacun dentre eux saccompagne de modes de production spcifiques et implique gnralement une modification des conditions de milieux et le contrle des populations despces animales et vgtales sauvages. Ces modes de production peuvent ainsi avoir des incidences, positives ou ngatives, sur la biodiversit, selon la faon dont ils utilisent les services cologiques quelle fournit.

    2 La biodiversit et les activits socio-conomiques37

  • 2 LA Biodiversit et Les Activits socio-conomiques

    page 16 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    Llevage bovin allaitant

    un SyStme dexploitation plutt extenSifLlevage bovin allaitant est lactivit qui concerne le plus grand nombre dexploitations agricoles. La Bourgogne possde le 2e cheptel bovin allaitant franais. Domin par la race charolaise, son principal dbouch est lexport de broutards ( jeunes bovins non engraisss), notamment vers lItalie. Il existe galement des exploitations pratiquant lengraissement. Essentiellement concentres sur le Morvan et sa priphrie, les exploi-tations allaitantes se situent souvent sur des terrains aux potentialits agronomiques faibles (sols superficiels, prsence de cailloux...). Ces derniers sont propices la production dherbe destine lalimentation des animaux (pture et fourrage). Les conditions de milieu et les modes dexploitation plutt semi-extensifs des prairies naturelles (peu dintrants et danimaux par ha) permettent le dveloppement de communauts despces vgtales et animales sauvages spcifiques.

    aSSoci un paySage de bocage qui Se SimplifieLes prairies naturelles caractristiques du systme bovin allaitant sont gnralement associes un rseau darbres et de haies champtres ainsi que de zones humides comme les mares. Elles forment un paysage de bocage riche en biodiversit souvent ordinaire. Ces milieux accueillent galement des espces remarquables comme le crapaud sonneur ventre jaune ou le grand murin (chauve-souris). Cependant, la transformation structurelle des exploitations au cours des 50 dernires annes (cf. page 8) sest accompagne dune rgression du linaire de haies et des mouillres (8) dont les rseaux sont devenus plus lches. La diminution de la main duvre et la mcanisation se sont accom-pagnes dune gnralisation de la taille basse des haies dont le bois ntait plus ncessaire pour se chauffer. Certaines espces typiques des prairies bocagres ont ainsi dclin (chauve-souris, milan royal...), et les services cosystmiques fournis par ces milieux se sont dgrads (lutte contre lrosion des sols, ombrage pour les animaux, production de bois...).(8)Mouillre:zonehumidetemporairedeschampsoudesprairies,alimenteparlanappeoulesprcipitations.

    Les oteX en France et en Bourgogne en 2010 (champs de moyennes et grandes exploitations)

    (6)OTEX:lesorientationstechnico-conomiquesdesexploitationsagricolespermettentdecaractrisercesdernirespartirdeleursprincipalesactivits.(7)SAU:lasurfaceagricoleutilecomprendlesterresarables,lessurfacestoujoursenherbeetlesculturesprennes(vignes,vergers...).

    1343

    499

    314

    1738

    3894

    70912

    598

    444

    1212

    2324

    150

    4130

    33455

    630

    394

    450

    393

    1867

    39232

    343

    288

    960

    429

    2020

    134791

    143

    1365

    1072

    3178

    33792

    0 % 20 % 40 % 60 % 80 % 100 %

    Cte-d'Or

    Nivre

    Sane-et-Loire

    Yonne

    Bourgogne

    France

    Grandes cultures Viticulture AOP Bovins viande

    Polyculture-polylevage Autres orientations

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 :

    4 130 exploitations (baisse de 18 % depuis 2000) d

    ont

    85 % concentres dans la Sane-et-Loire et la Nivr

    e ;

    817 400 ha de prairies soit 46 % de la SAU ;

    246 500 bovins maigres et 23 880 veaux de bouch

    erie ;

    57 vaches en moyenne par exploitation (augmenta

    tion

    de 29 % depuis 2000) contre 34 en mtropole ;

    465,4 millions deuros de chiffre daffaires (gros b

    ovins

    et veaux), soit 15 % de la valeur de la production

    agricole rgionale.

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 :

    Plus de 20 300 exploitations (diminution de 23 % depuis 2000) ;

    1 762 600 ha de SAU(7) (6 % de la SAU de la France

    mtropolitaine) ;

    Augmentation de 29 % de la surface moyenne des exploitations

    depuis 2000 pour atteindre 87 ha (55 ha en France) ;

    43 100 actifs permanents (baisse de 20 % depuis 2000, pour

    27 % en moyenne nationale) dont 58 % dexploitants.

    3001,4 millions deuros de chiffre daffaires.

    Source : Agreste - recensem

    ent agrico

    le 2010

    38

    grandes culturesmarachage - horticulturevignesfruits et autres cultures permanentesbovins lait

    bovins viandebovins mixtesautres herbivoresgranivorespolyculture et polylevage

    Source : IGN BDAlti, D

    REAL Bou

    rgog

    ne / IGN BD Carto 2010 / P

    rotoco

    le IGN-M

    EEDDM-M

    AAP 2007

    orientation technico-conomique des exploitations agricoles (oteX(6)) par commune

    mcon

    diJon

    AuXerre

    nevers

  • 2 LA

    Biodiversit et Le

    s Activits socio-conomiques

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 17

    Les grandes cultures valoriSant encore peu leS interactionS biologiqueSUn nombre non ngligeable despces typiques des cultures sont en rgression au profit despces communes. Il en va de mme pour les auxiliaires de cultures comme les carabes (coloptre se nourrissant de graines dadventices) ou les abeilles. Cette tendance est relier la diminution de zones refuges comme les haies, aux assolements peu diversifis et la mise en uvre de techniques culturales utilisant des intrants chimiques. La biodiversit, encore peu connue des agro-systmes, fournit pourtant de nombreux services environnementaux notamment en matire damlioration des potentialits de production des sols ou de rgulation des bio-agresseurs.

    La viticulture

    rpartition des surfaces de crales et oloprotagineuxen France et en Bourgogne, en 2009

    0%

    10%

    20%

    30%

    40%

    Bl tendre

    Orge

    Mas grain

    Autres crales

    Colza

    Tournesol

    Autres

    oloprotagineux

    Bourgogne France

    avec deS paySageS dopenfieldS et pratiqueS Souvent intenSiveSLes exploitations agricoles sont en majorit de taille importante. Larbre champtre et les haies ayant, pour beaucoup, disparu des espaces cultivs suite aux remembrements, ont laiss place des paysages ouverts avec quelques espces typiques comme la caille des bls, le busard cendr ou des plantes messicoles. Fortement mcanises, ayant recours peu de main duvre, ces exploitations mettent en place des itinraires tech-niques relativement intensifs et sappuient sur une utilisation importante dintrants chimiques (engrais, pesticides). Ces produits entranent des perturbations du fonctionnement cologique des cosystmes, notam-ment des sols. En sinfiltrant dans les nappes phratiques et en ruisselant vers les cours deau, ils peuvent galement dtriorer la qualit de leau (pesticides, nitrates) et des milieux aquatiques (eutrophisation).

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 :

    3 178 exploitations ;

    30 800 ha de vignoble, soit 2 % de la SAU ;

    60 % de vins blancs, 32 % de vins rouges, 8 % de c

    rmants ;

    47 % de Chardonnay, 33 % de Pinot noir, 8 % de Ga

    may,

    6 % dAligot ;

    99 % du vignoble en AOC (62 % en mtropole) avec

    plus

    de 100 appellations et 600 climats ;

    30 % de lemploi agricole et de la valeur de la produ

    ction

    agricole ;

    51 % des viticulteurs font de la vente directe ;

    Plus de 1,5 million dhectolitres par an, dont prs de

    la moiti

    est exporte.

    980,6 millions deuros de chiffre daffaires,

    soit 33 % de la valeur de la production agricole rgion

    ale.

    un vignoble riche de nombreux terroirSLa Bourgogne est principalement connue pour son vin de qualit. Si cette production ne couvre que 2 % de la SAU (doublement de la surface depuis les annes 1960), elle reprsente prs de la moiti de la valeur ajoute de la production vgtale de la rgion. Les vignobles de Bourgogne se situent principalement le long de la Cte (Ctes et Hautes Ctes de Nuits et de Beaune, Cte Chalonnaise et du Couchois, Mconnais) ainsi que sur les cuestas du sud du Bassin parisien (Chablis, Grand Auxerrois, Tonnerre, Joigny et Vzelay). Les vins sont essentiellement monocpages (pas dassemblages), mais il existe une diversit de cpages adapts aux conditions pdoclimatiques bourguignonnes : Le Pinot noir (principal cpage rouge) sur les cailloutis calcaires ; Le Chardonnay (principal cpage blanc) plutt sur des marnes ; LAligot et le Gamay sur les terres moins riches ; Le Sauvignon et le Chasselas sur les coteaux calcaires de Pouilly-sur-Loire, rattachs la rgion viticole du Val de Loire.Grce cette biodiversit cultive et la varit de ses terroirs, la Bourgogne compte de nombreux appellations dorigine contrle (AOC) et climats dont certains sont prestigieux.

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 : 3 894 exploitations ; 1/3 de la SAU ; 3 762 430 t de crales dont 55 % en bl tendre, 649 230 t dolagineux, 67 690 t de protagineux. 743,9 millions deuros de chiffre daffaires soit 25 % de la valeur de la production agricole rgionale.

    un SyStme de production tourn verS leS cultureS dhiverLa Bourgogne compte prs de 3 900 exploitations spcialises en grandes cultures. Celles-ci occupent principalement des sols de bonnes potentialits agronomiques dans le nord-ouest de la Nivre, lYonne, le nord de la Cte-dOr et la plaine de la Sane. La rotation traditionnelle (colza, bl, orge) comprend uniquement des cultures dhiver. Une part est transforme dans la rgion (meuneries, etc.) et le reste est export en Europe ou dans les pays du Maghreb. Quelques cultures de printemps sont galement implantes, notamment le mas (gnralement non irrigu) le long de la Sane et en Bresse.

    Limites de bassin versant

    Bon tat

    Pas en bon tat

    Indtermin

    Bon tat global

    Trs bon tat cologique et bon tat chimique (non dgradation)

    Cartographie : DREAL Bourgogne / SRPN / GEMA - Avril 2011Source : DREAL Bourgogne, Agences de leau (RM, LB, SN) IGN BD Carto 2009 Protocole IGN-MEEDDM-MAAP 2007

    tat global des masses deau superficielles

    (cologique et chimique)

    Source : Agreste - recensem

    ent agrico

    le 2010

    39

    Seine-normandie

    loire-bretagne

    rhne-mditerrane-corSe

  • 2 LA Biodiversit et Les Activits socio-conomiques

    page 18 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    cultivS de manire relativement intenSive Les exploitations viticoles mettent gnralement en place des itinraires techniques fortement dpendants dintrants, en particulier phytosani-taires. Les parcelles tant souvent en pente, lors dpisodes pluvieux, ces produits chimiques, ainsi que des lments du sol (rosion), peuvent rapidement ruisseler vers les masses deau si aucun lment paysager ne les freine. Depuis quelques annes, afin de limiter ces phnomnes, des exploitants agricoles laissent des bandes enherbes entre les rangs des vignes et parfois implantent des haies. Certains limitent galement le recours aux pesticides, voire se convertissent en agriculture biologique (7,4 % des exploitations).

    et aux particularitS agro-cologiqueS encore peu exploiteSLes espaces viticoles comprennent des lments du patrimoine rural comme les arbres fruitiers, les haies, les murets de pierres sches ou les zones de friche favorables de nombreuses espces remarquables comme le lzard vert. Ces milieux ont nanmoins localement rgress, notamment du fait de la mcanisation du secteur. Or ces lments du patrimoine et la biodiversit quils accueillent peuvent fournir de nombreux services cologiques aux viticulteurs. Par exemple, les murets en pierres sches abritent dans leurs anfractuosits une grande diversit danimaux comme les carabes qui limitent les pucerons. En outre, ils freinent lrosion des sols et participent la qualit des paysages pittoresques de la Cte, contribuant indirectement la notorit du vignoble.

    La polyculture-levage et autres systmes dexploitation

    Cette diversit de productions forme, avec le patrimoine agro-cologique associ (mares, haies...), une mosaque paysagre qui peut tre particu-lirement favorable la biodiversit sauvage. Toutefois, le recul de cette activit et la tendance la spcialisation saccompagnent souvent dune simplification et dune intensification de ces agro-systmes, entranant la rgression de communauts despces vgtales et animales associes.

    dautreS productionS viennent diverSifier leS paySageS et leS agroSyStmeSIl sagit notamment : Des productions marachres et horticoles, notamment dans le Val de Sane ; Des productions de petits fruits tels que le cassis : la Bourgogne se situe au 1er rang des rgions franaises productrices de cassis bourgeon et au 2e rang sagissant de cassis fruits ; De la culture de la moutarde, condiment emblmatique de la ville de Dijon ; De la production de truffes noires de Bourgogne ; De la cueillette et la culture de plantes aromatiques et mdicinales (reine des prs, menthe, frne...) dans le Morvan, en particulier destines aux usages pharmaceutiques ; Des levages ovins, porcins (en rgression), avicoles (volaille de Bresse) et quins (cheval de trait de lAuxois, autre que pur sang AQPS, etc.) prsents de manire diffuse sur le territoire rgional.

    queLques services Fournis pAr LA Biodiversit en AgricuLtureLa biodiversit sauvage est la base de cration des espces cultives et leves. Elle constitue un rservoir gntique, par exemple pour la cration de nouveaux cpages, permettant notamment de sinscrire dans une stratgie dadaptation au changement climatique (cf. page 28). Elle est lorigine de nombreux produits marchands : alimentaires (produits carns et laitiers, grains, fourrages...), fibreux (lin, chanvre...), nergtiques (paille, bois des haies...), touristiques (sjour la campagne...).

    Elle fournit aussi de nombreux services amliorant, voire indispensables la production agricole, tels que : La rgulation des ravageurs de cultures et des maladies par les prdateurs ou parasitodes(9) ; La pollinisation de nombreuses plantes cultives par les insectes notamment les abeilles ; Laugmentation de la fertilit des sols par les micro-organismes du sol (vers de terre, collemboles, acariens, champignons, bactries...) ; La diminution de lvapotranspiration des cultures grce la fonction brise-vent des haies...

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 : 2 020 exploitations de polyculture-levage ; 60 500 vaches laitires produisant 154 millions deuros de chiffre daffaires (laits et produits laitiers), soit 5 % de la valeur de la production agricole rgionale ;

    6 615 000 volailles produisant 68,7 millions deuros de chiffre daffaires, soit 2 % de la valeur de la production agricole rgionale ;

    151 360 porcins produisant 36,8 millions deuros de chiffre daffaires, soit 1 % de la valeur de la production agricole rgionale ;

    303 770 ovins et caprins produisant 22,2 millions deuros de chiffre daffaires, soit 1 % de la valeur de la production agricole rgionale.

    laSSociation polyculture-levage bovin lait, un SyStme mixte en reculSigne dune spcialisation croissante, lassociation polyculture-levage bovin lait rgresse depuis les annes 1980, mais concerne encore en-viron 1 300 exploitations. Ces dernires sont principalement localises en Bresse, en Puisaye, sur les plateaux bourguignons et en zone dAOC fromagre (poisses, Chaource...). Elles sont domines par les races Montbliarde, PrimHolstein et plus localement Brune (la Cte-dOr en est un des deux berceaux franais). Situes sur des terrains potentia-lits agronomiques relativement bonnes, ces exploitations conduisent plusieurs types de productions vgtales destines lalimentation des animaux, avec des fourrages (herbe, mas ensilage, etc.) et des crales (souvent insuffisantes pour atteindre lautonomie alimentaire).

    (9)Parasitode:organismeparasitedontledveloppementinduitlamortdesonhte.Denombreuxinsectesparasitodessontutilisscommemoyendeluttecontrelespopulationsdinsectesravageurs

    Truffe noire de Bourgogne

    40

    41

  • 2 LA

    Biodiversit et Le

    s Activits socio-conomiques

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 19

    la sYlviculture La fort bourguignonne est majoritairement constitue dessences indignes et demeure sous linfluence dactivits humaines. Les modes de gestion et dexploitation forestires dpendent de la demande en bois mais aussi des caractristiques cologiques de chaque milieu. linverse, le choix des essences et des modes de traitements sylvicoles influent la biodiversit forestire. Ceux-ci sont dautant plus importants que la fort bourguignonne recouvre prs du tiers du territoire rgional et que la filire fort-bois constitue un secteur conomique cl.

    La fort bourguignonne

    et formant une importante trame verteDe par la diversit des conditions de milieu et des modes de gestion sylvicoles, et grce une structure foncire trs morcele (162 000 propritaires privs), les peuplements forestiers forment une importante mosaque de parcelles boises lchelle de la Bourgogne. Souvent associs des milieux remarquables, tels que les mares, marais tufeux, boulis, pelouses ou arbres morts, ces peuplements offrent une varit de niches cologiques favorables laccueil de nombreuses espces sauvages. Certains permettent la prsence de grands onguls ou despces plus discrtes comme le chat sauvage et les chauves-souris. Dautres accueillent des espces rares comme la cigogne noire ou la chouette de Tengmalm. La diversit des peuplements offre un continuum cologique, composant essentiel de la trame verte rgionale. Elle permet le maintien dune biodiversit dite ordinaire dont le rle est particulirement crucial pour le bon fonctionnement des sols, la stabilit du climat et la qualit de lair et de leau.

    la fort, un coSyStme au cur de lconomie rgionale...La fort bourguignonne couvre plus de 970 000 ha mais est ingalement rpartie sur le territoire : trs prsente sur la Montagne bourguignonne et le Morvan, elle est beaucoup moins dense dans les plaines pri-morvandelles et la dpression bressane. Aux deux tiers prive, il sagit dune fort de production, largement domine par les feuillus (notamment le chne) qui occupent 84 % de la surface contre 16 % pour les rsineux. La plantation de ceux-ci, encourage par le FFN (cf. page 8), a t ralise, pour lessentiel, au cours de la seconde moiti du XXe sicle. La Bourgogne arrive ainsi en 2e position des rgions franaises ayant la plus grande surface en chne et en 1re position sagissant du douglas. Avec 3,1 millions de m3 de bois rcolt dont 1 million destin lautoconsommation (chauffage), elle est aussi la 1re rgion pour la production de bois brut partir de feuillus et de douglas. Ces rcoltes sont la base des activits de premire et de seconde transformation du bois, bien reprsentes en Bourgogne.

    31 %

    16 %

    9 %

    8 %17 %

    9 %

    3 %3 %4 %

    Chne rouvre

    Chne pdoncul

    Charme

    Htre

    Autres feuillus

    Douglas

    Epica commun

    Pin sylvestre

    Autres conifres

    rpartition des volumes de bois par essence en Bourgogne

    Mare forestire propice laccueil

    damphibiens comme la salamandre tachete ou la

    grenouille brune

    Arbre mort abritant de nombreux insectes comme la lucane cerf-volant, et oiseaux qui se nourrissent de leurs larves

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 :

    972 000 ha de forts dont 68 % de forts prives,

    22 % de forts communales et 10 % de domaniales ;

    162 000 propritaires privs ;

    84 % des surfaces en feuillus

    (pour 70 % en moyenne nationale) ;

    67 espces darbres, 74 espces darbustes

    et 798 espces herbaces ;

    40 % du bois vendu exploit en bois duvre,

    40 % en bois nergie et 20 % en bois dindustrie.

    Source : Inventaire forestier nationa

    l - Cam

    pagn

    es 2005 2009

    42

    43

    44

  • 2 LA Biodiversit et Les Activits socio-conomiques

    page 20 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    La gestion et lexploitation forestires

    deS modeS de geStion SylvicoleS variSLa Bourgogne se caractrise par six zones forestires, homognes du point de vue des conditions pdoclimatiques, auxquelles les modes de gestion (choix des essences et traitements sylvicoles) sont adapts : Les ctes calcaires sont essentiellement couvertes de taillis et de taillis-sous-futaie de feuillus peu productifs du fait de la pauvret des sols ; Les plateaux calcaires sont principalement peupls de feuillus (chne ou htre) de qualit secondaire, sauf au niveau des placages de limons o la qualit des arbres peut tre bonne, les sols tant plus fertiles. Les peuplements correspondent des mlanges futaie feuillue / taillis (67 % ) et des futaies (22 %). Le grand gibier y est abondant et sa chasse constitue une source importante de revenu. Le Morvan et ses annexes cristallines sont couverts par des taillis et taillis-sous-futaie de chnes et htres (58 %) ainsi que des futaies rgulires de rsineux (30 % dont 57 % de douglas) et de peuplements mixtes (12 %). Les rsineux sont principalement destins la construction ou lindustrie. Les zones est continentale, ouest atlantique et de transition sont constitues 80 % par des mlanges futaie feuillue / taillis. Certains massifs de la plaine de Sane et du Nivernais se caractrisent par des forts de chnes de trs bonne qualit destins des dbouchs parti-culiers comme le merrain (pour la tonnellerie). Quelques peupleraies se rencontrent dans les valles de la Sane, de lYonne et de la Seine, mais ne couvrent que 1 % de la surface forestire bourguignonne.

    taillis simple : peuplement issu de rejets de souche.

    taillis-sous-futaie : mlange de taillis et darbres de futaie en proportions variables.

    Futaie rgulire : peuplement issu de plantation ou de semis comportant des arbres de mme taille et souvent de mme essence.

    Futaie irrgulire : peuplement comportant des arbres de tous ges et souvent diverses essences.

    deS pratiqueS qui peuvent perturber le fonctionnement de lcoSyStme foreStierSi la biodiversit des forts de Bourgogne est globalement en bon tat de conservation, certaines activits perturbent nanmoins localement le fonctionnement des cosystmes. Par exemple, les peuplements rsineux dans le Morvan et ses annexes cristallines souvent traits en futaies rgulires serres, saccompagnent dune modification des conditions de milieu (peu de lumire, litire acidifie par les aiguilles, une seule essence darbre). Or la biodiversit est gnralement plus fonctionnelle lorsque le peuplement est tag (taillis-sous-futaie, futaies irrgulires) et mlang (plusieurs essences). En outre, trois tendances pourraient, moyen terme, modifier le fonction-nement des cosystmes forestiers bourguignons : Lexploitation sur une priode plus longue dans lanne peut dranger la reproduction de la faune. Le dveloppement du bois nergie (forte exportation des rmanents), ainsi que la mcanisation croissante des interventions, peuvent induire une diminution de la fertilit des sols et de la biodiversit associe. Lexploitation, grande chelle et simultanment de nombreux peuplements de rsineux qui arrivent aujourdhui maturit, aura des impacts paysagers.

    queLques services Fournis pAr LA Biodiversit en syLvicuLtureLes espces qui composent les cosystmes forestiers offrent de nombreux services utiles la production de bois tels que :

    Lamlioration de la rsistance des peuplements forestiers aux maladies et aux alas climatiques grce la diversit biologique en particulier des arbres ;

    la rgulation des ravageurs et des maladies par les prdateurs ou parasitodes ;

    Laugmentation de la fertilit des sols par leur faune et leur flore (vers de terre, collemboles, acariens, champignons, bactries, etc.) ;

    la dissmination des graines pour la rgnration naturelle, par la faune (geai des chnes, cureuil).

    Elle est aussi lorigine dautres biens et services marchands (rcolte de truffes, cueillette de muguet, location de chasse, etc.) et non marchands (rgulation et protection de la qualit de la ressource en eau, promenade...).

    Les six grandes zones forestires

    Ctes calcaires Plateaux calcaires Morvan et annexescristallines

    Zone est continentale Zone ouest atlantique Zone de transition

    CRPF Bou

    rgog

    ne 2005 - IFN 2005 - B

    D CARTO

    - IG

    N Paris 2003

    Mcon

  • 2 LA

    Biodiversit et Le

    s Activits socio-conomiques

    Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic page 21

    lurBanisme et les transports

    La Bourgogne est une rgion faible densit dmographique (51 habitants par km, soit la moiti de la moyenne nationale) et lune des moins urbanises de France. Elle conserve donc un caractre rural marqu. Nanmoins sa situation gographique fait delle un territoire de passage important avec de nombreux rseaux routiers, ferrs et fluviaux qui morcellent lespace. Les espaces verts associs ces infrastructures de transport ou prsents dans les villes et les villages prsentent un intrt pour la biodiversit.

    Lurbanisme et lhabitat

    la bourgogne, une rgion principalement ruraleAvec un espace rural qui couvre les deux tiers du territoire bourguignon (contre 50 % au niveau national) et qui accueille un tiers de la population rgionale (contre 18 % en moyenne en France), la Bourgogne est une rgion au profil rural trs marqu. Elle compte 71 units urbaines(10) qui couvrent 9 % du territoire, alors que prs de 25 % du territoire mtro-politain est urbain. Ces units urbaines sont souvent de petite taille : 37 comptent moins de 5 000 habitants, 20 entre 5 000 et 10 000 habitants et seulement neuf dpassent 20 000 habitants. Dijon est la plus grande, avec de lordre de 238 000 habitants.

    (10)Uniturbaine:zonedebticontinu(pasplusde200mtresentredeuxconstructions),danslaquellersidentaumoins2000habitants.

    caractriSe par une croiSSance localiSe de leSpace urbainSi certains territoires ruraux se dsertifient, lespace rural bourguignon perd nanmoins du terrain. Les communes les plus proches des ples urbains sont progressivement absorbes par lespace priurbain. Entre 1999 et 2008, lespace urbain sest ainsi tendu de 30 % en Bourgogne. Ce phnomne dtalement, souvent caractris par un habitat lche, sobserve principalement autour des villes de Sens, Auxerre, Nevers et en particulier sur laxe Dijon-Mcon. Il se fait au dtriment des espaces agricoles et naturels, et provoque des coupures dans les continuits cologiques. Les structures urbaines (btiments, voiries) entranent une fragmentation de lespace et un isolement de certaines communauts despces peu mobiles. Les activits humaines ont galement un impact sur les milieux et les espces qui se dveloppent proximit des espaces urbaniss : lactivit automobile et les btiments engendrent des lots de chaleur qui modifient la vgtation ; la pollution lumineuse peut perturber les rythmes biologiques des animaux et vgtaux ; le ruissellement des produits phytosanitaires sur les surfaces impermabilises dgrade les milieux aquatiques, etc.

    conStitu deSpaceS vertS potentiellement propiceS la biodiverSitToutes les communes de Bourgogne, quelles soient rurales ou urbaines, comportent des espaces verts : Publics : jardins, parcs, cimetires, terrains vagues, alignements darbres, massifs de plantes, ripisylves le long des cours deau Dijon compte ainsi 700 ha de parcs et jardins publics ; Privs, notamment en priphrie : espaces verts autour des btiments tertiaires, jardins et vergers de parti-culiers, jardins familiaux et collectifs (estims 3 500), etc.Outre ces espaces verts, le bti lui-mme, par son architecture, peut constituer un support la biodiversit. Certains lments verts comme les murs et les toits vgtaliss peuvent participer la fois au confort de lhabitat (isolation thermique et phonique notamment), la qualit paysagre et aux continuits cologiques.De manire gnrale, la biodiversit prsente dans ces milieux est peu suivie et donc peu connue. Or les espaces verts urbains et les btiments peuvent constituer de vritables lots de nature ordinaire et des zones refuges pour de nombreuses espces. Toutefois, ces espaces destins amliorer le cadre de vie des habitants (lieux dagrment et de dtente) sont souvent fragments et en gnral amnags dans un esprit dorganisation et de matrise de la nature. Limplantation de vgtaux ornementaux inadapts aux conditions locales fait souvent lobjet de pratiques dentretien fortement consommatrices dintrants (eau, pesticides, engrais) nfastes pour lenvironnement.

    queLques services Fournis pAr LA Biodiversit dAns LespAce urBAnis La nature est un lment important de la qualit de vie dans les villes et les villages :

    Elle filtre lair, rgule leau, limite les lots de chaleur urbains ;

    Elle est une source dagrment paysager, de bien-tre et de sant ;

    Elle est, avec les jardins potagers collectifs, les petits espaces verts de cur de village ou les parcs publics un lieu dchanges entre habitants ;

    Elle forme un espace de loisirs, dducation et dapprentissage.

    chiffres cls en Bourgogne en 2010 : 1 636 000 habitants ; 660 km dautoroutes ; 1 350 km de routes nationales ; 21 000 km de routes dpartementales ; 2 000 km de voies ferres ; Plus de 1000 km de canaux et rivires navigables.

    Jardins potagers familiaux de Quetigny

    Ville isoleVille isoleVille-centre

    BanlieueRurale

    Les units urbaines en Bourgogne

    Cartograp

    hie : D

    REAL Bou

    rgog

    ne / SD

    D / GVI / D

    cem

    bre 2011

    Source : INSE

    E RGP 2010 IGN BD Carto 2009

    45

  • 2 LA Biodiversit et Les Activits socio-conomiques

    page 22 Bourgogne stratgie rgionale pour la Biodiversit diagnostic

    Les infrastructures de transport

    un territoire traverS par un important rSeau dinfraStructureS de tranSportOccupant une posit ion centrale par rapport aux grands ples de dveloppement franais (Paris, Lyon) et est-europens (Allemagne, Pays de lEst), la Bourgogne est un territoire de passage essentiel sur lequel les grands axes dchanges, tant en voyageurs quen marchandises, se croisent via un important rseau dinfrastructures de transport routier, ferroviaire et fluvial. Ce rseau fait de la Bourgogne la 1re des rgions franaises pour la longueur de ses voies ferres et autoroutires par habitant.

    L'Yonne

    SENS

    AUXERRE

    Joigny

    Gron

    Migennes

    M


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