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N° 220.02.2015 le journalAZB 3001 BernLes changements d’adresse sont à signaler à :syndicom, changements d’adresse,Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

www.syndicom.chLe syndicat des médias et de la communication

poste et santé au travail

Nouveau sur notre site web : nos membres ont accès à toutes les CCT page 11

50 nuances de gris : il n’y a pas d’âge pour se battre à syndicom page 7

Licenciés puis payés en retard : les salarié∙e∙s débrayent page 11

Impact de la libéralisation sur la santé des postiers : interview de Nicola Cianferoni page 4

retraite active tool-cct imprimerie roth et sauter (vD)

éDitorial

Branche Du livre sous pression

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Qui élit la BCE / BNS ?Elles ont un pouvoir phénoménal, les banques centrales, européenne comme la BCE ou suisse comme la BNS. Alors que les gouverne-ments se bornent à gérer la construction des autoroutes, baisser les impôts des entreprises et montrer leur force en réprimant migrants et chômeurs, des décisions monétaires très politiques qui influencent la vie de centaines de millions de personnes sont prises en petit comité à Francfort et à Zurich. « Qui a élu les banquiers ? » demandait le titre d’un livre d’un banquier du FMI Louis W. Pauly. Bonne question en effet !A peine une majorité du peuple grec a-t-elle choisi de mettre au pouvoir la coalition de gauche Syriza pour rompre avec la brutale politique d’austérité et réclamer la fin de son absurde tourment, que la nudité des rapports de force se dévoile. Pour avoir voulu non pas annuler la dette, mais réallouer la dépense publique (réaugmenter le salaire minimum et les plus basses pensions, réembaucher quelques milliers de fonctionnaires) d’une manière qui ne satisfait pas pleinement la conditionnalité de l’ajustement structurel, la Grèce provoque une hérésie inadmissible : une alternative possible !La punition est vite tombée : par une opé-ration discrétionnaire sans aucun contrôle démocratique, la Banque centrale euro-péenne, BCE, n’accepte plus les titres publics grecs en contrepartie des liquidités accordées aux banques grecques. Interdire au système bancaire grec l’accès au finance-ment, c’est couper le robinet à liquidité, ce qui peut conduire à la reconstitution d’une banque centrale nationale et donc un retour à la drachme. L’euro et la camisole (austé-rité) ou la rupture : une « vie austère » mais assumée, comme le suggère le Ministre des Finances grec Yanis Varoufakis. Soumis-sion, coup d’Etat avec l’aide des nazis d’Aube dorée ou rupture : la Grèce est sur un point de bascule entre inquiétude, doute et espoir. L’Europe et la Suisse aussi. Seules des mobi-lisations sociales et populaires de grande envergure ramèneront le pouvoir au peuple et non dans les mains des Jordan, Draghi ou autres Juncker, ces nains moraux auxquels nous déléguons notre puissance pour mieux nous opprimer.

Yves Sancey, rédacteur romand

Les librairies souffrent du franc fortL’abandon du cours plancher par la BNS, et le renchérissement du franc qui s’est ensuivi, touche de plein fouet la branche du livre. Des premières mesures discutables ont déjà été annoncées à l’Office du livre à Fribourg. Yves Sancey

Le 15 janvier, la Banque natio-nale suisse (BNS) décidait d’abolir son cours plancher de 1.20 fr. pour un euro. Depuis, il y a parité : un franc pour un euro. Les répercussions sont nombreuses. Le patro-nat surenchérit et envisage déjà différentes mesures, le

plus souvent sur le dos des salarié·e·s, pour pallier cette réévaluation de notre mon-naie : baisse des salaires, délo-calisations des entreprises, aug mentation gratuite du temps de travail, réduction ou paiement en euros du salaire des frontaliers, allègement des

impôts des entreprises, plans de dérégulation et de revitali-sation, réforme de la loi sur les cartels favorisant les importa-tions directes, etc. Syndicats et organisations patronales saluent par contre à l’unis-son la décision du 27 janvier d’autoriser le recours au chô-

mage partiel, soit le verse-ment d’une indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail due à la force du franc.

la chaîne Du livre fragiliséeDe tous les secteurs de syn-dicom, le plus suite page 5

sonDage télécom : « Délimitation travail — vie privée »

En finir avec le travail sans finPour la première fois, syndicom a réalisé une enquête sur la « délimitation du travail ». Les réponses des 3500 sondé·e·s de la branche Télécom le prouvent : la révolution numérique laisse des traces profondes et dangereuses pour la santé des salarié·e·s. La nécessité d’agir est grande. Patrick Probst* (suite page 2)

... a légèrement diminué 3.4 %

Grand angle | 3syndicom | N° 2 | 20 février 2015

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syndicom | N° 2 | 20 février 20152 | Grand anglesonDage télécom : « Délimitation travail — vie privée »

commentaire

La loi sur le travail doit être adaptée !Pour la première fois, syndicom a réalisé une enquête sur la « délimitation du tra-vail ». Swisscom, Sunrise, upc cablecom et Orange l’ont soutenu dans ce processus. Un exemple qui mériterait d’être suivi dans d’autres branches – dans l’intérêt d’un par-tenariat social durable. Au début de 2014, lorsque nous avons commencé notre enquête, nous avons constaté que ce sujet était dans l’air du temps. Car la question de la disparition progressive des frontières entre vie professionnelle et privée est récurrente dans le monde professionnel.Le groupe de travail a élaboré et évalué cette enquête avec beaucoup de soin. Je tiens ici à remercier chaleureusement les employé·e·s des entreprises télécom sus-mentionnées qui nous ont accompagnés étroitement pendant tout le processus. Les personnes interrogé·e·s ont montré beau-coup d’intérêt pour cette enquête. Les quelque 3 500 réponses reçues nous per-mettent de donner une image représenta-tive et fondée de la délimitation du travail dans le secteur TIC. Enfin, les participant·e·s à l’assemblée qui s’est tenue fin novembre ont fait preuve d’une grande disponibilité pour analyser les résultats et discuter de recommandations.Tou·te·s sont unanimes à reconnaître la nécessité de prendre des mesures. Vous pourrez lire en détail dans la brochure les-quelles s’imposent pour le syndicat et les représentations du personnel. La brochure peut être commandée auprès du syndicat. Nous espérons aussi sensibiliser les divi-sions du personnel à ce sujet brûlant. Car une entreprise ne peut être rentable sur le long terme que si ses employé·e·s restent en bonne santé.Enfin, le législateur est lui aussi sollicité. La Loi sur le travail se calque encore sur une logique industrielle. Elle ne répond plus aux mutations du monde du travail numé-rique, où les frontières entre vie privée et professionnelle tendent à s’estomper. Une adaptation s’impose donc de toute urgence. Désormais, l’obligation d’assis-tance de l’employeur ancrée dans la loi ne doit pas se limiter à prévenir les seuls r isques physiques encourus par les employé·e·s, mais inclure aussi les risques psychosociaux auxquels ils sont exposés.

Giorgio Pardini, directeur du secteur Télécom/IT

Sébastien Bourquin, ICT Trainer, Swisscom IT Services AG

La formation continue n’est efficace que si elle a une utilité

dans la pratique. Sinon, elle ne sert à rien.

En finir avec le travail sans fin suite de la page 1

Aujourd’hui, le stress psychique est un gros problème

dans les entreprises de notre branche.

Peter Siegrist, Teamleader Service Center HFC, upc cablecom

Quelques pour-cent en moins ici, quelques tâches en plus ici: en fin

de compte, la charge de travail quotidienne s’en ressent.

Les nouvelles possibilités offertes par le travail flexible entraînent la disparition d’anciennes fron-tières. La « délimitation du monde du travail », dont il est question ici, ne fait plus une distinction claire entre travail et temps libre, employeur et main-d’œuvre, entreprise et domicile.Cette évolution présente des opportunités et des risques pour les salarié·e·s. L’avantage de s’or-ganiser en toute autonomie a pour conséquence que tous les domaines de la vie dépendent des exigences du monde du travail – ou du moins qu’il devient plus difficile de tracer une frontière entre vie professionnelle et vie privée. Et la santé en pâtit.Les frontières tendent à s’estom-per tant sur le plan temporel que spatial. Temporellement, le tra-vail est de moins en moins lié à des horaires de travail normaux. Spatialement, il s’est affranchi des limites du bureau par le biais des nouvelles technologies d’informa-tion et de communication. Le tra-vail mobile implique que l’on peut fournir des prestations indépen-damment de l’espace, mais aussi du temps – donc le soir, les jours de congé et le week-end.

récupérer à temps Devient toujours plus importantLes risques du travail flexible sont lourds de conséquences. Il est prouvé que la dilution des frontières entre vie profession-nelle et vie privée demande aux salarié·e·s un effort supplémen-taire pour lâcher prise. D’autre part, cette évolution favorise

l’épuisement émotionnel, l’un des symptômes principaux dia-gnostiqués pour le burn-out. La possibilité de se régénérer suffi-samment devient ainsi une exi-gence essentielle pour garantir un rapport de travail durable.C’est avec vingt employé·e·s de la branche Télécom que syndicom a élaboré les thèses les plus impor-tantes de la « délimitation du tra-vail » et qu’il les a condensées pour obtenir des questions perti-nentes. Parmi les quatre grandes entreprises Swisscom, upc cable-com, Sunrise et Orange, près de 3500 employé·e·s ont participé à l’enquête. Ainsi la représenta-tivité de l’étude est assurée pour la branche.Les thèses du groupe de travail se confirment dans le sondage – de manière plus ou moins mar-quée. De manière générale, le stress, la pression, les sous-effec-tifs et les contraintes psychiques ne touchent pas que des minori-

tés, mais ils sont inhérents aux structures des entreprises. Pour préserver la capacité de régéné-ration des salarié·e·s, il est indis-pensable de délimiter des fron-tières spatiales et temporelles. Celles-ci ne dépendent pas seu-lement de leur propre comporte-ment, mais plus encore des struc-tures d’entreprise – notamment par le biais des formes d’organi-sation, des processus de travail, des instruments de gestion du personnel, ainsi que par la mise en œuvre de conventions collec-tives de travail.Développer des structures d’en-treprise permettant d’améliorer la capacité de régénération des employé·e·s devrait être dans l’in-térêt des partenaires sociaux. Car on améliore ainsi non seulement la qualité de vie des employé·e·s, mais aussi leur capacité de per-formance pour l’entreprise, alors que les absences et les frais de santé diminuent.

De multiples raisons D’agirLes résultats du sondage montrent qu’il faut agir à plusieurs niveaux de l’organisation, afin que les chances offertes par la délimita-

tion du travail l’emportent à l’ave-nir sur les risques.Voici les recommandations les plus importantes retenues par le groupe de travail :

sans opinion 1.3 %

peu souvent 16.8 %

assez souvent 39.1 %

très souvent 31.8 %

presque toujours 7.1 % rarement 3.0 %

jamais 0.8 %

téléchargez ou commanDez la Brochure maintenant !

Une version électronique de la brochure syndicom concernant l’enquête menée sur la « délimita-tion du travail » est disponible sur www.syndicom.ch/delimitation. D’autres informations utiles sur le sujet s’y trouvent aussi. La version papier de la brochure peut être commandée auprès de : [email protected]

ne sait pas/aucune indication 4.4 %

... a légèrement augmenté 30.7 %

... a nettement augmenté

42.9 %

... a nettement diminué 1.4

... est restée la même 17.1 %

L’enquête confirme l’hypothèse : en 2013, près des trois quarts des sondé·e·s ont accompli plus de travail que les années précédentes par unité de temps – la plupart d’entre eux même beaucoup plus. 17 % déclarent avoir tra-vaillé dans la même période autant que les années précédentes ; seuls 5 % ont été moins productifs.Les réponses montrent que la productivité au travail augmente massivement dans les entreprises interrogées. Il faut partir du principe que les améliora-tions structurelles ne contribuent pas à elles seules à augmenter simultané-ment la productivité des employé·e·s. L’intensification du travail relève aus-si la barre des exigences, en épuisant les possibilités de l’horaire de travail fondé sur la confiance. Les employé·e·s doivent de plus en plus travailler pendant leur temps libre. Et ils doivent se préparer au moins mentalement aux prochaines tâches pour être d’autant plus productifs durant leur horaire de travail officiel. Et pour atteindre ainsi les objectifs ambitieux.

comparée aux Deux Dernières années, la charge De travail…

en 2013, comBien De fois avez-vous travaillé plus que le temps De travail convenu ?

En 2013, 67 % environ des personnes interrogées ont travaillé assez sou-vent, très souvent ou presque toujours plus que le temps de travail journa-lier convenu. Leur temps de travail est donc calculé de manière trop juste et empiète sur leur temps libre. Il reste à déterminer si le travail supplé-mentaire quotidien est effectivement comptabilisé ou s’il est fourni gra-tuitement pour remplir les attentes de performance et d’intensification du travail.On constate que la clause centrale des conventions collectives de travail, qui prescrit une moyenne de travail journalière de huit heures, n’est pas respectée dans la plupart des rapports de travail. Le temps de travail cumu-lé de l’ensemble des salarié·e·s ne suffit pas à gérer le volume des tâches.

sans opinion 2.5 %

peu souvent 22.3 %

assez souvent 32.3 %

très souvent 28.7 %

6.3 % presque toujoursrarement 6.5 %

jamais 1.4 %

• Les droits de participation des représentations du personnel et des employé·e·s doivent être étendus à tous les processus de travail et intégrés dans les conventions collectives de tra-vail.

• Les conventions collectives de travail doivent accorder aux employé·e·s plus de temps de récupération – sous forme de jours de vacances supplémen-taires, de congés sabbatiques, d’absences payées, de réduction du temps de travail ou d’une durée maximale du travail heb-domadaire.

• Les facteurs de stress doivent être systématiquement abordés dans le cadre des entretiens du personnel et les supérieurs hié-rarchiques doivent être incités à contribuer à une réduction du stress et de la pression.

• Le temps supplémentaire doit être compensé dès que possible.

• Les objectifs de performance fixés doivent pouvoir être atteints pendant le temps de tra-vail – sans requérir des presta-tions préalables durant le temps libre.

• Dans leurs lignes directrices, les entreprises doivent se pronon-cer clairement sur la séparation entre travail et temps libre.

• Des barrières techniques doivent être introduites pour que les e-mails professionnels

ne puissent être délivrés que pendant le temps de travail ordi-naire des employé·e·s.

• Les horaires de travail fondés sur la confiance ne doivent pas remettre en question la durée maximale de travail et la saisie du temps. Les réglementations actuelles en matière d’horaire de travail doivent être exami-nées au vu de leur efficacité.

• Il faut instaurer un organe de médiation pour les cas de stress psychique, géré par des représentant·e·s du personnel qui soutiennent les employé·e·s.

• Il est recommandé de lancer une campagne de sensibilisa-tion pour inciter les personnes malades à rester à la maison, afin d’éviter de propager des virus dans l’entreprise.

• Dans la plupart des entreprises, il faut en principe plus de per-sonnel pour couvrir le volume de travail. Les départs doivent être remplacés systématique-ment et il faut garantir des sup-

pléances et des périodes d’intro-duction.

• Les entreprises doivent garantir la formation continue et le per-fectionnement. Un droit indivi-duel doit en découler dans les conventions collectives.

• Les employé·e·s devraient dis-poser d’un compte individuel épargne formation. Faute d’être utilisé, l’avoir annuel doit pou-voir être reporté sur l’année sui-vante.

• La formation et le perfectionne-ment nécessitent du temps et de la disponibilité, ce qui implique de résoudre les problèmes de manque de personnel.

Mettre en œuvre dès que possible ces mesures est dans l’intérêt des entreprises et notamment des res-sources humaines, ainsi que des employé·e·s et de leur syndicat. Ces mesures sont donc bénéfiques pour toutes les parties.

* Patrick Probst, propriétaire de l’agence de communication komform

si vous consiDérez l’année 2013, à quelle fréquence avez-vous été mis·e sous pression Durant votre travail ?

En 2013, 76 % des sondé·e·s ont été mis sous pression assez sou-vent, très souvent ou même presque toujours. La majorité d’entre eux indique que les raisons sont multiples : objectifs irréalistes, manque de personnel, travail toujours plus complexe, supérieurs hiérarchiques disposant de compétences professionnelles et sociales insuffisantes, bureau cratie interne floue ou processus vagues. Il est aussi possible que certains salarié·e·s se fixent des objectifs trop élevés – et se mettent ainsi eux-mêmes sous pression.

Pascal Wicht, spécialiste Télécom, cablex

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Pour préserver la capacité de régénération des salarié·e·s et pour que la vie ne se résume pas au boulot, il est indispensable qu’ils puissent se déconnecter. (photo Fotolia)

Branches | 5syndicom | N° 2 | 20 février 20154 | Branches syndicom | N° 2 | 20 février 2015

« Le sentiment d’impuissance génère des souffrances profondes »

« Les dernières années ont été un vrai cauchemar »Les employé∙e∙s de guichet sont mis sous pression avec des objectifs de travail irréalistes. Celles et ceux dont les résultats sont insuffisants aux yeux de leurs supérieurs hiérarchiques doivent partir. Judith Stofer

Détendu, assis dans un café de la périphérie bernoise, l’ancien employé de guichet (nom connu de la rédaction), quadragénaire et céli-bataire, a un nouvel emploi depuis six mois. « Si vous m’aviez rencon-tré il y a une année, vous auriez vu une autre personne en face de vous – un homme souffrant de troubles psychiques et sans aucune estime de soi », avoue-t-il en sirotant son café.

Spirale infernaleCet ancien employé de La Poste a travaillé dix-huit ans pour le géant jaune. Au guichet, il était respon-sable de la caisse principale et de la gestion des marchandises. Le tra-vail lui plaisait. Au début, la vente d’articles sans lien avec la Poste (bil-lets de Tribolo, abonnements de natel, assurances, produits PostFi-nance, etc.) ne lui a demandé aucun

effort particulier. Mais lorsque les objectifs de vente ont été relevés année après année, il s’est senti sous pression.«Je me suis retrouvé pris dans une spirale infernale, dont je ne pou-vais plus me libérer. » C’est ain-si qu’il décrit la situation dans laquelle il s’est retrouvé dès 2011. Il n’avait alors pas réussi à atteindre les objectifs fixés par ses supé-

rieurs. De plus, des erreurs lui avaient échappé dans la gestion des marchandises, alors que les objec-tifs de vente avaient été considéra-blement augmentés pour 2012. A sa demande de les revoir à la baisse en raison de ses problèmes de san-té, son chef refuse sous prétexte que les objectifs correspondent à des valeurs moyennes faciles à atteindre.

Début 2012, il souffre d’une pre-mière dépression. Durant une semaine, il est en arrêt maladie avant de reprendre le travail à plein temps. « C’était une erreur, car je n’étais pas encore complètement guéri », avoue-t-il aujourd’hui. La pression de son entourage profes-sionnel a toutefois été si forte qu’il s’est senti obligé de retourner au guichet.

Les librairies souffrent du franc fort (suite de la page 1)

La libéralisation du secteur postal et l’augmentation de la producti-vité ont accru la pénibilité du tra-vail. Quelles sont les répercus-sions sur la santé des postiers ?Nicola Cianferoni : On peut effectivement supposer que la pénibilité a un impact négatif sur la santé, bien que cela soit diffi-cile à mesurer scientifiquement. Pour mieux appréhender à quel moment il y a une dégradation de la santé et le rôle qu’y joue le travail, il faudrait des études avec une approche longitudinale per-mettant de suivre les personnes sur la durée.

Vous avez présenté une enquête sur le travail des facteurs à La Poste. Qu’a-t-elle permis de mettre en évidence ?Mes recherches dans un centre de traitement des lettres ont fait apparaître l’expression d’un malaise prenant la forme d’une souffrance au travail. Les témoi-gnages indiquaient une forte aug-mentation des cadences, notam-ment avec l’introduction du scanner et de la polyvalence, les-quels induisent une pression à la performance et paradoxalement une autonomie amoindrie.

Quelle est la source de cette souf-france au travail ?L’introduction de la polyva-lence, qui peut être enrichis-sante si elle permet de dévelop-per des ressources pour y faire face, a été introduite pour que les salarié·e·s, considérés comme interchangeables, puissent adap-ter chaque jour l’organisation de leur team aux fluctuations du courrier. Le facteur, auparavant

titulaire d’une tournée, sait que son collègue ne connaît pas les besoins spécifiques de « sa » clien-tèle. Les sentiments d’impuis-sance et de dépossession éprou-vés à l’égard de la réorganisation du travail tendent à prendre le pas sur la maîtrise du travail, ce qui génère des souffrances pro-fondes. Il faut garder à l’esprit que par leur mission historique de service public, les relations que les postiers entretiennent avec les usagers restent l’un des principaux ressorts du sens qu’ils attribuent à leur travail.

Les postiers en rendent-ils leur hiérarchie responsable ?Ce n’est pas ce que j’ai pu obser-ver. En effet, les conflits au sein de La Poste tendent à prendre une forme plus « horizontale » que « verticale ». Ce n’est plus l’organisation du travail que les salarié·e·s tiennent pour respon-sable de leurs souffrances, mais les collègues. On parle alors de psychologisation des rapports sociaux. Avec les contraintes de l’organisation du travail en flux tendu, les absents sont stigma-tisés par les facteurs contraints d’effectuer le travail à leur place.

Difficile alors de tomber malade…Certains n’osent en effet plus se faire porter malades pour éviter la pression de la part des collè-gues et des supérieurs. Face à ce problème, 64,8 % des salarié·e·s que j’ai interrogés par question-naire affirment avoir déjà renon-cé à ou différé une visite chez le médecin, de crainte de nuire à l’activité du team par leur absence.

Comment La Poste gère-t-elle les absences ?La Poste dispose d’un outil pour la gestion des absences, « pro pré-sence », visant à identifier les salarié·e·s dont l’état de santé est susceptible de se dégrader. Les tra-vailleurs concernés sont contraints de livrer un certain nombre de données personnelles sur leur état de santé, ce qui comporte de fait le déliement du secret médical sous certains aspects. Les salarié·e·s doivent aussi accepter des mesures de réadaptation ou, de plus en plus rarement, de réaffectation. Dès lors, il y a une pression qui existe sur les salarié·e·s malades ou absent·e·s. Même si cette pression n’est pas forcément explicitée par les cadres, elle a son origine dans la crainte d’être mis sur une « liste noire » si l’absence est trop longue.

Les cadres exercent-ils des pres-sions en ce sens ?J’ai pu prendre connaissance de cas où la hiérarchie a fait pression pour que les salarié·e·s regagnent leur poste plus vite que la guérison ne l’aurait exi-gé, parfois même contre l’avis du médecin. Cette pratique, dis-cutable, peut bien évidemment se révéler contre-productive, car elle peut compromettre le réta-blissement complet lorsque le retour est prématuré.

La Poste estime pourtant que « pro présence » a été mis sur pied pour promouvoir la santé de son personnel.Mon enquête met en lumière une autre réalité. « Pro présence » tend à individualiser tous les aspects relevant de la santé, laquelle

est abordée principalement en termes de coûts pour l’entreprise. L’amélioration des conditions de travail n’est plus qu’un vœu pieux. La Poste explique dans ses rapports de gestion que les mala-dies et les accidents génèrent des coûts qui nuisent à sa compétiti-vité. On peut se demander si ces programmes ne comportent pas le danger de mettre à l’écart les salarié·e·s dont le risque d’ab-sences est estimé plus élevé. Dans ce contexte il serait bienvenu, dans l’intérêt du personnel, que les militant∙e∙s syndicaux inves-tissent davantage la santé sur les lieux de travail, dans le but de ne pas la laisser exclusivement à l’employeur.

Pour une meilleure prise en charge de la santé des postiers, quelles pistes voyez-vous ?La Poste devrait encourager des recherches pour améliorer la connaissance des situations favorables ou non à la santé. Une approche longitudinale per-mettrait de mieux connaître les parcours personnels et profes-sionnels, afin de comprendre le rôle de la réorganisation du tra-vail dans l’évolution de la san-té du personnel. Il serait éga-lement utile d’instituer une commission d’hygiène, de sécu-rité et des conditions de tra-vail, dont la composition et le fonctionnement soient indépen-dants de l’employeur. Composée de salarié·e·s et d’experts choi-sis par eux, cette structure per-mettrait une meilleure prise en charge de la santé sans être ins-trumentalisée – comme le pro-gramme « pro présence » – dans

un rapport entre coûts et béné-fices pour l’entreprise. Reste à résoudre le problème de l’inten-sification du travail, notamment tributaire de la réglementation de la concurrence. Une question d’ordre politique.

Entretien et photo Yves Sancey

Film sur le travail metroBOULOTkino en présence de Cianferoni, voir p. 13.

Sociologue du travail, Nicola Cianferoni est actuellement chargé de recherche à la Haute école de travail social et de la santé – EESP – Lausanne. Il a mené plusieurs enquêtes sur les restructurations, les condi­tions de travail et les mobilisa­tions collectives dans les sec­teurs publics (La Poste) et privés (banques, industrie, commerce de détail). Son blog : http://nicolacianfe­roni.wordpress.com/Articles récents – Cianferoni N., « La réduction des coûts générés par les malades ou les accidentés comme levier pour accroître la compétitivité de l’entreprise. Le cas de la gestion des absences à La Poste suisse », in Jean Ferrette (Ed.), Souffrances hiérarchiques au travail : l’exemple du secteur public, L’Harmattan, collection Logi­ques sociales, 2014, pp. 101­111.– Cianferoni N., « Quand la modernisation produit de la souffrance. Le cas de La Poste suisse », ¿Interrogations ?, no 12, 2011, pp. 79­96 (dispo­nible sur le site de Cianferoni).

La Poste Suisse connaît des changements colossaux depuis la libéralisation du secteur dans les années 1990. Le travail est l’objet d’une réorganisation permanente, avec les cadences et la productivité qui tendent à augmenter. Quel est l’impact sur les employés ? Comment La Poste prend-elle en compte la santé des postiers ? Que fait-elle des malades et des accidentés ? Nous en avons discuté avec le sociologue Nicola Cianferoni.

touché est sans doute celui du livre. Il faut dire que 80 % des ouvrages achetés en Suisse sont importés de l’étranger. Avec le prix imprimé en euros sur le livre, les consommateurs voient immédiatement si la nouvelle parité franc-euro s’est traduite ou non par une baisse du prix en francs suisses. Les libraires, situés au bout d’une grande chaîne d’acteurs, ne sont pas maîtres pour baisser les prix. En Suisse romande, par exemple, les prix sont fixés par les diffuseurs basés en Suisse et par les grands éditeurs parisiens qui assurent la fonction de diffuseurs pour l’étranger. Ils décident des taux de conversion entre l’euro et le franc via des tabelles supé-rieures aux taux réels, en par-tie pour financer leurs charges, en partie pour leur marge. La Commission de la concurrence avait condamné les pratiques jugées abusives des diffuseurs. Un recours est encore pendant auprès du Tribunal administratif

fédéral. Les diffuseurs devraient répercuter, dans une certaine mesure, la baisse de l’euro dans les prochains jours.

TempêTe à l’OlfLe prix suisse ayant été fixé par son éditeur ou son diffuseur, un livre passe en main du distribu-teur qui gère les stocks et l’ap-provisionnement des libraires. Le plus gros distributeur, en Suisse romande, c’est l’Office du livre (OLF) basé à Fribourg. Ayant acheté presque l’entier de son stock à l’ancien taux de change, l’OLF a donc connu une perte comptable de 20 % en une minute. « Pris dans une tornade » et face à une « situa-tion grave », son directeur, Pierre Fehlmann, a décidé de recourir à des mesures drastiques pour les 159 salarié·e·s de l’entre-prise. Ces derniers peuvent s’at-tendre à une baisse de 4 à 7,5 % si leur salaire actuel dépasse les 4000 fr., a révélé La Liberté (26.1.2015). De plus, ils devront

travailler 2,5 heures de plus par semaine sans compensation sala-riale. Une « mesure incontour-nable », selon le directeur (Tribu-ne de Genève, 28.1.2015). Sous la menace d’un licenciement éco-nomique en cas de refus, les sala-riés avaient quelques jours pour signer un avenant à leur contrat qui entrera en vigueur le 1er mai.

COngé-mOdifiCaTiOn nulPourtant, selon Luca Cirigliano, secrétaire central de l’Union syn-dicale suisse, « il est interdit de répercuter le risque entrepreneu-rial sur le personnel » (disposi-tion impérative de l’article 323 CO). « C’est justement ce qui est le cas, poursuit Cirigliano, lorsque le cours du change défavorable assombrit les perspectives éco-nomiques d’une entreprise. Or, l’employeur doit assumer par anticipation le cours du change qui fait partie du risque entrepre-neurial. […] Pareilles dispositions, qu’elles soient introduites par des accords généraux, le congé-

modification ou une CCT, sont par conséquent frappées de nul-lité ». De telles mesures, si elles permettent d’éviter des licencie-ments, devraient au moins pou-voir être négociées avec les sala-riés et le syndicat et, en tout état de cause, ne pourraient être valables que pour une durée limi-tée, de six mois par exemple. syn-dicom suit l’affaire de près. Une commission ou délégation du per-sonnel pourrait être mise sur pied pour assurer le suivi, revoir la situation dans trois à six mois en tenant compte d’éléments solides pour analyser l’évolution des affaires. L’OLF a indiqué qu’une facilitation du chômage partiel ne lui est pas d’un grand secours : « Le volume de travail n’a pas bais-sé, ce sont les marges qui se sont écrasées », explique son directeur (La Liberté, 28.1.2015).

libraireS en fâCheuSe pOSTureAu bout de la chaîne, les libraires sont mal pris. Ils ne peuvent adapter le prix puisqu’ils paient eux-mêmes les fournisseurs, en francs suisses, au même prix qu’avant la baisse de l’euro. Si le prix des livres tarde à baisser, le risque est important de voir une partie de la clientèle aller s’ap-provisionner à l’étranger ou via les sites d’achat en ligne comme Amazon, qui vendent en euros. Et s’ils baissent les prix, les fins de mois vont être très difficiles. « Ces trois dernières années, les prix des livres ont déjà baissé de 15 à 20 %, ce qui a déjà lourde-ment pesé sur la branche puisque

les frais généraux restent les mêmes », souligne Françoise Ber-claz à La Liseuse, à Sion (Le Nou-velliste, 27.1.2015). Difficile donc de baisser encore les prix de 15 à 20 %. « Les marges me servent à payer les charges, le loyer et les taxes professionnelles » raconte Zita Süskösd, responsable de la librairie Delphica à Genève (Tri-bune de Genève, 28.1.2015).

fuTure guerre deS prix ?De son côté la FNAC, qui se four-nit directement auprès de sa cen-trale en France depuis 2012, pour-rait être en mesure de proposer rapidement des prix avantageux. Ce qui pourrait provoquer une guerre des prix hypothéquant la survie du riche réseau de librai-ries indépendantes. Poids lourd du livre en Romandie, Payot songe à des mesures mais n’a pas encore communiqué lesquelles. Son directeur, Pascal Vandenber-ghe, est favorable aux impor-tations parallèles qui permet-traient de s’approvisionner en France. Pas si simple toutefois, regrette-t-il : « Nous ne pouvons pas contraindre les éditeurs fran-çais à nous approvisionner en direct, et ceux qui s’étaient décla-rés prêts à le faire ont renoncé. » (Le Temps, 22.1.2015)Le consommateur-citoyen a le pouvoir de décider s’il préfère soutenir le réseau de profes-sionnels du livre proches, com-pétents et de bon conseil ou ne voir que le prix et commander en ligne. Décidément, la décision de la BNS du 15 janvier n’a pas fini de faire des vagues.

Au bout de la chaîne, les libraires sont mal pris. Ils ne peuvent adapter eux­mêmes le prix des livres. S’il tarde à baisser, la clientèle pourrait aller s’approvisionner à l’étranger. Et s’il baisse, les fins de mois vont être très difficiles. (photo Yves Sancey)

SOuS ObServaTiOnSix mois plus tard, il replonge. Cette fois-ci, il est en arrêt mala-die durant trois semaines. Puis il reprend à 50 %, toujours en arrêt maladie pour la seconde moitié de son taux d’occupation. « Alors que j’allais mal, on m’a forcé à me rendre à un entretien du person-nel », raconte-t-il. On lui reproche des erreurs, un manque d’engage-

ment et le non-respect des objec-tifs. Il apprend plus tard qu’il se trouve alors dans la phase dite « sous observation ». Puis, à peine en possession du certificat médi-cal attestant sa guérison, on exige qu’il communique dans les quatre semaines comment il compte conti-nuer à travailler. Après l’entretien, il se sent terriblement sous pres-sion. Le sentiment de ne pas être

à la hauteur augmente ensuite à chaque entretien personnel et à chaque prolongation de la phase d’observation.

arbiTraire eT injuSTe Lors d’un entretien où on le menace de licenciement en lui proposant de mettre fin aux rapports de tra-vail par un accord de résiliation, il décide d’agir. Il se met à la

recherche d’un autre emploi et voit ses efforts rapidement récom-pensés. Avec le recul, il décrit les dernières années à La Poste comme un « cauchemar », comme « la pire période de ma vie ». Il estime tou-

jours que La Poste fixe des objectifs arbitraires et injustes aux employés de guichet. Car il a appris après coup que tout le monde n’était pas tenu d’atteindre les mêmes objectifs de travail.

Les objectifs de vente ayant été relevés année après année, notre témoin s’est progressivement senti sous pression. Et poussé vers la sortie. (photo Urs Flüeler / Keystone)

pOSTe eT SanTé au Travail

guiCheT pOSTal : TémOignage

branChe du livre SOuS preSSiOn

6 | Branches syndicom | N° 2 | 20 février 2015

FERMETURE dE l’IMPRIMERIE NZZ A ZURICH

NZZ : une stratégie fausse, inutile et irresponsableLe conseil d’administration du groupe NZZ a balayé les propositions du personnel : l’imprimerie de la NZZ à Schlieren sera fermée le 30 juin prochain. 125 personnes seront licenciées. Nina Scheu

CCT INdUsTRIE gRAPHIqUE

La DFO générale est réalisable !Début février, le Seco remettait à syndicom et syna une évaluation visant à mettre en œuvre la déclara-tion de force obligatoire générale (DFOG) du Contrat collectif de travail (CCT) pour l’industrie graphique, de manière simple et sans grande modification.Cette nouvelle évaluation s’imposait. Car l’automne dernier, l’association patronale Viscom avait stoppé unilatéralement la procédure DFOG, sous prétexte que la formation d’un organe chargé de contrôler le respect du CCT impliquait des adaptations si impor-tantes qu’elles exigeaient de renégocier le CCT dans son ensemble. La prise de position actuelle, qui découle d’une discussion menée en décembre der-nier par syndicom et syna avec le Seco pour déblo-quer la situation, prouve le contraire. D’une manière générale, la commission ad hoc déjà prévue dans le CCT doit se transformer en une commission per-manente de contrôle. Celle-ci doit pouvoir effectuer aussi des contrôles ponctuels de sa propre initia-tive dans les entreprises, et pas seulement en cas de doute ou de dénonciation pour non-respect du CCT. De plus, les cotisations de solidarité à payer par les

non-membres doivent être renommées en contri-butions aux frais d’entretien. Comme c’est déjà le cas aujourd’hui, elles ne devraient toutefois pas être payées par les membres du syndicat.Alors quel est le problème ? Les entreprises qui res-pectent le CCT n’ont pas à craindre les contrôles usuels effectués dans toutes les branches conven-tionnées, même s’ils sont ponctuels. Elles doivent plutôt craindre leur association Viscom, qui, par des manœuvres d’obstruction, cherche à retar-der l’introduction de la DFOG. Car le renchéris-sement du franc couplé aux offres bon marché de l’étranger fera aussi passer à la trappe de nou-veaux emplois, qui pourraient être préservés effi-cacement avec la DFOG.syndicom et syna exigent donc une mise en œuvre rapide de la DFOG. « No deal ! », voici ce que nous répondons aux intentions de faire payer une deu-xième fois les négociations complémentaires pour la DFOG – cette dernière est déjà payée !

Roland Kreuzer, responsable du secteur Médias

Stop à la désertification postale« Faciliter la vie », « la clé du suc-cès : patiner là où le puck va se trouver et non là où il se trou-vait » : c’est ainsi que Suzanne Ruoff, directrice de La Poste, présente notamment sa vision du futur postal dans le journal de La Poste de janvier. La popu-lation ne se retrouve pourtant pas dans cette volonté de lais-ser tomber ce qui a fait le suc-cès de La Poste, un réseau dense au service de la population, pour suivre le chemin de la digitali-sation et la dématérialisation qui se dessine à travers tous les petits tests menés ces derniers temps. Deux exemples récents en témoignent.

déFENdRE lE sERvICE PUblICLe mouvement est parti d’une pétition lancée par Julien Jaquet, du Pâquier (NE), contre la sup-pression de la livraison du cour-rier dans les zones de moins de cinq maisons par hectare. Il prend de l’ampleur et s’étend à la Suisse alémanique et au Tessin. Fin janvier, la pétition dépassait les 2000 signatures. Selon l’émis-sion « On en parle » du 22 jan-vier, 15 000 habitations n’ont plus aucun droit légal à être desservies. Selon le conseiller national socia-liste neuchâtelois Jacques-André Maire, ce sont ainsi entre 8000 et 10 000 maisons habitées qui sont potentiellement menacées. Avec son collègue UDC Raymond Clot-tu, il a déposé une motion au Conseil national demandant la suppression, dans l’ordonnance sur la Poste, des exceptions au service universel, inscrit dans la Constitution.

PAs dE CITé-doRToIRLe quartier des Boveresses et alentours, sur les hauts de Lau-sanne, se mobilise contre la fer-meture annoncée pour mars de l’office de poste de la Grangette. La Poste a décidé de le rempla-cer par une agence postale dans la pharmacie du quartier. C’est sans tenir compte que l’office de la Grangette rend des grands ser-vices aux habitants du quartier, aux personnes âgées, aux per-sonnes à mobilité réduite, et que les entreprises de la zone indus-trielle l’utilisent de plus en plus, ainsi que les habitants des quar-tiers des alentours. Il a aussi une fonction sociale avec les habi-tants du Foyer voisin. « Si la poste disparaît, notre quartier ressem-blera de plus en plus à une cité-dortoir » déplore Michel Perret, membre de l’active Société de développement, dans 24 Heures (24.1). Quelque 1000 signatures ont été récoltées en trois petites semaines. Les autorités lausan-noises vont reprendre contact avec le géant jaune pour tenter de maintenir l’office.A Crans-près-Céligny, des citoyens mobilisés dénoncent également la suppression d’un service qui devrait être univer-sel et soulignent l’importance des offices postaux pour la vie locale. Depuis l’annonce de la fermeture fin 2014, une péti-tion a récolté 2800 signatures. « Pour une commune de 2000 habitants, ça fait beaucoup », se réjouit Pierre Cretegny, un habi-tant, dans Le Courrier (12.2.).

Yves Sancey

MENACE sUR lE sERvICE PUblIC

Pourquoi pas des CCT d’entreprise ?Le 13 janvier dernier, syndicom et impressum ont envoyé à l’Association des éditeurs une pétition exigeant de reprendre enfin des négociations pour une convention collective de travail (CCT). Mais nous n’en sommes pas restés là. Depuis, nous nous sommes adressés aux différents éditeurs.La pétition aux éditeurs peut encore être signée sur www.syndicom.ch/13x13. Et sur le site Internet per-soenlich.com, on peut également découvrir la réac-tion de Hanspeter Lebrument, président de l’As-sociation des éditeurs Schweizer Medien. Le jour même, voici ce qu’on pouvait lire dans la newslet-ter de la branche : « Une CCT de branche n’est pas à l’ordre du jour », a répondu Hanspeter Lebrument, président de l’Association des éditeurs Schweizer Medien, ajoutant : « Rien n’empêche un éditeur de négocier une CCT avec les représentations du per-sonnel s’il le souhaite. »

Selon Lebrument, la CCT Presse alémanique n’est donc plus du ressort de l’Association, mais des entreprises. syndicom et impressum l’ont pris au mot et se sont donc adressés aux éditeurs du Tes-sin et de Suisse alémanique pour les inviter à négo-cier individuellement des CCT d’entreprise. Après dix ans de vide contractuel, où les honoraires des journalistes free-lance n’ont cessé de chuter et les conditions de travail de se détériorer sous le règne d’un président hostile au partenariat social, il est grand temps de tracer enfin une voie plus construc-tive. Les lecteurs profiteraient ainsi à nouveau d’ar-ticles dûment documentés, et rédigés dans un cli-mat serein. Gageons qu’ils prolongeraient aussi plus volontiers leurs abonnements aux journaux et périodiques.

Nina Scheu

CCT PREssE

Manifestement, tout n’aura été qu’une tac-tique d’atermoiement. Deux mois après l’annonce de fermeture de l’imprimerie de la NZZ, le conseil d’administration du groupe a sonné le glas définitif de l’entre-prise, le 3 février dernier : il maintient sa décision de fermer l’imprimerie de Schlie-ren au 30 juin 2015. 125 employé·e·s per-dront ainsi leur emploi dans l’une des imprimeries les plus rentables de Suisse.Cette décision ne repose sur aucun fon-dement économique ni aucune nécessi-té stratégique éditoriale. Son seul objec-tif est de générer encore davantage de profit pour les actionnaires du groupe NZZ. Contrairement aux allégations de la direction de la NZZ, les arguments des commissions du personnel et de l’entre-prise, des salarié·e·s et de syndicom n’ont pas été pris au sérieux. Le document du 9 janvier élaboré dans le cadre de la pro-cédure de consultation démontre que le maintien de l’impression des journaux à

Schlieren ne mettrait nullement en dif-ficulté la NZZ et ne nécessiterait aucune modification de ses plans en matière de publication numérique.

FAIT ACCoMPlILa décision définitive de fermeture de l’entreprise est économiquement inutile et stratégiquement fausse, mais elle ne surprend personne. Dès fin novembre, les clients de l’imprimerie de Schlie-ren avaient déjà été dirigés vers d’autres sites. Et les contrats de rachat de l’entre-prise par son principal concurrent Tame-dia étaient prêts à être signés. Autrement dit, le conseil d’administration n’a jamais sérieusement remis en cause la fermeture de l’entreprise.La décision est en outre socialement irres-ponsable. Les personnes touchées auront beaucoup de mal à retrouver un emploi équivalent dans la région de Zurich, d’au-tant que le franc fort risque de péjorer

encore la situation du marché du travail dans le secteur de l’industrie graphique. Contrairement au conseil d’administra-tion de la NZZ, syndicom ne laissera pas tomber les salarié·e·s de Schlieren et les soutiendra dans leur démarche et leurs actions en vue de sauvegarder leurs places de travail. Mais ne nous leurrons pas : la direction de l’entreprise ne nous fera aucun cadeau. La solidarité et le sou-tien actif de l’ensemble du personnel seront indispensables pour que les syn-dicats et la commission d’entreprise par-viennent à obtenir de la direction de la NZZ un plan social décent. Un plan digne de l’engagement loyal et souvent de longue date des travailleuses et travail-leurs licenciés.

PREMIèREs CoNséqUENCEs CHEZ TAMEdIAAlors qu’était annoncée la décision de fermeture de l’imprimerie de la NZZ, on apprenait, presque au même moment,

que le Tages-Anzeiger ne comprendra désor-mais plus que trois cahiers rédactionnels. La direction justifie cette réduction du fait que le centre d’impression de Tamedia manquerait alors de place pour l’impres-sion de la NZZ. Avec Arthur Ruthishauser, rédacteur en chef du Tages-Anzeiger et de la Sonntagszeitung, le risque est grand de voir passer à la trappe non seulement des cahiers et des rubriques, mais aussi – une fois de plus – de nombreux journalistes. A titre préventif, la rédaction de la Sonn-tagszeitung a déjà été largement décimée sous sa férule autoritaire.

Pour suivre le trend du numérique et satisfaire ses actionnaires, la NZZ ferme une des imprimeries les plus rentables de Suisse après une parodie de consultation. 125 personnes licenciées. (photo DR)

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Les retraités vaudois en assembléeAssEMbléE dEs RETRAITés sECTIoN vAUdoIsE PosTE

Pas d’âge pour se battre

Sans nos collèges retraités, cer-taines actions ou récoltes de signatures n’aboutiraient pas. Sans eux, maintes assemblées de section seraient ennuyeuses. Heureusement, syndicom a tou-jours des retraités très fidèles et actifs. Je souhaite ici les remer-cier chaleureusement de leur engagement.Bien sûr, beaucoup de membres se posent la question de savoir si le syndicat leur sera encore utile après la retraite. Mais syndicom offre aussi de nombreux privi-lèges aux collègues retraités.Toutes les prestations de ser-vice continuent d’être proposées aux retraité·e·s. Ils bénéficient de rabais qui allègent leur bud-get et continuent de recevoir le journal, qui les informe réguliè-

rement des actualités de syndi-com. Toutes les prestations sont présentées en détail sur notre site : www.syndicom.ch. En cas de questions sur l’AVS ou la caisse de pension, les membres à la retraite peuvent contac-ter les secrétariats régionaux et notre service juridique. Des col-lègues compétents les conseille-ront volontiers.Les revendications des collèguesretraités sont un pilier important de notre travail politique. La défense des rentes et des presta-tions com-plé-

mentaires, le développement de la prévoyance vieillesse, mais aus-si les besoins nouveaux des retraité·e·s dans notre pays font partie intégrante de notre pro-gramme politique. Le maintien et le renouvel-lement du

contrat intergénérationnel sont pour nous fondamentaux. C’est pourquoi nous avons organisé de nombreuses rencontres régio-nales sur ce sujet dans le cadre d’un projet de jeunes. Nous conti-nuerons à l’avenir à encourager l’échange entre les générations et intégrerons aussi dans notre tra-vail politique des questions concernant une retraite digne.Ces prochaines années, des jalons importants seront posés dans le cadre de la réforme de la pré-voyance vieillesse 2020 proposée par le Conseil fédéral. Il faudra des syndicats forts pour empê-cher un démantèlement des rentes et garantir à l’avenir un financement solide de la pré-voyance vieillesse. C’est pourquoi nous avons besoin de vous !

Dans toutes les régions, nos groupes de retraité·e·s régio-naux organisent des événe-ments intéressants. Dans le cadre de ces activités, les retraité·e·s peuvent rencontrer d’anciens collègues de travail et échanger sur le « bon vieux temps ». Plus de renseignements sur les événements régionaux sur www.syndicom.ch/fr/gi/retraites/manifestations.html ou dans notre journal.Pour la suite, je souhaite à tous les retraité∙e∙s, et particulière-ment à ceux qui atteindront l’âge de la retraite en 2015, beau-coup de beaux moments et de bonheur et une bonne santé.

Bernadette Häfliger BergerVice-présidente syndicom

En 2014, les retraité∙e∙s constituaient plus de 30 % des membres de syndicom. Comme la génération du baby-boom arrive à l’âge de la retraite, le nombre de collègues retraité∙e∙s continuera d’augmenter. Naturellement, nous faisons tout notre possible pour gagner de jeunes membres aux idées du syndicat et pour assurer son avenir. Mais nos retraité∙e∙s sont aussi importants pour nous.

RETRAITE ACTIvE à syNdICoM

Pour la dernière fois, notre groupe des retraités section Vaudoise Poste a tenu ses assises au Buffet de la Gare de Lausanne, le mardi 20 janvier dernier. Pour cause de transformations, la salle des Cantons va disparaître avec quantité de souvenirs !

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C’est avec un pincement au cœur que le président Bernard Faillet-taz ouvre cette dernière assem-blée dans la salle des Cantons, devant une assemblée réunis-sant 135 collègues. Après les salu-tations des invités et le dérou-lement des points statutaires, le président fait l’énoncé de son rapport. Ce dernier sou-ligne, une fois encore, qu’il n’y aura toujours pas de réadapta-tion des rentes au renchérisse-ment du coût de la vie ! Mais à

cette occasion, les membres pré-sents recevront de vive voix les explications du pourquoi et du comment par la directrice de notre caisse de pensions Poste. Bernard fait quelques commen-taires sur la source de soucis du plan « Berset » et demande que notre « Central » soit plus persua-sif envers La Poste, afin d’obtenir un peu plus de générosité de sa part pour ses anciens collabora-teurs. Il termine par une sympa-thique nouvelle : la sortie d’été

aura lieu sur le Léman, avec la CGN, grâce à l’aide de la section Vaudoise Poste.

UN ExPosé qUI A l’AvANTAgE d’êTRE ClAIRMme Françoise Bruderer, direc-trice de la caisse de pensions Poste, a fait forte impression au travers d’une vulgarisation sub-tile de sa présentation, concer-nant les facettes financières et solidaires. Notre incompréhen-sion d’être privés, depuis dix ans déjà, d’allocation de renchérisse-ment a trouvé une réponse pers-picace. Les prévisions à longue échéance sont très délicates, voire imprévisibles. Exemple d’actualité, l’abandon par la BNS du taux plancher de 1 fr. 20 pour 1 euro ! Acte qui débouche sur des pertes inattendues.Il faut aussi éviter les conflits de générations, agréer une solidarité entre elles. Etat de fait, qui s’éta-blit entre cotisations plus consé-

quentes pour les actifs et rentes bloquées pour les retraités !A ce titre, le conseil de fonda-tion de notre caisse de pensions Poste n’est pas d’accord pour une amélioration des rentes sans une réserve suffisante. Réserve encore à créer et, semble-t-il, sans l’aide de La Poste ?Après l’exposé, de nombreuses questions ont été posées, et les réponses ont su éclairer les zones d’ombre encore existantes dans l’esprit des membres présents.

sUITE d’UN oRdRE dU joUR soUTENUAprès l’hommage aux jubilaires, le comité a été reconduit à l’una-nimité.Plusieurs invités se sont expri-més : Didier Liardon, président de la section Vaudoise Poste ;

Roland Gutmann, président du Groupe d’intérêt national des retraités ; Gabriel Cuany, pré-sident du groupe Arc Jurassien, et Pierre Savary, de la section de Fribourg.Une proposition de Rémy Addor – sous forme de requête – demande à La Poste une amélioration du montant des bons remis au per-sonnel retraité, et à syndicom de revoir les conditions d’octroi des chèques REKA aux membres retraités. En portant le montant maximum annuel à 1000 fr., avec un rabais de 10 %.En clôture d’assemblée, place à un apéritif convivial, suivi d’un repas de circonstance servi aux 90 membres inscrits à cette par-tie gustative.

Alain Michaud

GI retraité·e·s | 7syndicom | N° 2 | 20 février 2015

portrait

Chômage imputable à une faute de l’assuré∙e

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Oui, de 31 à 60 jours ouvrables au maximum (soit un mois et demi à trois mois de revenus !) de sus-pension peuvent être imposés à une personne au chômage si elle a perdu son travail par sa propre faute. Par conséquent, elle ne touche aucune indem-nité de chômage pendant les jours de suspension. La caisse de chômage prononce des jours de suspension lorsqu’une per-sonne résilie son contrat de tra-vail de son propre chef ou « de plein gré », sans avoir été préa-lablement assurée d’obtenir un

autre emploi, sauf s’il ne pouvait être exigé d’elle qu’elle conser-vât son ancien poste (art. 30, al. 1, let. a, LACI). D’après la jurispru-dence, la question de l’exigibili-té, respectivement de l’inexigibi-lité, de garder son ancien emploi doit être jugée de manière très stricte. Un mauvais climat de travail ou des différends avec les supérieurs hiérarchiques ou les collègues ne suffisent pas pour conclure à une inexigibilité de la poursuite des rapports de travail. Pas plus qu’un certificat médi-cal ne suffit, d’autant qu’il a été

établi rétroactivement – une fois la démission donnée. Ceci laisse supposer que la personne au chô-mage n’a consulté un médecin qu’après coup. Une appréciation de la situation de travail par l’as-sociation professionnelle ne suf-fit pas non plus.La caisse de chômage part du principe qu’il y a inexigibilité de la poursuite des rapports de travail si des certificats médi-caux clairs ou d’autres moyens de preuve adaptés attestent les cir-constances du licenciement. Ce cas de figure se présente quand

le travail concret, pour lequel la personne assurée a été engagée, est la cause principale de la mala-die et de son incapacité de travail inhérente et quand l’employeur ne peut proposer aucune alterna-tive équivalente. Simultanément, du point de vue médical, la per-sonne assurée est apte à retrou-ver sa pleine capacité de travail à un autre poste. Si ces éléments sont réunis, nous avons affaire à une incapacité de travail liée au poste de travail induisant des pro-blèmes de santé. Et ladite inca-pacité ne devrait pas être assi-

milée à une faute de l’assuré qui aurait, par sa démission, pro-voqué lui-même sa perte d’em-ploi. Par conséquent, des jours de suspension ne peuvent pas être imposés. En tout cas, n’hésite pas à contacter ton syndicat pour exa-miner dans quelle mesure une suspension est justifiée ou si un recours s’impose.

Ruth Wenger, licenciée en droit, collaboratrice au service juridique

« Alors que j’étais responsable d’une petite équipe de rédaction et de la parution d’un mensuel, un collègue n’a pas accepté que je sois nommée comme sa cheffe. De cette situation sont nées des tensions qui se sont accentuées, aussi en raison de différences salariales importantes. Pendant deux ans, j’ai lutté auprès de mon employeur pour améliorer les conditions de travail – sans résultat. Dans ce climat d’équipe défavorable, ma tâche a fini par me peser. A force de tirer sur la corde, je me suis épuisée. Par peur de tomber gravement malade, j’ai donné ma démission. Mon médecin a confirmé rétroactivement à la caisse de chômage qu’elle était justifiée pour des raisons de santé. L’association professionnelle en est arrivée à la conclusion que mon employeur avait violé son obligation d’assistance à mon égard. Mais la caisse de chômage m’impose 31 jours de suspension. En a-t-elle le droit ? »

Droit au But

La passion des livres, de la musique et de l’IndeUrsula Hunziker a passé les 25 dernières années de sa vie active au milieu des livres, dans de petites et grandes librairies. Elle a vécu des fermetures et des rachats d’entreprise et sait d’expérience à quel point le soutien d’un syndicat peut être utile. Charlotte Spindler

« J’ai besoin d’être entourée de livres », dit Ursula Hunziker. Dans son appartement clair et confortable d’un quartier péri-phérique de Zurich, son amour des livres se remarque au pre-mier coup d’œil. On y découvre une bibliothèque parfaitement rangée, avec des étagères de livres jusqu’au plafond : romans d’Aïtmatov à Zola, livres d’art et de voyage, partitions et livres rares, comme cette Bible de Luther du XVIIIe siècle. Les livres de cuisine ne manquent pas non plus : Ursula Hunziker aime cui-siner, de préférence des plats indiens, pour lesquels elle s’ap-provisionne dans de petites épi-ceries de Zurich.

Divinités inDiennesSur la table basse du salon se trouvent quelques livres illus-trés sur l’art textile oriental et de jolis petits objets rapportés de son dernier voyage en Inde. « Vous voulez emporter une petite divinité ? », me demande-t-elle. Voilà une sacrée proposi-tion ! Tapies dans de minuscules boîtes colorées, ces figurines artisanales fabriquées à Vara-nasi, au bord du Gange, repré-sentent des divinités hindoues. Ursula les conserve dans une boîte avec de nombreux autres petits trésors ramenés de pays lointains, qu’elle offre volon-tiers en cadeau.Depuis qu’elle a pris sa retraite il y a quatre ans, Ursula Hunzi-ker s’offre du temps pour entre-

prendre de longs voyages à tra-vers l’Inde, où elle compte de nombreux amis et connais-sances. Elle s’adonne aussi volontiers à la photo et joue du piano ou de l’orgue pour ses amis. Sans oublier bien sûr la lecture. Elle se fournit réguliè-rement dans sa librairie favo-rite, dans le 5e arrondissement de Zurich. Elle connaît le pro-priétaire et la libraire, dont elle apprécie les conseils.

un chat Dans la liBrairieUrsula Hunziker a grandi à Zurich. Après avoir envisa-

gé une formation d’assistante sociale, elle opte finalement pour le métier de laborantine médicale. « J’ai toujours aimé les contacts humains, dans mon premier métier déjà, et plus encore dans mon travail de libraire. » Après une période consacrée à l’éducation de ses enfants, elle trouve un emploi à la librairie associative chré-tienne, à la Badenerstrasse à Zurich. « Initialement, j’ai été engagée comme collaboratrice à l’expédition, mais j’ai inté-gré ensuite l’équipe de vente et participé aussi à l’aménage-

ment des tables de vente et des vitrines. Ces tâches me plai-saient beaucoup. »Après quelque temps, elle rejoint la librairie associa-tive chrétienne à la Hottinger-strasse, aujourd’hui située à la Hottingerplatz. « Nous étions deux à diriger la filiale. Nous organisions des lectures et nous avions une grande marge d’au-tonomie. Nous avions même un chat dans la librairie », raconte Ursula. Quand un poste a été supprimé par mesure d’éco-nomie, elle a retrouvé un nou-vel emploi à la librairie théo-

logique de la Schifflände. Mais celle-ci a été vendue, puis mise en faillite.

engagement synDicalUrsula Hunziker dit avoir vécu de près la dégradation du mar-ché du livre. Le soutien du syn-dicat lui a été plus d’une fois d’un grand secours. Notamment lorsqu’elle a été victime de la restructuration d’une grande enseigne, dans son emploi sui-vant, alors qu’elle avait 62 ans. Mais « comme par miracle », elle a retrouvé rapidement un nou-vel emploi dans une grande librairie de Lucerne, où elle était responsable des rayons théologie, arts et psychologie. « Cela a été aussi une période formidable, dans une équipe mixte et très agréable. Quand j’ai atteint l’âge ordinaire de la retraite, j’ai même pu continuer à travailler comme auxiliaire à temps partiel flexible pendant quatre ans. Cela m’a permis d’éviter le choc de la retraite. »L’ancienne libraire a aussi tou-jours trouvé du temps pour des activités syndicales. Elle s’est engagée notamment dans la campagne contre la prolon-gation des heures d’ouverture des magasins. Pendant plu-sieurs années, elle a aussi fait partie de la commission pour l’octroi des bourses au syndi-cat comedia, puis à syndicom. Aujourd’hui encore, elle par-ticipe parfois à des rencontres du syndicat.PH

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8 | Actualités syndicom | N° 2 | 20 février 2015

Nous voulons plus et maintenant !Le 7 mars, lançons ensemble un signal fort pour plus d’égalité salariale et contre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes.

Rassemblement à 13 h 30 à la Schützenmatte à BerneDépart du cortège : env. 14 h, début de la manifestation sur la place Fédérale : env. 15 h (Discours, musique : Rubinia djanes).Train spécial gratuit depuis Genève (10 h 39 / voie 6) – Nyon (10 h 53) – Lausanne (11 h 15) – Fribourg (12 h 00) – Berne (arrivée 12 h 20)Train spécial gratuit depuis Zurich (11 h 19 / voie 17) – Baden (11 h 36) – Aarau (12 h 00) – Olten (12 h 11) – Berne (arrivée 12 h 37)Bus gratuit depuis Lugano

Inscription, commande de billets gratuits d’accès au train spécial et plus d’informations sur : www.syndicom.ch/7mars, ou auprès de ton secrétariat régional syndicom.

Manif 7 mars 2015

GI femmes | 9syndicom | N° 2 | 20 février 2015

Les internautes qui souhaitent s’informer sur leur CCT peuvent accéder au tool CCT depuis www.syndicom.ch/tool-cct. Il est pos­sible de trouver des informations pertinentes en quatre étapes :1. CCT – Les utilisateurs peuvent

sélectionner la CCT pertinente (Poste, Swisscom etc.).

2. Thème – La recherche peut être ciblée (p. ex. licenciement).

3. Article – Les utilisateurs peu­vent ensuite sélectionner l’ar­ticle CCT déterminant pour eux (p. ex. licenciement abusif).

4. Mot­clé – Il est alors possible de filtrer directement les infor­mations.

Pour chaque CCT, vous trouverez quelques remarques introduc­

tives. Les articles sélectionnés apparaissent dans l’ordre chrono­logique et peuvent être ouverts, puis refermés. Certains articles contiennent des observations rédigées par le service juridique de syndicom. Au bas de la page

Internet s’affichent tous les docu­ments relatifs à votre recherche (CCT, explications complémen­taires et dispositions addition­nelles) ; ils peuvent être téléchar­gés en format PDF.

10 | Actualités syndicom | N° 2 | 20 février 2015 syndicom | N° 2 | 20 février 2015 Actualités | 11tool cct

Guide pour les questions sur le droit du travailsyndicom élargit son offre de prestations et lance un tool CCT ! Sur son site, les membres et personnes intéressées ont désormais accès aux conventions collectives de travail (CCT) dans leur intégralité et trouvent facilement les passages CCT souhaités grâce à une boîte de dialogue. Naomi Kunz

La rotative de Saint-Paul tire sa révérenceRepoRtage à FRibouRg

C’est fini. Ce matin, vers 3 heures, la rotative de Saint-Paul s’est défi-nitivement mise en mode « off ». Pour le groupe, une page impor-tante, maculée de nostalgie, se tourne : cent quarante-trois ans d’histoire prennent fin. Enfant de Fribourg, La Liberté ne sera plus imprimée sur ses terres, mais sous les presses de Tame-dia, à Berne. Tout comme La Gruyère, Le Messager, Agri. Et les Freiburger Nachrichten (FN) évidem-ment qui, il y a deux ans, ont pré-féré le centre d’impression de Tamedia pour des motifs écono-miques. Une décision couperet qui a condamné la rotative de Saint-Paul et entraîné la suppres-sion de 45 postes de travail.Occupant quatre étages d’une aile du bâtiment de Pérolles 42, la WIFAG OF7 a été installée il y a trente-quatre ans, en tant que prototype, lors du passage du plomb à l’ère de l’offset. La machine était capable d’impri-mer jusqu’à 30 000 exemplaires à l’heure. Le monstre de 800 tonnes, dont les veines sont irri-guées par 800 litres d’huile, sera démonté dans les quatre mois.

deRRièRe la machineDerrière cette machine, il y a des hommes, et des femmes. Onze rattachés à la rotative, et tout autant à l’expédition, un sec-teur qui disparaît lui aussi. Un collaborateur fixe se retrouve sans emploi. D’autres n’ont pas obtenu la prolongation de leur contrat à durée déterminée. D’autres encore sont mutés à l’interne. Enfin, la majorité part en retraite anticipée. Pas tou-jours évident pour des gens qui

sont loin de leurs 65 ans. Ces travailleurs de la nuit vont aus-si devoir se réhabituer à vivre le jour, à retrouver une vie sociale.

le Roi du laseRA 61 ans, Nicolas Chatagny se retrouve dans cette situation, lui, l’un des plus anciens colla-borateurs de Saint-Paul. Il y a trente-quatre ans, il a quitté l’ère de Gutenberg pour entrer dans celle du laser. Lien important entre la rédaction et l’impres-sion, c’est lui qui, de la page vir-tuelle qui s’affiche sur ses deux écrans, procède à la première étape qui permettra l’impres-sion du journal. Saisissant une fine feuille d’aluminium vierge, en format journal, il l’introduit dans une machine qui, grâce au laser, va faire ressortir la couche à imprimer. C’est la phase dite de « l’insolation ».Pour chaque page à imprimer, il faut quatre plaques d’alumi-nium. Une pour le noir, une pour le jaune, une pour le magenta (rouge) et une pour le cyan (bleu). « Avec ces quatre couleurs fonda-mentales, on peut obtenir tous les tons que l’on veut» précise, intarissable, Nicolas Chatagny.

la touR de la cathédRaleLes plaques prêtes, il faut à pré-sent les caler aux cylindres de la rotative. C’est Etienne Breg-ger qui s’en charge ce soir-là, en prenant soin de ne pas mélanger l’ordre des couleurs : « ça va, pas trop fatigant ? », lance-t-il de son fort accent vaudois au reste de l’équipe en pause. L’impression des « FN » vient de se terminer, celle de La Liberté ne va pas tar-

der à démarrer. Souffler un peu n’est pas de trop.Le métier est physique, il faut dire. Il suffit de voir les inter-minables coursives parcourant la machine orange, haute d’une dizaine de mètres, pour com-prendre qu’on ne passe pas sa nuit assis sur une chaise. D’ail-leurs, il n’y a pas de chaise ici. « Chaque nuit, avec les escaliers, on grimpe l’équivalent de la tour de la cathédrale Saint-Nicolas (74 mètres de haut, ndlr) », image Frédéric Pochon, chef d’équipe. « On a aussi calculé qu’en une soirée, on parcourt bien dix kilo-mètres. »

l’encRe entRe en actionLe travail reprend. Dans son cli-quetis bruyant, la rotative s’est mise à avaler le papier blanc cassé que dévide une énorme bobine. Ce papier part se perdre dans un dédale interminable,

mais son chemin est bien précis. Le rouleau tourne à blanc, len-tement. Notamment pour éviter qu’il ne casse, et pour permettre à Daniel Mettraux, imprimeur rotativiste, de régler délicate-ment les pinces servant au pliage du journal. La cadence peut s’ac-célérer, l’encre entrer en action.Après avoir défilé dans le corps de la machine, les exemplaires de journaux en sortent pliés, pour se faire aussitôt happer par les pinces d’une longue, très longue chaîne qui tourne et tourne autour de la rotative. Pour ensuite prendre le chemin de la salle d’expédition, où les employés préparent les sacs de La Poste et ceux destinés aux porteurs.

les laRmes magentaLes quelque 1000 premiers exem-plaires servent à régler l’im-pression de la couleur. Appelés

« maculatures », ils n’atteindront jamais l’expédition .Ce n’est toujours pas bon : il manque du jaune. Debout dans la salle de commande informa-tisée, Frédéric Pochon et Daniel Mettraux procèdent aux ajus-tements des couleurs et des repères. Cette fois, c’est tout bon : dans un peu plus d’une heure et demie, les 40 000 exem-plaires de La Liberté seront impri-més. Et le monstre se taira à tout jamais, en pleurant ses dernières larmes magenta.

éviteR de RumineRDepuis l’annonce de la ferme-ture de la rotative, il y a eu quelques tensions, c’est vrai. Mais jusqu’au bout, ces tra-vailleurs de la nuit auront fait leur boulot, avec cette même conscience professionnelle. « Il vaut mieux se préparer à l’après plutôt que ruminer », tempère Daniel Mettraux qui, à 52 ans, s’en va travailler au centre d’im-pression de Bussigny (VD). « Ce n’est pas évident. Mais il faut savoir se remettre en question. »La WIFAG OF7 aurait pu fonction-ner jusqu’en 2020, selon Daniel Mettraux. « On savait qu’il y aurait une évolution, mais pas aussi vite. Nous pensions pou-voir aller un bon bout plus loin. Nous avions reçu le témoin des anciens. Nous aurions aimé, nous aussi, pouvoir le trans-mettre à d’autres. »

*Extrait d’un article paru dans La Liberté, 31.12.2014

Le tool CCT, terme anglais pour « boîte à CCT », enrichit syndicom d’une nouvelle pres-tation. Les quinze CCT natio-nales et huit CCT régionales que couvre syndicom sont désormais regroupées dans une banque de données électronique sur son site Internet et accessibles au grand public. Un groupe de pro-jet interne a élaboré le tool avec le service juridique de syndi-com et l’a testé en détail. « Le tool représente une plus-value importante pour nos membres. Ils peuvent ainsi s’informer faci-lement de leurs droits et se faire une idée générale », se réjouit Bernadette Häfliger Berger, vice-présidente de syndicom et res-ponsable Egalité et droit. Le tool CCT apporte une prestation com-plémentaire aux conseils four-

nis par les secrétaires politiques en matière de droit du travail. En cas de problèmes, les secréta-riats régionaux se tiennent bien entendu toujours à disposition des membres.Les secrétaires régionaux et spécialisés sont aussi très satis-faits de cette nouvelle presta-tion : « Grâce à la recherche par thèmes, le nouveau tool CCT per-met de trouver en trois clics l’ar-ticle pertinent pour répondre à une requête ou à une ques-tion », déclare Anna Haselbach du secrétariat régional Suisse orien-tale. Franz Schori, secrétaire spé-cialisé Télécom / IT, se réjouit : « Le tool CCT simplifie le tra-vail des secrétaires syndicaux, qui conseillent régulièrement les membres sur des questions rela-tives au droit du travail. »

Licenciements et paye en retard : ça suffit !Pour les salarié∙e∙s de l’imprimerie Roth & Sauter, spécialisée dans la réalisation d’étiquettes de vin, « ce début d’année 2015 sent plutôt les raisins de la colère », comme l’écrit joliment la journaliste de La Côte (13.2). Le 12 février, à 7 h 15, les 23 collaborateurs de la société basée à Denges (VD) refusaient de se mettre au travail tant qu’ils n’étaient pas payés.

débRaYage cheZ Roth et sauteR à denges

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Va te faire voir chez les Grecs ! PHO

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« La répartition de la prospérité est de plus en plus inégale et les tensions sociales s’enveni-ment. »« Le vieillissement démographique s’accélère et les assurances sociales sont mises sous pression, ce qui entraîne un allongement de la durée de la vie active. Les tensions intergénérationnelles s’accentuent. »« L’immigration est en baisse et le chômage aug-mente. Le vieillissement démographique qui s’accentue met l’Etat social sous forte pression. »« L’immigration en Suisse – que ce soit en prove-nance d’Asie, d’Afrique ou d’Europe – demeure importante, ce qui avive les tensions sociales. »Sombre tableau !Deux fils conducteurs relient ces quatre citations. D’une part, elles sortent toutes du même rapport « Perspectives 2030 » élaboré en 2014 pour le Conseil fédéral

par l’« état-major de prospective » de la Chancellerie. Ces extraits synthétisent les conséquences sociales des quatre scé-narios d’avenir retenus par l’administra-tion dans son document. D’autre part, elles annoncent toutes des lendemains qui déchantent pour le petit peuple et le monde du travail, mais aussi pour la socié-té dans son ensemble.Puisque « gouverner, c’est prévoir », le Conseil fédéral commande régulière-ment des études d’avenir pour asseoir ses réflexions. Dans ce but, l’administration a produit « Opportunités et danger pour la Confédération ». Sur le plan « scientifique », les quatre scénarios résultent du croise-ment un peu abstrait des effets présumés d’une plus ou moins forte intégration éco-nomique de la Suisse dans le monde et

d’une plus ou moins importante évolution technologique. Mais de toute façon, quels que soient les paramètres retenus, leurs dosages réciproques ou les variables étu-diées, tout concorde pour prédire un ave-nir sombre à de larges pans de la société.Le gouvernement en a pris connaissance en décembre 2014 et a annoncé qu’il s’ins-pirera de ce document pour son prochain programme de législature 2015-2019 à pré-senter début 2016 au Parlement, soit après les élections nationales de cet automne.Bien que saisi d’un tel constat, l’actuel Conseil fédéral n’estime pas important de l’intégrer immédiatement dans ses réflexions. Il prend simplement acte que nous allons dans le mur et semble plus enclin à poursuivre sur la lancée qu’à recentrer ses priorités.

L’imprévoyancen’étant pas unegouvernance tolé-rable, seul un sur-saut civique et poli-tique de la population, de ses partis et orga-nisations pourra orienter la société sur une nouvelle voie, pavée de décroissance et de réduction des inégalités, d’emplois sociale-ment utiles et de production respectueuse de l’environnement. Il est grand temps de changer de système, à tout le moins de tes-ter des alternatives, surtout lorsque le Conseil fédéral ferme les yeux sur les évi-dences inscrites dans ses propres rapports et dit implicitement à la population d’aller se faire voir chez les Grecs…

Michel Schweri

Groupe Saint-Paul • « La Liberté », imprimée à Fribourg depuis 143 ans, l’est depuis le 1er janvier de cette année à Berne, chez Tamedia. Si l’impression des journaux part, tous les autres secteurs du groupe restent bel et bien ancrés à Fribourg. La rotative s’est tue au matin du 31 décembre, définitivement. Ambiance et reportage lors de cette dernière nuit. Kessava Packiry *

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longue-vue

Daniel Mettraux procède une dernière fois aux réglages du « monstre ». A 52 ans, il fait partie des rotativistes partis travailler chez Tamedia, au centre d’impression de Bussigny. (photo Alain Wicht)

« Les travailleurs ont été contraints d’envoyer une lettre de mise en demeure pour exiger leur paie. Ne constatant aucun versement, ils ont décidé de cesser le travail », explique Alexis Patino, secrétaire régional en charge de l’industrie graphique à syndicom. Si une toute petite minorité est retour-née travailler après avoir enten-du le patron, le mouvement s’est poursuivi tout au long de la jour-née et, le lendemain, la totalité du personnel des ateliers poursui-vait le débrayage. Au moment où

nous écrivions ces lignes, le ven-dredi 13 février, le travail n’avait pas repris. Le 16 février, l’Assem-blée du personnel devait décider de la suite, selon l’avancement des négociations avec la direction.Ces événements sont le résultat de la crise que traverse l’entre-prise, de retards dans le verse-ment des salaires dans le passé et de la mise à pied de tous les salarié∙e∙s. En raison de difficul-tés économiques, Roth et Sauter n’a pas pris en charge les coûts de l’AVS et du deuxième pilier

en 2014. Déclarée en faillite au 26  janvier par le Tribunal d’ar-rondissement de La Côte, l’entre-prise a reçu le 12 février la déci-sion du sursis, décision qu’elle attendait, dit-elle, pour débloquer les salaires. Les salarié∙e∙s ont reçu leur lettre de congé fin décembre, licenciements qui seront effectifs entre février et mars. Pour Patino, ce sont des licenciements abusifs : « En renvoyant tout son person-nel, l’entreprise aurait dû annon-cer ce licenciement collectif au canton et suivre la procédure

légale. » « Certains, engagés par une autre société du groupe, ont été licenciés par Roth et Sauter, avec laquelle ils n’ont aucun lien contractuel », constate le syndica-liste. Il ajoute que « la majorité, âgés de plus de 50 ans, sont diffi-cilement recasables, dans un sec-teur en crise. Quant aux salaires, on nous fait de belles promesses, alors qu’au final les travailleurs doivent attendre une semaine, sinon plus. Résultat : ils en ont eu assez d’être floués. »Dans La Côte (13.2), Jean-Michel Borel, directeur de la société, fait part quant à lui de sa « surprise » suite au débrayage, stigmatisant « l’action un peu précoce du syn-dicat, voire sa mauvaise foi… Ils incitent les gens à la grève, alors qu’on s’affaire à résoudre

le problème. » Sur le point des salaires, Jean-Michel Borel est for-mel : ceux-ci ont été versés le jour même. N’en déplaise à l’antisyn-dicalisme dont semble témoigner le directeur, les salarié∙e∙s, échau-dés par des promesses non tenues, n’ont pas eu besoin du syndi-cat pour décider d’eux-mêmes ce débrayage. Le syndicat ne fait ici que son devoir : se mettre au service de ses membres pour les défendre au mieux dans leurs légi-times revendications. Le direc-teur parle de restructuration, de réembauche partielle, de solu-tions pour l’AVS et le deuxième pilier. « Mais, pour l’instant, on ne peut rien promettre », concède-t-il dans 24 Heures (13.2).

Yves Sancey

la RecheRche en quatRe étapes

syndicom | N° 2 | 20 février 2015

IMPRESSUM

Service | 13syndicom | N° 2 | 20 février 2015

RédactIon

Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, [email protected]

Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, [email protected]

Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, [email protected]

MISE En PagES Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i)

coRREctIon Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i)

abonnEMEntS50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an

changEMEntS d’adRESSEsyndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

PUblIcItéPriska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, [email protected]

IMPRESSIonRingier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne

PRochaInE PaRUtIon20 mars (délai rédactionnel : 2 mars)

édItEURsyndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

décèS

SEcRétaRIat RégIonal laUSannE

Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39 courriel : [email protected] Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h.

Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37

aUtRES SEcRétaRIatS RégIonaUx

Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86

Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fri-bourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h.

Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h.

Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neu-châtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h.

Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h.

Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), compo-sez son adresse ainsi : [email protected] (sans accent)

SEcRétaRIat cEntRal

Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : [email protected]

caISSE dE chôMagE

Rue Pichard 7, 1003 Lausanne [email protected] tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage).

Expédition des documents : Loosli strasse 15, 3027 Berne.

Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et perma-nence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.

contactER SYndIcoM

12 | Service

Aeby Jean-Michel, Villiers, décédé le 24.12.2014 à l’âge de 79 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1955.

Charlet Adrien, Cossonay-Ville, décédé le 29.01.2015 à l’âge de 73 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1959.

Croset Francis, Montreux, décédé le 01.12.2014 à l’âge de 81 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1951.

Landry Raymond, La Sagne NE, décédé le 21.12.2014 à l’âge de 83 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1946.

Moulin Ami, Vercorin, décédé le 28.11.2014 à l’âge de 52 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1979.

Naoux Léonce, St-Léonard, décédé le 24.12.2014 à l’âge de 71 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1962.

Richard Marcel, Mézières VD, décédé le 11.11.2014 à l’âge de 70 ans. Membre de la section Vaud Télécom depuis 1973.

Vuilliomenet Edmond, Lausanne, décédé le 21.01.2015 à l’âge de 82 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1949.

lEt tRE dE lEctEUR

FPRMatIon

MotS cRoISéS

La solution du sudoku syndicom du N° 1 / 2015 était : 156 (de gauche à droite). Le gagnant est Michel Schneider, de Bussigny-près-Lausanne (VD). Il gagne un sac à dos offert par notre partenaire de prestation Reka. Nous le félicitons chaleureusement !

SUdokU

déFInItIonSHorizontalement :I. Renouassent.II. Avant louis. Flemmard. Chantâtes au clair de

lune.III. Vieux volumes. Anet. Boss de Chicago. Retour

sur l’ego.IV. Plante à violet. Gelât.V. Tombe sur Liège. Région de Guinée-Bissau.VI. Acte de mammifères. Arrivée.VII. Utile des deux côtés de Gibraltar. Grande et labo-

rieuse confédération.VIII. Etape. Parent.IX. Finit terminer. Fleuve du Nord. Fait partie du

Haut-Adige.X. Sommeil artificiel. Hérissons malgaches.XI. Petit mont renversé. Fit écrouler. Sûrement pas.

Vache sacrée.XII. Dieu phénicien. A tour de rôle.XIII. Hawaï à la montagne. Sans nuance.

Verticalement :1. Tire-fesses.2. Débarrassée de ses peluches. Cépage plus très

courant.3. Popotâtes. Drame asiatique.4. Amorce le printemps. Bonne entrée.5. Alias Rabelais. Lieu de palabres.6. Ici. Exécution solitaire.7. Pas elle. Sur l’établi, démonté.8. Où le dos perd son nom. Le bout du boiler.9. Plusieurs. Mieux que jamais.10. Contraction.11. Géant des neiges. Grandes oreilles sous le soleil.12. Répandis mon chargement sur la route. 10 mil-

lions en Inde.13. De plus. Gonfle. Manque à Nicar !14. Atoll de Micronésie. Plus étroit.15. Plus efficace qu’un troupeau de moutons.

Assèche.

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Reka, pour encore plus.

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Reka, pour encore plus.

Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans le n° 03 – recevra 30 fr. en chèques Reka. Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 4 mars à syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne.

MOVENDO l’InStItUt dE FoRMatIon dES SYndIcatSInscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, [email protected]

Facebook – faire ses premiers pas dans un réseau social de façon futée (F2.6.1512). 25.3.2015 ; Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne. Thèmes principaux : Les réseaux sociaux sur Internet – Configurer un compte Facebook et paramétrer son profil – Quelques astuces. Intervenante : Stepha-nie Booth (formatrice et consultante en médias sociaux).

PowerPoint (F1.6.1506). 21.4.2015 ; Synergic, Yverdon-les-Bains. Thèmes prin-cipaux : Animation – Ecritures spéciales – Utilisation des fonds prédéfinis - In-sertion du bruitage, d’une musique – Création d’un diaporama – Astuces. Inter-venant : Otto Keller (ingénieur et formateur).

Les bases de Windows sur PC (F2.6.1503). 23-24.4.2015 ; Synergic, Yverdon-les-Bains. Thèmes principaux : Monde de l’informatique – Gestion de dossiers et fichiers – Fonctions de base – Personnalisation du bureau – Aperçu des logiciels de la bureautique. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur).

Accompagner et conseiller des collègues en situation difficile (F1.7.1507) ; 27-28.4.2015 ; Hôtel de France, Ste-Croix. Thèmes principaux : Analyse de situa-tion de conflits – Evaluation des actions possibles – Recherche de solutions équi-tables. Intervenants : Roland Conus (Unia), Achille Renaud (Unia).

Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat. Après récep-tion de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles vous pouvez participer à la formation choisie.

agEnda

BIEL-BIENNEgRoUPE d’IntéRêt dES REtRaItéS SEctIon SYndIcoMAssemblée générale annuelleNous avons le plaisir de vous inviter à notre assemblée générale annuelle mardi 17 mars 2015 à 14 h 30, au Restaurant Büttenberg, chemin Geyisried 63, Biel / Bienne.Nous souhaitons un bon rétablissement aux collègues qui, pour des raisons de santé ou autres motifs, ne peuvent participer à l’assemblée générale et espérons les rencontrer à la prochaine manifestation.Programme d’activités 2015 : Le 15 avril nous visi-terons le chantier « Stades de Bienne ». La sortie annuelle aura lieu au mois de mai. Notre rencontre Grillades aura lieu au mois d’août. La tradition-nelle assemblée de Saint-Nicolas aura lieu le mardi 8 décembre. Notez et réservez ces dates. Au plaisir

de vous rencontrer nombreux, recevez nos amicales salutations. Le comité

GENÈVEaSSEMbléE généRalE 2015Avis final pour les membres de la section GenèveL’assemblée générale 2015 se déroulera à l’UOG (Uni-versité ouvrière de Genève) le samedi 14 mars 2015 à 16 h 30. Invité : Alain Carrupt, président central de syndicom. Thèmes qui seront notamment traités : rap-port, comptes, budget, élections, informations syn-dicales. Les membres de la section recevront l’invi-tation par voie postale. Un apéro dînatoire suivra l’assemblée générale (sur inscription).Inscriptions et propositions : avant le mercredi 4 mars 2015 sur notre site http://www. syndicomge.ch ou par e-mail à [email protected]

agEnda

GENÈVE-CINÉMEtRoboUlotkInotRIlogIE « la MISE À MoRt dU tRaVaIl ». 3 PaRtIES - 3 datES• mardi 24 février, 19 h, « La destruction » (50 mn). Discussion : l’évolution du travail avec Nicola Cianferoni, chercheur en socio-logie du travail à l’EESP (voir p. 4).• mardi 17 mars, 19 h, « L’Aliénation » (64 mn). Discussion : l’évo-lution du travail avec Marie Pézé, psychologue, auteure de « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».• mardi 31 mars, 19 h, « La dépossession » (63 mn). Discussion.LIEU: Cinélux, bd St-Georges 8 à Genève. www.metroboulotkino.ch

GRUYÈREaSSEMbléE annUEllE dU chalEt dE l’EntRaIdEConvocation - invitation : Vous êtes convoqué·e·s - invité·e·s pour l’assemblée annuelle du Chalet de l’Entraide qui aura lieu le vendredi 6 mars 2015 à 20 h au Chalet de l’Entraide à Montbarry-Le Pâquier.

ORDRE DU JOUR : 1. Bienvenue et liste de présence. 2. Procès-ver-bal de l’assemblée du 21 mars 2014. 3. Rapport du président. 4. Rapport du caissier. 5. Rapport des vérificateurs et approbation des comptes. 6. Nominations statutaires. 7. Activités – travaux 2015 : Chalet, Source, Route des Cavues. 8. Divers.A l’issue de l’assemblée, nous aurons le plaisir de vous servir une collation. Les délégués empêchés voudront bien se faire rempla-cer. Merci. Tou·te·s les collègues intéressés au Chalet sont cordiale-ment invités à participer à cette assemblée. Au plaisir de vous ren-contrer nombreux, nous vous adressons, chères et chers collègues, nos meilleures salutations.Au nom du comité : Raymond Remy, président.Besoin d’un transport ou excuse : Appelez le 026 912 56 91 ou 079 944 35 85. E-mail : [email protected]

BERNE - MANIF NATIONALE DES FEMMES7 mars, 13h30, Schützenmatte. Détails, voir p. 9.

Intéressé·e·s par la situation de la CP PosteEn ayant invité Madame Bruderer, direc-trice de la CP Poste, en qualité d’oratrice principale lors de l’assemblée générale de janvier écoulé, le comité des retraités vaudois de la Poste a mis dans le mille ! Il suffisait pour s’en convaincre de consta-ter avec quelle attention les nombreux participant·e·s suivirent les informa-tions données.Disons d’emblée que Madame Bruderer sut choisir des termes et des exemples accessibles à l’ensemble de l’auditoire. Aussi la science actuarielle apparut-elle évidente à plusieurs moments ; chacun·e· comprit par exemple qu’une année comptable 2014 débouchant sur un taux de couverture appréciable n’au-gurait pas un espoir au sujet de la com-pensation du renchérissement pour les retraité·e·s ! Car le fameux obstacle de la réserve qui doit être constituée pour pal-lier d’éventuelles fluctuations de valeur (estimée à 2,3 milliards dans le rapport 2013) est toujours présent ; les fonds manquent encore ! La somme nécessaire à la création du fonds en question corres-pond à 16 % du capital de prévoyance et des provisions techniques.Objective, réaliste, tout en se montrant compréhensive à l’endroit de son audi-

toire, l’oratrice s’appliqua à démon-trer en quoi consiste sa responsabilité et celle du conseil de fondation : veiller aux intérêts de tous les assurés, actifs et pensionnés. Or, actuellement, la situa-tion des actifs est la plus préoccupante, étant donné les prévisions qui planent sur leur situation (baisse du taux d’in-térêt technique et du taux de conver-sion). Dès lors, et nous pouvons le com-prendre, les responsables de la CP Poste fixent leur regard principalement sur le sort réservé aux actifs, afin de sauve-garder au mieux leur avoir de retraite.La Poste, en sa qualité d’employeur, suit bien entendu l’évolution. Elle dis-pose d’ailleurs d’une réserve de cotisa-tions sans renonciation d’utilisation de l’ordre de 500 millions. Mais la CP Poste sait qu’elle ne peut pas se reposer sur l’employeur ; il lui appartient d’assu-rer seule sa charge de prévoyance pro-fessionnelle.Un regard dans les comptes 2013 indique une adaptation du capital des retraités d’un montant de 712 millions, portant la réserve à 7,9 milliards. Du côté des actifs, diverses opérations – dont des apports compensatoires (changement des bases) pour 580 millions – donnent

un capital de prévoyance de 6,3 mil-liards. Voilà qui démontre succincte-ment une partie des soucis auxquels la direction de la Caisse doit faire face.On peut admettre que les retraité·e·s présent·e·s comprirent la directrice de leur Caisse lorsqu’elle leur annonça que leur situation ne figurait qu’en queue de liste dans ses préoccupations. Ce disant, il n’y eut de sa part aucune intention de sous-estimer leurs aspira-tions ; d’ailleurs elle venait d’expliquer ce qui est entrepris en vue de la stabili-sation de leur capital. Elle accepta tou-tefois de transmettre au conseil de fon-dation (sans grandes chances de succès !) une demande visant à l’octroi d’une compensation de renchérissement aux collègues bénéficiant d’une modeste retraite.Gageons que la présence de Madame Bruderer, de même que les explica-tions données, contribuera à renforcer la confiance des participant·e·s dans la bonne gestion de leur institut de pré-voyance. Même si le non-octroi d’une allocation de renchérissement en 2015 fut la note rafraîchissante de l’exposé !

Rémy Addor

gEStIon d’éqUIPES Et dE conFlItS, MédIatIonVous êtes susceptibles d’intervenir comme médiatrice ou médiateur lors de conflits, au sein de votre équipe de travail ou dans les instances des organi-sations. Pour ce faire, vous avez besoin de disposer d’outils professionnels pour analyser la dynamique d’équipe, son niveau de développement et les situations de conflit pour savoir les gérer de manière adéquate.Ce séminaire, de cinq journées, permet aux participant·e·s d’analyser une équipe / un groupe et de l’aider à se développer harmonieusement ; de recon-naître les schémas de communication conflictuelle et de développer les réponses appropriées à la situation ; d’appliquer des techniques de commu-nication et de gestion de conflits à des situations concrètes de travail et d’agir en médiateur ou médiatrice dans des situations conflictuellesPublic cible et prérequis : Ce cours concerne le personnel des syndicats ou d’autres personnes intéressées (voir frais ci-dessous) pouvant justifier de compétences en animation et travail de groupe.Dates et lieux : 20-21.04.2015 à Morges, Hôtel La Longeraie et 28-29.05.2015 à Ste-Croix, Hôtel de France et 18.06.2015 à Lausanne, Buffet de la Gare.Intervenant : Gabriel Delaunoy (Master en sciences humaines, médiateur), Concertation.Frais de cours : (1650 fr.), alimentation et nuitées pour le personnel des syn-dicats affiliés à Movendo (720 fr.) : pris en charge par le syndicat concerné.

SECTEUR MÉDIAS coURS dE PERFEctIonnEMEnt 2015 Inscriptions sur www.helias.chLe nouveau programme pour 2015, avec des cours de perfectionnement attrac-tifs, est en ligne sur www.helias.ch.

Animatrice (sauf indications contraires) : Birgit Ewert, instructrice Adobe.

Lieu (sauf indications contraires) : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg.

Création de formulaire avec InDesign. 18-19 mars. Délai d’inscription : 24 février.

Site Internet avec Adobe Muse. 26 mars. Animateur : Tony Manganelli. Délai d’inscription : 3 mars.

Nouveautés d’Adobe Creative Cloud. 6 mai. Délai d’inscription : 14 avril.

Photoshop avec tablette graphique Wacom Intuos 4. 7 mai. Délai d’inscrip-tion : 14 avril.

Retouche d’image avec GIMP – l’alternative gratuite à Photoshop. 18 mai. Délai d’inscription : 28 avril.

Illustrations avec Inkscape – l’alternative libre à Illustrator. 19 mai. Délai d’ins-cription : 28 avril.

Mise en page avec SCRIBUS – l’alternative libre à InDesign ou Quark Xpress. 20-21 mai. Délai d’inscription : 28 avril.

NOUVEAU :Site Internet avec Adobe Muse. Lieu : Imprimerie Saint-Paul (Pérolles 38, Fri-bourg). Animateur : Tony Manganelli. Deux dates à choix :

26 mars, délai d’inscription : 3 mars ;

29 septembre, délai d’inscription : 8 septembre.

La photographie numérique, atelier théorique et pratique. Lieu : LookA, rue du Nord 4, 1800 Vevey. Animateur : Luca Carmagnola. Deux dates à choix :

12 et 13 mai, délai d’inscription : 21 avril ;

17 et 18 novembre, délai d’inscription : 27 octobre.

14 | La dernière syndicom | N° 2 | 20 février 2015

Le PDC aime les familles, mais pas toutes !

Ubuntu – avec toi !4e congrès mondial de Uni global Union à cape Town

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VoTaTions 8 mars : non à l'iniTiaTiVe « famille » dU pdc

Cape Town, deuxième plus grande ville sud-africaine, début décembre 2014. Plus de 2000 syndicalistes d’une centaine de pays étaient présents au quatrième congrès mondial d’UNI Global Union. A l’échelle internationale, c’est l’une des plus grandes rencontres syndicales jamais organisées en Afrique. Vingt ans après la fin de l’apartheid et les premières élections libres en Afrique du Sud. Tant en Afrique du Sud que dans le cadre du mouvement de solidarité lancé dans de nombreux pays, les syndicats ont joué un rôle important contre l’apartheid. Avec 20 millions de membres affiliés à 900 syndicats dans 150 pays, UNI lutte contre cette inégalité: « Ubuntu – avec toi ! », tel était le slogan du congrès. Et parce que les uns s’enrichissent alors que les autres perdent leur emploi et leurs prestations, la répartition passe aussi par la politique salariale : « Le monde a besoin d’une augmentation de salaire ! »

Le congrès a été fortement marqué par le renouveau syndical en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Il a été aussi question des nombreuses initiatives et projets de syndicalisation que UNI a systématiquement sou tenus ces dernières années via un fonds spécial. Le Congrès a aussi traité un papier de décision pour la poursuite de cette stratégie et présenté des dizaines de rapports d’expériences impressionnants con cernant notam-ment IKEA Turquie, Carrefour Colombie, Walmart dans plusieurs pays, mais aussi la lutte aux Etats-Unis pour la reconnaissance syndicale dans des entreprises de Deutsche Telecom (avec un large soutien de ver.di) et des campagnes de syndicalisation en Amérique latine chez DHL, Securitas et Prosegur. Le président de ver.di, Frank Bsirske, a capté l’attention de l’Assemblée. Il a expliqué comment ver.di compte inciter Amazon – par des actions de grève – à conclure une convention collective et à reconnaître le syndicat. C’est un combat exemplaire contre les bas salaires ! Globalement, on peut être optimiste : malgré des conditions défavorables, il est possible de renforcer le syndicat !

Roland Kreuzer avec Hans Kern et Michel Gobet, participants au congrès UNI

Tu t’intéresses à UNI Global Union? Infos sur: www.uniglobalunion.org

C’est une bien curieuse initiative qui nous est soumise le 8 mars. Parce que les allocations familiales sont financées par les employeurs, nous disent les initiants, celles-ci devraient échapper à l’impôt qui, lui, retourne à l’Etat… Et que pour aider les familles dans leur pou-voir d’achat, cette part des employeurs ne devrait pas retourner à l’Etat puisqu’il n’y aurait pas d’affectation de cet impôt à la poli-tique familiale.Je partage bien entendu le souci des initiants quant à l’aide à apporter aux familles, tou-tefois, la logique qui sous-tend ce raison-nement est gravissime. D’abord, il met en cause le rôle de l’Etat comme service public, puisque les initiants prétendent qu’il n’a pas droit à cet argent pour ses prestations. C’est 760 millions de moins pour les cantons et 240 millions de moins pour la Confédération. A l’heure où plus de la moitié des cantons font des programmes d’économie avec des mesures drastiques, les directeurs cantonaux des finances ne s’y sont pas trompés, même ceux du PDC, pour refuser cette initiative. (…)Entendons-nous bien. Je ne pense pas que l’argent que l’on investit dans les familles soit

de l’argent jeté par les fenêtres. Bien sûr que non. Mais cet argent doit être bien investi. Or, le moins que l’on puisse dire c’est que le milliard que coûterait l’initiative du PDC en manque à gagner aux collectivités publiques (2 à 3 milliards selon les estimations des oppo-sants, ndlr), ne va pas aider les familles qui en ont le plus besoin. Ainsi, les familles qui ne paient pas d’impôts parce que leur revenu est insuffisant ne seront pas aidées, car elles n’au-ront pas droit à ces déductions. Les familles les plus aisées, elles, se verront offrir l’équi-valent d’une semaine de sport d’hiver. (...) Il est piquant de constater que c’est ce même PDC qui, en commission de la santé du Natio-nal, a refusé de rendre gratuites les primes d’assurance pour les enfants sous prétexte que cela allait coûter… un milliard. (...)Toutes les solutions ne se valent pas. Certaines aident les familles, TOUTES les familles, d’autres font semblant de le faire et sont régies par l’injustice et l’inégalité de traite-ment.

Ada Mara, conseillère nationale (PS/VD)

1 % plus riches que 99 % !wef 2015

Comme chaque année, les maîtres du monde se sont rencontrés fin janvier à l’abri des regards au World Econo-mic Forum (WEF) de Davos. Les par-ticipants – chefs d’Etat, directeurs du FMI et de l’OMC, 1500 patrons de multinationales et quelques « repré-sentants de la société civile » – aiment parler pauvreté, inégalités et réchauf-fement climatique. Sans que, pour le moment, les discussions, bonnes résolutions ou larmes de crocodile n’aient débouché sur plus d’égalité dans le monde. Bien au contraire.Le creusement des inégalités, c’est du reste ce que démontre très bien l’étude d’Oxfam publiée juste avant le début du WEF. L’organisation non gouver-nementale britannique y indique que « la part du patrimoine mondial, déte-nu par les 1 % les plus riches, est pas-sée de 44 % en 2009 à 48 % en 2014, et dépassera les 50 % en 2016 ». La richesse cumulée des 1 % les plus riches dépas-sera l’an prochain celle détenue par les 99 % restants. La directrice générale de l’ONG, Winnie Byanyima, qui a copré-sidé le forum de Davos, a dénoncé « l’ampleur des inégalités mondiales » qu’elle qualifie de « vertigineuse ». Elle a réclamé « l’organisation cette année d’un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales inter-nationales ». On peut rêver.D’autres données de l’étude sont frappantes : la richesse des 80 per-

sonnes les plus fortunées est passée de 1330 à 1900 milliards de dollars en quatre ans et équivaut désormais à celles détenues par les 50 % les moins bien lotis de la population mon-diale. Autrement dit, 3,5 milliards de personnes se partagent les mêmes richesses que ces 80 personnes extrê-mement fortunées.

Yves Sancey

pUblic eYe awards

En marge du WEF, après 15 éditions du contre-sommet connu sous le nom de Public Eye, la Déclaration de Berne et Greenpeace ont remis leur dernier prix, un « Lifetime Award » pour dénoncer les pratiques d’af-faires les plus irrespectueuses.Six entreprises auraient pu y pré-tendre haut la main : Walmart pour ses violations des droits du travail, Dow Chemical pour ses œuvres à Bhopal, Glencore pour ses atteintes à l’environnement et à la santé de la population dans les mines, Goldman Sachs pour sa responsabilité dans la crise financière ou Gazprom pour ses projets de forage pétrolier dans l’Arctique.C’est finalement Chevron qui a reçu ce dernier prix pour avoir pollué de grandes surfaces de forêts vierges en Equateur. (YS)

OUI à la vente de produits tiers, NON à la pression sur le personnel et les client∙e∙s !Le 20 janvier dernier, la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national a trai-té une initiative parlemen-taire intitulée : « La Poste doit se concentrer sur son objec-tif entrepreneurial au lieu de vendre toujours plus de bric-à-brac ». Déposée par le conseiller national UDC ber-nois Rudolf Joder, cette ini-tiative demande que La Poste « renonce à commercialiser des biens et des services qui n’ont rien à voir avec son acti-vité ».La commission, après en avoir débattu a finalement rejeté cet objet avec une très courte majorité de treize voix contre douze.Mais pourquoi donc le conseil-ler national Joder veut-il inter-dire à La Poste de vendre des produits tiers ? La réponse est à mon avis double. Tout d’abord, il agit au nom des milieux économiques, en par-ticulier de l’Union suisse des arts et métiers (USAM). Le chiffre d’affaires annuel d’en-viron 500 millions réalisé par La Poste dans ce secteur n’est en effet pas négligeable et attise les appétits. Je pense en outre que l’initia-tive a un deuxième but, bien entendu aussi soutenu par la droite économique. Celui

de limiter les activités de La Poste en dehors de l’envoi et la distribution de lettres et de colis au minimum. Pour mémoire, une phrase clef du texte de l’initiative stipule que La Poste doit « se concen-trer sur son objectif entre-preneurial et s’y limiter ». Le message est clair, ce n’est pas seulement les produits tiers qui sont dans le viseur. Prochaine étape, les activi-tés de logistique de La Poste (en dehors des colis postaux) et, à terme, un nouvel assaut pour demander la privatisa-tion des services financiers de La Poste.syndicom a une stratégie claire dans ce domaine et rejette avec fermeté cette ini-tiative. Le syndicat soutient la vente de produits tiers. Ce complément aux activités traditionnelles de La Poste contribue en effet au main-tien d’offices de poste et par conséquent d’emplois rému-nérés correctement.Notre syndicat dénonce par contre la pression exercée sur le personnel, et par voie de conséquence sur la clien-tèle. Dans la dernière édition de notre journal, nous avons publié les résultats de notre sondage mené auprès d’une partie du personnel de vente. Même si notre enquête n’a

pas la prétention d’avoir été menée sur des bases stricte-ment scientifiques, le constat est clair. Une majorité du per-sonnel souffre, à des degrés divers, de cette situation. Quoi qu’en dise La Poste, le problème est bien réel. Il ne vient pas de la vente en elle-même mais de la méthode retenue, avec des objectifs élevés, rappelés en perma-nence, presque de manière obsessionnelle.syndicom ne se contente pas de dénoncer la situation dif-ficile du personnel concerné, mais s’engage aussi dans la recherche de solutions. L’in-terview de notre collègue, Carlo Mächler, également dans la dernière édition de notre journal, en a appor-té une bonne illustration. Nous voulons contribuer à résoudre le problème et sou-tiendrons toute solution per-mettant la vente de produits tiers, sans pression sur le per-sonnel et sur les client∙e∙s. Deux objectifs parfaitement conciliables.

Alain Carrupt, président de syndicom

la posTe


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