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Maïténa SOHN Place et rôle du mobilier dans les sépultures collectives du Bassin parisien à la fin du Néolithique Résumé Suite à la fouille et à l'étude récente d'une trentaine de sépultures collectives dans le Bassin parisien, un nouveau regard peut être porté sur les pratiques funéraires qui se sont déroulées en leur sein. S'il a été possible d'identifier des gestes dans les modalités de dépôt des inhumés (Chambon, 1999), l'étude de la composition du mobilier et de sa répartition spatiale permet de mettre en évidence l'existence de deux types de dépôts dont l'évolution chronologique peut se scinder en trois étapes. Un dépôt "collectif" associe généralement céramique, hache, gaine de hache et poinçon dans l'antichambre, la partie antérieure ou une zone réservée de la chambre sépulcrale. Au contraire, un dépôt " individuel " correspond à l'équipement personnel des individus et se retrouve au sein de la couche sépulcrale : il s'agit de parure, d'outils en silex, en os et d'objets métalliques. Durant le IIIe millénaire et au cours des multiples constructions ou réutilisations des sépultures, les modes de dépôt ne sont pas constants. Au début du Néolithique récent, le mobilier déposé est peu abondant mais sa valeur collective et symbolique semble forte. La deuxième étape correspond à la fin du Néolithique récent : le mobilier est plus abondant mais aussi plus individualisé au sein de l'espace sépulcral, c'est le cas pour la majorité des hypogées. Cette tendance coïncide avec l'apparition des premiers objets en métal auprès des inhumés. Le Néolithique final voit la généralisation de ce phénomène d'individualisation des dépôts d'objets au sein des sépultures collectives, parallèlement au retour à la sépulture individuelle. Abstract Following recent archaeological excavations and studies of some thirty collective graves in the Paris Basin, we can reconsider our point of view concerning the organisation of funerary practices. While it has been possible to identify gestures in the way the deceased were laid in the graves (Chambon, 1999), studying the composition of finds combined with their spatial distribution has revealed two kinds of deposits; their chronological evolution can be divided into three phases. A "collective" deposit generally associates pottery, an axe, axe sleeve and awl in the antechamber, the entrance or a reserved area in the burial chamber. On the other hand, "individual" deposits correspond to personal equipment, and are found within the burial layer: they consist of ornaments, flint and bone tools, and metallic artefacts. During the whole of the third millennium ВС, when the tombs were built or re-used, funerary practices were certainly not constant. At the beginning of the Late Neolithic, few grave goods were deposited, although their symbolic and collective value Bulletin de la Société Préhistorique Française 2002, tome 99, 3, p. 501-520

SOHN M. (2002) – « Place et rôle du mobilier dans les sépultures collectives du Bassin parisien à la fin du Néolithique ». Bulletin de la Société Préhistorique Française,

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Maïténa SOHN

Place et rôle du mobilier

dans les sépultures collectives

du Bassin parisien

à la fin du Néolithique

Résumé Suite à la fouille et à l'étude récente d'une trentaine de sépultures collectives dans le Bassin parisien, un nouveau regard peut être porté sur les pratiques funéraires qui se sont déroulées en leur sein. S'il a été possible d'identifier des gestes dans les modalités de dépôt des inhumés (Chambon, 1999), l'étude de la composition du mobilier et de sa répartition spatiale permet de mettre en évidence l'existence de deux types de dépôts dont l'évolution chronologique peut se scinder en trois étapes. Un dépôt "collectif" associe généralement céramique, hache, gaine de hache et poinçon dans l'antichambre, la partie antérieure ou une zone réservée de la chambre sépulcrale. Au contraire, un dépôt " individuel " correspond à l'équipement personnel des individus et se retrouve au sein de la couche sépulcrale : il s'agit de parure, d'outils en silex, en os et d'objets métalliques. Durant le IIIe millénaire et au cours des multiples constructions ou réutilisations des sépultures, les modes de dépôt ne sont pas constants. Au début du Néolithique récent, le mobilier déposé est peu abondant mais sa valeur collective et symbolique semble forte. La deuxième étape correspond à la fin du Néolithique récent : le mobilier est plus abondant mais aussi plus individualisé au sein de l'espace sépulcral, c'est le cas pour la majorité des hypogées. Cette tendance coïncide avec l'apparition des premiers objets en métal auprès des inhumés. Le Néolithique final voit la généralisation de ce phénomène d'individualisation des dépôts d'objets au sein des sépultures collectives, parallèlement au retour à la sépulture individuelle.

Abstract Following recent archaeological excavations and studies of some thirty collective graves in the Paris Basin, we can reconsider our point of view concerning the organisation of funerary practices. While it has been possible to identify gestures in the way the deceased were laid in the graves (Chambon, 1999), studying the composition of finds combined with their spatial distribution has revealed two kinds of deposits; their chronological evolution can be divided into three phases. A "collective" deposit generally associates pottery, an axe, axe sleeve and awl in the antechamber, the entrance or a reserved area in the burial chamber. On the other hand, "individual" deposits correspond to personal equipment, and are found within the burial layer: they consist of ornaments, flint and bone tools, and metallic artefacts. During the whole of the third millennium ВС, when the tombs were built or re-used, funerary practices were certainly not constant. At the beginning of the Late Neolithic, few grave goods were deposited, although their symbolic and collective value

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seems important. The second stage takes place at the end of the Late Neolithic: the grave goods are more abundant and their personal value more important than before; this is the case for most of the hypogea. This trend coincides with the appearance of the first metallic artefacts in tombs, placed near the bodies. The Final Neolithic is characterised by the generalisation of this phenomenon of greater individualisation of the artefacts deposited in collective graves, in parallel with a return of individual burials.

INTRODUCTION CADRE DE L'ETUDE

Le mobilier des sépultures collectives a attiré depuis longtemps l'attention des fouilleurs, tantôt dans une optique collectionniste, tantôt à des fins typologiques. Les sépultures explorées au XIXe siècle, fort nombreuses, livrent quelques informations sur le mobilier mais ces dernières se limitent, dans le meilleur des cas, à des inventaires et des dessins. Le contexte des trouvailles et leur rapport aux inhumés ne sont généralement pas connus. Les considérations typologiques se développent au siècle suivant avec la définition de la "culture Seine-Oise-Marne" (Bosch-Gimpera et Serra-Raffols, 1926) puis dans les années soixante lorsque G. Bailloud présente une synthèse sur le Néolithique du Bassin parisien (Bailloud, 1964). Malgré l'apport incontestable des études de L. Lombardo en 1985 et L. Burnez-Lanotte en 1987, la typologie proposée en 1996 par P. Chambon et L. Salanova est la première à introduire une forte dimension géographique et chronologique. Dès lors, l'étude du mobilier est abordée de manière dynamique : elle introduit des temporalités dans le dépôt d'objets au sein des sépultures et laisse présager de gestes beaucoup plus complexes encore. Confronter ces données à une étude de répartition spatiale du mobilier (Leclerc, 1997), à l'exemple de l'étude exemplaire et sans précédent réalisée aux Mournouards (Leroi- Gourhan et al., 1962), s'inscrit donc comme une étape indispensable au décryptage de ces structures complexes et comme une aide supplémentaire à la compréhension du IIP millénaire. En considérant l'étonnante durée d'utilisation des espaces sépulcraux et ce par plusieurs groupes culturels, on est amené à s'interroger sur le statut du mobilier, sur sa nature (le dépôt revêt-il une fonction collective ou individuelle?), sur l'évolution de cette perception dans le temps ou dans l'espace et sur l'existence éventuelle de traditions régionales1. Afin d'apporter des éléments de réponse à ces multiples questionnements, nous présenterons dans un premier temps le cadre général de cette étude et les choix qui en découlent : contexte géographique et chronologique, état du corpus et méthodes, avant d'aborder l'étude de la composition du mobilier funéraire, de sa répartition dans l'espace sépulcral, en fonction des types de structures, ainsi que sa distribution géographique. Ceci nous conduira à l'individualisation de plusieurs types de dépôts et associations d'objets dont nous soulignerons la forte dimension chronologique.

Contexte géographique

Le cadre géographique de notre étude s'étend depuis le bassin inférieur et moyen de la Seine au sud jusqu'à la Somme au nord. Il comprend les régions d'Île-de- France, de Picardie, de Haute-Normandie et les départements d'Eure-et-Loir, Loiret, Loir-et-Cher, Yonne, Marne et Aube, ce qui correspond globalement au centre du Bassin parisien ou " bassin sédimentaire de Paris ". Les limites que nous nous sommes fixées reposent sur la nécessité d'opérer un découpage de l'espace qui soit pertinent au vu du contexte culturel et selon l'hypothèse qu'il existe une certaine cohérence, à un moment donné, entre les groupes culturels occupant ces régions, les autres répondant à des courants d'influences différents. Les sépultures collectives s'y répartissent uniformément avec une installation fréquente dans les vallées ou sur les plateaux à proximité des cours d'eau. Le contexte géographique et surtout géologique semble avoir joué un rôle important dans l'établissement de deux grands types de sépultures : l'allée sépulcrale et l'hypogée. L'allée sépulcrale enterrée ou non enterrée prédomine dans l'ouest du Bassin parisien, dans des régions qui fournissent naturellement des matériaux de construction (dallettes, dalles). L'hypogée prédomine à l'est de la zone considérée. La Marne est le centre principal et la région où ce type de sépulture offre la plus forte densité, même si un petit ensemble apparaît dans l'Oise. Dans la Marne, ils sont presque tous implantés sur la pente de coteaux crayeux crétacés dépendant de la côte d'Île-de-France. Les sépultures en fosse dominent dans la région géo- graphiquement intermédiaire où le calcaire de Brie peut fournir des blocs de revêtement, mais pas un nombre suffisant de montants. Les relations topographiques des tombes entre elles montrent que les plus importantes concentrations concernent les hypogées de la Marne, regroupés en véritables nécropoles ("le Razet" à Coizard : 37 tombes; "les Ronces" à Villevenard : 22 tombes). Les sépultures sont extrêmement rapprochées les unes des autres et quelques mètres seulement les séparent. En revanche, allées sépulcrales et sépultures en fosse ne se présentent jamais groupées à proximité immédiate. Même si quelques-unes peuvent se trouver sur le territoire d'une même commune (Épône, Presles, Meaux, Val- de-Reuil), la distance qui les sépare n'est aucunement comparable à celle des hypogées de la Marne.

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Contexte chronologique

La sépulture collective est un "genre sépulcral" (Chambon, 2000, p. 266) qui couvre une aire géographique immense, toute l'Europe occidentale, et dont la durée de vie est particulièrement longue : presque deux millénaires. Dans le Bassin parisien, les premières allées sépulcrales ont été construites à la fin du IVe millénaire, certaines dans le courant du IIP : la plupart ont connu une durée d'utilisation très longue, jusqu'à l'aube du IIe millénaire. Si l'on compare la rareté des habitats fouillés avec le nombre considérable de sépultures mises au jour pour la même période (plus de 300), on admet vite que l'essentiel de nos connaissances sur le IIP millénaire repose sur elles. Pourtant, la fouille récente de sites d'habitat tels que Poses "les Quatre Chemins" et "la Plaine de Poses" dans l'Eure (Billard et Penna, 1995), le site éponyme du "Gord" à Compiègne (Lambot, 1981 ; Cottiaux 1995) et "le Cul Froid" à Boury-en- Vexin dans l'Oise (Lombardo, 1985) ou encore le "Pré aux Vaches" à Morains dans la Marne (Villes, 1984) a fait évoluer les données sur la datation des sépultures et leur attribution exclusive à la culture Seine-Oise- Marne (S.O.M.) admise par G. Bailloud en 1964. D'autres groupes ont été mis en évidence dans le Bassin parisien au IIP millénaire et les fouilles de ces dernières décennies ont montré que certaines sépultures collectives ont fonctionné pendant près d'un millénaire. Le mobilier, comme les inhumations, est le fruit d'apports successifs par plusieurs groupes chro- noculturels qu'il est souvent difficile de distinguer (Sa- lanova, 2001).

Le groupe Seine- Oise-Marne (Néolithique récent), caractérisé par des gobelets sinueux non décorés (ou parfois de quelques lignes de coups d'ongles appliqués à la base du col), à fond plat débordant, mal cuits (Blanchet, 1984) qui peuvent être de trois types : à profil rectiligne, segmenté ou galbé, ce dernier correspondant à une phase plus récente (Chambon et Sala- nova, 1996). On attribue généralement à ce groupe les armatures de flèches tranchantes et perçantes losan- giques, les retouchoirs, gaines de haches à perforation transversale, spatules, pendentifs arciformes, haches pendeloques et parures biforées. Le groupe du Gord (Néolithique final) livre une céramique qui se reconnaît au travers de grands récipients en forme de tonneau, aux surfaces plus soignées par rapport au S.O.M., et comportant fréquemment des languettes horizontales dans la partie haute des vases et des éléments de préhension. L'industrie lithique n'est caractérisée que par quelques fossiles directeurs : racloirs à encoches, poignards et armatures de flèches perçantes à pédoncule et ailerons peu développés. Le Campaniforme (Néolithique final) se caractérise globalement par des vases en forme de cloche décorés de lignes et bandes horizontales à motifs géométriques imprimés, par des poignards en cuivre, des plaquettes rectangulaires perforées interprétées comme des brassards d'archers, des pointes de flèches à pédoncule et

ailerons équarris, des boutons en os perforés en V et quelques fois même des parures en or (Salanova, 2000). Le Groupe des Urnes à Décor Plastique (G.U.D.P.) a une place chronologique plus difficile à appréhender. Les débuts du Bronze ancien étant toujours l'objet de discussions (Lichardus-Itten, 1999), il apparaît plus prudent de considérer ce groupe comme représentant une phase tardive du Néolithique final. À l'heure actuelle, il est presque exclusivement connu par sa céramique : généralement assez épaisse et bien cuite, elle comporte un décor qui peut être réalisé par impression d'une cordelette sur la partie supérieure de la panse ou du col, étirement de la pâte ou prendre la forme d'un motif plastique en fer à cheval sur la panse.

Un certain nombre d'objets provenant des sépultures sont difficilement attribuables à un groupe culturel ou une phase chronologique. Il s'agit des couteaux (lames brutes ou retouchées), haches, grattoirs, manches d'outils en os, poinçons, perles y compris les perles en cuivre, coquillages, dents percées et défenses de sangliers. Pour faciliter l'étude de chaque sépulture de notre corpus, nous avons choisi cette classification dont le mérite est, pour l'instant, d'accorder la plupart des auteurs.

Présentation du corpus

La principale limite du corpus réside dans le fait que la documentation est très ancienne. En effet, sur les 206 sépultures que nous avons recensées sur la base des inventaires de G. Bailloud (1964) et J. Peek (1975), plus des trois quarts ont été fouillées au XIXe siècle et livrent une documentation extrêmement inégale : simple mention de site sans information précise sur le mobilier (souvent perdu) et les structures, ou publication plus complète contenant un inventaire du mobilier, éventuellement des dessins et, dans le meilleur des cas, quelques indications concernant la répartition spatiale des vestiges (Montigny-Г Engrain III, Aisne). Ces documents doivent être abordés avec le plus grand esprit critique car il est souvent difficile de distinguer les données réelles des interprétations arbitraires. Qu'en est-il des fouilles plus récentes? Sur le quart restant, 26 sépultures sont exploitables pour une analyse détaillée bien qu'elles livrent des informations somme toute de qualité assez inégale. Si quelques sépultures ont eu la chance de traverser les périodes historiques sans dommage, ce qui n'est pas le cas pour "la Butte-Saint- Cyr" à Val-de-Reuil dans l'Eure (les références bibliographiques des sites étudiés sont regroupées en légende de la figure 1), il arrive assez fréquemment qu'elles soient entamées par une pelle mécanique ou par un coup de pioche malencontreux comme à Val-de-Reuil "les Varennes" et "Sépulture 1 " dans l'Eure, Vignely "la Porte-aux-Bergers " en Seine-et- Marne, Saint-Sauveur "les Grès" et Vers-sur-Selle dans la Somme, une "intervention inexperte" comme à Méréaucout (Somme) ou autre pillage : Essômes-sur- Marne (Masset, 1971) et Verneuil-sous-Coucy "le Mont- de-Rosière" dans l'Aisne (Ancien et Lebolloch, 1987).

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L'état de conservation du monument n'est pas le seul "handicap" que présente cette documentation. En effet, malgré l'apport de quelques ouvrages synthétiques livrant des notices par site (Masset et Soulier,

1995), seulement 10 sépultures sur 26 ont été publiées intégralement, c'est-à-dire avec une description des structures et du mobilier par couche stratigraphique et avec des plans de répartition. Dans de nombreux cas,

Us Varennes La Butte Jiaint Cyr

Maiileton I LacroiM-Saint-Ouen [La Pierre Rate

| typ e s bien r epré s enté s | types faiblement représentés I attribution inc ertaine

Fig. 1 - Composition du mobilier funéraire pour les 26 sépultures de notre corpus (catégories A et B). Méréaucourt, Oise (Guy et Masset, 1991 ; Masset, à paraître); Bazoches-sur- Vesle "le Bois de Muisemont", Aisne (Leclerc, 1993; Leclerc, inédit); La Chaussée-Tirancourt "la Sence du Bois", Somme (Leclerc et Masset, 1980; Masset, 1995 ; Masset, inédit) ; Saint-Sauveur "les Grès", Somme (Guillot et Guy, 1997) ; Vers-sur-Selle, Somme (Piningre et Bréart, 1985); Val-de-Reuil "les Varennes", "laButte-Saint-Cyr", "Fosse XIV" et "Sépulture 1", Eure (Billard et al, 1995a ; Billard et al, 1995b ; Billard et al, à paraître) ; Vignely "la Porte aux Bergers ", Seine-et-Marne (Allard et al, 1994) ; Germigny-L'Évêque "les Maillets", Seine-et-Marne (Baumann et Tarrête, 1979) ; Bardouville "carrière de Beaulieu", Seine-Maritime (Caillaud et Lagnel, 1967); Malesherbes "Mailleton", Loiret (Richard, 1995a et b; Richard et al, 1999); Lacroix-Saint-Ouen "le Prieuré", Oise (Le Goff et al, 1995 ; Guillot et al, 1996 ; Bernard et al, 1998) ; Presles "la Pierre Plate", Val-d'Oise (Bottet, 1928 ; Tarrète, 1985), Argenteuil "l'Usine Vivez", Val-d'Oise (Mauduit étal, 1977) ; Guiry-en-Vexin "la Ferme Duport", Val-d'Oise (Hôgstrôm étal, 1995) ; Noisy-sur-École "le Paradis", Seine-et-Marne (Brézillon et al, 1973); Lutz-en-Dunois "Éteauville", Eure-et-Loir (Nouel et al, 1965); Marolles-sur-Seine "les Gours-aux-Lions 1 et 2", Seine-et-Marne (Masset et al, 1967) ; Le Mesnil-sur-Oger "les Mournouards", Marne (Leroi-Gourhan et al., 1962) ; Loisy-en-Brie "les Gouttes d'Or", Marne (Chertier et al, 1994) ; Val-des-Marais "Mont Aimé", Marne (Crubézy et Mazière, 1991) ; Tinqueux "l'Homme Mort", Marne (Bailloud et Brézillon, 1968); Nanteau-sur-Essonne "Château Renard" (Chambon et Salanova, 1994; Chambon et Salanova, inédit).

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on peut également regretter que les analyses du mobilier et les analyses anthropologiques ne soient pas menées conjointement : lorsqu'un objet ou un groupe d'objets se trouve en relation avec un ou plusieurs individus, aucune information ne permet de connaître la classe d'âge ou le sexe de ces derniers (excepté dans la publication des Mournouards). Ce tableau rapide de l'état du corpus ne serait pas complet si n'était mentionnée la difficulté majeure et qui va de pair avec la nature des sépultures collectives : il n'existe aucun ensemble clos. La sépulture collective se définissant par un apport successif de cadavres, cela entraîne inévitablement des déplacements, même minimes, au sein des tombes. Ce phénomène est considérablement amplifié par l'utilisation prolongée qu'ont connue ces espaces sépulcraux au ITIe millénaire. Des manipulations importantes ont été observées tant au niveau des restes humains et du mobilier que de l'architecture comme, par exemple, à La Chaussée- Tirancourt dans la Somme (Leclerc et Masset, 1980; Masset, 1995). Dans de telles conditions, les stratigraphies sont particulièrement complexes et les publications de l'emplacement du mobilier en coupe stratigraphique fort rares, si ce n'est à Vers-sur-Selle (Somme) et à Germigny- L'Évêque (Seine-et-Marne). Cet état de fait nous a contraint à centrer notre étude sur la répartition horizontale des vestiges et à analyser conjointement des dépôts d'époques différentes, faute de pouvoir mener une argumentation chronologique plus fine. L'état du corpus a conditionné les choix que nous avons dû effectuer. Il n'était pas envisageable d'ignorer les anciennes fouilles mais il n'aurait pas non plus été correct de les étudier au même titre que les autres, sans distinction. Pour ces raisons, nous avons classé les sépultures par catégorie en fonction de la qualité des informations disponibles et du contexte de la fouille. L'analyse détaillée s'est basée sur 26 sépultures fouillées récemment, bien documentées et au contexte fiable (catégories A et B). Les résultats ont été ensuite confirmés ou modérés grâce à 20 sépultures offrant des informations sur la répartition spatiale des vestiges

(catégorie C), et 160 autres livrant des informations plus inégales sur les effectifs de mobilier, les types et leur distribution géographique (catégories D et E), L'industrie lithique, la céramique, l'industrie sur os et bois de cerf, la parure et les objets métalliques sont les principaux objets de notre étude. La présence de faune n'a pas été retenue car il est souvent délicat de faire la part entre les restes dont l'origine est intrusive et ceux qui constituent éventuellement un dépôt funéraire. Le mobilier a été comptabilisé par nombre minimum d'individus, pour la céramique par nombre minimum d'individus dont on suppose le dépôt à l'état entier dans les sépultures.

LE DEPOT DE MOBILIER: DES GESTES ORGANISÉS

Si chaque sépulture est un cas unique et si les contextes sont tous si différents les uns des autres (état de conservation, lisibilité des structures, fouille plus ou moins partielle de certains secteurs, contexte d'intervention et informations disponibles), on remarque néanmoins des fréquences dans les modes de dépôt du mobilier et dans la présence de certains types (fig. 1).

La composition du mobilier funéraire

Toutes les catégories de mobilier connues pour ces périodes sont représentées : la céramique, l'industrie lithique, l'industrie osseuse et les objets en métal. Cependant, ces différentes catégories ne sont pas présentes dans les mêmes proportions (fig. 2). D'un point de vue quantitatif, la parure et l'industrie lithique jouent un rôle important (ils constituent environ 90 % du mobilier déposé dans les tombes) en comparaison de la céramique, de l'industrie osseuse et du mobilier métallique. Ces derniers sont plus faiblement représentés, même si l'on considère leur conservation différentielle. Au sein de ces catégories, nous pouvons noter une préférence pour certains types d'objets (fig. 3). La céramique du Néolithique récent (presque 80 %) est plus

0%

rj céramique pind. lithique д ind. os g p arure г~1 métal

céramique ind. ind. os lithique

parure métal

Fig. 2 - Proportions des différentes catégories de mobilier dans les 26 sépultures collectives du corpus (% sur un total d'environ 1 400 individus objets).

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50 % 40% 30 % . 20 % 10%.

0 %

Céramique

1 1 i

60 % 50 %. 40 % 30 % 20 %. 10% 0%

Industrie osseuse

--

---

. ;._..:

1 1 poinçon gaine hache manche outil spatule

Industrie lithique 50% 40% 30 % 20 %. 10% 0% 1 1

* s

70% Parure

divers divers biforés hache dents perc arcifcrmes perles pend paid

Fig. 3 - Proportions des différents types d'objets dans les catégories céramique (sur 64 individus), industrie lithique (sur 709 individus), industrie osseuse (sur 80 individus) et parure (sur 1 500 individus).

7fi%

60% 50% 40% 30% 20 %. 10 % 0%.

allées hypogées fosses

Fig. 4 - Comparaison des quantités de mobilier dans les trois types de structures : allée sépulcrale, hypogée et sépulture en fosse.

fréquente dans les sépultures que la céramique du Néolithique final. L'industrie lithique présente des types très variés bien que les armatures de flèches tranchantes, les lames brutes et retouchées ainsi que les éclats constituent l'essentiel des trouvailles (80 %). Les haches ne représentent que 5 % du mobilier lithique dans son ensemble. En ce qui concerne l'industrie osseuse, les poinçons, manches d'outils et gaines de haches à emmanchement transversal sont bien mieux représentés que les spatules, lissoirs ou pointes. La parure est représentée à 60 % par les perles en os ou en calcaire et à 20 % par divers pendentifs (dentales et

autres coquillages). Les parures biforées, haches pendeloques, pendentifs arciformes et dents percées sont beaucoup plus rares. L'industrie du métal, quant à elle, apparaît principalement sous la forme de perles en cuivre (une quinzaine). Un seul poignard en cuivre provient de Saint-Sauveur "les Grès" (Somme), deux poinçons en cuivre de "la Butte-Saint-Cyr" et deux plaquettes en or de "Sépulture 1 " à Val-de-Reuil (Eure).

L'hypogée : un cas à part S'il est souvent délicat de subdiviser ie groupe "allée sépulcrale" ou de le distinguer des sépultures dites "en

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Industrie Iithique

Industrie osseuse

manche gaine perftran poinçon

Fig. 5 - Proportion des différents types d'objets en fonction des structures : allée sépulcrale, hypogée, sépulture en fosse.

fosse " (fréquemment des allées sépulcrales non identifiées), il en va tout autrement des hypogées, qui se distinguent non seulement par leur architecture, mais aussi par la composition de leur mobilier funéraire. De manière générale, le mobilier y est plus abondant que dans les autres types de structures. Pour un nombre de tombes égal, on constate que les hypogées livrent environ 60 % de la totalité du mobilier (fig. 4), bien que les données concernant les hypogées de Tinqueux "l'Homme Mort" et de "Mont Aimé" à Val des Marais dans la Marne soient incomplètes. La parure est particulièrement bien représentée : les parures biforées semblent se retrouver presque exclusivement dans ce type de structure alors que les haches

pendeloques y sont très rares (fig. 5). Les flèches tranchantes, manches en os et perles en cuivre sont également présentes dans des proportions importantes. En revanche, la céramique est quasiment absente des hypogées. Pour ceux qui en ont livré, il s'agit presque toujours de vases S.O.M. à profil galbé (Loisy-en-Brie, Marne), ce que confirment les données provenant de sépultures fouillées anciennement. On constate également l'absence d'objets pouvant évoquer le Néolithique final : aucune flèche perçante à pédoncule et ailerons et aucun poignard.

Distribution géographique du mobilier

Les proportions de mobilier ne sont pas les mêmes selon le type de structure ni selon la région. On peut en effet différencier des sépultures à mobilier extrêmement abondant (les Mournouards, Marne; l'Usine Vivez, Val d'Oise : Mauduit et ai, 1977), des sépultures normalement dotées (Vers-sur-Selle, Somme; Bazo- ches-sur-Vesle, Aisne : fouilles J. Leclerc, archives inédites) et d'autres où le mobilier est presque absent (Lacroix-Saint-Ouen, Oise; Nanteau-sur-Essonne, Seine-et-Marne : Chambon et Salanova, inédit). Ces différences ne semblent pas avoir une valeur régionale très forte, bien que les hypogées de la Marne et, à plus grande échelle, la plupart des sépultures de l'est du Bassin parisien soient bien dotées tandis que celles du sud le sont plus faiblement (fig. 6). Les sépultures livrant du mobilier en abondance sont toujours celles qui possèdent un grand nombre d'éléments de parure et de flèches tranchantes. Le nombre de haches ou de céramiques déposées reste, quant à lui, relativement constant. Au contraire, les sépultures les moins dotées sont celles dans lesquelles on retrouve presque uniquement de la céramique S.O.M. à caractère ancien et quelques rares outils en silex. La parure y est quasiment absente. Il n'existe pas non plus de grande variabilité régionale dans la distribution de la plupart des types d'objets. Si variabilité il y a, celle-ci concerne davantage la parure : les pendentifs biforés montrent une nette préférence pour l'est du Bassin parisien tandis que les haches pendeloques se répartissent d'avantage dans l'ouest (fig. 7). Ce n'est pas la première fois que l'on observe la régionalisation de certains types de parures. L. Burnez- Lanotte (1987) avait déjà remarqué la distribution préférentielle des haches pendeloques, celle des pendentifs en quille à l'est et A. Leroi-Gourhan s'était interrogé sur le lien existant entre les parures biforées en nacre et la région des hypogées de la Marne (Leroi- Gourhan et al, 1962).

Répartition du mobilier dans l'espace sépulcral

Malgré les quelques nuances qui existent dans la distribution géographique des types de structures ou des types d'objets, nous constatons une certaine homogénéité dans la vocation des espaces internes de la sépulture et dans l'agencement du mobilier. L'existence d'une division bipartite de l'espace sépulcral, notamment d'une "antichambre", "vestibule" ou

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Fig. 6 — Distribution géographique des sépultures collectives du Bassin parisien selon l'abondance du mobilier qu'elles livrent.

Fig. 7 - Distribution géographique des parures biforées et des haches pendeloques dans les sépultures collectives du Bassin parisien.

"antégrotte" séparée de la chambre sépulcrale proprement dite, était connue depuis longtemps. Ces dernières années, des auteurs ont évoqué la présence de subdivisions à l'intérieur même de la chambre sépulcrale, identifiables grâce à des témoins négatifs

interrompant la couche d'inhumations (Méréaucourt), creusés parfois dans le sédiment (Butte-Saint-Cyr), ou encore par la présence de "seuils empierrés" (Ba- zoches-sur-Vesle). Ces "cellules d'inhumations" (Le- clerc et Masset, 1980) ou "cellules de dépôt" ont été

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Cellule de dépôt

VESTIBULE

Accès latéral ?

Accès latéral ?

Fig. 8 - Représentation schématisée de l'agencement interne de la majorité des allées sépulcrales et hypogées de notre corpus.

clairement identifiées à La Chaussée-Tirancourt (Somme) mais également dans les sépultures de la Boucle de Vaudreuil (Eure) où elles sont accompagnées d'une "cellule terminale", c'est-à-dire d'une zone dépourvue de vestiges en relation étroite avec un accès terminal (Billard, 1998). L'étude des sépultures de notre corpus a permis d'isoler trois zones dans l'espace sépulcral, à partir desquelles s'est basée notre analyse (fig. 8) : Le vestibule ne contient jamais la couche sépulcrale sauf dans des cas exceptionnels où il y a eu un réel manque de place (Loisy-en-Brie). Situé dans la partie antérieure du monument, il peut être physiquement séparé du reste de la structure par une dalle ou une paroi à "trou d'homme" (les Mournouards, Marne) ou un dispositif de fermeture analogue (Méréaucourt), surtout dans les sépultures dont la construction est jugée ancienne (Chambon et Salanova, 1996). Dans de nombreux cas, cette séparation est moins matérialisée, peut-

être a-t-elle été réalisée originellement dans des matériaux périssables. Le vestibule paraît avoir eu un rôle plus ostentatoire et symbolique qu'utilitaire car l'acheminement des corps se faisait fréquemment par des accès latéraux (Masset, 1993). Le seuil d'entrée ou zone antérieure de la chambre sépulcrale est également un espace réservé ne contenant pas d'ossements ou très peu. Il constitue une sorte de prolongement du vestibule dans la chambre sépulcrale. La chambre sépulcrale proprement dite contient la principale densité de la couche à inhumations. Comme nous l'avions évoqué, elle peut se diviser en plusieurs cellules séparées de manière plus ou moins nette. Le calcul des effectifs de chaque catégorie et type de mobilier en fonction de ces trois zones révèle le caractère non aléatoire de sa répartition dans l'espace sépulcral, ce qui s'observe déjà dans le tableau de répartition par site (fig. 9). De manière générale, on constate que la céramique et l'industrie osseuse sont plus abondantes dans l'antichambre et dans la zone du seuil d'entrée que dans la chambre sépulcrale alors que l'industrie li- thique, la parure et les éléments métalliques sont mieux représentés dans la chambre sépulcrale, c'est-à-dire en rapport avec les inhumés. Si l'on observe ce phénomène plus en détail (fig. 10), les choses sont plus complexes. La céramique (fig. 1 1) de la fin du Néolithique récent (profils galbés) et surtout du Néolithique final se retrouve en fortes proportions dans la chambre sépulcrale (Vignely, Seine-et-Marne; Bardouville, Seine- Maritime ; Loisy-en-Brie, Marne) alors que les vases à profil rectiligne et segmenté sont découverts dans presque 100 % des cas dans l'antichambre (Lacroix- Saint-Ouen, Oise; Argenteuil, Val d'Oise; Vers-sur- Selle, Somme) et, plus rarement, dans la partie antérieure de la chambre sépulcrale (La Chaussée- Tirancourt, Somme : fouille C. Masset, archives inédites). Ce phénomène s'accentue particulièrement avec le Campaniforme : les vases sont maintenant déposés majoritairement dans la chambre sépulcrale, ce qu'avait déjà remarqué L. Salanova (1998). Cette tendance paraît se stabiliser avec le G.U.D.P., qui ne montre pas de préférence particulière pour une zone plutôt qu'une autre. L'industrie lithique, quant à elle, présente deux tendances : les grattoirs, retouchoirs et flèches tranchantes se retrouvent essentiellement dans la chambre sépulcrale tandis que les haches, lames et surtout les éclats sont bien représentés dans l'antichambre et la partie antérieure de la chambre sépulcrale (soit respectivement 51 %, 34 % et 92 %). Les poignards en silex, bien que rares, appartiennent autant à l'antichambre qu'à la chambre sépulcrale. Aucun n'a été trouvé dans la partie antérieure de la chambre sépulcrale. Les poinçons en os et les gaines de hache à perforation transversale sont majoritaires dans l'antichambre (Ger- migny-L'Évêque) et le seuil d'entrée (Bazoches-sur- Vesle, La Chaussée-Tirancourt) alors que les divers manches d'outils sont plutôt en rapport avec les inhumés (les Mournouards).

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*s Varennes Là Pierre Plate Usine Vivez La Butte Saint Cyr Vers sur Selle Fosse XIV Bazoches sur Vesle Chaussée-Tirancourt Bardou'.'ille Vignely Loisy-en-Brie IManteau-sur-Essonne Sépulture 1

Mailleton Méré-aucourt La Ferme Duport Noisy-sur-Ecole Éteauuille Marolles 2 Les Mournouards Val-des-Marais Tinqueux Marolles 1 Saint Sauveur

antichambre chambre avant chambre couche sépulcrale chambre espace réservé lo с alis ation inc ormue

Fig. 9 — Répartition spatiale préférentielle des divers types de mobilier dans chaque sépulture du corpus.

La parure et les quelques objets métalliques proviennent dans presque 100 % des cas de la couche sépulcrale.

DÉPÔT COLLECTIF ET DÉPÔT INDIVIDUEL

Le statut du mobilier

Les analyses statistiques menées sur les 26 sépultures à documentation "fiable" du corpus ont été confirmées par les études menées sur des sépultures fouillées plus anciennement. Elles ont permis de mettre en évidence

des choix dans le dépôt de mobilier et de souligner le statut de certains objets. La céramique joue un rôle de premier plan, non pas par son abondance, mais parce qu'on la trouve pratiquement dans toutes les sépultures, sauf dans la majorité des hypogées de la Marne pour des raisons encore difficiles à saisir. Son importance aux yeux des Néolithiques et sa valeur d'usage ne font aucun doute mais la volonté de la déposer dans les tombes résulte bel et bien d'un choix : s'agit-il de permettre aux inhumés de retrouver quelques objets utilitaires dans leur seconde vie ou revêt-elle un caractère plus symbolique et abstrait ?

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§§ chbre avant (U vestibule

Fig. 10 - Répartition des principaux types de mobilier dans l'espace sépulcral : vestibule, partie antérieure de la chambre et chambre sépulcrale.

gpbdet gpbdet gidetgdhi Onpenifcme GUDP. rectiligie sgmté

Fig. 11 - Répartition des principaux types de céramique dans l'espace sépulcral.

Une chose est certaine, les dépôts de vases dans les sépultures collectives en activité, en partie fermées ou totalement condamnées, s'échelonnent sur toute la période gui nous intéresse et ce au moins jusqu'au premier Age du Fer. Nous avons constaté que la céramique du Néolithique récent était bien mieux représentée dans les sépultures que celle du Néolithique final. Par contre, la présence d'un vase de la première période n'exclut pas celle d'un vase de la seconde, ce qui confirme l'hypothèse selon laquelle la plupart des sépultures auraient été utilisées ou visitées sur une longue période chronologique. En revanche, comme le faisaient remarquer P. Chambon et L. Salanova en 1996, nous remarquons que les gobelets à profil galbé ne se retrouvent jamais dans la même sépulture que les gobelets à profil rectiligne, et exceptionnellement dans les mêmes tombes que les gobelets à profil segmenté. Existe-t-il à cela une explication chronologique liée à la construction des sépultures (comme le proposaient les auteurs)? Ou bien est-ce dû à l'état de la

documentation? La fréquence de cette observation rend la dernière raison peu probable. En ce qui concerne la céramique du Néolithique final, les groupes les mieux représentés sont le Campani- forme et le G.U.D.P. Dans l'état actuel de nos connaissances, il semble que le groupe du Gord soit absent des sépultures collectives ; du moins, aucun élément ne permet de supposer le dépôt d'un vase à l'état entier. De manière générale, on remarque que la céramique n'a pas suscité le même intérêt et n'a pas été déposée dans les mêmes proportions tout au long de la séquence d'utilisation des sépultures collectives.

Les haches, armatures de flèches tranchantes et lames brutes ou retouchées ont sûrement joui d'un statut particulier bien qu'elles soient toutes les trois des objets du quotidien présentant très souvent des traces d'usure (Méréaucourt, les Mournouards). Cette constatation ne va pas de soi quand on sait que dans les sépultures mégalithiques armoricaines du Néolithique

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moyen ou même dans des sépultures de l'Âge du Bronze, de nombreux outils comme les haches revêtaient une fonction uniquement symbolique (apparat) et se seraient brisées à la première tentative d'utilisation. S'il s'agit d'objets utilitaires, pourquoi alors ne re- trouve-t-on pas davantage de grattoirs, de retouchoirs, de poignards et d'armatures de flèches perçantes ? La hache, la lame et la flèche auraient-elles acquis une valeur qui transcende leur fonction originelle ?

Les éclats sont également nombreux dans les sépultures et attestent souvent d'un débitage d'outils effectués sur place, ce qui nous pousse à nous interroger sur leur statut : s'agit-il de mobilier funéraire à proprement parler ou bien de déchets de débitage que les Néolithiques n'auraient pas pris la peine de balayer? Leur répartition spatiale (rappelons qu'ils sont retrouvés dans le vestibule ou l'entrée de la chambre), leur association fréquente avec un percuteur (les Mournouards, Méréaucourt) et le fait de les découvrir parfois en contexte de dépôt (Vers-sur-Selle, les Mournouards), nous poussent à les considérer comme du mobilier funéraire, déposé et laissé délibérément dans l'espace sépulcral.

Poinçons, manches d'outils et gaines à perforation transversale sont également des objets usuels qui ne paraissent pas avoir été fabriqués pour l'occasion. Le type le plus fréquent est le poinçon, dont le nombre varie de manière importante en fonction des sépultures bien que l'on remarque son abondance dans celles qui sont fortement pourvues en mobilier et en parure (Éteauville ; Nouel et al., 1965). Il peut être retrouvé seul (Bazoches-sur-Vesle, La Chaussée-Tirancourt, Méréaucourt), par paires (Éteauville, Eure-et-Loir) ou en concentration (Germigny-L'Évêque, Vers-sur-Selle). Lorsqu'on le retrouve isolé ou en concentration, il est très souvent associé à une gaine de hache à perforation transversale emmanchée ou non ou bien à une céramique, ce qui lui confère, au sein de l'espace sépulcral, un rôle tout à fait particulier qui va au delà de l'objet du quotidien.

L'intérêt pour la parure ne semble pas avoir été le même pendant toute la séquence d'utilisation des sépultures collectives. Dans les sépultures les plus anciennes, celles qui livrent le moins de mobilier et éventuellement de la céramique S.O.M. à caractère ancien, la parure a fait l'objet d'une indifférence totale, surtout si l'on compare ses proportions avec celle des inhumés : La Chaussée-Tirancourt n'a pas livré plus de 8 parures pour environ 300 inhumés. Au contraire, les sépultures dont le mobilier se rapporterait d'avantage à une phase tardive du Néolithique récent (perles en cuivre et céramiques à profil galbé) comme la plupart des hypogées de la Marne ou des sépultures telles Vignely ou Éteauville, ainsi que les sépultures réutilisées au Néolithique final par les Campaniformes (sépultures de la Boucle de Vaudreuil, Argenteuil, Maille- ton), livrent toujours de la parure en abondance. Comment expliquer un tel fossé entre ces deux comportements? Au contraire, il semblerait que les

sépultures comportant des éléments des phases tardives (G.U.D.P.) mais dans lesquelles la présence Campani- forme n'est pas attestée, ne livrent pas forcément beaucoup de parure (Vers-sur-Selle) et apparemment peu de mobilier (Saint- Sauveur). Est-ce caractéristique d'une phase tardive du Néolithique final, voire d'un Bronze ancien (Chambon et Salanova, 1996)? Toujours est-il que le statut de la parure semble évoluer avec le temps et faire l'objet d'un intérêt croissant, du moins jusqu'au Néolithique final. Il apparaît bien que chaque objet entre dans la sépulture de manière codée : la céramique, les haches, lames, flèches tranchantes, poinçons et gaines, la parure et même les éclats ne sont pas déposés de façon aléatoire. De même, les assemblages funéraires ne semblent pas refléter l'équipement quotidien d'une famille, mais seulement une sélection de celui-ci. L'étude du statut du mobilier et de sa répartition dans l'espace sépulcral nous permet d'entrevoir deux types de dépôts : l'un à valeur collective, l'autre à valeur individuelle.

Le mobilier collectif

On a longtemps pensé que le mobilier provenant de l'antichambre avait une valeur collective et les objets trouvés dans la chambre sépulcrale un caractère uniquement individuel. Même si elle ne s'éloigne pas trop de ce schéma, la réalité paraît plus complexe.

La céramique, un caractère collectif discutable

La céramique ne se retrouve pas seulement dans l'antichambre même si elle y est très abondante. Nous avons remarqué que 50 % des vases provenaient de la chambre sépulcrale, le premier quart de la partie avant et le deuxième du reste de la chambre. Ces résultats sont tout à fait étonnants et trouvent, comme nous l'avons vu, une part d'explication dans la répartition des différents types de céramique (fig. 12). Si la position de la céramique S.O.M. ancienne (profils rectiligne et segmenté) dans l'antichambre permet de lui accorder une valeur strictement collective, la question commence à se poser pour les gobelets S.O.M. à profil galbé, que l'on retrouve fréquemment au sein de la chambre sépulcrale, et plus particulièrement pour les vases campaniformes. Dès la fin du Néolithique, s'achemine-t-on vers l'individualisation des dépôts de céramique? Pour le Campaniforme, les contextes de dépôts montrent parfois un lien très fort entre la couche sépulcrale et le vase déposé, même si l'extrême fragmentation des ossements et leur éparpillement ne permettent pas d'attribuer ce dernier à un individu. Les gobelets galbés, en revanche, sont fréquemment trouvés au centre de la chambre sépulcrale où ils ne paraissent pas se mêler aux ossements humains : au contraire, ils sont déposés dans une zone réservée, associés parfois aux objets "codés" (poinçon, gaine de hache, lames, armatures de flèches, éclats) qui accompagnent généralement les céramiques de l'antichambre et de la partie avant de la chambre (Bardouville). Est-ce alors un pas

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I

Néolithique récent profil rectiligne/segmenîé Néolithique récent profil galbé Néolithique final Campaniforme Fig. 12 - Répartition schématisée des vases du Néolithique récent et du Néolithique final dans l'espace sépulcral. Hache Fig. 13 - Répartition schématisée des haches dans l'espace sépulcral. vers l'individualisation du mobilier funéraire? C'est tout à fait probable, surtout si l'on considère le fait que les sépultures qui contiennent des gobelets galbés sont, la plupart du temps, celles qui livrent des attributs individuels en abondance. Haches et seuils : un lien fort Au sein de la catégorie "dépôt collectif", nous intégrerions une légère nuance, celle du dépôt de fondation. En effet, la céramique du Néolithique récent et les haches ne se positionnent pas de manière aléatoire dans l'espace qui leur est destiné. Concernant la céramique, on remarque que les gobelets S.O.M. à caractère ancien se trouvent dans un coin de l'antichambre ou contre la paroi qui les sépare de la chambre, au niveau du seuil ou, dans certains cas, dans ce qui pourrait bien correspondre à un trou de poteau (Vers-sur-Selle). Cette fréquence serait peut-être passée inaperçue si la répartition des haches ne présentait pas le même attrait pour les zones de seuil (fig. 13). Depuis longtemps, on accorde à la hache une forte dimension symbolique au sein des sépultures collectives ; on a même parlé de "hache, gardienne des tombeaux" (Favret, 1933). Ce rôle ne fait aucun doute bien qu'il ne soit pas uniquement dévolu à l'antichambre ou à la partie antérieure de la chambre sépulcrale. En effet, la

hache se trouve dans presque 50 % des cas dans le reste de la chambre sépulcrale, au niveau des seuils empierrés, témoins négatifs ou autres seuils présumés. Dans les hypogées, elles se trouvent systématiquement contre les parois (Leroi-Gourhan et ai, 1962 ; Chertier et al., 1994), souvent tranchant vers le haut. Elles ne sont jamais mises en relation avec un individu en particulier. Cette volonté délibérée de déposer les céramiques et les haches dans les zones de passage, entre deux cellules d'inhumation ou entre l'antichambre et la chambre pourrait être interprétée, pour les plus anciens dépôts du moins, comme des dépôts de fondation après la construction du monument afin d'assurer sa pérennité, plus qu'à des dépôts destinés à l'ensemble de la communauté des morts. On peut également s'interroger sur le lien qui a pu exister entre les figurations féminines et haches gravées sur les dalles et parois de certaines sépultures et de tels dépôts.

Deux types de dépôts collectifs

À notre avis, les véritables dépôts collectifs seraient ceux qui associent des objets plus usuels, en plus grand

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nombre, ou dans des zones moins chargées symboliquement. Ce qui nous amène à distinguer deux types de dépôts collectifs : Le premier se limite souvent à un vase du Néolithique récent à caractère ancien, seul (Lacroix-Saint-Ouen, Presles), accompagné d'une hache et d'une gaine à perforation transversale (La Chaussée-Tirancourt) et/ou de poinçons (Vers-sur-Selle) localisés dans l'antichambre ou le seuil d'entrée de la chambre sépulcrale. Il évoque un dépôt de fondation. Le second correspond à de la céramique plus récente (profils galbés) située dans la partie antérieure de la sépulture (Bazoches-sur-Vesle) mais aussi, dans des zones réservées de la chambre sépulcrale (Loisy-en- Brie, Vignely, La Chaussée-Tirancourt) accompagnée fréquemment d'un assemblage stéréotypé : 4 ou 5 lames brutes, 2 ou 3 armatures de flèches tranchantes, 2 ou 3 poinçons et des éclats, plus rarement un percuteur et une défense de sanglier. Cet assemblage s'observe, avec quelques variantes, à Vers-sur-Selle, Bar- douville, les Mournouards, Marolles-sur-Seine 2 et peut-être Germigny-L'Évêque. Dans l'état actuel de nos connaissances, le poignard en silex local ou du Grand-Pressigny est le seul objet du Néolithique final attestant d'un dépôt collectif. En effet, dans plus de 50 % des cas, il est retrouvé seul dans l'antichambre (Mailleton, Méréaucourt, Fosse XIV). À la Butte-Saint-Cyr, le fait que les deux poignards se trouvent respectivement au centre de chaque cellule d'inhumation pousse également à s'interroger sur son rôle au sein de l'espace sépulcral, surtout si l'on considère le caractère apparemment individuel des dépôts de poignards en cuivre (aux Mureaux, Yvelines et à Saint-Sauveur, Somme, ces derniers se trouvaient dans la chambre sépulcrale ; celui de Saint-Sauveur en relation avec un individu).

Le mobilier individuel

Caractéristiques Nous entendons par mobilier individuel tous les objets découverts au sein de la plus forte densité de la couche à inhumations. Nous considérons qu'ils appartiennent à l'équipement personnel des individus même s'il est très rare d'observer une réelle association entre un objet et un individu en particulier. Les grattoirs et retouchoirs ont un usage strictement individuel car ils se trouvent constamment associés aux défunts dans les couches sépulcrales. Parfois même ils peuvent être signalés le long du fémur droit d'un défunt (Marolles-sur-Seine 2). On attribue généralement au retouchoir la fonction de briquet car il est quelquefois associé à un morceau de pyrite (Tinqueux) ou en porte les traces (Méréaucourt). Les lames brutes et retouchées se trouvant dans la couche sépulcrale participent également à l'équipement individuel. Dans plus d'une trentaine de cas, on remarque leur association par paire (une petite lame ou lamelle avec une plus grande), le long du fémur droit d'un individu. Ceci nous amène à croire que ces objets étaient portés par paire, de la même manière que les grattoirs et retouchoirs, dans un étui en

matière périssable le long de la cuisse (Leroi-Gourhan étal, 1962). Au Néolithique final, les flèches perçantes sont exclusivement destinées à des individus particuliers mais on les trouve en plus petit nombre que les flèches tranchantes du Néolithique récent. Ces dernières, nous l'avons vu, peuvent participer à un dépôt à caractère collectif mais, dans plus de 80 % des cas, elles sont intimement liées aux défunts. L'orientation du tranchant (lorsqu'elle est connue) et la position dans la couche de plusieurs ensembles nous permet de dire qu'elles devaient, la plupart du temps, entrer dans les sépultures à l'intérieur de carquois en matière périssable (sûrement de la vannerie enduite de résine aux Mournouards) et être portées en bandoulière ou à la ceinture car bon nombre reposent le long de la cuisse des individus. Bien qu'il soit possible de supposer la présence de carquois dans plusieurs sépultures (Germigny-L'Évêque, Éteauville, La Ferme Duport), la nature des informations disponibles ne nous a pas permis de nous en assurer. À l'heure actuelle, des "restitutions" n'ont été possibles qu'aux Mournouards (Leroi-Gourhan et al., 1962) et à Bazoches-sur-Vesle (fig. 14). Le sens accordé aux flèches tranchantes a dû être particulièrement complexe pour se manifester de façon aussi variable. En effet, les flèches à pédoncule et ailerons n'atteignent jamais un nombre et des concentrations assez importantes pour envisager des carquois. Quant aux armatures perçantes losangiques, elles

f

Fig. 14 - Position des flèches dont l'orientation est connue et restitution de leur hampe, sépulture de Bazoches-sur-Vesle (Aisne).

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Place et rôle du mobilier dans les sépultures collectives du Bassin parisien à la fin du Néolithique 515

auraient davantage une valeur collective car on ne les retrouve jamais associées aux inhumés : au contraire, elles se rencontrent dans le vestibule ou l'entrée de la chambre, en deux, voire trois exemplaires (Tinqueux, Germigny-L'

Évêque) . L'équipement des inhumés comprend également des manches d'outils en os de divers types que l'on retrouve dans au moins 80 % des cas associés intimement aux inhumés, sauf aux Mournouards ou quelques burins à dent de porc se trouvaient dans l'antichambre. Il ne fait aucun doute que la parure correspond à l'équipement individuel : elle se trouve dans presque 100 % des cas au sein de la couche sépulcrale au contact des défunts. Très souvent, les zones de répartition des perles correspondent à celle des crânes et on peut trouver parfois de réelles associations entre un ensemble de perles et le crâne d'un individu. Il est difficile de savoir s'il s'agissait réellement de colliers bien que certains exemples plaident en leur faveur (des perles collées entre elles évoquant la forme d'un collier aux Mournouards). En effet, on peut tout aussi bien imaginer des résilles comme à des périodes plus anciennes (Grimaldi, Italie) ou d'autres façons de les utiliser. Une chose est certaine, les perles et dentales étaient portés par dizaines, jamais seuls, contrairement aux pendentifs arciformes qui semblent avoir été portés seuls, sur le thorax, zone où on les retrouve fréquemment (les Mournouards). Il en est de même pour les autres pendentifs, qui sont généralement retrouvés isolés ou en association avec un ensemble de perles. Il est difficile de savoir si les hommes et les femmes étaient parés pareillement, mais on remarque que les enfants de plus de quatre ou cinq ans (les premières classes d'âge n'étant apparemment pas ou peu représentées), devaient jouir d'une reconnaissance sociale certaine car, à maintes reprises, aussi bien dans la littérature ancienne que dans les fouilles récentes (les Mournouards, Éteauville) des concentrations de dentales, dents percées ou pendentifs en nacre sont signalées en association avec un squelette d'enfant.

Des défunts privilégiés ?

Mobiliers collectif et individuel confondus, nous constatons néanmoins que la quantité de mobilier (en nombre minimum d'individus) est rarement proportionnelle à celle des inhumés dans les sépultures collectives. Trois groupes apparaissent, bien que les sépultures se trouvant dans chacun d'eux n'aient pas grand chose en commun : les sépultures pour lesquelles les proportions sont à peu près égales, celles dont le nombre d'inhumés est nettement supérieur à celui du mobilier et, au contraire, celles dont le mobilier est particulièrement abondant par rapport au nombre d'inhumés (fig. 15). Au vu de ces résultats, on pourrait être amené à formuler l'hypothèse suivante : dans les sépultures du premier groupe les défunts possèdent tous un équipement individuel, dans celles du second groupe seulement quelques défunts ont ce "privilège", dans celles du troisième groupe chaque défunt possède un équipement très important. Hélas, les choses ne sont pas si évidentes lorsque l'on regarde de plus près la répartition spatiale du mobilier individuel au sein même de la couche sépulcrale. En effet, on constate vite que, dans bon nombre de sépultures, les plans de répartition du mobilier et des inhumés ne suivent pas la même dynamique : le mobilier semble se concentrer dans certaines zones de la couche sépulcrale et être absent dans les autres (fig. 16). De même, si l'on compare les répartitions spatiales des deux principales catégories d'équipement individuel au sein de la couche sépulcrale, c'est-à-dire celle de l'industrie lithique avec celle de la parure, on constate qu'elles ne sont pas toujours corrélées (fig. 17). Nous pouvons en conclure que certains défunts entrent dans la sépulture sans équipement individuel tandis que d'autres sont accompagnés de carquois, de couteaux ou encore de parure. De plus, il semblerait que les inhumés très parés ne soient pas forcément ceux qui possèdent du mobilier lithique. Lorsqu'on peut comparer

300

ц inhumés g mobilier

Fig. 15 - Représentation globale des proportions entre NMI mobilier et NM1 inhumés dans plusieurs sépultures collectives de notre corpus.

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nombre et répartition des objets correspondent à ceux des inhumés nombre et

répartition des objets sont différents de ceux des inhumés

Fig. 16 - Comparaison du nombre et de la répartition spatiale des objets avec ceux des inhumés.

nombre et répartition du

mobilier lithique et de la parure sont distincts

30% nombre et répartition du mobilier lithique et de la parure sont comparables

Fig. 17 - Comparaison de la répari и umí ~-\\\\ mlč de la parure avec celle de l'industrie lithique.

la répartition spatiale du mobilier avec celle des individus et que leur sexe est connu (notamment aux Mournouards), on constate que les individus parés sont aussi bien des femmes que des hommes ou encore des enfants. Néanmoins, il est encore impossible de connaître la répartition du mobilier par âge et par sexe : les couteaux, flèches tranchantes ou manches d'outils en os étaient ils associés aux hommes ou bien aux femmes ? Quel était exactement le mobilier réservé aux enfants ?

Une évolution chronologique

Nous venons de voir que le mobilier des sépultures collectives pouvait se scinder en deux blocs (fig. 18) : le mobilier collectif, dont une part pourrait correspondre à des dépôts symboliques en relation avec la mise en activité des monuments et une autre à des objets "codés" ayant eu une fonction individuelle dans le monde des vivants, l'autre partie du mobilier étant destinée à un dépôt individuel. Puisque nous avons constaté précédemment que la distribution de ces types d'objets n'avait pas une valeur géographique forte, on est en droit de se demander s'il existe un sens chronologique ou chronoculturel à ces différents dépôts.

L'étude de P. Chambon et L. Salanova (1996) avait mis en évidence la présence de deux grandes étapes dans la construction et l'utilisation des sépultures collectives. Celles qui étaient édifiées après 2500 av. J.-C. se distinguaient par la rareté du mobilier et surtout par le fait que la séparation chambre/antichambre soit moins nette, ce qui nous faisait penser à une sorte de "désacralisation" de l'espace collectif. L'étude du mobilier a confirmé cette tendance et a mis en évidence une nouvelle étape dans l'évolution des pratiques funéraires. Cette évolution peut se décomposer en trois phases (fig. 19). Dans la première phase, au début du Néolithique récent (fin du IVe millénaire), qui correspond à la construction des principales allées sépulcrales, le mobilier funéraire est extrêmement réduit : il se limite à quelques objets fortement connotes et dont on suppose un lien très fort avec la fondation du monument (hache, gaine et céramique). Le mobilier est intimement lié aux zones de seuil et d'assises architecturales. Peut-on parler de dépôts de fondation ? Cette symbolique est également attestée par la présence de gravures et de figurations sur un certain nombre d'allées mégalithiques. Dans la deuxième phase, c'est-à-dire dès la fin du Néolithique récent, le mobilier s'individualise : bon nombre d'inhumés sont dorénavant accompagnés de

ц Dépôt individuel ц Dépôt collectif

^ f

Fig. 18 - Représentation synthétique de la part de valeur collective ou individuelle accordée aux principaux types d'objets présents dans les sépultures collectives.

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Fig. 19 - Mise en évidence des différentes phases chronologiques observées dans les principales sépultures du corpus. Notons que la phase 1 reste la plus difficile à mettre en évidence car elle a souvent été "effacée" ou "balayée" par les utilisations postérieures, d'autant plus que les objets déposés durant cette période étaient numériquement faibles.

parures, de carquois et d'outils en silex ou en os. Cette période semble coïncider avec l'apparition des premières perles en cuivre qui, bien que rares à cette époque et probablement très valorisées, correspondent à chaque fois à des dépôts strictement individuels. La chambre sépulcrale comporte désormais des espaces réservés aux dépôts collectifs de mobilier. La céramique et la hache ont conservé leur statut mais l'éventail des objets inclus dans les dépôts collectifs est plus large et le nombre d'objets a priori du quotidien augmente. Les hypogées, dont l'utilisation fut bien plus brève que les allées sépulcrales, semblent marquer cette période, du moins pour la plupart d'entre eux. Quant à la troisième phase (Néolithique final), elle est marquée par la présence Campaniforme qui, au fur et à mesure des découvertes récentes (Salanova, 2000), paraît un peu moins fugace. Les dépôts mobiliers sont dorénavant intimement associés aux individus, et ceci tant au niveau de la céramique que de l'industrie li- thique. Ils sont d'ailleurs contemporains du retour à la sépulture individuelle dans la plupart des régions. Seul le poignard en silex garde un caractère ambigu alors que le poignard en cuivre semble partager le sort des individus, tout comme les autres objets métalliques, y compris l'or. La fin du Néolithique final n'est attestée dans les sépultures collectives qu'au travers des dépôts de céramique du G.U.D.P. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si d'autres objets les accompagnaient. Il semblerait toutefois que cette période connaisse un certain essoufflement des pratiques au sein des sépultures

collectives et que le mobilier déposé soit très réduit. Cette période paraît constituer une quatrième phase, mais qu'il reste difficile de définir. Au début du IIe millénaire, la plupart des sépultures collectives sont condamnées mais restent longtemps chargées d'une symbolique forte dans l'imaginaire des communautés villageoises : des dépôts délibérés de céramique sont attestés jusqu'au premier Âge du Fer au moins. J. Peek n'a-t-il pas fait remarquer combien la toponymie des lieux en porte parfois aujourd'hui le sens perdu ?

CONCLUSION Les fouilles de ces dernières années ont permis d'apporter les informations nécessaires à la mise en évidence du rôle majeur joué par le mobilier funéraire dans les sépultures collectives. Malgré un corpus inégal et des contextes sépulcraux très tourmentés, il a été possible d'observer des gestes et des choix qui dépassent largement la variabilité individuelle de chaque sépulture et permettent de s'affranchir de l'anecdotique. Ces observations, menées sur la base de 26 sépultures2, ont été en grande partie confirmées par les indications provenant des 180 autres contextes. Dans peu de temps, le corpus devrait être étoffé par de nouvelles fouilles ou publications, ce qui nous permettra de mieux comprendre la succession des modes de dépôts dans les sépultures, tant du point de vue des restes humains que du point de vue du mobilier.

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En attendant, nous remarquons que les objets sont choisis et que certains d'entre eux revêtent même un statut particulier dont on peut supposer le sens hautement symbolique : en particulier la hache et la céramique. De manière générale, deux tendances s'observent : un mobilier à vocation collective et un mobilier à vocation individuelle. Le mobilier collectif n'est pas toujours celui que l'on croit ; il ne se limite pas à la hache et au vase. Il est fréquemment constitué d'un assemblage relativement stéréotypé (armature tranchante, lame, poinçon, gaine et éclats), déposé dans une zone réservée de l'espace sépulcral : vestibule, seuil d'entrée ou plus près des inhumés. Le mobilier à destination individuelle se trouve dans la couche sépulcrale et correspond à des types plus courant dans l'équipement personnel : outillage lithique et osseux, parure, éléments métalliques. Tous les individus n'étaient pas égaux devant la mort : certains défunts entraient dans la sépulture accompagnés d'un équipement (carquois, paire de couteaux, divers outils à manche en os, parure) et d'autres sans rien. Toutefois, bon nombre d'enfants possédaient des éléments de parure, ce qui laisse présumer d'une reconnaissance sociale importante au sein du groupe. La conception du dépôt d'objets évolue avec le temps et selon les types d'objets. Les groupes du Néolithique récent ne se soucient guère de l'équipement du défunt : ils privilégient le dépôt collectif et l'entourent d'une charge symbolique très forte : la localisation des céramiques et des haches correspond à des zones de cloisonnement de l'espace interne de l'espace sépulcral, des lieux de séparation ou de passage. Dès la fin du Néolithique récent, les dépôts s'individualisent pour atteindre leur plus forte expression au Cam- paniforme, ce qui ne signifie pas pour autant que tous les dépôts collectifs soient abandonnés (poignard en

silex). Même la céramique semble peu à peu trouver une vocation différente. Au moment où les G.U.D.P. "utilisent" les dernières sépultures ouvertes (déposent- ils vraiment des morts ?), les traditions semblent s'épuiser. On constate que les débuts de l'individualisation des dépôts de mobilier funéraire coïncident avec l'apparition des premières perles en cuivre dans les sépultures. Tous les objets métalliques découverts dans les sépultures collectives sont d'ailleurs destinés à un usage strictement individuel. On peut alors s'interroger fortement sur la place grandissante accordée à l'individu dès la fin du Néolithique récent. L'introduction du métal, la maîtrise de nouveaux courants d'échanges et les nouveaux procédés d'acquisition entraînent-ils déjà un changement de mentalité ? Une chose est certaine, les sépultures collectives devaient être chargées d'un sens particulièrement fort pour avoir été maintenues en activité si longtemps, ce qui suppose un entretien régulier et ne constituait pas forcément une solution de facilité pour les derniers intervenants. ■

NOTES (1) Cet article présente les principaux résultats d'un mémoire de maîtrise réalisé sous la direction de Marion Lichardus-Itten (Université de Paris I, Sohn, 2001). (2) À cet égard, je tiens à remercier les personnes qui m'ont aidée en me donnant accès à des documents inédits, condition nécessaire à la réalisation d'une étude sur le mobilier des sépultures collectives étant donné l'inégalité et l'ancienneté du corpus : Cyrille Billard (rapports et future publication des sépultures de Val-de-Reuil), Hervé Guy (rapport de Saint-Sauveur), Jean Leclerc (rapports et archives de fouilles de Bazoches-sur-Vesle), Claude Masset (future publication de Méréaucourt, rapports et archives de fouilles de La Chaussée- Tirancourt). Ma reconnaissance s'adresse particulièrement à Laure Salanova, pour m'avoir fourni des documents inédits (Nanteau-sur- Essonne) et pour son soutien tout au long de ce travail.

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Maïténa SOHN Centre de Recherches en Protohistoire

Université de Paris I Institut d'art et d'archéologie 3, rue Michelet, 75006 Paris

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