9
Ce docum ent a été él abo r é so us l a responsabi l i t é d e l a d i recti on général e du Tr és or et ne refl èt e pas nécessair em ent l a posit i on du m ini st ère de l É cono m i e e t des Fi nance s et du m i ni st ère du C om m erce E xt ér ieur. n° 110 Mar s201 3 Réform esHartz:q uel sef fetss urlemarché dutrav ai l allemand? Depuis 2005, l'économie allemande a créé 2,5 m il li ons d'em plois, correspondant majoritairement à des emplois à temps partiel, à des contrats intérimaires ou à durée déterminée. Cett e pr ogression d e l'emploi a cond uit à une baisse de 5 points du taux de chômage, actuel lement à 5,3 % au sens du Bureau International du Travail (BIT), soit un plus bas historique. Les réformes structurelles sur le marché du travail engagées au début des années 2000 dans ce pays sont l’ une des explicati ons sou vent avancée de ce « miracle all emand ». Cell es-ci répon daient à une co njoncture économique m orose, avec une croissance en berne, un taux de chômage élev é ( près de 10 %) et une baisse de la pop ulati on en â ge de travailler. En 20 02, la comm issi on Hartz pou r la mod ernisation du marché du travail a proposé des pistes de réformes, inscrites dans la logique  rdern u n d fo rd e rn ( « inciter et exi ger ») . C es réform es ont été déclinées en quatre lois v isant à renforcer la recher che d' emp loi, incit er les chôm eur s à accepter un emploi et encourager l'activité professionnelle, notamment pour les femmes et les seniors. Les réformes Hartz ont été par ailleurs complétées notamment par un raccourcissement de la période d'indemnisation du chômage, la fermeture des options de dé part anti cipé à la retrait e et une baisse des charges sociales patronales. Ces réformes ont fortement affecté le fonctionnement du marché du travail allemand. Les évaluations disponibles des réformes Hartz concluent globalement à un impact significatif sur le marché du travail, lié principalement à une meilleure adéq uation en tre off re et de man de d e travai l et des incit ations à travai ll er accrues. L'action concertée sur plusieurs leviers (renforcement de l'accompagnement, baisse des prélèvements sur le travail et réduction des revenus de remplacement) aurait favorisé le retour à l'emploi des personnes les plus éloignées du marché du travail. Cett e per formance sur le f ront de l'emploi doit pour tant êt re p ondérée par la hausse des inégalités de revenus et de la pauvreté en Allemagne. Le taux de pauvreté a augmenté nett ement entre 2000 et 2005 , de 12,5 à 14,7 %. L a hausse est particulièrement mar quée po ur les personnes en emploi et pl us encore pour cell es au chômage. Ceci reflète au moins en partie des effets de structure : les réformes Hartz ont remis en em ploi des personnes sur des contrats tempo raires ou à temps partiel, ne leur permettant pas de dépasser le seuil de pauvreté. Enfin, le faible impact sur le marché du travail de la crise 2008/2009, malgré l'ampleur de la récession allemande, serait lié seulement en partie à ces réformes. Ce résultat s'explique surtout par des mesures d'urgence visant à accroître la flexibilité de la durée du travail (activité partielle, utilisation des comp tes épargne temps… ) , e ll e s - mêmes facilitées par la qualité du dialogue social, et par la volonté des entreprises allemandes d'éviter les pertes de capital humain dans un contexte de tension sur les ressou rces en main d'œuvre. Sourc e: Euros tat, de rniers po i nts : janvi e r 2013.  Taux de chômage en zone euro 5% 6% 7% 8% 9% 10% 11% 12% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Zone euro Allemagne France Italie

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  • Ce documenta t labor sous

    la responsabilit dela direction gnrale

    du Trsor et ne refltepas ncessairement

    la positiondu ministre

    de lconomie etdes Finances et du

    ministre duCommerce Extrieur.

    n 110Mars 2013

    Rformes Hartz : quels effets sur le march du travail allemand ? Depuis 2005, l'conomie allemande a cr 2,5 millions d'emplois, correspondant

    majoritairement des emplois temps partiel, des contrats intrimaires ou dure dtermine. Cette progression de l'emploi a conduit une baisse de 5 pointsdu taux de chmage, actuellement 5,3 % au sens du Bureau International duTravail (BIT), soit un plus bas historique.

    Les rformes structurelles sur le march du travail engages au dbut des annes2000 dans ce pays sont lune des explications souvent avance de ce miracleallemand . Celles-ci rpondaient une conjoncture conomique morose, avec unecroissance en berne, un taux de chmage lev (prs de 10 %) et une baisse de lapopulation en ge de travailler. En 2002, la commission Hartz pour la modernisationdu march du travail a propos des pistes de rformes, inscrites dans la logiquefrdern und fordern ( inciter et exiger ). Ces rformes ont t dclines enquatre lois visant renforcer la recherche d'emploi, inciter les chmeurs accepterun emploi et encourager l'activit professionnelle, notamment pour les femmes etles seniors. Les rformes Hartz ont t par ailleurs compltes notamment par unraccourcissement de la priode d'indemnisation du chmage, la fermeture desoptions de dpart anticip la retraite et une baisse des charges sociales patronales.

    Ces rformes ont fortement affect le fonctionnement du march du travailallemand. Les valuations disponibles des rformes Hartz concluent globalement un impact significatif sur le march du travail, li principalement une meilleureadquation entre offre et demande de travail et des incitations travailler accrues.L'action concerte sur plusieurs leviers (renforcement de l'accompagnement,baisse des prlvements sur le travail et rduction des revenus de remplacement)aurait favoris le retour l'emploi des personnes les plus loignes du march dutravail.

    Cette performance sur le front de l'emploi doit pourtant tre pondre par la haussedes ingalits de revenus et de la pauvret en Allemagne. Le taux de pauvret aaugment nettement entre 2000 et 2005, de 12,5 14,7 %. La hausse estparticulirement marque pour les personnes en emploi et plus encore pour cellesau chmage. Ceci reflte au moins en partie des effets de structure : les rformesHartz ont remis en emploi des personnes sur des contrats temporaires ou tempspartiel, ne leur permettant pas de dpasser le seuil de pauvret.

    Enfin, le faible impact sur le march du travail de la crise 2008/2009, malgrl'ampleur de la rcession allemande,serait li seulement en partie cesrformes. Ce rsultat s'explique surtoutpar des mesures d'urgence visant accrotre la flexibilit de la dure dutravail (activit partielle, utilisation descomptes pargne temps), elles-mmes facilites par la qualit dudialogue social, et par la volont desentreprises allemandes d'viter lespertes de capital humain dans uncontexte de tension sur les ressources enmain d'uvre.

    Source : Eurostat, derniers points : janvier 2013.

    Taux de chmage en zone euro

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    Zone euro Allemagne France Italie

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.2

    1. Les rformes Hartz ont principalement vis limiter la dure du chmage via l'activation des demandeursd'emploi

    La commission pour la modernisation du march du travail(Kommission fr moderne Dienstleistungen am Arbeits-markt) dite commission Hartz, du nom de son prsidentPeter Hartz, directeur des ressources humaines de Volk-swagen, a t installe par le Chancelier Gerhard Schrderen mars 2002. Le contexte conomique tait alors difficile :activit en ralentissement depuis 2000 avec une croissancenulle en 2002, taux de chmage en hausse. Celui-ci taitsuprieur la moyenne en zone euro et constitu en grandepartie de chmage de longue dure.

    De faon plus structurelle, l'Allemagne se singularisaitgalement par le vieillissement marqu de sa population,consquence de son faible taux de fcondit et par le lgerrecul de la population en ge de travailler depuis 2000,alors mme que cette population progressait dansl'ensemble de la zone euro.

    Dans ce contexte, les principaux objectifs assigns auxrformes Hartz taient de rduire le chmage etd'augmenter les incitations pour la frange de la populationla plus loigne du march du travail, notamment lesfemmes et les seniors.

    La commission Hartz avait pour mandat de proposer desvolutions concernant les institutions du march du travailet les services offerts aux demandeurs d'emploi. Elle a privi-lgi un axe de rflexion particulier qui visait rduire ladure individuelle de chmage grce un renforce-

    ment des incitations chercher activement unemploi et un placement plus rapide et plus effi-cace. Elle a propos des pistes de rformes, s'inscrivantdans la logique frdern und fordern ( inciter et exiger ).Le gouvernement Schrder a dclin ces prconisations enquatre lois, qui ont modifi en profondeur le fonctionne-ment du march du travail allemand (cf. encadr 1).

    Face la situation conjoncturelle dprime sur le front del'emploi au dbut des annes 2000, d'autres rformes dumarch du travail, venant complter les rformes Hartz, ontt menes en Allemagne :

    janvier 2002 : rforme Job-AQTIV qui a amlior le pro-filage qualitatif des demandeurs d'emploi et a permisl'utilisation de manire plus efficiente des politiques acti-ves du march du travail ;

    fvrier 2006 : rduction de la dure maximale d'indem-nisation du chmage de 26 12 mois pour les moins de55 ans et de 32 18 mois pour les 55 ans et plus ;

    janvier 2007 : hausse de 3 points du taux maximal de laTVA en partie contrebalance par une baisse des cotisa-tions sociales ;

    2006-2010 : abandon progressif des options de dpartanticip la retraite pour inciter les seniors se mainte-nir en activit.

    Encadr 1 : Principales rformes du march du travail dans les annes 2000a

    Hartz I (janvier 2003) a facilit la formation des demandeurs d'emploi et le reclassement des chmeurs, avec la cra-tion par exemple des Personal Service Agenturen (PSA), agences d'intrim rattaches aux agences du service publicde l'emploi. Cette loi a galement renforc le rgime de droits et devoirs des demandeurs d'emploi dans leurrecherche d'emploi : en particulier, la charge de la preuve incombe dornavant au demandeur d'emploi en cas derefus d'une offre d'emploi, c'est--dire qu'il doit prouver lui-mme le caractre non acceptable de l'emploi. Enfin, laloi a tendu les possibilits de recours au travail temporaire en supprimant la dure maximale de mission (qui taitde 24 mois auparavant) et en ouvrant des possibilits de drogation l'obligation d'galit de traitement et de rmu-nration entre intrimaires et salaris permanents.

    Hartz II (avril 2003) a essentiellement cr une nouvelle aide facilitant la cration d'entreprise par les chmeurs (Ich-AG, fusionne en 2006 avec l'allocation de transition -berbrckungsgeld- en un nouveau programme :Grndungszuschuss) et largi la gamme des emplois dits marginaux (mini-job et midi-job, voir encadr 2).

    Hartz III (janvier 2004) a rform le service public de l'emploi, dornavant nomm Bundesagentur fr arbeit (BA) parune modification des structures de pilotage au niveau fdral, une plus grande autonomie locale et une rorganisa-tion des agences afin d'augmenter le taux d'encadrement des demandeurs d'emploi. Elle a galement organis lafusion des dispositifs de contrats aids ABM (Arbeitsbeschaffungsmanahmen, mesures d'aides l'emploi) et SAM(Strukturanpassungsmanahmen, programme d'adaptation des structures) et rduit leur dure maximale. En outre,les conditions d'indemnisation du rgime d'assurance chmage ont t durcies : la priode d'affiliation minimalerequise est passe de 12 mois dans les trois annes prcdant l'inscription 12 mois dans les deux ans.

    Hartz IV (janvier 2005) a rationalis deux dispositifs proches : l'assistance chmage (Arbeitslosenhilfe), qui tait uneallocation rserve aux chmeurs en fin de droits et proportionnelle leur salaire de rfrence et l'aide sociale, dis-positif d'assistance forfaitaire qui visait lutter contre la pauvret en garantissant un revenu minimum. La loi HartzIV a supprim le rgime d'assistance chmage, revaloris l'aide sociale (Arbeitslosengeld II) et l'a conditionne lasignature d'un contrat d'insertion avec l'agence pour l'emploi ou le service communalb. Les chmeurs en fin dedroits ont ainsi vu leur situation financire considrablement dgradec. Cette loi a galement cr un nouveau dis-positif d'insertion dans le secteur non marchand (ein-euro-jobs) : le bnficiaire continue de percevoir son allocationen plus d'une compensation d'au moins un euro de l'heure pour un travail d'utilit publique.

    a. Kramarz F., A. Spitz-Oener, C. Senftleben et H. Zwiener, (2012), Les mutations du march du travail allemand , Rapport du CAEn 102.

    b. Paralllement la signature de ce contrat, les ayants-droit des allocataires capables de travailler ont lobligation de sinscrire au chmage etsont fortement incits rechercher activement un emploi.

    c. Avant la rforme, un chmeur en fin de droits sans enfant touchait une allocation reprsentant 53 % de son salaire de rfrence (diminuantde 3 % chaque anne). En 2013, il a droit laide sociale, dun montant de 382 mensuel, hors prise en charge des cots de logement.Cette prestation est partiellement cumulable avec des revenus d'activit, mme si le caractre incitatif est limit : aprs une franchise sur les100 premiers euros, un taux de rduction de 80 % est retenu jusqu 800 puis 90 % au-del.

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.3

    2. Les rformes ont t suivies d'une hausse significative de la participation au march du travail et de l'emploi,d'une baisse importante du chmage et de l'accroissement de l'emploi prcaire

    Le taux de participation a connu une trs forteprogression depuis le dbut de la dcennie 2000.Cette hausse du taux de participation rsulte sans doute dufait que les conjoints des allocataires de prestations socialesont t fortement incits rechercher un emploi et s'inscrire officiellement au chmage (Hartz IV). Conjugu labandon progressif des options de dpart anticip laretraite, l'impact de cette politique se reflte dans l'volu-tion de la population active : entre 2004 et 2011, malgrune baisse de 1,3 % de la population en ge de travailler, lapopulation active a augment de 4,9 %, porte par la haussede 4,6 points du taux de participation. Cette hausse estparticulirement importante chez les seniors (+16,2points, cf. graphique 1) et chez les femmes (+6,0 pointscontre +3,3 points pour les hommes) pour lesquelles lapriode marque une acclration par rapport la tendancehaussire.

    Le taux d'emploi1 a galement fortement augmenten raison essentiellement des crations d'emploisdits atypiques2. Depuis 2004, le taux d'emploi aprogress de plus de 7 points, passant de 64,9 % 72,4 %au 1er semestre 2012. L'conomie allemande a ainsi cr2,5 millions d'emplois, correspondant majoritairement des emplois atypiques. L'emploi intrimaire, peu importanten Allemagne jusqu'au dbut des annes 2000, a t multi-

    pli par 2,7 (de 331 000 personnes en 2003 882 000 en2011). L'emploi salari temps plein a trs lgrementprogress (+2,4 % entre 2004 et 2011) tandis que l'emploi temps partiel a progress de 33 %. Le taux d'emploi temps partiel allemand est dsormais le plus lev de lazone euro aprs les Pays-Bas. Les emplois aids (mini/midi jobs, ein-euro-jobs -cf. encadr 2-) n'expliquent quemarginalement la hausse de l'emploi total.

    Graphique 1 : taux d'activit par sexe et par ge (en % de la population en gede travailler de 15 64 ans)

    Source : Eurostat, derniers points : T3 2012.

    (1) Rapporte le nombre de personnes en emploi la population en ge de travailler (15-64 ans).(2) Emplois temps partiel soumis cotisations sociales, intrim et CDD, mini-jobs et midi-jobs (cf. encadr 2).

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    Taux d'activit (15 64 ans) Hommes Femmes 55 64 ans

    Donnes trimestrielles

    Encadr 2 : mini-Jobs, midi-Jobs, ein euro JobsMini-jobs et midi-jobs dsignent des contrats salaire modr, qui correspondent un faible nombre d'heures tra-vailles. Les mini-jobs existaient avant les lois Hartz, la loi Hartz II a augment leur plafond maximum de salaire de 325 400 mensuel et a cr un chelon suprieur, les midi-jobs, avec une limite de salaire de 800 a.

    Les mini-jobs sont soumis des cotisations sociales salariales nulles ou rduites. Le taux de cotisations patronales pourun emploi rmunr en-dessous de 400 mensuel est suprieur celui d'un emploi salari normal (environ 28 % aulieu d'environ 20 %, taux de cotisation patronal de droit commun). Une personne en mini-job n'a pas de droit au chmageet elle a des droits optionnels la retraite : si le salari en mini-job le souhaite, il peut s'acquitter d'une cotisation-retraiterduite de 4,9 % qui ouvre des droits similaires aux cotisations de droits communs. Un emploi mini-job n'ouvre pas dedroits maladie dans la mesure o l'employeur ne verse pas de cotisations sociales l'assurance-maladie. La personnepeut nanmoins bnficier d'une couverture maladie si elle a une autre activit qui lui ouvre des droits ou si elle reoitdes droits d'une autre personne de sa famille.

    Les midi-jobs sont soumis un barme progressif de cotisations sociales jusqu' atteindre le taux plein lorsque le salaireatteint 850 . Une personne en midi-job a globalement les mmes droits qu'un salari soumis pleinement cotisationssociales.

    Une croissance marque de ces dispositifs, ainsi que des ein-euro jobs (dispositif d'insertion dans le secteur non mar-chand cr par la loi Hartz IV dans lequel le bnficiaire continue de percevoir son allocation en plus d'une compensation d'au moins un euro de l'heure pour un travail d'utilit publique), peut tre observe depuis 2004 :

    les effectifs en mini-jobs exercs en sus d'une activit rmunre (dj comptabiliss dans les chiffres d'emploi dufait de leur activit principale) ont fortement progress, de 840 000 personnes, passant de 1,69 million de personnesen 2004 2,53 millions en 2011 ; ceux exercs comme seule activit ont en revanche augment de seulement 81 000entre 2004 et 2011 ( 4,9 millions, dont 66 % de femmes) ;

    les effectifs en midi-jobs ont cr de 1,19 million en 2007 1,37 million en 2011 (dont 74 % de femmes) ;

    ds leur premire anne pleine d'existence, en 2005, les personnes occupants des ein-euro-jobs ont t plus de200 000 ; le dispositif a continu de monter en charge jusqu'en 2009, avec plus de 320 000 emplois de ce type, puis aenregistr un fort recul en 2011, 188 000.

    a. Au 1er janvier 2013, le plafond de mini-job a t relev 450 , celui des midi-job 850 .

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.4

    3. Les tudes disponibles concluent globalement un impact significatif des rformes pour rduire le chmagestructurel et inciter au retour l'emploi

    Les rformes Hartz, ainsi que les autres rformes structu-relles prises au cours de la dcennie 2000, avaient pourfinalit de rduire le taux de chmage structurel, c'est--dire le taux de chmage qui est atteint lorsque l'conomieest son niveau d'quilibre (niveau d'utilisation moyen aucours du cycle conomique des capacits de production).

    Au regard des estimations disponibles, notammentcelles des organisations internationales, le chmagestructurel se serait repli en Allemagne depuis lemilieu de la dcennie 2000 (cf. graphique 2). Cetteanalyse est confirme par la forte baisse du taux dechmage sans que le taux d'emploi vacant n'augmentesignificativement. La courbe de Beveridge illustre ce phno-mne en s'tant dplace vers la gauche (cf. graphique 3),traduisant un meilleur appariement entre offre et demandesur le march du travail.

    Le rle jou par les rformes Hartz dans ces volu-tions reste toutefois difficilement quantifiable.

    Graphique 2 : NAIRU et NAWRU3

    Sources : OCDE, Commission europenne, Destatis.

    Graphique 3 : courbe de Beveridge

    Source : Bundesagentur fr Arbeit, dernier point : janvier 2013.

    3.1 Les valuations macroconomiques desrformes Hartz concluent globalement un impactsignificatif dans le sens d'une rduction duchmage structurel et d'un accroissement de laparticipation au march du travailLes tudes macroconomiques disponibles indiquent deseffets positifs de ces rformes sur le march du travail alle-mand.

    Hertweck et Sigrist4 indiquent une amlioration de l'appa-riement entre l'offre et la demande de travail. Depuis 2005,les flux d'entre au chmage n'expliqueraient plus que lamoiti des variations du taux de chmage, contre 60 %jusqu'au dbut des annes 2000. Ceci signale la fois unaccroissement des flux de sortie du chmage et des pertesd'emploi devenues moins cycliques.

    Les tudes de Fahr et Sunde5 et Klinger et Rothe6 corrobo-rent cette analyse. En estimant des fonctions d'appariement,elles indiquent que les trois premiers volets des rformesHartz auraient acclr le processus d'appariement sur lemarch du travail avec une rduction de la dure moyennede chmage de l'ordre de 20 %. Selon la premire tude,l'impact est plus fort dans l'industrie ; et la rorganisationdu service public de l'emploi (Hartz III) accrot les effetspositifs des rformes Hartz I et II. Selon la deuxime tude,les chmeurs de longue dure ont plus bnfici desrformes Hartz que les chmeurs de courte dure : aprsles rformes, le fait d'tre au chmage depuis plus d'un ana un moindre impact ngatif sur le retour l'emploi.Toujours selon Klinger et Rothe, les effets positifs desrformes sur le march du travail auraient continu monter en charge pendant la crise, ce qui aurait contribuau quasi-maintien de l'emploi sur cette priode(cf. partie 5).

    Enfin, en rformant le rgime d'assistance chmage, HartzIV a accru les incitations travailler. Ainsi, les chmeursauraient accru leurs recherches d'emploi (candidaturesspontanes,) et accept davantage de concessions sala-riales lors des entretiens d'embauches selon l'enquteralise par Kettner et Rebien7. Les changements dans lecomportement d'inscription au chmage induits par cetterforme (cf. encadr 3) rendent cependant difficilel'valuation de ce 4e volet. Les seules tudes disponiblesreposent ainsi sur des simulations ex ante qui indiquentque les effets de Hartz IV seraient positifs sur l'emploi maisd'une ampleur relativement incertaine.

    (3) Le NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) est le taux de chmage n'augmentant pas le rythme de l'inflation. LeNAWRU (Non-accelerating wage rate of unemployment) est le taux de chmage ne provoquant pas une acclration des salaires. Lesdeux concepts sont proches et sont tous deux utiliss comme une mesure du taux de chmage structurel.

    5,0

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    1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011NAIRU (OCDE) NAWRU (Commision europenne) Taux de chmage (BIT)

    Taux en %

    0,4

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    6 7 8 9 10 11 12 13Taux de chmage (concept national, en %)

    2000

    2002

    2004

    2006

    2010

    20092011

    janvier 2013

    Mise en place des rformesHartz IV ; hausse statistique du nombre de chmeurs cf. encadr

    Translation vers la gauche de la courbe de Beveridge, illustrant l'amlioration du processus d'appariement sur le march de l'emploi

    Postes vacants / population active (en %)

    (4) Hertwerck, M. et O. Sigrist, (2012), "The Aggregate Effects of the Hartz Reforms in Germany", Working Paper Series 2012-38,University of Konstanz, Department of Economics.

    (5) Fahr R. et U. Sunde, (2006), "Did the Hartz Reforms speed-up job creation? A macro-evaluation using empirical matchingfunctions", IZA Discussion Paper No 2470, Bonn.

    (6) Klinger S. et T. Rothe, (2010), "The impact of labour market reforms and economic performance on the matching of short-term and long-term unemployed", IAB-Discussion Paper, Nr. 29/2007, Nrnberg.

    (7) Kettner A. et Rebien S., (2007), "Hartz IV-Reform : Impulse fr den Arbeitsmarkt", IAB-Kurzbericht N.19-2007, Nrnberg.

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.5

    Le modle de micro-simulation de Franz et al.8 indique queles changements d'offre de travail induits par Hartz IV pour-raient engendrer la cration de 45 000 emplois supplmen-taires une fois le bouclage macroconomique pris encompte. En comparant la gnrosit des transferts auxpersonnes prives d'emploi dans diffrents pays, l'OCDE9

    estime que cette rforme aurait des effets bien plus impor-tants en permettant une baisse du taux de chmage struc-turel de 0,5 point. Enfin, Krebs et Scheller10 valuent cettebaisse 1,4 point en utilisant un modle de marchs incom-plets avec chmage frictionnel calibr sur l'conomie alle-mande.

    Ces analyses ne permettent pas toutefois de mesurerla qualit des emplois crs et leur prennit(cf. partie 4).

    3.2 Les valuations microconomiques desrformes Hartz ont mis en vidence quel'accompagnement des demandeurs d'emploi et lesemplois aids dans le secteur marchand ont aidsingnificativement le retour lemploiLes rformes Hartz III et IV ont permis d'augmenter letemps consacr chaque chmeur par son conseiller :celui-ci aurait en moyenne doubl entre 2004 et 2009. Lerenforcement de l'accompagnement aurait permisd'acclrer leur retour l'emploi engendrant des cono-mies suprieures aux dpenses additionnelles engagesselon le rapport d'valuation de la rforme Hartz IV11. Lessubventions aux emplois dans le secteur marchand(Eingliederungszuschsse) ont par ailleurs un effet impor-tant sur le retour l'emploi au niveau individuel. Bernhardet al.12 estiment en effet que les chmeurs de longue durebnficiaires de ce type de contrat, d'une dure de 4 6mois, ont une probabilit de 70 % d'tre encore en emploivingt mois aprs l'entre dans le dispositif contre seulement30 % pour des demandeurs d'emploi ayant des caractristi-ques semblables mais n'ayant pas bnfici du dispositif.Toutefois, cet effet important au niveau individuel masquesans doute des effets d'aubaine pour les employeurs(l'embauche aurait t ralise sans subvention) et des

    effets de substitution (en l'absence de subvention,l'employeur aurait embauch une autre personne).

    Les stages en entreprise (betriebliche Trainingsmass-nahmen) et l'aide la cration d'entreprise(Grundungszuschsse) ont galement un effet importantsur la sortie du systme d'allocation : Jozwiak et Wolff13

    estiment l'effet du premier dispositif des valeurscomprises entre 13 et 19 points de pourcentage de plus surla probabilit de sortie du systme d'allocation, selon lessous-populations, valeurs atteintes rapidement et relative-ment stables dans le temps. Nivorozhkin et Wolff14 valuentl'effet du deuxime instrument 20 points de pourcentageen moyenne vingt mois aprs l'entre dans le programme.L'effet des dispositifs de formation continue (Frderung derberuflichen Weiterbildung) peut tre significatif (jusqu'13 points de pourcentage) mais ne se manifeste enmoyenne que 2 ans et demi aprs l'entre dans le dispositif(Bernhard et Kruppe15).

    L'orientation vers un oprateur priv de placement, les formations courtes (rdaction d'un C.V., prparationd'entretien, cration d'entreprise,) et les Ein-Euro-Jobsont en revanche des effets dcevants (cf. Bernhard etWolff16 ; Wolff et Jozwiak17 et Hohmeyer et Wolff18), ce quipourrait s'expliquer avant tout par un ciblage encoreperfectible. L'impact des diffrents dispositifs est en effetpositif et lev pour les demandeurs d'emploi faisant face des obstacles importants la rinsertion (les personnesplus ges, celles n'ayant pas de diplme, les immigrs, leschmeurs depuis plus de deux ans, ou encore les Allemandsde l'Est)19 et les personnes orientes vers les diffrentsprogrammes ne sont en gnral pas celles sur lesquellesson effet potentiel est important (cf. Huber et al.20).Enfin, le rapport d'valuation des lois Hartz I III remis auParlement en fvrier 2006 a conduit la suppression desagences d'intrim rattaches aux agences du service publicde l'emploi (Personal Service Agenturen). En effet, celles-ci ne permettaient pas dacclrer le retour lemploimalgr leur cot important.

    (8) Franz W., N. Guertzgen, S. Schubert et M. Clauss, (2011), "Assessing the employment effect of the German welfare reform:an integrated CGE-microsimulation approach", Applied Economics, Volume 44, Issue 19, pages 2403-2421.

    (9) Economic Survey: Germany (2008), OECD, Paris.(10) Krebs T. et M. Scheffel, (2013), "Macroeconomic evaluation of labor market reform in Germany", IMF Working Paper WP/

    13/42.(11) Voir Bundesministerium fr Arbeit und Soziales, (2008), "Endbericht zur Evaluation der Experimentierklausel nach $6c-

    SGBII", Berlin, 9 dcembre 2008 et ZEW, IAQ, TNS Emnid, "Abschlussbericht - Untersuchungsfeld 3: Wirkungs- undEffizienzanalyse", Projekt Nr. 01/06, Mannheim, Gelsenkirchen, Bielefeld, Mai 2008.

    (12) Bernhard S., M. Brussig, H. Gartner et S. Gesine, (2008), "Eingliederungszuschsse fr ALG-II-Empfnger: Gefrdertehaben die besseren Arbeitsmarktchancen", IAB-Kurzbericht, Nr.12-2008, Nrnberg.

    (13) Jozwiak E. et J. Wolff, (2007), "Wirkungsanalyse : Kurz und bndig - Trainingsmassnahmen im SGB II", IAB-Kurzbericht,Nr.24/2007, Nrnberg.

    (14) Nivorozhkin A. et J. Wolff, (2008), "Start me up: The effectiveness of a self-employment programme for needy unemployedin Germany", IAB-Diskussion Paper, Nr. 20/2008, Nrnberg.

    (15) Bernhard, S. et T. Kruppe, (2012), "Effectiveness of further vocational training in Germany", IAB-Discussion Paper, Nr.10/2012, Nrnberg.

    (16) Bernhard S. et J. Wolff, (2008), "Contracting-out placement services in Germany. Is assignment to private providers effectivefor needy job-seekers?", IAB-Discussion Paper, Nr. 05/2008, Nrnberg.

    (17) Wolff J. et E. Jozwiak, (2007), "Does short-term training activate means-tested unemployment benefit recipients inGermany?", IAB-Discussion Paper, Nr. 29/2007, Nrnberg.

    (18) Hohmeyer, K., Wolff, J., (2007), A fistful of Euros, "Does One-Euro-Job participation lead means-tested benefit recipientsinto regular jobs and out of unemployment benefit II receipt ?", IAB Discussion paper, N32/2007, Nrnberg.

    (19) Voir notamment la synthse de Heyer, G., S. Koch, G. Stephan, J. Wolff, (2011), "Evaluation der aktiven Arbeitsmarktpolitik",IAB-Discussion Paper Nr. 17/2011, Nrnberg.

    (20) Huber M., M. Lechner, C. Wunsch et T. Walter, (2009), "Do German Welfare-to-Work Programmes Reduce Welfare andIncrease Work ?", IZA Discussion Paper No. 4090, Bonn.

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.6

    4. Ces bonnes performances sur le front de l'emploi se sont accompagnes d'une hausse des ingalits et de lapauvret

    Si l'valuation de l'effet des rformes Hartz sur la pauvretet les ingalits est rendue relativement difficile par la raretdes donnes et des travaux sur le sujet, le simple examen del'volution des ingalits et de la pauvret en Allemagnepeut donner des clairages, notamment en l'inscrivant dansune perspective temporelle plus longue ou en la comparant d'autres pays.

    Depuis le dbut des annes 2000, les ingalits derevenus au sein de la population en ge de travailleront fortement augment en Allemagne, notamment surla premire moiti de la dcennie, annes de mise en uvrede l'essentiel des rformes Hartz. Le coefficient de Gini21

    pour les revenus aprs redistribution, a progress de2,6 points passant de 26,2 en 2000 28,8 en 2005. Cemouvement s'est prolong depuis, 29,2 en 2008. Lerapport inter-dcile22 est pass de 3,2 3,5 entre le milieudes annes 1990 et 2008 en Allemagne. Enfin, l'Allemagneest un des rares pays de l'OCDE o le revenu mdian rel astagn entre le milieu des annes 1990 et le milieu desannes 2000 et o le revenu rel des mnages du quintileinfrieur a diminu sur la mme priode (0,3 % enmoyenne par an)23.

    Le taux de pauvret, notamment des personnes enemploi, a galement augment, tout particulire-ment au dbut des annes 2000 : entre 2000 et 2005, le

    taux de pauvret au seuil de 60 % du niveau de vie mdiana cr de 2,2 points, de 12,5 % 14,7 % alors qu'il fluctuaitautour de 12 % depuis la dcennie 1980. Les rformesHartz ont notamment accru l'offre d'emploi trs faibletemps de travail ce qui a entran une augmentation du tauxde pauvret des personnes en emploi. Entre 2004 et 2006,ce taux est pass de 4,8 % 7,5 % (cf. graphique 4).

    C'est pour les chmeurs que l'augmentation de lapauvret a t la plus marque : leur taux de pauvret aaugment, passant de 41 % en 2004 68 % en 2010(cf. graphique 5). Cette volution reflte probablement lafois un effet de structure (sorties du chmage davantageconcentres dans des mnages au-dessus du seuil depauvret, passage de l'inactivit au chmage de personnessous le seuil de pauvret) et l'effet de la baisse des revenusde remplacement pour les chmeurs de longue dure(rforme Hartz IV). Une part importante des chmeurs delongue dure demeure en effet trs difficile rinsrer.Ainsi, sur les 3,34 millions d'allocataires de l'Arbeitslosen-geld II la fin janvier 2011, plus de 40 % (1,42 million)l'taient sans interruption depuis 2005. Prs de deux tiersd'entre eux ont retrouv un emploi durant cette priodemais avec un nombre d'heures ou un salaire horaire insuf-fisant pour atteindre le niveau du revenu minimum garanti(Arbeitslosengeld II).

    (21) Le coefficient de Gini permet de mesurer de faon synthtique les ingalits en donnant une mesure de concentration desrevenus. Il est compris entre 0 (parfaite galit) et 100 (concentration de l'ensemble des revenus chez un seul mnage).

    (22) Cet indicateur rapporte le seuil de niveau de vie au-del duquel se situent les 10 % les plus riches celui en-de duquel sesituent les 10 % les plus pauvres.

    (23) OCDE, (2008), Croissance et ingalits, Distribution des revenus et pauvret dans les pays de l'OCDE.

    Graphique 4 : taux de pauvret des personnes en emploi (en %) Graphique 5 : taux de pauvret des personnes au chmage (en %)

    Source : EU-SILC (Survey on Income and Living Conditions).Notes : Le taux de pauvret correspond la part de personnes dont le niveau de vie (aprs redistribution) se situe en-dessous du seuil de pauvret (60 % duniveau de vie mdian). Les donnes ne sont disponibles pour l'Allemagne qu' partir de 2004. Il existe une rupture de srie en 2007 pour la France.Lecture : En 2010, le taux de pauvret des personnes en emploi (resp. au chmage) en Allemagne est de 7,7 % (resp. 67,8 %).

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    2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010Allemagne France UE 27

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    5. La bonne sant actuelle du march de l'emploi allemand tient vraisemblablement aux rformes menes dansles annes 2000 mais galement la qualit du dialogue social qui a permis le dveloppement de dispositifs deflexibilit interne

    Durant la crise conomique, le march du travailallemand a fait preuve d'une trs grande rsi-lience24. Le taux de chmage (au sens du BIT) n'a quasi-ment pas augment, passant de 7,5 % en 2008 7,8 % en2009, contrairement ce qui s'est pass dans les autresgrands pays dvelopps et ceci alors mme que l'activits'est trs fortement contracte en Allemagne (6,8 % entreles premiers trimestres de 2008 et de 2009) et que la popu-lation active a continu de progresser25. Au total, la rsis-tance de l'emploi et du chmage sur la priode a t remar-quable. Cette analyse n'est pas remise en cause par letraitement statistique spcifique qui a contribu rduiredurant la crise le chmage mesur selon le concept national(cf. encadr 3).

    Cet ajustement du march du travail a t ralis enpartie par la baisse des heures travailles par tte :il a t rendu possible par diffrents canaux dont le plusemblmatique correspond l'extension de l'activitpartielle (Kurzarbeit) qui expliquerait elle-seule 29 % dela baisse des heures travailles par tte entre 2008 et200926. L'utilisation des comptes pargne-temps (21 %), larduction du temps de travail hebdomadaire rglement(25 %) et la moindre utilisation des heures supplmen-taires (25 %) sont les autres facteurs explicatifs. Pourautant, la masse salariale est reste stable en 2009, de sorteque le maintien de l'emploi s'est opr au dtriment desmarges des entreprises (cf. graphique 6), qui avaient sensi-blement progress pendant la priode pr-crise.

    Les rformes Hartz ont pu en partie contribuer larsilience de l'emploi en Allemagne. Outre leurs effetssur l'efficacit de l'appariement sur le march du travail(cf. partie 3), ces rformes ont en effet pu favoriser lamodration salariale au travers du durcissement des sanc-tions et des contrles (Hartz IV), des incitations au retour lemploi (qui diminuent le salaire de rservation) et du faitdu dveloppement de nouveaux instruments de politiqueactive du march du travail (mini-jobs, midi-jobs, ein-euro jobs) entranant une pression la baisse sur lessalaires.Graphique 6 : dcomposition de la croissance de la valeur ajoute en valeur

    Sources : Destatis, calculs DG Trsor.

    (24) Ziemann, V. (2010), Qu'est ce qui explique la rsistance de l'emploi en Allemagne ? , Trsor-co No 79.(25) Un choc ngatif sur l'activit s'accompagne souvent d'une baisse de la population active en raison de l'apparition de chmeurs

    dcourags qui quittent, du moins temporairement, le march du travail (effet dit de flexion ).(26) Frhaut, P. (2012) Chmage partiel, activit partielle, Kurzarbeit : quelles diffrences entre les dispositifs publics franais et

    allemand ? , Trsor-co No 107.

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    2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011Salaire horaire Heures travailles par tte EmploiExcdent Brut d'Exploitation Valeur ajoute

    Encadr 3 : Effets statistiques sur la mesure du chmageIl existe deux mesures du chmage en Allemagne. Le concept national du chmage est une mesure administrative del'effectif de demandeurs d'emploi inscrits l'agence pour l'emploi allemande (Bundesagentur fr Arbeit, BA). Le ch-mage au sens du BIT est au contraire calcul partir d'une enqute, harmonise au niveau europen (l'enqute sur lesforces de travail, EFT, dont la dclinaison franaise est l'enqute emploi).Les sources d'volutions diffrencies entre les deux mesures du chmage sont multiples. D'une part, la mesure admi-nistrative est dpendante des rgles de gestion de l'agence pour l'emploi alors que le chmage au sens du BIT volue uni-quement avec la conjoncture du march du travail. D'autre part, les concepts diffrent assez fortement. Ainsi, estcomptabilise comme chmeur au sens national toute personne (i) qui est inscrite la BA, (ii) qui travaille moins de 15hpar semaine, (iii) et qui dsire travailler plus. Un chmeur au sens du BIT est une personne en ge de travailler (i) qui n'apas travaill, ne serait-ce qu'une heure durant la semaine de rfrence, (ii) qui est disponible rapidement pour prendre unemploi, (iii) et qui recherche activement un poste. Un chmeur au sens du BIT ne sera pas forcment inscrit la BA, et unepersonne inscrite la BA pas ncessairement chmeur au sens du BIT.Le chmage au sens national, et dans une moindre mesure celui au sens du BIT, ont t affects par des chocs purementstatistiques au cours de la dcennie 2000. Ainsi, par un effet statistique mcanique, la rforme Hartz IV a fortement et ins-tantanment accru le nombre de demandeurs d'emploi inscrits la BA (+12,9 % entre dcembre 2004 et janvier 2005).Cette volution fut beaucoup commente outre-Rhin puisque, pour la premire fois, le chmage dpassait la barre des5 millions de personnes. Elle s'explique essentiellement par l'extension de l'obligation d'inscription comme demandeurd'emploi pour de nombreux bnficiaires de l'aide sociale (ainsi que pour les ayants-droit des allocataires). Cette mesurene modifiant que progressivement et dans une ampleur bien moindre les comportements de recherche d'emploi, le ch-mage au sens du BIT n'a pas connu cette mme hausse. l'inverse, durant la crise, un artfact statistique a contribu limiter la hausse du chmage au sens national : compterdu 1er janvier 2009, les personnes ges de plus de 59 ans ayant recherch un emploi sans succs durant au moins un an,ainsi que les personnes bnficiant d'aides ou de certaines formations continues spcifiques, n'ont plus t comptabili-ses comme chmeurs par la BA.Par ailleurs, plusieurs modifications successives de l'enqute EFT sont venues depuis 2005 corriger la baisse une sures-timation de l'effectif de chmeurs au sens du BIT : (i) le questionnaire a t modifi plusieurs reprises entre 2005 et 2009afin de mieux prendre en compte les personnes ayant un emploi temps trs partiel ; (ii) il l'a galement t en 2009 afinde mieux apprhender le critre de recherche active d'emploi. Ces deux modifications auraient contribu rduire artifi-ciellement le taux de chmage, la premire de l'ordre de 0,2 point sur la priode 2005-2009 et la seconde de l'ordre de 0,1point en 2009. Ces effets, d'ampleur modeste, ne remettent pas en cause les diagnostics d'une importante rduction duchmage depuis 2005 et d'une forte rsilience du march du travail pendant la crise.

  • TRSOR-CO n 110 Mars 2013 p.8

    diteur :

    Ministre de lconomie etdes Finances et Ministredu Commerce Extrieur

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    Fvrier 2013n109. L Asie lhorizon 2020 : modles de croissance et dsquilibres

    Stphane Colliac

    Janvier 2013

    n108. Le financement du commerce international lors de la crise de 2008 : constats et perspectives

    Arthur Sode

    Novembre 2012

    n107. Chmage partiel, activit partielle, Kurzarbeit : quelles diffrences entre lesdispositifs publics franais et allemand ?

    Perrine Frhaut

    Octobre 2012

    n106. Les autorits montaires doivent-elles ragir aux variations du prix du ptrole ?

    Violaine Faubert

    http://www.tresor.economie.gouv.fr/tresor-eco

    La modration salariale a galement t favorisepar la qualit du dialogue social allemand, qui a auto-ris la flexibilit dans le cadre des conventions collectives etgalement par la hausse de la part des salaris noncouverts par des conventions. D'aprs l'OCDE27, lesrformes limitant les possibilits de dpart anticip enretraite ont galement pu jouer un rle dans la rsistance del'emploi : elles auraient conduit les syndicats ne pasaccepter de licenciements aussi facilement qu'au cours desprcdents pisodes rcessifs. Le taux de chmage des 55-64 ans a ainsi diminu et leur taux d'emploi a augmentdurant la crise.

    En 2010/2011, la reprise sans emploi (jobless reco-very), un moment attendue, ne s'est pas matria-lise. Cette crainte a rapidement t dissipe notamment enraison du rebond trs marqu de l'activit. Ainsi, au cours

    de la reprise de 2010, les entreprises ont dans un premiertemps donn la priorit la restauration du nombred'heures travailles des personnes dj en poste, modrantla croissance de l'emploi (+0,6 % en 2010). En 2011, larestauration du nombre d'heures travailles par tte tantacheve, l'emploi a plus nettement progress (+1,4 %) et aatteint un niveau record avec plus de 41 millions depersonnes (cf. graphique 7). En parallle, le nombre dedemandeurs d'emploi a repris sa tendance bais-sire. Il est pass sous le seuil des 3 millions depersonnes et le taux de chmage est dsormais sonplus bas niveau depuis 1992. En 2012, le ralentissementde l'activit s'est traduit par une baisse des crationsd'emplois mais le taux de chmage (BIT) a continu dediminuer (cf. graphique 8).

    Flore BOUVARD, Laurence RAMBERT,Lucile ROMANELLO, Nicolas STUDER

    (27) Hfner, F. et C.Klein (2012), "The German Labour Market : Preparing for the Future", OECD Economics DepartmentWorking Papers, No. 983, OECD Publishing.

    Graphique 7 : emploi total (en milliers, cvs) Graphique 8 : taux de chmage (BA et au sens du BIT, en % de la pop.active)

    Source : Destatis ; dernier point : janvier 2013. Source : Destatis ; derniers points : fvrier 2013 (concept national),janvier 2013 (concept BIT).

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    Taux de chmage (concept national, cvs) Taux de chmage (concept BIT, cvs)