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Trait d’Union N o 187 - 1-2011 Bulletin de l’Association romande des correctrices et correcteurs d’imprimerie et de l’Association suisse des typographes 67 e assemblée générale de l’Arci Saint-Ursanne, 14 mai 2011

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Trait d’Union

No 187 - 1-2011

Bulletin de l’Association romande des correctrices et correcteurs d’imprimerie

et de l’Association suisse des typographes

67e assemblée généralede l’Arci

Saint-Ursanne, 14 mai 2011

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Billet du trésorier . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Billet du président . . . . . . . . . . . . . . . 2

Les membres de A à Z . . . . . . . . . . . 3

Comptes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Les autodidactes… . . . . . . . . . . . . . . . 9

Qui lit petit lit toute sa vie . . . . . . . . 12

La ville de Berne bannit les expressions sexistes . . . . . . . . . . 16

«Chroniques typographiques illustrées» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

«Merde est un mot splendide» . . . 20

Quand l’annuaire s’emmêle . . . . . . . 25

Les ambitions numériques des Archives fédérales suisses . . . . . 26

Plurilinguisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Mots croisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Solution des mots croisés . . . . . . . . 32

Sommaire

Illustration de couverture :La charmante ville de Saint-Ursanne

Ci-dessus :Deux vues de Saint-Ursanne

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Billet du trésorier

1

a situation financière de notre association n’est pas brillante depuis plusieurs années et on accumule les déficits. La fortune à fin 2010 s’élève encore àFr. 15998.65.

En 2009, on a enregistré un déficit de Fr. 2821.10. Lors de notre assemblée deNeuchâtel, le débat fut vif pour trouver des solutions pour assainir nos finances et per-mettre à l’Arci de poursuivre ses activités. Il a été décidé notamment de continuer lapublication du Trait d’Union sous forme papier (4 fois par année) en choisissant uneimpression numérique qui est nettement plus économique. Le comité a également étéchargé de trouver une solution pour le site arci.ch qui a été entièrement repensé dans lecourant de l’année 2009. Les frais du maintien de ce site seront dès 2011 de Fr. 1000.–par année au lieu de Fr. 1600.– en 2009. Cela ne se répercute pas encore sur les comp-tes 2010 qui sont soumis à l’assemblée 2011 à Saint-Ursanne. Les frais de comité ont étéégalement réduits en ne donnant plus d’indemnités à ses membres. De l’avis du comité,ces mesures ne suffiront pas à assainir la situation et il a été proposé à l’assemblée uneaugmentation des cotisations dès 2011. Les nouvelles cotisations, pour lesquelles voustrouverez ci-joint un bulletin de versement, sont les suivantes :

– Membres actifs Fr. 60.–– Membres sympathisants Fr. 35.–– Membres Arci +AST Fr. 35.–– Membres retraités Cotisation libre à bien plaire

Nous vous remercions de bien vouloir vous acquitter de cette cotisation dans le délaistatutaire du 31 mai 2010.

Pour 2010, le déficit est encore de Fr. 2084.50. L’augmentation des cotisations décidée permettra une amélioration des comptes d’environ Fr. 2500.–.

Nous sommes persuadés que ces décisions seront acceptées par l’ensemble de nosmembres, car elles permettent le maintien des activités de l’Arci sans changement.

Michel Pitton, trésorier

L

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Billet du président

l est en train d’arriver, le joli mois demai. Ça veut dire que c’est bientôt l’as-semblée générale de l’Arci, qui aura lieu

cette année à Saint-Ursanne, chez lesJurassiens. C’est un ravissant bourg médié-val dont vous pouvez apprécier une vue àla une de ce bulletin. La troisième AGsous ma présidence – on ne s’en lasse pas,je vous assure. C’est Marcel Odiet qui aorganisé cette rencontre en très petitcomité. Peu de collègues se sont annoncéspour l’aider, Michel Pitton a même dûmonter de Lausanne. C’est un peu inquié-tant.

Nous voulions rendre la maquette duTU plus attrayante mais le projet a pris duretard. Tout cela est un peu fastidieux.Nous tâcherons de réaliser cette maquetteen 2011, mais ce ne sera pas pour cenuméro-ci. Alexandre Jacquier, avecl’aide de Michel Christinat à la mise en page, tient notre petit journal à boutde bras, et, ma foi, ils ne s’en sortent pastrop mal, malgré quelques couacs. Merci àtous les deux, merci aussi à RogerChatelain, André Panchaud, EtienneBourgnon, que l’on retrouve très souventdans ces colonnes. Et longue vie au Traitd’Union !

Merci aussi aux nombreux journalistesà qui nous empruntons moult textes, maisjustement, nous préférerions publier de lamatière émanant de «professionnels de laprofession», vous, en somme. Et je suis sûr

qu’il y a bien des signes qui dorment aufond des tiroirs. Aidez-nous à faire mieux!

Notre comité ne se porte pas trop mal,mais j’ai un scoop, comme on dit en bonfranglais : Rémy Bovey souhaite passer lamain, alors autant ameuter la populationdès maintenant, nous cherchons un secré-taire aux verbaux, qu’on se le dise !

Cet été, l’Arci est l’invité d’honneur dela Fête du livre de Saint-Pierre-de-Clages.Notre stand, situé au centre de la fête, serabien entendu tenu par le duo MichelPitton/Marcel Odiet – on ne change pasune équipe qui gagne – avec la partici-pation d’Encre et plomb, comme l’andernier. Je vous encourage vivement àfaire un tour à la Fête du livre cet été (26-28 août), histoire de soutenir nosvaleureux amis.

Mais, dans l’intervalle, bienvenue àSaint-Ursanne !

Olivier Bloesch,président

I

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Les membres de A à ZIl s’agit ici de la liste des membres actifs. Selon décision du comité, nous ne publions

plus la liste des sympathisants, ainsi que les adresses des membres actifs.

Abbet VéroniqueAbd-Rabbo CécileAlborgetti AndréAugiey Marc

Bacuzzi DonaldBaillod LiseBalzer AlbertBaudat AndréBeausire PierreBenz BrunoBerguerand PauletteBernasconi RogerBigler YvanBiolley CharlesBloesch OlivierBochud GeorgesBoegli HélèneBonny ChantalBoo RémyBorgeaud PhilippeBouaïfer SadjiaBouchard Jean-FrançoisBovey RémyBrandt ColetteBrochellaz DanielBüchel Marie-Claire

Cadury KatherineCarron BernardCarron FleurineCattin FrancisChallet AurèleCharrière Pierre-André

Chatelain RogerChevalley MarieChriste JosephChristinat MichelClerc JacquesCollet SimoneComte DominiqueCorpataux EricCorthésy GastonCouchepin Renée-ClaireCrittin Gabrielle

Dafflon BernadetteDe Munari RobertoDéchanez BernardDéglon SergeDemierre ChantalDevaux MauriceDolivo Sonia et EloiDonzallaz MichelDrandic CorinneDroz ChristianeDunghi GiuseppeDuriaux ElianeDuruz Michel

Fagnoni RenéFavre Claude-HenriFlück MauriceFournier FrancisFournier RogerFrings Bernard

Gendre Frédéric

Glanzmann JacquesGobalet ElisabethGraber BéatriceGrun Albert

Henneberger CharlesHertig MichèleHonegger ChloéHuguenin Noël

Jaccoud MichelJacquier AlexandreJaques VincentJeanbourquin GervaisJeandupeux SylvieJoliat MarcelJolidon EtienneJoly Raymond

Kaehr MarcelKneuss BrunaKrebs Carole

Lambert GeorgesLathion AndréLeemann Husler MagaliLeroy AnneLoye Paul-AndréLüthi Pierre

Marquis Jean-FrançoisMartin MarcelMaternini GuidoMauron Bernard 3

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Membres d'honneurRoger Chatelain, Germaine Vaucher

1971 Roger Wannaz1973 Jacques Glanzmann1974 Pierre Beausire1975 Gaston Corthésy

Charly PassaplanBernard Porchet

1978 Georges Lambert

1981 Bernard Déchanez1982 René Lelarge1984 Roger Chatelain1985 Roger Bernasconi

Charles HennebergerNoël HugueninArmand Monnard

Membres honoraires (20 ans de société ou 10 ans de comité)

4

Monnard ArmandMonnard Jean-LucMonnier ClaireMorisod Jean-DanieMottaz DominiqueMustad ChristinaMützenberg Jean-CharlesMützenberg Jean-Daniel

Nickel HermannNiquille Francis-Antoine

Odiet MarcelOthenin-Girard Michel

Panchaud AndréPassaplan CharlyPhilippe Jean-JacquesPhilipps PatriciaPidoux DanielPiller Marie-Françoise

Pitton Blaise MichelPochon FabiennePorchet Bernard

Ramel EdwinRemion BernardRey GilbertRichard Pascal SteeveRihs SoniaRochat GisèleRossel BernardRöthlisberger MichelRoulet Claude-Alain

Schapfl WaldemarSchindelholz EricSchwerzmann René-ClaudeShabbir RuthSiegrist Jean-ClaudeSilberer ClaireSpichiger Michel

Stalder DanièleStauber Thérèse

Talleri VéroniqueTirefort Christian

Ulrich RenéUnger Maeva

Vallat CatherineVaquin ChristianVaucher GermaineVerducci AntoninoViredaz Michel

Wannaz RogerWeidmann JulieWerder MichaelWollner François

Zahnd JackieZurcher Marc

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Roger-Claude Schwerzmann1987 Jean-François Bouchard

Eric SchindelholzDaniel PidouxMichel Spichiger

1989 Maurice Flück1991 Jacques Clerc1992 Claude Alain Roulet1993 Michel Röthlisberger1994 Donald Bacuzzi1998 Albert Balzer

Christiane Droz1999 Georges Bochud

Philippe BorgeaudMichel Jaccoud

2000 Gilbert Rey2001 Serge Déglon

Marcel Kaehr Pierre Lüthi

2002 Etienne JolidonJackie Zahnd

2003 Francis Cattin2004 Lise Baillod

Joseph ChristeMarcel JoliatGermaine Vaucher

2006 Yvan BiglerOlivier BloeschColette BrandtMarie ChevalleyEric CorpatauxMaurice DevauxMichel DonzallazClaude-Henri Favre

Michèle HertigGuido MaterniniJean-Jacques PhilippeEdwin RamelGisèle RochatJean-Claude SiegristAntonino VerduciMichel ViredazMichael WerderMarc Zurcher

2007 Chantal DemierreMichel DuruzRaymond JolyBernard MauronMichel Othenin-GirardBernard RosselThérèse Stauber

2008 André Alborghetti Bruna KneussAndré Panchaud Claire Silberer

2009 Rémy Boo Bernadette DafflonFrancis FournierElisabeth Gobalet

2010 Bernard CarronRoberto De MunariAnne LeroyJean-Luc MonnardHermann NickelBlaise Michel PittonWaldemar Schapfl

2011 Vallat Catherine

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Rubrique Comptes 2010 Comptes 2009 Budget 20110

Cotisations 7520.— 7699.— 9500.—Publicité TU 600.— 575.— 600.—Intérêts de l’exercice 54.20 82.90 55.—

Recettes 8174.20 8356.90 10 155.—

Assemblée générale 529.70 340.— 1000.—Impression TU 4096.— 4332.70 4100.—Expédition TU 1670.50 2055.70 1800.—Village du livre 329.— 490.80 400.—Frais administratifs 59.90 910.20 100.—Frais de comité 345.50 823.30 500.—Vérification des comptes 205.80 77.20 250.—Cadeaux membres honoraires 216.— 56.— 100.—Frais postaux (hors TU) 116.60 203.50 150.—Frais généraux + imprimés 831.70 294.80 300.—Frais CCP et banque 185.70 153.90 180.—Site internet 1672.30 1439.90 1000.—

Dépenses 10258.70 11178.— 9880.—

ComptesCompte d’exploitation 2010 - 2009Budget 2011

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Compte de résultats 2010

Dépenses 10258.70Recettes 8174.20

Perte de l’exercice 2084.50

Bilan au 31 décembre 2010

Actifs Passifs

Caisse —.— Capital au 31.12.2009 18083.15Compte de chèques postal 4425.40 Déficit 2010 2084.50UBS 11573.65

15998.65 15998.65

Compte de capitalCapital au 31.12.2009 18083.15Déficit 2010 2084.50

Capital au 31.12.2010 15998.65

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Les autodidactes

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u’est-ce qu’un autodidacte ?

C’est, dit Littré, « celui quiapprend sans maître ». On ne

saurait être plus concis. Trop, peut-être.Nul ne peut apprendre sans maître. Dumoins sans se référer à des modèles. Ilimporte donc de préciser le propos.L’autodidacte n’est pas instruit, il est let-tré. On peut qualifier d’autodidacte celuiqui, n’ayant reçu qu’une instruction sco-laire sommaire, incomplète, lacunaire,s’est cultivé par lui-même, qui s’est fa-çonné, s’est « réalisé» au sens rynérien duterme.

« On dit d’une personne qu’elle estautodidacte quand elle s’est instruite elle-même, sans professeur. Dans la sociétéactuelle, c’est un des plus beaux éloges quel’on puisse faire d’un homme de dire quec’est un autodidacte. Car il faut unevolonté bien trempée et une intelligencede premier ordre pour triompher des diffi-cultés sans nombre que rencontre celuiqui, né de famille humble, veut enrichirson esprit de quelques connaissanceshumaines . »1

Les connaissances acquises par les auto-didactes – souvent issus de milieux modes-tes – sont celles que n’inculque jamaisl’école primaire, soucieuse surtout de pré-parer des cohortes de citoyens obéissants,de bons contribuables, de travailleursdociles et résignés.

Paul Léautaud, qui ne reconnaissaitqu’un seul savoir : celui de l’autodidacte,proclamait : «Qu’on laisse donc les gens setrouver, se découvrir, se perfectionnereux-mêmes, par leurs propres observa-tions, leurs propres réflexions. »

La philosophie scolastique (moyen par-ticulièrement ingénieux de penser fausse-ment, disait Bertrand Russell) n’est bonnequ’à former des penseurs académiques, desénarques et des technocrates. Sont-ils sifavorisés que cela, ces diplômés des gran-des écoles, ceux de qui Paul Valéry disaitque « le diplôme est l’ennemi mortel de laculture» ?

Le fin lettré Francis Conem affirmait :« J’aime les autodidactes en quelque do-maine que ce soit. Ils sont mes frères et jesuis de leur confrérie . »2

C’est qu’il importe de distinguer l’auto-didacte du self made man, littéralement«homme qui s’est fait lui-même», ex-pression employée à propos d’un individuqui ne doit sa réussite et son ascensionsociale qu’à ses propres moyens et ses seulsefforts. Il désigne le plus souvent l’arrivisteavide de profit. Ce n’est pas par hasard quele terme est américain tant il reflète bienla mentalité yankee. Le self made man estcelui qui a réussi, l’autodidacte celui quis’est réussi.

Nombre d’autodidactes sont nés dansun milieu pauvre où la lecture était peupratiquée, pour ne pas dire franchement

Q

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désapprouvée. Mais ces roturiers du savoiravaient acquis une expérience de la vie etdes gens bien supérieure à celle de beau-coup de privilégiés de l’instruction. Quede noms célèbres figurent parmi eux :Charlie Chaplin, Django Reinhardt, l’en-tomologiste J.-H. Fabre et, chez les écri-vains, Jack London, Maxime Gorki,Panaït Istrati, Jean Guéhenno, HanRyner, Eugène Le Roy, Lucien Descaves,les poètes Eugène Bizeau et PhiléasLebesgue, etc.

Pères Virgule : une générationspontanée

La corporation des Pères Virgule estcomposée d’éléments aussi disparates quepossible, venus de tous les horizons, ce quilui vaut l’appellation de « légion étran-gère» des métiers du livre. Bastion du syn-dicalisme révolutionnaire, le Syndicat descorrecteurs fut de tout temps le refuge denombreux camarades réfractaires, insou-mis, proscrits, condamnés politiques, ob-jecteurs de conscience, parmi lesquelsbeaucoup d’autodidactes, tels que :

Louis Lecoin (1888-1971), admis auSyndicat des correcteurs en 1928. L’in-fatigable combattant de la cause pacifisteavait obtenu du général de Gaulle le statuten faveur des objecteurs de conscience en1963, après une longue grève de la faim.Fondateur de la revue Défense de l’Hommeet du journal Liberté, il a publié deux

ouvrages autobiographiques : De prison enprison et Le cours d’une vie.

Louis Louvet (1899-1971). Admis auSyndicat des correcteurs en 1937. Il fitpartie du comité pendant treize ans.Organisateur des Causeries populaires etanimateur de plusieurs publications liber-taires : Controverse, Ce qu’il faut dire,Contre-Courant.

Georges Navel (1875-1993) eut une sco-larité très perturbée. Il rejoignit le Syn-dicat des correcteurs très tardivement, en1955, après avoir combattu dans les rangsanarchistes pendant la Révolution espa-gnole. Auteur des ouvrages Chacun sonroyaume, Travaux, Parcours, Sable etLimon.

Libertad (Joseph Albert dit), 1875-1908. Pupille de l’Etat et enfant terriblede l’anarchie, il avait connu la maison decorrection avant le cassetin des correc-teurs. Admis au Syndicat des correcteursen 1901. Correcteur à La Lanterned’Aristide Briand puis au Journal du Peupled’Emile Pouget. Collaborateur du Liber-taire et fondateur de L’Anarchie. Principalouvrage : Le culte de la charogne.

Gaston Leval (1895-1978). Autodidacteabsolu suite à une enfance malheureusequ’il relate dans L’Enfance en croix.Poursuivi pour insoumission en 1914, ilvécut de nombreuses années en exil etrejoignit les combattants libertaires de laRévolution espagnole qu’il décrivit dans

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un ouvrage fondamental : Espagne libertaire1936-1939. Auteur entre autres de L’Etatdans l’Histoire. Fondateur des Cahiers del’Humanisme libertaire puis de Civilisationlibertaire, revues d’études sociologiques.Admis au Syndicat des correcteurs dès1952.

Marcel Moreau (né en 1933). Le plus grand écrivain de langue fran-çaise contemporain. Soutien de famille à 15 ans, à la mort de son père, il était culturellement autodidacte. Admis au

Syndicat des correcteurs en 1969, il estl’auteur, à ce jour, de plus d’une trentained’ouvrages.

Pères Virgule et autodidactes… Com-me le chantait l’ami Léo : «Y en a pas unsur cent et pourtant ils existent !»

André Panchaud

1 Georges Vidal, article de 1’Encyclopédie anar-chiste de Sébastien Faure.2 Les Messages de Psychodore N° 90, novembre2000.

Les clichés préférés des journalistes«La cour des grands», «un pavé dans la mare» ou « la croisée des chemins» sont

des expressions qui vous semblent familières ? Pas étonnant, elles figurent parmi lesexpressions-clichés préférées des journalistes, comme vient de l’établir «@alertecli-che». Ce petit robot, installé sur Twitter, a analysé des milliers d’articles de presseagrégés par Google Actualités. Il a ensuite élaboré un classement d’une vingtained’expressions communes relevées dans plus de six mille articles parus entre le 1er août2009 et le 31 juillet 2010.

En tête du palmarès figure « la cerise sur le gâteau», écrite 1019 fois. Le quotidienLa Dépêche l’a ainsi citée 364 fois devant La Voix du Nord – 211 cerises –, OuestFrance – 190 fois – et Sud Ouest 151 fois. L’expression arrive loin devant le «vent enpoupe » – 697 fois – et «grincer des dents» – 974 fois –, une expression citée par LeFigaro à 194 reprises.

Au quotidien économique Les Echos, « le vent en poupe» a soufflé 129 fois contre90 fois au Monde. Quant au Parisien, il ne craint pas « l’ironie du sort» qu’il a citée109 fois.

TF1 News (avec agence), 24 septembre 2010.

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Qui lit petit lit toute sa vie

a littérature jeunesse ne s’est ja-mais aussi bien portée. Les sagaspour adolescents se vendent

comme des petits pains, les bouquinspour les tout-petits foisonnent et c’esttant mieux, car le goût de la lecture s’ac-quiert dès le plus jeune âge.

Chaque année, près de 100000 person-nes se pressent dans cette librairie géantequ’est le Salon du livre de Genève. Parmielles, combien d’enfants ? Jusqu’ici, lesorganisateurs n’en faisaient pas ledécompte. Mais on le saura peut-êtreenfin cette année grâce à la billetterieélectronique, promet le sous-directeurRené Lambelet, qui rappelle que, entreceux qui viennent avec leurs parents etceux qui se rendent à Palexpo dans lecadre scolaire, la fréquentation desenfants n’est certainement pas à la baisse :«C’est important qu’ils viennent, ce sontles lecteurs de demain.»

Qui lit petit lit toute la vie, pourrait-ondire pour reprendre le titre d’un livre deRolande Causse, spécialiste de la lecturechez l’enfant et l’adolescent. Et, au vu dusuccès actuel des bouquins qui leur sontdestinés, on a de quoi se réjouir. Malgré laconcurrence des jeux vidéo et de la télé-vision, « la littérature jeunesse ne s’estjamais aussi bien portée, confirme Christian Poslaniec, écrivain français etspécialiste du domaine. Elle représente

aujourd’hui 20% du chiffre d’affaires del’édition.»

A côté des sagas à succès pour ados,comme Harry Potter ou Twilight, lesparents, les grands-parents, les oncles etles tantes offrent des livres aux enfants dèsleur plus jeune âge. Et c’est tant mieux.Car si la lecture est un outil qui permet demaîtriser la langue, de développer l’imagi-naire, de structurer sa pensée, d’assimilerdes connaissances, d’apprivoiser ses peurs,elle doit surtout s’enraciner dans le plaisir.Et ce plaisir-là, c’est tout petit qu’on ygoûte.

Le livre dès la naissance«Le livre est un moyen de faire aimer

la lecture dès le plus jeune âge, dès 2 ou 3 mois déjà, relève Rolande Causse. Lebébé ne se rend pas compte que le livren’est pas un jouet, il va le toucher, le sen-tir, le froisser, et surtout entendre la voixde papa, de maman ou de grand-mamanqui dit des mots pour lui. On n’est évidem-ment pas obligé de lire des histoires à unenfant dès 2 mois mais, jusqu’à 2 ans, onse trouve dans un âge très important, oùles souvenirs pénètrent profondément.»Des souvenirs qui permettront «d’aimerles livres toute la vie et à travers tous lessens». Côté initiation précoce, la Suissen’est pas en reste. Le projet Né pour liresensibilise depuis deux ans les parentsdirectement dans les maternités, en

L

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offrant un coffret de livres à tous les nou-veau-nés. Et les bibliothèques jeunesse,comme celle de Lausanne, recrutent dé-sormais au berceau. «On peut effective-ment les inscrire dès la naissance, sourit laresponsable, Josette Rossier, qui proposeun accueil spécialement dédié aux tout-petits et à leurs parents une fois par moispendant deux heures. On reçoit parfoisjusqu’à quarante personnes !» De retour àla maison, à chacun toutefois de mettre enplace ses stratégies. «Les enfants adorentles rituels, ils en ont besoin. Moi, je me

suis mise à lire de la poésie à mes petits-enfants dans leur bain, et maintenant cesont eux qui m’appellent quand ils y sontpour que je leur en lise une, s’amuseRolande Causse. L’important, c’est d’ins-taurer un moment privilégié, de partage.Des expériences ont montré que lesenfants qui ont reçu ces livres de plaisirvont apprendre à lire beaucoup plus viteque les autres. »

Et puis, lire avec son enfant, c’est luidonner l’envie, à son tour, de lire toutseul, comme un grand. Un tableau idylli-que ? Il est vrai que pour certains le livrereste aussi attrayant qu’un plat de brocolis.Alors, comment donner le goût de lire àun enfant qui n’aime pas ça ? «En luilisant des histoires, justement, insisteRolande Causse. Et même très tard ! Il nefaut surtout pas faire ce que font la plupartdes parents, soit arrêter complètement delire des histoires à leur enfant quand celui-ci sait lire. Moi, j’ai lu à mon petit-filsjusqu’à ses 14 ans ! Il y a un don, de lavoix, du moment. On prend le temps, il ya ce plaisir d’être ensemble.»

Si, pour une raison ou une autre, l’en-fant n’accroche pas, « il est toujours tempsde se rattraper», rassure l’alerte septuagé-naire à l’attention des parents. Mission :dénicher le livre qui débloquera la situa-tion. « Je recommande d’emmener lesenfants dans une bibliothèque. Les petits ytrouveront forcément des choses qui leurplaisent. Pour les plus grands, il vautmieux choisir en fonction de leurs goûts.Si un garçon est passionné de foot, unlivre sur ce sport a toutes les chances delui plaire. Aujourd’hui, vous trouvez desromans sur tout. Une fois à la maison, ilne faut surtout pas hésiter à lui proposerde lui lire le premier chapitre.»

En grandissant, l’enfant, même s’il atous les atouts de son côté, va traverser des

Il ne faut surtout pasarrêter complètement de lire des histoires à son enfant dès que celui-ci sait lire.

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périodes délicates, durant lesquelles il ris-que de «décrocher» et se détourner dulivre récréatif, celui qui n’est pas imposépar le cursus scolaire. Rolande Causse,elle, identifie deux moments à risque.L’apprentissage de la lecture, pour com-mencer.

«Chaque enfant a son rythme, rap-pelle-t-elle. Cela indépendamment del’éducation. Vous le voyez dans une fra-trie, certains apprennent plus vite qued’autres. Il faut être vigilant, lui lire deshistoires s’il veut qu’on lui en lise. Mais nejamais lui dire qu’il est trop lent ! »Deuxième virage dangereux : le chan-gement de niveau scolaire, entre 10 et 12 ans, lorsque la charge de travail aug-mente.

«Certains enfants veulent bien faireleurs devoirs et ne s’autorisent plus à lire.Là, il faut laisser passer un peu de temps etsaisir l’occasion lorsque l’enfant est libre,en vacances par exemple, de lui proposerde reprendre la lecture.»

Ne jamais forcerMais attention, la règle absolue, c’est de

ne pas forcer un enfant ! «C’est en vousvoyant lire, en proposant votre voix quevous rétablirez le contact. Surtout pas enle grondant, ce qui ne ferait que l’éloignerencore plus du livre. » Une incitationjoyeuse, subtile et essentielle dont lesparents sont les principaux instigateurs.Alors, si eux-mêmes n’aiment pas lire…«C’est plus compliqué, mais ce n’est pasforcément toujours grave, relativise Rolande Causse. Les enfants vont s’y met-tre avec leurs enseignants. Les seuls cas oùça fonctionne très mal, c’est lorsque lesparents rejettent le livre. » Heureusement,c’est plutôt rare.

Le Matin, mai 2010Rolande Causse est l’auteur de Qui lit petit lit

toute la vie (Albin Michel) et de livres pourenfants tels que Rouge Braise (Gallimard).Christian Poslaniec a écrit Des livres d’enfants à lalittérature de jeunesse (Gallimard) et, pour lesenfants, Comme une pivoine (Jasmin), entreautres.

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L’âge d’or de la littérature jeunesseLe livre pour enfants ne connaît pas la crise. « Il y a un vrai dynamisme», se réjouit

Francine Bouchet, directrice de La Joie de lire, éditeur jeunesse basé à Genève.Christian Poslaniec, spécialiste de la littérature jeunesse, parle, lui, d’«âge d’or». Ilsuffit de regarder le foisonnement de bouquins destinés aux tout-petits et le succèsdes pavés du genre Harry Potter. En 2009, c’est la saga vampiresque Twilight qui atrusté les meilleures ventes, tous genres confondus !Sagas fantastiques

«Les sagas de ce genre intermédiaire, entre science-fiction et fantastique, visantprincipalement les ados et les préados, constituent une tendance marquante de cesdernières années dans la littérature de jeunesse», confirme Christian Poslaniec. Maiselles ne sont pas les seules. BD

En perte de vitesse depuis la fin du XXe siècle, la BD a également repris du poil dela bête, note le spécialiste. «Nous avons de plus en plus de lecteurs de BD», confirmeJosette Rossier. De jeunes lecteurs qui, toutefois, se contentent souvent de ce seultype de lecture, selon la responsable de la bibliothèque jeunesse de Lausanne. Documentaires

Tombé en désuétude, le livre documentaire (histoire, science, etc.) fait, lui aussi,un retour en force, malgré l’omniprésence du net et des moteurs de recherche. «Onrecherche aujourd’hui des documentaires ludiques, inventifs, qu’on ne trouve pas surinternet», explique Christian Poslaniec. «Les jeunes viennent souvent nous deman-der ce genre de livres en nous disant : ‹ J’ai cherché sur internet, mais je n’ai rientrouvé ›, ajoute Josette Rossier. » Filles/garçons

Depuis quelques années, les bibliothécaires et libraires peuvent signaler les livresqui évitent les clichés sexistes et mettent en scène des héroïnes à l’aide d’un autocol-lant intitulé «Lab-Elle». «Parallèlement, certains éditeurs recommencent à faire deslivres pour filles ou pour garçons, ce qui avait un peu disparu… C’est très paradoxal»,relève Josette Rossier. Le Matin, mai 2010

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La ville de Berne bannitles expressions sexistes

e dites plus « cours pour débutants », mais « cours pourdébutantes et débutants » ou

alors « cours de base». N’écrivez pas« adapté au besoin des usagers », mais«d’usage facile ». Et ne dites pas nonplus «Mannschaft » (équipe) – qui con-tient le mot «Mann», homme – maisparlez de «Team». Renoncez aussi àl’expression «passage pour piétons» quipeut aisément être remplacée par «pas-sage zébré » (« Zebrastreifen », ou« Zebra crossing» en anglais).

Ces recommandations, on les trouvedans le nouveau Guide de formulationnon sexiste (Geschlechtergerecht formu-lieren) édicté par le Bureau de l’égalitéentre femmes et hommes de la ville deBerne.

Bernoises et Bernois Les auteurs (et autrices !) rappellent

que, en 1994 déjà, le Conseil municipal(exécutif) de Berne avait décidé de« concrétiser de manière systématiquel’égalité linguistique des sexes dans toutesles publications de la commune». Entre-temps, les choses auraient bien évolué,mais il ne serait pas inutile d’insister unefois encore sur un certain nombre depoints.

En plus du petit lexique que nousvenons de citer, le nouveau guide formuleainsi plusieurs recommandations. Il

conseille par exemple aux fonctionnairesde bien se représenter, avant même decommencer la rédaction d’un texte, qu’ilss’adressent à des hommes et à des femmes.

Il serait aussi souhaitable de toujoursutiliser la formule « les Bernoises et lesBernois», car cela ferait ressortir claire-ment que toute prestation de la communeest offerte aux femmes comme aux hom-mes et que les deux sexes ont les mêmesdroits et les mêmes devoirs.

Les auteurs soulignent en outre que,dans l’administration bernoise, le systèmede la «clause générale» (du type : «Pourfaciliter la lecture du document, le mascu-lin est utilisé et désigne les deux sexes»)n’est pas pratiqué.

Ils conseillent en revanche vivement,notamment pour les questionnaires et les tableaux statistiques, le recours àl’abréviation de la forme féminine avecutilisation de la barre oblique (exemple enfrançais : collaborateur/trice).

Un truc : le « I » majuscule Ils recommandent même l’utilisation de

la technique dite «du I majuscule». Cettetechnique, applicable seulement en alle-mand, consiste à créer un nouveau motdont la première partie est la forme mas-culine du terme utilisé, la deuxième la ter-minaison féminine du même terme, lesdeux parties étant reliées par un « I »majuscule. Cela donne par exemple «die

N

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Parler «égalitaire» Le Guide de formulation non sexiste de la ville de Berne n’est de loin pas le seul dans

son genre. Rien qu’en Suisse, il en existe une multitude. A commencer par le Guidede formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération.

Publié en l’an 2000, ce guide (pour la rédaction en français) est relativementcourt. Il compte 25 pages et est donc nettement moins impressionnant que son pendant alémanique, qui en compte 190! Il y est notamment question des fameux« termes épicènes» dont la forme ne varie pas selon le genre et qui permettent de sup-primer toute connotation masculine. On mentionnera aussi, entre autres : lesDirectives de l’Etat de Vaud sur « la rédaction égalitaire» – avec notamment une listede 2000 noms de métiers au masculin et au féminin – le Guide romand d’aide à larédaction administrative et législative épicène et le Règlement du canton de Genève relatifà l’usage de la forme féminine des noms de métier, de fonction, de grade ou de titre dans lesactes officiels. MW

MitarbeiterInnen» (les collaborateurs/tri-ces).

Introduite il y a une dizaine d’annéespar des journaux de gauche, cette techni-que suscite souvent la confusion et elle estconsidérée par certains linguistes commeune monstruosité. Elle s’est néanmoinsimposée dans une partie de la presse ger-manophone.

On relèvera pour terminer cette joliephrase citée par les auteurs du guide dansle but de prouver d’une part l’utilité deformulations non sexistes (éviter touteambiguïté) et d’autre part la nécessité de

brochures du type de celle qu’ils viennentde publier.

Il s’agit de l’article 27 de la Loi fédéralesur la naturalisation, entrée en vigueur en1953, et dont le texte n’a pas été modifiédepuis. Intitulé «Conjoint d’un ressortis-sant suisse », cet article stipule qu’unétranger… qui épouse un Suisse peutdevenir Suisse plus facilement ! Dans letexte : « Un étranger peut, ensuite de son mariage avec un ressortissant suisse,former une demande de naturalisationfacilitée»…

Michel Walter

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«Chroniques typographiquesillustrées»

el est le sous-titre donné au nou-veau livre rédigé et conçu parRoger Chatelain. Lequel est inti-

tulé Du signe à la page. Préfacé par Christian Schmutz, publici-

taire de renom et président de l’Ecoleromande d’arts et de communication(Eracom), à Lausanne, cet ouvrage au for-mat de poche enchantera les profession-nels, aussi bien que les étudiants et lesapprentis des arts graphiques. Il intéres-sera également ceux qui, aimant les livreset la lecture, voudraient en savoir plus surle monde de l’imprimerie et de ses ser-vants (dont ceux que l’on nomme lesPères Virgule). A la fois didactique et dis-trayant, truffé d’illustrations, d’alphabetset de couleurs, Du signe à la page innovepar sa démarche insolite, tout en puisantdans l’histoire de la communicationécrite.

Le texte des cent soixante pages de cetouvrage inédit est composé en Gill Sans,un caractère qui compte dans l’histoire dela typographie. D’un graphisme épuré, ilcomprend, en trente-cinq épisodes illus-trés, des anecdotes alertement troussées,un glossaire et une bibliographie.

Du signe à la page paraît aux EditionsOuverture, dans leur toute nouvelle collec-tion à l’enseigne de « Son mot à dire». Auformat de 110 3 160 mm, il est sorti despresses de l’Atelier Grand, au Mont-sur-Lausanne, qui l’a également mis en pages.

N.d.l.r. – L’auteur, membre d’honneur del’Arci, est bien connu des lecteurs du Traitd’Union. Ces derniers peuvent commander Dusigne à la page (au prix de lancement !) par télé-phone au 021 652 16 77, directement à l’atelier– celui-là même qui imprime le présent organeprofessionnel.

Diffusion Ouverture, En Budron H 20, CH -1052 Le Mont-sur-Lausanne.

[email protected] [email protected] www.editionsouverture.ch

T

1942… Expression graphique inscrite en Alsace : surun profil hitlérien, la Résistance veut en finir avec lesSS ! La voie de la Libération se profile.

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De la capitale romaine gravée dans la pierre à lasaisie numérique, l’ouvrage signé par RogerChatelain rassemble un florilège de textes etd’images… Les anciens de l’imprimerie y trouve-ront matière à réveiller des souvenirs et les nouveaux venus à élargir opportunément leurhorizon typographique…

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«Merde est un mot splendide»

ierre Perret publie Nos joliesvacances, ouvrage qui évoque lebonheur des départs en famille, les

balades au bord de la mer, les bouchonssur l’autoroute. Le chanteur, roi de l’argot, aime à conter des histoires. Ren-contre rigolote à l’Hôtel San Régis, sonstamm à Paris.

– Dans Nos jolies vacances, vous fai-tes l’apologie du camping. Vous arrive-t-il encore de planter votre tente ?

– Non, plus du tout. Quelque part, mal-heureusement. C’était très marrant. Mais,on fait plus facilement du camping à 17 ou30 ans qu’à un âge canonique comme lemien (rires).

– Quels sont vos meilleurs souvenirsd’escapades ?

– La première fois que nous sommespartis en famille, avec mes parents et monfrère, dans le bassin d’Arcachon. Gujan-Mestras, ses dégustations d’huîtres au petitmatin, les baignades dans les étangs deBiscarrosse, de Cazaux, de Parentis et puistout ça.

Et aller planter des piquets de tentedans les dunes du Pilat, qui pourrait ima-giner de faire des choses pareillesaujourd’hui ?

En même temps, lorsqu’on campait prèsdes forêts de pins des Landes, on faisaitvachement attention au feu. On s’éloi-gnait, on était très prudents, quoi.

– Et les colonies de vacances, vousavez adoré.

– J’y suis allé de 6 à 12 ans, en tout cas.J’avais un ou deux bons copains à chaquefois. Ça, c’était important. Et le cadre,l’exotisme hors de la famille. Je pense queça fait du bien aux enfants de décrocherdu milieu familial. Même si on n’est pasétouffé, extrêmement materné comme le

sont souvent les enfants, qui se retrouventles deux pieds dans le même sabot. Ce quin’était pas mon cas, car je vivais dans lecafé de mes parents. Mais à la colo, jechangeais de cadre, de pièce de théâtre. Jesuis un contemplatif, un peu Lou Ravi(santon qui s’émerveille devant le miracle dela nativité, n.d.l.r.).

– Vous avez pourtant failli y mourir defaim…

– Terrible ! C’était au sortir de la guerre,il y avait encore des tickets pour tout. Etje me souviens qu’avec mon copainRobert, on avait faim tout le temps. A telpoint que l’un grimpait sur les épaules del’autre pour arriver à s’accrocher aux bran-ches d’un tilleul et en sortir les graines pargrappes, qu’on mangeait au fur et à

P

Cela fait du bien auxenfants de décrocherdu milieu familial

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mesure. Ça nous nourrissait, comme lemillet les oiseaux. Et chaque fois qu’onétait au réfectoire – qui était mixte – onracontait des trucs horribles aux filles surles nouilles à la tomate. Elles disaient :« Ah, c’est dégueulasse ! » et laissaientleurs assiettes. Et nous, on s’empressait detout bouffer.

– Pas si éloigné de votre fameusechanson, Les jolies colonies de vacan-ces…

– Non, c’était une caricature. Tellementde gens l’ont prise au premier degré ! Al’époque, mes copains toubibs ou pharma-ciens voyaient les parents arriver affolésavec leurs gosses qui allaient partir en colo :il nous faut du mercurochrome, des spara-draps (grands rires)… Yvonne de Gaulle adit que j’étais la «honte de la France» aveccette chanson, mais on a continué à la pas-ser à la radio.

Elle n’a jamais été censurée. On ne peutpas plaire à tout le monde et à son père,c’est ma devise. Quand vous avez le public,vous n’avez pas besoin d’avoir l’approba-tion du maire, du curé, du machin. Vousvous en foutez.

– La cage aux oiseaux vous a-t-elleaussi valu des plaintes ?

– Bien sûr. Je ne pensais pas qu’on allaitprendre les paroles à la lettre. Pour moi,c’était un symbole de liberté. Encoreaujourd’hui, après les concerts, des specta-teurs viennent me voir : « Monsieur

Perret, merci pour cette chanson. La pre-mière paire de gifles que j’ai prise, c’était àcause de vous, parce que j’ai ouvert la cageet paf !» Ça me fait marrer, car ceux quime le racontent, avec le recul, en rientaussi.

– Impossible de ne pas évoquer ici Le zizi…

– Tous les enfants en ont rigolé, fran-chement et sainement. Ça n’a jamais étéune chanson considérée comme grave-leuse.

Aujourd’hui, elle fait même figure decomptine. C’est incontournable. Si dansles salles je ne la raconte pas, je me faistuer.

– Vous l’avez aussi chantée à l’oreillede Me Marc Bonnant, sur le plateau del’émission Infrarouge sur la TSR…

– Je ne me souviens plus de ce détail(rires).

– En tout cas, vous avez un point com-mun avec lui, l’amour de la langue, bienque vous ne l’utilisiez pas de la mêmemanière.

– Oui. Le vocabulaire a guidé tout monparcours d’écriture. Pour moi, il n’y a pasde frontières, il n’y a pas l’argot d’un côté,le vocabulaire classique de l’autre. Je pos-sède toute une imagerie et, quand j’aibesoin d’un mot qui soit plus éclairé, pluséclairant, plus significatif, plus démonstra-tif qu’un autre, je m’en sers. Au besoin,j’invente. 21

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– Le mot «merde» est une « gourman-dise » pour vous…

– Il a tellement de significations. Onpeut le dire dans un moment de tristesse,effondré. C’est aussi un regret terrible etpuis ça peut être une apostrophe àquelqu’un, qui signifie espèce de con. Unmot splendide, qui n’existe pas que parCambronne.

– Qu’est-ce qui est vulgaire à vosyeux ?

– Tous les mots sont utilisables. Ilsdeviennent vulgaires lorsqu’on lesemploie de façon vulgaire. Cela dépend dela manière dont on s’en sert.

– Il y en a que vous considérez commedes gros mots ?

– Pollution et, surtout, retraite (rires). – C’est vrai que vous ne chômez pas

entre les albums, les concerts, les livres.Cette vie frénétique, vous l’avez pour-tant fuie, au sommet de la gloire…

– L’année où l’album du Zizi est sorti.Les ventes ont tout pulvérisé, c’étaitcolossal. Je suis parti au moment où jerecevais quotidiennement des contrats enblanc. Vous les signez, vous mettez la dateet votre prix. J’ai dit non. Ce n’est pas leprix de vos cachets qui est important, maisle prix que vous accordez à votre vie et àvotre liberté. Avec ma femme, nous avonsréalisé un tour du monde, pendant pres-que trois ans, pour me décoller du rythmed’enfer que je subissais. Je ne voyais plus

rien. Pour écrire, si vous ne rechargez pasles batteries en prenant le temps de regar-der le monde, qu’est-ce que vous voulezfaire ? Répéter toujours la même chose ?Voyager, si vous avez la santé et si intellec-tuellement ça fonctionne, reste un enri-chissement magnifique pour la création.D’autres horizons, d’autres têtes, d’autrescultures. Une autre façon d’appréhenderle quotidien, les gens, la mer.

– Et aussi de vous adonner à votregrande passion, la pêche. Quel plaisircela vous procure-t-il ?

– C’est la préparation, trouver l’endroit,la bonne canne, le bon moulinet. Une foissur deux, je relâche le poisson. Le plaisirde la pêche, c’est aussi un recul par rapportau monde, la solitude que cela implique.Je suis un rustique, un sauvage. J’aime êtretout seul très souvent. Quand je suis à lapêche, au bois, quand je vais aux champi-gnons. Et lorsque j’écris. Je m’isole aumoins dix fois par an, à raison d’unesemaine à chaque fois, dans ma maison, enNormandie.

– Vous pensez à vos futures chansonsquand vous pêchez ?

– Non, enfin… ça m’arrive. Une idéepeut jaillir. Un jour, j’ai failli me casser lagueule, perché au bout d’un rocher quiétait grand comme la moitié de la table, aumilieu de la rivière. Un saumon s’est piquéà 60 mètres de moi et a fait un bond (ilimite le saut) d’un mètre cinquante. Et à

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ce moment-là, j’ai eu une idée de chan-son. Ça m’emmerdait ! J’ai toujours dansmes poches de Barbour un stylo et uncrayon pour écrire ce qui me vient. Alors,je tenais ce putain de saumon et, avecmon crayon, j’essayais de mettre au moinstrois mots pour me souvenir de ce quej’avais en tête, parce que je ne voulais per-dre ni l’un ni l’autre. J’ai quand mêmeréussi à écrire trois notes, les trois notes dudépart de la mélodie. C’est ainsi que m’estarrivée la chanson Parfois, en plein milieud’une rivière, avec un saumon au bout dela ligne.

– Une chanson d’amour légère, drôle.Comme la majorité de votre répertoired’ailleurs. Pourquoi avoir choisi le che-min de l’humour dans la plupart de vostextes ?

– Parce que c’est le plus difficile. J’aibesoin de «difficulté » pour écrire. C’estdans la souffrance que l’on approche lavérité au plus près. Aujourd’hui, on nepiétine pas beaucoup mes plates-bandes.Le rap me gonfle parce que je trouve tropfacile d’invectiver. La subtilité de l’écri-

ture, c’est de présenter la chose juste, sansinjurier, même lorsque le propos est grave.La chanson Lily (la vie d’une émigrée enFrance, n.d.l.r.) dit, sans menacer qui quece soit : voilà de quoi nous sommes capa-bles.

– Vous êtes très sensible à l’injustice. – Je n’ai pas connu la ségrégation. Le

café de mes parents ressemblait à uneespèce de tour de Babel où tout le mondecohabitait. Il y avait un vieil Arabe, Ali,avec qui j’allais à la pêche, desVietnamiens à qui on ne demandait paspourquoi ils ne parlaient pas bien français,des Espagnols qui fuyaient Franco. Al’école, j’ai foutu un pain sur le nez d’unabruti, alors que j’étais le mec le plus paci-fique du monde. Il avait traité de salemacaroni mon ami italien Spessato, unbon gros gentil. Je lui ai foutu un bourre-pif, dis donc !

– L’une de vos fiertés est d’avoir réa-lisé un dictionnaire d’argot, Le parlerdes métiers, que l’on consulte dans lesuniversités. Une sorte de revanche pourquelqu’un qui n’est pas allé plus loin quele certificat d’études ?

– C’est sûr. Il m’a coûté treize ans etdemi et de l’argent. J’ai payé des enquê-teurs qui se sont rendus à Concarneaupour la mise en boîte des sardines, dans leLimousin pour voir les sabotiers, dans lescommissariats comme chez les putes.Ensuite, j’ai tout traité, la définition, la

J’ai toujours un styloet un crayon dans mes poches pourécrire ce qui me vient

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typologie, j’ai créé des exemples. C’étaitun plaisir pur, et masochiste aussi.Couronné par l’Académie française. J’aireçu une médaille de vermeil, qui est unhochet, un joujou, mais aussi une recon-naissance.

– Comme d’avoir une vingtaine d’éco-les à votre nom…

– Je viens d’inaugurer la vingtième. Çam’émeut, beaucoup. Des enfants qui sejettent à votre cou, qui disent : «PierrePerret, je t’aime.» Je retourne volontiers àl’école voir les profs, les classes, parleravec eux. C’est infiniment touchant devoir ça de son vivant. Beaucoup d’artistes

ont leurs écoles, des gens que j’ai connus,Vian, Prévert, Brassens, Brel. Mais c’estarrivé après leur mort. Je trouve merveil-leux de le vivre tant que je suis biencampé sur mes pattes. Je dis merci aux édi-les de m’offrir ce cadeau (rires).

Propos recueillis par Virginie Jobé

A lire : Nos jolies vacances, Ed. Jacob-Duvernet. Infos : www.pierre-perret.fr

Le dernier album du chanteur est sorti en novem-bre dernier.

Un film, Le Café du Pont, de Manuel Poirier,adaptation libre de l’autobiographie éponyme dePierre Perret, est sorti en août 2010.

Quand l’annuaire s’emmêle

Pour les 130 ans de l’annuaire, Swisscom Directoriesa organisé un concours littéraire. Les heureux lau-réats ne sont pas seulement des gagnants mais carré-ment des « gagneurs».Enfin, ne jetons pas le combiné à Swisscom. Sijusqu’en 2009 l’opérateur informait qu’aucune« fraise» n’était comprise dans le prix de l’annuaire,il a aujourd’hui rectifié le tir, en précisant que ce sontles frais d’expédition qui ne sont pas compris en casd’achat d’« expemplaires» supplémentaires.

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Solution du Petit jeu des genres parudans le dernier numéro. Les mots dont legenre est erroné sont en gras et italique.

Madame — Notre enfant passe tout sontemps dans l’athénée. Sa culture ne peuts’en trouver que grandie.

Monsieur — Il est certain que celahausse son niveau au-delà de celui d’un atèlesautant d’arbre en arbre. Je continue cepen-dant à prétendre qu’il ne s’agit que d’unpasse-temps futile, un perte de temps inu-tile.

Madame — Vois pourtant sa boucherieuse, son expression joviale en perma-nence, son œil pétillante. Notre enfant nagedans la bonheur, a une morale d’acier, vitdans la béatitude.

Monsieur — Tu argumentes à l’envimais, en réalité, notre enfant s’ennuie àmourir au milieu de ces rhétoriques alambi-qués. Et le fait de lui avoir donné le prénomd’Anne Vercors, pour le cause que tu aimesPaul Claudel, l’enquiquine encoreaujourd’hui.

Madame — Comme les jeunes de sonâge, notre enfant est en pleine crise d’ado-lescence ; notre ado perd toutes ses repères.Ces leçons dispensées à l’athénée par cessavantes gens donnent une structure à savie, lui permettent de retrouver une équi-libre.

Monsieur — Mon point de vue reste lemême. Il est trop facile d’accuser ses hormo-nes, lesquels ne peuvent se défendre !Pourquoi ne pas interroger notre enfant, quiest suffisamment mature pour nous donnerson opinion, que je sais raisonnable etréfléchi ?

Madame — Bien ! Faisons ainsi. Tuconstateras que tes reproches sont infon-dées et j’espère que tu adopteras enfin lamême optique que moi.

Question subsidiaire — L’enfant dont ilest question est de sexe masculin. En effet, leprénom Anne, à l’instar de Dominique,Claude et Camille, est mixte – bien quel’usage masculin soit rarissime. Et AnneVercors, personnage de L’annonce faite àMarie de Paul Claudel, est un homme.

Petit jeu des genresLes solutions

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Les ambitions numériques des Archives fédérales suisses

es AFS jouent un rôle de leaderdans le délicat domaine de la méta-morphose digitale. Leur logiciel de

gestion d’archives a été téléchargé dansle monde entier.

«L’empereur en contractant cette al-liance n’a jamais rien fait de plus savanten politique. Du même coup, il termine laRévolution française et la contre-révolu-tion non seulement en France, mais cheztous les autres peuples d’Europe. » Cetteremarque de Talleyrand à l’ambassadeursuisse Louis d’Affry concerne l’habilemariage de Napoléon avec Marie-Louised’Autriche il y a exactement deux centsans. Elle figure dans un document classéaux Archives fédérales, rayon «période de Médiation » (1803-1813). La lettremanuscrite peut être consultée dans lessalles de lecture de l’institution bernoise :il suffit d’en faire au préalable la demandepar internet. Depuis janvier dernier, lesArchives fédérales suisses (AFS) ontouvert une recherche en ligne pour com-mander des documents ou avoir un aperçude dossiers.

Gain de place et d’efficacité La transformation numérique des AFS

est beaucoup plus large, et ambitieuse, quela mise à disposition de cet outil derecherche en ligne. Depuis quatre ans,l’institution de la Confédération numérise

à tour de bras ses 55 kilomètres d’archives,à raison d’un kilomètre par année. Elle adéjà 13 téraoctets de données sur ses dis-ques durs, avec des copies de sécuritéentreposées dans la région bernoise et àNeuchâtel. Dans une paire d’années, toutela documentation produite par l’adminis-tration fédérale sera numérique : elle transitera ainsi facilement aux AFS. Cepassage à une cyberadministration écono-misera certes quelques bonnes tonnes depapier.

Ce sera surtout, pour les AFS, un gainde place, d’efficacité et de rapidité. Enparticulier pour les étudiants, chercheursou particuliers qui consultent régulière-ment la mémoire des activités de la Suissedepuis 1798, année de la création de l’ins-titution. Il peut s’agir, comme ces derniersjours, d’un chercheur qui veut en savoirplus sur la protection pénale du secret dela clientèle bancaire depuis les années1930.

Ou du descendant d’un réfugié pendantla Seconde Guerre mondiale qui veutavoir des détails sur son aïeul (le dossierdes réfugiés pendant la dernière guerre estconsulté plusieurs fois par mois).

Même si les AFS doivent aujourd’huicomposer avec un budget en baisse, leursambitions numériques sont grandes.L’institution a même développé un savoir-faire digital qui est un condensé de vertushelvétiques en matière d’ordre, de sérieux

L

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et de bons offices. Les AFS ont montré en2010 à Genève, dans le cadre de la 8 e Conférence européenne sur l’archivagedigital, un programme informatique declassement et sauvegarde à long terme debases de données. Baptisée SIARD(Software Independent Archiving ofRelational Databases), cette solution infor-matique au format libre a été développéedans le cadre d’un projet de rechercheeuropéen. Celui-ci a justement choisiSIARD comme standard d’archivagenumérique.

Plusieurs institutions nationales enEurope ou des organisations similairesdans le monde sont en passe de l’adopterpour leur propre organisation digitale. Auprintemps 2010, les responsables des AFSse félicitaient que le logiciel ait déjà ététéléchargé à cent reprises, aussi bien auxEtats-Unis qu’aux Pays-Bas.

Les AFS ont aussi une activité deconseil pour l’archivage numérique,aidant par exemple l’Etat albanais à effec-tuer cette transition. L’institution est deplus un safe haven (terre d’asile) pour desmémoires nationales qui ne sont jamais àl’abri d’un retournement de l’histoire, àl’exemple des archives digitalisées de lapolice nationale guatémaltèque. Cesdocuments découverts en 2005 contien-nent des preuves de violations des droitsde l’homme durant la guerre civile auGuatemala entre 1960 et 1996.

Contrôle des autorités Cette reconnaissance comble les res-

ponsables de l’AFS, qui souffrent parfoisd’être mal compris du grand public. «Nosarchives sont plutôt exploitées dans uncadre de recherches scientifiques, préciseAndréas Kellerhals, directeur desArchives fédérales. Nos documents témoi-gnent des activités de l’administrationfédérale : ils offrent davantage une valeurpolitique et administrative qu’un ancragedans les faits quotidiens. Notre responsa-bilité est en somme concrète : garantir latransparence et la traçabilité des activitésde la Confédération. C’est l’un des idéauxdu Siècle des Lumières : un Etat de droitdémocratique doit pouvoir rendre compteauprès du peuple de son fonctionnementet de ses décisions au jour le jour. Lesarchives nationales sont ainsi un instru-ment de contrôle des autorités. Elles sontun pilier essentiel de l’Etat. Cela dit, mal-gré notre réputation un peu abstraite etaustère, nous ne restons pas inaccessibles.Au contraire : pendant la Nuit des muséesà Berne, par exemple, nous accueillonsplusieurs milliers de personnes. Ce succèsnous étonne toujours !»

Luc Debraine Le Temps, 30 avril 2010

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PlurilinguismeOn ne cultive plus assez le plurilinguisme dans ce pays

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n français, le président de Bernedéfend « son » Bärndütsch avecpassion.

«On s’énerve, on aime, on apprend àparler en Bärndütsch… On ne peut tout de même pas nous reprocher d’utilisernotre langue ! » Alexander Tschäppät (58 ans) s’emporte quand il lit pour la pre-mière fois le texte publié en mars 2010 par Antonio Hodgers (GE). A peine ins-tallé à Berne, le conseiller national éco-logiste critiquait une utilisation jugéeexcessive du dialecte en Suisse alémani-que. Il évoquait même un «vrai problèmede cohésion nationale», les minorités lin-guistiques apprenant le Hochdeutsch (alle-mand standard) et non le Schwyzerdütsch.«S’il y a une ville où c’est faux de préten-dre cela, c’est bien Berne», ajoute l’élusocialiste avant de lancer, hilare : « Il n’y aqu’un Genevois pour livrer une telle ana-lyse !»

Installé sur une terrasse surplombantl’Aar, ce Bernois pur sucre, dont le père aaussi été maire de la capitale, nous racontesa langue, sa ville. Avec passion, humouret une once de chauvinisme. Le tout dansun français fédéral de fort bonne tenue.Alexander Tschäppät n’hésite pas à épin-gler les Welsches, doux nom dont lesAlémaniques affublent les Romands :«Souvent, même s’ils vivent ici depuistrente ans, ils parlent peu le Bärndütsch.Notre ville n’est pas bilingue, mais elle vit

le bilinguisme. En cas de difficulté, ons’adressera à vous en Hochdeutsch oumême en anglais. Je doute que l’on trouveune telle ouverture linguistique ailleurs enSuisse. »

De Mani Matter à Stephan EicherDepuis la Brasserie de l’Altes Tram-

depot, sise au-dessus du parc aux Ours, lavue est magnifique. Méandres de l’Aar etfaçades de la noble vieille ville dominantle jadis très prolétaire quartier de la Mattes’offrent au visiteur. Un panorama quigonfle notre interlocuteur à bloc : «LeBärndütsch est certainement le plus mélo-dieux des dialectes. Ce n’est pas un hasardsi de nombreux chanteurs viennent dechez nous : Mani Matter, Polo Hofer, ZüriWest ainsi que notre polyglotte national,Stephan Eicher. A la télévision et à laradio, les gens aiment nous entendre,comme les Haut-Valaisans ou les Grisons.Par contre, personne ne veut subir leThurgovien ou le Saint-Gallois…»

Certes. Mais le Stapi (pour Stadt-präsident) comprend-il la frustration de

E

Notre ville n’est pas bilingue,mais elle vit le bilinguisme. Je doute que l’on trouve unetelle ouverture linguistique ailleurs en Suisse

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Le BärndütschAlexander Tschäppät a choisi une expression de l’ancienne championne d’athlé-

tisme bernoise Anita Weyermann pour illustrer son dialecte : «Gring abe ou séckle»(écriture phonétique). Soit «Baisser la tête et courir». Cette expression est entréedans la légende en Suisse allemande. Les mauvaises langues, d’autres cantons biensûr, prétendent qu’elle ne correspond pas à la mentalité des Bernois, jugés pas assezvifs pour faire preuve d’une telle détermination.

A Berne, vous entendrez régulièrement le mot « iou», qui se prononce comme le«you» anglais, mais plus lentement. Il s’agit le plus souvent d’un signe d’approbation,équivalent à notre «oui». Autre mot magique, le «a-ou-a». Onomatopée illustrantprincipalement l’étonnement.

Ce que l’on qualifie de Bärndütsch est en réalité une mosaïque de parlers régio-naux : Oberland (Haslital, Grindelwald, Simmental…), Emmental, région deBienne… Pour les curieux, il existe plusieurs lexiques en ligne, dont www.bern-deutsch.ch ou www.edimuster.ch/baernduetsch/ woerterbuechli.htm. 30

générations de Romands ? Torturés durantdes années par le choix entre der die das oula place de la virgule, ils sont désarmés unefois lâchés dans la jungle des idiomesrégionaux. «Dans un premier temps, d’ac-cord. Mais si vous parlez le bon allemand,vous comprendrez peu à peu le Bärndütschen vivant ici, en pratiquant dans la vie detous les jours. C’est d’autant plus facile àBerne que les gens vous aideront, et quel’on s’y exprime assez lentement.»

S’en prendre au dialecte, « c’est setromper de cible, tranche AlexanderTschäppät. S’il y a un problème, il est dansnos têtes. On ne cultive plus assez le plu-rilinguisme dans ce pays.» D’où cette pro-position concrète : «Les villes pourraient

s’échanger leurs apprentis. La tradition del’année passée de l’autre côté de la Sarine,comme fille au pair par exemple, se perd.Il faut donc réinventer des formes d’échanges. »

Avant de remonter la vieille ville pourretrouver « son» Erlacher Hof, magnifiquebâtisse du XVe siècle où se trouve sonbureau, Alexander Tschäppät lance unedernière boutade : « La preuve que leBärndütsch est une langue internationale,c’est qu’elle est parlée à Paris ! A l’Olym-pia, des milliers de personnes chantentHemmige, de Mani Matter, lorsqueStephan Eicher l’entonne. »

Romain Clivaz

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Mots croisés

Horizontalement. 1. Prussique. – 2. Lichens filamenteux. - Fréquent. – 3. Conservationd’objets volés. - Tailla finement. – 4. Qui ont les couleurs de l’arc-en-ciel. - Unité de fluxlumineux. – 5. Réévalua le poids de. – 6. Peut être cinéraire. - Terme de golf. - Dément.– 7. Se dit d’un tempérament impulsif. - Dieu le chassa du paradis. – 8. Agaça. - Filet. –9. Jouée. - Escalier extérieur se terminant par une plate-forme devant une porte d’entrée.– 10. Devant le nom d’un cardinal. - Relative au nez. – 11. Arrose Saint-Pétersbourg. -Mouvementées. – 12. Mise en ordre des informations. - Poissons plats.Verticalement. 1. Singulièrement. – 2. Fleuve côtier né en France. - Rendre la vie. – 3. Vieilles. - Chiffres romains. – 4. Issues. - Détacha les grains d’une grappe – 5. Interpeller. - La principale des îles Wallis. – 6. Cité légendaire. - Encre à dessin brunfoncé. - Grand arbre de l’Inde. – 7. Dieu des bergers. - C’était un jeune noble. – 8. Raccorder avec du plâtre. - Recel. – 9. Qui descendent de. - Appréhenda. – 10. Solliciter humblement et avec insistance. - Indique la manière. – 11. Branche mèrede l’Oubangui. - Personnage de Shakespeare. - En les. – 12. Douleurs vives et inter-mittentes.

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Solution des mots croisés

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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

C H R Y S A N T H E M EA M O U R E U S E P I OM P B A S R E F L E T SE P O N G E S R I N R IR O T N U R G T O R O NO P I N E E B I M A N EU I S A G U E N A Y G EN A E V U S N T R A M EA D R I E N D A I G U SI N E G R E C S N E F SS U B U R E T T E D L OE P I E E S E E S T E R

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Paraît quatre fois par annéeAbonnement annuel 35 francs

PrésidentOlivier BloeschCondémines 5, 1422 Grandson024 445 56 10 ou 079 652 06 [email protected]

Vice-président et trésorierMichel PittonPierrefleur 66, 1004 Lausanne021 646 25 08 ou 079 212 16 [email protected]

Responsable du TUAlexandre JacquierChâteau 9, 1422 Grandson024 445 04 26 ou 079 284 95 [email protected] de ne temporairement plus utiliserl’adresse [email protected],certains messages n’étant pas délivrés

Secrétaire aux verbauxRémy BoveyConfrérie 22, 1800 Vevey021 921 09 49 ou 079 312 00 [email protected]

Responsable du site internetwww.arci.chDaniel BrochellazAv. de la Harpe 33, 1007 Lausanne079 394 72 [email protected]

Mise en pages et expéditionMichel ChristinatMontassé 23, 1023 Crissier021 634 23 46 ou 079 703 63 [email protected]

ImpressionAtelier Grand SAEn Budron 20, case postale 13, 1052 Le Mont-sur-Lausanne

Tirage à 420 exemplaires

Date à réserver:

RallyeSamedi 21 mai 2011

Sortie familiale au SalèveSamedi 3 septembre 2011

Apéritif de fin d’annéeà Encre et plomb

Samedi 3 décembre 2011

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