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demande de la Commission de transparence, une étude pharmacoépi- démiologique a été réalisée au cours de lhiver 20042005 auprès des établissements dhébergement pour personne âgées (EHPA) afin dévaluer en situation réelle limpact de la grippe en termes de morbi- mortalité en fonction de lexistence dun traitement prophylactique antigrippal par oseltamivir. Méthodes. Une étude de cohorte a été conduite auprès de 98 EHPA sélectionnés de façon aléatoire sur toute la France. La période dobservation a débuté au moment de lalerte épidémique fournie par systèmes de surveillance français (sentinelles et GROG). Tous les résidents devaient être inclus et les syndromes grippaux, décès et hos- pitalisations ont été recueillis. Lexposition à la grippe était définie par le signalement dau moins un cas de grippe dans létablissement. La recherche de facteurs prédictifs de décès et dhospitalisations a été effectuée à laide dune régression logistique alternée prenant en compte la corrélation des données au sein dun EHPA. Résultats. Lanalyse a porté sur 6989 résidents (âge moyen : 85 ± 9 ans et 76 % de femmes). La couverture vaccinale contre la grippe était de 93 % chez les résidents et de 33 % chez le personnel soignant. Lexposition à la grippe a concerné 64 % des résidents et 9 % ont présenté au moins un syndrome grippal. Pendant la période épidémique, parmi les 367 (5,3 %) décès recensés lexposition à la grippe était associée à une surmortalité (RR = 1,4, IC 95 % = [1,1 ; 1,7]). Lexposition à la grippe était un facteur de surmortalité pour les décès de cause infectieuse (OR = 2,50, IC 95 % = [1,32 ; 4,75]) ou dorigine respiratoire (OR = 2,72, IC 95 % = [1,57 ; 4,69]). Parmi les 670 hospitalisations recensées, les hospitalisations toutes causes confondues étaient plus fréquentes chez les résidents exposés à la grippe (OR = 1,24, IC 95 % = [1,05 ; 1,47]). Le trop faible effectif de résidents traités par oseltamivir en prophylaxie (n = 106) na pas permis de répondre à lobjectif principal. Conclusions. Cette étude a permis de confirmer limpact de la grippe sur la mortalité et morbidité des personnes âgées institutionna- lisées. La corrélation entre grippe et surmortalité inviterait à refaire ce type détude. Observance aux statines et atteinte de lobjectif thérapeutique en LDL-cholestérol chez des patients en prévention primaire à haut risque cardiovasculaire L. Laforest a , B. Kitio a , A. Kieffer b , M. Lapeyre-Mestre c , N. Passante a , K. Badie c , E. Van Ganse a a Unité de pharmacoépidémiologie, CHU, Lyon, France b Unité de pharmacoépidémiologie, EA 3696, université Paul- Sabatier, Toulouse, France c UMR S 707, université Pierre-et-Marie-CurieParis-VI, Paris, France Objectif. Lintérêt des statines dans la prise en charge des hyper- cholestérolémies en prévention primaire est clairement démontré. Cependant, de nombreuses études ont montré un écart important entre les résultats des essais cliniques et ceux obtenus en pratique médicale quotidienne. Lexplication la plus souvent avancée est que les écarts seraient dus à une observance insuffisante du patient envers son traitement, ce qui demande à être vérifié formellement. Méthodes. Une étude observationnelle a été réalisée auprès de patients traités par statine en prévention primaire, avec au moins trois facteurs de risque cardiovasculaires associés à la dyslipidémie (patients à haut risque cardiovasculaire). Lobservance de ces patients a été étudiée de manière prospective pendant une période de 90 jours àlaide de piluliers électroniques (MEMS). Lobjectif principal de cette étude était de savoir si les patients à lobjectif thérapeutique (groupe OT+) selon les recommandations de lAfssaps (LDL-cholestérol < 1,3 g/l) avaient une meilleure observance que les patients qui ne létaient pas (groupe OT). Résultats. Au total, 108 patients OT+ (âge moyen 62 ans, 40 % de femmes) et 90 patients OT(âge moyen 61 ans, 38 % de femmes) ont été analysés. Plus du quart des patients dans les deux groupes ont déclaré que le MEMS avait modifié leur comportement, essentielle- ment dans le sens dune meilleure observance. Dans lensemble, lobservance des patients mesurée avec les piluliers électroniques au cours des 90 jours de suivi était satisfaisante avec un nombre limité dinterruptions de traitements. Les pourcentages moyens de jours de suivi avec ouverture du MEMS étaient de 99 % pour les patients OT+ et 97 % pour les patients OT. À la fin du suivi de 90 jours, environ 40 % des patients OT+ et OTavaient interrompu au moins une fois leur traitement pendant deux jours consécutifs ou davantage. Aucune différence dobservance na été observée entre les groupes OT+ et OT(test du Log rank p = 0,66). Conclusions. Lobservance de ces patients était globalement satisfaisante. Il convient de sinterroger sur lutilisation de pilulier électronique dans un contexte observationnel. Prévalence du RGO non compliqué en médecine générale, prise en charge et coûts pour lassurance maladie. Analyse de la base Thalès A. Charlemagne a , P. Le Jeunne b , S. Mouly c a CEMKAEVAL, Bourg-la-Reine, France b Thalès, Boulogne, France c Hôpital Lariboisière, Paris, France Objectif. Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) consti- tuaient en 2005 la troisième classe de médicaments la plus coûteuse pour lassurance maladie, avec plus dun milliard deuros (5,7 % des dépenses pharmaceutiques de ville) dont 50 % dans lindication reflux gastro-œsophagien (RGO). Nous avons évalué ladéquation aux recommandations des prescriptions médicamenteuses dans cette indi- cation aux recommandations et léconomie potentielle des substitu- tions vers des médicaments moins coûteux à efficacité comparable. Méthodes. Lobservatoire Thalès (1200 médecins généralistes [MG] informatisés en réseau représentatif pour lâge, le sexe et la dis- tribution géographique) a recueilli des données de consultation en continu des patients de 20 ans et plus, ayant consulté au moins une fois en 2005 pour RGO symptomatique ou les symptômes correspon- dants sans signe de gravité. Ces données ont été ensuite extrapolées à tous les médecins généralistes français. Résultats. Sur lannée 2005, 122 571 patients (âge moyen, 56 ans, 45 % dhommes, 14 % avec au moins un antécédent digestif et 12 % en ALD) satisfaisaient les critères de sélection (effectif redressé de 5,7 millions de personnes, soit 13 % de la population adulte ayant consulté un MG). Les patients avaient consulté le méde- cin en moyenne 2,6 fois pour RGO sur 7,5 consultations annuelles. Dans 12 % des cas, ces consultations ne donnaient pas lieu à une prescription danti-ulcéreux. Les IPP étaient prescrits en première ligne de traitement du RGO dans 84 % des consultations (dont 17 % associés à dautres anti-ulcéreux). Loméprazole princeps ou son générique étaient majoritairement prescrits (79 %) à dose pleine (20 mg), alors que les autres molécules (lanzoprazole, pantoprazole, rabéprazole et ésoméprazole) létaient à demi-dose (64 %). Les coûts extrapolés des IPP remboursés ont été de 465 Mavec un taux moyen de remboursement de 73 %. Loméprazole princeps représentait 11 % du coût pharmaceutique total remboursé. Pour lassurance maladie, une substitution complète de loméprazole princeps par son générique aux mêmes doses et durées, sur la base des prix au 31 décembre 2006, aurait permis une économie de 18,35 M, soit une baisse de 4,3 % des dépenses pharmaceutiques remboursées dans lindication. La substitu- tion de loméprazole générique pleine dose vers des IPP à demi-dose defficacité équivalente dans le RGO aurait permis une économie sup- plémentaire avec pantoprazole de 9 à 13,2 M, rabéprazole de 8,8 à 10,5 Met lanzoprazole de 2,6 à 7,4 Mmais aurait entraîné un sur- coût avec ésoméprazole de 2,7 à 6,3 M. Abstracts / Revue dÉpidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) S11S20 S19

Observance aux statines et atteinte de l’objectif thérapeutique en LDL-cholestérol chez des patients en prévention primaire à haut risque cardiovasculaire

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Page 1: Observance aux statines et atteinte de l’objectif thérapeutique en LDL-cholestérol chez des patients en prévention primaire à haut risque cardiovasculaire

Abstracts / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) S11–S20 S19

demande de la Commission de transparence, une étude pharmacoépi-démiologique a été réalisée au cours de l’hiver 2004–2005 auprès desétablissements d’hébergement pour personne âgées (EHPA) afind’évaluer en situation réelle l’impact de la grippe en termes de morbi-mortalité en fonction de l’existence d’un traitement prophylactiqueantigrippal par oseltamivir.

Méthodes. – Une étude de cohorte a été conduite auprès de 98EHPA sélectionnés de façon aléatoire sur toute la France. La périoded’observation a débuté au moment de l’alerte épidémique fournie parsystèmes de surveillance français (sentinelles et GROG). Tous lesrésidents devaient être inclus et les syndromes grippaux, décès et hos-pitalisations ont été recueillis. L’exposition à la grippe était définiepar le signalement d’au moins un cas de grippe dans l’établissement.La recherche de facteurs prédictifs de décès et d’hospitalisations a étéeffectuée à l’aide d’une régression logistique alternée prenant encompte la corrélation des données au sein d’un EHPA.

Résultats. – L’analyse a porté sur 6989 résidents (âge moyen :85 ± 9 ans et 76 % de femmes). La couverture vaccinale contre lagrippe était de 93 % chez les résidents et de 33 % chez le personnelsoignant. L’exposition à la grippe a concerné 64 % des résidents et9 % ont présenté au moins un syndrome grippal. Pendant la périodeépidémique, parmi les 367 (5,3 %) décès recensés l’exposition à lagrippe était associée à une surmortalité (RR = 1,4, IC 95 % = [1,1 ;1,7]). L’exposition à la grippe était un facteur de surmortalité pourles décès de cause infectieuse (OR = 2,50, IC 95 % = [1,32 ; 4,75])ou d’origine respiratoire (OR = 2,72, IC 95 % = [1,57 ; 4,69]). Parmiles 670 hospitalisations recensées, les hospitalisations toutes causesconfondues étaient plus fréquentes chez les résidents exposés à lagrippe (OR = 1,24, IC 95 % = [1,05 ; 1,47]). Le trop faible effectifde résidents traités par oseltamivir en prophylaxie (n = 106) n’a paspermis de répondre à l’objectif principal.

Conclusions. – Cette étude a permis de confirmer l’impact de lagrippe sur la mortalité et morbidité des personnes âgées institutionna-lisées. La corrélation entre grippe et surmortalité inviterait à refaire cetype d’étude.

Observance aux statines et atteinte de l’objectif thérapeutiqueen LDL-cholestérol chez des patients en prévention primaireà haut risque cardiovasculaireL. Laforesta, B. Kitioa, A. Kiefferb, M. Lapeyre-Mestrec, N. Passantea,K. Badiec, E. Van GanseaaUnité de pharmacoépidémiologie, CHU, Lyon, FrancebUnité de pharmacoépidémiologie, EA 3696, université Paul-Sabatier, Toulouse, FrancecUMR S 707, université Pierre-et-Marie-Curie–Paris-VI, Paris,France

Objectif. – L’intérêt des statines dans la prise en charge des hyper-cholestérolémies en prévention primaire est clairement démontré.Cependant, de nombreuses études ont montré un écart importantentre les résultats des essais cliniques et ceux obtenus en pratiquemédicale quotidienne. L’explication la plus souvent avancée est queles écarts seraient dus à une observance insuffisante du patient enversson traitement, ce qui demande à être vérifié formellement.

Méthodes. – Une étude observationnelle a été réalisée auprès depatients traités par statine en prévention primaire, avec au moinstrois facteurs de risque cardiovasculaires associés à la dyslipidémie(patients à haut risque cardiovasculaire). L’observance de ces patientsa été étudiée de manière prospective pendant une période de 90 joursà l’aide de piluliers électroniques (MEMS). L’objectif principal decette étude était de savoir si les patients à l’objectif thérapeutique(groupe OT+) selon les recommandations de l’Afssaps(LDL-cholestérol < 1,3 g/l) avaient une meilleure observance que lespatients qui ne l’étaient pas (groupe OT–).

Résultats. – Au total, 108 patients OT+ (âge moyen 62 ans, 40 %de femmes) et 90 patients OT– (âge moyen 61 ans, 38 % de femmes)ont été analysés. Plus du quart des patients dans les deux groupes ontdéclaré que le MEMS avait modifié leur comportement, essentielle-ment dans le sens d’une meilleure observance. Dans l’ensemble,l’observance des patients mesurée avec les piluliers électroniques aucours des 90 jours de suivi était satisfaisante avec un nombre limitéd’interruptions de traitements. Les pourcentages moyens de jours desuivi avec ouverture du MEMS étaient de 99 % pour les patients OT+et 97 % pour les patients OT–. À la fin du suivi de 90 jours, environ40 % des patients OT+ et OT– avaient interrompu au moins une foisleur traitement pendant deux jours consécutifs ou davantage. Aucunedifférence d’observance n’a été observée entre les groupes OT+ etOT– (test du Log rank p = 0,66).

Conclusions. – L’observance de ces patients était globalementsatisfaisante. Il convient de s’interroger sur l’utilisation de pilulierélectronique dans un contexte observationnel.

Prévalence du RGO non compliqué en médecine générale, priseen charge et coûts pour l’assurance maladie. Analyse de la baseThalèsA. Charlemagnea, P. Le Jeunneb, S. MoulycaCEMKA–EVAL, Bourg-la-Reine, FrancebThalès, Boulogne, FrancecHôpital Lariboisière, Paris, France

Objectif. – Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) consti-tuaient en 2005 la troisième classe de médicaments la plus coûteusepour l’assurance maladie, avec plus d’un milliard d’euros (5,7 % desdépenses pharmaceutiques de ville) dont 50 % dans l’indication refluxgastro-œsophagien (RGO). Nous avons évalué l’adéquation auxrecommandations des prescriptions médicamenteuses dans cette indi-cation aux recommandations et l’économie potentielle des substitu-tions vers des médicaments moins coûteux à efficacité comparable.

Méthodes. – L’observatoire Thalès (1200 médecins généralistes[MG] informatisés en réseau représentatif pour l’âge, le sexe et la dis-tribution géographique) a recueilli des données de consultation encontinu des patients de 20 ans et plus, ayant consulté au moins unefois en 2005 pour RGO symptomatique ou les symptômes correspon-dants sans signe de gravité. Ces données ont été ensuite extrapolées àtous les médecins généralistes français.

Résultats. – Sur l’année 2005, 122 571 patients (âge moyen,56 ans, 45 % d’hommes, 14 % avec au moins un antécédent digestifet 12 % en ALD) satisfaisaient les critères de sélection (effectifredressé de 5,7 millions de personnes, soit 13 % de la populationadulte ayant consulté un MG). Les patients avaient consulté le méde-cin en moyenne 2,6 fois pour RGO sur 7,5 consultations annuelles.Dans 12 % des cas, ces consultations ne donnaient pas lieu à uneprescription d’anti-ulcéreux. Les IPP étaient prescrits en premièreligne de traitement du RGO dans 84 % des consultations (dont 17 %associés à d’autres anti-ulcéreux). L’oméprazole princeps ou songénérique étaient majoritairement prescrits (79 %) à dose pleine(20 mg), alors que les autres molécules (lanzoprazole, pantoprazole,rabéprazole et ésoméprazole) l’étaient à demi-dose (64 %). Les coûtsextrapolés des IPP remboursés ont été de 465 M€ avec un taux moyende remboursement de 73 %. L’oméprazole princeps représentait 11 %du coût pharmaceutique total remboursé. Pour l’assurance maladie,une substitution complète de l’oméprazole princeps par son génériqueaux mêmes doses et durées, sur la base des prix au 31 décembre 2006,aurait permis une économie de 18,35 M€, soit une baisse de 4,3 % desdépenses pharmaceutiques remboursées dans l’indication. La substitu-tion de l’oméprazole générique pleine dose vers des IPP à demi-dosed’efficacité équivalente dans le RGO aurait permis une économie sup-plémentaire avec pantoprazole de 9 à 13,2 M€, rabéprazole de 8,8 à10,5 M€ et lanzoprazole de 2,6 à 7,4 M€ mais aurait entraîné un sur-coût avec ésoméprazole de 2,7 à 6,3 M€.