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787 Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 787-8 © 2007 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Séminaire FMC Particularités sémiologiques respiratoires du sujet âgé R. Sergysels En Hommage à Jean-Claude Yernault n 2002, quelques années avant son décès, Jean- Claude Yernault avait publié, avec P. Scillia, un remarquable article sur ce sujet [1]. Depuis lors, cet article n’a pas pris une ride et ses références bibliographiques font comprendre au lecteur l’étonnante érudition médicale des auteurs. Voici la version intégrale du résumé : « Les effets du vieillissement sur l’aspect macroscopique du poumon furent reconnus dès Laennec, Andral suggérant que la dyspnée peut en être le témoin clinique. Parallèlement, les physiologistes confirmèrent les effets négatifs de l’âge sur la capacité vitale, tandis que les anatomistes en précisè- rent le retentissement sur la structure du poumon et de la cage thoracique. La prévalence de la dyspnée augmente avec le vieillis- sement, une affection morbide devant toujours être recherchée. La prévalence de la toux est étroitement associée au tabagisme actif et passif. Parmi les signes physiques sont à retenir la défor- mation du thorax en tonneau et la présence de râles crépitants au niveau des zones pulmonaires déclives, qui n’ont pas nécessaire- ment une signification pathologique. L’utilité de la mesure du temps d’expiration forcée reste à démontrer chez le vieillard. À la radiographie thoracique, il n’y a pas d’aspect caractéristique du poumon sénile. Les anomalies mises en évidence lors d’examens systématiques sont pathologiques, mais leur détection n’influence pas la prise en charge thérapeutique du patient âgé ». Jean Claude Yernault accordait une grande importance à la sémiologie respiratoire, c’est une matière qui lui tenait par- ticulièrement à cœur. Comme Professeur de Pneumologie et comme chef de Service, il a toujours insisté sur l’utilité d’un contact avec le patient allant de l’interrogatoire à un examen médical complet. L’auscultation pulmonaire est une étape capitale de l’examen clinique et il se plaisait à rappeler que ronchi, sibilants et râles ne se « voient » pas à la radiographie de thorax ni même au scanner. Sa conviction était telle qu’il avait lu la plupart des livres de sémiologie et qu’il possédait le traité de Laennec de 1837, qui siégeait en maître dans sa Service de Pneumologie, Hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique. Correspondance : R. Sergysels Service de Pneumologie, Hôpital Erasme, B-1070 Bruxelles, Belgique. [email protected] E

Particularités sémiologiques respiratoires du sujet âgé

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787Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 787-8 © 2007 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Séminaire FMC

Particularités sémiologiques respiratoires du sujet âgé

R. Sergysels

En Hommage à Jean-Claude Yernault

n 2002, quelques années avant son décès, Jean-Claude Yernault avait publié, avec P. Scillia, un remarquablearticle sur ce sujet [1]. Depuis lors, cet article n’a pas pris uneride et ses références bibliographiques font comprendre aulecteur l’étonnante érudition médicale des auteurs. Voici laversion intégrale du résumé : « Les effets du vieillissement surl’aspect macroscopique du poumon furent reconnus dès Laennec,Andral suggérant que la dyspnée peut en être le témoin clinique.Parallèlement, les physiologistes confirmèrent les effets négatifs del’âge sur la capacité vitale, tandis que les anatomistes en précisè-rent le retentissement sur la structure du poumon et de la cagethoracique. La prévalence de la dyspnée augmente avec le vieillis-sement, une affection morbide devant toujours être recherchée.La prévalence de la toux est étroitement associée au tabagismeactif et passif. Parmi les signes physiques sont à retenir la défor-mation du thorax en tonneau et la présence de râles crépitants auniveau des zones pulmonaires déclives, qui n’ont pas nécessaire-ment une signification pathologique. L’utilité de la mesure dutemps d’expiration forcée reste à démontrer chez le vieillard. À laradiographie thoracique, il n’y a pas d’aspect caractéristique dupoumon sénile. Les anomalies mises en évidence lors d’examenssystématiques sont pathologiques, mais leur détection n’influencepas la prise en charge thérapeutique du patient âgé ».

Jean Claude Yernault accordait une grande importance àla sémiologie respiratoire, c’est une matière qui lui tenait par-ticulièrement à cœur. Comme Professeur de Pneumologie etcomme chef de Service, il a toujours insisté sur l’utilité d’uncontact avec le patient allant de l’interrogatoire à un examenmédical complet. L’auscultation pulmonaire est une étapecapitale de l’examen clinique et il se plaisait à rappeler queronchi, sibilants et râles ne se « voient » pas à la radiographiede thorax ni même au scanner. Sa conviction était telle qu’ilavait lu la plupart des livres de sémiologie et qu’il possédait letraité de Laennec de 1837, qui siégeait en maître dans sa

Service de Pneumologie, Hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique.

Correspondance : R. Sergysels Service de Pneumologie, Hôpital Erasme, B-1070 Bruxelles, [email protected]

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R. Sergysels

Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 787-8 788

bibliothèque. Nous regrettons tous Jean-Claude Yernault.Il était un grand pneumologue humaniste et un ami. Ce n’estpas une tâche facile pour moi de traiter ce sujet qu’il auraitplaidé magistralement.

Référence

1 Yernault JC, Scillia P : Aspect cliniques et radiologiques du vieillisse-ment de l’appareil respiratoire. Rev Mal Respir 2002 ;19 : 481-9.