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MEMOIRE ORIGINAL PRISE EN CHARGE DES D 'TRESSES VITALES INTRA-HOSPITALI 'RES JACQUET-FRANClLLON, L. HOLZAPFEL, S. BENARBIA, G. MEKDISSl, /IARCELLIN, G. DEMINGEON R#SUMI~ Un syst~me d'intervention pour arr6t cardio-respiratoire survenu inopin6ment fonctionne depuis trois ans dans l'h6pital. Des con- signes affichfes dans les unit6s de soins comportent un num6ro d'appel, arr6t cardiaque ,), re~u par un t616phone r6serv6 5 cet usage. Une 6quipe (un mfdecin, un infirmier, un ambulancier) se rend sur place avec le matfriel (scope-d6fibrillateur, respirateur). Une formation ~ la r6animation cardio-respiratoire utilisant un man- nequin est propos6e aux 500 personnes de l'h6pital suscepfibles d'6tre form6es (m6decins, internes, infirmi6res). Les interventions effectu6es de janvier 1991 5 avril 1992 ont con- cern6 73 malades, 39 hommes, 34 femmes, ftge : 69 + 16 ans_ Le dfilai entre la r6ception de l'appel et l'intervention 6tait de 3 _+ 2 rain. L'6quipe a constat6 un arrfit cardio-respiratoire 37 lois. Des manoeuvres de survie adapt~es ont fit6 pratiqu6es avant l'arri- v6e de l'6quipe 20 lois sur 37. Une r6animation cardio-respiratoire a 6tfi effectufe 35 lois, avec succ~s 10 fois et deux malades ont surv6cu sans s6quelle ~ 1 mois. L'6quipe n'a pas constat6 d'arr6t cardio-respiratoire 36 lois. Dans ce groupe, tree intubation sur place a 6t6 n6cessaire pour dix patients et cinq d'entre eux ont survfcu 1 mois. La formation ~ la rfanimation cardio-respiratoire a concern6 288 infirmi&res et deux internes. La quaht6 des gestes de survie est meilleure lorsque le personnel a 6t6 form& En conclusion, notre syst&me d'intervention a permis de traiter activement 45 patients (r6animation cardio-respiratoire ou intu- bafion). Am61iorer ce r~sultat est possible par une meilleure for- mation des m6decins et infirmi6res des unit6s de soins. Des syst~mes analogues pourraient ~tre d6velopp6s dans tousles h6pitaux. Mots-cl6s : Arr6t cardio-respiratoire, formation ~ la r6animation cardio-respiratoire, 6valuation. SUMMARY Management of in-hospital vital distresses A CPR intervention system has been available since three years in our hospital. Written orders were displayed within the wards, with a phone number (n ° 17) corresponding to a telephone reserved to CPR calls. A CPR team (one physician, one nurse, one atten- dant) is sent to the unit with the suitable equipment (scope defibril- lator, ventilator). A CPR training program has been proposed to the hospital physicians, residents and nurses (500 fellows). A prospective study was performed from january 1991 to april 1992 on 73 patients who were rescued. Age was 69 + 16 years (39 males and 34 females.) Cardiac arrest was present in 37/73 cases; a CPR attempt was performed in 35 cases and two patients survived at least one month. Among the 37 patients, CPR was began in 20 cases by the bystanders. Cardiac arrest was not present in 36/73 cases and diagnosis were: respiratory failure (n = 13), shock (n = 9), loss of consciousness (n = 9), coma (n = 2), cardi- ac arythmia (n = 2), cerebral attack (n = 1)_ Among the 36 pa- tients, 10 were intubated at the scene and 5/10 were still alive one month later. Finally, among the 73 patients, 45 had CPR or were intubated and 7/45 (16 p. cent) were still alive one month later. So far, 288 nurses and two residents have already been trained. The CPR was better when the staff have been well trained. We conclude that a CPR intervention system should be developed in every hospital. An increased survival rate was possible in our hospital, provided that the medical and paramedical staff were more compliant to the training program. Key-words: Cardiac arrest, cardiopulmonary resuscitation, evaluation. La survenue inopin6e d'un arr~t cardio-respiratoire (ACR) en milieu hospitalier est une situation parfois d6sarmante pour les 6quipes des unit6s de soins. A Correspondance : Dr T. Jacquet-Francillon, Service d'Accueil et d'Urgences, Centre Hospitalier - 01012 Sourg-en-Bresse, France. Re£u en septembre 1992. Accept6 en mai 1993. l'image des 6tablissements Nord-Am6ricains, certains centres hospitaliers franqais, tel l'h6pital p~diatrique Robert-Debr6 [1], sont dot6s de sys- t6mes d'intervention pour ACR survenant l'h6pital. Ce travail a pour but la presentation d'un syst6me similaire mis en place ~ l'h6pital de Bourg-en-Bresse et l'6valuation des r6sultats obtenus. R6an. Urg., 1993, 2 (5), 539-543

Prise en charge des détresses vitales intra-hospitalières

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Page 1: Prise en charge des détresses vitales intra-hospitalières

MEMOIRE ORIGINAL

PRISE EN CHARGE DES D 'TRESSES VITALES INTRA-HOSPITALI 'RES

JACQUET-FRANClLLON, L. HOLZAPFEL, S. BENARBIA, G. MEKDISSl, /IARCELLIN, G. DEMINGEON

R#SUMI~

Un syst~me d'intervention pour arr6t cardio-respiratoire survenu inopin6ment fonctionne depuis trois ans dans l'h6pital. Des con- signes affichfes dans les unit6s de soins comportent un num6ro d ' appe l , arr6t cardiaque ,), re~u par un t616phone r6serv6 5 cet usage. Une 6quipe (un mfdecin, un infirmier, un ambulancier) se rend sur place avec le matfriel (scope-d6fibrillateur, respirateur). Une formation ~ la r6animation cardio-respiratoire utilisant un man- nequin est propos6e aux 500 personnes de l'h6pital suscepfibles d'6tre form6es (m6decins, internes, infirmi6res). Les interventions effectu6es de janvier 1991 5 avril 1992 ont con- cern6 73 malades, 39 hommes, 34 femmes, ftge : 69 + 16 ans_ Le dfilai entre la r6ception de l'appel et l'intervention 6tait de 3 _+ 2 rain. L'6quipe a constat6 un arrfit cardio-respiratoire 37 lois. Des manoeuvres de survie adapt~es ont fit6 pratiqu6es avant l'arri- v6e de l'6quipe 20 lois sur 37. Une r6animation cardio-respiratoire a 6tfi effectufe 35 lois, avec succ~s 10 fois et deux malades ont surv6cu sans s6quelle ~ 1 mois. L'6quipe n'a pas constat6 d'arr6t cardio-respiratoire 36 lois. Dans ce groupe, tree intubation sur place a 6t6 n6cessaire pour dix patients et cinq d'entre eux ont survfcu

1 mois. La formation ~ la rfanimation cardio-respiratoire a concern6 288 infirmi&res et deux internes. La quaht6 des gestes de survie est meilleure lorsque le personnel a 6t6 form& En conclusion, notre syst&me d'intervention a permis de traiter activement 45 patients (r6animation cardio-respiratoire ou intu- bafion). Am61iorer ce r~sultat est possible par une meilleure for- mation des m6decins et infirmi6res des unit6s de soins. Des syst~mes analogues pourraient ~tre d6velopp6s dans tous les h6pitaux.

Mots-cl6s : Arr6t cardio-respiratoire, formation ~ la r6animation cardio-respiratoire, 6valuation.

SUMMARY

Management of in-hospital vital distresses

A CPR intervention system has been available since three years in our hospital. Written orders were displayed within the wards, with a phone number (n ° 17) corresponding to a telephone reserved to CPR calls. A CPR team (one physician, one nurse, one atten- dant) is sent to the unit with the suitable equipment (scope defibril- lator, ventilator). A CPR training program has been proposed to the hospital physicians, residents and nurses (500 fellows). A prospective study was performed from january 1991 to april 1992 on 73 patients who were rescued. Age was 69 + 16 years (39 males and 34 females.) Cardiac arrest was present in 37/73 cases; a CPR attempt was performed in 35 cases and two patients survived at least one month. Among the 37 patients, CPR was began in 20 cases by the bystanders. Cardiac arrest was not present in 36/73 cases and diagnosis were: respiratory failure (n = 13), shock (n = 9), loss of consciousness (n = 9), coma (n = 2), cardi- ac arythmia (n = 2), cerebral attack (n = 1)_ Among the 36 pa- tients, 10 were intubated at the scene and 5/10 were still alive one month later. Finally, among the 73 patients, 45 had CPR or were intubated and 7/45 (16 p. cent) were still alive one month later. So far, 288 nurses and two residents have already been trained. The CPR was better when the staff have been well trained. We conclude that a CPR intervention system should be developed in every hospital. An increased survival rate was possible in our hospital, provided that the medical and paramedical staff were more compliant to the training program.

Key-words: Cardiac arrest, cardiopulmonary resuscitation, evaluation.

La survenue inopin6e d'un arr~t cardio-respiratoire (ACR) en milieu hospitalier est une situation parfois d6sarmante pour les 6quipes des unit6s de soins. A

Correspondance : Dr T. Jacquet-Francillon, Service d'Accueil et d'Urgences, Centre Hospitalier - 01012 Sourg-en-Bresse, France. Re£u en septembre 1992. Accept6 en mai 1993.

l ' i m a g e d e s 6 t a b l i s s e m e n t s N o r d - A m 6 r i c a i n s , c e r t a i n s c e n t r e s h o s p i t a l i e r s f r a n q a i s , te l l ' h 6 p i t a l p ~ d i a t r i q u e R o b e r t - D e b r 6 [1], s o n t d o t 6 s d e sys - t 6 m e s d ' i n t e r v e n t i o n p o u r A C R s u r v e n a n t l ' h 6 p i t a l .

Ce t r ava i l a p o u r b u t la p r e s e n t a t i o n d ' u n s y s t 6 m e s imi l a i r e m i s e n p l a c e ~ l ' h 6 p i t a l d e B o u r g - e n - B r e s s e e t l ' 6 v a l u a t i o n d e s r 6 s u l t a t s o b t e n u s .

R6an. Urg., 1993, 2 (5), 539-543

Page 2: Prise en charge des détresses vitales intra-hospitalières

- 5 4 0 - Prise en charge des d#tresses v/tales intra-hospitali#res

• Malades et M6thodes

Presentation de I'h~pital L'h0pital de Fleyriat comporte 600 lits. I1 com-

prend un service de r6animation polyvalente et un service d'accueil des urgences (SAU), le service d'aide m6dicale urgente du d6partement (SAMU), une unit6 de soins intensifs cardiologiques, des ser- vices de sp6cialit6s m6dicales et chirurgicales, des unit6s de gyn6cologie-obst6trique, de chirurgie poly- valente et de p~diatrie. Le service de r6animation polyvalente comporte 10 lits. Le SAU comprend un secteur d'accueil et un service d'hospitalisation de courte dur6e (10 lits). Le SAU et le service mobile d 'urgence et r6animation (SMUR) fonctionnent en compl6mentarit6 sous une m~me responsabilit6 avec un personnel commun.

Prdsentation du systdme d'intervention pour ACR

Un syst~me d'intervention pour ACR survenu ino- pin6ment fonctionne depuis trois ans dans l'h6pital. Des consignes sont affich6es dans les unit6s de soins et les unit6s m6dico-techniques. Celles-ci rappellent les gestes de survie ~ mettre en oeuvre et compor- tent un num6ro d ' a p p e l , arr~t c a rd i aque , (n ° 17) requ par une ligne et sur un t61@hone r6serv6s ~ cet usage. Cet appareil fonctionne uniquement en mode r~ception pour 6viter toute autre utilisation. I1 est situ6 au niveau de la r6gulation du SAMU o0 une per- sonne peut r@ondre en permanence d~s la premiere sonnerie.

A la r~ception de l'appel, une 6quipe compos6e d 'un m6decin (assistant en m~decine g6n6rale au SAU), d'un(e) infirmier(e) et d 'un ambulancier du SMUR abandonne sa tache et se rend sur place avec le mat6riel (scope-d6fibrillateur, respirateur, mat6- riel d'intubation et de perfusion, m6dicaments). Pour faciliter les d6placements ~ l ' int6rieur de l'h6pital, le mat6riel est dispos6 sur un chariot d 'urgence qui est v6rifi~ quotidiennement par le personnel du SMUR et disponible en permanence. L'6quipe ne poss~de malheureusement pas de clef d'acc6s prio- ritaire aux ascenseurs. En cas de succ~s de la r6ani- mation cardio-respiratoire (RCR), le malade est admis au SAU dans la salle de d6chocage puis 6ventuelle- ~ e n t en r6animation.

Formation ~ la rdanimation cardio-respiratoire

Une formation ~ la RCR est propos6e au person- nel de l'h6pital. L 'enseignement des gestes 616men- taires de survie utilise un mannequin et un magn6toscope. Une brochure d'information a 6t6 dis- tribu6e. Pour l 'ensemble de l'h0pital, 500 personnes sont susceptibles d 'etre form6es (m6decins, internes, infirmi~res). Ce chiffre ne comprend pas le person- nel des unit6s r6animation-SAU-SMUR qui re~oit une formation sp6cifique ~ la RCR.

R~an. Urg., 1993, 2 (5), 539 -543

Mdthode Une ~tude prospective a 6t~ r6alis~e de janvier

1991 ~ avril 1992. Une fiche d'inclusion a ~t6 rem- plie pour les appels requs pendant cette p6riode. Les enfants (age inf6rieur ~ 15 ans) n 'ont pas 6t6 inclus. Les patients hospitalis6s en r6animation et au SAU n'6taient pas concern6s. L '6tat civil, le motif de l'appel, les d61ais de dfcouverte et d'intervention ont 6t6 notfs . Les donn6es suivantes concernant le per- sonnel de l'unit~ ont 6t6 relev~es : gestes de secou- r isme effectu6s, fonction des in tervenants et participation fiventuelle ~ la formation RCR. Les manoeuvres de RCR ont 6t~ jugfes adaptfies lorsqu'elles comprenaient au moins un massage car- diaque externe et une ventilation manuelle compl6- t6s le cas 6ch6ant par la pose d 'une voie veineuse. L'6quipe RCR a mentionn6 l'6tat du patient ~ la prise en charge et les actes rfalis6s. L'~volution clinique

la 60 e minute et le devenir ~ un mois des survivants ont fit6 not6s. La classification de Mac Cabe [2] a 6t6 utilisfie pour rendre compte des pathologies associfes pour chaque patient (stade I : pathologie fatale dans un dflai inf6rieur tt 1 an, stade II : pathologie fatale dans un d61ai de 1 ~ 4 ans, stade I I I : pas de patholo- gie fatale). La population a fit~ sfpar6e en deux grou- pes en fonction de la d6tresse constat6e par l '6quipe RCR : groupe 1 : patients en ACR et groupe 2 ; absence d'ACR. Dans le groupe 1, l 'efficacit6 des manoeuvres de survie a 6t6 compar6e pour le person- nel form6 et non form& Le test de Chi2 a 6t6 utilis6.

• R6sultats

L'6tude a concern6 73 malades (39 hommes et 34 femmes) d'~ge 69 _+ 16 ans. Deux patients ont 6t6 exclus car leur fiche 6tait incorapl~te.

Le dflai entre la r6ception de l 'appel et l 'arr ivfe de l '6quipe dans l'unit6 de soins 6tait de 3 _+ 2 rain. 12 malades 6taient hospitalis6s en unit6 de soins intensifs cardiologiques.

Patients du groupe 1 La d6tresse constat6e par l '6quipe d ' intervention

6tait un ACR 37 lois (trac6 ECG plat : 21 cas, disso- ciation dectro-m6canique : 9 cas, fibrillation ventri- culaire : 7 cas). Cette population se r@artissai t dans la classification de Mac Cabe en : stade I : 10 cas, stade II : 8 cas, stade I I I : 19 cas.

La figure 1 montre les r6sultats obtenus pour les patients en ACR. Deux malades n 'ont pas b6n6fici6 d'une RCR en raison du contexte. La survie ~ un mois 6tait de 2 cas sur 37 (6 p. cent).

Patients du groupe 2 L'6quipe n 'a pas constat~ d 'ACR 36 fois. II s'agis-

sait de : d~tresse respiratoire aigue : 13 cas, 6tat de

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Prise en charge des d6tresses v/tales intra-hospitali6res - 5 4 1 -

4 NOMBRE DE / [ ~ 7 ]

MALADES 3

30-

2 5 -

20 £

15 £

10 £

5

/

/

0 ACR RCR SUCCES SURVIE

Fig. 1. - - Evolution des patients en arr&t cardio-respiratoire (groupe 1). ACR : arr~t carc/io-respiratoire ; RCR : r~animation carc/io- respiratoire ; Succ~s : obtention c/'une h&modynamique correcte ; Survie : survie ~ un mois.

p<0,0005

NOMBRE 8 0 : / " ~#:~:: ;;:;;::~. [] RCR adapt4e

D E CAS (%) 70 - ' '~i ' .;:~.:: ~"~

60-_-"

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:: ~}d:g N

Form4 ~ la RCR Non Form~ a la RCR (22 cas) (7 cas)

Fig. 2 - - Impact de la formation du personnel des unites de soins sur la quafit6 des gestes de survie r#alis6s (37 interventions pour arr&t cardio-respiratoire). ACR : arr&t cardio-respiratoire ; RCR : r#animation cardio- respiratoire.

choc : 9 cas, malaise avec perte de connaissance : 9 cas, coma : 2 cas, trouble du ry thme cardiaque r6duit avant l 'arr ivfe de l'4quipe : 2 cas, accident vas- culaire c4r4bral sans trouble de conscience : 1 cas.

Dans ce groupe, 10 malades (28 p. 100) ont 6t6 in tubfs sur place en raison d 'une d4tresse v/tale (coma, d4tresse respiratoire ou 6tat de choc) et 5 d 'en t re eux ont surv4cu ~ un mois. La survie ~ un mois des patients pr6sentant une d4tresse v/tale 6tait de 13 cas sur 24 cas (54 p. 100).

Resultats d'ensemble

L'6quipe RCR a trait4 ac t ivement 45 malades sur 73 (62 p. 100) en r4alisant une RCR mfdical is6e (n = 35) ou une intubation endotrach6ale (n = 10) et 7 d 'en t re eux ont surv4cu gt un mois sans s4- quelle.

Les autres patients ont 4t4 soit admis au SAU en raison de leur gravit6 (n = 8) soit laiss6s sur place car leur 6tat le permet ta i t (n = 12) ou parce qu'ils arrivaient mani fes tement en fin de vie (n = 8).

Formation ~ la RCR

Jusqu'fi p r f sen t 288 infirmi6res et seulement 2 internes ont b6n6fici6 d 'une formation ~ la RCR. En cas d 'ACR, des gestes de secourisme ont 4t4 pra- tiqu6s par le personnel des uni t fs de soins 29 lois (78 p. 100 des cas). Ces manoeuvres 4tait adapt6es 20 lois (54 p. 100 des cas). Lafigure 2 montre l 'effi- cacit4 du personnel form6 et non form4. Quand une RCR a 4t4 r4alis4e, la per formance du personnel form6 6tait meilleure que celle du personnel non form6 (p < 0,0005).

• Discussion

Les r4sultats obtenus en cas d 'ACR (reprise d 'une act/v/t4 circulatoire efficace : 29 p. 100 des cas, sur- vie ~ 1 mois sans s6quelle : 6 p. 100 peuvent ~tre compar4s 5 ceux de la li t t4rature anglo-saxonne (Tabl. I). La proportion de patients b4n6ficiant d 'une RCR et survivant 5_ moyen t e rme varie selon les publications et se situe autour de 10 p. 100 [3]. Plu- sieurs 616ments expliquent les variations observ6es

Tableau I Survie apr~s r~animation cardio-respiratoire ~ /'h6pita/

Revue de/a/ i t t~rature

Auteur

Peatfield (1977) [10]

Hershey (1982) [7]

Woog (1987)[16]

Taffet (1988)[6]

Thomas (1990) [4]

Schein (1990) [15]

Etude personnelle (1992)

Caract~ristiques Survie de I'etude

2o/o * Etude r4trospective, 1 063 patients

Etude r~trospective, 79 patients

3 % *

Revue g~n~rale 13 %* de 11 ~tudes de la litt~rature

Etude r~trospective, 7 % avant 70 ans** 329 patients 0 % apr~s 70 ans

I~tude prospective, 17 %* 192 patients

letude r~trospective, 8 %* 64 patients

I~tude prospective, 6 %* * 37 patients

* Survie :nombre de patients ayant quitt~ I'h6pital avec ou sans sequel- les ; ** survie a un mois.

R~an. Urg., 1993, 2 (5), 539-543

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d'une s6rie ~t l 'autre : l 'h6t6rog6ndit6 d 'expression des r6sultats (survie ~ un mois ou ~ 15 jours pour cer- tains, nombre de patients ayant quitt~ l'h6pital avec ou sans s6quelles pour d'autres), l 'h6t6rog~n6it6 des populations concern6es (exclusion ou non des patients hospitalis6s en unit6 de soins intensifs car- diologiques). Compte tenu de ces considerations, les pourcentages de survie observ6s dans ces ~tudes sont proches de notre s6rie. La petite taille de l 'effectif oblige ~ la prudence dans les comparaisons.

Des facteurs d 'bchec de la RCR ont 6t6 individua- lis6s par Thomas et coll. [4] : dissociation 61ectrom6- canique, cancer dvolu6, terrain polypathologique. D'autres auteurs ont d6gag6 des crit~res de mauvais pronostic chez les patients survivants apr~s une RCR telles l 'existence d 'un cancer 6volu6, d 'un seposis ou d 'un 6tat de choc [5-7], la notion d 'une insuffisance r6nale [5] ou cardiaque grave [4], une RCR longue et l 'absence de t6moin lors de I 'ACR [6]. L'~ge n'influence pas le pronostic dans la plupart des s6ries [5, 8-11, 4] mais une ~tude r6cente est en contradic- tion avec cette hypoth~se [6]. Ces facteurs de mau- vais pronostic ont souvent 6t6 retrouv6s dans notre s6rie. Sur 35 malades r6anim6s pour ACR, sept patients 6taient porteurs d 'un cancer 6volu6, trois pr6sentaient un sepsis grave, deux 6taient en ~tat de choc en rapport avec une dissection aortique et 16 malades ont 6t~ class6s en stade I (n = 9) ou II (n = 7) dans la classification de Mac Cabe.

La s6rie publi6e par Thomas et coll. [4] a montr6 une nette am61ioration de la survie par rapport aux 6tudes ant6rieures (17 p. 100). Les auteurs expli- quent cette am61ioration par l 'existence des d6fibril- lateurs dans chaque unit6 de soins, une bonne formation des 6quipes RCR et leur intervention chez des patients s~lectionn6s. La d6fibrillation des patients par le personnel des unit6s suppose des efforts financiers et de formation difficilement concevables actuel lement en France. Dans l 'avenir, les h6pitaux pourraient b6n6ficier des d~fibrillateurs semi-automatiques introduits r6cemment en m6de- cine pr~hospitali~re [12]. D'apr~s Thomas et coll. [4], am~liorer la survie en cas d 'ACR suppose aussi la pratique d 'une RCR chez des patients s~lectionnds. A la difference de notre 6tude, les s~ries de la litt~- rature anglo-saxonne concernent des 6tablissements oil la notion de <, DNR >> (Do Not Resuscitate) est sou-

-vent admise. Cette notion est retrouv6e dans les s~ries dont le taux de survie est 61ev6. L 'absence de consensus pr~alable sur l 'att i tude ~ adopter face tin patient en cas d'ACR appelle plusieurs remarques. Certains scores permet ten t actuellement de pr6dire l 'issue d 'une RCR [13, 14] mais ne peuvent pas etre recommand6s pour prendre la d~cision de commen- cer ou d 'abandonner une RCR [13]. Appr6cier le con- texte est souvent difficile dans l 'urgence, notamment la nuit. En l 'absence de consignes claires, les infir- mi t res sont souvent face ~ un dilemme quant ~ la n~cessit~ d'initier une RCR et de recourir ~ l '6quipe RCR [4]. Dans notre s6rie, une RCR m6dicalis6e a

Rean. Urg., 1993. 2 (5). 539-543

presque toujours 5t~ tent~e en cas d'ACR. Deux malades n 'ont pas dtd r~animds en raison du contexte : nfioplasme ~ tin stade terminal dans un cas, hdmorragie intrac~r~brale avec hdmipl6gie et trou- bles phasiques sdquellaires dans l 'autre cas. Les patients stade I dans la classification de Mac Cabe n 'auraient probablement pas ~t~ rfianim~s si l'infir- mi t re du service puis le mfidecin avaient poss~d~ d'emblfie tons les 51fiments du dossier.

En l 'absence d'ACR, l ' importante mortalit~ ~ un mois (54 p. 100 ell cas de dfitresse vitale) tfimoigne de la gravit~ des malades pour lesquels l ' interven- tion de l'fiquipe a ~tfi demand~e. Une thfirapeutique active (intubation endotrachfiale et ventilation m~ca- nique) n 'a dtfi r~alis~e que dans 10 cas sur 36 (28 p. 100 des cas). Les malades ne pr~sentant pas de d~tresse vitale auraient dfi faire l 'objet d 'une demande d'avis du r6animateur de garde sans utili ~ ser la ligne n ° 17 comme le prdcisent les consignes affich~es dans les services. Le personnel des unitfis de soins doit done mieu_x reconnaitre les patients sus- ceptibles de b~n~ficier d 'une RCR.

L'intervention de l'~quipe RCR a permis de traiter des malades en ACR ou pr6sentant une d5tresse vitale en r~alisant une RCR ou une intubation. Notre syst~me d'intervention n'a pas dtd c r ~ dans le but de commencer en unitfi de soins le traitement de tous les patients relevant du service de r~animafion. I1 auto- rise n~anmoins la prise en charge prficoce des mala- des en dfitresse vitale et qui fivolueraient sans doute vers un ACR en l 'absence de traitement sur place. Cette prise en charge rapide permet probablement d'amfiliorer la survie des patients. Schein et Hazday ont insistfi sur la ndcessitd d'efforts pour pr~dire et pr~venir un ACR [15]. Ces auteurs ont mis en fivi- dence une d~t~rioration clinique dans les huit heures pr~cfidant I'ACR chez 84 p. 100 des patients, avec troubles neurologiques et respiratoires dans 70 p. 100 des cas [15]. Un meiUeur d~pistage des signes d'aggra- vation des malades, notamment de l'6tat de conscience et respiratoire, 6viterait sans doute plusieurs interven- tions de l'6quipe RCR dans les unit6s de soins.

Nos r6sultats montrent l ' int6r6t de poss6der dans. l'h6pital un syst~me de prise en charge des d6tres- ses vitales. Celui-ci a permis de traiter 45 patients (RCR ou intubation) avec une survie ~ un mois de 15,5 p. 100. Le cofit de ce syst~me est faible car il utilise une structure existante, son rapport cofit/b6n6- rice est done tr6s int6ressant. Comme l'a montr6 J.C. Mercier [1], d 'autres modules d'organisation sont envisageables. Le syst6me d ' intervention existant l'h6pital Robert-Debr6 diff~re sensiblement du n6tre [1]. Dans cet 6tablissement l '6quipe RCR, compos6e d 'un m6decin et d 'une infirmi~re, dispose d 'une clef d'acc6s prioritaire ~ l 'ascenseur. Elle emporte un ~< sac ~ dos d'urgence >> qui contient le mat6riel d'intu- bation et de ventilation et peut ainsi gagner l'unit6 la plus 61oign6e en moins de trois minutes. Une autre infirmi~re et tm agent hospitalier acheminent un cha-

Page 5: Prise en charge des détresses vitales intra-hospitalières

Prise en c h a r g e des d~ t resses v/tales in t ra-hospi ta f i~res - 5 4 3 -

riot d'urgence avec le matfiriel de compl6ment moins facile 5 transporter. Un brancard de transport amen~ par un agent hospitalier permet de m6dicaliser le transfert en rfianimation. Dans les deux h6pitaux, chaque unitfi dispose d'un sac d'urgence ais~ment accessible. Le syst~me mis en place ~ l'h6pital de Fleyriat permet l'arrivfie rapide d'une fiquipe de r6a- nimation dans les unit~s (3 + 2 ran). L'existence de cl~s d'acc~s prioritaire aux ascenseurs permettrait de raccourcir les ddais d'intervenfion en 6rages. Les diff6rences d'architecture entre les deux fitablisse- ments emp~chent de comparer les dfilais d'interven- tion observfis avec les deux syst~mes. Le schfima adopt6 ~ l'h6pital Robert-Debr6 semble plus rapide initialement, celui de l'h6pital de Fleyriat permet d'assurer la RCR et la mfidicalisation jusqu'au d6cho- cage avec trois personnes au lieu de cinq ~ l'h6pital Robert-Debr~. Dans les deux 6tablissements, l'~quipe RCR n'est pas r6serv6e exclusivement ~ cette fonc- tion. Ceci est susceptible de crier des interf6rences entre deux tfiches. Dans notre h6pital, l'existence d'un personnel commun aux unitfis r~animation, SAU et SAMU permet de pallier l'absence transi- toire du personnel intervenant et de disposer d'un effectif suffisant pour faire face ~ l'urgence intra- hospitali6re. De tels syst~mes seraient souhaitables dans tous les h6pitaux franqais.

Quelle que soit la rapiditfi des interventions m6di- calis6es en cas d'ACR, le personnel des unit~s de soins doit d~buter la RCR d~s que l'alerte est don- n6e. La formation du personnel permet d'am~liorer sa qualitY. Darts notre sfirie, le petit nombre de mala- des ne permet pas d'analyser si la qualitfi et la pr~- cocit~ de la RCR non m6dicalis6e ont influencfi la survie des patients. Contrairement aux infirmi~res, les internes et ]es mfidecins des unitfis sont peu moti- ves par la formation propos~e. Cette formation doit enseigner les gestes 616mentaires de survie. Elle doit permettre au personnel de reconna~tre une d~tresse vitale par l'6valuation de l'fitat de conscience, de la ventilation et par la recherche d'un pouls central. Le personnel mfidical et paramedical doit aussi 6tre formfi ~ la d~tection des troubles neurologiques ou ventilatoires devant conduire ~ la surveillance accrue d'un patient.

[] Conclusion

Le syst~me mis en place dans notre h6pital per- met d'intervenir en cas d'ACR ou de d6tresse vitale. Une am61ioration des rfisultats obtenus est possible

par une meilleure participation des mfidecins et des infirmi~res ~ la formation proposfie. Ceux-ci devraient d~buter les gestes de secourisme en atten- dant l'fiquipe d'intervention et mieux discerner la population qui peut b6n6ficier d'une r~animation. I1 semble souhaitable de faire figurer au lit du malade des consignes pr6cisant l'attitude ~ adopter en cas d'ACR (, DNR ~ des Anglo-Saxons) pour fiviter tout acharnement thfirapeutique. Des syst6mes analogues pourraient ~tre d~velopp6s dans les autres h6pitaux.

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