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Publishroomwww.publishroom.com

ISBN : 979-10-236-0512-9

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Armonia Zyra

Je suis

une poupée gigogneRécit autobiographique

On ne naît pas femme : on le devient.

– Simone de Beauvoir – Le deuxième sexe

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Préface

« Écrire, c’est hurler en silence. »

– Marguerite Duras

Si j’emprunte à Marguerite Duras cette citation, c’est parce que je sais qu’elle a toute l’admiration d’Armonia Zyra. Elle me permet d’annoncer la voix, le cri délivré, offert à travers le récit de l’auteure.

Mon rôle n’est pas de trop en dire. Les mots d’Armonia Zyra, vous les trouverez dans les pages qui suivront.

Mille sentiments intérieurs nous sont offerts en partage. Je ne pouvais toucher du doigt la réalité du vécu, du sens de la trans-identité, avant la lecture de Je suis une poupée gigogne. En entrant dans le récit, j’ai voyagé en terre inconnue, accompa-gnée par l’auteure, pour m’ouvrir à SA réalité.

De nos différences naissent de riches expériences : apprendre l’autre, car l’autre n’est pas moi, il me faut l’écouter. S’écouter soi-même aussi. C’est ce que nous dévoile avec sincérité l’au-teure : du pressentiment, de l’intuition profonde, à la révéla-tion, elle a perçu, refoulé puis renoué avec sa voix intérieure

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vers son accomplissement, sa libération. De la chrysalide au papillon.

Très tôt dans l’enfance, l’auteure interroge son moi inté-rieur afin de comprendre ce qui la rend unique, lui faisant échapper aux définitions communes de l’identité d’homme ou de femme.

Dès le début du récit, elle est là, cette voix encore fragile que l’auteure a perçue puis délivrée. Son évidence : elle est une femme, sous la peau, dans sa chair.

Alors même que les questions se posent pour l’enfant enfermé dans le corps qui lui est étranger, des mots frappent :

« C’est parce que tu grandis », lui opposera son père.La vie de couple ensuite, le rôle de parent, bouleverseront

le regard qu’elle porte sur sa nature profonde. Il faudra faire des choix dont le monde autour : les siens, les autres, se feront juges ou parties.

L’auteure nous décrit sa douleur face à l’incompréhension de l’amitié, celle qui juge à l’instant même où elle s’autorise avec courage à la confidence, renvoyée à la condition d’homme dont elle se détache pour aller vers la femme qu’elle est appelée à devenir.

L’amour d’un homme sera à ses côtés lors de sa transition vers l’équilibre. Puis il lui faudra apprivoiser cette nouvelle identité, la révéler à ses enfants ; quitter un corps pour en investir un autre, avec pour seule compagne fidèle son âme, intacte et à présent libérée par l’écrit.

Ainsi prend forme, entre combat et renaissance, l’harmo-nie attendue : la réconciliation des deux, l’enveloppe char-nelle et l’esprit. Ainsi naît l’écriture qui nous est offerte par Armonia Zyra. Dans ce récit-témoignage du chemin parcouru, Armonia livre son existence tout entière, nous parlant ainsi d’une seconde naissance, et nous saisit le cœur par cette phrase : « Je suis née deux fois. »

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Je suis arrivée à la fin de ce que je souhaitais écrire. Dans son sens religieux, la « préface » est la partie de la messe qui ouvre à la prière.

Je souhaite longue vie à ce texte dont la portée universelle repose sur les valeurs qu’il délivre : nos différences ne sont-elles pas le socle de ce qui constitue et révèle notre humanité ?

Je suis une poupée gigogne, dans une écriture libre, déliée, saisissante, au plus juste des mots, est un témoignage puis-sant et essentiel, courageux et authentique. Il est aussi un par-cours raconté, un récit au-delà du récit, une histoire de vie qui inspire un grand respect et apporte une grande sagesse tant il est empreint d’humilité. C’est une leçon humaine.

Je remercie l’auteure de sa confiance, de notre rencontre par l’écrit, de sa sensibilité de femme.

Emma Darmainvilliers, janvier 2017.

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Sortir deS normeS

Je ne peux pas dire que j’ai eu une enfance malheureuse. Bien au contraire. Lorsque je lis les témoignages écrits, je constate combien je suis loin d’avoir vécu ces destins marqués de souffrances. Rien de tout cela dans mon histoire. Pourtant la réalité est là, évidente, et malgré mes efforts, je ne peux la dis-soudre. J’ai essayé de me persuader que c’était une façon bien commode d’assumer un passé pas toujours à ma convenance. Mais rien n’y fait. Je ne retrouve ma sérénité qu’en étant en accord avec ma nature profonde : être une femme. Depuis que je me suis rendue à cette évidence, je vis un grand bonheur.

Parce qu’il n’y a pas une vie qui ressemble à une autre, j’ai décidé de témoigner pour me délivrer. Il faut résister aux injonctions de tous bords et surtout celles que l’on s’édicte à soi-même. Nous forgeons notre identité à partir des modèles que nous assène la société. Un homme, une femme, un gay, un bisexuel, une lesbienne, une trans-identitaire. Chacun ses normes, ses repères.

Je n’ai jamais réussi à me mettre dans une case. Aucune ne peut me définir. Nous sommes toutes et tous différents. C’est ce qui fait la richesse de cette humanité.

Je ne renoncerai pas à mon identité même si beaucoup trouvent cela inquiétant ou pitoyable, comme me l’a avoué

l’une de mes anciennes amies. Je dirais tant pis pour eux, tant pis pour elle. Accepter les différences c’est s’accepter soi-même, affronter ses peurs et finalement trouver une certaine sérénité. Ce chemin je l’ai emprunté et je souhaite, à qui voudrait s’y engager, tout le bonheur possible. Beaucoup n’y sont pas prêts. Beaucoup ne le seront jamais et continueront à se mentir à eux-mêmes, à vivre dans les fantasmes de ce qu’ils croient être. Je ne leur jette pas la pierre même si parfois je les plains.

Sur ce chemin, j’ai aussi rencontré la compréhension, l’ami-tié, l’amour.

Je veux témoigner de ma transition commencée très tard. D’après la classification française, je ne suis pas une « trans-sexuelle primaire » donc, exclue de l’hôpital public. Après ce que j’ai lu et entendu sur les équipes françaises, soi-disant spécialistes de la « transsexualité », je ne regrette rien.

Je revendique le droit inaliénable à disposer de mon corps.

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Qui SuiS-je ?

Je ne savais pas qui j’étais. Et pour les autres ? Ceux qui me jugeaient. Ceux qui croyaient savoir. Ils ignoraient tout. Pour eux, je n’étais qu’un malade pervers, un travelo pathétique. J’aurais pu m’en moquer mais c’était impossible. Car, en ne sachant pas qui j’étais, je n’existais pas. Je n’étais que l’ombre de moi-même. L’ombre de mon ombre. « L’ombre de mon chien », comme disait Brel. Car, ne pas pouvoir me définir, c’était n’exister qu’indûment.

J’étais indéfinissable et j’inspirais l’incrédulité, la peur, le rejet, le mépris, la haine, la violence. Je ne pouvais pas faire comme si, à moins de me mettre dans un trou, de ne plus sortir de chez moi, de vivre, de survivre, comme un ermite, un reclus. Mais, ce n’était pas une vie que de vivre sans les autres.

Lorsque je découvris que, durant toute ma vie, je m’étais fourvoyé, que ma nature profonde ne correspondait pas à mon identité familiale, sociale, que je n’étais pas ce que je pensais être depuis toujours, ce fut une sublime émotion. Une chape de plomb qui se brisait, ma libération d’une prison intériorisée, pernicieuse, déniée pendant cinquante ans. Paradoxalement, de m’être ignoré pendant si longtemps ne me donnait pas la connaissance de qui j’étais réellement.

Cette nouvelle identité, qui se révélait à moi, écrasait tout l’édifice de mon existence. À l’émotion de la découverte succé-dait l’angoisse. Mon enfance, mon adolescence, ma vie d’adulte n’étaient plus ce qu’elles avaient été. Je n’étais plus un homme donc toute ma vie d’homme s’effaçait. Comme dans un para-doxe temporel, changer cet élément essentiel effaçait tous les événements qui lui étaient liés. Je n’existais plus et il devenait vital de réécrire le scénario d’un film déjà joué et que beau-coup avaient déjà vu : mes enfants, mes amis, mes relations professionnelles et plus largement mon environnement social, institutionnel. Cette tâche m’apparut alors insurmontable.

Pourtant, à y regarder de plus près, mon interprétation ne dépendait-elle pas du regard que je portais sur ma propre histoire ? Changer mon regard pourrait suffire, sans doute, à changer cette histoire à mes yeux, mais mes proches pour-raient-ils accepter ma nouvelle identité ? Pourraient-ils dépasser le sentiment d’avoir été trompés voire trahis en découvrant que je n’étais pas la personne qu’ils croyaient connaître ?

tabLe deS matièreS

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Sortir des normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Qui suis-je ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13« C’est parce que tu grandis » . . . . . . . . . . . . . 15L’enfant du placard . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Je suis seul face à « la bête ». . . . . . . . . . . . . . 23La vie ne s’apprend pas dans les livres . . . . . . . . 27Le poids des non-dits . . . . . . . . . . . . . . . . . 29Rencontres et rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . 33L’homme qui va changer ma vie . . . . . . . . . . . 47La Fée qui me fit renaître . . . . . . . . . . . . . . . 55L’amour, plus fort que tout . . . . . . . . . . . . . . 63À l’épreuve de l’amitié . . . . . . . . . . . . . . . . 65Parler à ses enfants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69Mes premières sorties . . . . . . . . . . . . . . . . . 73Sortir seule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77Le grand écart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81Un coming out professionnel réussi . . . . . . . . . . 85Le regard des hommes . . . . . . . . . . . . . . . . 91La « pédale » et la peur . . . . . . . . . . . . . . . . 93Le temps retrouvé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97L’enfer c’est nous ou l’illusion du jugement . . . . .101

La souffrance : un plat qui se mange froid . . . . . . .107Une fausse piste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111L’espoir renaît . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117Je pète les plombs . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121Changer ce corps que je ne saurais voir . . . . . . . .123Une longue convalescence. . . . . . . . . . . . . . .143Réinventer son corps. . . . . . . . . . . . . . . . . .149Mon frère, cet inconnu. . . . . . . . . . . . . . . . .153Le silence de mon fils . . . . . . . . . . . . . . . . .157Ma fille ne sait plus comment m’appeler . . . . . . .161Mes parents, par-delà la mort . . . . . . . . . . . . .165Et maintenant… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175

Création de couverture et mise en page : Quentin LathièrePhoto de la couverture : © Anna Ismagilova

Dépôt légal : juin 2017

Achevé d’imprimer par MaqPrint en France

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