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Arrêt cardiaque, quelle conduite tenir ?

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Page 1: Arrêt cardiaque, quelle conduite tenir ?

Actualités pharmaceutiques

• n° 525 • avril 2013 • 51

gestes de premiers secours

société

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.02.013

Arrêt cardiaque, quelle conduite tenir ?

U n arrêt cardiaque est l’inter-ruption soudaine des batte-ments du cœur qui induit

l’arrêt de la circulation sanguine. Il peut se manifester par deux méca-nismes différents :• l’asystolie correspond à la dispa-

rition de toute trace d’activité électrique, donc à l’absence totale de contraction musculaire ;

• la fibrillation ventriculaire (FV) est une contraction anarchique et désordonnée des fibres muscu-laires cardiaques qui a pour conséquence l’absence de contraction musculaire globale et efficace sur le plan de la circula-tion sanguine. Le tissu nodal n’exerce plus son rôle structurant de l’influx nerveux.

L’asystolie nécessite une prise en charge médicale très précoce avec l’utilisation de médicaments toni-cardiaques tels que l’adrénaline.La FV correspond toujours à un état transitoire de l’activité électrique du cœur. Sans prise en charge adap-tée, elle évolue, à plus ou moins long te rme , ve rs une asys to l i e . En revanche, grâce à une prise en charge rapide et efficace, par l’inter-vention d’un témoin, elle peut être stoppée et substituée par un rythme cardiaque efficace.

Les causes d’un arrêt cardiaqueIl existe plusieurs causes d’arrêt cardiaque :• causes cardiaques pures à type

d’infarctus du myocarde, de mal-formations acquises ou congéni-tales (notion de mort subite chez les sportifs) ;

• causes respiratoires  tel les qu’insuf fisance respiratoire, obs-truction des voies aériennes ou noyade, responsables d’une hypoxie ;

• autres causes comme des trau-matismes (lésions thoraciques graves), une hypothermie ou une anomalie sanguine.

La première cause d’arrêt cardiaque est l’infarctus du myocarde avec quasi-systématiquement une phase de FV initiale.

Les conséquences d’un arrêt cardiaqueUn arrêt cardiaque aboutit à la disparition de toute circulation sanguine. Les organes du corps sont ainsi privés de nutriments et d’oxygène : ils dysfonctionnent plus ou moins rapidement. Le cerveau cesse ensuite de fonc-tionner, ce qui induit une perte brutale de la conscience et l’arrêt

de tout mouvement respiratoire : c’est l’état de “mort apparente”. Des mouvements ou des bruits respiratoires peuvent subsister pen-dant quelques secondes : ce sont les gasps. Les cellules nerveuses se mettent en veille, puis rapide-ment apparaissent des lésions cérébrales qui s’étendent et seront irréversibles. Les autres organes subissent le même sort mais avec des conséquences moins rapides. La mort est l’aboutissement inéluc-table en l’absence de retour de la circulation sanguine.

Savoir agir face à un arrêt cardiaqueDès lors qu’une personne perd connaissance soudainement et ne bouge plus, il faut impérativement la placer dans une zone de sécurité – cela est nécessaire aussi bien pour elle que pour le sauveteur. Il faut vérifier si elle est consciente en lui demandant de serrer la main ou de cligner des yeux. Si aucune réponse ou aucune réaction ne survient, la victime est inconsciente et il est nécessaire d’appeler à l’aide. Il faut ensuite vérifier si la personne respire correctement en libérant les voies aériennes et en plaçant sa joue devant sa bouche, le regard orienté

Mots clés• Arrêt cardiaque

• Défi brillateur automatisé

externe

• Fibrillation ventriculaire

• Infarctus du myocarde

Keywords• Automated external

defi brillator

• Heart attack

• Myocardial Infarction

• Ventricular fi brillation

Les pharmaciens sont susceptibles d’être témoins d’un arrêt cardiaque survenu dans leur

officine. Il semble indispensable qu’ils soient aptes, en tant que professionnels de santé,

à dispenser les premiers soins face à une telle urgence. Il leur faut, tout d’abord, savoir

identifier un arrêt cardiaque, puis connaître les premiers gestes qui peuvent sauver une

vie. Il leur faut apprendre également à utiliser et à manipuler un défibrillateur automatisé

externe (DAE).

Heart attack: the action to take. Pharmacists may witness a heart attack in their pharmacy and as health care professionals, it is essential that they are able to provide first aid when faced with such an emergency. Firstly, it is important to be able to identify a heart attack, then to be aware of the immediate action to take which can save a life. It is also necessary to learn how to use and handle an automated external defibrillator (AED).

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved

Yannick FRULLANI

Page 2: Arrêt cardiaque, quelle conduite tenir ?

Actualités pharmaceutiques

• n° 525 • avril 2013 •52

sociétégestes de premiers secours

vers la poitrine. Poser une main sur le thorax permet de vérifier l’état de ventilation de la victime. Si aucun souffle n’est ressenti et si le thorax ne se gonfle pas, elle est en arrêt cardiaque : il faut appeler le 112. Lors de l’appel, il est important que le témoin puisse donner les informa-tions permettant de localiser la vic-t ime (adresse , é tage, code éventuel…) et décrire précisément la situation (en précisant s’il sait ou non pratiquer un massage cardiaque), afin que l’interlocuteur puisse le gui-der jusqu’à l’arrivée des secours.En présence d’un arrêt cardiaque, il faut agir rapidement et avec efficacité : quelques gestes simples à mettre en œuvre permettent d’augmenter les

chances de survie. Il est temps de déclencher la chaîne de survie, chaque minute compte : une minute gagnée correspond à 10 % de chances de survie en plus (figure 1).

Le massage du cœurPour réaliser un bon massage car-diaque, i l faut pratiquer cent compressions thoraciques par minute, par séquence de trente. Le témoin doit se placer à genoux, à côté de la victime et positionner ses mains l’une sur l’autre. Il faut ensuite appuyer de tout son corps sur le thorax de la victime et enfon-cer la cage thoracique de 5 cm, puis relâcher la compression.

Les insuffl ationsLe bouche-à-bouche permet une oxygénation du sang (air insufflé de 16 à 21 %). Il est préconisé d’utiliser un insufflateur. Néanmoins, durant les premières minutes, il est possible de se concentrer uniquement sur le massage du cœur, car il reste suffi-samment d’oxygène dans le sang.

L’utilisation du défi brillateurLe défibrillateur automatisé externe (DAE) permet, grâce à un choc élec-trique, de relancer l’activité car-diaque. Très simple d’utilisation et sans danger, il guide le sauveteur vocalement étape par étape. Il lui indique où placer les électrodes. Il faut disposer les électrodes conve-nablement sur le thorax de la victime, en respectant la position de chacune :• mettre à nu le thorax de la victime

en ouvrant les vêtements ou, en cas de difficultés, en découpant les vêtements ;

• si la poitrine est mouillée (piscine, noyade, pluie) ou humide (trans-piration), la sécher en utilisant les compresses et/ou le papier absorbant ;

• si la pilosité de la victime est importante, utiliser le rasoir jetable pour raser largement les zones concernées ;

• sortir les électrodes de leur emballage hermétique ;

• une par une, enlever les pellicules transparentes et les coller sur le thorax ; veiller à appuyer forte-ment, de manière à les coller par-faitement (figure 2).

À ce moment, le DAE lance l’analyse du rythme cardiaque. Pendant ce temps, il ne faut pas toucher la victime car cela fausserait l’analyse. Une fois l’analyse terminée, le DAE donne les premières recommandations. Elles peuvent être sonores ou visuelles.Si le choc électrique est nécessaire, il indique qu’il faut ‘‘choquer’’. Le secouriste doit alors veiller à ce que tout le monde s’écarte d’au moins 50 cm. Si le défibrillateur est automatique, il délivrera le choc au bout de quelques instants, s’il est semi-automatique, il faudra que le secouriste appuie sur le bouton “choc” qui clignotera.Une fo is le choc passé, les manœuvres de la réanimation car-dio-pulmonaire (RCP) doivent être à nouveau débutées, en commençant par les 30 compressions thora-ciques, puis continuer à suivre les instructions de l’appareil jusqu’à l’ar-rivée des secours.

ConclusionSelon le décret du 4 mai 2007 [1] : « toute personne, même non-méde-cin, est habilitée à utiliser un défi-brillateur automatisé externe. » Nous, pharmaciens, professionnels de santé, nous nous devons de maî-triser ces quelques gestes qui peu-vent sauver une vie dans le cas d’un arrêt cardiaque. De plus, il semble impératif que toutes les pharmacies s’équipent de défibrillateur car-diaque. En effet, en cas de décès des suites d’un arrêt cardiaque, il pourrait être reproché au pharma-cien de son manquement à son obli-gation de secours face à une telle urgence. Comment pourrait-il s’en expliquer alors que le coût de loca-tion d’un défibrillateur cardiaque revient à quarante euros par mois. w

Déclaration d’intérêts :

l’auteur déclare ne pas avoir

de confl its d’intérêts en relation

avec cet article.

L’auteurYannick FRULLANIPharmacien, Pharmacie de

la Cere, 103 avenue de la

République, 46130 Biars-sur-

Cere, France

[email protected]

Référence[1] Décret n° 2007-705 du 4 mai 2007 relatif à l’utilisation des défi brillateurs automatisés externes par des personnes non médecins et modifi ant le code de la santé publique (dispositions réglementaires). JORF n° 105 du 5 mai 2007:8004, texte n° 56.

Figure 1. La chaîne de survie : réanimation cardio-pulmonaire de l’adulte.

© D

R

Figure 2. Utilisation du défi brillateur automatisé externe.

© B

SIP

/A. W

aner

t

Pour en savoir plus• Conseil européen de réanimation cardio-pulmonaire. Principales modifi cations des directives de réanimation. Directives ERC 2010. http://cprguidelines.eu/2010/index.php

• Fédération française de cardiologie. http://www.fedecardio.org