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Lexicologie du français québécois Grille de classement des diatopismes

Lexicologie du français québécois - UZH

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Page 1: Lexicologie du français québécois - UZH

Lexicologie du françaisquébécois

Grille de classementdes diatopismes

Page 2: Lexicologie du français québécois - UZH

Classement historique

• Archaïsmes importés de France• Diatopismes importés de France• Innovations

– Emprunts à d’autres langues• Langues amérindiennes• Anglais

– Créations propres (néologismes formels etsémantiques)

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Classement différentiel

• Québécismes formels– Phonétiques / phonologiques– Lexicaux

• Lexématiques• Phraséologiques

• Québécismes sémantiques• Québécismes grammaticaux• Québécismes de statut

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Grille de classement

Inn. parcréationpropre

Inn. paremprunt,anglic.

Inn. paremprunt,amérind.

Diatop.importés

Archaïs-mes

De statutGramma-tical

Séman-tique

Formellexicalphraséo-logique

Formellexicallexéma-tique

Formelphonét.-phonol.

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Archaïsmes

• Archaïsmes phonétiques /phonologiques

• Archaïsmes lexématiques• Archaïsmes phraséologiques• Archaïsmes sémantiques• Archaïsmes grammaticaux• Archaïsmes de statut

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Archaïsmes

• Archaïsmes phonétiques– moi [mwe], toi [twe], noir [nwɛr]– lapin [lape] (et non [lapɛ])– enfant [afa] (et non [ɑ fɑ ])

• Archaïsmes phonologiques– faites /fɛt/ ~ fête /fɛ:t/– mère /mer/ ~ mer /mɛr/

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Archaïsmes

• Archaïsmes lexématiques– beurrée n. f. « tranche de pain recouverte de

beurre »– « Or, l’Abitibi a beaucoup changé. L’époque des

héroïques défricheurs trompant leur faim àgrandes beurrées de mélasse est révolue depuisbelle lurette. » 1992, Châtelaine, oct., p. 38 (citédans DHFQ).

– « […] attesté en français depuis le XVIIe s. (v.FEW būtyrum 1, 664a), mais est considérécomme vieux ou régional depuis les années 1960(v. PRobert 1967) […]. » DHFQ s.v. beurrée.

Page 8: Lexicologie du français québécois - UZH

Archaïsmes

• Archaïsmes lexématiques– présentement adv. « en ce moment »– « Nadal, présentement le meilleur au monde »

www.fanatique.ca/article/tennis/696/, 2 mai 2007– « Von der schule Malherbes getadelt, aber von

Pascal, Bouhours, Sév etc. gebraucht, Br 3, Br 4;Miege 1677 hält es für besser als à présent;hingegen: ‘l’usage a changé’ Fér 1788; ‘rare,vieillot’ Bonn. » (FEW 9, 308a, PRAESENS, note16).

– « VX ou RÉGION. (Canada, Afrique) » NPR 2008

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Archaïsmes

• Archaïsme phraséologique– jusqu’à tant que loc. conj. « jusqu’à ce

que »– « M'est-il possible d'avoir un travail à

temps partiel, en dehors de la FinancièreSun Life, jusqu’à tant que mon entrepriseprenne de l'envergure? » FAQ du site webde la compagnie canadienne d’assurance-vie Clarica, 13.10.2007 (Google.ca).

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Archaïsmes

• Archaïsme phraséologique– « Attestée dep. l’afr. (Chrétien de Troyes, v. FEW),

cette locution conjonctive est désuète en françaiscentral à partir du 18e siècle, et la quasi totalitédes dictionnaires généraux contemporains lamarquent ‘classique et littéraire’ (GLLF), ‘vieux ourégional’ (Rob 1985) […]. Elle est restée usuelledans plusieurs régions de France, notammentdans le Nord, l’Ouest […] et en Amériquefrancophone […], ainsi qu’en Belgique […] et dansle français des Pieds-Noirs […]. » DRF 2001 s.v.jusque.

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Archaïsmes

• Archaïsme sémantique– souper v. intr. « prendre le repas du soir, le

troisième repas de la journée »– « Je n’oserais pas mettre mon nez dans votre

journée de Noël, mais pourquoi ne viendriez-vouspas souper avec moi dans un bon petit restauranttranquille, lundi ou mardi, vers les cinq heures,cinq heures et demie? » 1989, Y. Beauchemin,Juliette Pomerleau, p. 342 (cité dans le DHFQ).

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Archaïsmes

• Archaïsme sémantique– « Archaïsme maintenu dans plusieurs régions de

France (et dans de nombreux autres paysfrancophones). Le recul progressif du dîner […]vers la fin de l’après-midi et le début de la soirée,à Paris, à partir de la Révolution, reporta le souperen toute fin de soirée et même tard dans la nuit.[…] En 1871, Littré note que "l’usage du soupertend à disparaître dans les grandes villes", et lamarque ‘autrefois’ apparaît pour la première foisdans Lar 1875; DG note ‘vieilli’. » DRF 2001 s.v.souper.

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Archaïsmes

• Archaïsme grammatical– En se limitant à la lexicologie, on peut considérer

comme des particularités grammaticales:• une différence de genre (un dinde « une dinde ») ou de

nombre (des pantalons « un pantalon ») pour unsubstantif

• une différence de valence verbale pour un verbe (verberéflexif au lieu d’intransitif: s’en venir « venir »)

• une différence de régime prépositionnel (aider à« aider »)

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Archaïsmes• Archaïsmes grammaticaux

– IV. S’EN VENIR v. pron. (1080) vx ou région. (cour. AuCanada) Venir. « guette si Onésime s’en vient » LEMELIN.(NPR 2008)

– « fr. aider à qn à faire qch "aider qn" (Roland–Ac 1932;‘vieilli’ Lar 1960) » (FEW 24, 161a, ADJŪTARE)

• « Paraplégique condamné au lit depuis trente ans, un hommeveut mourir. Il le dit publiquement, ce qui amène plusieurspersonnes à entrer dans sa vie. Une avocate veut lui aider àmourir. Une jeune mère de famille veut l'en dissuader. »http://cinema.sympatico.msn.ca/films/, résumé du film espagnol« Mar adentro ».

– « Mfr. nfr. dinde f. "meleagris gallopavo" (1600, OldeSerres),nfr. id. (seit NMRust 1701, 1, 53), m. (Trév 1721–Fér1787) » (FEW 4, 639b, INDES 1 b β).

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Archaïsmes

• Archaïsmes de statut– Cf. les exemples de soulier, brun et surtout

orteil dont on a parlé la semaine dernière;d’autres exemples: ôter v. tr. « enlever »;miroir n. m. « glace »; quasiment adv.« presque ».

– « ôter est d’un emploi moins cour. queenlever (sauf dans les parlers région., etdans quelques expr.). » NPR 2008

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Diatopismes importés de France

• Diatopismes phonétiques• Diatopismes lexématiques• (Diatopismes phraséologiques)• Diatopismes sémantiques• (Diatopismes grammaticaux)• (Diatopismes de statut)

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme phonétique– L’occlusive [g] en contexte palatal (devant

voyelle antérieure) s’est d’abordtransformée en affriquée, [dʒ], pour ensuites’affaiblir en [j]; ce phénomène s’estconservé de façon isolée dans laprononciation « vulgaire » de certainsmots, par ex.: gueule [jœl].

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme phonétique– « Le relâchement de [dʒ] en [j], puisqu’il est

attesté dès le XVIIe siècle, ne semble pas être uneinnovation québécoise. L’ALF le circonscriteffectivement, grosso modo, dans le domainepoitevino-saintongeais, et c’est probablement decette région qu’il a été introduit dans le parler de laNouvelle-France. Le québécois n’a fait quedévelopper cette tendance. » Marcel Juneau,Contribution à l’histoire de la prononciationfrançaise au Québec, 1972, p. 134.

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme lexématique– achaler v. tr. « importuner, embêter »– « Ma blonde arrête pas de m'achaler avec le fait

que l'an prochain, je change de dizaine! » 25 mars2007, www.auto123.com/fr/community/forum/

– « Mot du Nord-Ouest et de l’Ouest de la France,dér. sur afr. chaloir "chauffer", achaler a survécudans divers sens concrets dans le français del’Ouest au 20e s. […]. Il n’est aujourd’hui usuel enFrance qu’en Normandie, Haute Bretagne, Maineet Anjou. » DRF 2001.

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– rester v. intr. « habiter, demeurer, résider »– « Je ne me plains pas d’avoir à prendre

mon auto pour aller travailler: je reste enbanlieue et j’assume les avantages et lesinconvénients qui vont avec. »www.quebecurbain.qc.ca/2006/03/24/

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rester v. intr. « résider »:répartition aréologique (DRF)

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– « On observe d’abord des régions où le

mot est bien attesté et semble encore d’uncertain usage à l’heure actuelle: Nord,Picardie, Champagne, Ardennes […],Savoie et Isère, Berry, Bourbonnais,Périgord, Midi toulousain […] et aquitain. »

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– « Il y a ensuite des régions où le mot

semble être vieilli et même sorti de l’usage,s’étant peut-être incliné devant la pressionpuriste, comme ce fut le cas en Suisseromande: c’est ce qui semble s’être produità Lyon […]. Dans l’Est, le mot semblesurtout appartenir à la sphère rurale ouêtre restreint à l’usage populaire. »

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– « Enfin, d’autres régions semblent l’ignorer

presque entièrement, à l’exception dequelques attestations isolées. C’est le casde l’Alsace et de la Lorraine (sauf lesVosges), de la Provence […] et de l’est duLanguedoc, de la région parisienne […] etde tout le grand Ouest, de la Normandiejusqu’aux Charentes […]. »

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– « Cette situation est assez étonnante, si

l’on considère que c’est d’abord auxNormands qu’a été prêté cet emploi(VaugelasRem 1647), et que c’est de l’Ile-de-France et du grand Ouest qu’est partiel’immense majorité des immigrants qui ontpeuplé la Nouvelle-France. »

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Diatopismes importés de France

• Diatopisme sémantique– « Du reste, le type est bien attesté dans les

parlers d’oïl occidentaux […]. La pressionpuriste est donc parvenue à éliminer cetemploi dans le français des régionsconcernées, comme cela semble avoir étéle cas en Suisse romande et dans leLyonnais. » DRF s.v. rester.

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Innovations I: emprunts

• Emprunts aux langues amérindiennes– Amérindianismes phonétiques /

phonologiques: ø– Amérindianismes lexématiques– Amérindianismes phraséologiques: ø– Amérindianismes sémantiques: ø– Amérindianismes grammaticaux: ø– Amérindianismes de statut

Page 28: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Emprunts aux langues amérindiennes– Amérindianisme lexématique

• « ATOCA [atɔkɒ] n. m. (Général. au pluriel) Arbuste nainà tiges rampantes (fam. des éricacées) qui pousseprincipalement dans les tourbières et qui produit desbaies rougeâtres à saveur acidulée; ces baies (général.servies en confiture ou en gelée commeaccompagnement de la volaille). […] Rem.: Dans lalangue savante ou soignée, on a plutôt recours auxsynonymes airelle et canneberge. » DHFQ 1998.

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Innovations I: emprunts

• « Dieu nous do[n]na un petit fruictsauvage qu’on nomme icy Atoka; Lajeunesse en alloit ramasser dans lesprairies voisines, & quoy qu’il n’eustpresque ny goust ny substance, la faimnous le faisoit trouver excellent: il estpresque de la couleur & de la grosseurd’une petite cerise. » 1656, dans RJ 43,p. 146. (DHFQ 1998)

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Innovations I: emprunts

• « HIST. Depuis 1656. D’origineiroquoienne; relevé dans la languehuronne sous les formes atoxa et toxa"petit fruit rouge" (où x rend uneprononciation [kh], v. PotHuron 285[…]). (DHFQ 1998)

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Innovations I: emprunts

• Emprunts aux langues amérindiennes– Amérindianisme de statut

• « CARIBOU [kaRibu] n. m. […] 1. Cervidé detaille moyenne, au pelage brunâtre ou grisâtremarqué de blanc au cou, au ventre et à lacroupe, pourvu de longs bois plus ou moinsaplatis […] et de larges sabots adaptés à lamarche en terrain marécageux et sur la neige,commun dans les régions nordiques del’Amérique et de l’Eurasie […]. » (DHFQ 1998)

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Innovations I: emprunts

• Emprunts aux langues amérindiennes– Amérindianisme de statut

• « Caribou désigne le même animal que celuique l’on appelle renne en France. Ce mot estégalement connu au Québec, mais il nes’emploie en pratique qu’en parlant de la sous-espèce qu’élèvent les Lapons (on le rencontrenotamment dans les contes de Noël). […] Enfrançais, le mot figure dans les dictionnairesdepuis Trévoux 1721 pour désigner le renne duCanada. » (DHFQ 1998)

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Innovations I: emprunts

• Emprunts aux langues amérindiennes– Amérindianisme de statut

• « HIST. 1. Depuis 1606 (caribous, au sing.). Motd’origine algonquienne*. On considère généralement quecaribou vient, plus précisément, d’un mot de la languemicmaque signifiant littéralement ‘pelleteur’ ou ‘gratteur’,par référence à l’habitude qu’a cet animal de creuserdans la neige avec ses sabots pour atteindre le lichen(appelé communément mousse à caribou) dont il senourrit. » (DHFQ 1998)

Page 37: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Emprunts à l’anglais– Anglicismes phonétiques / phonologiques– Anglicismes lexématiques– Anglicismes phraséologiques– Anglicismes sémantiques– Anglicismes grammaticaux– Anglicismes de statut

Page 38: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicismes phonologiques– Opposition phonologique entre /ɪ/ et /i:/; cf.

couine (forme conjuguée du verbecouiner), prononcé [kwɪn], qui forme unepaire minimale avec queen (dans la lexie litqueen-size), prononcé [kwi:n]

– Opposition phonologique entre /ʊ/ et /u:/;cf. poule [pʊl] vs. (table de) pool [pu:l]

Page 39: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicismes phonétiques– La plupart des mots anglais ont tendance à

être prononcés plus ou moins à l’anglaise,contrairement à l’usage courant en France:coach [kɔtʃ] en France, [ko:tʃ] au Québec;Singer (marque de machine à coudre)[sɛ Ʒe] en France, [siɲœR] au Québec;Chrysler (marque de voiture) [kRislɛR] enFrance, [kRaislœR] au Québec.

Page 40: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme lexématique– « PEANUT ou PINOTTE [pinɔt] […]. I.

Fam. 1. Syn. de arachide*. » (DHFQ 1998)– « Au coin de la 107me rue [à New York], il

avise un éventaire de marchand depeanuts et se paie la fantaisie d’un cornetde cette friandise aussi indigeste queyankee. 1879, Le Nouvelliste, Québec, 28février, p. 3. » (DHFQ 1998)

Page 41: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme phraséologique– travailler pour des peanuts loc. verb.

« travailler pour une somme dérisoire » (del’anglais américain to work for peanuts).(DHFQ 1998 s.v. peanut)

– Il faut signaler toutefois que l’on trouve lalocution équivalente en français de France:travailler pour des cacahouètes (NPR2008).

Page 42: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme sémantique– « SOUS-MARIN [sumaRe ] n. m. Sandwich fait

d’un pain de forme allongée dans lequel on metdifférentes garnitures (des viandes, du fromage,des légumes). » (DHFQ 1998)

– « Au Québec, on s’entend mal sur la véritablefonction d’un traiteur. On englobe sous ce mottoute une gamme de services, du restaurant quifait la livraison à la pâtisserie ou la charcuterie quidépanne avec des salades et des sous-marinspour emporter. 1987 […]. » (ibid.)

– « HIST. Depuis 1978. D’après l’anglais nord-américain submarine (sandwich) […]. » (ibid.)

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Page 44: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme (de maintien) grammatical– « [argents] (Au pluriel, emploi critiqué).

Argent, somme d’argent, crédits, fonds. »– « […] Nous sommes pour un

gouvernement qui administre les argentsdu peuple pour le peuple, par le peuple. »1944, M. Duplessis, cité dans Le Devoir, 9août, p. 3. (DHFQ 1998 s.v. argent I 4).

Page 45: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme (de maintien) grammatical– « Depuis 1767 (La Gazette de Québec, 17 déc., p.

2: pour accelerer la rentrée des argens qui noussont dûs). Condamné comme un calque del’anglais moneys dès la première moitié du XIXe s.[…], argents, au pluriel […] a pourtant cours enFrance depuis le XVIe s. […]; il se maintient, denos jours, dans la langue populaire […]. Cetemploi pluriel est également relevé dans desparlers régionaux en France, en Belgique et enSuisse (v. FEW argentum 25, 195b […]). » (DHFQ1998)

Page 46: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme (de maintien) grammatical– « Toutefois, en dépit de cette origine française

évidente, il est possible que cet usage ait étérenforcé sous l’influence de l’anglais moneys qui,aujourd’hui, relève le plus souvent du vocabulairejuridique ou administratif […], comme c’est le caspour l’emploi de argents en français québécoisactuel. » (DHFQ 1998)

Page 47: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations I: emprunts

• Anglicisme de statut– condom n. m. « préservatif » (marqué ‘vx

ou didact.’ dans le NPR 2008; tout à faitcourant en français québécois,probablement en raison de l’influence del’anglais condom, de même sens)

Page 48: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovations phonétiques• Innovations lexématiques• Innovations phraséologiques• Innovations sémantiques• Innovations grammaticales• Innovations de statut

Page 49: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovations phonétiques– La fameuse assibilation, c’est-à-dire le fait

pour les occlusives dentales [t] et [d] dedevenir respectivement [ts] et [dz] devantvoyelle (ou semi-voyelle) antérieurefermée, c’est-à-dire [i] et [y] (ainsi que [j] et[ɥ]). Exemples: tirer [tsiRe]; durer [dzyRe].

Page 50: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovations phonétiques– Ce trait est à peu près inconnu en France;

mais…• « Etant donné qu’il s’agit d’un trait

caractéristique de plusieurs parlers créoles(ainsi que du français régional des îles del’Océan Indien), il me semble qu’il peut trèsbien être une tendance articulatoire du françaiscolonial du XVIIe siècle. » Annegret Bollée,« Créole français et français nord-américain »,dans Canadiana Romanica vol. 1, 1987, p. 329.

Page 51: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovations lexématiques– Préfixés: à partir de l’anglicisme zipper v. tr.

« fermer une fermeture à glissière » ont été créésrezipper (att. dp. 1943) et dézipper (att. dp. 1971)(DHFQ 1998).

– Suffixés: érablière n. f. « peuplement d’érables àsucre aménagé à des fins acéricoles » (DQA).Formé sur le substantif érable, suff. ‑ière;recherchiste n. m., f. « documentaliste ». Formésur le verbe rechercher, suff. -iste.

– Composés: souper-causerie n. m. « conférence ouexposé présenté devant des convives réunis pourle repas du soir » (att. dp. 1940, DHFQ).

Page 52: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovation phraséologique– être né pour un petit pain loc. verb. « (s’emploie

pour traduire une attitude de résignation,l’acceptation de sa condition modeste, la fatalitéd’un destin sans horizon) » (att. dp. 1912, DHFQ)

– ne pas être sorti du bois loc. verb. « ne pas êtresorti de l’auberge »

– se faire passer un sapin loc. verb. « se faire avoir,se faire berner »

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Innovations II: créations propres

• Innovations sémantiques– séraphin n. m. « avare » (du nom d’un personnage

littéraire, Séraphin Poudrier, créé par l’écrivain Cl.-H. Grignon dans le roman Un homme et sonpéché, 1933; antonomase, cf. Harpagon, mêmephénomène)

– patineur n. m. « insecte aquatique muni de patteslongues et fines qui glissent à la surface de l’eau »(att. dp. 1871, DHFQ; métaphore)

– rondelle n. f. « palet (au hockey sur glace) ».Métonymie d’aspect partiel.

Page 54: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovation grammaticale– Il existe une tendance très forte à considérer

comme féminins certains substantifs à initialevocalique; dans la langue populaire oralespontanée, « Argent, autobus, automne, avion,érable, escalier, été, habit, hiver, incendie, or sontutilisés presque toujours (autobus) ou souvent(habit) au féminin. » J.-M. Léard, Grammairequébécoise d’aujourd’hui, 1995, p. 178.

Page 55: Lexicologie du français québécois - UZH

Innovations II: créations propres

• Innovation de statut– En réaction à l’anglicisme peanut, les Québécois

ont choisi comme équivalent « soigné » le motarachide, plutôt rare et technique en France, oùl’on emploie spontanément dans la langue parléele mot cacahouète (pour sa part inusité auQuébec).

– Le mot arachide est également très répandu enfrançais d’Afrique, mais sans qu’il y ait un lienhistorique direct entre les deux usages.

Page 56: Lexicologie du français québécois - UZH

Les faiblesses de cette grille

• L’histoire souvent pluriséculaire d’un mot peutfaire intervenir une combinaison de plusieursfacteurs:– un amérindianisme peut avoir transité par

l’anglais;– un archaïsme peut avoir subi des évolutions

sémantiques;– un diatopisme importé de France peut avoir donné

lieu à des néologismes formels, tout comme unanglicisme (cf. bean > beanerie).

– Etc., etc.!