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Page 1: Infarctus cérébraux secondaires à une hyperstimulation ovarienne à l’ère de la thrombolyse

Pathologie neurovasculaire

Infarctus cerebraux secondaires a unehyperstimulation ovarienne a l’erede la thrombolyse

Cerebral infarction after ovarian hyperstimulationin the era of thrombolysis

V. Kumako a,*,b, L. Derex b, K. Blanc-Lasserre c, A. Beschet c,H. Benhamouda c, N. Nighoghossian b

a Service de neurologie, CHU de Tokoin, BP 57, Lome, TogobUnite 201, hopital neurologique, 59, boulevard Pinel, 69677 Bron, FrancecService de neurologie, centre hospitalier, 179, boulevard Marechal-Juin, 26953 Valence cedex 9, France

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i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 12 avril 2013

Recu sous la forme revisee le

10 octobre 2013

Accepte le 14 octobre 2013

Disponible sur Internet le

4 mars 2014

Mots cles :

Infarctus cerebraux

Fecondation in vitro

Hyperstimulation ovarienne

Thrombolyse

Keywords:

Stroke

Ovarian hyperstimulation

In vitro fertilization

Thrombolysis

r e s u m e

Les infarctus cerebraux (IC) constituent une complication tres rare mais classique des

hyperstimulations ovariennes. Nous rapportons l’observation de trois patientes a gees

respectivement de 35, 37 et 27 ans. Elles etaient toutes victimes d’IC par occlusion proximale

de l’artere cerebrale moyenne secondaire a une hyperstimulation ovarienne. Les deux

dernieres patientes ont beneficie d’une thrombolyse intraveineuse. La premiere patiente

n’a pas beneficie de thrombolyse puisqu’elle etait hors delais. La premiere a recupere

quasiment de son deficit, la deuxieme a garde des sequelles assez lourdes apres une

craniectomie de decompression et la troisieme est decedee malgre sa craniectomie.

# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

a b s t r a c t

Ischemic stroke is a very rare complication but classic ovarian hyperstimulation. We report

the cases of three young women aged 35, 37 and 27 years. All three were victims of ischemic

formed by proximal occlusion of the middle cerebral artery secondary to ovarian hyper-

stimulation. The first and the third had a proximal occlusion of the right middle cerebral

artery occlusion and the second of the left middle cerebral artery. The last two have

benefited from a patient intravenous thrombolysis. The first patient did not receive throm-

bolysis because it was out of time. Against by their evolution was different. The first has

almost recovered its deficit, the second sequelae quite heavy after craniectomy and the third

died despite her craniectomy.

# 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant.

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (V. Kumako).

0035-3787/$ – see front matter # 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2013.10.010

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1. Introduction

L’accident vasculaire cerebral (AVC) chez la femme de moins

de 50 ans ne represente que 5 % de l’ensemble des AVC.

Cependant, les femmes victimes d’AVC constituent un groupe

crucial, car d’une part, les consequences d’eventuelles

sequelles y sont encore plus importantes et, d’autre part, il

s’agit d’un groupe cible pour la modification des facteurs de

risque. Enfin, certaines etiologies et certains facteurs de risque

sont plus frequents chez la femme jeune et d’autres lui sont

meme specifiques, notamment les AVC lies a la fecondation

in vitro [1].

Un syndrome d’hyperstimulation ovarienne (SHSO) est

une complication rare mais potentiellement grave des

traitements d’assistance medicale a la procreation. La

frequence des complications est estimee entre 1 a 10 %

selon les series. Dans sa forme severe, le SHSO peut

comporter un syndrome thromboembolique, une detresse

respiratoire, une pleuresie, une ascite, une insuffisance

renale, un dysfonctionnement hepatique, voire un deces.

Les complications thromboemboliques consecutives a un

SHSO sont cependant extremement rares, leur incidence

etant estimee a environ 0,2 %. Ces complications sont

habituellement d’origine veineuse (75 %) rarement d’origine

arterielle (25 %) [2].

Nous nous proposons de rapporter l’observation de trois

jeunes femmes dont le traitement inducteur de l’ovulation

dans un contexte de fecondation in vitro s’est complique

d’infarctus cerebral (IC) et de faire une revue de la litterature

sur le sujet.

Tableau 1 – Clinique, paraclinique et evolution des trois patie

Cas no 1

Age de la patiente 35 ans

Imagerie cerebrale Infarctus sylvien profond droit

avec une stenose sub-occlusive d

M1 droit a l’IRM et ARM cerebral

(Fig. 1 et 2)

Traitement par thrombolyse IV Non

Bilan lipidique Normal

Bilan immunologique Normal

Bilan de coagulation Normal

serologies Lyme, Syphilitique,

VIH, VHB, VHC

Negatives

L’hemoglobine glyquee Normale

ETT/ETO Normales

ECG Normal

Therapeutiques mises en œuvre a

la phase aigue de l’IC car la

patiente de l’observation

1 n’a pas ete thrombolyse

Aspirine, kinesitherapie et

ergotherapie

Evolution initiale Accouchement complique d’une

EP avec elevation transitoire du

facteur VIII

Score de Rankin a 10 mois II

IRM : imageries par resonance magnetique ; ARM : angiographie par reso

cerebrale moyenne ; ETT : echographie cardiaque trans-thoracique ; ETO : e

2. Methodes

Du 10 mai 2008 au 10 mai 2010 nous avons collige trois cas de

patientes ayant beneficie d’une fecondation in vitro (FIV)

compliquee d’un IC. Deux des trois patientes ont beneficie

d’une thrombolyse intraveineuse par l’activateur recombinant

du plasminogene, rt-PA (Actilyse1) a la dose de 0,9 mg/kg

passe en une heure. La patiente qui n’a pas beneficie de

thrombolyse etait arrivee hors delais.

Pour la revue de la litterature nous avons retenu les articles

publies sur Pubmed avec les equivalents anglais des mots cles

suivants : fecondation in vitro, hyperstimulation ovarienne,

induction ovulaire et accident vasculaires cerebraux.

3. Resultats

Nous avons resume les trois observations dans le Tableau 1.

3.1. Observation 1

La premiere patiente etait une droitiere de 35 ans sans facteur

de risque vasculaire connu. Elle avait beneficie d’une FIV avec

HSO moderee par un analogue GnRH, Enantone1 LP

(leuproreline) ; FSH, Gonal f1 (follitropine alfa) ; Ovitrel1

(choriogonadotropine alfa), Utrogestan1 (progesterone), suivie

d’une ponction d’ovocytes. Deux semaines plus tard, elle avait

presente un deficit hemicorporel gauche de survenue brutale a

la sortie de sa voiture avec chute et impossibilite de se relever.

La patiente n’avait signale aucune autre symptomatologie

ntes.

Cas no 2 Cas no 3

38 ans 27 ans

e

es

Infarctus sylvien total gauche

par occlusion de M1 gauche a

l’IRM et ARM cerebrales (Fig.

3 et 4)

Un effacement du ruban

insulaire droit et une

dedifferenciation

cortico–sous-corticale

droite a la TDM

cerebrale (Fig. 5)

Oui Oui

Normal Normal

Normal Normal

Normal Normal

Negatives Negatives

Normale Normale

Normales Normales

Normal Normal

Thrombolyse. Aspirine,

kinesitherapie et ergotherapie

Thrombolyse. Aspirine

et kinesitherapie

Infarctus sylvien malin avec

une craniectomie

Infarctus sylvien malin

droit (Fig. 6) et deces

malgre la craniectomie

IV Deces a la phase initiale

(VI)

nance magnetique ; TDM : tomodensitometrie ; M1 : tronc de l’artere

´chographie cardiaque trans-œsophagienne ; EP : embolie pulmonaire.

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Fig. 1 – Imagerie par resonance magnetique (IRM) cerebrale

de diffusion d’entree montrant l’AIC sylvien profond droit.

Fig. 3 – Imagerie par resonance magnetique (IRM) cerebrale

de diffusion d’entree montrant l’AIC sylvien total gauche.

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auparavant. A son admission en neurologie apres avoir transite

par les urgences, l’examen somatique avait note un National

Institute of Health Stroke Score (NIHSS) a 5. L’IRM cerebrale faite

en urgence avait revele un infarctus sylvien profond droit (Fig. 1)

avec une stenose sub-occlusive de M1 droit a l’ARM (Fig. 2). La

patiente n’avait pas ete thrombolysee puisqu’elle etait admise a

7 heures du debut des sympto mes.

Fig. 2 – Angiographie par resonance magnetique (ARM)

cerebrales : stenose sub-occlusive du segment M1 droit.

3.2. Observation 2

La deuxieme patiente etait une droitiere de 38 ans ayant

comme antecedents une fermeture endovasculaire d’une

communication interauriculaire et une dyslipidemie familiale

traitee par statines. La patiente avait presente une hemiplegie

droite brutale associee a des vomissements dix jours apres

avoir beneficie d’une premiere FIV avec HSO moderee par

Enantone1 LP, Gonal f1, Ovitrel1, Utrogestan1, et ponction

d’ovocytes suivie d’injection embryonnaire. L’examen a

l’entree avait note un NIHSS a 20. L’examen cardiovasculaire

etait sans particularite, les mollets, souples et indolores et la

patiente, apyretique. L’IRM encephalique realisee en urgence

avait permis de noter un infarctus sylvien total gauche (Fig. 3)

par occlusion proximale de l’artere sylvienne gauche dans sa

portion M1 a l’ARM (Fig. 4).

3.3. Observation 3

La troisieme patiente etait egalement une droitiere.

Elle avait 27 ans et n’avait pas de facteur de risque

cardiovasculaire connu. Elle avait presente, 48 heures apres

sa 4e FIV par Decapeptyl1 (triptoreline), Gonal F1 (follitropine

alfa [FSH]), Ovitrel1 (choriogonadotropine alfa) et Menopur1

(menotropine), des douleurs abdominales intenses avec

vomissements suivies d’une hemiplegie gauche complete

d’installation brutale. A l’entree, l’examen avait permis de

noter une hemiplegie gauche totale et proportionnelle

incluant la face : NIHSS a 16. Un scanner cerebral realise en

urgence montrait un effacement du ruban insulaire et une

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Fig. 4 – Angiographie par resonance magnetique (ARM) des

vaisseaux a destinee cerebrales montrant l’occlusion

M1 gauche a sa naissance.

Fig. 6 – Scanner cerebral sans injection realise un jour apres

la thrombolyse. Infarctus sylvien malin droit et effet de

masse sur important sur le ventricule homolateral et

engagement sous falcoriel.

Fig. 5 – Scanner cerebral sans injection a 1 h 30 du debut

des symptomes. Noter un effacement du ruban insulaire

droit et une dedifferenciation cortico–sous-corticale droite.

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dedifferenciation cortico–sous-corticale droits (Fig. 5), en

faveur d’un infarctus sylvien total droit. La patiente avait

beneficie alors d’une thrombolyse intraveineuse a deux

heures du debut des sympto mes. A J1 alors que la patiente

presentait un syndrome d’hypertension intracranienne, le

scanner cerebral confirmait l’existence d’un infarctus sylvien

total droit (Fig. 6) avec effet de masse, sans transformation

hemorragique. La degradation brutale de l’etat de vigilance de la

patiente avec apparition d’une mydriase unilaterale justifiait

a la 48e heure d’hospitalisation une hemicraniectomie

decompressive. Apres une breve amelioration clinique, le deces

etait observe au 5e jour.

4. Discussion

Nous avons rapporte trois cas d’induction ovarienne compli-

quee d’un infarctus par occlusion proximale de l’artere

sylvienne. En l’absence d’autre etiologie pouvant expliquer

ces IC, l’imputabilite des IC a l’HSO paraıt evidente compte

tenu du delai de survenue de l’IC par rapport a l’induction

ovarienne. Il est vrai que les patientes n’ont pas beneficie

d’echographie obstetricale pour evaluer la taille des ovaires,

mais les patientes de la 2e et 3e observations ont presente des

troubles digestifs corroborant le fait qu’elles aient presente un

SHSO. En ce qui concerne la patiente de la premiere

observation, l’IC constituait la seule manifestation du SHSO.

La gravite des sequelles de la patiente de la deuxieme

observation et le deces de la patiente de la troisieme

observation posent la question du depistage des patientes a

risques de SHSO. Selon [3–5], les facteurs de risque de

survenue d’un SHSO seraient un age inferieur a 35 ans, un

index de masse corporelle inferieur a 20 kg/m2, des ovaires

polykystiques, un nombre de follicules ovariens matures

superieur a 10, une utilisation d’analogues de LHRH et une

oestradiolemie superieure a 2000 pg/L pendant la phase de

stimulation folliculaire. Selon Girolami et al., [2], les IC

representent environ 60 % des thromboses arterielles liees

au SHSO. La raison de cette predilection n’est pas encore

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Tableau 2 – Recapitulatif des differentes publications des fecondations in vitro compliquees d’un infarctus cerebral (IC). [6–35].

Artere occluse Auteur, annee depublication

Age(ans)

Hormoneadministree

Delai entre lastimulationovarienne et l’IC

FDRcardiovasculaireassocie

Evolution

Circulation anterieure

Artere cerebrale moyenne Neau et al., 1989 [10] 31 HMG ; HCG 9 jours Aucun Avortement therapeutique et hemiplegie

residuelle

Rizk et al., 1990 [7] 30 GnRH a ; HMG ; HCG 12 jours Aucun Accouchement normal

Inbar et al., 1994 [12] 22 Clomiphene ; HMG 11 jours Ovaire polykystique Pas de grossesse

Cluroe et Synek, 1995 [15] 40 GnRH a HMG ; HCG 6 jours Aucun Fatal d

Hwang et al., 1998 [16] 22 FSH ; HMG ; HCG 11 jours Aucun Avortement therapeutique et hemiplegie

residuelle

Davies et Patel, 1999 [20] 33 NP NP Aucun Pas de grossesse et hemiplegie residuelle

Circulation anterieure

Artere cerebrale moyenne Worrell et al., 2002 [21] 34 GnRH a ; rFSH 9 jours Aucun Avortement et hemiplegie residuelle

Koo et al., 2002 [23] 33 NP 14 jours APA Accouchement normal

Elford et al., 2002 [24] 28 GnRH a ; rFSH ; HCG 7 jours Aucun Recuperation quasi complete apres

thrombolyse et accouchement normal

Di Micco et al., 2003 [25] 32 FSH ; HCG NP HTMFR + het Pas de grossesse

Grandone et al., 2004 [26] 28 FSH 10 jours Syndrome Des APL NP

Circulation anterieure

Artere cerebrale moyenne Giner et al., 2007 [28] 35 FSH ; HMG 35 jours Tabac + syndrome

antiphospholipides

Pas de grossesse

Demirol et al., 2007 [29] 21 NP 1 jour Aucun Recuperation complete de l’aphasie en

8 mois, conception spontanee un an plus tard

Qazi et al., 2008 [33] 30 NP 10 jours Aucun Autonome pour les activites de la vie

quotidienne 6 mois plus tard

Circulation anterieure

Artere cerebrale moyenne Song et al., 2008 [30] 31 HMG ; clomiphene 2 jours Aucun Avortement therapeutique, aphasie et

hemiplegie residuelle

Bartkova et al., 2008 [31] 31 Protocole E2 9 jours Aucun Recuperation complete du deficit

neurologique et accouchement de jumeaux

Jing et Yanping, 2011 [35] 30 GnRHa ; FSH 7 heures Aucun Avortement therapeutique et hemiplegie

residuelle

Circulation anterieure

Artere carotide interne Mozes et al., 1965 [6] 37 HMG ; HCG 5 jours Aucun Pas de Z, fatale

Kermode et al., 1993 [11] 34 GnRH a ; FSH 9 jours Ovaire poly

kystique

Pas de grossesse, hemiparesie residuelle

Thill et al., 1994 [13] 34 HMG ; HCG 7 jours Aucun Avortement therapeutique et hemiplegie

residuelle

Aurousseau et al., 1995 [14] 34 NP 7 jours Aucun Avortement therapeutique

Murrle et al., 1998 [18] 33 FSH ; HCG 11 jours Aucun Avortement

Yoshii et al., 1999 [19] 26 HMG ; HCG 7 jours Proteine S Avortement therapeutique

Querol et al., 2008 [34] 34 NP 14 jours EMJ, Ovaire poly

kystique,

hypothyroıdie

Recuperation complete

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) 1

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Tableau 2 (Suite )

Artere occluse Auteur, annee depublication

Age(ans)

Hormoneadministree

Delai entre lastimulationovarienne et l’IC

FDRcardiovasculaireassocie

Evolution

Circulation anterieure

Artere carotide interne Mart et al., 2008 [32] 34 GnRH a ; HMG ; HCG 3 jours Aucun Pas de grossesse

Baisse severe de l’AV

Artere retinienne Turkistani et al., 2001 [22] 34 HMG ; HCG 12 jours Aucun Accouchement de jumeau par cesarienne

Artere cerebrale anterieure Dumont et al., 1980 [9] 23 HMG ; HCG 9 jours Aucun Avortement therapeutique et hemiplegie

residuelle

Circulation posterieure

Artere cerebrale posterieure El Sadek et al., 1998 [17] 24 GnRH a ; HMG ; HCG 6 jours Aucun Pas de grossesse

Artere vertebrale Humbert et al., 1973 [8] 35 HMG ; HCG NP Aucun Pas de grossesse, quadriplegie

Togay-Isikay et al., 2004 [27] 27 FSH ; HCG 12 jours Mutation

du facteur V

Leiden

Hemiparesie ataxique

IC : infarctus cerebral ; HMG : human menopausal gonadotrophin ; HCG : human chorionic gonadotrophin ; GnRH a : gonadotrophin-releasing hormone agonist ; FSH : follicular stimulating hormone ; rFSH :

recombinant follicular stimulating hormone ; FDR : facteur de risque ; EMJ : epilepsie myoclonique juvenile ; AV : acuite visuelle ; NP : non precise.

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elucidee. Apres une revue de tous les cas indexes sur Medline

depuis 1965, annee de la premiere description faite par Mozes

et al. [6], en 1965, nous avons note 30 cas d’IC que nous avons

rapportes au Tableau 2 [6–35]. Parmi ces patientes 21 (70 %)

n’avaient aucun facteur de risque cardiovasculaire connu

avant la survenue de l’IC. Ceci laisse penser qu’a priori, il n’y

aurait pas de facteur favorisant la survenue d’IC durant la

stimulation ovarienne, en dehors du SHSO. Les IC n’etaient

pas correles a une methode de stimulation precise. Le risque

etait toujours present quelle que soit la methode utilisee pour

induire l’ovulation. L’age moyen de survenue des AVC des cas

indexes etait de 30,67 ans avec un ecart type de 4,67 ans et des

extremes de 21 et 40 ans. Le territoire vertebro-basilaire n’a ete

touche que dans 3 cas. Cette nette predominance pour la

circulation anterieure reste pour l’instant inexpliquee.

Parmi les cas indexes de patientes victimes d’un IC, une

seule patiente avait beneficie d’un traitement par rt-PA. Il

s’agissait d’une thrombolyse intra-arterielle qui avait per-

mis une evolution tres favorable sur le plan fonctionnel [36].

Le rt-PA ne traverse pas la barriere placentaire (72 000 kd) et

ne presente pas d’effet teratogene chez l’animal. Le risque

maternel de la thrombolyse semblerait acceptable. En

effet sur les 28 cas de thrombolyse toutes indications

confondues chez la femme enceinte, rapportes par Leon-

hardt et al. [36], en 2006, un taux d’avortement et d’enfant

mort-ne de 8 % et 7 % de deces maternel avaient ete notes.

Pour l’instant, a notre connaissance, aucune etude n’a

evalue l’effet de la thrombolyse chez une patiente pre-

sentant un IC en post FIV. Neanmoins, en evaluant le

rapport benefice-risque, la thrombolyse pourrait e tre pro-

posee durant les IC compliquant une FIV, des que la patiente

est eligible, d’autant plus que le rt-PA ne traverse pas la

barriere placentaire [37].

En ce qui concerne les deces, un seul deces maternel, apres

IC avait ete rapporte auparavant par Cluroe et Synek [15], en

1995. Nous avons enregistre un deces par infarctus sylvien

malin, et cela malgre une prise en charge optimale. Le deces de

notre patiente, fait exceptionnel durant une FIV,– un taux de

mortalite de mortalite estime entre un sur 45 000 et un sur

500 000 [38] – fait poser une fois encore la question d’un

depistage des femmes a risque. Ce depistage permettrait de

proposer aux patientes a risque une annulation du cycle sans

declenchement de l’ovulation, la seule methode de prevention

ayant prouve son efficacite [5,39,40].

5. Conclusion

Les IC compliquant une FIV, bien que rares restent une realite

avec parfois des evolutions dramatiques. Ces complications

sont en lien avec un SHSO et surviennent quels que soient la

methode utilisee et l’age de la patiente. En consequence, la

prevention du SHSO severe serait le facteur essentiel de

prevention des complications liees a la FIV.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en

relation avec cet article.

r e f e r e n c e s

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