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Institut d’Urbanisme de Paris
MASTER «URBANISME ET AMENAGEMENT»
Mention «URBANISME»
Mémoire 1ère année
Eléonore DIAZ ARBELAEZ
La démarche « intégrée » dans le domaine du développement urbain
Quelles nouveautés pour les contextes du
Grand Lyon et de Medellín (Colombie) ?
Directeur de mémoire : Daniel BEHAR
2014
RESUME Que ce soit dans les pays du Nord ou du Sud le développement urbain durable et les
démarches « intégrées » semblent s’intensifier depuis une vingtaine d’années. La France et
la Colombie en sont des exemples à travers la mise en place d’outils d’intervention
présentés comme novateurs au milieu des années 2000 : les Projets Urbains Intégraux
(Medellin - Colombie) et les Projets Urbains Intégrés (Grand Lyon).
Il s’agit de s’intéresser aux spécificités de ces instruments, en recherchant, d’une part,
quels peuvent effectivement en être les aspects novateurs et d’autre part, quels ont été les
dispositifs antérieurs susceptibles de les avoir influencés.
Cette étude s’attache aussi à montrer que des contextes différents peuvent aboutir à des
politiques publiques aux objectifs similaires : cibler des territoires présentant des fragilités.
Mots-clefs : démarche intégrée, développement durable urbain, projets urbains intégrés,
projets urbains intégraux, politique de la ville, Grand Lyon, Medellin.
3
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier Daniel Béhar, mon directeur de mémoire, pour avoir accepté
d’encadrer mon travail et pour l’intérêt qu’il a porté à mon sujet.
Je souhaite également remercier Nicolas Cuervo et Edna Hernández, pour leurs
précieux conseils en méthodologie, ainsi que les personnes qui se sont rendues
disponibles pour répondre à mes questions : Jérôme Monnet, Gladys Aristizábal,
Natalia Castaño, David Arango, Laura Gallego, Frédéric Raynouard, Yazid
Ikdoumi, et les équipes de l’AFD, du centre URBAM et de l’entreprise VIVA.
Enfin, je remercie tous mes camarades de promotion, Karen, Anthony, et mes
parents, qui m’ont apporté un grand soutien.
4
SOMMAIRE
INTRODUCTION .................................................................................................................. 5
I – DES CONTEXTES A L’ORIGINE DE LA NECESSITE DE METTRE EN PLACE DES
POLITIQUES CENTREES SUR DES ZONES EN « DIFFICULTE » ................................. 12 A - Medellin : pallier l’absence de l’Etat dans les zones de constructions informelles .... 12 B - Le contexte français : répondre à la « crise » des grands ensembles ...................... 16
II – DE NOUVEAUX DISPOSITIFS INSCRITS DANS LA CONTINUITE DES
DEMARCHES INTEGREES PREEXISTANTES ................................................................ 20 A – Le PUI de la zone Nord-Est de Medellin ou la poursuite d’une dynamique
d’amélioration des quartiers marginalisés ....................................................................... 20 B – Le Projet Urbain Intégré du Grand Lyon : une stratégie européenne d’intensification
de la politique de la ville .................................................................................................. 27
III – QUELLES DIMENSIONS « NOVATRICES » POUR CES DISPOSITIFS ? ............... 35 A – Les axes de nouveauté du PUI Nord-Est : vision stratégique, méthode d‘intervention
et modèle de gestion urbaine .......................................................................................... 35 B - Les axes de nouveauté du PUI du Grand Lyon : paradigme, coopération et
gouvernance ................................................................................................................... 43
CONCLUSION : de l’initiation d’un processus d’innovation à l’émergence d’un
nouveau modèle ............................................................................................................... 49
5
INTRODUCTION
1. A l’origine de la recherche1 : des instruments d’intervention urbaine
présentant des similarités
Mon intérêt pour la démarche « intégrée » en urbanisme a émergé lorsque j’ai été chargée
de rédiger un article au sujet d’un modèle de projets urbains à Medellin (Colombie), dans
le cadre d’un stage au gouvernement du Département de Antioquia. Il s’agissait de partager
mon point de vue en tant qu’étrangère sur le Proyecto Urbano Integral (PUI), outil
d’intervention dénommé « Projet Urbain Intégral» par les documents francophones (AFD
2014). Peu initiée au domaine de l’urbanisme, ma première démarche consistait à
rechercher s’il existait un outil similaire en France, dans l’optique de faire ressortir au
mieux les particularités du contexte colombien. J’ai alors pu constater qu’il existait en
France un dispositif présentant des similarités dans la définition et dans l’appellation : les
Projets Urbains Intégrés (PUI).
Ces concepts présentent a priori des points communs de définition, qui portent presque à
croire que la traduction de l’appellation de l’outil « colombien » est en réalité identique à
l’outil « français ». Tout d’abord, il s’agit dans les deux cas d’un instrument d’intervention
publique qui cible un territoire spécifique :
• Concept français : « C’est une approche urbaine (…) couvrant un territoire
clairement délimité » (Briot Romain (dir.) 2013, 16).
• Concept colombien : « Instrument d’intervention urbaine que l’on mobilise pour
agir sur un territoire déterminé » (Hernandez 2010, 45).
En outre, ces concepts semblent à premier abord présenter des objectifs similaires, autour
de l’idée d’agir en priorité sur les territoires dont la population présente des fragilités :
• Cas français :
o « Renforcer la cohésion urbaine des zones fragiles ou en rupture »,
Le sujet de mon mémoire étant issu d’une expérience personnelle, seul le premier paragraphe sera rédigé à la première personne pour faciliter la lecture.
6
o « Favoriser la réintégration des quartiers en difficulté dans la ville et
l’inclusion sociale des habitants »,
o « Amélioration du quotidien des habitants des quartiers, en les requalifiant
durablement » (Mission Europe Urbain 2011).
• Cas colombien :
o « Effectuer des transformations structurelles, physiques et sociales, dans
les secteurs d’activités stratégiques de quartiers peu consolidés, dans le
but d’inclure de manière définitive les communautés marginalisées »
(Echeverri 2013, 6).
o « Amélioration des conditions de vie des habitants des zones identifiées »
(Hernandez 2010, 47).
On retrouve alors les critères d’inclusion des habitants, et d’amélioration de la qualité de
vie des habitants (« quotidien », « conditions de vie »), sur un territoire (« zones »
« quartiers ») présentant des caractéristiques d’exclusion (« communautés margina-
lisées », « rupture »). Ces interventions recherchent par ailleurs la pérennité de leurs
actions (« requalifier durablement », « transformations structurelles »).
2. Des références communes : l’approche urbaine « intégrée » et le
paradigme du développement durable
Dans le cadre d’une première phase exploratoire, ces similarités liées d’une part à certains
points de définition, et d’autre part, à l’appellation des outils dont l’acronyme est identique
(« PUI »), ont appuyé la recherche sur le postulat qu’il s’agissait d’une appellation et d’une
approche communes à la France et à la Colombie : la démarche « intégrée ». Or, comme le
précise Jérôme Monnet, « tous les projets urbanistiques par définition devraient être
« intégrés », sinon ce n’est pas de l’urbanisme »2. Cette affirmation renvoie à l’essence
même de l’urbanisme définit comme un « art extrêmement complexe, qui est en quelque
sorte le point de convergence d’arts ou de sciences très divers » (Joyant 1923, 13), et qui
par conséquent intègre d’autres domaines. Ainsi, « il ne s’agit pas de tuer les disciplines, ni
2 Extrait de la réponse de Jérôme Monnet suite à une demande d’entretien pour la réalisation de ce mémoire.
7
d’abolir les différences, mais de réussir à constituer des unités de travail capables
d’intégrer, partiellement ou totalement, les apports spécifiques de chaque discipline autour
d’un projet urbain, d’un travail qui leur serait commun » (Roncayolo 2010, 31). Par
conséquent, si la notion d’« intégration » dans le vocabulaire institutionnel et
professionnel de l’urbanisme semble être généralisée, elle est réemployée différemment
selon le contexte et l’objectif poursuivis.
En ce qui concerne cette analyse, les deux instruments dont il est question s’inscrivent de
façon plus ou moins claire dans le concept de « développement urbain intégré ». Le PUI
français fait explicitement référence à cette notion parce qu’il incarne l’instrument de mise
en œuvre de la politique de développement urbain intégré promue par l’Union Européenne
(Briot Romain (dir.) 2013, 9) : “il est de plus en plus évident que les différents défis qui se
posent en milieu urbain, qu’ils soient économiques, environnementaux, climatiques,
sociaux ou démographiques, sont entremêlés et que la réussite du développement urbain
n'est envisageable qu'au travers d’une approche intégrée. Par conséquent, les mesures de
rénovation physique urbaine doivent être couplées à des mesures en faveur de l’éducation,
du développement économique, de l’inclusion sociale et de la protection de
l’environnement” (Commission européenne 2014).
Si cette approche est aisée à établir dans le cadre du PUI français clairement qualifié
d’« intégré », cela n’a pas été le cas pour le concept colombien. En effet, la traduction
officielle et littérale qualifie l’outil d’ « intégral » et non d’« intégré ». Un certain nombre
de documents permettent toutefois de démontrer que le PUI colombien s’inscrit également
dans cette démarche (AFD 2014 ; Echeverri 2013 ; Hernandez, 2010 etc.). Il est en effet
définit comme un outil de transformation urbaine faisant partie de la « méthodologie du
Développement Urbain Intégral qui, en pariant sur l’enjeux de la durabilité et sur la
consolidation d’un modèle, reconnaît les valeurs des citoyens, les caractéristiques du
territoire, et les apports de l’Etat, pour répondre aux objectifs établis » (Hernandez 2010,
7). La démarche est ici incarnée par la thématique de la transformation urbaine qui intègre
d’autres dimensions telles que le domaine éducatif, culturel, et social. Le PUI
« colombien » est alors défini comme un « instrument du développement », intervenant
dans le domaine « physique et social pour les zones de la ville où il y a le plus de besoins »
(ibid.).
8
Ainsi, force est de constater que les notions d’« intégration » et d’« intégralité » ne peuvent
être que complémentaires dans ce cadre. L’intégralité suppose l’absence de coupures, une
approche globale dont on ne peut se rapprocher qu’en ayant une démarche « intégrée ».
Cette dernière suppose, quant à elle, « l’incorporation dans un ensemble plus vaste »3 pour
former un tout. Cette première recherche confirme la pertinence de cette comparaison en
ce que les deux instruments dont il est question s’inscrivent bien dans une démarche et des
références similaires. Il est d’ailleurs possible de formuler l’hypothèse selon laquelle il
s’agit, pour les deux contextes, de concepts influencés par le paradigme du développement
durable comme ligne de conduite des politiques urbaines. En effet le développement
urbain durable semble le plus souvent s’exprimer « à travers différentes mises en
connexion entre enjeux écologiques et socio-politiques, « qualité environnementale » et
« qualité de vie » des habitants » (Bourdin et Prost 2009, 56-57).
3. Problématique et hypothèses : une communication institutionnelle attribuant un caractère « nouveau » à ces projets
Suite à la consultation d’un certain nombre de documents émis par les institutions
publiques au sujet de ces instruments, il est intéressant de constater qu’ils sont, dans les
deux cas, qualifiés de nouveaux et de novateurs. Dans le cas français, le PUI est présenté
comme une « stratégie nouvelle de développement d’un territoire » (Mission Europe
Urbain 2011), un « outil novateur » (Briot Romain (dir.) 2013, 17). En ce qui concerne le
cas colombien, le PUI est décrit comme un « nouveau modèle d’intervention » et s’inscrit
dans une proposition « innovante » de « développement urbain intégral » (Laboratorio de
Medellin 2011, 17), qui permet l’application d’un point de vue «novateur » pour la
« planification durable » (Restrepo s.d.).
Or ces instruments ont été mis en place à la même époque, au début des années 2000
(2004 à Medellín et 2007 en France). Il s’agit par conséquent de se demander pour chacun
des contextes dans quelle mesure ils présentent des caractéristiques nouvelles et/ou
novatrices. Cet axe d’analyse, permet également de saisir quelles peuvent être les
spécificités de chacun de ces outils, alors même que les contextes en question semblent a
priori avoir peu de caractéristiques communes.
3 Définition du dictionnaire « Reverso » : http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/int%C3%A9gr%C3%A9
9
Un premier parcours des documents de présentation permet de formuler l’hypothèse selon
laquelle le caractère novateur serait davantage substantiel pour le contexte colombien,
notamment si l’on se base sur un indicateur de développement tel que l’IDH pour
comparer la situation des deux pays en 2004 (la France était en 16ème position, alors que la
Colombie était en 70ème position)4.
Par ailleurs, concernant le PUI du contexte français, les documents officiels font
systématiquement référence à la « politique de la ville » (Mission Europe Urbain 2011 ;
Briot Romain (dir.) 2013), ce qui laisse supposer qu’il ne s’agirait que d’une « piqûre de
rappel » d’une politique déjà mise en place. Seule la gouvernance en serait alors élargie par
la présence de l’Union Européenne en tant que nouvel acteur de cette politique.
5. Méthodologie et choix des terrains : Medellin et le Grand Lyon
Travail bibliographique
Ce travail se base essentiellement sur des documents de communication institutionnelle et
académique, et emprunte des outils d’analyse dans le domaine des politiques publiques. Il
s’agit de partir de l’idée que l’usage par l’action publique de la notion « intégrée » pour
qualifier un projet urbain, présente des spécificités liées au contexte local, mais également
des traits communs liés à une diffusion globale d’expériences dans le domaine du
développement urbain. En outre, cette recherche ne prétend en aucun cas rendre compte
de manière exhaustive de ce que recouvre l’utilisation de la démarche « intégrée » en
urbanisme. En effet, cette dernière n’est pas uniformisée dans son usage et d’autres projets
ne recouvrant pas cette appellation pourraient constituer un modèle similaire aux
démarches auxquelles l’on s’intéresse.
Les dispositifs analysés étant relativement récents, peu de bilans et d’analyses ont été
réalisés sur les résultats en dehors de ceux réalisés par les initiateurs, notamment en ce qui
concerne le PUI français. Autrement dit, les documents sur lesquels se base cette recherche
4Andurand Olivier, « Classement IDH des pays 2004 », in http://www.andurand.net/eleves/secondes/6%20milliards%20d%27hommes/Classement%20IDH%20des%20pays.pdf
10
sont principalement émis dans un objectif de promotion, une limite essentielle à ne pas
négliger. Aussi, afin de prendre du recul vis-à-vis de ce discours, une deuxième recherche
bibliographique a été réalisée sur les éventuels antécédents de ces démarches. Susceptibles
d’avoir influencé les instruments dont il est question, ou de comporter des caractéristiques
similaires, que ce soit au niveau de la méthode, des références, des acteurs, ou de la
gestion, ces antécédents devraient permettre de faire ressortir les aspects novateurs.
Entretiens téléphoniques semi-directifs
Cette prise de distance a par ailleurs été recherchée par le biais de la réalisation
d’entretiens semi-directifs avec des personnes directement ou indirectement concernées
par ces démarches. Trois entretiens ont donc été réalisés avec des acteurs de Medellin,
deux d’entre eux étant à l’origine d’une modélisation de l’instrument dans le cadre d’un
laboratoire de recherche (Laura Gallego et Natalia Castaño), le dernier ayant participé à la
mise en place du premier PUI de la ville en tant que « chef de cabinet » du maire de
l’époque (David Arango). Deux autres entretiens ont en outre été réalisés avec des acteurs
du PUI du Grand Lyon, le premier en tant que Directeur du Grand Projet de Ville de
Vénissieux (Yazid Ikdoumi), le deuxième en tant que chef de projet de la Direction de
l'Habitat et du Développement Solidaire Urbain du Grand Lyon (Frédéric Raynouard). Les
entretiens ont duré entre 25 minutes et 35 minutes et ne peuvent prétendre à l’exhaustivité
puisqu’ils ont été réalisés à distance par téléphone. La grille de questionnaire comportait
des axes communs pour les deux cas étudiés :
• Quel est/était votre rôle dans le cadre du PUI ?
• Pensez-vous que le PUI est un instrument novateur ?
Etudes de cas
Pour déterminer les spécificités de chacun de ces dispositifs, deux études de cas seront
réalisées. La découverte des Proyectos Urbanos Integrales de Medellin en Colombie est à
l’origine de cette recherche sur la démarche « intégrée » et explique par conséquent le
choix de cette ville pour le premier cas d’études. Cinq Projets Urbains Intégraux ont été
mis en place à ce jour. Il était donc nécessaire de n’en choisir qu’un seul afin d’obtenir une
documentation la plus complète possible, mais aussi au vu de notre axe de recherche
11
autour de la nouveauté. Le choix a donc été porté sur le premier PUI initié en 2004, le PUI
Nororiental (appliqué au secteur nord-est de la ville).
Le PUI du Grand Lyon a nécessité une réflexion plus longue. En effet, 53 PUI ont à ce jour
été mis en place en France sur la période 2007-2013 (Briot Romain (dir.) 2013, 16). Lyon a
dans un premier temps été sélectionnée pour sa dimension métropolitaine proche de celle
de Medellin, ainsi que pour son image de ville innovante dans le domaine du
développement urbain (Hernandez Gonzalez, Edna 2011). Il faut également savoir que
Medellin a récemment accueilli le septième Forum Urbain Mondial en tant que « ville la
plus innovante du monde » 5 . Une recherche exploratoire sur les possibles origines
communes de la démarche intégrée et de sa diffusion au niveau international est venue
confirmer ce choix. En effet, Lyon et Medellin sont des villes actives dans le domaine de la
coopération internationale et du partage des « bonnes pratiques » en urbanisme,
notamment dans le cadre de UN-HABITAT6 (Cf. Annexe n°1). Par ailleurs, les deux
dispositifs n’étant pas appliqués à la même échelle géographique (quartier à
Medellin/agglomération en France), une attention particulière a été accordée aux quartiers
des Minguettes dans l’agglomération lyonnaise.
Ainsi, il ne s’agira pas de distinguer les points communs ou les divergences entre les deux
cas qui seront présentés, mais plutôt de les faire « dialoguer » afin d’identifier de nouvelles
problématiques et hypothèses. L’objet définitif de cette recherche demeure par conséquent
essentiellement exploratoire. Après avoir succinctement présenté les antécédents à
l’origine de la mise en place de politiques de développement intégré, il sera démontré que
ces cas s’inscrivent dans la continuité des dispositifs les précédant, tout en présentant des
singularités liées à de nouvelles dimensions, que ce soit dans la nature même de
l’instrument et de ses références, les méthodes appliquées, ou encore la gouvernance.
5 Proexport Colombia, 1er avril 2014, « Medellin accueille la 7ème session du Forum Urbain Mondial », consulté le premier juin 2014, disponible sur http://www.proexport.com.co/fr/actualites/medellin-accueille-7eme-session-du-forum-urbain-mondial. 6 "La mission de UN-HABITAT est de promouvoir l'urbanisation durable par la formulation des politiques, de réformes institutionnelles, le renforcement de capacités, la coopération technique et de contrôler et améliorer l'état des établissements humains dans le monde entier".
12
I – DES CONTEXTES A L’ORIGINE DE LA NECESSITE DE METTRE
EN PLACE DES POLITIQUES CENTREES SUR DES ZONES EN
« DIFFICULTE »
Pour comprendre au mieux l’apport nouveau possible des projets urbains que nous allons
analyser, il est nécessaire de s’attarder un instant sur le contexte précédant leur mise en
place, permettant d’expliquer l’émergence d’une politique territoriale basée sur les
concepts d’« intégration » et « d’« intégralité ».
A - Medellin : pallier l’absence de l’Etat dans les zones de
constructions informelles
Dans un contexte de croissance démographique, Medellin connaît une période de grande
violence et d’inégalités sociales incontrôlées, particulièrement dans les zones de
construction informelles. Des réponses à cette crise sociale commencent à être apportées à
travers un mouvement de décentralisation au niveau national, mais aussi à travers la mise
en place de programmes destinés à améliorer les conditions de vie dans les quartiers
informels au niveau local.
1 - Un contexte de croissance urbaine incontrôlée, marquée par la violence
et les inégalités
A partir des années 40-50, Medellin connaît une croissance démographique exponentielle
liée à la violence politique qui atteint durement la population rurale. Cette dernière se
retrouve contrainte d’abandonner les champs pour se réfugier dans les villes. Medellin a
d’autant plus accueilli de monde qu’elle connaissait une période de développement
industriel qui pouvait offrir des opportunités de travail et de services. Se génèrent alors les
dénommés « barrios subnormales », des quartiers informels sur les flancs des montagnes.
L’administration municipale ne parvient pas à maitriser ce phénomène d’urbanisation par
le biais de sa planification (PRIMED 1996, 21). Ainsi, la ville passe de 360 000 habitants
en 1951 à 1,5 million en 1985 (Laboratorio de Medellin 2011, 23). L’incapacité de l’Etat à
13
fournir des solutions planifiées de logements est rapidement suivie de la mise en place d’un
marché informel de sols à urbaniser et de logements (AFD 2011, 26).
Ce phénomène d’urbanisation incontrôlable, pourtant commun à la majorité des grandes
villes d’Amérique Latine, devient particulier en Colombie en ce que cet « exode » est
grandement lié à la violence des affrontements politiques7. En effet, dans les années 1980
et 1990, la faiblesse de l’Etat quant à son action insuffisante dans le domaine du logement,
s’accompagne de l’arrivée du narcotrafic dans les quartiers informels de Medellin, de
violences urbaines, et de la consolidation de crimes organisés en bandes (AFD 2011, 27).
L’absence d’investissements publics de l’Etat pour ces quartiers « précaires », notamment
au niveau social, est suivie d’une crise sociale. Celle-ci s’illustre notamment par
l’augmentation des homicides. Medellin devient non seulement l’une des villes les plus
violentes du monde, mais connaît une situation de fortes inégalités (coefficient de Gini de
0,55) au sein même d’un pays parmi les plus inégalitaires au monde (le Lidec Patrick (dir.)
2013, 98).
7 Les acteurs sont de bords différents : deux partis politiques traditionnels, les guérillas (les gauches
faisant usage d’armes pour prendre le pouvoir), les cartels de narcotrafic, et les autodéfenses ou
paramilitaires (les droites faisant usage d’armes pour lutter contre la guérilla).
Image n°1 : Localisation de Medellin. Source : Google Maps
14
2 – Une crise sociale suivie d’un mouvement de décentralisation
gouvernementale
Ce contexte finit par mettre en évidence le fait que l’Etat central est dans l’incapacité de
gérer l’intégralité de son territoire, d’autant plus que la décentralisation s’avère être
insuffisante pour permettre aux villes d’apporter leurs propres solutions (Laboratorio de
Medellin 2011, 23). La Colombie initie alors une période de réforme de ses institutions
politiques. En 1986, l’élection des maires au suffrage universel direct est adoptée, celle-ci
s’accompagne d’un statut de décentralisation, attribuant davantage d’autonomie
administrative aux municipalités. Les villes deviennent ainsi les protagonistes de leur
propre développement. Une nouvelle constitution entre en vigueur en 1991 pour créer de
nouveaux principes fondamentaux, dont on peut distinguer l’autonomie des entités
territoriales et la participation citoyenne (PRIMED 1996, 16).
L’autonomie que possède la municipalité de Medellin lui permet de prendre d’assez larges
décisions en urbanisme. Seules les questions de sécurité restent principalement à la charge
de l’Etat. La mairie a la compétence, à travers un Secrétariat d’Urbanisme, pour mettre en
place ce que l’on pourrait considérer comme l’équivalent d’un Plan Local de l’Urbanisme :
el Plan de Ordenamiento Territorial (le Lidec Patrick (dir.) 2013, 99). Des réformes
peuvent être apportées par le biais d’un vote au Conseil Municipal de Medellin (structure
législative locale), réformes qui sont toutefois soumises à la loi nationale qui encadre
l’usage des sols en zone urbaine (loi n°30 de 1998).
3 – L’émergence d’un projet qualifié d’« intégral »: « el mejoramiento integral
de barrios »
L’amélioration intégrale des quartiers dits « subnormaux » apparaît comme étant la
réponse nécessaire à la crise que traverse Medellin à cette époque. Au milieu des années
1990, des travaux académiques sont entrepris tels que les projets pour les quartiers du
nord élaborés par la faculté d’architecture de l’Université Pontifica Bolivariana, ou les
travaux de recherche sur l’habitat du Centre des Etudes de l’habitat populaire8, ainsi que
8 Centro de Estudios del Hábitat Popular - CEHAP - de la Universidad Nacional de Colombia - Sede
Medellín.
15
des initiatives publiques gouvernementales, comme le Programa de Mejoramiento de
Barrios Subnormales – PRIMED – (AFD 2011, 12).
Réalisé entre 1992 et 1997, ce programme se développe avec la coopération du
gouvernement allemand à travers la Banque KWF, et la coordination des actions
nationales et départementales (Hernandez, El documento blanco de la metodologia PUI
2010, 39). Pourquoi parlait-on d’intervention « intégrale » dans ce cas précis ? Il s’agissait
de modifier les pratiques d’exécution et de gestion des entités chargées de légaliser les
terres, de relocaliser les logements situés dans des zones non récupérables, d’adapter les
infrastructures et de les doter d’équipements. Cela supposait que l’action municipale mette
en place un processus de planification concertée incluant les différents secteurs, la
diversité des acteurs et des actions pour investir dans une zone ciblée avec une vision à la
fois à court, à moyen, et à long terme (Fundacion corona 1999, 3). Le succès de ce
programme amène l’UNESCO à l’ériger comme en modèle à suivre, notamment sur deux
aspects (AFD 2011, 44):
- La génération d’une nouvelle confiance entre les habitants de ces quartiers et l’Etat,
à travers des processus de participation, et la mise en place d’échanges entre les
équipes techniques et les résidants.
- La construction de compétences techniques pour répondre à des enjeux locaux qui
requièrent la mise en place de programmes complexes tels que PRIMED.
Tableau n°1 - Synthèse du « modèle » intégral de PRIMED
Réalisation : Eléonore Diaz. Informations : Primed, 1996
Coopération des acteurs Domaines d’intervention Programme territorial Etat colombien Amélioration des services publics 70 districts informels
Etat allemand Réhabilitation 200 000 habitants
Municipalité de Medellin Régularisation des terres
16
B - Le contexte français : répondre à la « crise » des grands
ensembles
Si les grands ensembles conçus après la seconde guerre mondiale permettent pendant un
certain temps de répondre aux problématiques de l’époque, les limites de ce modèle
commencent à apparaître à partir de la crise des années soixante-dix. Au début des années
quatre-vingt, les épisodes successifs de violence dans certains quartiers de grands
ensembles, tels que celui des Minguettes dans l’agglomération lyonnaise, amènent l’Etat à
mettre en place une politique territoriale d’« exception » pour répondre aux nouvelles
problématiques soulevées par ces quartiers et leurs habitants.
1 – La transformation économique et sociale des grands ensembles d’après-
guerre
La construction des grands ensembles commence à partir années 1950 pour répondre à
une demande de logement croissante due au « baby-boom », à l’arrivée d’une immigration
de travail, et aux rapatriés d’Afrique du Nord. Il s’agit également pour l’Etat de résorber les
bidonvilles et tout type d’habitat insalubre, notamment dans l’optique d’améliorer les
conditions de vie des habitants (ORIV 2012, 11). Ainsi, la nécessité de répondre à une
urgence se caractérise par un urbanisme de barres et des tours proposant du logement
locatif social et collectif (ibid). Si ces nouveaux quartiers semblent dans un premier temps
répondre aux enjeux de l’époque et permettent à une population relativement diverse
(ouvriers, fonctionnaires, rapatriés, jeunes ménages) de se loger décemment à moindre
coût, les premières limites apparaissent dès les années 1970.
La population des grands ensembles est celle qui subit le plus les conséquences de la crise
économique liée au choc pétrolier de 1974. Progressivement, les banlieues françaises
caractérisées par la présence de grands ensembles vivent une grande transformation
économique et sociale. Les classes moyennes quittent les grands ensembles pour devenir
propriétaires, la politique migratoire met un coup d’arrêt aux migrations de travail et
favorise une politique de regroupement familial amenant les travailleurs immigrés à vivre
avec leurs familles, et les habitants des quartiers insalubres du centre sont relogés dans les
17
logements sociaux de ces nouveaux grands ensembles. La crise économique vient alors
affecter en priorité les habitants de ces quartiers. Caractérisés par une forte concentration
d’habitants cumulant des difficultés et particulièrement touchés par la crise de l’emploi, les
« quartiers d’habitat populaire » (…) vont « de fait se retrouver « en dehors », de la ville, de
la société » (Panassier 2008, 1).
2 - Le quartier des Minguettes : symbole de la remise en cause des grands
ensembles
Ce contexte est particulièrement symbolisé par le quartier des Minguettes à Vénissieux
dans la banlieue de Lyon (commune actuellement membre du Grand Lyon). En effet, ce
quartier connaît à deux reprises (1981 et 1983) des épisodes de protestation et de violence,
qui résulteraient selon Catherine Panassier, « d’un fort sentiment latent de discrimination,
d’injustice et d’avenir sacrifié, partagé par toute une population issue de l’immigration et
porté ainsi par les plus jeunes ». Ce premier évènement de 1981 prend de l’ampleur au
niveau national à travers la découverte de quartiers atteints de « ce qu’on a appelé la
maladie des grands ensembles » (Dubedout 1983, 5) tels que ceux du nord de Marseille, de
Roubaix, ou encore de la Courneuve.
D’ampleur nationale, la Marche pour l’égalité de 1983 est également initiée par deux
personnalités du quartier des Minguettes, suite à un nouvel épisode d’affrontements entre
les forces de l’ordre et des jeunes du quartier qui entrainent l’hospitalisation de Toumi
Djaïda, président d’une importante association de quartier (Panassier 2008, 16). Cette
série d’évènements contribue non seulement à la prise de conscience de l’ensemble de la
population de l’existence de quartiers délaissés, mais emmène également l’Etat à constater
« l’inadaptation des mécanismes traditionnels de la prévention et de l’assistance sociale »
(Dubedout 1983, 5) pour ces quartiers.
Ainsi, la banlieue lyonnaise est la première à être visée par une nouvelle approche « pour
résoudre les difficultés les plus immédiates » en 1981 (Dubedout 1983, 5). Elle sera suivie
de la création d’une Commission Nationale et d’un « programme national prioritaire en
faveur des quartiers dégradés ».
18
3 – La politique de la ville ou l’émergence sous-jacente d’une approche
territoriale intégrée
Sans retracer l’évolution de cette politique publique, il est intéressant de revenir sur son
origine, sur ses caractéristiques durables et sur la discrète apparition d’une dimension
d’intégration. En 1983, avant même que l’on institutionnalise la politique de la ville, le
rapport Ensemble, refaire la ville, réalisé par le maire de Grenoble Hubert Dubedout,
aborde, sans toutefois la nommer, l’idée de la nécessité d’une démarche intégrée. Il
propose en effet une nouvelle méthodologie d’action basée sur une approche territoriale et
interministérielle pour traiter ces problématiques (ORIV 2012, 12). Aussi peut-on
considérer que la ligne conductrice du programme de « Développement Social des
Quartiers » est basée sur trois types d’« intégration » :
- La coopération institutionnelle : l’Etat et la région intègrent ce dispositif aux
premiers contrats de plan Etat-régions sur la période 1984-1988 (ORIV 2012, 13).
- Sectorielle : il ne s’agit pas seulement d’intervenir sur le cadre bâti mais aussi
d’inclure une dimension socio-économique pour tenter de rétablir les conditions de
vie égales à celle du citoyen lambda.
- Territoriale : les interventions ne concernent que des territoires considérés
comme étant « exclus » de la ville.
Malgré le développement d’autres types de dispositifs, les années 1990 sont marquées par
de nouveaux incidents à Vaulx-en-Velin, aujourd’hui commune du Grand Lyon. Les
« quartiers sensibles » deviennent alors pour l’Etat une question prioritaire. Elle se traduit
par l’institutionnalisation de la politique de la ville : une politique centrée sur des
quartiers. Quelque soit la forme sous laquelle elle se concrétise (choix de contractualisation
et de géographie prioritaire), la politique de la ville est aujourd’hui considérée comme
étant pluridimensionnelle (urbanisme, action sociale, éducation, sécurité, développement
économique etc.), et donc « interministérielle » et « multipartenariale » (collectivités
locales, organismes, associations, participation citoyenne (La documentation française
2010). Ces aspects entrent dans le champ même de la notion d’intégration dans les
politiques urbaines. Toutefois, aucune mention n’est faite sur une éventuelle participation
directe de l’Union Européenne à cette politique dite « d’exception », ni de politique
urbaines dites « intégrées ».
19
Schéma n°1 – Synthèse du « modèle » de la politique de la ville
Réalisation : Eléonore Diaz. Source : La documentation française 2010.
ACTION GLOBALE SUR UN
TERRITOIRE
Action Plurisectorielle
Action multi-‐partenariale
Budget interministériel
20
II – DE NOUVEAUX DISPOSITIFS INSCRITS DANS LA CONTINUITE
DES DEMARCHES INTEGREES PREEXISTANTES
Après avoir présenté l’émergence progressive de cette démarche dans deux contextes
différents, une présentation d’un projet urbain sera réalisée pour les deux cas, à travers
l’idée que ces instruments prétendent intervenir de façon globale et intégrée. Il est
important de rappeler que ces projets ont officiellement été présentés comme une nouvelle
démarche alors même que, comme cela a été vu, l’approche existait déjà avant même
qu’elle ne soit délibérément qualifiée d’ « intégrée » (dans le cas français). Il s’agit ici de
montrer en quoi chacun ces dispositifs choisis s’inscrivent, dans le cas du PUI de Medellin,
dans la continuité des programmes mis en place dans les quartiers marginaux, et dans le
cas du PUI du Grand Lyon, dans la continuité de la politique de la ville.
A – Le PUI de la zone Nord-Est de Medellin ou la poursuite d’une
dynamique d’amélioration des quartiers marginalisés
1 – A l’origine du projet : planification intégrée de transport et contributions
académiques
L’idée de mettre en œuvre un Projet Urbain Intégral émerge progressivement au début des
années 2000. Il fait suite à l’installation du Métrocable dans les quartiers marginalisés du
nord-est de la ville, dans l’optique de renforcer l’impact de l’intervention. Aussi le projet
est-il issu du milieu académique, comme dans le cas de PRIMED.
Dans les années quatre-vingt dix, les initiatives en faveur des quartiers « subnormaux » se
développent également à travers les « Politiques Générales de Transport », présentées
comme un « principe directeur » du plan d’urbanisme municipal de Medellin (Hernandez
2006). Ce document présente notamment le projet de construction d’un système
téléphérique aérien qui intègrerait le quartier de Santo Domingo Savio au réseau du métro.
L’entreprise Metro de Medellin, après avoir réalisé des études préliminaires de demande et
de faisabilité, et après avoir signé une convention de financement avec la municipalité,
22
inaugure la première ligne de Métrocable (ligne K) en 2003. Plusieurs sources (Hernandez
2006, CES 2007, le Lidec Patrick (dir.) 2013) indiquent que ce projet a permis de réduire
la fracture (notamment à cause de la topographie) entre cette zone périphérique et le
centre de la ville.
Par ailleurs, il est possible d’avancer que le projet s’inscrit dans cette nouvelle coopération
d’ores et déjà initiée entre les administrations publiques lors des programmes
d’intervention antérieurs. En effet, celles-ci commencent à reconnaitre ces zones
périphériques et prennent l’initiative de réaliser des projets d’amélioration des espaces
proches des nouvelles stations du Métrocable. Aussi, d’après Laura Gallego9, l’idée du
premier PUI ne nait pas depuis l’administration municipale mais dans le milieu
universitaire, avant même que Sergio Fajardo (maire de Medellin au moment de la
réalisation du PUI), arrive à la tête de la ville (Gallego 2014). La zone nord- est, avait déjà
fait l’objet de recherches et d’études, et certaines universités avaient également effectué des
exercices de conception. Ces contributions permettent d’identifier les actions et les projets
qui seraient, par la suite, définis avec les habitants par le biais d’un processus de validation
de la future intervention.
Ainsi, la première approche de connaissance du territoire dénommée “Acciones con mi
barrio”10 réunit les diverses études ayant été réalisées sur la zone d’intervention pour
construire un diagnostic territorial préalable (AFD 2011, 56). Le PUI Nord-Est vient par
conséquent s’articuler à un projet qui lui préexiste dans l’optique d’effectuer des
améliorations autour d’un nouvel axe de transport et s’inscrit en outre dans la dynamique
d’amélioration des quartiers marginalisés lancée dans les années 1990.
2 – Une affirmation des critères de choix et des enjeux : un territoire ciblé pour sa marginalité
La première ligne de Métrocable est construite dans la zone nord-est de la ville, un facteur
qui a considérablement influencé le choix de ce territoire. Ce dernier possède par ailleurs le
9 Consultante et assistante d’Urbam – Laboratoire de l’Université EAFIT à Medellin
10 Traduction : « Actions avec mon quartier »
23
plus faible indice de développement humain (IDH), ainsi que le plus fort taux d’homicide
en 2004 de la ville, d’autant plus qu’il connait une croissance démographique considérable
(AFD 2011, 53). L’axe du Métrocable est déterminant pour structurer le projet, les stations
étant considérées comme des « centres stratégiques » à partir desquelles on dessine les
interventions (AFD 2011, 55). Mais ce sont aussi les cours d’eau, le tracé des voies, et la
morphologie du territoire qui déterminent les aires d’intervention du PUI des
arrondissements 1 et 211. Si la dimension intégrée du transport constitue une valeur ajoutée
par rapport à PRIMED, on retrouve bien là le critère de marginalité pour déterminer la
zone d’intervention. Au total, le territoire sélectionné englobe 158 hectares d’intervention,
onze quartiers12, pour environ 230 000 habitants.
En outre, l’enjeu majeur demeure celui de l’amélioration de la qualité de vie des habitants
(Hernandez 2006) dans une zone spécifique et particulièrement délaissée par l’action
publique. Malgré le succès des programmes PRIMED, les difficultés liées à la violence sont
toujours présentes et appellent à l’intensification des interventions territoriales ciblées.
Toutefois, Sergio Fajardo, maire de Medellin de 2004 à 2007, reconnait que la violence et
la criminalité ont considérablement freiné le développement humain intégral des citadins,
il admet également que la « dette sociale historique » explique une grande partie des
difficultés de la ville vécues depuis une trentaine d’années : « Nous sommes conscients de
l’histoire de la ville et de sa dette » (Laboratorio de Medellin 2011, 31). La volonté locale
d’améliorer le développement urbain à travers des interventions dites « intégrales » et
territorialement ciblées, prend appui sur les plans de développement des deux
administrations passées qui avaient défini le territoire comme point de concentration des
politiques publiques. Celles-ci s’inscrivent dans le contexte de la Déclaration d’Istanbul sur
les Établissements Humains13 adoptée en 1996, les signataires se compromettant à :
favoriser le développement équitable des établissements humains, à éradiquer la pauvreté
dans le contexte du développement durable, et à améliorer la qualité de vie sur la base de
l’amélioration de l’habitat et de son cadre (Hernandez 2010, 30).
11 Nous nommerons « arrondissement » les dénommées « comunas » qui correspondent à un
découpage administratif infra-municipal.
12 Comuna 1 Popular: Popular, Santo Domingo Savio N.o 1 y 2, Granizal, La Esperanza N.o2, La
Avanzada; Comuna 2 Santa Cruz: Villa del Socorro, Santa Cruz, La Francia, Andalucía, Villa Niza.
13 Déclaration : http://www.un.org/french/ga/istanbul5/declaration.htm
24
3 – L’intégralité des interventions physiques assurée par la coordination et
la coopération interinstitutionnelle
On peut identifier des similarités entre les programmes PRIMED et le PUI Nord-Est quant
à l’importance de la coopération et de la coordination institutionnelle. Celle-ci est censée
permettre une mise en œuvre optimale des interventions physiques et entraine dans les
deux cas la création de mécanismes de gestion ad hoc.
Au-delà du choix d’intervenir dans des zones délimitées, le PUI Nord-Est se situe dans la
continuité d’une stratégie qui cherche à assurer le caractère global des actions physiques.
Cette « intégralité » est assurée à travers l’articulation de programmes de logement,
d’interventions pour améliorer l’espace public et de réalisation d’infrastructures dans un
secteur défini. Aussi, dans le souci d’une meilleure efficacité de ces interventions,
l’augmentation du degré de coordination et de coopération interinstitutionnelle entre les
acteurs est-elle recherchée (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 148).
Or, l’une des principales réussites du programme PRIMED ayant précédé le PUI Nord-Est,
réside en ce qu’il a atteint un haut niveau d’efficience dans la mise en place de ces
interventions physiques. Si la plupart des sources (AFD 2011 ; Hoyos Estrada Claudia [et
al.] 2010 ; Laboratorio de Medellin 2011…) ne nient pas que PRIMED a travaillé de façon
simultanée sur les différents secteurs d’intervention qui impliquaient l’interaction entre les
différents acteurs, la coordination interinstitutionnelle se révèle toutefois être un facteur
déterminant du succès de ce programme.
Une structure ad hoc de gestion indépendante a été créée comme unité intégrante de
PRIMED. Celle-ci se consacre entièrement au programme et a pour rôle de coordonner les
différents acteurs, en canalisant les ressources, et en articulant les interventions physiques
sur le territoire (Montoya, 2010 in Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010).
25
Tableau n°2 – Acteurs et actions coordonnés par une structure ad hoc de gestion
dans le cadre de PRIMED
Acteurs
internationaux
(PNUD14 ET
KFW15)
Acteurs nationaux
Acteurs locaux
(selon leurs
aires de
compétence)
Autres (ONG,
associations,
contractuels
privés)
Expertise technique
Ressources
financières
Canalisation des
ressources de
coopération
Subventions
Financements
(former les habitants
à l’amélioration
de leurs logements)
Ressources
financières
Moyens techniques
Moyens humains
Participation à la mise
en œuvre des travaux
Réalisation : Eléonore Diaz – Informations : PRIMED 1996 ; Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 137.
Le cas du PUI Nord-Est est similaire. C’est en effet l’Entreprise de Développement Urbain
(EDU)16, structure décentralisée de la municipalité de Medellin créée en 1993, qui est
chargée de cette coordination interinstitutionnelle. Pour répondre à cette nouvelle
fonction, l’entreprise subit une modification organisationnelle afin de créer un gérant
spécial chargé de participer au suivi hebdomadaire de l’exécution et au développement des
projets, depuis le diagnostic jusqu’à la livraison (AFD 2011, 108). Par ailleurs, une équipe
de travail spécialisée et interdisciplinaire est formée pour s’occuper exclusivement des
projets stratégiques. La EDU devient alors un outil clé, qui planifie et exécute les projets
14 Programme des Nations Unies pour le Développement
15 Banque publique d’investissement allemande
16 Elle a pour objet le développement des projets urbains et immobiliers pour le bien-être des
citadins (AFD 2011, 52)
26
urbains des territoires priorisés (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 139). Ainsi, chacun
des cas décrits présentent une structure organisationnelle constituée d’équipes
multidisciplinaires dédiées exclusivement à l’exécution des projets respectifs supposées
apporter des avantages en terme d’efficience (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 138)
4 – Une constante : la participation et l’encouragement à l’initiative des habitants
La participation des habitants semble également être une constante depuis la mise en place
des premiers programmes d’amélioration des quartiers marginalisés. En effet, le PUI
Nord-Est a utilisé la même méthodologie participative que PRIMED à travers
l’accompagnement et la participation de la communauté durant tout le processus. Ce
programme avait accordé une attention particulière aux relations avec la communauté
(PRIMED 1996) en cherchant à l’impliquer de diverses façons dans toutes les étapes du
processus17 : identification des besoins, priorisation des problèmes, jusqu’à l’étape de
travaux. On a également cherché à créer des compétences au niveau local par le biais de
formations à l’autoconstruction, de la sensibilisation aux questions environnementales, de
la formation de leadeurs, et de la définition et la gestion des projets. L’objectif était
d’encourager le développement social (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 138).
Avant la mise en place du PUI, la zone Nord-Est était déjà connue pour avoir développé
des programmes dans différents domaines (social, urbain, culturel), mais de façon isolée
les uns des autres. Ces programmes ont beaucoup apporté lorsqu’ils ont été intégrés au
PUI afin de prendre en compte les initiatives locales à l’image d’une intervention intégrale
(Hernandez 2010, 47). Toutefois, si les documentations académiques et officielles
affirment que cette démarche participative est inspirée des programmes PRIMED, les
personnes interrogées semblent le considérer comme un aspect novateur du PUI Nord-
17 Rappel : L’un des aspects qui avait amené l’UNESCO à ériger ce programme comme modèle à
suivre reposait sur la mise en place d’un processus de participation et d’échanges entre les équipes
techniques et les résidants.
27
Est18 (Arango et Gallego 2014). En réalité, la participation n’est pas une nouveauté dans le
cas du PUI Nord-Est, mais l’accent est mis sur de nouvelles méthodes de participation,
sujet qui sera abordé par la suite.
Ainsi, le PUI Nord-Est présente de nombreux aspects qui s’inscrivent dans la continuité
des programmes initiés dans les années 1990, notamment lorsqu’on le compare à
PRIMED. On retrouve quatre caractéristiques communes :
• Le concept d’une intervention intégrale sur un territoire ciblé
• Les critères de marginalité et d’exclusion
• La coordination interinstitutionnelle
• La participation de la communauté au projet
B – Le Projet Urbain Intégré du Grand Lyon : une stratégie
européenne d’intensification de la politique de la ville
A titre de rappel, la politique européenne de cohésion de 2007-2013 prétendait introduire
une « stratégie nouvelle de développement d’un territoire » (Mission Europe Urbain 2011,
3) à travers la mise en place de Projets Urbains Intégrés. Or, il s’agit ici de montrer que
cette stratégie vient essentiellement encourager et intensifier des dispositifs déjà mis en
place dans le cadre de la politique de la ville. A travers l’exemple du PUI du Grand Lyon, il
sera démontré que l’articulation entre la politique européenne de cohésion et la politique
de la ville a été initiée avant la mise en place de cette démarche. On s’intéressera par la
18 Les deux interrogés abordent la question de la participation lorsqu’ils répondent à la question :
« Pensez-vous que le PUI Nord-Est présente un caractère novateur à l’époque de sa mise en place?
Le cas échéant, pour quelles raisons ?”
“(…) Je ne sais pas si vous connaissez les “Ateliers imaginaires” : ils ont permis un
rapprochement avec les “communautés” et des habitants de cet arrondissement, à travers la
construction d’un modèle d’intervention territoriale. C’est d’ailleurs pour cette raison que
l’espace public est une composante importante du PUI Nord-Est”. Extrait, entretien avec Laura Gallego (24/04/2014)
28
suite à deux fondements de la politique de la ville, repris dans le cadre du dispositif
européen.
1 – Politique européenne de cohésion/politique de la ville : une articulation initiée dès les années 1990
Dès les années 1990, l’Union Européenne met en place une politique de développement de
ses territoires. En effet, avant la stratégie des PUI, les Programmes d’initiative
communautaire URBAN 1 et 2 ont initié des actions destinées à mettre en place une
méthode « intégrée et participative » (Mission Europe Urbain 2011, 1). Ces programmes
sont destinés à constituer « une vitrine d’une intervention européenne » et sont, par
ailleurs, directement articulés à la politique de la ville en n’intervenant que sur un
« nombre restreint de quartiers en difficulté »19 (Mission Europe Urbain 2013c, 3).
Plutôt qu’une nouveauté, il serait plus exact de qualifier la nouvelle programmation
urbaine de 2007-2013 comme une accentuation de cette articulation, notamment à travers
le financement de 53 Projets Urbains Intégrés en France. Or, ces PUI constituent
essentiellement un outil de financement à l’échelle d’une agglomération ou d’une ville. Il
s’agit de faciliter la mise en œuvre de « stratégies urbaines intégrées » à destination des
« quartiers prioritaires de la politique de la ville » (Mission Europe Urbain 2011, 1).
Autrement dit, à l’échelle locale, les PUI ne représenteraient qu’un moyen financier
supplémentaire pour concrétiser des dispositifs déjà présents.
Pour mieux comprendre cette articulation, il est nécessaire de se recentrer sur le cas plus
précis du PUI du Grand Lyon et de Vénissieux. Tout d’abord, comme nous l’avons vu, ce
secteur a eu un rôle important dans la mise en place de la politique de la ville (suite à
l’épisode du quartier des Minguettes, cf. partie I). Aussi le quartier des Minguettes a-t-il
continué à bénéficier des dispositifs de la politique de la ville jusqu’à ce jour, notamment à
travers un projet de restructuration et de requalification complète du quartier, aujourd’hui
mis en œuvre sous la forme d’un Grand Projet de Ville (GPV) (Panassier 2008, 37). Or,
pour le directeur du GPV de Vénissieux (Ikdoumi, entretien, 2014), le PUI du Grand Lyon
ne représente que des moyens financiers supplémentaires pour mettre en place des projets
et des opérations préexistantes. Cette affirmation confirmerait l’idée que ce dispositif
19 9 programmes “Urban 2” français entre 2000 et 2006
29
européen vient avant tout soutenir
des projets de la politique de la ville,
des projets d’ensemble déjà
préparés.
En outre, ce GPV était inscrit dans
un Contrat de Cohésion Urbaine et
Sociale (CUCS) pour la période
2007-2009, contrat partenarial de
mise en place de la politique de la
ville. Ce type de contrat est
explicitement visé par le PUI du
Grand Lyon qui prétend « compléter
les dispositifs existants (…) en
contribuant aux objectifs transverses du CUCS d’agglomération » (Briot Romain (dir.)
2013, 282). En effet, il est précisé dans les trois objectifs spécifiques du PUI du Grand Lyon
que « tous les engagements concernent directement ou indirectement les quartiers en
CUCS » (Communauté Urbaine Grand Lyon 2007). Aussi peut-on identifier le ciblage des
secteurs et des habitants « fragiles » dans chacun de ces objectifs, à l’image des territoires
visés par la politique de la ville (ibid., 20) :
Ainsi, le PUI du Grand Lyon n’est pas à l’origine de l’articulation entre les politiques de
cohésion européenne et de la politique de la ville, il n’introduit pas plus la dimension
multipartenariale des politiques territoriales, mais cherche toutefois à l’élargir ou à la
stabiliser.
• « Objectif n°1 : faire du développement durable un moteur pour les quartiers
fragiles,
• Objectif n°2 : « organiser l’impact de la compétitivité sur l’accès à l’emploi et
l'intégration à la ville dans les secteurs et pour les populations les plus fragiles,
• Objectif n°3 : renforcer l’action de réparation et d’intégration dans les quartiers
fragiles ».
Image n°3 : Périmètre du GPV. Source : Ville de Vénissieux 2011, 1
30
2 – Un élargissement de la politique partenariale au niveau du financement
Destinés à intervenir comme complément des dispositifs de la politique de la ville, les PUI
cherchent à associer « l’ensemble des acteurs de la Ville » afin « d’enrichir la gouvernance
via un réel partenariat local et la mobilisation des financements nécessaires » (Mission
Europe Urbain 2011, 3).
Or, comme le précise le chef de projet de la Délégation Générale du Développement Urbain
du Grand Lyon (Raynouard, entretien, 2014), les communes et l’agglomération constituent
très tôt « un couple de force », les deux gérant à la fois le terrain et le pilotage des
dispositifs. En effet, la dégradation du quartier des Minguettes lance dès la fin des années
1970 « les premières actions correctives au nom d’une solidarité d’agglomération
nécessaire »20 (Panassier 2008, 34). Ce partenariat va bien plus loin que l’agglomération
puisque le premier diagnostic en vue de créer un dossier Habitat Vie Sociale21 (HVS) avait
conduit à un premier partenariat entre l’Etat, les gestionnaires des logements, les élus
municipaux, et l’Agence d’urbanisme. Une coordination de l’action administrative était
assurée par un groupe départemental présidé par le Préfet. La Communauté lyonnaise, à
travers le quartier des Minguettes, est donc à l’initiative de l’un des fondements principaux
de la politique de la ville, celui du multipartenariat. Ce passé explique alors que le Grand
Lyon soit aujourd’hui particulièrement avancé en ce domaine.
Le cas du GPV de Vénissieux en est une bonne illustration puisqu’il a été inséré à des
contrats partenariaux engageant l’Etat, les collectivités locales, et leurs partenaires dans sa
mise en œuvre (Ville de Vénissieux 2011, 2) : Contrat de Ville (2000-2006), CUCS (2007-
2009), convention ANRU 22 (2005 -2010). Si l’on constate la présence de l’Union
Européenne dans la liste des signataires du GPV, celle-ci n’est en revanche pas présente
parmi les signataires du CUCS.
20 Extrait de l’interview de Bruno Voisin, Sociologue à l’Agence d’urbanisme du Grand Lyon, août
2008, millenaire3.com
21 HVS : forme d’intervention en faveur du tissu urbain existant, promu par le Groupe
Interministériel HVS dont la mission était de conduire des opérations d’amélioration du logement
et des services collectifs dans les grands ensembles présentant des signes de dégradation physique,
sociale et culturelle.
22 Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine
31
Schéma n°2 – Exemple de dispositif multipartenarial : le CUCS de Vénissieux (2007-
2009)
Réalisation : Eléonore Diaz – Informations : Ville de Vénissieux 2011, 15.
Toutefois, à travers l’implémentation du PUI du Grand Lyon, l’élargissement partenarial à
l’Union Européenne devient plus évident avec la participation financière du Fonds
Européen de Développement Régional (FEDER) et du Fonds Social Européen (FSE). Ces
fonds sont définis comme étant « les instruments essentiels » (Mission Europe Urbain 2011,
5) du PUI (cf. article 8 du règlement n°1080/2006 du Parlement européen et du Conseil du
5 juillet 2006 relatif au FEDER). Aussi, comment ces partenariats s’articulent-ils dans la
mise en œuvre concrète d’un projet concernant Vénissieux, et plus particulièrement le
quartier des Minguettes dans le cadre du PUI du Grand Lyon ?
Les deux exemples suivants permettent d’illustrer le rôle de l’Union Européenne,
partenaire supplémentaire d’actions multipartenariales, et intégrées à des dispositifs de la
politique de la ville :
Ville de Vénissieux!
Etat : !!
Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU)!!
Agence Nationale pour la Cohésion Sociale !et l'Egalité des Chances (ACSE)!
Grand Lyon !!
Département du Rhône!!
Région Rhône Alpes!
ABC HLM du Rhône!!
Caisse des Dépots et Consignations!!
Caisse d'Allocations Familiales!
Signataires du CUCS (2007-2009)!
32
Tableau n° 3 – Action 26.18 « Jardin collectif d’insertion sociale : L’envol »
Exemple d’articulation multipartenariale PUI/GPV
Emplacement
dans le projet23
Action
Périmètre
d’intervention
Maître
d’ouvrage
Financeurs
- Objectif n°3 :
- Mesure n°8 :
« investissements
urbains de
réparation »
Jardin collectif
d’insertion sociale
(salaires et
fonctionnement)
Ville de Vénissieux
Priorité
sur le périmètre GPV :
- Minguettes
- Max Barel
Ville
de
Vénissieux
Ville
Conseil Régional
FEDER
Réalisation : Eléonore Diaz. Informations : Communauté Urbaine Grand Lyon 2007, 251.
Tableau n° 4 – Action n°27.10 « Rénovation et développement du ciména Gérard
Philippe ». Exemple d’articulation multipartenariale PUI/CUCS
Emplacement
dans le projet
Action
Périmètre
d’intervention
Maître
d’ouvrage
Financeurs
- Objectif n°3 :
- Mesure n°8
Rénovation et
développement du Cinéma
Gérard Philippe
Contrat Urbain de
Cohésion Sociale de
Vénissieux
Ville
de
Vénissieux
Ville
CNC24
Conseil Général
Conseil Régional
FEDER
Réalisation : Eléonore Diaz. Informations : Communauté Urbaine Grand Lyon 2007, 287.
Certes, l’extension de ce partenariat est plus claire, mais l’on peut constater que la
participation de l’Union Européenne se cantonne au financement des projets, comme c’est
23 Rappel (cf. II.B.1) : « Renforcer l’action de réparation et d’intégration urbains de réparation ». 24 Centre National du Cinéma et de l’image animée
33
le cas par ailleurs pour les autres partenaires. La maitrise d’ouvrage demeure celle d’un
seul acteur, la ville de Vénissieux en ce qui concerne les exemples précédents.
3 – La reprise de la dimension multithématique comme caractéristique essentielle de la dimension intégrée
L’une des exigences de la démarche intégrée du PUI repose sur le caractère multisectoriel
de la stratégie territoriale. Mission Europe Urbain insiste sur le fait que « les Projets
Urbains Intégrés démontrent leur dimension réellement intégrée en touchant de
nombreuses thématiques », même si chacun d’eux utilisent par ailleurs des stratégies qui
leurs sont propres (Mission Europe Urbain 2011, 3). C’est ce que confirme le PUI du Grand
Lyon dans le cadre de sa démarche : « le croisement de toutes les thématiques dans un
projet de territoire ciblé sur chaque quartier prioritaire » constitue la « logique de projet
intégré local ». Il s’agit là d’un troisième point s’inscrivant dans la lignée des fondements
de la politique de la ville (cf. Partie I.B.3.).
A titre d’exemple, le Contrat Urbain de Cohésion sociale pour 2007-2009 contenait six
« priorités », toutes concernées par un objectif transversal : « lutter contre toutes les
formes de discrimination » (Ville de Vénissieux 2011, 15). Celles-ci sont classables en cinq
thématiques : économique, sociale, urbaine, culturelle, participative.
Tableau n° 5 – Les priorités multithématiques du CUCS
Classement des thématiques par « priorités » du CUCS 2007-2009 de Vénissieux
Priorités Emploi
et Insertion
Prévention
et
Sécurité
Education,
Enfance et
Jeunesse
Vivre
Ensemble
Aménagement
Urbain
Proximité
et cadre
de vie
Thématiques Economique
et
Sociale
Sociale Sociale Sociale,
Culturelle
Participative
Sociale
et
Urbaine
Sociale,
culturelle,
et urbaine
Réalisation : Eléonore Diaz. Informations : Ville de Vénissieux 2011, 15-16.
Dans le cas du PUI du Grand Lyon, cette dimension multithématique se retrouve à travers
l’organisation d’un « plan d’actions » basé sur des objectifs principalement économique,
environnemental, urbain et participatif.
34
Schéma n°2 – Dimension multithématique à travers les « Axes d’intervention » du
PUI du Grand Lyon
Réalisation : Eléonore Diaz. Source : Briot Romain (dir.) 2013, 283.
Toutefois, si l’on s’intéresse à la nature des thématiques de ces axes, les axes 3 et 4
regroupent davantage des domaines généralement présents dans les dispositifs de la
politique de la ville (urbaine, économique, sociale, participative et culturelle). En revanche,
les axes 1 et 2 semblent mettre l’accent sur de nouvelles thématiques, sujet que nous
aborderons a posteriori dans une troisième partie.
1!Accentuer le développement
économiques et l'accès à l'emploi!
2 !Faire du développement durable un
moteur pour les quartiers fragiles!
3 !Renforcer l'action de réparation et d'intégration urbaine des quartiers
fragiles!
4 !Participer au développement culturel et au renforcement de la participation
des habitants des quartiers prioritaires!
Axes d'intervention!
35
III – QUELLES DIMENSIONS « NOVATRICES » POUR CES
DISPOSITIFS ?
Les dispositifs que l’on vient d’étudier s’inscrivent clairement dans une continuité, mais
présentent également des caractères novateurs non négligeables.
A – Les axes de nouveauté du PUI Nord-Est : vision stratégique,
méthode d‘intervention et modèle de gestion urbaine
« La capacité intégrale consiste à réunir toutes les pièces du puzzle, certaines étant issues
de l’histoire de Medellin » (Arango, entretien, 2014). En effet, si le PUI Nord- Est s’inspire
de dispositifs qui l’ont précédé, il apporte également de nouvelles dimensions en
s’intégrant à un plan de développement municipal, et en proposant une méthodologie
poussée d’intervention, ainsi qu’un nouveau modèle de gestion urbaine.
1 – Une intervention territoriale inscrite dans un plan politique de
développement : « Medellín, compromiso de toda la ciudadanía»
Malgré l’identification d’un certain nombre de similitudes entre les anciens programmes
d’intervention de PRIMED et le PUI Nord-Est, ce dernier apporte une dimension nouvelle
en ce qu’il ne correspond pas à une planification et à un financement extérieur à la
municipalité. En effet, le PUI Nord-Est, et les PUI en général, ont été entièrement intégrés
aux plans de développement de la ville (Planes de Desarrollo) et aux orientations
politiques du maire (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 288) à partir de 2003.
Le PUI Nord-Est s’inscrit dans le Plan de Desarrollo « Medellín, compromiso de toda la
ciudadanía» 2004-2007, formulé comme modèle de ville par Sergio Fajardo, et qui
donnera naissance par la suite au concept d’ « Urbanisme Social »25. Dans ce cadre, cinq
lignes stratégiques ont été formulées pour répondre aux problématiques liées « aux dettes
sociales accumulées » et censées permettre une gestion adéquate du développement de la
ville. Les projets urbains stratégiques ont justement été créés comme instruments de mise
25 Cf. Concept expliqué in AFD 2011 p.44
36
en œuvre des ces orientations dont l’action des PUI (Hernandez 2010, 20-21). Ces derniers
sont particulièrement concernés par les objectifs de la Línea 2 : « Medellin, Social et
Incluyente » (« Medellin, Sociale et Inclusive »).
Schéma n° 3 – Insertion Politique du Projet Urbain Intégral dans le Plan de
Développement 2004-2007
Réalisation : Eléonore Diaz ; Source : « Presentación, Medellín Hacia un Urbanismo Social » in AFD 2011, 44.
Ce changement fait suite au constat suivant : les programmes PRIMED ont montré des
faiblesses qui ont été attribuées au fait qu’ils n’avaient pas été institutionnalisés dans une
planification territoriale de la ville. Toujours considéré comme un projet spécial, séparé
des autres programmes et des projets de la municipalité, sa continuité n’a pas pu être
garantie au moment du changement d’administration impliquant la disparition d’un
portage politique nécessaire à sa poursuite (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 138).
Ainsi, le PUI Nord-Est est le premier à s’inscrire dans une vision globale et stratégique du
territoire qui a permis, par la suite, de garantir la réalisation de nouveaux PUI dans
d’autres secteurs de la ville.
Plan réglementaire de la ville de
Medellin (POT)!
Projets et traitements stratégiques!
PLAN!Plan de
développement 2004-2007 !
LIGNE STRATEGIQUE!
2!
"Medellin, Sociale et Inclusive"!
COMPOSANTE! Projets Stratégiques de la ville!
PROGRAMME!Intervention intégrale dans l'Aire d'influence
du Métrocable!
PROJET! Projet Urbain Intégral NORD-EST !
37
2 – Une méthode basée sur l’identification de trois domaines complémentaires
Cette nouvelle vision permet, en plus d’une concentration des dépenses publiques sur des
territoires stratégiques, l’identification de trois domaines complémentaires d’intervention :
le social, le physique/urbain, l’institutionnel (Laboratorio de Medellin 2011, 47). Ces
composantes du PUI regroupent d’anciennes et de nouvelles thématiques. Tout d’abord, la
composante « physique » propose des modèles d’action pour le développement du
territoire. Elle s’appuie sur la construction et l’amélioration des espaces publics, les
équipements collectifs (bibliothèques, écoles, centres culturels…), le logement,
l’environnement (à travers l’installation de parcs et d’espaces d’usages communs) et la
mobilité (CES 2007, 4). Parmi celles-ci, on peut identifier l’intégration de nouvelles
thématiques, telles que l’environnement et l’espace public, aux autres thématiques déjà
développées par des interventions antérieures.
En ce qui concerne l’intervention « sociale », elle se base sur une « stratégie
méthodologique » qui mobilise l’incitation à l’organisation des habitants et promeut le
« leadership » (AFD 2011, 48). Celle-ci est censée favoriser « la participation active » de la
communauté dans tous les processus. Si cette méthode n’est pas nouvelle, certaines
méthodologies participatives développées dans le cadre du PUI Nord-Est le sont. C’est le
cas de la création de « Comités » à l’échelle du quartier dans les aires d’influence des
stations du Métrocable (Andalucía, Popular, Santo Domingo) qui ont aboutit, à titre
d’exemple, à la création des « Ateliers des Imaginaires ».
Ces derniers ont fait participer les habitants à la formulation des projets à travers le
« design participatif ». Au delà d’une réflexion sur le sens des projets à réaliser, et sur la
manière dont ils doivent être faits, ces ateliers sont à l’origine d’ « un travail d’analyse sur
la signification symbolique » (CES 2007, 7) que les projets possèdent (ou devraient
posséder). A partir de là, une équipe technique transcrit les projets « imaginés » en plans
architecturaux, avant-projets qui sont par la suite discutés avec les habitants (faisabilité
technique, couts supposés, révisions, changements et approbations). La phase suivante est
dédiée à la présentation des projets architecturaux par les équipes techniques, suivie d’une
nouvelle discussion. En outre, la phase de construction oblige les entreprises à embaucher
38
les habitants de la zone d’intervention pour les postes non qualifiés, les critères de
sélection étant définis par les comités de quartier (ibid.). Enfin, une dernière étape est
consacrée à l’« appropriation et à la « durabilité des projets » (AFD 2011, 113). Celle-ci
passe, au-delà du « contrôle public » et de sa responsabilité quant à la maintenance
physique des projets, par une stratégie de communication basée sur l’information,
l’animation, la sensibilisation et la formation des habitants (ibid.). Toutefois, ce modèle de
durabilité basé sur le « design participatif » n’a pas été appliqué à tous les projets (Arango,
entretien, 2014).
Enfin, le volet « institutionnel » repose sur la coordination « intégrale » des interventions
de tous les acteurs de la municipalité travaillant sur la zone concernée. Comme cela avait
été fait dans le cas des programmes PRIMED, les alliances avec le secteur privé, les ONG,
les organismes nationaux et internationaux, et les différentes associations, ont été
favorisés, permettant une gestion « interinstitutionnelle » du projet. Un nouveau type de
gestion est cependant mis en place à travers l’articulation des différents départements de la
municipalité, et les entités décentralisées collaboratrices : la gestion « intersectorielle »
(Laboratorio de Medellin 2011, 47). La combinaison de cette dernière avec la gestion
« interinstitutionnelle » aboutit alors à ce que l’on pourrait considérer comme un nouveau
« modèle de gestion urbaine », troisième point novateur du PUI Nord-Est.
Schéma n° 4 – Les trois volets complémentaires du PUI Nord-Est
Réalisation : Eléonore Diaz. Sources : AFD, 2011; Hernandez, 2010 ; Laboratorio de Medellin, 2011.
INSTITUTIONNEL!!
Gestion Interinstitutionnelle!Gestion Intersectorielle!
PHYSIQUE!Espace public et mobilité!
Logement!Equiments collectifs!
Environnement!
SOCIAL!!
Participation "communautaire"!
!
39
3 – Un nouveau modèle de gestion urbaine ou l’articulation d’une
coordination intersectorielle et interinstitutionnelle
Au delà du rôle de coordination institutionnelle réalisée par l’Entreprise de
Développement Urbain (Cf. Partie II), la Secretaría privada municipal26 (l’équivalent
d’une direction de cabinet) est un acteur clé pour la réalisation des projets. A la fois chargé
de la coordination institutionnelle et intersectorielle depuis la municipalité, et en relation
directe avec le maire, le « directeur de cabinet» fait en sorte que chaque service municipal
intervienne en s’articulant aux différentes interventions du projet et gère la participation
des institutions du secteur privé. C’est ainsi que David Arango, « directeur de cabinet» à
l’époque du PUI Nord-Est explique son rôle :
Il s’agit par conséquent de mettre en place un travail commun réunissant les entités
publiques et privées pour favoriser la garantie d’une meilleure réussite des interventions,
quelle qu’en soit la nature. Si l’on peut qualifier cette coordination d’intersectorielle (plus
que de multi), c’est qu’au delà du fait d’intervenir dans un même territoire avec plusieurs
thématiques et donc plusieurs services, on tente également d’articuler les différentes
interventions entre elles, et au même moment. En effet, cette intersectorialité passe par la
coordination des interventions des services municipaux concernés et d’entités
26 « Dépendance de la gestion stratégique de la municipalité de Medellin, chargée de soutenir, de coordonner et d’impulser les activités de représentation de la Municipalité au niveau central, décentralisé, et dans les secteurs productifs où la municipalité participe; Agit comme acteur principal dans le domaine de la gouvernabilité, en établissant des contacts corporatifs et de gestion des entreprises pour favoriser l’effectivité y la réussite de résultats ». Source : www.medellin.gov.co
“Mon rôle était d’appuyer, de superviser et de mettre en place une gestion interinstitutionnelle
pour tous les projets stratégiques du Plan de Développement de la ville. L’un de ces projets (et
l’un des plus importants également) était celui du PUI Nord-Est. Avec mon groupe de travail, on
accompagnait le processus de définition du projet, en l’intégrant avec d’autres entités, en plus de
la EDU et des travaux publics, pour travailler en équipe, avec l’éducation, la culture, le bien-être
social… avec toutes les entités avec lesquelles on avait des relations en rapport avec le projet. De
plus, nous organisions un comité permanent de suivi et d’accompagnement du projet”.
Extrait, entretien avec David Arango (22/05/2014)
40
décentralisées, l’interinstitutionnalité étant quant à elle liée à la coordination des acteurs
précédents avec les acteurs privés et les ONG au niveau de la réalisation effective des
projets.
Schéma n°5 – La coordination institutionnelle « intégrale » du PUI
Réalisation : Eléonore Diaz. Sources : (AFD 2011, 107 ; Laboratorio de Medellin 2011, 89 ; Hernandez 2010,
70).
L’articulation entre pilotage et réalisation du projet s’illustre également par la présence
d’un « gestionnaire spécial » de la EDU aux conseils du gouvernement municipal, où l’on
suivait chaque semaine l’avancement et le développement du projet, du diagnostic jusqu’à
sa livraison. Ainsi, à travers ce modèle, les objectifs poursuivis sont les suivants
(Hernandez 2010, 70):
“- Coordonner les interventions projetées pour chaque dépendance intervenant dans la
Zone, qu’elle soit publique ou privée.
Intersectorialité!!"Directeur de Cabinet" et Maire!!Coordination des services municipaux et des entités décentralisées!
Interinstitutionnalité!!Empresa de Desarrollo Urbano (EDU)!!Coordination de tous les acteurs au niveau de la réalisation effective des projets!!
41
- Apporter aux habitants un travail davantage articulé et donc plus effectif, sans pour
autant redoubler d’efforts qui entravent le bon déroulement des processus institutionnels.
- Promouvoir les alliances avec le secteur privé, les ONG, les organismes nationaux et
internationaux et les organisations communautaires ”.
Tableau n° 6 : Agents d’intervention coordonnés dans le cadre du PUI Nord-Est
Services Municipaux Entités décentralisées Acteur
International
Acteurs Privés
Services :
• des Finances, • du Gouvernement, • de l’Environnement, • des Travaux Publics, • de l’Education, • de la Santé, • du “Bien-être Social”, • de la Culture
Citoyenne, • du Développement
Social, • des Transports et de la
mobilité.
• Département de
Planification
• Direction de la
Communication
• EPM
(Entreprises de la
municipalité de Medellín)
• Bibliothèque Publique
Pilote
(Réseau de bibliothèques
de la ville)
• INDER (Institut des
Sports et du
Divertissement).
• AECID
Agence
Espagnole de
Coopération au
Développement
• Comfenalco :
caisse
d’allocations
familiales à but
non lucratif
• Comfama :
caisse
d’allocations
familiales à but
non lucratif
Selon le document de « systématisation de l’Urbanisme Social » réalisé avec l’appui de
l’AFD (AFD 2011, 108), les projets représentent un « cycle de vie » dans la dynamique de la
ville, amenant le modèle de gestion à agir comme un système opérationnel. Cela implique
la mise en place de mécanismes d’action pour consolider le potentiel que représente le PUI
Nord-Est. Au vu de la complexité d’un tel projet, la EDU se charge de l’intervention
urbaine en mettant l’accent sur la conception, le contrôle et le développement des activités
42
des différentes étapes du projet. Enfin, le processus de gestion doit compter sur la
participation des acteurs de développement, articulé à l’appui d’un système institutionnel
politique pour permettre une action simultanée et coordonnée, institutionnelle et
intersectorielle.
43
B – Les axes de nouveauté du PUI du Grand Lyon : paradigme,
coopération et gouvernance
Si la mise en place du PUI du Grand Lyon est au niveau local davantage perçu comme un
appui complémentaire aux dispositifs de la politique de la ville, une gouvernance multi
échelle intégrant l’UE semble émerger, avec notamment, la mise en place de nouveaux
réseaux d’acteurs, et un rôle croissant de la région comme acteur essentiel des politiques
urbaines européennes. On note par ailleurs l’intégration d’un nouveau référentiel, celui du
développement durable.
1 – Un encouragement à l’intégration d’un paradigme actuel dans l’approche territoriale : le développement durable
Les PUI sont définis comme étant les instruments d’une « démarche de développement
urbain durable » (Région Rhône-Alpes 2013, 5) et sont censés répondre à l’objectif fixé par
l’UE de « dynamiser la compétitivité européenne tout en assurant la cohésion et le
développement durable » (Rhône Alpes 2011, 2). Ce référentiel implique alors la mise en
cohérence de trois domaines sectoriels dont les objectifs son à l’origine perçus comme
contradictoires par les politiques publiques : le développement économique, la cohésion
sociale, et l’environnement. Ainsi, la région Rhône-Alpes présente cette approche comme
l’un des « principes d’intervention » de cette démarche: « Croiser l’approche territoriale
avec l’économique, le social, l’environnemental et le culturel » (ibid.).
Toutefois, une attention particulière est accordée au développement économique en ce qui
concerne le PUI du Grand Lyon qui, dans une dynamique de métropolisation, se place
dans une « compétition internationale », et perçoit par conséquent le territoire comme un
moyen de rechercher l’« excellence économique » (Briot Romain (dir.) 2013, 282). Si la
politique de la ville s’était déjà recentrée sur le développement économique des quartiers
«fragiles » à travers le Plan de relance pour la ville (1995) et la définition de zonages (ZFU,
ZRU), ce domaine est cependant souvent resté en retrait27. Avec le projet urbain intégré du
27 « En 1995, un Plan Marshall est annoncé pour les quartiers, qui se traduit finalement par un Plan de relance
pour la ville, recentré sur une dimension économique et sur la définition de zonages : zones urbaines sensibles,
44
Grand Lyon, la politique de la ville locale est encouragée à changer d’approche générale et
vient cette fois-ci s’appuyer sur les domaines du développement durable et économique,
domaines qui avaient peu été intégrés dans les CUCS (Briot Romain (dir.) 2013, 283).
Ainsi, le dossier d’appel à projets PUI (2007-2013) du Grand Lyon formule-t-il un
« objectif général » transversal aux trois « objectifs spécifiques » précédemment cités (cf.
II.B.1.) : « renforcer l’action entre le développement économique, l’emploi et le
développement durable pour l’agglomération lyonnaise ».
Enfin, cette approche a encouragé dans le cas du Grand Lyon, l’émergence d’une nouvelle
thématique d’action destinée répondre à l’enjeu de l’articulation entre le développement
économique et l’emploi : le développement de l’utilisation des TIC28 pour les habitants,
notamment les demandeurs d’emploi. A travers une politique de généralisation de l’accès
au TIC, le Grand Lyon prétend en effet favoriser à la fois « l’insertion sociale et
professionnelle » tout en « encourageant des modes d’intervention participatifs » (Région
Rhône-Alpes 2013). Dans le cadre de Vénissieux, cette nouvelle thématique se concrétise
par la mise en place de nouvelles actions (Cf. Schéma ci-après) :
zones de redynamisation urbaine, zones franches urbaines » (Pôle de ressource ville et développement social Val
d'Oise, année non indiquée). 28 Technologies de l’information et de la communication
45
Schéma n° 6 – Illustration de l’organisation des objectifs et des actions du PUI du
Grand Lyon - L’exemple de Vénissieux dans le domaine des TIC
Réalisation : Eléonore Diaz. Informations : Communauté Urbaine Grand Lyon, 2007.
Il est par ailleurs intéressant de préciser qu’en 2012, sur les 7 PUI de la région Rhône
Alpes, plus de 40% des projets avaient porté « directement ou indirectement sur le soutien
au développement économique et à l’emploi dans les quartiers. Priorité parmi les priorités,
la démonstration est ainsi faite de la bonne adéquation des projets aux objectifs
européens » (Chevenez 2012, 40).
Ainsi, non seulement les PUI ont encouragé l’émergence de nouvelles thématiques et
recentré les objectifs sur le développement économique, mais ils ont, par ailleurs, favorisé
la mise en évidence d’une approche intersectorielle des objectifs pour répondre à des
problématiques à premier abord contradictoires. En outre, l’introduction d’une thématique
telle que les TIC a-t-elle permis la création d’un nouvel acteur à l’échelle de
l’agglomération : un opérateur est désormais chargé de diffuser, d’accompagner, et de
développer les TIC dans les territoires « en retard ». Cette initiative a pu par la suite être
diffusée au niveau des autres PUI de la région, grâce à la création d’un réseau régional
d’échanges d’expériences (Raynouard, entretien, 2014).
Objectif Général!Développement économique/
Emploi/Développement Durable!
Objectif spécifique n°2!Développement économique/
Emploi!
Action n° 19.3 !Sensibilisations aux TIC!
Action n° 19.4 !Acquisition de matériel
informatique : Lutte contre l’analphabétisme numérique dans les écoles élémentaires !
Mesure n° 6 !Faire des TIC un accélérateur de développement pour les PME et
les habitants !
46
2 – Une nouvelle dimension coopérative : la création d’un réseau régional
intégré entre les sept PUI de la Région Rhône Alpes
L’un des enseignements tirés de la mise en œuvre des PUI sur la période 2007-2013 est
celui de la nécessité d’acquérir une ingénierie spécifique. Dans le cadre de la région Rhône
Alpes (mais aussi en Ile de France et en Aquitaine), un réseau s’est constitué au niveau
régional pour répondre à cette nécessité (Mission Europe Urbain 2013c, 11).
Image n°4 : Carte des 7 PUI de la Région Rhône- Alpes. Source : CR-DSU, juin 2010 in Chevenez, 2012.
Ce sont les « chefs de file de PUI », autrement dit les acteurs chargés de coordonner les
actions du PUI d’agglomération, qui en ont été à l’initiative en 2010 (CR-DSU 2014b).
L’animation de ce réseau a par la suite été confiée au Centre de Ressources et d’échanges
47
pour le Développement Social et Urbain29. Ce dernier a permis le développement d’un
échange entre les différentes agglomérations, « les plus qualifiées ayant partagé leur
expérience avec les moins accoutumées » (Dhénein Philippe in Mission Europe Urbain
2013, 11). En effet, il réunit les chefs de file PUI, les acteurs concernés par l’ordre du jour,
ainsi que les chargés de Mission Europe du SGAR et la Direction des politiques territoriales
du Conseil régional.
L’enjeu de faciliter la mise en œuvre des PUI est par conséquent à l’origine de ce que l’on
pourrait considérer comme un nouveau type de coopération pluriacteurs, basé sur
l’échange d’expériences et d’informations, la qualification, et le travail collectif (Région
Rhône-Alpes 2013, 6). Aussi voit-on émerger une vision régionale des PUI, voire même le
début d’une vision nationale avec le « réseau interrégional PUI’20 » qui regroupe les PUI
des régions Aquitaine, Provence Alpes Côte d’Azur et Rhône Alpes. Ces différents réseaux
ont notamment participé à la réflexion sur la mise en place des PUI de la génération 2014-
2020, à travers des séminaires et des contributions écrites dans lesquelles ils ont pu établir
un bilan et des enseignements des PUI 2007-2013 (Mission Europe Urbain 2013 ; Mission
Europe Urbain 2013b ; Chevenez 2012 ; Réseau PUI Rhône Alpes & CR•DSU 2014 ; etc.).
Le réseau des PUI de Rhône Alpes a par exemple proposé des préconisations en vue
d’établir « un cadre méthodologique pour les futures approches intégrées (dans le cadre du
volet urbain ou d'un volet territorial plus large), que ce soit en termes de gouvernance ou
d'organisation de la conduite de projet » (Réseau PUI Rhône Alpes & CR•DSU 2014, 1).
3 –Le rôle croissant des régions dans le cadre de la politique européenne de cohésion et de la politique de la ville
Au delà des réseaux, la dimension régionale est également devenue essentielle dans le
cadre de la mise en place de la politique de cohésion économique et sociale européenne,
aussi dénommée « politique régionale », l’objectif étant de « favoriser le développement
des régions qui la composent et réduire l’écart entre les niveaux de développement » (CR-
DSU 2014a). Cette politique se décline au niveau local par l’élaboration d’une stratégie
régionale : le Programme Opérationnel (PO) élaboré par le Conseil Régional (dans ce cas,
29 « Structure associative qui accompagne les acteurs locaux de Rhône-Alpes mobilisés sur les politiques publiques de réduction des inégalités sociales et territoriales dans les territoires urbains » (Région Rhône-Alpes 2013, 5).
48
celui de Rhône Alpes). C’est dans ce PO que les Projets Urbains Intégrés de la région sont
inscrits. Il représente le « volet urbain » de la politique de cohésion européenne dans le
cadre français. Or, si cette politique est essentiellement mise en œuvre à l’échelle régionale,
c’est parce qu’elle repose sur des outils financiers (FEDER et FSE), eux aussi déclinés à
cette échelle. Tout d’abord, l’utilisation du FEDER est programmée dans le cadre des PO
régionaux. En ce qui concerne le FSE, il s’agit d’un programme national dont les priorités
sont toutefois fixées par chaque région en accord avec le cadre national (Challéat s.d., 2).
Par ailleurs, le PO de 2006 de Rhône Alpes a été élaboré par le préfet de région, tout en
s’appuyant sur une coopération avec les préfets de département, les services de l’Etat, le
conseil régional, les conseils généraux, le CESER et les chambres consulaires. Etant
désigné comme « autorité de gestion », le préfet se voit attribuer des responsabilités
spécifiques : il conduit les programmes, l’animation des réseaux, et communique sur les
projets concrétisés. Il bénéficie également d’un appui du SGAR dans le cadre du contrôle
du respect de la réglementation et de la recherche de réponses adéquates pour les
territoires et les pilotes des projets (Challéat s.d., 2). Par conséquent, le poids de la région a
été essentiel dans la sélection des 7 PUI Rhône Alpes (2007-2013) puisqu’elle a été, aux
cotés de l’Etat, à l’initiative des appels à projets destinés à les sélectionner (Chevenez 2012,
40).
Plus récemment, compte tenu de l’expérience acquise à travers les Projets Urbains Intégrés
de 2007-2013, la région voit son rôle renforcé dans le cadre du programme de la période
2014-2020. Un accord politique a en effet été signé entre l’Association des Régions de
France (ARF) et le ministère de la ville en février 2013. Cet « accord-cadre » vient
confirmer l’importance du rôle des régions dans la politique de la ville, non pas en tant
qu’opérateur, mais en tant qu’acteur de la mise en place des cadres contractuels. En effet,
la région devient unique gestionnaire du FEDER et gestionnaire d’1/3 du FSE. Ainsi, le rôle
croissant des régions dans la mise en œuvre de la politique de ville, s’illustre par
l’engagement suivant : concentrer une part supplémentaire du FEDER et du FSE (au
moins 10% de l’enveloppe globale) sur les « priorités thématiques et territoriales de la
politique de la ville » (ARF et Ministère délégué à la ville 13/02/2013, 2).
49
CONCLUSION : de l’initiation d’un processus d’innovation à l’émergence d’un nouveau modèle
Les deux études de cas réalisées présentent une dynamique similaire. En effet, il a été
démontré que ces démarches empruntent des éléments de réussite aux outils qui les ont
précédées, et cherchent à s’en distinguer en apportant de nouveaux éléments en vue de
répondre aux problématiques auxquelles elles sont confrontées.
1 – Le PUI du Grand Lyon : un instrument à l’ambition novatrice
En ce qui concerne le PUI du Grand Lyon, la nouveauté concerne essentiellement le
domaine de la gouvernance et du partenariat. Au delà de l’idée que l’Union Européenne
représente de nouvelles opportunités de financement dans la politique de la ville en
imposant un cadrage tourné vers le développement économique et durable, c’est
l’affirmation de l’articulation entre les différentes échelles qui semble ici essentielle
(Raynouard 2014). Ce que l’on tente en effet d’intégrer dans le cadre de cet instrument, ce
sont les acteurs et les dispositifs des différentes échelles de l’action publique dans le
domaine du développement urbain : du quartier à l’Union Européenne, en passant par les
communes, l’agglomération (périmètre du PUI), la région, et l’Etat. C’est ce que
représente, à titre d’exemple, la création d’un réseau intégré au niveau régional entre les 7
PUI de Rhône-Alpes, et d’un réseau inter-régional. Il s’agit de répondre à une
problématique territoriale, de conserver une géographie prioritaire, tout en recherchant
des réponses à des échelles plus larges et de façon plus globale : « l’approche intégrée
propose ainsi une vision territoriale qui dépasse très souvent les quartiers prioritaires eux-
mêmes » (Briot Romain (dir.) 2013, 19).
Le cas étudié est une possible réponse à ce que Claude Jacquier préconisait pour améliorer
la « coopération territoriale », forme la plus ancienne de coopération selon lui : “seules les
politiques intégrées de développement urbain durable qui ne se limitent pas aux approches
ciblées sur les territoires prioritaires et qui cherchent à mettre en œuvre une stratégie à
l'échelle métropolitaine (…) peuvent être en mesure de contribuer à une meilleure
coopération et intégration territoriale » (Jacquier 2003, 17). En outre, la politique de la
ville a montré qu’il était important de mettre en place des équipes d’ingénierie qui soient à
la fois présentes dans le pilotage des projets au niveau de l’agglomération, et sur le terrain
50
à des échelles plus fines. L’ingénierie devient alors partagée à travers l’échange des savoirs
et dans l’optique de rompre avec une hiérarchie.
Toutefois, si cette « approche globale multipliant les point de vues » a été initiée à travers
la mise en place du PUI, les différents séminaires, ainsi que les acteurs interrogés,
confirment qu’il s’agit d’un processus toujours en cours. Cette démarche a fait l’objet de
débats et de réflexions pour la nouvelle édition du PUI prévu pour la période 2014-2020
(Mission Europe Urbain 2013c ; Mission Europe Urbain 2013b ; Chevenez 2012,
Commission européenne 2014) : « la démarche intégrée étant un idéal à atteindre, c’est
d’abord un processus d’amélioration »30. Il y a eu d’autant plus d’interrogations que la
nouvelle édition du PUI devait attendre l’adoption de la nouvelle réforme de la politique de
la ville pour assurer la meilleure articulation possible avec celle-ci (Loi du 21 février 2014
de programmation pour la ville et la cohésion urbaine). On trouve ainsi parmi les objectifs
pour la nouvelle session des PUI : la définition de la notion et du statut du « chef de file »
(rôle et responsabilités), un travail collectif sur le contenu des missions
« Communication » et « Bilan & évaluation », « associer étroitement à la gouvernance du
programme les acteurs du territoire de manière à en faire des parties prenantes de la
démarche », ou encore, « mettre en place un portage politique collégial » (Réseau PUI
Rhône Alpes & CR•DSU 2014).
2 – Le PUI Nord-Est de Medellín : un nouvel instrument modélisé Si le PUI Nord-Est s’inspire d’une démarche qui l’a précédé, le nombre conséquent de
documents (Laboratorio de Medellin 2011 ; Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010 ; Echeverri
2013 ; AFD 2011) décrivant cet instrument comme un « modèle » d’intervention urbaine,
témoigne de son caractère particulièrement nouveau dans un contexte et un domaine où
les institutions publiques n’étaient jusqu’alors quasiment pas intervenues. Un accent est
mis sur la combinaison du modèle de gestion intersectorielle et sur la coordination
institutionnelle. D’initiative et de pilotage quasi exclusivement métropolitains, cette
démarche ne semble pas avoir été articulée à d’autres échelles territoriales. Il serait
possible de faire un rapprochement avec l’idée de mettre en place une « coopération
horizontale » au sens de Claude Jacquier. En effet, dans le cadre du PUI Nord-Est, on
30 Christophe Rochard, chargé de mission, pays et quartiers d’Aquitaine, in Mission Europe Urbain, 2011, p. 5.
51
cherche à recomposer, si ce n’est de façon momentanée pour un projet, l’organisation des
politiques sectorielles menées par les services municipaux.
Le « directeur de cabinet » insiste sur l’idée que « tous les outils du développement sont
centrés sur un même territoire » (Arango 2014). L’intégralité suppose, au delà d’une
intervention multisectorielle (contenu), une coordination des différentes actions
sectorielles (modèle de gestion). Le PUI Nord-Est est en soi devenu un « paradigme, non
seulement parce que c’est le premier, mais parce qu’il a obtenu de bons résultats, autant au
niveau des indicateurs de capital social, que les indicateurs plus durs d’amélioration de la
sécurité et des indices de développement humain etc » (ibid.).
Cependant, la réussite de la mise en place du PUI Nord-Est est fortement liée à une volonté
politique. Or, le modèle n’a pas connu de continuité au moment du changement de
municipalité. Il s’agissait en effet d’un outil dépendant d’un programme politique. Si le PUI
a été repris pour des interventions dans d’autres secteurs de la ville, les composantes
considérées comme innovantes telles que la coordination institutionnelle « intégrale »
n’ont pas eu l’intensité du premier PUI (Gallego 2014). La valeur ajoutée du PUI Nord-Est
est par conséquent extrêmement liée au portage politique dont il a bénéficié. La
standardisation d’une telle démarche nécessite ainsi la prise en compte de nouveaux
éléments contextuels. Par la suite, le PUI s’est parfois transformé en instrument d’une
simple construction d’infrastructure, où la planification et la coordination des actions n’ont
pas été prioritaires : « il existe un risque d’élargir l’échelle du périmètre d’action, alors qu’il
est fondamental de garantir l’intégralité et l’articulation des projets sur un territoire
délimité » (Hoyos Estrada Claudia [et al.] 2010, 150).
3 – Les approches intégrées dans les politiques de développement urbain : des « bonnes pratiques » en cours de diffusion ?
Les deux cas étudiés suscitent de nouvelles interrogations quant à la possible prolifération
des démarches intégrées comme des « bonnes pratiques » à partager dans les politiques de
développement urbain durable. Ces dernières sont très liées aux Nations Unies qui se sont
intéressées à cette question et organisent des programmes de récompense (Devisme
2007/4, 17). Elles traduisent une prise d’initiative des acteurs présents sur le terrain,
facilitant l’articulation entre les territoires, leurs potentialités, et des projets novateurs
52
(Jacquier 2003, 23). Le fait que Lyon et Medellin aient été fortement liées à ces partages
d’expériences, amène à se demander si la démarche intégrée fait partie des « bonnes
pratiques » vouées à se répandre dans le milieu de l’urbanisme et plus largement des
politiques publiques territoriales, « témoignant d’un renouvellement des systèmes
normatifs à l’œuvre dans les actions collectives sur la ville contemporaine » (Devisme
2007/4, 17).
Malgré les différences de contexte dans les deux cas étudiés, on note en effet certaines
lignes de forces communes : l’approche territoriale, partenariale, participative, et
transversale. Pourtant, dès le début des années 2000, Claude Jacquier insistait sur le fait
que l’émergence de telles politiques dans les différents pays européens n’était pas liée « à
une simple diffusion de mode », mais à des « nécessités » (Jacquier 2003, 8). Il serait
alors intéressant d’étudier d’autres contextes concernés par l’expérimentation de telles
démarches, afin d’analyser si les points essentiels ici identifiés sont de nouveau présents. Il
s’agirait alors de se demander dans quelle mesure les approches intégrées dans les
politiques de développement urbain pourraient contribuer à l’émergence d’un nouveau
modèle de gouvernance urbaine.
53
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RAYNOUARD Frédéric, Entretien par téléphone, Gennevilliers, le 5 juin 2014.
59
ANNEXES
Annexe n°1 Assemblée générale-Commission thématique, « UNE APPROCHE INTEGREE ET
PARTICIPATIVE DES PROBLEMES DE LOGEMENT PEUT AUSSI FAVORISER LE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET RENDRE LES VILLES PLUS SURES”,
Communiqué de presse AG/1153, 6 juin 2001.
“C’est également par un programme de réhabilitation intégré que la ville de
Medellin, en Colombie, a réduit le niveau de violence urbaine et de criminalité. Ainsi que
l’a expliqué, le Directeur général du logement de la Colombie, M. Alvaro Jose Cobo
Soto, au cours des cinq dernières années, 140 000 habitants de 30 établissements
insalubres ont bénéficié de travaux d’aménagement de leurs logements et d’amélioration
des services, obtenant notamment un droit d’occupation. Ce programme qui rassemble
le gouvernement national, les autorités municipales, des ONG et des
organisations communautaires, a permis, pour la première fois, d’organiser des
projets sociaux en direction des jeunes pour réduire la violence urbaine. Son caractère
novateur tient essentiellement à cette ouverture aux jeunes, lesquels constituent un facteur
important du phénomène de la violence dans cette ville. De plus, la participation de
tous les acteurs de la communauté a permis d’aborder des domaines jusqu’alors
réservés aux forces de police municipales”.
PROGRAMME DE REHABILITATION INTEGRE A MEDELLIN (COLOMBIE)
“Dans sa présentation du programme, M. ALVARO JOSE COBO SOTO,
Directeur général du logement de Colombie, a décrit Medellin comme une ville dynamique
et animée occupant une position stratégique au Nord-Ouest de la Colombie mais
également comme une ville pleine de contrastes où existent, à côté de la ville ordonnée, des
zones extrêmement insalubres occupées par des personnes déplacées en raison de la
violence qui a sévi dans le pays. Les services y sont quasi inexistants et la vulnérabilité des
citoyens extrêmes, les cas d’homicide et d’abus de stupéfiants nombreux; cette situation a
des incidences multiples notamment en termes de socialisation du territoire, a indiqué le
représentant. On constate que, dans les espaces urbains en conflit, les habitants cherchent
60
à gérer eux-mêmes leur territoire notamment à travers la présence de bandes armées qui
assurent une justice privée.
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, a été mis en place le programme de réhabilitation PRIMED
qui a pris en compte les aspects sociaux et physiques de façon intégrée et s’inspire
directement des politiques définies par Habitat. Il s’agit d’un programme unique de travail
qui a permis d’utiliser au mieux les ressources pour mettre en oeuvre une politique
municipale d’harmonisation urbaine qui visait à améliorer la qualité des logements,
assainir le territoire et en légaliser les pratiques. Cette démarche a été réalisée en associant
dès le départ la population. Des comités de zones ont été créés, des manifestations
organisées ainsi que des actions de communication. C’est ainsi qu’ont été démolis les murs
imaginaires imposés par la violence, que les habitants ont pu être intégrés et vivent en
bons citoyens dans un climat pacifique et en ayant retrouvé une vie communautaire. Les
jeunes à risques participent à la vie sociale et ont conclu des pactes de non-agression. Ils
ont également pris conscience de l’habitat. PRIMED est une alliance couronnée de succès,
la contribution de Medellin à la paix en Colombie et sa contribution au monde dans une
recherche de solutions pour tous. C’est pour cela qu’il est important de bénéficier du
soutien et de la coopération internationaux pour pouvoir répéter ailleurs cette expérience,
a conclu le délégué de la Colombie”.
Assemblée générale-Commission thématique, “DU BRESIL AU NIGERIA, DE LA FRANCE A L’ESPAGNE : QUATRE EXPERIENCES DE GESTION URBAINE DIFFERENTES, UNE MEME REAPPROPRIATION DE LA VILLE PAR SES HABITANTS” Communiqué de presse AG/1157, 6 juin 2001.
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DE LA VILLE DE LYON (FRANCE) DANS LE
CONTEXTE DE LA MONDIALISATION
Riche d’une histoire prestigieuse, Lyon se cherchait un avenir, a expliqué M. GERARD
COLLOMB, maire de Lyon et Président du Grand Lyon, après que la projection d’un documentaire
sur la ville ait rappelé qu’elle a été qualifiée par l’Unesco « d’exemple éminent d’établissement
humain ». Le lancement de la démarche Millénaire3, en 1997, a-t-il indiqué, répondait à une
première préoccupation : s’assurer que la deuxième ville française figure parmi les grandes villes
européennes en termes économique, universitaire et culturel. La deuxième préoccupation visait à
éviter que la croissance souhaitée pour Lyon ne se brise pas sur un fossé qui se creuserait
61
entre la ville centre et ses banlieues résidentielles d’une part, populaires ou pauvres d’autre
part. Une enquête commandée au début de Millénaire3 montrait qu’il convenait de dépasser les
cercles institutionnels traditionnels et que les forces de changement et de créativité les plus fortes se
trouvaient chez ceux qui étaient le plus éloignés du pouvoir : les jeunes, les femmes, les employés
et les populations des banlieues populaires. Près de 2000 personnes venant du monde économique
mais aussi social, culturel, associatif furent ainsi amenés à travailler dans le cadre des journées de
prospective et des groupes de travail.
Cette démarche a été pérennisée dans le Conseil de développement, placé auprès du Conseil de la
communauté urbaine, pour réfléchir en permanence aux moyens d’assurer le développement global
et durable de l’agglomération. Il regroupe aujourd’hui 350 personnes représentant les principales
institutions et volontaires et constitue un lieu de débat dont le travail s’est matérialisé dans la
publication de plus de 20 Cahiers de prospective, de Lettres Millénaire3 et la création d’un site
Internet : www.millenaire3.com sur lesquels sont rassemblées toutes les informations disponibles
sur cette démarche. La municipalité a également joué un rôle de pont dans l’élaboration de
partenariats dans le cadre de projets économiques (Plan d’actions pour une métropolitaine
technopolitaine) ou culturels et sociaux (Contrat de ville, Défilé de la Biennale de la danse). Au
niveau européen, une réflexion dans le cadre d’Eurocités, association des villes européennes de plus
de 250 000 habitants, a donné lieu notamment à la publication d’un rapport discuté dans un
colloque qui a réuni plus de 350 personnes venues de plus de 50 villes européennes en septembre
2000. Ce travail va se poursuivre sur le thème des stratégies de développement dans le cadre d’un
réseau INTERACT regroupant 13 villes, des chercheurs, des formateurs et des représentants de la
société civile.”
62
Annexe n°2 : questionnaire pour la démarche du PUI Nord-Est de Medellin
ACTIVIDAD DEL INTERROGADO
• ¿ Nos puede contar cual era concretamente su trabajo en el caso del PUI Nororiental ? Un ejemplo preciso de una actividad que tuvo que realizar ?
EL ASPECTO NOVEDOSO/POSITIVO
• ¿ Piensa que el PUI Nororiental fue novedoso en la época de su lanzamiento ? ¿Por qué ?
• ¿ Piensa que los siguientes lo siguen siendo ? En qué aspecto ?
• ¿ Cual es el aporte positivo mas importante del PUI nororiental (ahora que han pasado 10 anos desde el inicio) ?
SIGNIFICADO “PUI” E “INTEGRAL”
• ¿ Nos podría explicar por qué se llama Proyecto Urbano Integral ? ¿ Cual es el sentido de la palabra « integral » en este caso ?
• ¿ Cuales son las principales lecciones del primer PUI ?
PUI : MODELO DE INTERVENCION
• ¿ Cuales son los elementos que permiten decir que los PUI de Medellín constituyen un modelo reproductible ? ¿Serviría para cualquier contexto ?
• ¿ Se sabe si otras ciudades del país, u otros países se han inspirado de este modelo ?
63
Annexe n°3 : questionnaire pour la démarche du PUI du Grand Lyon
• Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre mission en général et plus précisément dans le cadre du Projet Urbain Intégré du Grand Lyon ?
• Pouvez-vous nous expliquer comment cela fonctionne ? Articulation acteurs et secteurs d’intervention ? Qui a impulsé le projet du Grand Lyon ? Qui y a participé ?
• Comment cela s’est passé dans le cadre du quartier des Minguettes par exemple ?
• A quels axes du PUI du Grand Lyon correspond-il ? Par quels moyens avez vous concrétisé les 4 axes d’intervention ?
• Le dispositif des PUI apporte–t-il une dimension nouvelle par rapport aux dispositifs précédents ? Pourquoi ?
• • Peut-on dire que le PUI s’inscrit dans la continuité des autres dispositifs mis en
place par la politique de la ville en France ? • • Quel est pour vous l’apport positif principal du PUI du Grand Lyon ? • Quelles ont été les limites selon vous ?
• Comment s’est déroulée la coopération entre les différents acteurs ?
• A quoi renvoie selon vous la notion d’intégration ? Quels sont selon vous les éléments que l’on a souhaité « intégrer » dans le cadre du PUI de Vénissieux ?