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LITTÉRATURE Des romans coups de poing HISTOIRE Les 150 ans de l’ère Meiji POLAR Mort de rire BANDE DESSINÉE Jodorowsky, le grand illusionniste JEUNESSE Folles de foot BIEN-ÊTRE Éveillez le Bouddha qui sommeille est en vous PASSION Une bibliothéque aux trésors AVRIL – MAI 2019 | LE MAGAZINE DE L’ACTUALITé DU LIVRE PAR PAYOT LIBRAIRE Fr. 5.– Rufin JEAN-CHRISTOPHE L’HOMME AU GRAND CœUR © Photo Mehdi Benkler

BANDE DESSINÉE Rufin - Payot

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HISTOIRE Les 150 ans de l’ère Meiji
POLAR Mort de rire
JEUNESSE Folles de foot
PASSION Une bibliothéque aux trésors
avril – mai 2019 | le magazine de l’actualité du livre par payot libraire
Fr. 5.–
Rufin Jean-Christophe
© Photo Mehdi Benkler
édito Chère lectrice, Cher lecteur,
On pourra dire de Jean-Christophe Rufin que sa vie a été jusqu’ici bien remplie : médecin, pionnier du mouvement humanitaire Médecins Sans Frontières, président d’Action contre la Faim, et enfin diplomate! Il s’agit d’un auteur à suc- cès qui plus est : primé par le Goncourt du premier roman en 1997 pour L’Abyssin, il transforme l’essai en obtenant le prix Goncourt en 2001 avec Rouge Brésil et est élu à l’Académie française en 2008. Nous sommes très heureux qu’il ait accep- té d’être à l’honneur dans ce numéro à l’occasion de son der- nier roman, Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla. Dans les essais, nous traitons du Japon et des cent cinquante ans du début de l’ère Meiji (1868-1912) qui ont été marqués par la parution de nombreux ouvrages. Cette période fut déci- sive dans le passage du Japon d’un système féodal à la socié- té industrielle, tant sur les plans économique et social qu’en termes d’ouverture au monde : l’ère Meiji est la porte par laquelle le Japon est entré dans la modernité. Parmi les autres sujets que nous abordons dans ce numé- ro d’Aimer Lire, l’un me tient particulièrement à cœur : fer- vent admirateur du fabuleux travail que réalisa Vladimir Dimitrijevi pour faire découvrir la littérature slave aux lec- teurs francophones à partir de la fondation des Éditions l’Âge d’Homme – qu’il créa à Lausanne en 1966 – jusqu’à sa mort en 2011, je suis particulièrement heureux que les Éditions Noir sur Blanc reprennent le flambeau avec leur nouvelle collec- tion, « La bibliothèque de Dimitri ». Cette dernière aura pour vocation d’accueillir de nouvelles éditions de cette littérature si riche venue de Russie, de Pologne, de Serbie et d’ailleurs. Les deux premiers titres publiés en mars, La colombe d’argent d’Andreï Biély et L’inassouvissement de Stanisaw Witkiewicz (deux chefs-d’œuvre!), donnent le ton de cette nouvelle collec- tion à qui nous souhaitons longue vie!
Bonnes lectures printanières!
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Un silence brutal Dans ce coin des Appalaches, entre rivière et montagnes, que l’œuvre de Ron Rash explore inlassablement, un monde s’efface devant un autre : à l’enracinement des anciens à leur terre succède la frénésie de profit des entrepreneurs modernes. Le shérif, à trois semaines de la retraite, et Becky, poétesse obsédée par la protection de la nature, incarnent le premier. Chacun à sa manière va tenter de protéger Gerald, irréductible vieillard, contre
les accusations de Tucker, pro- priétaire d’un relais pour riches citadins curieux de découvrir la pêche en milieu sauvage.
Ph ot
En librairie le 21 mars
« Dans la voix de Becky, vous entendrez la sensibilité poétique de Ron Rash portée
au volume maximum. » ESQUIRE
Nadine Mouque Avec des dessins d’Hervé Prudon Prix Louis Guilloux
Stoneburner
8 GRANDE INTERvIEw Jean-Christophe Rufin, l’homme au grand cœur
12 LITTÉRATURE Romans coups de poing 16 Nouveautés
18 POLAR Mort de rire 20 Nouveautés
22 BANDE DESSINÉE Jodorowsky, le grand illusionniste 24 Nouveautés
25 HISTOIRE Nouveautés 26 Les 150 ans de l’ère Meiji
28 BIEN-ÊTRE Réveillez le Bouddha qui sommeille en vous 30 Nouveautés
31 JEUNESSE Nouveautés 32 Folles de foot
34 PASSIONS Les trésors de Dimitri 37 Nouveautés
38 PORTRAIT La bibliothèque de Bertrand Belin 39 Impressum
© Anselm Kiefer
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Notre librairie de NyoN fête ses 15 aNs!
Ouverte en 2004 dans le centre commercial La Combe et agrandie en 2008, Payot Nyon soufflera ce printemps ses 15 bougies! Ses 12 libraires se réjouissent de vous retrouver durant tout le mois de mai pour fêter ce début d’adolescence!
Mais eNCore…
… Dès le 21 mars et jusqu’au mois de juin, la poésie sera elle aussi à l’honneur grâce au Printemps de la poésie, festival initié et propulsé par l’université de Lausanne. En 2019, la manifestation prend une dimension connectée en lançant une année poétique qui articule les nouveautés technologiques et les rapports populaires de la poésie à la musique ou à la chanson. Bienvenue à la Lyrical Valley! Programme détaillé sur www.printempspoesie.ch
... Le Salon du mieux-vivre de Saignelégier est le rendez-vous incontournable de celles et ceux qui ont décidé de prendre leur quotidien en main pour vivre différemment. Avec ses 130 exposants et ses 110 conférences et ateliers, la 8e édition qui se tiendra du 29 au 31 mars abordera la thématique de l’amour de soi. Tout un programme à découvrir plus en détail sur www.mieux-vivre.ch
... Les 24, 25 et 26 mai, le Festival du livre de jeunesse d’Yverdon-les-Bains fêtera sur la place Pestalozzi la littérature jeunesse avec de nombreux auteurs et éditeurs invités. Une quantité d’animations et d’ateliers sont programmés pour des moments de lecture et d’évasion magiques! Programme détaillé à venir sur yverdon.ch/bibliotheque ou sur evenements.payot.ch
PartaGer lire, UNe oPÉratioN solidaire
Lancée en 2008 par Payot Libraire, l’action solidaire Partager Lire organise chaque année au mois d’avril une grande récolte de livres afin de les redistribuer à celles et ceux qui, en Suisse et dans le monde, n’ont pas facilement accès à la lecture. Partenaire historique de cette opération, l’Hospice général de Genève redis- tribue une partie des ouvrages récoltés aux œuvres d’entraide et aux bénéficiaires des aides sociales du canton. Pour la troisième année consécutive, Payot Libraire reconduit sa collaboration avec l’Association des Sénégalais de Genève pour permettre l’achemi- nement d’ouvrages au profit des bibliothèques publiques franco- phones au Sénégal. En outre, la FPPL (Fondation Payot pour la promotion de la lecture) renouvelle son action « Un temps pour lire » avec une sélection des livres récoltés mis à disposition des patients et de leurs proches dans divers hôpitaux et EMS de Suisse romande. En 2018, ce sont plus de 180'000 livres qui ont ainsi été offerts à ces différents destinataires. Ce beau résultat a été rendu pos- sible grâce à la solidarité des lecteurs et à notre réseau de lieux de récolte. Un grand merci pour votre soutien et votre générosité!
Cette année encore, du 12 au 23 avril, vous pourrez déposer vos livres dans les 12 librairies Payot, les 7 magasins Nature & découvertes suisse et dans les 198 supermarchés CooP de suisse romande.
l’Histoire aU CŒUr de la CitÉ
Pour sa 4e édition, le festival genevois Histoire et Cité étend son offre grâce à un grand nombre de colla- borations inédites avec des acteurs académiques, culturels et publics de Suisse romande. Si cette année encore, à Genève, Uni Dufour reste le centre névralgique de la manifestation (notamment avec la grande librairie historique tenue par Payot Libraire), le MAH, le MEG, les Cinémas du Grütli ou encore la Société de lecture font partie de ces nouveaux lieux qui ouvriront leurs portes aux férus d’histoire. À Lausanne, l’UNIL, la BCUL et le MCAH offriront une programmation de choix au palais de Rumine. En Valais, le festival s’est associé à la médiathèque et aux Archives de l’État du Valais afin d’organiser de nom- breuses conférences aux Arsenaux. Gratuite et convi- viale, la manifestation s’adresse à tous les curieux et passionnés d’histoire ; elle s’intéressera cette année aux histoires d’eaux qui, de tout temps, ont influencé et modifié l’évolution et l’organisation des sociétés humaines.
festival Histoire et Cité, du 27 au 31 mars, plusieurs lieux à Genève, lausanne et sion www.histoire-cite.ch
le CiNÉMa doCUMeNtaire fête ses 50 aNs À NyoN
Un demi-siècle, c’est ce que le festival international de cinéma Visions du Réel s’apprête à fêter ce prin- temps avec, pour l’occasion, un hommage à l’œuvre de Werner Herzog. De nombreux événements, dont la projection en première suisse du dernier long-mé- trage du réalisateur allemand intitulé Meeting Gorbatchev (coréalisé avec André Singer), seront mis sur pied en partenariat avec la Cinémathèque suisse et l’ECAL pour permettre au public de rencontrer cette figure emblématique du cinéma d’après-guerre. Des ateliers et des rétrospectives mettront également à l’honneur les œuvres du cinéaste algérien Tariq Teguia et du duo italien Martina Parenti et Massimo D’Anolfi. Enfin, de nombreux prix verront concourir des longs, des moyens et des courts-métrages suisses et internationaux axés sur le cinéma du réel.
Visions du réel, du 5 au 13 avril, Village du réel, rue des Marchandises, Nyon www.visionsdureel.ch
le saloN dU liVre, UNe iNVitatioN aU VoyaGe
Du 1er au 5 mai, le plus grand salon de Suisse consacré au livre accueillera lec- teurs, écrivains, éditeurs et libraires dans une ambiance conviviale où plaisir, partage et découverte régneront en maîtres. Des scènes thématiques feront la part belle au bien vivre, au voyage (avec un espace aux couleurs de Barcelone), à la BD, à la philo- sophie ou encore au polar. Nos têtes blondes ne seront pas en reste puisque « L’îlot Jeunesse » accueillera de nombreuses ani- mations et dédicaces destinées aux jeunes lecteurs. Enfin, la Fédération Wallonie- Bruxelles sera l’hôte d’honneur de cette 33e édition présidée par Lydie Salvayre et Éric Fottorino.
salon du livre de Genève, du 1er au 5 mai, Palexpo, Genève www.salondulivre.ch
en partenariat avec :
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23 avril Journée mondiale du Livre pour des livres accessibles à tous !
du 12 au 23 avril 2019 récolte solidaire de livres
12e édition
cette action le
> aux bibliothèques publiques francophones du Sénégal, en partenariat avec le ministère de la Culture et l’Association des Sénégalais de Genève
> aux bénéficiaires de l’Hospice général de Genève
> à la FPPL pour l’action Un temps pour lire à l’hôpital en Suisse
SONT ACCEPTÉS : tous les livres en français ou langue étrangère, y compris France Loisirs, des Éditions Rencontre et de la Guilde du livre.
NE SONT PAS ADMIS : les ouvrages en mauvais état, au contenu obsolète ou sectaire, ainsi que les revues et livres de clubs, type Reader’s Digest.
Tous les renseignements sur evenements.payot.ch
Ces ouvrages seront offerts :
Lire
> les librairies Payot > les magasins Nature & Découvertes Suisse > les 200 supermarchés Coop de Suisse romande
Apportez les livres dont vous n’avez plus l’usage,
du 12 au 23 avril, dans :
MINISTÈRE DE LA CULTURE DU SÉNÉGAL
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• Vous avez suivi des études de médecine et de sciences politiques ; vous êtes neurologue, écrivain, et vous avez même été ambassadeur pour la france : votre carrière est édifiante! Petit, étiez-vous une sorte d’enfant prodige? Non, pas du tout. Mis bout à bout, ce parcours peut paraître impressionnant alors qu’en réalité tout cela s’est fait par hasard et parfois dans le chaos. J’étais un assez mauvais élève en fait, fainéant comme tout – au grand désespoir de ma pauvre mère! Cette histoire de médecine était pour moi une évidence car j’ai été élevé pendant une partie de mon enfance par mes grands-parents paternels, et mon père était médecin… Il y avait une sorte d’adéquation avec ce que je souhaitais faire. Quant à Sciences Po, je suis rentré en deuxième année par équivalence grâce à mon parcours professionnel. J’ai commencé la médecine humanitaire et il m’a semblé important d’en savoir plus au niveau politique car je n’avais pas d’expérience là-dedans. C’est donc à ce titre qu’ils m’ont pris. Toutefois, je n’étais pas une bête de concours – et vous savez, ce diplôme ne m’a pas vraiment servi. C’est plus l’expérience de vie qui m’a été utile ou celle en cabinet ministériel.
• Comment êtes-vous devenu médecin humanitaire? Tout ce que j’ai appris, mon regard sur le monde, je le dois à la médecine. Il se trouve qu’à un moment donné de ma vie, par le plus grand des hasards, lors de mon service militaire, j’ai choisi d’être coopérant. Par une erreur d’af- fectation – il arrive que les militaires se trompent –, je suis arrivé dans une maternité. J’ai donc fait des accou- chements pendant tout mon service militaire alors que ma spécialité, c’était la neurologie. Étonnamment, cela a complètement changé mon regard sur la médecine. Jusque-là, j’avais été orienté, de par mes études, vers une médecine très technique et scientifique – et puis tout d’un coup, j’ai eu affaire à une tout autre réalité. On n’avait que très peu de moyens. Les femmes qui arrivaient là, c’étaient des Bédouines qui venaient de l’intérieur du pays, sou- vent à dos d’âne, etc. On voyait des pathologies devenues très rares en Europe. C’est dans ce contexte que m’est apparue la dimension culturelle de la médecine : c’était vraiment nouveau pour moi, comme une sorte d’inver- sion. Jusque-là, en bon petit étudiant, je pensais que mon métier était de différencier les maladies et que les humains étaient toujours semblables ; autrement dit, j’étais persua- dé qu’il y avait un type d’humain d’un côté et des maladies de l’autre. Or, en Tunisie, tout cela s’est inversé. Je me suis rendu compte que les maladies étaient les mêmes partout ou presque et que ce qui changeait, c’était l’humain avec sa dimension psychologique, sociale ou politique. Ensuite, je suis rentré en France avec l’idée de continuer et il se trouve qu’à ce moment-là, c’était le début de Médecins Sans Frontières. Je suis monté dans cette barque qui s’est plu- tôt avérée être une fusée car tout a démarré très vite. J’ai vécu une aventure extraordinaire avec la création de cette ONG. Aujourd’hui, quand je raconte cela, j’ai l’impression de m’être échappé du musée d’histoire naturelle, mais j’ai vu se créer Médecins du Monde et Action contre la Faim. J’ai participé à la constitution de ces réseaux humanitaires.
Grand, fin, les cheveux et le teint pâle, Jean- Christophe Rufin franchit d’un pas alerte la porte du Bristol à Genève. Il arrive de Paris pour rentrer chez lui, en Haute-Savoie, mais fait un crochet par la Suisse afin de nous parler de son nouveau livre.
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Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla, seizième roman du médecin, ambassadeur, académicien et bien sûr écrivain, sort le 28 mars. Une occasion pour Aimer Lire de rencontrer ce bonhomme aux mille vies… ou presque!
Par laurence deSbordeS
• Pratiquez-vous encore? Non. Je trouve que maintenant, cela n’a plus beau- coup de sens, même si je suis très partagé. J’ai essayé il y a quelque temps de retourner en Afrique, à la base du métier, en travaillant dans un hôpital, mais je me suis rendu compte que j’étais arrivé à un âge où tous mes copains s’arrêtent – et puis maintenant, j’ai une autre vie! Cependant, je suis toujours très engagé dans le milieu médical et humanitaire, même si je suis plus dans la réflexion que dans l’action avec par exemple la création d’un journal qui s’intitule Alternative humanitaire que l’on peut trouver sur le web mais aussi sur papier et qui donne des informations sur les actions humanitaires dans le monde. Je fais davantage partie des sages que des gens qui sont sur le terrain aujourd’hui. C’est beaucoup plus logique.
• Quand est-ce que l’écriture est arrivée dans votre vie? J’ai toujours eu envie d’écrire, mais le fait d’être élevé dès l’âge de 10 ans par une mère seule à une époque où cela n’était pas évident a bien sûr ralenti les choses. La vie de ma pauvre mère fut très dure et elle l’a payé cher car elle est morte jeune. Je ne me voyais pas lui expliquer que j’allais être écrivain et vivre de l’air du temps en pro- fitant éventuellement de ce qu’elle me donnerait. Il fallait que je travaille. J’ai choisi la médecine parce que c’était un domaine dans lequel j’étais sûr de trouver très rapide- ment du travail. J’ai d’ailleurs commencé très jeune : j’ai touché mon premier salaire à 23 ans, d’abord en faisant des remplacements d’infirmier puis de médecin. Je pense que si j’avais vraiment eu le choix et la possibilité de ne rien faire, à part écrire bien sûr (ndlr : il rit), j’aurais peut- être choisi cette voie – mais finalement aujourd’hui, je ne regrette rien. Pour écrire, il est indispensable d’avoir vécu au préalable, d’avoir accumulé des expériences.
• Il paraît que vous avez commencé par des essais sur l’humanitaire avant de vous lancer dans le roman… J’ai toujours pensé que si on voulait vraiment vivre les choses, il fallait les partager. De ce fait, dès que j’ai com- mencé à avoir des expériences à l’étranger, j’ai eu envie de les mettre en forme pour pouvoir les exprimer. Mes premiers livres étaient donc des essais car je ne me sentais pas légitime dans le domaine littéraire. J’avais conscience de ne pas avoir une culture littéraire très étoffée. À l’époque où des gens faisaient des études de lettres ou de philosophie, moi j’apprenais ce qu’étaient les artères cérébrales. C’était une autre culture et quand plus tard j’ai eu envie d’écrire, je ne me suis pas senti légitime. D’ailleurs, cela continue encore aujourd’hui.
JEaN-ChRIstophE RufIN, l’homme au granD cœur
Il s’excuse à l’avance car je suis la première journaliste à qui il va parler de son nouveau roman : « Vous allez essuyer les plâtres. Tout ceci est encore un peu virtuel pour moi! » Après l’avoir rassuré avec une séance de photographies et un café au lait, on commence l’in- terview. Jean-Christophe Rufin se prête au jeu avec efficacité, trans- parence et modestie. C’est un grand homme, on vous dit!
Pour écrire, il est
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• Malgré votre Goncourt pour Rouge Brésil, vous ne vous sentez toujours pas légitime? J’ai longtemps renâclé à faire partie de jurys littéraires mais maintenant, avec mon âge, je dois quand même participer à certains d’entre eux. Très souvent, à cette occasion, des jeunes auteurs m’expliquent ce qu’est la littérature ; ils me disent que l’histoire n’est pas importante, qu’il faut donner la priorité à la langue. C’est un discours auquel je n’adhère pas du tout, car je suis vraiment très attaché à l’histoire, à la construction narrative. Cela va faire 22 ans cette année que j’écris des romans, j’en ai rédigé seize maintenant (ndlr : Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla inclus) et j’ai pas mal de lecteurs, mais il n’empêche que je me sens toujours un pas- sager clandestin dans cette embarcation. D’ailleurs, selon moi, dans la polarité entre l’écriture et la vie, c’est cette der- nière qui prime ; l’écriture vient toujours en second, et jamais je ne dirais que c’est mon métier.
• Rouge Brésil a marqué un gros tournant dans votre vie. Comment avez-vous vécu ce virage à 180 degrés? La grande surprise est d’abord arrivée lors de la sortie de mon premier roman, L’Abyssin. À cette époque, je dirigeais le service psychiatrique de l’hôpital Saint-Antoine à Paris. J’ai été vraiment étonné qu’un éditeur accepte de publier ce livre que j’avais écrit très vite, en travaillant à côté. J’étais encore plus abasourdi que ce récit rencontre un tel succès auprès des lecteurs alors qu’il n’avait pas fait beaucoup de bruit dans les médias. Ensuite, quand j’ai eu le Goncourt, alors… Rouge Brésil est un livre qui a très bien marché et qui conti- nue de se vendre mais, dans le milieu littéraire, il a été assez mal perçu parce que jugé trop narratif – en peinture, on dirait trop figuratif. Bon, comme j’en ai vu d’autres, cela ne m’a pas empêché d’être très content et de continuer à écrire.
• Vous avez donc arrêté de travailler pour vous consa- crer à vos romans? Non. J’ai toujours voulu conserver une autre activité, car c’est de celle-là que je tire la vie et la matière pour écrire. Ce qui change, c’est que maintenant j’ai accumulé toute une série d’expériences donc je n’ai plus besoin d’avoir un métier identifié à côté. En revanche, ces vingt dernières années, je me suis toujours partagé entre l’écriture et l’ac- tion. C’est comme cela que je me suis retrouvé ambassa- deur par exemple. Je n’avais aucune raison d’accepter ni de me lancer dans quelque chose qui visiblement allait être compliqué et où il y avait beaucoup de coups à prendre. Cependant, cela me plai- sait bien car je me disais que j’allais pénétrer dans des lieux et des milieux qui me donneraient accès à un univers que je ne connaissais pas – qu’il y aurait des portraits, des pay- sages et des émotions que je tirerais de là et que je mettrais dans mes livres.
l’écriture est un sous-ProDuit De mon existence.
Jamais Je ne Dirais que c’est mon métier.
Elle a quitté sa province natale dans des conditions très difficiles, et elle a tellement galéré par la suite qu’elle n’a pu me reprendre que lorsque j’ai eu 10 ans. Alors oui, d’une certaine façon, un hommage lui est rendu dans ce livre mais je souhaiterais lui consacrer un prochain ouvrage – il faudrait cependant qu’il soit original car je ne veux pas faire, comme beaucoup d’auteurs, un énième bouquin sur la figure de la mère.
• Et l’héroïne, Ludmilla, d’où vient-elle? Elle est une sorte de concentré de deux de mes femmes. Elle tient tout d’abord de ma première femme qui descend de ces Russes blancs qui ont fui leur pays avant la révolu- tion. L’Union soviétique, puisqu’à l’époque la Russie s’ap- pelait comme cela, est un pays dont j’ai été très proche, et c’est d’ailleurs toujours le cas : mon fils aîné est marié à une Russe, il vit en Azerbaïdjan, et mes petits-fils parlent mieux russe que français. Ludmilla tient également de ma deuxième femme, que j’ai rencontrée d’ailleurs dans une situation un peu analogue à celle de mes deux personnages. Elle vivait dans un pays en guerre, l’Éthiopie, et j’ai tout fait pour la sortir de là. Notre premier mariage était donc un mariage blanc pour qu’elle puisse venir avec moi en France. Ensuite, nous nous sommes perdus de vue, puis revus… Nous avons fait des enfants qui sont des enfants naturels – ce qui est tota- lement ridicule pour un couple qui s’est marié trois fois (ndlr : il éclate à nouveau de rire). L’idée de construire un livre sur une relation de ce type, scandée par des moments d’union forts et des ruptures puissantes, me plaisait et j’y ai mis beaucoup de moi. J’avais envie d’écrire un conte, une histoire d’amour. C’est la première fois que je fais un livre comme celui-ci, je ne sais pas ce qu’il m’est arrivé…
• Justement, quel est le point de départ de vos romans? Il y a toujours une sorte de cristal, de couleur qui déclenche une histoire. Par exemple, pour Rouge Brésil, c’est une image que j’avais trouvée dans un récit sur l’ex- pédition de Villegagnon. Un survivant avait raconté que l’explorateur vivait entouré d’Écossais.
Il y en avait un qui jouait de la cornemuse, et les autres en avaient assez d’entendre cette musique. Du coup, quand ils sont arrivés à Rio, ils l’ont envoyé jouer à l’autre bout de la plage. Or, dans la baie de Rio, il y avait une baleine échouée sur le sable. Alors, le joueur de cornemuse mon- tait sur la baleine, regardait les nuages qui passaient au loin et cela lui rappelait son pays natal. Tout le livre vient de cette image qui tient en deux lignes dans le récit du survivant.
• Vous avez confié écrire très vite… Oui, c’est vrai. J’écris très vite, en deux mois maximum, et de préférence l’hiver quand il ne fait pas beau et que je ne peux pas sortir marcher en montagne ou faire du sport. Généralement, je rédige à la main. La seule exception fut Le collier rouge que j’ai écrit en dix jours sur mon iPad pour l’envoyer au plus vite à mon éditeur. En fait, l’ami qui m’avait raconté l’histoire de son grand-père (ndlr : le personnage de Jacques Morlac dans le roman) était sur le point de mourir et je voulais qu’il puisse le lire avant de partir. Malheureusement, ce ne fut pas le cas.
• Est-ce que depuis L’Abyssin, votre premier roman, vous avez la sensation que votre écriture a changé? Je me suis attaqué à différents genres car je n’aime pas me contraindre à faire toujours la même chose. Dernièrement, je me suis lancé dans le polar avec Le sus- pendu de Conakry – d’ailleurs le deuxième volume sort en octobre prochain. Quand j’ai eu le Goncourt avec Rouge Brésil, j’aurais pu continuer à me cloner comme cela indéfiniment mais, comme je vous l’ai dit, j’aime le changement. Par consé- quent, je fais deux sortes de livres : les historiques – comme L’Abyssin, Rouge Brésil, Le grand cœur, Le tour du monde du roi Zibeline – qui sont rédigés avec une écriture quasi archaïque et les contemporains qui sont des polars, des témoignages écrits comme des scénarios – donc rédi- gés de façon plus lisse. L’essentiel reste pour moi l’histoire avec un petit ou un grand H, et les lecteurs savent qu’ils la trouveront dans tous mes livres. Après, est-ce que cela leur parlera ou pas, ça, c’est une autre histoire…
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Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla, Jean-Christophe Rufin, Gallimard, sortie le 28 mars 2019
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L’Abyssin, Jean-Christophe Rufin, Gallimard • Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin, Gallimard • Le collier rouge, Jean-Christophe Rufin, Galli- mard • Le grand cœur, Jean-Christophe Rufin, Gallimard • Le tour du monde du roi Zibeline, Jean-Christophe Rufin, Gallimard
• Justement, quelle a été l’idée de départ de votre nouveau roman : Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla? J’avais d’abord envie d’évoquer une traversée du siècle, des années 1950 à 2000, et il y avait aussi cette idée qu’en poussant les choses à l’extrême, beaucoup de couples qui se déchirent se retrouvent par la suite. Or, ces couples ne sont jamais capables d’expliquer pour- quoi ils se remettent ensemble. En principe, cela fait beaucoup rire les autres. Moi par exemple, je me suis marié plusieurs fois avec la même femme – trois ou quatre fois, je ne me souviens plus (ndlr : il sourit) – et je ne peux pas le raconter sans être ridicule. Vous voyez, vous aussi vous éclatez de rire! Avec Edgar et Ludmilla, j’avais envie de me pencher sur le parcours de ces couples.
Vous avez donc mis pas mal de vous dans ce livre? J’ai fait l’expérience, et je ne suis certainement pas le seul, de cette impossibilité de se séparer mais aussi de rester ensemble. J’avais envie de parler de ces moments dans la vie où, quand tout va pour le mieux, quand le succès est là, eh bien c’est à ce moment-là que c’est le plus difficile pour le couple. Finalement, le dénuement et le dépouillement sont source de liberté et donc d’ouverture aux autres. Je reviens un peu sur ce sujet qui était déjà au centre de deux de mes précé- dents livres : Immortelle randonnée sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et Le grand cœur sur la vie de Jacques Cœur. Cet homme a été grand argentier, banquier et armateur au xve siècle, et finalement il a été écrabouillé par tout cela. Toutefois, à partir du moment où il s’est retrouvé en prison et qu’il a tout perdu, il a été beaucoup plus heureux.
• Vous êtes-vous aussi inspiré de votre milieu social, enfant, pour décrire celui d’edgar? Oui, d’une certaine façon. La contrainte sociale était énorme dans la France d’avant 1968. La famille avait une image pesante et figée. À la maison, avec ma mère, nous n’avons jamais reçu personne parce que nous étions une famille monoparentale et que nous étions trop pauvres. C’est marrant parce qu’il y a encore des gens qui pensent que je suis né avec une petite cuillère en argent dans la bouche. J’ai acquis un semblant de bonne matière, mais je l’ai acquis tout seul, par imitation.
• Vous rendez hommage à votre mère dans ce livre, n’est-ce pas? J’aimerais bien un jour écrire sur ma mère qui a payé extrêmement cher le fait d’affronter cette époque-là en revendiquant une certaine liberté.
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la boxe s’est imposée depuis fort longtemps dans la littérature et ce à un tel point qu’elle en est devenue un poids lourd!
Par Joëlle brack
L’Iliade d’Homère (viiie siècle av. J.-C.) et L’Énéide de Virgile (ier siècle av. J.-C.) avaient déjà leurs combats! Bien plus tard, Victor Hugo (L’homme qui rit, 1867) s’emparait du boxeur comme héros, brave ou méchant. Jack London trouvera lui aussi dans la boxe une double inspiration, presque mythologique dans Sur le ring (1905) ou sociologique dans Un steak (1911). Un peu plus tard au xxe siècle, deux Afro-Américains paradent au palmarès des puncheurs canailles et mal entourés. Saisi par Philippe Aronson dans les der- nières longueurs d’une carrière qui n’est plus qu’un souvenir vivace, le Jack Johnson (1878 – 1946) d’Un trou dans le ciel illustre la revanche des anciens esclaves. En 1908, le bonhomme fut le premier champion du monde poids lourds noir ce qui mit K.-O. beaucoup de suprémacistes étant donné que son combat fut filmé, et qui plus est diffusé dans les salles obscures! Narcissique, bravache et cependant lucide sur la gloire et le racisme, le monologue du géant texan est aussi agaçant et touchant que percutant. Un demi-siècle plus tard, Charles L. « Sonny » Liston (1932 – 1970) fournit à son tour à Nick Tosches un personnage bigger than life. Sombre et dérangeante, la semi-fiction de Night Train est une belle générosité littéraire mais aussi une plongée dans les bas-fonds de la pègre. En effet, Liston, qui avait appris à boxer en prison et raflait ses titres par K.-O. au 1er round, n’a jamais pu échapper à la mainmise sulfureuse de la mafia sur la boxe… Tosches explore en journaliste et en conteur les sordides cou- lisses d’un deal finalement meurtrier – fût-on le roi des poids lourds. C’est partout pareil : Turambo, le gamin devenu champion dans l’Algérie coloniale des années 1930, n’échappera pas non plus à cette emprise mor- tifère – et ce malgré l’affection que lui porte Yasmina Khadra dans Les anges meurent de nos blessures.
Champion, Liston le fut jusqu’en 1964, lorsque surgit sur le ring un médaillé olympique de 22 ans – Cassius Clay. Ce dernier ne s’appelle pas encore Mohamed Ali, mais c’est déjà un personnage de légende dont va s’em- parer Norman Mailer pour un docufiction devenu un classique, Le combat du siècle (1975). Dans la fournaise du stade de Kinshasa, il sera le reporter mais surtout le barde d’un match événement qui oppose Ali à Foreman : baroque, original et dramatique, le récit sautille, vire- volte et décolle comme le combat lui-même. L’auteur américain tire le portrait d’anthologie d’un « artiste » à l’ego et au talent surdimensionnés. Quarante ans plus tard, alors que l’homme est très diminué, son destin fascine encore l’écrivain Alban Lefranc qui malaxe dans Le ring invisible (2013) les éléments de la jeu- nesse « d’avant Ali » en une biographie romancée fié- vreuse. Il s’agit d’une ode à la plasticité du corps en lutte qui consacre une intuition : derrière ses coups imparables, The Greatest visait surtout l’Amérique blanche plus que son adversaire.
Aux côtés du héros aux gants de cuir, il ne faut pas oublier un personnage incontournable : l’entraîneur et soigneur! Il s’agit du narrateur – amicalement pessi- miste – de 50'000 dollars (1927) d’Ernest Hemingway. C’est le seul à deviner que le véritable combat ne se joue pas au Madison, entre Jack Brennan et son jeune challenger, mais entre l’esprit du champion en fin de carrière et son instinct de lutteur qui refuse de perdre volontairement… Cependant, le coach toubib gagne sa véritable place avec F.X. Toole (pseudonyme de l’entraî- neur Jerry Boyd) qui signa Coup pour coup et, surtout, La brûlure des cordes – recueil de nouvelles dont deux allaient devenir le scénario de Million Dollar Baby.
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biblioGraPHie
Sur le ring, Jack London, Phébus • Un steak, Jack London, Libertalia • Un trou dans le ciel, Philippe Aronson, 10/18 • Night Train, Nick Tosches, Rivages • Les anges meurent de nos blessures, Yasmina Khadra, Pocket • Le combat du siècle, Norman Mailer, Galli- mard • Le ring invisible, Alban Lefranc, Ver- ticales • 50'000 dollars, Ernest Hemingway, Gallimard • Million Dollar Baby. La brûlure des cordes, F.X. Toole, Albin Michel • De la boxe, Joyce Carol Oates, Tristram • Quand Dieu boxait en amateur, Guy Boley, Grasset • Boxing-club, Daniel Rondeau, Grasset • En pleine lumière, Florian Eglin, BSN Press • Ce que cela coûte, Wilfred Charles Heinz, Monsieur Toussaint Louverture
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Avec De la boxe, Joyce Carol Oates a su briller de tous ses feux d’écrivain dans le monde du noble art, un uni- vers très peu encombré de belles plumes féminines! À la croisée des souvenirs – lorsqu’elle accompagnait son père au match – et de l’essai, ce texte profond et perturbant interroge l’histoire de la boxe, la figure de ses champions et ses pulsions de mort. C’est également l’occasion de réfléchir au statut ambigu de ce sport spectacle qui incite à la violence – une violence à la fois choquante et fascinante.
Le boxeur cependant n’est pas forcément un héros dia- bolique ; c’est souvent un brave qui n’a que ses poings pour se faire une place dans la vie. Le dramaturge et romancier Guy Boley en a fait récemment la belle démonstration dans Quand Dieu boxait en amateur, récit imaginaire de la jeunesse de son père, artisan, qui devint champion de boxe pour faire plaisir à sa mère, une veuve pugnace! Ils sont nombreux, les gentils pun- cheurs amicaux et bons compagnons, comme ceux qui fréquentent avec Daniel Rondeau son Boxing-club de province dans lequel la force n’est pas la violence, et la souffrance pas une malédiction. Évoquons aussi les membres du Nobushi, ce club de MMA (arts martiaux mixtes) où Lucas, un adolescent doué pour le dessin mais sur la mauvaise pente, puisera la maîtrise de soi
pour oser se mettre En pleine lumière. L’écrivain gene- vois Florian Eglin, également enseignant et adepte de MMA, a remarquablement saisi le langage, les drames, les aspirations floues et les potentialités gâchées de ce garçon (battu par un père ancien boxeur raté…). Il retranscrit à merveille ce que représente le combat dans le corps et l’esprit d’un sauvageon.
Ce sont toutefois des États-Unis que vient de surgir la plus belle mise en mots de la boxe. (In)connu alors qu’il est l’auteur du roman M.A.S.H. – sous le nom de Richard Hooker – dont fut tiré le film culte, le reporter de guerre puis chroniqueur sportif Wilfried Charles Heinz (1915- 2008) s’était lancé en littérature en 1958 avec The Professional. L’éditeur Monsieur Toussaint Louverture vient de faire paraître ce roman en français avec un soin insolite – en tirage numéroté – et la volonté de mettre en valeur l’exceptionnelle qualité de ce roman intitulé Ce que cela coûte. Pour son enquête documentaire, le jour- naliste fictif Frank Hughes suit les derniers préparatifs d’un boxeur d’origine modeste sur le point de décrocher un vrai titre. Se glissant dans le couple que forment Edward Brown et Doc, son entraîneur soigneur, il sai- sit avec subtilité la vérité de ces deux hommes, de leur rude parcours de sacrifices au seuil d’un combat décisif qui pourrait déboucher sur la gloire – ou pas.
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Whitesand, l. salaün, actes sud Le drame de la ségrégation a laissé des traces vivaces dans cette petite ville du Mississippi : un inconnu enquête sur l’affaire douteuse qui a coûté la vie à son père afro-américain il y a 30 ans. C’est un roman noir et dur sur la vengeance et les secrets enfouis qui finissent toujours par refaire surface. Naomi Annen, Payot Fribourg
Regarde ton père, N. le Golvan, flammarion Rose est une rose, mais face à la méchanceté du monde elle préfère voir la vie en gris. Grise sa mère et gris Paris, gris son père et sa campagne, gris les champs de colza, mais rouges les bonbons à la fraise… Ce roman nous parle de la paternité, de l’identité mais aussi de la séparation et
surtout de l’amour, infini. Lætitia Bourquenoud, Payot Lausanne
À la cime des montagnes, Z. Chi, Picquier Imaginez un village de mon- tagne dans le Grand Nord chinois peuplé de personnages glauques ou sublimes et d’his- toires faites de on-dit. Un viol et un meurtre donnent une allure de polar à ce récit romanesque. Zijian Chi possède un talent hors pair pour présenter une Chine hors du temps et des lieux communs.
Antoinette de Perrot, Payot Lausanne
La femme aux cheveux roux, o. Pamuk, Gallimard Afin de payer ses études, Cem accepte de travailler l’été comme puisatier près d’Istan- bul. Il voit en son patron une figure paternelle manquante. Un accident survient… Trente ans plus tard, le jeune homme devenu ingénieur va se retrou- ver rattrapé par son passé.
Pamuk revisite le mythe d’Œdipe avec brio. Stéphanie Roch, Payot Nyon
Tous, sauf moi, f. Melandri, Gallimard Rome, 2010. Ilaria rentre chez elle après une dure journée et se retrouve nez à nez avec un jeune Éthiopien affirmant être son neveu. Souvenirs et frustrations des uns, sacrifices des autres : c’est sans conces- sion que sont retracés les liens politiques entre l’Italie et
l’Éthiopie sur fond de scandale. Priscilla Besson, Payot Genève Rive Gauche
Sur la route du Danube, e. ruben, rivages Emmanuel Ruben mélange ici ses passions, à savoir la littérature, la géographie et le vélo. Dans ce récit de voyage qui part de la ville d’Odes- sa en Ukraine, il lui faudra pédaler le long de la mer Noire et du Danube, traverser la Roumanie jusqu’à l’Allemagne
et la France pour enfin rejoindre Strasbourg. Marc-Emmanuel Crippa, Payot Morges
J’ai vendu mon âme en bitcoins, J. Adelstein, Marchialy Le bitcoin, monnaie réputée intraçable, a pourtant fait l’objet d’un vol d’une valeur de 500 millions de dollars par un jeune dirigeant de la plateforme d’échanges Mt. Gox en 2014. Le journaliste d’investigation Jake Adelstein
fait de ce fait divers hors norme un roman édifiant sur les promoteurs de cryptomonnaies. Antoine Rütti, Payot La Chaux-de-Fonds
Sans eux, C. fauchon, actes sud Nous sommes au sein d’une nouvelle ère où les hommes dis- paraissent, probablement à cause d’un affaiblissement du chro- mosome Y. C’est une véritable mutation de la société qui s’opère au cœur de la capitale fran- çaise. Dans ce premier roman, la femme prend le pouvoir et se retrouve mise au cœur de toutes les situations. Cristina Buemi, Payot Sion
La vie qui m’attendait, J. Sandrel, Calmann-lévy Suite à la découverte d’un secret de famille, Romane va voir son existence bouleversée. Les liens du sang sont une force incontes- table, mais trouvera-t-elle le cou- rage et l’audace d’aller jusqu’au bout de sa quête? Julien Sandrel nous enchante avec un deuxième roman lumineux et riche en émo- tions.
Fanny Roturier, Payot Lausanne
Neptune Avenue, b. Comment, Grasset Confiné au 21e étage de son appartement suite à un blackout, le narrateur affaibli et malade puise son énergie dans sa proxi- mité avec Bijou, jeune fille mysté- rieuse et désabusée qui incarne l’espoir. Il ressasse un passé dans lequel Bijou a sa place mais cette dernière l’ignore. Ce roman se
révèle mélancolique et tendre dans un monde en chaos. Pascale Servigne, Payot Genève Cornavin
La faille du temps, J. Winterson, buchet/Chastel L’auteure du génialissime Les oranges ne sont pas les seuls fruits revisite dans ce nou- veau roman Le conte d’hiver de Shakespeare. À travers un récit en trois actes, elle explore les grands thèmes universels – amour, jalousie, trahison – avec un talent extraordinaire.
Addiction garantie! Ludivine Morand, Payot Lausanne
Simili love, A. Jaquier, au diable vauvert Il n’est pas question ici de science-fiction mais plutôt d’anticipation : qu’est-ce que notre monde pourrait devenir si nous laissions les techno- logies prendre le contrôle de nos vies? En 2050, un androïde pourrait devenir l’amour de votre vie. Antoine
Jaquier propose une grande fresque sociale bien déca- pante! Christine Grivel, Payot Genève Cornavin
Au Sevilla Bar, a. Capus, actes sud Max, écrivain et tenancier de café (comme Alex Capus), nous invite à rencontrer ses clients préférés, ses amis fidèles ou des inconnus au grand cœur. Le départ de l’être aimé pour quelques jours vient perturber le calme quotidien, et la crainte de ne pas le voir revenir se mue en un cri d’amour d’une poésie troublante et cocasse.
Bertille Amortegui, Payot Genève Rive Gauche
Sauvage, J. Bradbury, Gallmeister Nous sommes en Alaska. Tracy vit avec son père, son frère, le fantôme de sa mère et une meute de chiens. La jeune fille possède un don singulier révélé par son irrésistible instinct pour la chasse. En elle, grondent souffrance et colère. Il s’agit
d’un récit initiatique presque fantastique où les grands espaces interrogent notre distance avec les autres et nous-mêmes. Bertille Amortegui, Payot Genève Rive Gauche
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les romans policiers qui font rire, ça existe! il y a même des pontes du genre tels que San-Antonio, Hiaasen ou Westlake. Toutefois, ils ne sont pas les seuls à faire fonctionner nos zygomatiques. la preuve…
Par émeric cloche
Il est difficile de ne pas vouer un respect éternel à Donald E. Westlake dont la prose incarne parfaite- ment l’idée que l’on se fait du polar humoristique. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore les aventures de John Archibald Dortmunder – nous vous envions –, sachez qu’elles sont intégralement publiées chez Rivages et que, grâce à elles, vous rirez à gorge déployée.
la filière française
Cependant, du côté francophone, le polar et l’hu- mour ne sont pas en reste. En 2004, après des livres noirs très remarqués, Dominique Sylvain se lance dans la comédie avec Passage du désir qui inaugure la série d’enquêtes Ingrid et Lola, et admettait qu’elle avait : « toujours eu un faible pour les comédies anglo-saxonnes, parce qu’il me semble qu’elles prennent souvent racine dans un terreau réaliste. De fait, elles nous touchent d’autant plus qu’elles ont un lien direct avec nos vies. […] Éros et Thanatos se bagarrent bien dans le polar. Mais il faut aussi compter avec Rigolos et Tragicos. Du mélange et du contraste, naît l’étin- celle qui nous secoue vraiment. » Elle écrivit six livres de cette série mordante et enjouée avant de repasser au roman noir.
Impossible également de passer à côté de Sébastien Gendron qui d’aussi loin que l’on s’en souvienne nous a toujours fait rire – à sa lecture, en débat ou lorsqu’il réalisait lui-même les clips promotionnels de la sortie de ses romans. Il se murmure que son prochain roman pourrait être fort sombre et moins amusant que les précé- dents. Alors, en attendant, relisez Taxi, Take off & Landing, les aventures de Dick Lapelouse ou tout autre titre encore disponible de cet auteur.
C’est avec Demain c’est loin que Jacky Schwartzmann rencontra le succès. Bâti sur un classique de la comédie – deux personnages antagonistes –, ce livre dépasse la simple oppo- sition de ses héros en nous plongeant de manière échevelée dans la ville de Lyon. On y retrouve le ton mordant du précédent roman de l’écrivain – Mauvais coûts – ainsi qu’une belle analyse com- portementale présente aussi dans son dernier titre, Pension complète.
• BIBLIoGrAPHIE
Encore raté! Trois aventures de John Dortmun- der, Donald E. Westlake, Rivages • Passage du désir, Dominique Sylvain, Points • La fille du samouraï, Dominique Sylvain, Points • Manta Corridor, Dominique Sylvain, Points • L’absence de l’ogre, Dominique Sylvain, Points • Guerre sale, Dominique Sylvain, Points • Ombres et so- leil, Dominique Sylvain, Points • Le tri sélectif des ordures et autres cons, Sébastien Gendron, Pocket • Taxi, Take off & Landing, Sébastien Gendron, Éditions Baleine • Quelque chose pour le week-end, Sébastien Gendron, La Baleine • Road tripes, Sébastien Gendron, Albin Michel • La revalorisation des déchets, Sébastien Gen- dron, Albin Michel • Demain c’est loin, Jacky Schwartzmann, Points • Mauvais coûts, Jacky Schwartzmann, Points • Pension complète, Jacky Schwartzmann, Seuil • Le grand bercail, Franz Bartelt, Gallimard • Hôtel du grand cerf, Franz Bartelt, Points • L’assassinat d’Hicabi Bey, Alper Canigüz, Le Livre de poche • Une fleur en enfer, Alper Canigüz, Le Livre de poche • Piste noire, Antonio Manzini, Gallimard • Froid comme la mort, Antonio Manzini, Gallimard • Maudit printemps, Antonio Manzini, Gallimard • Un homme seul, Antonio Manzini, Gallimard • Aller simple, Carlos Salem, Actes Sud • Nager sans se mouiller, Carlos Salem, Actes Sud • Le plus jeune fils de Dieu, Carlos Salem, Actes Sud • À bras raccourcis, Mark Haskell Smith, Ri- vages • Delicious, Mark Haskell Smith, Rivages • Salty, Mark Haskell Smith, Rivages • Petit trai- té de la fauche, Jim Nisbet, Rivages • Comment j’ai trouvé un boulot, Jim Nisbet, Rivages • Trois hommes, deux chiens et une langouste, Iain Le- vison, Liana Levi • Ils savent tout de vous, Iain Levison, Liana Levi
Ainsi, le cadavre est pour lui « un bel emmerdement niveau dix. Peut-être même avec les félicitations du jury. » Or, on peut se réjouir, car des cadavres, il va y en avoir encore long- temps : Antonio Manzini, l’écrivain à l’origine des enquêtes de Schiavone, n’est pas avare de romans.
En 2009, sortait Aller simple, le premier roman de Carlos Salem qui retraçait, entre autres, le parcours d’un homme se prenant pour Carlos Gardel bien décidé à tuer cet imposteur de Julio Iglesias. Depuis, l’auteur n’a cessé d’écrire des livres qui oscillent entre un humour aux styles variés et de beaux moments de poésie. Il confiait à la presse il n’y a pas si long- temps : « La vie est si absurdement précieuse, et la réalité si délirante, que la seule chose que je fais est la raconter telle que je la vois. Et l’écho poétique surgit tout seul, parce qu’il est déjà là. Nous sommes tous des perdants, au moins une heure par jour. Et j’aime raconter cela avec la tendresse qui vient du fait que je sais que je le suis aussi. »
Étranges États-Unis
En 2004, Rivages traduisait l’excellent premier livre de Mark Haskell Smith, À bras raccourcis – une histoire de per- sonnes à la recherche d’un bras coupé tatoué. Le suivant, Delicious, se déroule à Hawaï dans le monde du cinéma avec des autochtones qui ne veulent légitimement pas se faire piquer leur place tandis que Salty nous raconte l’his- toire d’une star du rock souffrant d’une addiction au sexe en Thaïlande. Il nous faut également parler de Jim Nisbet : l’au- teur est inclassable et écrit avec une sacrée plume des titres très variés dont le seul point commun est la ville de San Francisco. Il oscille entre le récit très noir (Injection mor- telle, par exemple) et l’histoire humoristique avec Petit traité de la fauche que nous vous conseillons vivement. Comment j’ai trouvé un boulot, parfaite synthèse des deux styles grâce à une habile construction, reste le seul polar dont le protago- niste a le crâne tatoué d’une pieuvre! Pour finir, il ne faut surtout pas faire l’impasse sur l’humour fin et léger de Iain Levison qui se retrouve à des degrés divers et avec des préoccupations différentes dans chacun de ses livres.
Nous avions découvert Franz Bartelt en 2002 avec Le grand ber- cail publié dans la « Collection blanche » chez Gallimard. Il fallait être sacrément fort pour faire rire autant avec une histoire noire centrée sur un musée de la torture. Ensuite l’auteur, toujours avec ce style inimitable, a enchaîné les romans, noirs ou non, à tendance humoristique ou pas. Hôtel du grand cerf, son dernier et irrésis- tible titre, est particulièrement savoureux et on se pose toujours la même question : où va-t-il chercher tout ça?
ailleurs, ne rigole-t-on pas?
En dehors de l’Hexagone aussi, les polars humoristiques sont à l’honneur. En Turquie par exemple, il faut mentionner l’écrivain Alper Canigüz. Pour deux de ses romans traduits chez Mirobole, il choisit comme narrateur un garçon de cinq ans, précoce et sur- doué. Dispensé de maternelle, ce dernier traîne dans son quartier d’Istanbul et tente de résoudre des enquêtes. Certes, il a un esprit brillant, mais il reste un enfant avec ses peurs et ses angoisses – et les adultes ne voient en lui qu’un gamin. À l’arrivée, les deux récits sont aussi drôles qu’inattendus et philosophiques.
La Vallée d’Aoste vous fait rêver? Ce n’est pas le cas du sous-préfet Rocco Schiavone. Ce dernier se retrouve muté dans cette région à la suite d’une sanction disciplinaire : il le vit très mal et il peste. Il faut dire que ce personnage est un râleur : il y a de nombreuses choses qu’il n’aime pas et qu’il a classées sur sa propre échelle de Richter.
MoRt dE RIRE
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Destruction, e. boone, actes sud Ce nouveau tome marque la fin de la trilogie postapocalyptique qui commençait avec l’inva- sion d’araignées mangeuses d’hommes. Après avoir décimé une bonne partie de l’humanité, ces dernières sont de retour, plus nombreuses, plus grosses et plus affamées que jamais. Vous allez avoir de bonnes raisons d’avoir peur des araignées! Laurent Petit, Payot La Chaux- de-Fonds
La cage dorée. Tome 1 : La vengeance d’une femme est douce et impitoyable, C. läckberg, actes sud* Camilla Läckberg quitte Fjällbacka et son enquêtrice Erika pour un polar en deux tomes qui se déroule au cœur de la grande bourgeoi- sie de Stockholm. Abandonnée par l’homme pour lequel elle a tout sacrifié, Faye décide de se venger. Il s’agit d’une histoire d’amour qui se transforme en haine glaçante. On attend la suite avec impa- tience pour savoir comment Faye dompte ses démons! Laurence Desbordes
Un silence brutal, r. rash, Gallimard Gerald, vieillard bourru et peu sociable, est accusé d’avoir pollué la rivière de la réserve naturelle dirigée par Tucker. Secondé par Becky, farouche militante écologiste, le shérif Les devra démêler le vrai du faux dans cette affaire où jalou- sie et vengeance semblent être les maîtres-mots… Après avoir dénoncé la déforestation massive dans Serena, Ron Rash poursuit ici son combat contre la crise
environnementale qui frappe les États-Unis. C’est une réussite! Belen Sampayo, Payot Communication
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* les visuels de ces ouvrages n’étaient pas dis- ponibles au moment de mettre sous presse.
Surface, o. Norek, Michel lafon* Le lieutenant de police salué par la critique récidive. Après sa trilogie parisienne et son bouleversant Entre deux mondes, il revient avec un cold case palpitant. En convalescence suite à une blessure par balle, le capitaine Chastain écope d’une affaire d’enfants dispa- rus vingt-cinq ans plus tôt. Antoine Rütti, Payot La Chaux-de-Fonds
La préférée, J. Knoll, actes sud* Cinq jeunes femmes participent à une émission de téléréalité new-yorkaise : deux sœurs, une auteure de romans érotiques, une femme rendue riche et populaire grâce à sa ligne de nourriture végane et une autre accro à la boisson. Qui aurait imaginé que cette émission se solderait par un meurtre? Cristina Buemi, Payot Sion
White spirit, P.-f. Moreau, la Manufacture de livres De Bénin City à Lausanne. Il s’agit de quitter un enfer pour se plonger dans un autre : celui de la Riviera vaudoise, promesse d’une vie meilleure où la réalité est aussi glacée que l’eau du lac. C’est là que Gifty, sublime pros- tituée nigériane, rencontrera celui qui l’en- chaînera à son destin. Ce roman, noir et rock, se révèle brûlant. Stéphanie Berg, Payot Lausanne
Grise Fiord, G. stassart, rouergue Sorti depuis peu de la prison d’Iqaluit, Guédalia se précipite sur ses anciennes habitudes – la drogue et l’alcool – puis s’enfuit dans les grandes étendues sauvages de Grise Fiord où vit une communauté inuit. Ce roman vous plongera dans une ambiance faite de grands espaces, de traîneaux, de chiens et de trappes. Marc-Emmanuel Crippa, Payot Morges
Paradigma, P. Petersen, les arènes Un vent de révolte souffle au cœur d’Hollywood. Tous les exclus du système se regroupent en une marche silencieuse lors de la cérémonie des Oscars. Une cer- taine Luna serait à l’origine de ce mouvement social. Pour elle, on interprète le nouveau monde selon un ancien paradigme… Vincent de la Rupelle, Payot Nyon
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Même s’il est connu pour ses collaborations avec le monde de la bande dessinée, il serait réducteur de can- tonner Alejandro Jodorowsky au neuvième art car cet artiste s’est exprimé de multiples manières, et continue de le faire! Ce fils d’Ukrainiens juifs réfugiés au Chili pour fuir les pogroms fait ses premiers pas artistiques au cirque en tant que clown. En parallèle, il crée des marionnettes et leur donne vie dans un théâtre de Santiago.
En 1953, il quitte sa terre natale pour aller à Paris. Là, il rencontre Marcel Marceau qui lui enseigne le mime. Il fréquente les surréalistes et, en réaction, il fonde avec Fernando Arrabal et Roland Topor le mouve- ment Panique qu’il aimait qualifier d’antimouvement. Difficile d’ailleurs de décrypter ce groupe burlesque, sans morale ni théorie, né de la relation amicale entre ces trois hommes aimant refaire le monde au Café de la Paix à Paris où ils clamaient : « Nous ne voulons pas
de hiérarchie, pas de pape, pas d’exclusion. Tout le monde peut être Panique ou ne plus l’être. Nous ne voulons pas une morale mais toutes les morales. » Le trio crée des happenings, des animations et des pièces de théâtre où règne la provocation. Tout est matière pour jouer, s’amu- ser, pratiquer la dérision et vivre d’utopie.
À l’assaut du septième art
Après la scène, les sunlights : Jodorowsky quitte la France pour le Mexique où il crée le théâtre d’avant-garde et s’essaye dans la foulée au cinéma. C’est la naissance du film Fando et Lis, une adaptation de la pièce épo- nyme d’Arrabal. L’histoire quelque peu fan- tastique retrace la quête de deux jeunes gens qui partent à la recherche d’une ville où tous les vœux sont exaucés. Sur leur trajet, ils sont confrontés à la violence, la folie et la corrup- tion. Le film fait scandale mais Jodorowsky n’en a cure et réalise El Topo qui narre de nouveau une quête métaphysique – cette fois- ci celle d’un pistolero qui doit tuer les quatre grands maîtres du désert. Ce long métrage devient culte et séduit de nombreux artistes dont le musicien John Lennon qui produit La montagne sacrée, le troisième film de Jodorowsky. S’en suivent Tusk, Santa Sangre ou Le voleur d’arc-en-ciel.
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le franco-Chilien vient de fêter ses 90 ans. Pour marquer cet impressionnant anniversaire, les Humanoïdes associés ont imaginé une collection spéciale en douze volumes reprenant tous les titres dans lesquels Jodorowsky a associé son talent aux plus grands dessinateurs de bd. C’est un pur bonheur pour les yeux et l’esprit.
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Alejandro Jodorowsky 90e anniversaire. Volume 1 avec Moebius, collectif, Les Humanoïdes associés • Alejan- dro Jodorowsky 90e anniversaire. Volume 2 avec Cadelo, Gal, Williams III, Ciruelo, collectif, Les Humanoïdes associés • La voie du tarot, Alejandro Jodorowsky, J’ai Lu • Psychomagie, Alejandro Jodorowsky, J’ai Lu • La famille, un trésor, un piège. Métagénéalogie, comment guérir de sa famille, Alejandro Jodorowsky, Marianne Costa, Pocket
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À l’abordage du neuvième art
Séduit par Dune, le roman de science-fiction de l’écrivain Frank Herbert, l’artiste franco-chilien décide d’en faire un film. Il pense à Jean Giraud pour le story-board et à Moebius pour les décors. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ces deux identités appartiennent à la même et unique personne. C’est finalement David Lynch qui dirige- ra Dune, mais de cet échec naîtra une grande amitié entre Giraud et Jodorowsky. Ce dernier se passionnera alors pour la bande dessi- née et il scénarisera de nombreux albums aux côtés de noms pres- tigieux : Moebius bien sûr, mais aussi Gal, Cadelo, Ciruelo, Opena et William III. Ce sont d’ailleurs toutes ces collaborations que l’on retrouve dans les deux volumes déjà publiés aux Humanoïdes asso- ciés. On y trouve des petits bijoux tels que Dune, le film que vous ne verrez jamais, L’œuf alchimique, L’incal, Les yeux du chat, etc.
Mysticisme
On ne peut pas clore cet article sans parler de l’attrait d’Alejandro Jodorowsky pour le mystique, le paranormal, la psychanalyse et le tarot divinatoire. Il a d’ailleurs redessiné, à l’aide d’un programme informatique, les lames du tarot de Marseille dit tarot de Nicolas Conver. Aujourd’hui encore, l’artiste nonagénaire tire les cartes dans des cafés parisiens à qui le veut bien. Attention toutefois, il pré- cise ne pas prédire l’avenir mais utiliser ces cartes uniquement de manière jungienne ou psychologique. Nul doute que Jodorowsky a une vision de la vie bien particulière qui oscille entre mythe et réalité, ce qui lui permet d’affirmer que « c’est en changeant notre perception de la réalité que nous pour- rons changer le monde ».
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Les nouvelles lois de l’amour. Sexualité, couple et ren- contres au temps du numé- rique, M. bergström, la découverte Ce livre est une enquête exhaustive sur nos pratiques en amour à tra- vers des sites et des applications de rencontres. Le prisme de la technologie a bousculé la vision que nous nous faisions du couple,
du sexe ou encore de la séparation. L’auteure dévoile les transformations profondes des codes de séduction. Carine Ardouin, Payot Genève Rive Gauche
Le vol d’Icare. Voyages en Grèce pendant une guerre civile, K. Andrews, Nevicata Kevin Andrews est un écrivain et archéologue américain titulaire d’une bourse de fin d’études qui, en 1947, débarque dans une Grèce en pleine guerre civile. Féru de Grèce antique, il va se passionner pour la Grèce contemporaine, la découvrir
et nous la dévoiler d’une manière intense et tragique. Xavier Huberson, Payot Genève Rive Gauche
Dans la tête d’un chien. Les dernières découvertes sur le cerveau animal, G. berns, Humensciences Vous êtes-vous déjà demandé à quoi pensait votre fidèle com- pagnon lorsque, avachi vers la fenêtre, il semble lorgner le dehors avec nostalgie? Parmi tous les livres sur la cognition animale,
celui-ci a été rédigé par un neuroscientifique avec l’aide des nouvelles technologies d’imagerie cérébrale. Laure Federiconi, Payot Morges
Contre la peur et cent autres propos, a. Comte-sponville, albin Michel Agrégé et docteur en philosophie, André Comte-Sponville réunit dans son nouvel ouvrage ses propos sur l’actualité, souvent décevante voire effrayante, mais qui reste une incitation à penser. D’une manière philosophique, il confronte sa réflexion au monde
car mieux vaut se questionner que se lamenter. Laurent Petit, Payot La Chaux-de-Fonds
La civilisation du poisson rouge. Petit traité sur le mar- ché de l’attention, b. Patino, Grasset Les Millennials, cette génération qui a grandi avec des écrans connectés, possèdent une atten- tion à peine supérieure à celle du poisson rouge. Comment en sommes-nous arrivés là? Un véri-
table marché de l’attention s’est formé sur Internet, peu importe les conséquences sur la santé mentale… Que le meilleur gagne! François Houriet, Payot Neuchâtel
Deux Coréennes, A. Chai, J. Park, buchet/Chastel* Ce texte fort est le récit de la vie tragique de Jihyun, jeune femme nord-coréenne. Confrontée à l’une des dictatures les plus cruelles, Jihyun perd une grande partie de sa famille emportée par la famine. Elle connaîtra la vie terri- fiante d’un camp dont elle arrivera à s’enfuir. Il s’agit d’un témoignage poignant. Christian Mureu, Payot Morges
Le continent perdu. Plaidoyer pour une Europe libre, démocratique et souve- raine, G. Mettan, Éditions des syrtes Personnalité connue en Suisse, l’auteur volontairement provo- cateur met en évidence l’échec de l’Europe et décrit comment la Suisse, avec son indépendance et sa souveraineté, pourrait la sauver.
Guy Mettan dessine un véritable programme de gouver- nance européenne. Maurice Turc, Payot Genève Cornavin
Et ils mirent Dieu à la retraite. Une brève histoire de l’histoire, d. le fur, Passés/Composés Didier Le Fur montre qu’après la Renaissance, l’explication du passé et de l’histoire du monde par les Églises chrétiennes décline en même temps que naît l’idéologie du progrès qui donnera ensuite
naissance à la science de l’histoire actuelle. Frédéric Greffet, Payot Lausanne
Le dernier atlas. Tome 1, f. Vehlmann, G. de bonneval, H. tanquerelle, f. blanchard, dupuis Ce projet fou réunit une dream team de la bande dessinée pour un feuilleton ambitieux et intemporel. Partant de la guerre d’Algérie et d’un concept proche
de Pacific Rim, le quatuor aux commandes met en place un récit foisonnant, humain et politique pour un début de saga magistralement mené. On en redemande! Guillaume Colié, Payot Genève Rive Gauche
Le retour à la terre. Tome 6 : Les métamorphoses, J.-Y. Ferri, M. Larcenet, dargaud En presque une décennie, les aventures campagnardes de Manu Larsinnet et de tous ses compagnons ne finissent pas de nous étonner! Entre dépayse-
ment, dépassement de soi et grandes poilades, les lec- teurs ont le choix. À l’image de sa couverture, cet album est là pour vous accueillir au nid! Germain Junod, Payot Vevey
Petit Pierre. La mécanique des rêves, d. Casanave, f. lebonvallet, Casterman Pierre Avezard dit Petit Pierre est handicapé, moqué. Muré dans son silence, il est fasciné par la mécanique et en décor- tique les moindres rouages. C’est ainsi qu’avec des petits
restes du quotidien, il crée son fameux « manège ». Cette bande dessinée aux doux dessins rend hommage à l’humilité de Petit Pierre et à l’art brut. Jennifer Roduit, Payot Yverdon-les-Bains
Fables amères. Tome 2 : Détails futiles, Chabouté, Vents d’ouest Près de dix ans après le pre- mier volume de Fables amères, Chabouté revient avec onze nouvelles histoires courtes. Ce sont des instantanés de vie dites « banales », dépeintes par l’auteur avec une très grande justesse.
Ces scènes livrent dès lors tout leur intérêt et ne vous laisseront pas insensibles. Marine Liechti, Payot Neuchâtel
Un petit goût de noisette et de fruits rouges, Vanyda, dargaud Vanyda continue d’explorer les sentiments humains avec ce deuxième volume d’Un petit goût de noisette. Elle y raconte des histoires d’amour et de ren- contres aussi singulières que romantiques. Les destins qui se
croisent sont écrits avec une douce sensibilité et nous parlent de « l’humain ». Stéphanie Picard, Payot Lausanne
On Mars. Tome 2 : Les solitaires, s. runberg, Grun, daniel Maghen 2132. Jasmine Stenford, ancienne inspectrice de police, est toujours en détention sur Mars. Les choses ne s’amé- liorent pas pour elle. Le groupe de fugitifs appelé « Les soli-
taires » sème la terreur. Par intérêt, Jasmine s’est liée à Xavier Rojas, leader de la Nouvelle Église Syncrétique, mais sa vie ne tient plus qu’à un fil… Nathalie Bétrix, Payot Lausanne
Errance, i. asano, Kana Inio Asano, auteur de Bonne nuit Punpun, revient dans un manga semi-autobiographique. À travers un mangaka ayant eu un certain succès et devant créer une nouvelle série, l’au- teur s’interroge lui-même sur le sens de l’existence et de la création. C’est une quête de soi
sublimée par de superbes dessins. Benoît Chanoni, Payot Genève Rive Gauche
Le patient, t. le boucher, Glénat Après l’excellent Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher revient avec une histoire psychologique plus sombre mais tout aussi addic- tive! On y suit Pierre, seul res- capé du « massacre de la rue des Corneilles » commis par sa
propre sœur, qui se réveille après six ans dans le coma… Marine Liechti, Payot Neuchâtel
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* le visuel de cet ouvrage n’était pas disponible au moment de mettre sous presse.
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l’année 2018 marquait les 150 ans de la restauration de l’ère Meiji, période qui continue encore à fasciner aujourd’hui tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au Japon. Cela explique la quantité d’ouvrages qui sont sortis autour de cet anniversaire. Kgki!
Peu d’époques ont vu tant de changements en une période si courte. En 1853, alors que les « bateaux noirs » du commodore Perry forcent le Japon à s’ouvrir, ce pays est sous un régime féo- dal, replié sur lui-même depuis 200 ans, domi- né par la caste des samouraïs et le shogunat d’Edo. Cependant, avec l’arrivée des puissances occidentales, la contrée des geishas doit faire face d’un seul coup à un immense danger : celui de finir dépecée, comme la Chine, trop faible et désunie pour résister à la pression impérialiste. C’est de là que naît l’idée de restaurer le pouvoir de l’empereur qui, depuis la fin du xiie siècle, n’a plus qu’un rôle essentiellement religieux, le pouvoir étant aux mains du shgun. L’empereur Meiji, âgé de 15 ans en 1868 au début de son règne, s’installe à Edo qui deviendra Tokyo, capi- tale de l’Est. Rapidement, de nouveaux principes sont mis en place : la suppression des castes, la
les hommes. Ce sont eux, surtout, qu’il faut moderniser et amener à l’état de civilisation par l’étude et l’instruction. Ce n’est pas tout : pour faire naître les talents dont le Japon aura besoin pour se déve- lopper, il faut accepter que tous les hommes soient égaux quel que soit leur rang ou leur classe, et leur autoriser l’indépendance et la liberté de pensée.
liberté et droit du peuple
C’est un mode de pensée radical, et surtout moderne. Cependant, il ne faut pas croire que cette modernité est le simple résultat de l’occidentalisation rapide du Japon. Pierre-François Souyri, pro- fesseur honoraire de l’université de Genève, le plus grand histo- rien francophone du Japon, traite de cette problématique dans son grand ouvrage Moderne sans être occidental. Il aborde tous les aspects de la question à des niveaux très différents : poli- tique, social, économique, culturel, parfois presque individuel. Cet aller-retour entre différentes échelles permet, sans perdre la trame globale de l’ensemble, de peupler cette histoire de nom- breux personnages : des grandes figures universellement recon- nues par les spécialistes mais aussi des personnages moins connus et plus marginaux – ce qui permet des épisodes et des anecdotes pleines de saveur et même d’humour. L’auteur montre que cette modernisation n’est pas seulement un mouvement éli- tiste, mais que le peuple s’en empare parfois : 2'000 associations pour la liberté et le droit du peuple sont créées entre 1874 et 1884. Les femmes y jouent aussi un rôle non négligeable et parfois mal connu : qui sait, par exemple, qu’en 1882, la très jeune Kishida Toshiko prononce en public un discours remarquable sur la ques- tion de l’émancipation des femmes? Au-delà de l’histoire japonaise, cet ouvrage invite à se poser une question bien plus fondamentale encore. Qu’est-ce, que la moder- nité? Est-ce une invention de l’Occident? Pierre-François Souyri montre qu’il n’en est rien. La modernité de Meiji n’est pas une simple adoption des mœurs et des savoirs occidentaux mais un processus autochtone né de l’intérieur, un dialogue complexe et non une simple « copie » de la modernité européenne ou améri- caine. Comme il l’écrit : « Le Japon est un pays ordinaire. C’est le processus de modernisation en tant que tel qui est étrange, c’est la construction d’un État-nation qui pose problème. »
Par conStance Sereni
Héritage de l’ère Meiji
Qu’en est-il aujourd’hui? 150 ans plus tard, l’hé- ritage de ce passé complexe et mouvementé est toujours perceptible dans le Japon moderne, sur- tout si on s’efforce de dépasser les clichés sim- plificateurs qui veulent y voir un affrontement binaire entre traditions millénaires et modernité brutale. Aujourd’hui comme durant l’ère Meiji, le Japon se pose les mêmes questions sur l’identi- té de la nation japonaise, sa place dans le monde et sa relation avec l’Occident. Ce sont ces inter- rogations que l’on peut voir transparaître dans deux ouvrages récents traitant, chacun à leur manière, de l’identité du Japon. Corinne Atlan, traductrice entre autres de Murakami, propose dans Japon. L’empire de l’harmonie une prome- nade éclairée et très personnelle dans le Japon de l’après Fukushima à travers des lieux qui l’ont émue et des questions qui la passionnent, dres- sant un tableau en pointillé de la société japo- naise. Raphaël Languillon-Aussel avec Japonais tente lui aussi de proposer un portrait moderne de cette contrée, et ce sous un angle passionnant : sans porter le moindre jugement ni proposer la moindre interprétation, il nous offre sous forme de récits ou d’interviews vingt-trois témoignages qui mettent en avant l’hétérogénéité de cette société qui peut parfois sembler pesamment conformiste. Ces attestations donnent un aperçu de son extraordinaire complexité et constituent une invitation, 150 ans après Meiji, à venir à la rencontre d’un pays qui continue de fasciner.
biblioGraPHie
L’appel à l’étude, Yukichi Fukuzawa, Les Belles Lettres • Moderne sans être occidental . Aux origines du Japon d’au- jourd’hui, Pierre-François Souyri, Gal- limard • Japon . L’empire de l’harmonie, Corinne Atlan, Nevicata • Japonais. Lignes de vie d’un peuple, Raphaël Lan- guillon-Aussel, Ateliers Henry Dougier
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mise en place d’assemblées délibératives ainsi que la rédaction d’une constitution. Le Japon se dote d’experts étrangers pour se moderniser, envoie ses élites étudier en dehors de ses frontières et transforme à tout jamais le fonctionnement de sa société.
la fin des castes
Pour mieux comprendre l’esprit de cette période, il est nécessaire de se plonger dans un de ses textes fondateurs, L’appel à l’étude de Fukuzawa Yukichi (1835-1901), rendu accessible pour la pre- mière fois en français par la belle traduction qu’en a fait Christian Galan. Quand cet écrit incontournable est publié, en 1873, les anciens fiefs féodaux sont tout juste supprimés et le Japon vient de se doter d’une armée et d’un chemin de fer. Toutefois, pour celui qu’on appelle parfois le Rousseau nippon, il faut aller plus loin : ce nouveau Japon doit se réinventer intégralement s’il veut faire face aux Occidentaux. Certes, le pays, pour survivre, doit s’enrichir, se doter d’une armée puissante et adopter rapidement les tech- niques occidentales les plus utiles ; mais avant tout, il faut éduquer
LE JapoN, 150 aNs apRès MEIJI
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abaisser le seuil de la douleur, lutter contre les migraines ou l’insomnie, apprendre à positiver… Que de promesses dans la pratique régulière du yoga!
évEILLEz LE Bouddha qui sommeille en vous Par muriel thalmann
Il n’y a pas besoin d’effectuer des postures tarabiscotées ou de faire le poirier pour profiter pleinement des bienfaits du yoga : c’est reconnu scientifiquement, la pratique du yoga permet à tout un c