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A250 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 CO.98 Pronostic des patients atteints d’une insuf- fisance hépatique aiguë sur une cirrhose admis en réanimation F Saliba (1), E Levesque (1), P Ichai (1), H Habbouchi (1), TM Antonini (1), JC Duclos-Vallée (2), B Roche (1), D Azoulay (1), R Adam (1), D Castaing (1), D Samuel (1) (1) Villejuif ; (2) Le Kremlin-Bicêtre. Introduction : La mortalité des patients présentant une insuffisance hépatique aiguë sur une cirrhose et admis en réanimation varie de 31 % à 64 %. Récemment, avec le développement des nouvelles thérapeutiques médicamen- teuses ou techniques comme la transplantation hépatique, le TIPS et le système d’épuration hépatique à l’albumine (MARS ® ) le pronostic de ces patients dans les unités de réa- nimation est possiblement modifié. Peu de données actuelles ont été rapportées sur l’évolution et le devenir de ces patients. Patients et Méthodes : Nous avons étudié une cohorte récente de 301 patients présentant une décompensation aiguë de leur cirrhose et admis en réanimation au Centre Hépato- Biliaire de mai 2005 à août 2008, soit 10,5 % des patients admis en réanimation. L’âge moyen était de 55,3 ± 11,6 ans (73,4 % de sexe masculin). L’étiologie de la cirrhose était principalement alcoolique (69 %), virale (15 %) ou mixte (4,3 %). Le motif d’hospitalisation en réanimation était essentiellement l’hémorragie digestive (44,5 %), le sepsis (15,9 %), l’encéphalopathie hépatique (12,3 %) et l’hépatite alcoolique aiguë (11,9 %). À l’admission, la valeur moyenne des scores pronostiques de gravité était de 44,4 ± 20,4 pour l’IGS II, 25,2 ± 12,7 pour le MELD, 10,3 ± 2,3 pour la clas- sification de Child-Pugh et 8,9 ± 4,6 pour le SOFA. Résultats : La durée moyenne de séjour en réanimation était de 9,8 ± 11,6 jours. La mortalité était de 33,2 % et de 40,2 % respectivement en réanimation et en hospitalisation. 24 % des patients décédés l’ont été dans les 48 heures de leur admission. Le décès est survenu dans la majorité des cas (73 %) dans un tableau de défaillance multiviscérale suite à un sepsis. L’analyse statistique, comparant les patients décédés et survivants, a montré que les scores pronostiques de gravité, évalués à l’admission, étaient fortement (p < 0,0001) prédictifs de la mortalité. Les valeurs de l’aire sous la courbe ROC (Receiver Operating Characteristic) prédictives de la mortalité étaient de 0,81 pour le MELD, 0,75 pour le score de Child Pugh, 0,90 pour l’IGS II et 0,91 pour le SOFA. Au cours du séjour en réanimation, la pré- sence d’une défaillance respiratoire (patient sous assistance ventilatoire 44 %), hémodynamique (patient sous catéchola- mines 37,5 %), et rénale (hémodiafiltration continue 8,6 %), prédit une évolution défavorable dans 72,7, 84,7 et 88,5 % des cas, respectivement. Conclusion : Le sepsis sévère associé à l’insuffisance hépa- tique sévère reste la principale cause de mortalité du cirrho- tique admis en réanimation. Parmi les scores de gravité, l’IGS II et le SOFA semblent mieux prédire le devenir de ces patients que les scores spécifiques hépatiques (MELD, Child Pugh). Ce type d’étude devrait permettre de mieux définir la place des nouvelles thérapeutiques spécifiques en réanima- tion. CO.99 Traitement par perfusion d’albumine de l’hyponatrémie du patient cirrhotique : étude contrôlée A Deleporte (1), I Ollivier Hourmand (1), AC Lefebvre (1), M Dautresme (1), S Nguyen (1), T Dao (1), MA Piquet (1) (1) Caen. Introduction : L’hyponatrémie est une complication fré- quente de la cirrhose et est un facteur pronostique indépen- dant influençant la survie et la survenue de complications. Des perfusions d’albumine sont souvent utilisées pour traiter l’hyponatrémie, mais leur efficacité n’a jamais été évaluée dans une étude contrôlée. Le but de ce travail était de déterminer si la perfusion d’albu- mine permettait de corriger la natrémie des patients cirrhoti- ques avec ascite. Patients et Méthodes : Vingt patients cirrhotiques avec ascite et hyponatrémie (Na < 130 mmol/L) ont été inclus dans cette étude prospective randomisée comparant la res- triction hydrique seule (groupe contrôle, n = 9) à l’associa- tion perfusion d’albumine à 20 % (1 g/kg/j pendant 5 jours) et restriction hydrique (groupe albumine, n = 11). La rando- misation était stratifiée sur l’antécédent de prise de diuréti- ques, les diurétiques étant arrêtés 48 h avant l’inclusion. Les hyponatrémies symptomatiques étaient exclues. Les paramè- tres clinico-biologiques étaient mesurés avant (J0) et après traitement (J5). Les variables quantitatives ont été comparées par un test de Student, et qualitatives par un test de Chi 2 , le seuil de significativité était fixé à 0,05. Résultats : A J0, les caractéristiques des patients n’étaient pas différentes entre les 2 groupes en ce qui concerne l’âge, le motif d’hospitalisation, les paramètres du score de Child, l’albuminémie, la créatininémie, l’osmolarité plasmatique, la réninémie et l’aldostéronémie. La moitié des patients avaient pris des diurétiques (5 dans le groupe contrôle et 4 dans le groupe albumine ; NS). La natrémie à J0 était de 124,7 ± 2,7 mmol/L dans la groupe contrôle vs 125,0 ± 3,1 dans le groupe albumine (NS). Après traitement, on obser- vait une natrémie à J5 plus élevée dans le groupe albumine par rapport au groupe contrôle (131,7 ± 4 versus 126,5 ± 6 respectivement ; p = 0,02). De même, l’osmolalité plasma- tique s’améliorait plus dans le groupe albumine 281 ± 9 mosm/L versus 270 ± 11 groupe contrôle ; p = 0,01). La baisse de la réninémie (delta entre J0 et J5 : -44 ng/L groupe albumine versus -9 groupe contrôle ; NS) et de l’aldostéro- némie (-779 pmol/L versus -611 respectivement ; NS) ten- dait à être plus marquée dans le groupe albumine, sans atteindre la signification statistique. La perte de poids était plus marquée dans le groupe albumine (-2,2 kg versus +0,1 dans le groupe contrôle ; p = 0,04). Conclusion : Cette première étude contrôlée montre que l’albumine est un traitement efficace de l’hyponatrémie du sujet cirrhotique avec ascite et tend à corriger la dysfonction circulatoire. L’impact clinique de la correction de l’hypo- natrémie mérite d’être évalué dans une étude future.

CO.98 Pronostic des patients atteints d’une insuffisance hépatique aiguë sur une cirrhose admis en réanimation

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A250 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33

CO.98 Pronostic des patients atteints d’une insuf-fisance hépatique aiguë sur une cirrhoseadmis en réanimation

F Saliba (1), E Levesque (1), P Ichai (1), H Habbouchi (1),TM Antonini (1), JC Duclos-Vallée (2), B Roche (1), DAzoulay (1), R Adam (1), D Castaing (1), D Samuel (1)(1) Villejuif ; (2) Le Kremlin-Bicêtre.

Introduction : La mortalité des patients présentant uneinsuffisance hépatique aiguë sur une cirrhose et admis enréanimation varie de 31 % à 64 %. Récemment, avec ledéveloppement des nouvelles thérapeutiques médicamen-teuses ou techniques comme la transplantation hépatique, leTIPS et le système d’épuration hépatique à l’albumine(MARS®) le pronostic de ces patients dans les unités de réa-nimation est possiblement modifié. Peu de données actuellesont été rapportées sur l’évolution et le devenir de cespatients.

Patients et Méthodes : Nous avons étudié une cohorterécente de 301 patients présentant une décompensation aiguëde leur cirrhose et admis en réanimation au Centre Hépato-Biliaire de mai 2005 à août 2008, soit 10,5 % des patientsadmis en réanimation. L’âge moyen était de 55,3 ± 11,6 ans(73,4 % de sexe masculin). L’étiologie de la cirrhose étaitprincipalement alcoolique (69 %), virale (15 %) ou mixte(4,3 %). Le motif d’hospitalisation en réanimation étaitessentiellement l’hémorragie digestive (44,5 %), le sepsis(15,9 %), l’encéphalopathie hépatique (12,3 %) et l’hépatitealcoolique aiguë (11,9 %). À l’admission, la valeur moyennedes scores pronostiques de gravité était de 44,4 ± 20,4 pourl’IGS II, 25,2 ± 12,7 pour le MELD, 10,3 ± 2,3 pour la clas-sification de Child-Pugh et 8,9 ± 4,6 pour le SOFA.

Résultats : La durée moyenne de séjour en réanimation étaitde 9,8 ± 11,6 jours. La mortalité était de 33,2 % et de 40,2 %respectivement en réanimation et en hospitalisation. 24 %des patients décédés l’ont été dans les 48 heures de leuradmission. Le décès est survenu dans la majorité des cas(73 %) dans un tableau de défaillance multiviscérale suite àun sepsis. L’analyse statistique, comparant les patientsdécédés et survivants, a montré que les scores pronostiquesde gravité, évalués à l’admission, étaient fortement(p < 0,0001) prédictifs de la mortalité. Les valeurs de l’airesous la courbe ROC (Receiver Operating Characteristic)prédictives de la mortalité étaient de 0,81 pour le MELD,0,75 pour le score de Child Pugh, 0,90 pour l’IGS II et 0,91pour le SOFA. Au cours du séjour en réanimation, la pré-sence d’une défaillance respiratoire (patient sous assistanceventilatoire 44 %), hémodynamique (patient sous catéchola-mines 37,5 %), et rénale (hémodiafiltration continue 8,6 %),prédit une évolution défavorable dans 72,7, 84,7 et 88,5 %des cas, respectivement.

Conclusion : Le sepsis sévère associé à l’insuffisance hépa-tique sévère reste la principale cause de mortalité du cirrho-tique admis en réanimation. Parmi les scores de gravité,l’IGS II et le SOFA semblent mieux prédire le devenir de cespatients que les scores spécifiques hépatiques (MELD, ChildPugh). Ce type d’étude devrait permettre de mieux définir laplace des nouvelles thérapeutiques spécifiques en réanima-tion.

CO.99 Traitement par perfusion d’albumine del’hyponatrémie du patient cirrhotique :étude contrôlée

A Deleporte (1), I Ollivier Hourmand (1), AC Lefebvre (1),M Dautresme (1), S Nguyen (1), T Dao (1), MA Piquet (1)(1) Caen.

Introduction : L’hyponatrémie est une complication fré-quente de la cirrhose et est un facteur pronostique indépen-dant influençant la survie et la survenue de complications.Des perfusions d’albumine sont souvent utilisées pour traiterl’hyponatrémie, mais leur efficacité n’a jamais été évaluéedans une étude contrôlée.Le but de ce travail était de déterminer si la perfusion d’albu-mine permettait de corriger la natrémie des patients cirrhoti-ques avec ascite.

Patients et Méthodes : Vingt patients cirrhotiques avecascite et hyponatrémie (Na < 130 mmol/L) ont été inclusdans cette étude prospective randomisée comparant la res-triction hydrique seule (groupe contrôle, n = 9) à l’associa-tion perfusion d’albumine à 20 % (1 g/kg/j pendant 5 jours)et restriction hydrique (groupe albumine, n = 11). La rando-misation était stratifiée sur l’antécédent de prise de diuréti-ques, les diurétiques étant arrêtés 48 h avant l’inclusion. Leshyponatrémies symptomatiques étaient exclues. Les paramè-tres clinico-biologiques étaient mesurés avant (J0) et aprèstraitement (J5). Les variables quantitatives ont été comparéespar un test de Student, et qualitatives par un test de Chi2, leseuil de significativité était fixé à 0,05.

Résultats : A J0, les caractéristiques des patients n’étaientpas différentes entre les 2 groupes en ce qui concerne l’âge,le motif d’hospitalisation, les paramètres du score de Child,l’albuminémie, la créatininémie, l’osmolarité plasmatique, laréninémie et l’aldostéronémie. La moitié des patients avaientpris des diurétiques (5 dans le groupe contrôle et 4 dans legroupe albumine ; NS). La natrémie à J0 était de124,7 ± 2,7 mmol/L dans la groupe contrôle vs 125,0 ± 3,1dans le groupe albumine (NS). Après traitement, on obser-vait une natrémie à J5 plus élevée dans le groupe albuminepar rapport au groupe contrôle (131,7 ± 4 versus 126,5 ± 6respectivement ; p = 0,02). De même, l’osmolalité plasma-tique s’améliorait plus dans le groupe albumine 281 ± 9mosm/L versus 270 ± 11 groupe contrôle ; p = 0,01). Labaisse de la réninémie (delta entre J0 et J5 : -44 ng/L groupealbumine versus -9 groupe contrôle ; NS) et de l’aldostéro-némie (-779 pmol/L versus -611 respectivement ; NS) ten-dait à être plus marquée dans le groupe albumine, sansatteindre la signification statistique. La perte de poids étaitplus marquée dans le groupe albumine (-2,2 kg versus +0,1dans le groupe contrôle ; p = 0,04).

Conclusion : Cette première étude contrôlée montre quel’albumine est un traitement efficace de l’hyponatrémie dusujet cirrhotique avec ascite et tend à corriger la dysfonctioncirculatoire. L’impact clinique de la correction de l’hypo-natrémie mérite d’être évalué dans une étude future.