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LA PATHOLOGIE OVARIENNE
HORMONO-SÉCRÉTANTE:
CHERCHEZ LE LIEN
S. Dechoux , N. Chabbert-Buffet , A. Cortez , I. Thomassin-Naggara , E. Daraï , M. Bazot
Hopital Tenon, Paris
Objectifs
Connaître la physiologie de la stéroïdogénèse, et
les signes d’appel cliniques d’une dysfonction
secrétoire
Connaître et reconnaître les tumeurs et pseudo-
tumeurs produisant des androgènes, des
oestrogènes, ou des hormones non stéroïdiennes.
Enjeux: -Savoir quelles données clinico-biologiques rechercher pour aider au diagnostic
d’une masse ovarienne.
-Savoir éliminer une pseudo-tumeur.
-Rechercher une lésion endométriale associée aux tumeurs oestrogéno-sécrétantes
Pré-requis: quelques notions sur les
tumeurs ovariennes
Epithélium de surface
Stroma
tissu fibreux dense = structure interne
contient des cellules thécales et de la granulosa
dérivées des cordons sexuels,
Cellules germinales (ovocytes) à la périphérie du
stroma
Ovaire= 3 structures anatomiques:
La quasi-totalité des tumeurs dont nous allons parler appartient au groupe
des tumeurs du mésenchyme et des cordons sexuels,
qui représentent 8% des tumeurs de l’ovaire.
Stéroides et stéroidogénèse
Androgènes (testostérone) synthétisés à partir du
cholestérol: sécretion directe ou transformation périphérique
de l’androstenedione
Préménopause: surrénale et ovaire
Post-ménopause: surrénale
Oestrogènes formés par aromatisation
périphérique des androgènes:
Préménopause: ovaire
Post-ménopause: tissu adipeux.
Cellules thécales Cellules de la granulosa
(aromatisation)
androgènes oestrogènes
LH FSH
Production de
stéroides
Post-ménopause++
surrénale androgènes
HT-HP
ACTH
LH-FSH
Vue d’ensemble
hyperandrogénie hyperoestrogénie Autre
Pseudo-tumeurs: SOPK,
hyperthécose
Tumeur de Sertoli-Leydig
Tumeurs à cellules stéroides
Tumeur de la granulosa
Thécome
HCG H thyroidiennes
Chorio-
carcinome
Hyperreactio-
luteinalis
Struma ovarii
Hyperandrogénie
Syndrome virilisant
troubles du cycle en période d’activité génitale,
signes de déféminisation (diminution du volume des seins, perte du
contour féminin de la silhouette, alopécie des lobes frontopariétaux)
signes de masculinisation (hirsutisme, raucité de la voix, hypertrophie
clitoridienne, hyperséborrhée).
Chez la femme ménopausée
s’accompagne souvent de métrorragies par hyperplasie
glandulokystique de l’endomètre sous l’effet de l’inflation en
oestrogènes, par aromatisation périphérique des androgènes
Dosages hormonaux:
Testérone plasmatique> à 2 ng/mL + signes de virilisation intenses:
suspicion de tumeur androgéno-sécretante
Eliminer la prise de dérivés cortisolés
Testostérone plasmatique +/- ∆4, 17OH-P après synacthène
Androgènes très élevés
(T>1,2 ng/ml)
Hirsutisme
idiopathique
Déficit partiel
en 21- OHase SOPK Tumeur
ovarienne
Tumeur
surrénalienne
Bilan non concluant
Imagerie
ovarienne
anormale
17 OH-P
>10ng/ml
Androgènes modérement
élevés (T<1,2ng/ml)
Cathéterisme veineux
SDHEA
Scanner surrénalien
anormal
+/- LH
+/- écho ovarienne
typique
D’après C. Deneux, Rev. Prat. GO 2000
Normal
1.a: pseudo-tumeurs: SOPK
Tryptique diagnostic
Clinique: troubles du cycle, hyperandrogénie,
surcharge pondérale
Biologique: élevation LH, androstenedione, testostérone
Imagerie: Echographie+++
Conférence de consensus, Rotterdam 2003
Echographie:
Augmentation taille:
Surface>6cm²
Volume >8cm3
Augmentation nombre de follicules
Plus de 12 follicules/ovaire mesurant entre 2 et 9mm
Distribution folliculaire à prédominance périphérique
Hypertrophie et hyperéchogénicité du stroma
Echographie normale n’élimine pas le diagnostic si les autres critères
sont présents
Rôle de l’IRM:
Peu de place dans le diagnostic du SOPK
Échographie impossible (obesité ou virginité)
Éliminer tumeur androgéno-sécrétante
SOPK
1.a: Pseudo-tumeurs: Hyperthécose
Post-ménopause
Insulino-résistance associée fréquente
Virilisation inconstante
Augmentation bilatérale de la taille des ovaires Echographie: augmentation de taille par rapport au
status ménopausique, ronds, stroma hypoéchogène
IRM: Augmentation de taille, sans masse, sans hypervascularisation.
Diagnostics differentiels: Fibromatose ovarienne
Métastases bilatérales
Tumeurs androgéno-sécrétantes bilatérales (Sertoli-Leydig).
L’imagerie permet d’éviter la cathéterisation veineuse sélective des ovaires sur laquelle reposait le diagnostic
Testostérone souvent >2ng/dl
L’ovariectomie fait régresser la virilisation Rousset, USOG 2008
Bazot AJR 2003
Diagnostic différentiel: Fibromatose Ovarienne
Femme jeune
Unilatéral (80%)
Virilisation possible (rare)
1.b: tumeurs de Sertoli-Leydig
Quelques chiffres:
¾ des patientes ont moins de 30 ans
30% sont virilisantes
Bilatéralité rare: 1,5%
Taille: 5-15cm
En majorité bénignes, mais 20% récidivent ou
produisent des métastases
Imagerie:
Le plus souvent solide ou mixte solide-kystique
Signal T2: variable
Shanboghe Radiographics 2011
1.c Tumeurs à cellules stéroides
Prédominance péri et post-ménopausique
Unilatérale
Potentiel malin, donc métastatique
Petite taille: non détection fréquente en
échographie et au scanner
Intérêt du doppler couleur, de l’IRM dynamique ou
de l’angioscanner pour démasquer
l’hypervascularisation majeure de ces tumeurs
Richesse en lipides: parfois aide au diagnostic en
IRM Jung AJR 2005
Tumeur à cellules de Leydig= tumeur
à cellules stéroides. Ménopause
Virilisation, hirsutisme (3/4)
Taille : 2,4 cm
Tumeur centrale unilatérale bénigne
Hypervascularisation
Pr JN Buy
Hyperoestrogénie
Clinique
Pseudopuberté précoce
Menométroragies
Métrorragies post-ménopausiques
Imagerie: hyperplasie endométriale/polype/
cancer de l’endomètre
Dosages biologiques: oestrogènes, Inhibine A
(granulosa)
2a Tumeur de la granulosa
Forme adulte> 95% : période péri et post-ménopausique
Forme juvénile rare: 5%, prépubertaire ou femme jeune 30 ans
Oestrogénosécretion: 70% des cas
Taille moyenne:12cm
Potentiel malin et métastatique, mais 90% découvertes au stade Ia de la class. de Figo= limité à un ovaire: excellent pronostic
2a Tumeur de la granulosa
Aspect excessivement variable en échographie et
en IRM
Solide, mixte ou kystique multicloisonnée
IRM
Composante tissulaire en signal intermédiaire
T1: rechercher une composante hémorragique
IRM dynamique injectée : courbe de type 2 (ou 3)
Signes utérins associés (hypertrophie endomètre,
adénomyose)
2.b Thécome
Tumeurs très rares du groupe fibrothécal (fibromes et tumeurs stromales sclerosantes sont plus fréquents, mais non sécrétants), bénigne
80% post-ménopausique
20% associés à un cancer endométrial
Généralement unilatéral
Thécome luteinisé: femme plus jeune, peut être oestrogéno ou androgéno sécretant
Association fréquente avec fibrome: fibro-thécome
Caractéristique principale: cellule thécales à riche contenu lipidique.
Shanboghe, Radiographics 2011
TDM
présence de graisse intra cellulaire: densité
scanographique proche de 0…
….faussement interprété comme un kyste en raison de
la densité liquidienne,
Echographie
plus hypo-échogène que le fibrome, de même forme
IRM
T1: signal intermédiaire
T2 : signal relativement plus élevé que pour les
fibromes en raison de la graisse intra cellulaire.
Echo+IRM: HYPERTROPHIE ENDOMETRIALE
3.Tumeurs ovariennes produisant de
l’HCG
Choriocarcinome ovarien
tumeurs rares et agressives.
Gestationnels>> non gestationnels
Le plus souvent métastatiques d’un CCG tubaire ou
utérin plutôt que résultant d’une grossesse ovarienne.
Imagerie:
Rechercher grossesse intra ou extra utérine
Masse avec multiples micro-kystes
Hautement vascularisée
Hémorragie/nécrose fréquentes
Bazot AJR 2004
Angioscanner: multiples vaisseaux arteriels irréguliers
Petites plages hémorragiques. (petites flèches)
Grosse flèche= corps jaune
Echographie: masse hypoéchogène de 6 cm
ovarienne gauche
T1
Hyper reactio luteinalis (HL) Augmentation de volume, le plus souvent bilatérale, des ovaires, pouvant
aller jusqu’à 35 cm3
Peut être détectée à n’importe quel trimestre de la grossesse ou en post-partum, le plus souvent lors des 10 jours suivant l’accouchement.
Associée à une pathologie trophoblastique (môle hydatiforme ou choriocarcinome) dans 10 à 37 % des cas, à des cas d’hyperplacentose (grossesses multiples, anasarque foetoplacentaire et grossesses diabétiques) ou peut accompagner une grossesse normale.
Clinique:
Asymptomatique++
Parfois, symptômes en rapport avec une torsion, une rupture de la masse kystique ou une hémorragie intratumorale.
Virilisation maternelle: rapportée dans 14 à 25 % des observations de la littérature.
Hyper reactio luteinalis
Echographie: 1 ou 2 volumineuses masses annexielles multiloculaires avec une zone
échogène centrale.
Kystes périphériques de tailles relativement proches (de 1 à 3 cm), avec contenu variable (remaniements hémorragiques intrakystiques).
Partie centrale de l’ovaire avec importante hypervascularisation en doppler: ne doit pas être prise à tort pour une portion tissulaire.
IRM Signal global de type liquidien
Hypervascularité de la portion centrale.
Ascite fréquente
Diagnostic différentiel avec tumeur épithéliale de type mucineuse, voire tumeur mésenchymateuse (granulosa).
4. Tératomes monodermiques
Hyperthyroidie: Goitre ovarien ou struma-ovarii
Tératome composé exclusivement ou majoritairement de tissu
thyroidien
5% des tératomes
5e décade
Bénigne dans 95% des cas
Imagerie:
tumeur kystique multicloisonnée, liquides de signaux différents, parfois
portions solides hypervasculaires
Diagnostic différentiel: tumeur épithéliale mucineuse
4. Tératomes monodermiques
Syndrome Carcinoide: Carcinoide ovarien
Associé le plus souvent à un kyste dermoide
Prédominance solide
Pas de cas référencé en imagerie
Carcinoide Strumeux: association carcinoide et
goitre ovarien
Messages à retenir
Hyperandrogénie:
Testostérone plasmatique> à 2 ng/mL + signes de virilisation intenses: suspicion de tumeur androgéno-sécretante….
Pseudotumeurs (SOPK)>>>Tumeurs
Bilatéralité= pseudo-tumeurs (SOPK, thécome)
Tumeur de Sertoli-Leydig les plus fréquentes
Hyperoestrogénie:
Hypertrophie endométriale!! Rechercher cancer
Tumeur de la Granulosa les plus fréquentes
Tumeurs sécrétant des stéroides:
unilatérales
de bon pronostic, mais potentiel malin: exérèse chirurgicale
Sertoli-Leydig:
Femme jeune,
Taille et aspect variable en
imagerie
Cellules stéroides:
Péri-ménopause,
Petite taille,
Hypervascularisation
Granulosa:
Forme adulte++, péri-ménopause,
Grande taille,
Solide ou kystique,
Hémorragie fréquente
Hypertrophie/ polype/cancer endométrial
Dosage Inhibine A
Thécome:
Femme ménopausée
Solide, Signal T2 selon composante fibreuse
(fibro-thécome)
20% associés à un cancer de l’endomètre
Messages à retenir
Bibliographie
Clinical Syndromes Associated with Ovarian Neoplasms: A Comprehensive review,
Shanboghe A. Radiographics 2011
Functioning Ovarian Tumors: Direct and Indirect Findings at MR Imaging, Tanaka
Radiographics 2004
Ovarian hyperthecosis on grayscale and color Doppler ultrasound, Rousset P
Ultrasound Obstet Gynecol 2008
CT and MRI Findings of Sex Cord–Stromal Tumor of the Ovary, Jung AJR 2005
CT and MR Imaging of Ovarian Tumors with Emphasis on Differential Diagnosis,
Yung S Radiographics 2002
MR findings of ovarian tumors with hormonal activity, with emphasis on tumors other
than sex cord-stromal tumors, Tanaka EJR 2002
Imaging of Pure Primary Ovarian Choriocarcinoma, Bazot AJR 2004
Revised 2003 consensus on diagnostic criteria and long-term health risks related to
polycystic ovary syndrome (PCOS). Rotterdam ESHRE/ASRM-Sponsored PCOS
consensus workshop group Hum Reprod. 2004 Jan;19(1):41-7.