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Une tumeur palpébrale inférieure

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Page 1: Une tumeur palpébrale inférieure

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Une tumeur palpebrale inferieure

An inferior eyelid tumor

M. Moumine*, K. El Khatib, M. Oukabli, M. Nassih, A. Bouzidi, A. RzinDisponible en ligne sur

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Recu le :21 juin 2009Accepte le :19 octobre 2010Disponible en ligne23 novembre 2010

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Service de stomatologie-chirurgie maxillofaciale et chirurgie plastique, hopital militaired’instruction Mohammed V, Rabat, Marocwww.sciencedirect.com�

Observation

Une patiente agee de 38 ans a consulte pour une tumeurnodulaire de la paupiere inferieure droite apparue sept moisplus tot. La lesion, papuleuse et violacee, a progressivementaugmente de taille et de volume. L’examen clinique a trouveune tumeur violacee nodulaire et friable d’environ 1 cm dediametre, mobile par rapport aux plans profonds (fig. 1).Le reste de l’examen etait sans particularite.

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Figure 1. Nodule palpebral inferieur.

* Auteur correspondant.e-mail : [email protected] (M. Moumine).

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0035-1768/$ - see front matter � 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.10.1016/j.stomax.2010.10.002 Rev Stomatol Chir Maxillofac 2010;111:340-342

L’exerese a ete realisee sous anesthesie locale avec une margede 3 mm. La perte de substance a ete reconstruite par unlambeau de rotation (fig. 2).L’examen anatomopathologique a montre une proliferationcellulaire fusiforme associee a de nombreux vaisseaux a paroiturgescente avec extravasation des hematies. A l’etudeimmunohistochimique, les cellules fusiformes exprimaientle CD34 et le HHV8 (fig. 3 et 4).

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Figure 2. Resultat a trois mois.

Page 2: Une tumeur palpébrale inférieure

Une tumeur palpebrale inferieure[()TD$FIG]

Figure 3. Histologie : proliferation dermique fusocellulaire associee a denombreux vaisseaux (HE � 200).

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Figure 4. Immunohistochimie : marquage par le CD34 (HE � 200).

Quel est votre diagnostic ?

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M. Moumine et al. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2010;111:340-342

Reponse

Il s’agit d’une maladie de Kaposi.

Commentaires

C’est une affection proliferative et multifocale a doublecomposante : vasculaire et a cellules fusiformes. Quatreformes cliniques ont ete decrites.La forme classique est celle de l’adulte age d’Europe centraleet du pourtour mediterraneen. Les lesions sont cutaneomu-queuses et viscerales. La forme africaine, agressive, touche lesujet jeune ; son evolution est rapidement fatale. Il existe uneforme liee a l’immunodepression (cancer, lymphome, grefferenale. . .) et une forme epidemique associee au sida [1].L’Human Herpes virus (HHV8), appele egalement Kaposi’ssarcoma associated herpes virus (KSHV) est fortement incri-mine dans la maladie de Kaposi associee au sida. Les locali-sations oculaires sont conjonctivales, aux paupieres et au saclacrymal. Leur frequence, rare avant l’avenement du sida, aaugmente de 20 % depuis [2]. Les localisations palpebralesrepresentent 15 % des localisations oculaires.L’aspect est celui d’un nodule angiomateux violace, pouvantcroıtre dans les trois dimensions.Dugel et al [3] ont decrit trois stades cliniques : les stades I et IIcorrespondent a des lesions planes dont l’epaisseur est infe-rieure a 3 mm. Dans le stade III, les tumeurs sont nodulaires,saillantes, de plus de 3 mm d’epaisseur.Le diagnostic differentiel se fait principalement avec les epi-theliomas baso- et spinocellulaires, les hemangiomes et lesbotryomycomes.Le diagnostic de certitude est obtenu par l’examen histologiqueavec etude immunohistochimique par le CD34 et le facteur VIII.La decouverte d’une maladie de Kaposi, impose toujours larecherche d’autres localisations, cutanees et/ou viscerales.Idealement, le traitement des lesions a localisation cutaneeest l’exerese chirurgicale avec une marge de securite suffi-sante (3 mm) et reconstruction.

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Dugel et al. [3] se sont bases sur le stade clinique et l’examenanatomopathologique pour l’indication therapeutique : cryo-therapie ou exerese chirurgicale. Pour les localisations pal-pebrales de stades I et II, cryotherapie ou radiotherapie (20 ou30 Gy, fractionnes en deux ou trois seances, pendant troissemaines) pour les lesions non chirurgicales. Une regressionsignificative des lesions peut etre obtenue par cryotherapieou radiotherapie, mais les recidives sont frequentes (plus de50 % des cas) ce qui implique une surveillance au long cours[3]. Nous avons realise une exerese chirurgicale avec recon-struction par lambeau de rotation de preference a la greffe depeau qui donne une dyschromie inesthetique.Dans le cas presente, le bilan sanguin n’a pas mis enevidence d’infection par le virus de l’immunodeficiencehumaine (VIH) ni de trouble de l’immunite. La maladiede Kaposi est tres rare chez le sujet jeune seronegatif pourle VIH. Dans ce contexte, la localisation palpebrale estexceptionnelle [4,5].

Conflit d’interet

Aucun.

References[1] Sudzinski J, Thomas F, Berthout A, Gonthier MF, Lumbroso-Le

Rouic L, Milazzo S. Sarcome conjonctival de Kaposi. J Fr Oph-talmol 2009;32:151–5.

[2] Offret H. Œil et virus ; rapport de la societe francaise d’ophtal-mologie, 2000:400–2.

[3] Dugel P, Gill P, Frangich G, Rao N. Ocular adnexal Kaposi’ssarcoma in acquired immunodeficiency syndrome. Am JOphthalmol 1990;110:500–3.

[4] Dammacco R, Lapenna L, Giancipoli G, Piscitelli D, Sborgia C.Solitary eyelid Kaposi sarcoma in an HIV-negative patient.Cornea 2006;25:490–2.

[5] Munteanu G, Munteanu M, Giuri S. Angiosarcome de Kaposiconjonctivo-palpebral. A propos d’une observation. J Fr Oph-talmol 2003;26:1059–62.