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GIBERTJOSEPH LE NEWS CULTUREL TRIMESTRIEL ET GRATUIT PARIS RIVE GAUCHE la vie de quartier, l’avis de… Michel Abescat Télérama Anna Pavlovitch J’ai lu événement Campus rendez-vous avec… les voûtes & les frigos Antonin Borgaud réflexion Frédéric Lenne le moniteur >>> Dans ce numéro : Automne 2007 rencontre avec… Dominique Lecourt 1 n ° UN HOMME DANS LA VILLE vive la polycentralité le programme Directeur de l’École doctorale Paris VII LE CHOC BERGSON PHILOSOPHE RÉVOLUTIONNAIRE ORATEUR DE GÉNIE NOBEL DE LITTÉRATURE FIGURE POLITIQUE D’INFLUENCE 1889 1900 1907 DIVALI Communication - RCS PARIS B 478 865 413 LA PREMIÈRE ÉDITION CRITIQUE DE BERGSON 1907 / 2007

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GIBERTJOSEPHL E N E W S C U LT U R E L T R I M E S T R I E L E T G R AT U I T

PARIS RIVE GAUCHE

la vie de quartier, l’avis de…

Michel AbescatTélérama

Anna PavlovitchJ’ai lu

événement

Campus

rendez-vous avec…

les voûtes & les frigosAntonin Borgaud

réflexion

Frédéric Lennele moniteur

>>> Dans ce numéro :Automne 2007

rencontre avec…Dominique

Lecourt

1n°

UN HOMME DANS LA VILLE

vive la polycentralité

le programme

Directeur de l’École doctorale Paris VII

LE CHOCBERGSON

PHILOSOPHE RÉVOLUTIONNAIREORATEUR DE GÉNIE NOBEL DE LITTÉRATURE

FIGURE POLITIQUE D’INFLUENCE

1889 1900 1907

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LA PREMIÈRE ÉDITION CRITIQUE DE BERGSON1907 / 2007

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édito | p3

une aventure nouvelleParis Rive Gauche, le nouveau quartier Latin ?

Une belle occasion pour le libraire du boulevard Saint-Michel, Gibert Joseph, de se faire une nouvelle jeunesse en accompagnant l’essor de ce lieu de vie et de culture où se côtoient la Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand,l’Université Paris VII Denis Diderot, le cinéma MK2 Bibliothèque, le magazineTélérama, Courrier International, les éditions Flammarion...

Fidèle à ses principes, Gibert Joseph s’adresse à tous les publics, les riverains et les étudiants, les curieux et les pressés, les habitués et les passants, les enfants et les parents, en proposant un large choix de livres, CD, DVD, neufsou d’occasion, papeterie, multimédia, pour vous séduire...

Paris Rive Gauche, Gibert Joseph : une nouvelle aventure commence.

Olivier Pounit-GibertPrésident-Directeur Général

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION – Olivier Pounit-Gibert • DIRECTEUR DE LA RÉDACTION – Georges Emmanuel Morali > [email protected] • CONTACTCOMMERCIAL GIBERT JOSEPH – [email protected] • CONTACT COMMUNICATION GIBERT JOSEPH – [email protected]• CONCEPTION & RÉALISATION – DIVALI COMMUNICATION, 38 rue de Turenne, 75003 Paris, TÉL > 01 40 29 46 46 - JérômeGrill > [email protected]• JOURNALISTE – Hubert Arthus • CRÉDITS PHOTOS – Charles Dolfy Michels - Bruno Charoy - Pierre Wayser - Fotolia • Photos non contractuelles• Les nouveautés livres présentées le sont sous réserve du respect des programmes de sortie annoncés par les fournisseurs • Prix et descrip-tifs sous réserve d’erreurs typographiques ou de modifications de prix fixés par les éditeurs • Gibert Joseph RCS PARIS 435 044 714.

LA RENTRÉE EN POCHESODILE JACOB

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un hommedans la ville

Souriant, car ravi : Dominique Lecourt siègedans un bureau où la vue offre autant de prisesur le ciel que sur le campus. Ainsi, lorsqu’il faitsoleil, tout est lumineux. Et, depuis son arrivéesur les lieux en février 2007, Dominique Lecourtrayonne. Il fut l’initiateur en France d’un ensei-gnement d’une philosophie de la science dansles domaines des “sciences dures”, et contri-bua à la naissance, à Paris VII (suivi desuniversités de Paris I et IV, puis de l’ÉcoleNormale Supérieure), d’un département dePhilosophie et d’Histoire de la Science.

Du domaine de connaissances au lieu où il estenseigné : une même modernité partagée. Il étaitalors logique que ce précurseur fût un despremiers à travailler sur le nouveau site del’Université Paris VII Diderot, au cœur de ce“nouveau treizième”. Le professeur s’avoued’emblée satisfait que le site ait pu garder lebâtiment et l’appellation des Grands Moulins :

“pour que les étudiants aient quotidiennement àl’esprit qu’auparavant, ici, il y avait du travailmanuel”. Ce dont il se réjouit surtout, c’est de lanouvelle philosophie universitaire dont témoi-gne ce campus : le seul de France, pour le moment,à n’être ni isolé de la ville, ni cloisonné. Un campusqui va “obliger les étudiants, mais aussi ceux quivivent ici, ceux qui travaillent ici, toute la nouvelleclientèle, à l’interactivité. Nous allons devoir créerdes contacts, pour insérer l’université de façonmoderne dans la cité”.

Université et cité, là aussi il y a une excep-tion culturelle française. Pour DominiqueLecourt, “Paris est en retard du point de vue dela construction des campus. Une sorte d’idéolo-gie très « IIIe République », universitairementparlant, avec des facs fermées. Les villes-univer-sités à l’anglaise ou à l’américaine, c’est une

p4 | rencontre avec Dominique Lecourt

autre conception”. Vers laquelle, pourtant, setourne ce nouveau campus parisien, le premierdu genre en France. Ça n’est donc pas unhasard si c’est juste à côté de ce campus quel’Université de Chicago vient d’ouvrir sonantenne française. Encore un élément quimilite pour l’interactivité et la pluridiscipli-narité. “Et ici, la qualité de vie correspond trèsbien à cette pluridisciplinarité. Or, Paris VII a pourbut d’être une université pluridisciplinaire”, seréjouit Dominique Lecourt.

Pour lui, l’université doit être un phare de lamodernité. Mais pas le seul, car tout le monde,dans son vécu, n’est pas concerné par l’univer-sité. Cela passe aussi par un enseignement moinsporté sur l’utilitaire, dans un univers où l’emploin’a jamais été aussi peu sûr. “Je rêve que la Franceentre dans la modernité réflexive”, argue-t-il, “À mon sens, seule l’université peut le permettre.Mais elle doit alors sortir du point de vue strictement professionnalisant. Tout le monde,et donc les étudiants aussi, doit réfléchir à l’interaction entre ses domaines et la place de cesdomaines dans le monde de demain”. ❚❚

“Pour que les étudiantsaient quotidiennement

à l’esprit qu’auparavant, ici, il y avait du travail manuel

Il fut l’un des premiers arrivés sur le nouveau campus des Grands Moulins : directeur de l’École Doctorale “Savoirs scientifiques” à Paris VIIet directeur de collections aux Presses Universitaires de France,Dominique Lecourt donne son bon verdict sur ce nouveau centre urbain.

Contre la peur. De la science à l’éthique, un aventure infinie et L’Amérique entre la Bible et Darwin de Dominique. Lecourt Presses Universitaires de France

Dominique Lecourtredouble d’actualitéLe 10 septembre verra arriver dans lesrayons des libraires deux ouvrages de Dominique Lecourt, réédités,réactualisés, et diablement d’actualité.Les deux s’articulant autour d’un axe quel’on voit bien à l’œuvre dans une époqueoù modernisme se conjugue aisémentavec conspirationnisme et régression, et qui préoccupe l’auteur. Cette idée queles avancées sont aussi génératricesde peur. Que la science (des O.G.M.,des particules, des gênes, de la nature),soit vue comme une mortifèreaccapareuse de la nature le heurte. Plus visible encore, l’avancée ducréationnisme, principalement venud’Amérique, et contestant à l’encontre de toute modernité, le Darwinisme.

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rédac-chefest arrivé dans le “Nouveau treizième” en mars dernier. Le rédacteur en chef Culture de Télérama livre ses impressions sur ce quartier.

Comme tous les journalistes de l’hebdomadaire, Michel Abescat

Comment avez-vous vécu votre arrivéedans cette partie du treizième ?Michel Abescat — Les premiers jours, je mesuis senti touriste. D’autant plus que c’est encoredésert, pas achevé : pas de cafés, ou peu, pas deboutiques. Je me surprenais d’ailleurs, à notrearrivée ici, à dire je vais à Paris et je reviensquand je partais déjeuner avec un éditeur. Enfait, on n’a pas l’impression d’être à Paris, touten y étant, ce qui est très désagréable et trèsagréable en même temps. Et puis les étudiantsarrivent, il y a l’extraordinaire site de la BNF.Le soir, c’est le désert, mais on sent que lequartier va rapidement être investi, habité, etqu’il va devenir branché. L’ouverture de GibertJoseph, en plus de la bonne librairie MK2, vacontribuer à installer des passerelles dans lequartier, car il n’y en a pas encore. Je suis séduitpar ce nouveau quartier qui ne ressemble pasdu tout à l’idée qu’on se fait de Paris.

Vous travaillez près de la rue Watt et du Quai de la gare, rues symboliques pourle journaliste littéraire que vous êtes…Que vous inspire la mutation de ces rues ?Ce Paris-là a disparu, mais c’est un souvenirlittéraire très fort. La rue Watt, qui était leroyaume des ombres et de l’inquiétant, il n’enreste rien. On est même à l’inverse : on estmaintenant dans quelque chose de très moderne,le verre, les grands espaces. Cela m’amuse detravailler dans un quartier pas fini. Imaginezqu’ici, les noms de rues sont éminemment litté-raires (Marguerite Duras, etc.) et pluridiscipli-naires (Goscinny), mais que les rues en elles-mêmes sont inconnues des Parisiens ! ❚❚ H. A.

La “France d’après” commence bien pourAnna Pavlovitch : le 1er avril, elle devenait respon-sable éditoriale de J’ai lu, la tête pleine de pariset les pieds dans l’inconnu. Et le sourire victo-rieux. Depuis, ce sourire est toujours à l’a≈che.

Quand elle arrive sur ce marché extrêmementconcurrentiel du livre de poche en France, elleveut faire une politique d’auteurs (et suivre unauteur même si son livre en grand format n’a paseu le succès escompté), adapter cette philoso-phie aux livres pratiques (autour de deux théma-tiques fortes : la nouvelle paternité d’une part,le couple dans la durée d’autre part). Elle souhaitetransformer la collection Nouvelle Générationdirigée par Guillaume Robert, également éditeurchez Flammarion, la maison-mère, en labora-toire moins parisien et moins branché. Dansl’immeuble hypermoderne que le gros des

“Je me surprenais à dire “Je vais à Paris et je reviens”

troupes Flammarion occupe depuis 2005, c’estaussi bien la maquette d’un livre que son éditingqui sont réalisés, une concentration rare dansla pratique de l’édition : “cet immeuble a été faitpour ça ! C’est non seulement efficace, maisenthousiasmant”. De l’enthousiasme, laparisienne Anna Pavlovitch en a aussi pour cenouveau treizième qu’elle connaissait un peu :“je n’en pouvais plus du sixième arrondissement(quartier de l’édition, ndlr), ici, c’est autre chose.C’est la modernité. C’est l’architecture de lalumière, c’est aéré. C’est la Seine. Ça manque debistrots, mais il faut attendre que le quartier soitachevé : campus, nouveaux commerces,habitants… pour que tout cela s’ajoute à la GrandeBibliothèque et à l’École d’architecture, et amèneici les bistrots” ! ❚❚ H. A.

l’avis de

Anna Pavlovitch fut professeur de philosophie, elle est aujourd’hui éditrice.

la littérature générale chez J’ai lu.

“C’est la modernité.C’est l’architecture

de la lumière, c’est aéré. C’est la Seine.

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gibertjoseph.com

l’éditrice

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Siegfried Tome 1Le crépuscule des DieuxAlex AliceDARGAUD15€

Thorgal : Tome 30Moi, JolanRosinski et Yves SenteLE LOMBARD9,80€

Elle est jeune, a sérieusement navigué dans l’édition, et depuis cette année dirige

www.telerama.com

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un espace culturel près de chez vous | p9

p8 | campus

le programme Campus EN NOVEMBRE :LA FACULTÉ AU CŒUR DE LA CITÉINSCRIVEZ-VOUS sur le site www.gibertjoseph.com

le libraire du nouveau quartier latin

plan d’accès…

UniversitéParis VII – Denis DiderotBibliothèque

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MAIL : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Je souhaite recevoir les informations sur les prochains CAMPUS programme

Remplissez le formulaire et déposez-le à la librairie21, rue Marie-Andrée Lagroua-Weill-Hallé, 75013 Paris

www.gibertjoseph.com

PARKING > accès 31, rue Thomas MannMETRO > 14 : Bibliothèque François-Mitterrand RER > Ligne C BUS > Lignes 89 - 62 - 64

Le 21 août 2007 GibertJoseph a ouvert un espace de800 m2 offrant aux riverains,aussi bien qu’aux milliersd’étudiants, l’accès à un vastechoix de livres neufs oud’occasion dans tous lesdomaines : littérature, loisirs,universitaire et scolaire.On y trouvera aussi de lamusique et des films (CD etDVD) ainsi que des articlesde papeterie et une offremultimédia. Un service de rachat de voslivres et CD d’occasion seraà votre disposition.Carrefour d’échanges culturels et lieu de vie, la librairie organisera des conférences

et des débats, et participera au premier Campus programme gratuit et ouvert à tous les publics, qui sera proposé en partenariat avec l’Université Paris 7 et les PressesUniversitaires de France dès le mois de novembre 2007.

du lundi au samedi de 10h à 19h30

Tél. > 01 46 46 10 50

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détours

p10 | rendez-vous avec…

vers le futurdes Moulins et des Voûtes est promis à un avenir en forme de carrefour. Découverte et prospections, avec un homme dans la place.

Lorsqu’on sort de la station BibliothèqueFrançois-Mitterrand et que l’on descend la rueNeuve-Tolbiac, on repère instantanément unesorte d’îlot hors du temps. Au milieu du neuf,du verre et de la ville de demain : la trace de lamémoire. Les Frigos et les Voûtes.

Carrefour de mémoire. L’ancienne gare frigo-rifique de Paris-Ivry, née en 1921, qui nourris-sait tout Paris, était partie intégrante du mythi-que Quai de la Gare. Elle fut désaffectée lors dela construction des marchés de Rungis et desHalles. Depuis 1980, la friche industrielle estdevenue friche d’artistes. Le quai de la Gare estdevenu quai Panhard et Levassor. Puis lestravaux de réaménagement du quartier ontconsidérablement ratiboisé le terrain, dont lesoccupants (devenus depuis locataires de la Ville,ils ont gardé le corps de bâtiment historique)ont vu les rues se creuser autour d’eux dont

celle des Frigos, baptisée en 2004. Le “91 Quaide la Gare” est devenu le “19 rue des Frigos”.Héritier direct de la révolution industrielle,l’ensemble formé par les Frigos et par les Voûtesest donc à un carrefour. Garant de la mémoireindustrielle et immobilière, mémoire de l’under-ground artistique parisien depuis vingt ans, lelieu doit se mettre au niveau des enjeux immobi-liers et intellectuels pour rester un des moteursde ce quartier du futur.

Carrefour de terreaux. Ce rôle dans lequartier, Antonin Borgeaud compte bien le tenir.Ce photographe – de mode aussi bien que dereportage et de voyages – fut un des précur-seurs du projet des Voûtes, et en est à présentun des responsables. Il se dit revanchard, car“le quartier a été dessiné d’en haut. On a faitabstraction du rapport des habitants avec leurquartier, du rapport que les Parisiens ont avec

la Seine”. Mais il se dit surtout confiant : “Lesgens reprennent toujours possession de l’espace.Nos créations ici, c’est une réaction à ça”. Carles Voûtes, c’est un projet à double effet : art etjardin. Aux Voûtes, où Borgeaud et ses compar-ses ont investi sans relâche (et sans subven-tions) depuis 1991, la déambulation spirituellene se conçoit pas sans considération de l’espace :“Le choix des plantes, leurs assemblages et leurscouleurs font partie intégrante de la symboliquelittéraire et politique du jardin. Penser et ordon-ner l'espace, les formes et les couleurs, font dujardin un construit intellectuel avant d'être uneréalisation concrète” précise la charte del’endroit.

Ainsi, les Voûtes sont à présent plus couruesencore que les voisins Frigos pour la qualité deleurs concerts, performances, réunions. Despartenariats entre le lieu et la Ville sont courants,

notamment à l’occasion des Nuits Blanches.Pour autant, Borgeaud veut “moins de concertset plus de résidences”. Borgeaud veut travailler.Créer. Exister.

Les Frigos et les Voûtes seront le lieu quiculminera le moins haut dans ce nouvel espacede vert, de verre et de tours. Raison de plus pourse faire voir. ❚❚ H. A.

Les Frigos et Les Voûtes,19, rue des Frigos, Paris 13e :

www.les-frigos.comwww.lesvoutes.org

Antonin Borgeaud :www.antoninborgeaud.com

“le quartier a été dessiné d’en haut. On a fait abstraction

du rapport des habitants avec leur quartier

Des ateliers aux jardins, les artistes aux Frigos et aux VoûtesEn 1980, les « Frigos » ont été investis par des artistes, et le lieu estdevenu un haut lieu de l’underground artistique parisien (ateliers,expositions, happenings). Depuis le réaménagement du quartier, les occupants ne squattent plus, mais louent leurs ateliers à la Villede Paris –certains se sont transformés en studios ou en logements.Attenant aux « Frigos » étaient quatre voûtes, celles du pont de Tolbiac qui abritaient un centre Emmaüs. C’est là qu’arriventplusieurs personnes, pour la plupart artistes des Frigos, quientreprennent de végétaliser cet espace et de créer une nouvelleaffectation pour les Voûtes, suite à la construction de la galerietechnique côté ouest. Emmaüs n’est plus là, mais a laissé place à desartistes aussi bien sédentaires (les permanents du lieu) et nomades(artistes étrangers en résidence). Les Voûtes privilégient les projetsdirigés vers la recherche, les nouvelles technologies, la performancequ'elle soit en musique, vidéo, théâtre et accueillent égalementnombre de concerts et d’évènements.

gibertjoseph.com

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Entre vestiges du passé et retour vers le futur, l’ensemble des Frigos,

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p12 | réflexion

Frédéric Lenne : vive lapolycentralitédu pôle Édition chez le leader français des livres d’architecture.Sur ce nouveau quartier, questions et réponses soulevées par le directeur

S’il est un point sur lequel tout le mondes’accorde – du civil au professionnel – au sujetde la réhabilitation du quartier Tolbiac, c’est la beauté des bâtiments.

Le nouveau treizième. Le directeur du dépar-tement Architecture du groupe Moniteur, égale-ment responsable des revues et de l’éditionArchitecture de ce groupe où il œuvre depuisvingt-cinq ans, en convient également. “Pourcertains des bâtiments, on savait d’avance quece serait une réussite, dit-il. Beaucoup debâtiments ont de grandes qualités. La Biblio-thèque François-Mitterrand, par exemple, a degros défauts de circulation extérieure, mais n’ena pas moins de remarquables espaces intérieurs”.

Cette opération, la première du genre à unetelle échelle depuis belle lurette à Paris (enterme d’espace concerné comme de réalisation

architecturale et urbaine), est celle qui, avantle désenclavage programmé de Paris et sonouverture vers la petite ceinture, permettra de mener la capitale vers le futur. Et, peut-être,de la hisser au niveau des autres mégapolesmondiales. “Ce quartier en construction, c’estune forme de reconquête urbaine qui marchetrès bien, remarque Frédéric Lenne, on remar-quera par exemple que, dans la nouvelle avenuede France, le ciel est entièrement dégagé, mêmeavec les immeubles qui la jouxtent. À Paris, surune avenue, c’est rare…” .

À cette vue du ciel, il convient d’ajouter celledu sol. Et de comparer les activités dans cequartier en devenir à celles qu’ont apporté lesprécédentes mutations de Paris (des réhabili-tations du quinzième à la récente “boboïsation”des années quatre-vingt dix et la ville-muséeque pourrait devenir une ville qui exclut ses

classes pauvres). “On n’échappe pas à la boboï-sation, actuellement”, admet Frédéric Lenne,“mais je ne pense pas du tout que Paris devientune ville-musée. C’est ici un poncif, utilisé parbeaucoup à je ne sais quelles fins. Lorsqu’on vadans d’autres grandes villes du globe, on voitbien la différence : ces dernières sont plus habitéesencore que Paris par des classes plus aisées alorsmême que Paris a su garder en son sein, moinssans doute qu’il ne faudrait mais tout de même,des populations de tout niveau social”. Pour cequi est des activités, le directeur Architecturedu Moniteur voit dans celles à venir ici unecontinuité de ce qu’on voit dans le onzième arron-dissement, où l’on trouve des artisans, des artis-tes, des commerces de bouche et des activitésnocturnes. Il y aura peut-être ici plus de profes-sions libérales”.

Pour contrer la monoactivité tout comme lemanque de mixité sociale, Frédéric Lenne ne

voit qu’une solution : celle de la polycentralité,qui porte en germe une future intercommuna-lité. “La centralité de Paris, ville enfermée parson périph’, est nuisible pour l’Île-de-France. Ilfaut trouver une polycentralité, créer au moinssept centres d’activités équivalents pour que larégion ait des points de convergence autres queParis. C’est ainsi que, dans Paris même, pourcommencer, on pourra éviter l’appauvrissementdes quartiers les uns par rapport aux autres ;puis de villes les unes par rapport aux autres”,plaide-t-il. “C’est récent, mais à présent Parisdiscute avec sa première couronne, ce qui n’avaitjamais été fait avant… Il convient maintenantd’aller plus loin et de résoudre ce problème degouvernance. Il faut absolument faire en sorte

“La centralité de Paris,ville enfermée par son périph’,

est nuisible pour l’Île-de-France.

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Le groupe MoniteurÀ partir du magazine LeMoniteur des Travaux Publicsfondé en 1903, le groupeMoniteur est devenu le leaderen France de l’information etdes services dans l’univers dela construction et du cadre devie, et travaille à destinationdes secteurs publics commeprivés. Ses activités vont del’édition (une vingtained’ouvrages par an) auxservices (formations, congrès,etc.) en passant par la presse(dix-neuf publications, dontdeux hebdomadaires : Le

Moniteur des Travaux Publicset la Gazette des Communes).Le but est de pouvoir à toutmoment offrir unedocumentation juridique(marchés publics,réglementation de laconstruction, collectivitéslocales, urbanisme, immobilier,environnement), technique(réhabilitation et techniquesde construction, comme parexemple les Guides Veritas),architecturale (la collectionQuestions d’architecture), et ce sur tout support (livre,revue, web, CD-Rom). Le Moniteur, c’est aussi des

librairies : trois à Paris – dont récemment la librairie de la Cité de l’Architecture et du patrimoine au palais de Chaillot – et une à Lyon. Le groupe organiseégalement des évènements,dont le plus couru estl’Équerre d’Argent, le Goncourt de l’archi, décernéchaque mois d’octobre à uneconstruction, un bâtiment,une œuvre architecturale.Parmi les nominés 2008figure l’École d’architecture,qui trône en plein dans cenouveau treizièmearrondissement“.

que cette région (douze millions d’habitants)fonctionne enfin comme les autres”.

Les liens : le Paris du futur. Ce besoin des pontset des liens entre villes, le citadin doit aussi latrouver entre les bâtiments de son quartier. C’estaussi ça, la vie moderne en ville. Pour FrédéricLenne, ce que donne pour le moment à voir cenouveau treizièmeva dans le bon sens. “Ce nouveauquartier fonctionne déjà comme une ville, alorsqu’il est encore en pleine construction ! C’est unarrondissement de qualité qui se prépare : on essaiede lier les bâtiments, les transports”. Si l’on comparecette réhabilitation à celle, il y a trente ans, duquinzième arrondissement ? “Pareil, à une excep-tion près. Le front de Seine du quinzième est un

échec, car on y avait mis en oeuvre un urbanismede dalle (horizontal, NDLR) qui n’allait pas avecl’environnement. Au contraire, l’urbanisme dunouveau treizième est à une échelle confortableet les circulations ont été pensées pour faire laville. Seul regret pour le moment : le manque d’unsignal fort que pourrait constituer l’implantationd’une tour. Car Paris a besoin de tours” ! EtFrédéric Lenne de relancer le débat qui fait rageà Paris, au sein même de la majorité municipale,depuis que Bertand Delanoë s’est lui-même piquéde reconstruire vertical dans la capitale. “Cettearchitecture de dalles a trop divisé les fonctionsde la ville et celles de la vie au sol : elle n’a pas reliéles bâtiments entre eux. C’est son échec”. C’estavec cet échec que Frédéric Lenne pense persua-der les associations “anti-verticales” qu’elles onttort. Il faudra également aller voir ailleurscomment se passent les choses en l’air : “Francfortest en grande partie composée de tours, puisquec’est une ville qui fut en grande partie reconstruite

après la guerre. Londres aussi. Cela n’empêchepas, dans l’une comme dans l’autre, une vie au solqui est belle et riche, autant sinon plus qu’à Paris”.

L’angoisse de l’architecte au moment du social.Car voilà : question tours, les architectes, toutcomme les collectivités locales, ne taquinentplus trop l’idée de gratte-ciel depuis l’échecurbanistique et social des banlieues. L’utopiedes grands ensembles clairs, harmonieux, quifavorisent la mixité, a vécu et refroidi nombrede concepteurs, qui ont vu leur responsabilitépointée dans les crises des banlieues et dans lamauvaise évolution de l’habitat, conçu “d’en-haut” sans concertation de ceux à qui l’on desti-nait ces ensembles. Pour Frédéric Lenne, il estclair que “certaines choses sont à revoir”. Mais,

comme souvent les architectes, il botte en touchesur la question : “certains bâtiments sont degrandes réussites, mais ont été mal gérés. Sices grands ensembles, ceux que l’on détruitaujourd’hui, avaient été construits à Neuilly, ilsauraient été entretenus et seraient aujourd’huivisités comme des témoignages de la réussitearchitecturale de l’époque”.

D’où la vocation sociale d’une politique del’habitat. Et, dans le monde de demain, lavocation écologique. C’est ici une nouvellepriorité pour l’architecture. Pour la ville. Pourque ne se répètent pas les échecs d’hier, etque se cimente la vie dans le monde dedemain. ❚❚

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“Si ces grands ensemblesavaient été construits

à Neuilly, ils auraient été entretenus.

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